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  • JN01095 Une nuit, deux potes et moi (partie 1)

    JN01095 Une nuit, deux potes et moi (partie 1)

    Une nuit, deux potes et moi (partie 1, Le t-shirt de Thibault)

    Oui, Thibault est là.

    Celle-là, vraiment je ne l’ai pas vu venir. A en juger de son expression, le bomécano est tout aussi surpris de me trouver là que Jérém et moi de le voir débarquer.

    — Salut ! j’entends le bobrun accueillir son pote.

    Le ton de sa voix est excessivement affable et jovial, comme pour masquer son embarras, un malaise qui ressemble à celui d’un gamin pris la main dans le pot de Nutella. Bon, ok, ce n’est pas sa main, et encore moins dans le pot de Nutella, que le beau mécano a failli surprendre son meilleur pote, mais l’image se tient.

    Les torses se frôlent, les deux potes se claquent la bise, pecs contre pecs.

    Oui, le bomécano semble surpris de me trouver ici, à cette heure. Malgré cela, il arrive quand même à me saluer sur un ton assez neutre.

    — Salut, je lui renvoie, sans trop savoir sur quel pied danser.

    Oui, je suis perturbé par l’arrivée de Thibault, car j’imagine bien de quoi ma présence à cette heure chez Jérém doit avoir l’air à ses yeux avisé. Mais lorsqu’il me sourit, je sens ma tension intérieure se dissiper un peu.

    Le bomécano s’approche de moi et, le plus naturel du monde, il vient me claquer la bise. C’est une habitude entre nous. Mais là, devant Jérém, je ne me sens pas à l’aise pour qu’il assiste à cette complicité. Car je ne veux pas qu’il pense à mal, qu’il pense ne serait-ce que nous sommes trop proches, « trop potes », et que nous puissions échanger sur lui, dans son dos. Que je puisse me confier à Thibault et lui parler de choses dont il ne lui parlerait pas lui-même. C’est le cas, certes. Mais je ne veux pas que Jérém en ait la certitude, je ne tiens pas à que ça le mette en pétard.

    Mais désormais le bomécano approche, et je ne peux refuser son geste d’amitié, le même qu’il vient d’avoir pour Jérém. Je sens la chaleur de son torse contre le mien, la fragrance de son gel douche fait exulter mes narines, ainsi que la douceur de sa barbe contre mes joues. Cette douce pilosité de mâle devient l’expression parfaite de sa virilité tranquille, de sa sexytude naturelle.

    Oui, le contact avec sa barbe est doux, chaud, rassurant, plaisant, tout comme le personnage.

    — Ca va, Nico ? me glisse le beau mécano.

    • Euh… ça va… je bégaie.

    — On a joué à FIFA, mais il allait partir, improvise Jérém, sans ciller, alors que deux minutes plus tôt il se préparait à me gicler dans la bouche et à me baiser jusqu’à que la queue lui en tombe.

    — Et toi, tu fais quoi par ici, à cette heure ? il enchaîne.

    Thibault semble d’abord déstabilisé par cette question très directe. Mais il donne le change.

    — Je n’arrivais pas à dormir, alors, je suis parti me balader. Je suis passé par ici, et j’ai vu de la lumière derrière la baie vitrée. Je me suis dit que tu n’étais pas encore au lit et que tu pouvais m’offrir une bière…

    Je me dis que si le bomécano est passé voir son pote, c’est qu’il a besoin de parler avec lui. Et s’il a des trucs à lui dire à cette heure tardive, ce sont peut-être des trucs importants, voire intimes, qui ne concernent qu’eux deux. Oui, je devrais peut-être partir.

    • Je vais y aller, j’annonce à contre cœur.
    • Non, c’est moi qui vais y aller, fait Thibault, adorable.

    Mais Jérém se dirige déjà vers le frigo, il en extrait trois bières, claque la porte d’un coup de pied. Et soudain, je suis saisi par une sensation de déjà-vu. Le souvenir d’une autre nuit remonte en moi, le souvenir d’un charmant barbu levé au On Off. Cette nuit-là, les bières avaient ouvert le bal d’un festival de folie sexuelle.

    • Ah, si tu nous prends par les sentiments… fait le jeune pompier.

    J’adore Thibault. Quelques mots, une voix rassurante, un regard apaisant, un petit sourire bienveillant, et tout devient de suite plus naturel. Le malaise commence à se dissiper, la situation semble soudainement plus simple pour tout le monde. Un vrai magicien, ce mec.

    Jérém tend deux petites bouteilles à Thibault et ce dernier m’en passe une.

    — Viens, on va boire sur la terrasse, il fait meilleur, fait Jérém à l’intention de son pote.

    Bien évidemment, désormais que Thibault est là, je ne suis plus sa priorité.

    Les deux potes s’installent contre la rambarde de la terrasse, épaule contre épaule, biceps contre biceps. C’est pas beau cet ensemble, cette compositions de virilités…

    Je m’installe à côté de la porte vitrée, face à eux deux, et je mate leurs plastiques.

    Celle de Jérém, soulignée par ce petit débardeur de toute beauté, dont la couleur immaculée met en valeur le teint mat de sa peau, un débardeur dégageant généreusement ses épaules bien musclées, aux bretelles bien tendues, ces dernières bordant un arrondi plutôt plongeant, un espace laissant entrevoir la naissance de ses pecs saillants, exposant avec insolence cette chaînette de mec terriblement sexy. Une plastique portée à la fois avec assurance, nonchalance, et avec une certaine fierté de jeune mec.

    Pour sa part, la plastique de Thibault est très bien mise en valeur par son t-shirt marron, un t-shirt tout simple, basique. Et pourtant, posé sur pareille morphologie, ce simple t-shirt devient une petite œuvre d’art. Le coton épouse le V parfait de son torse, l’arrondi du col met en valeur la puissance de son cou, les lignes harmonieuses et sensuelles de ses biceps, de ses épaules, de ses pecs. Ce t-shirt est simple, sans prétention, sexy tout naturellement, c’est du Thibault tout plein.

    Peu à peu, j’ai l’impression que les bords de mon champ de vision deviennent flous. Cette nuit, la beauté des deux potes me semble exacerbée. C’est peut-être ça l’effet du tarpé. Mais il y a également l’effet de masse bogossistique. Ce dernier se produit lorsque plusieurs bogoss, a fortiori lorsqu’ils sont potes, se présentent dans notre champ de vision.

    Les beautés de chacun semblent non pas s’additionner, non pas se multiplier, mais se combiner de façon exponentielle. La sexytude de l’un semble rejaillir sur celle l’autre, la démultiplier, la rendre encore plus puissante, encore plus aveuglante, encore plus craquante. Devant un ensemble de beaux garçons, je suis comme un gosse dans un magasin de jouets qui ne saurait pas donner de la tête.

    Minute après minute, le tarpé continue de prendre possession de mon cerveau et de relâcher ma pensée. Je les regarde, beaux comme des dieux, en train de siroter des bières et de discuter. Je me dis que ce n’est pas possible qu’ils n’y aient jamais pensé. Ou, plutôt, qu’ils n’y aient pas pensé au moins un millier de fois dans les vestiaires, dans les douches, ou après une soirée bien arrosée, qu’ils ne se soient jamais dit que leur pote était bandant et qu’ils partageraient bien du plaisir avec. Je me dis que c’est obligé qu’il se soit déjà passé quelque chose entre eux, que ce n’est pas possible autrement. Je me refuse de penser qu’on peut être insensible à tant de beauté, de fraîcheur et de sexytude lorsqu’on les côtoie de si près.

    Surtout à cet âge où l’on a envie de découvrir, de jouir, et où l’on n’aspire qu’à ça. Alors, comment ne pas s’autoriser un petit écart, quand un Jérém peut avoir accès à un Thibault ou un Thibault à un Jérém ?

    Je suis saisi par une sorte de vertige. Les battements de mon cœur résonnent dans mes tempes, comme des coups de marteau. Je me sens de plus en plus mou, j’ai l’impression que mes jambes vont me lâcher, que je vais me liquéfier sur place. Je me sens perdre pied, je crois que je suis en train de perdre le contrôle de moi-même. Le voilà donc, enfin, l’effet du tarpé ? A moins que ce tournis ne soit provoqué par le vertige de la bogossitude.

    Je ressens une étrange envie de fou rire se propager dans mon corps, mon esprit semble m’échapper. Je ne sais plus quelles sont mes limites, le bien, le mal, je m’en fous, et j’ai l’impression d’être à la fois dans un brouillard épais et de voir très clair au fond de moi.

    Au final, j’aime cet état inconnu, cette sensation de pouvoir enfin me lâcher pour de bon, me lâcher et arrêter de me poser trop des questions, être moi-même et faire, dire, vivre tout ce dont j’ai envie et que je n’ai jamais osée m’autoriser. Je me sens léger, tellement léger que j’ai l’impression de regarder ma vie comme dans un film.

    Les deux potes discutent toujours entre eux, et moi j’écoute leurs voix, sans vraiment écouter leur conversation. Toutes mes perceptions me parviennent comme décuplées, les voix des deux jeunes mâles me semblent cette nuit tout particulièrement chaudes et vibrantes, leurs empreintes olfactives de jeunes mecs fraîchement douchés provoquent des feux d’artifice dans mes neurones. La fraîcheur de la nuit sur ma peau me file des frissons. J’ai le visage en feu, je me sens bien, euphorique, j’ai toujours envie de rigoler. Je ressens tout ce qui est autour de moi comme proche et distant à la fois, comme si tout se passait sur ma peau, mais en même temps comme si j’étais dans une bulle.

    Mes sensations sont exacerbées. Je suis dans un état d’excitation indicible, je sens une étrange chaleur dans mon bas ventre, je bande comme un âne. J’ai envie de sexe, j’ai furieusement envie de me faire baiser.

    Jérém, Thibault, Thibault, Jérém, je les mate l’un après l’autre, incessamment, et le simple fait de les mater provoque en moi des frissons géants, des décharges électriques dans le ventre. Car les deux potes dégagent une aura virile qui me rend dingue.

    J’ai grave envie de reprendre Jérém en bouche pour terminer cette pipe brusquement interrompue quelques minutes plus tôt. Quant à Thibault, j’ai envie de découvrir comment il est monté, j’ai envie de le sucer lui aussi. Jérém, Thibault, Thibault, Jérém.

    Jérém sort un autre bédo de la poche de son short, le porte à ses lèvres, l’allume en faisant une petite coque de protection avec ses deux mains, il tire vigoureusement dessus et laisse ensuite échapper un bon nuage de fumée à la couleur et à l’odeur typiques. Le joint passe rapidement de la main du beau serveur à celle du bomécano. A son tour, ce dernier le porte à ses lèvres, il tire une taffe et me tend le petit bout fumant.

    Je sais que ce n’est pas une bonne idée, car je suis déjà bien assez déchiré. Une petite voix en moi, de plus en plus lointaine mais encore perceptible, me dit que j’y ai déjà bien assez goûté pour une première fois.

    Mais le geste de Thibault est fait de bon cœur, et je ne peux pas refuser sa gentillesse, et ce partage.

    Alors je tends mon bras, mes doigts effleurent les doigts du jeune pompier, contact fugace qui provoque en moi d’autres frissons encore, j’attrape le tarpé et je tire une nouvelle fois dessus.

    Le fait est que ce partage, cette petite complicité « entre mecs » est quelque chose qui me plaît plutôt bien, qui me touche. Je n’ai jamais vécu ça auparavant, je n’ai jamais ressenti ça, le simple fait d’être comme les autres garçons, de pouvoir faire ce que font les autres garçons, notamment les garçons les plus populaires. J’ai toujours été le mec qui comptait pour du beurre dans le petit univers de ma classe, celui qu’on choisissait en dernier lors de la formation des équipes pendant le cours de sport. J’ai été parfois le souffre-douleur, j’ai été harcelé et, pire encore, ignoré, notamment en raison de ma timidité, et de ma différence. Je me suis senti exclu, je me suis souvent senti considéré comme un moins que rien, je me suis senti inferieur par rapport à des mecs comme Jérém qui avaient beaucoup de potes et qui avaient une solide vie sociale, des mecs dont l’existence me semblait tellement plus fun que la mienne.

    J’ai toujours été le mec trop sage, barbant, ennuyeux, coincé, le mec à qui on ne proposait jamais de prendre part à des petites conneries de notre âge. Et là, pour la première fois, on m’offre de partager un joint. Jérém tout à l’heure, et maintenant Thibault. Ce joint, est pour moi une façon de me sentir exister, de me regarder en train de m’émanciper.

    Le tarpé, tout comme l’alcool, ce ne sont que des moyens chimiques pour dépasser sa timidité et aller vers l’autre. Tant qu’on n’en abuse pas, il faut bien que jeunesse se fasse.

    Je tire une nouvelle taffe sur le pétard et la fumée chauffe mes poumons. J’ai l’impression que le sol est meuble, que la rambarde ondule, que Jérém danse, c’est pour dire à quel point je pars dans le surréaliste. Je suis déchiré et je trouve ça grisant.

    Jérém aussi a l’air bien déchiré. Je le sens au son de sa voix, qui part sur des intonations et des vibrations qui ne sont pas celles que je lui connais. Comme un chanteur qui chanterait faux, j’ai l’impression qu’il parle faux, qu’il cherche ses mots, qu’il cherche ses pensées même, qu’il est perdu. Et ça lui donne un côté furieusement sexy, mais également un côté terriblement touchant.

    Sous l’effet du bédo, et/ou en raison de la présence de son Thib, j’ai l’impression qu’il laisserait presque entrevoir une certaine vulnérabilité, une sorte de fragilité si lointaine de l’assurance de petit con qu’il aime afficher à jeun.

    Les deux potes en viennent très rapidement à parler rugby.

    — C’est dommage que Thomas parte, j’entends le bomécano lancer à son pote. C’est un bon joueur, il va manquer à l’équipe.

    • Il y en a d’autres, des joueurs, fait Jérém.

    — C’est sûr, mais Thomas était aussi et avant tout un super bon pote, ça va faire bizarre de ne plus se retrouver tous les quatre, avec Thierry, enchaîne Thibault.

    Le sujet de la conversation est Thomas, bien sûr. Mais j’ai l’impression qu’en filigrane c’est de son Jé (et à son Jé) que le bomécano est en train de parler.

    — Le plus important c’est qu’on y est arrivés, tous ensemble, fait Jérém.

    — Vraiment, t’as été formidable, s’exclame le jeune pompier, enthousiaste.

    — Il fallait bien que je me rattrape, après la cata du dimanche d’avant !

    — Ça arrive à tout le monde de ne pas avoir la forme, fait Thibault, rassurant, n’empêche que dimanche t’as été impressionnant, je crois que je ne t’ai jamais vu jouer de cette façon, avec cette rage. T’as marqué une transformation de fou, sans toi, on n’aurait pas gagné !

    — Si tu ne m’avais pas passé le ballon pile au bon moment, je n’aurais ni marqué ni transformé, fait mon bobrun, visiblement touché par les félicitations de son pote.

    — On forme une belle équipe, conclut Thibault, le regard mélancolique.

    En écoutant leurs échanges, je me sens un tantinet jaloux de leur complicité et de tout leur passé commun. Je suis fasciné par les choses qu’ils ont vécues ensemble, de tout ce que je n’ai pas partagé avec eux, de tout ce que je ne serais pas convié à partager demain. J’ai l’impression d’appartenir à un monde totalement différent du leur. Soudain, je me sens comme si ma présence dans cet appart, dans cette nuit, et même dans la vie de Jérém n’étais qu’un accident, comme un rêve duquel je vais bientôt me réveiller, pour me retrouver à nouveau prisonnier de ma solitude, pleurant sur mes illusions perdues.

    — C’est clair que vous formez une sacrée équipe !

    Et là, je réalise que les deux bogoss ont posé leurs regards sur moi. Soudain, je me rends compte que cette pensée a glissé sur mes lèvres et s’est exprimée à voix haute.

    Les deux potes ont cessé de parler, leurs regards de jeunes mâles se sont tournés vers moi. Celui de Jérém, très brun, débordant de sexytude, d’insolence, un regard de feu, plein de fougue. Celui de Thibault, vert marron, empli de sensualité, un regard rassurant, et débordant de charme.

    Le silence sur la petite terrasse se fait lourd, épais. Je ne sais pas pendant combien de temps le silence s’étire et les regards se cherchent, se rencontrent, s’accrochent, s’entrechoquent, se caressent. Ça fait un bon moment que j’ai perdu toute notion de temps et d’espace.

    Tout ce que je sais, c’est qu’à un moment, en fixant Thibault dans les yeux, j’ai l’impression qu’il a vu et compris très précisément le feu, l’envie, l’attirance qui me déchire.

    C’est à ce moment précis que j’entends la voix de mon bobrun lancer sèchement, impitoyable, inattendu, comme un coup de massue :

    — Tu mates quoi ?

    Instantanément, instinctivement, je cherche son regard. Oui, mon bobrun est toujours aussi déchiré. Ses yeux pétillent, brillent d’une intense lueur lubrique. Jérém me chauffe du regard. Il me chauffe à bloc. Un véritable exercice de pyromane assumé, lorsqu’il sait, lorsqu’il voit, à quel point je suis déchiré et « inflammable ».

    Et là, les mots sortent de ma bouche tels qu’ils se sont présentés à mon esprit, sans filtres, accompagnés d’un petit rire idiot.

    — Vous êtes vraiment trop bandants, tous les deux, les mecs, c’est fou, c’est fou…

    Je n’ai même pas reconnu le son de ma voix, j’ai l’impression que c’est quelqu’un d’autre qui a parlé, j’ai eu l’impression de parler anormalement fort. C’est un cri du cœur, comme une évidence. Ça devait sortir, et ça sort.

    Jérém a l’air satisfait de lui, l’air d’avoir réussi à me faire me « mettre à nu ». Quant à Thibault, il semble bien mal à l’aise. Sensation qui se confirme un instant plus tard, lorsque je l’entends lâcher, la voix atone :

    — Je crois que je vais vous laisser, vous avez peut-être des choses à vous dire.

    — On a rien à se dire, lâche Jérém du tac-au-tac, il était juste en train de me sucer la queue avant que tu arrives…

    Il balance ça avec le même naturel avec lequel il avait dit tout à l’heure « on a joué à FIFA ».

    Il doit être encore plus déchiré qu’il en a l’air pour lâcher une telle bombe à son pote.

    • Tu veux voir comment il me suce ? il insiste.
    • Jérém ! fait Thibault, décontenancé.
    • Il aime ça à onf ! Je suis même sûr qu’il te sucerait aussi !
    • Hein, tu as envie de nous sucer tous les deux ?

    Ma tête semble avoir cessé de tourner. Elle flotte désormais, et toutes mes sensations avec. Mon regard vogue, il cherche la bosse de Jérém, puis le regard de Jérém, le regard du beau mécano, encore la bosse de Jérém, le regard de Thibault qui, suivant le mien, se pose sur la bosse de Jérém, sur cette main qui tripote le paquet à l’intérieur du short de façon de plus en plus insistante.

    Qu’est-ce que j’ai envie d’arracher ce short rouge, tissu de pure provocation depuis que son érection est si évidente et sa branlette si excitante. La présence et la curiosité de Thibault décuplent mon excitation.

    Puis, à un moment, comme souvent, c’est mon bobrun qui prend les choses en main. Il fait glisser son short le long de ses cuisses, jusqu’à dévoiler sa queue raide au possible, tout en continuant à se palucher avec des va-et-vient lents et amples. Voilà comment mon bobrun prend les choses en main, au sens propre comme au sens figuré.

    Je l’entends alors me lancer, sur un ton qui n’admet autre chose qu’une exécution immédiate et sans conditions :

    — Allez, viens me sucer !

    J’hésite. Faire ça devant Thibault, quand-même ! Et pourtant, l’idée m’excite.

    Un instant plus tard, je suis à genoux devant lui, la peau caressée par la fraîcheur de la nuit estivale. Le bobrun se laisse pomper avec bonheur, ses halètements en témoignent. Ses bras se plient, ses mains se posent à plat sur le rebord de la rambarde, les pieds nus bien plantés sur le sol, ses jambes s’écartent, son bassin avance pour dominer pleinement ma bouche gourmande.

    Pendant que je le suce, le bord inférieur du débardeur tombe juste devant mon visage, caressant mon nez à chacun de mes va-et-vient, à chacun de ses coups de reins, dégageant un mélange subtil d’odeurs de lessive, de déo, de jeune mec.

    Et pendant que je me laisse happer par cet univers de plaisir absolu, j’entends le son de la voix du beau mécano.

    — Je vais y aller…

    Du coin de l’œil, je le vois amorcer le mouvement pour quitter, ou fuir, cette terrasse, cet appart, ce malaise. Ou peut-être bien une envie, comme celle que j’ai cru deviner dans son regard rivé sur le short rouge. Peut-être une envie inavouable.

    — Reste ! j’entends Jérém lui lancer sèchement, tout en l’attrapant par le bras, je suis sûr qu’il crève d’envie de te sucer toi aussi !

    • Arrête, Jé !
    • Tu vas le sucer, car tu en as envie, hein ? il insiste.

    Sa façon de s’arroger le droit de disposer de mon corps pour l’offrir à un autre est plutôt humiliante. Mais l’envie de découvrir Thibault est trop alléchante.

    — Ouais, j’en ai envie, je finis par lâcher à mi-voix.

    — Je n’ai pas entendu, et lui non plus, assène le bobrun.

    — Oui, j’en ai très envie ! je lui réponds alors de façon plus appuyée.

    — De toute façon, t’as envie de sucer tous les mecs de la terre, il me balance du tac-au-tac, la voix chargée de mépris.

    — Non, juste vous deux, j’ai l’esprit de préciser.

    Du coin de l’œil, je vois le jeune pompier s’immobiliser à nouveau, je sens son regard sur moi. Dans son attitude, dans son regard transparent, un déchirement intérieur semble faire rage, un déchirement entre l’envie et la peur de mal agir.

    Thibault hésite, semble dérouté. Tout va si vite, mais Jérém insiste.

    — Il n’y a pas de mal à se faire du bien. Nous, les mecs, on aime se faire sucer la queue. Et les mecs comme Nico kiffent sucer des queues…

    Encouragé par les mots de son pote, je vois Thibault changer d’attitude. Il hésitait, ses pecs ondulent désormais sous l’effet d’une respiration excitée. Il tergiversait, dans son regard il est désormais une sorte d’ivresse, un émoustillement que je ne lui ai jamais vus, et qui font franchement plaisir à voir.

    Il y a des chances que Thibault ne soit pas encore initié à ce genre de pratique. Par conséquent, il va falloir y aller tout en douceur, il ne faut pas le brusquer, ni l’effaroucher. Je me décale devant sa bosse, tout en évitant de lever mon regard, pour ne pas raviver le malaise.

    Je défais lentement sa braguette, j’y vais tout en douceur, guettant des réactions. Mais lorsque mes mains saisissent le boxer pour le faire glisser le long de ses cuisses, les siennes se liguent pour les en empêcher.

    — Allez, laisse-le faire, tu ne vas pas regretter, j’entends Jérém lui chuchoter tout bas, Jérém qui n’a pas raté une seule miette de mon approche de la virilité du bomécano.

    Les encouragements de Jérém à son pote me vont droit au cœur, « tu ne vas pas le regretter ». C’est la première fois que j’entends Jérém verbaliser le fait qu’il prend son pied avec moi. C’est bon de l’entendre enfin, même si cela doit me parvenir grâce à l’effet du joint et à la présence de Thibault.

    En attendant, le beau pompier semble à nouveau bien crispé, je n’ose même plus tenter quoi que ce soit. Jérém vient alors à mon secours.

    — Viens, on va se mettre à l’aise, fait-il en remontant son short rouge, et en quittant la rambarde pour se diriger vers la porte vitrée.

    Je me relève pour laisser la voie libre au beau pompier, ce dernier emboîte le pas de son pote. Je les regarde avancer, je suis happé par leurs dos puissants, des dos de jeunes mâles, deux jeunes étalons avec les queues bien tendues, désormais engagés pour ce plan à trois. Et j’ai comme l’impression que je suis en train de rêver.

    Bien sûr en arrière-plan, une petite voix off dans ma tête tente de me dire que tout ça est trop beau pour qu’il n’y ait pas, tôt ou tard, un prix à payer.

    Un plan à trois, ce sont trois duos possibles, et aussi trois mecs qui peuvent se sentir tour à tour laissés sur le carreau, et des jalousies peuvent faire surface.

    Ce qui va se passer cette nuit pourrait révéler des envies, des désirs restés dans l’ombre jusqu’à présent. Suis-je prêt à prendre ce genre de risques, à affronter ce genre de vérité ?

    Est-ce que je suis donc prêt à ouvrir la boîte de Pandore, à laisser s’échapper des démons qui risquent de faire bien des dégâts dans la tête et dans la vie de chacun de nous trois ?

    Quels effets tout ça pourrait avoir sur nos relations respectives ?

    Je sens le regard de Thibault sur moi, je sens également le regard de Jérém sur moi. Et là, je me sens submergé par de nouveaux doutes.

    Avec Jérém, les rôles sont bien définis. Il est le dominant, je suis le dominé. Je m’en suis accommodé dès le début de nos révisions, et depuis chacun y trouve son compte.

    Mais là, comment assumer cela en présence de ce Thibault, ce garçon pour lequel je ressens une profonde estime, et dont l’estime m’est également précieuse ? Est-ce que je vais pouvoir assumer jusqu’au bout le rôle que Jérém semble vouloir m’attribuer cette nuit, celui de jouet sexuel pour lui et pour son pote à qui il peut en faire profiter à sa guise ?

    Bien sûr, j’ai déjà vécu ça avec Romain, être le soumis de deux mâles dominants, et j’ai même trouvé cette situation bien excitante. Mais Romain n’était qu’un coup, le gars d’un soir, un simple plan.

    Thibault, est avant tout un pote. Il y a de l’affection entre nous. Je le connais un peu, il me connait un peu. Ce n’est pas pareil de baiser avec un inconnu qu’avec quelqu’un avec qui on a déjà une relation, un vécu.

    Alors, comment vont se distribuer les rôles ? Difficile d’imaginer l’un des deux potes prendre le rôle de Romain. Difficile de les imaginer coucher ensemble. Du moins, pas cette nuit, pas en ma présence. Si ça doit se faire, ça se fera sans moi, j’imagine.

    Oui, je suis un peu gêné par la présence de Thibault. J’ai peur de me laisser happer par le bonheur inouï de faire plaisir à ces deux mâles, j’ai peur de perdre le contrôle, a fortiori avec l’effet du tarpé.

    Jérém connait mes envies, c’est même lui qui les a forgées, ou du moins dévoilées. Jérém ne me montre aucune estime, alors, je n’ai pas peur de la perdre.

    Mais avec Thibault, c’est une tout autre histoire. C’est l’une des premières personnes dans ma vie qui m’a montré de l’estime. Alors, elle m’est précieuse. La perdre me ferait beaucoup de peine.

    Même si je sais que je vais tout faire pour lui faire plaisir, et même si j’y parviens, j’ai peur que Thibault soit déçu de mon attitude.

    Malgré le tarpé, mes peurs trouveraient presque le moyen de me faire perdre mes moyens. Je réalise que je m’apprête à effectuer un grand saut vers l’inconnu. Je pourrais encore décider de partir, et ce serait assurément plus sage de quitter le jeu avant que ça dérape.

    Je ne sais pas si je suis prêt à prendre le risque de perdre à la fois Jérém et Thibault à cause d’une nuit de plaisir.

    Mais comment partir, alors que Jérém m’a encore fichu dans une situation « à la Jérém » ? C’est la même affaire qu’avec Romain, après la virée au On Off. Avec Jérém, c’est quitte ou double. Soit rentrer dans son jeu, soit partir.

    Mais partir, est-ce vraiment un choix ? Partir en laissant Jérém seul avec Romain, ou partir en laissant Jérém seul avec Thibault, vu la situation, ce n’est pas une option. Avec l’effet de la fumette, avec les esprits et les queues bien chauffés, ce serait les mettre dans les bras l’un de l’autre. Et si ça doit arriver, j’aime autant être là pour avoir au moins un rôle de spectateur et de figurant.

    Cette nuit, je suis stone et je suis heureux. Et je me laisse simplement porter par mes envies et par mon bonheur.

    De toute façon, l’histoire avec Jérém m’est comptée. Alors, je n’ai plus grand-chose à perdre et tout est bon à prendre. Et puis, c’est lui qui a lancé tout ça.

    La vérité est que les promesses de cette nuit m’excitent bien davantage que les conséquences me font peur. Je plane de plus en plus, de plus en plus haut.

    Alors, je choisis de n’écouter que l’envie primaire du désir. Je suis stone, stone de leur beauté, de leur jeunesse, de leurs muscles saillants, de leurs puissances masculines, de la testostérone qui semble flotter autour d’eux. Cette nuit, je choisis de prendre tous les risques. Cette nuit, je choisis de ne pas me soucier de quoi demain sera fait et de profiter de la chance inouïe qui m’est offerte.

    De toute façon, lorsque je les regarde, côte à côte sur le canapé, je me dis que partir ce serait au-dessus de mes forces.

    Jérém ôte son débardeur. Son geste est calculé, il sait bien ce qu’il fait. Le petit con sait bien à quel point la simple vision de son torse me rend dingue. Pour me faire craquer, il pousse le vice jusqu’à le balancer à mes pieds. Je ne peux m’empêcher de faire ce qu’il attend de moi, me baisser pour ramasser ce petit bout de coton immaculé, si doux au toucher, de le porter direct à mes narines, et d’essayer de voler au tissu toutes ces bonnes odeurs de petit mec sexy qu’il contient.

    Mon bobrun est désormais complètement à poil, le tatouage bien visible, sa chaînette de mec posée sur ses pecs et flirtant avec ce grain de beauté adorablement sexy dans le creux du cou.

    Assis à sa gauche, la braguette défaite, Thibault lui aussi bande dur. Pourtant, même à côté de son pote à poil, en train de se branler, il a du mal à se laisser aller, et il n’a pas l’air de vouloir tomber ni son boxer, ni son short, ni même son t-shirt. Le bomécano est vraiment pudique, chose qui attise encore davantage mon envie de le pousser à se découvrir, au sens propre comme au sens figuré.

    Oui, l’attitude du jeune pompier semble témoigner d’une violente lutte intérieure. Sa main gauche semble discrètement masser sa bosse, alors que la droite semble vouloir cacher tout ça. Son regard semble sciemment éviter le mien, tout comme éviter de se poser sur son pote en train de se branler.

    Quelque chose me dit que dans sa tête se posent les mêmes questionnements que dans la mienne, notamment sur le pourquoi de ce plan, ainsi que sur les conséquences qu’il pourrait avoir sur nos relations à venir.

    Au final, le seul de nous trois à tracer droit dans son chemin, c’est bien Jérém.

    Est-ce qu’il est trop stone pour réaliser ce que qu’il est en train de faire ?

    Est-ce qu’il s’en moque, est-ce qu’il a décidé de s’assumer aux yeux de son pote ?

    Est-ce qu’il a juste envie de tenter une nouvelle expérience sexuelle, un plan avec son pote et son jouet sexuel ?

    Soudain, un petit détail saisit mon attention. Au poignet de Thibault, je reconnais cette belle montre qui était posée sur la table de chevet de Jérém quelques jours plus tôt. Pourquoi elle se trouvait là-bas ? A quel moment et dans quelles circonstances elle y était arrivée ? Quand l’a-t-il récupérée ?

    La voix de mon bobrun se charge de me tirer de mes réflexions planantes.

    — Bon, fait-il sans détours, tu attends quoi pour venir nous sucer ?

    Sa voix, son regard, son attitude me commandent d’approcher de lui et de son pote pour leur faire plaisir. Je me glisse alors entre les cuisses du bomécano, j’ouvre un peu plus les pans du short, je pose doucement mon nez et mes lèvres sur sa belle bosse.

    J’adore ce moment, juste avant que la virilité d’un garçon soit dévoilée, lorsqu’elle est encore inconnue, mystérieuse, qu’elle ne s’apprécie encore qu’à travers le coton doux, quand on la sent frémir sous le tissu fin. J’aime cette sensation de cadeau surprise à déballer. J’aime la sentir, me laisser enivrer des subtiles odeurs de mec qu’elle dégage.

    Alors, ce moment juste avant d’accéder à son intimité, j’ai envie de le faire durer un petit peu.

    Thibault semble apprécier mon approche douce. Je le sens frémir, je vois son torse se soulever de plus en plus rapidement sous l’effet d’une respiration qui s’emballe au fur et à mesure que l’excitation monte.

    Je soulève un peu le t-shirt marron, ce qui permet à mon regard de dépasser la frontière de l’élastique de son boxer, et d’entrevoir le début de ses abdos, jusqu’au nombril, sublime partie de l’anatomie masculine.

    Et là, le sublime devient merveilleux lorsque je découvre une délicieuse pilosité de mâle.

    Ce t-shirt lui va comme un gant, certes. Mais maintenant je suis happé par une furieuse envie de voir ce torse dans son intégralité, de le voir à côté de celui de mon Jérém. Je devine que le contraste entre le torse rasé de mon Jérém et le torse de Thibault qui s’annonce délicieusement velu, va être détonnant.

    Mon excitation monte encore, mes gestes se font plus impatients, pressants. J’attrape l’élastique du boxer, le bomécano se laisse faire, je déballe et je découvre enfin ce cadeau inattendu. Je plonge dans l’intimité tiède et enivrante du jeune pompier.

    Un bouquet complexe s’en dégage. Un arome de gel douche, une fragrance de sous-vêtement propre, une sensation de peau tiède. Un mélange olfactif complexe, l’empreinte olfactive d’un beau garçon.

    De toutes les idées fantasmées au sujet de ce qui peut se cacher dans les boxers d’un mec qui nous rend dingues, aucune ne peut rivaliser avec la sensation magique qui nous saisit à l’instant où ce trésor secret nous est enfin dévoilé.

    — Vas-y, suce-le ! j’entends Jérém me lancer sur un ton autoritaire et froid.

    Et j’autorise enfin ma bouche à connaitre le bonheur de découvrir la queue du bomécano. J’y vais en douceur, j’y vais en éclaireur.

    Le bomécano frissonne, le mec semble surpris et dérouté à la fois. Visiblement, son corps et son esprit ne sont pas préparés à encaisser tant de nouvelles sensations en une seule fois.

    Au fil de mes va-et-vient, son « trop plein » de sensations semble s’exprimer par des petits gestes incontrôlés, des mouvements nerveux des jambes, du bassin, du buste, autant de réflexes inconscients d’un corps débordé par un plaisir nouveau.

    Et pourtant, je le sens toujours sur la retenue.

    Ce qui m’émeut tout particulièrement chez lui, c’est le fait que, contrairement à Jérém qui, dès notre première révision savait très bien où il mettait les pieds, et surtout qu’il savait très bien où et comment il voulait mettre sa queue, Thibault semble perdu. Malgré le fait qu’il semble kiffer, il semble aussi avoir du mal à se laisser aller.

    Entre le contexte, un plan qu’il n’avait pas prévu et que son pote lui a proposé sur un coup de tête, le fait de se faire sucer par un mec qui est aussi un (presque) pote, en plus qu’être l’amant de son pote Jéjé, ça fait beaucoup de choses à assumer en une seule fois.

    J’ai envie de le mettre en confiance, de le rassurer, et il faut bien admettre que l’idée de devoir rassurer, sexuellement qui plus est, un mec d’habitude aussi rassurant que Thibault, c’est une idée absolument grisante.

    Du coin de l’œil, je vois mon bobrun se branler de plus en plus vigoureusement, je sens son regard sur moi, de plus en plus lourd, insistant.

    — Vas-y mon pote, détends-toi, laisse-toi faire, tu vas voir comment c’est bon !

    Je ne sais pas si les encouragements de Jérém ont un effet sur le bomécano. En tout cas, ils en ont sur moi.

    Lorsque je l’entends exhorter Thibault à se laisser aller, c’est comme s’il m’autorisait également à abandonner toutes mes réticences. J’ai vraiment envie de donner du plaisir au bomécano, et ses mots me permettent de le faire avec le cœur plus léger. D’une part, j’aime beaucoup l’idée qu’il veuille faire découvrir à son pote l’étendue du plaisir qu’il prend avec moi. Mais d’autre part, je suis mal à l’aise avec le fait qu’il semble vouloir présenter ce plaisir comme étant purement sexuel, intense, débridé, animal. Au final, il veut me présenter comme son jouet sexuel.

    Mais le bonheur de faire plaisir à Thibault me fait vite oublier mon malaise. C’est si bon de sentir un si beau garçon frissonner sous les caresses de ma langue. Un bonheur décuplé par le fait de m’imaginer que c’est la priori la première langue d’un garçon autorisée à accéder à sa virilité.

    Quoi de plus beau que de l’entendre lâcher des halètements de plaisir, quoi de plus merveilleux que de voir un mec comme Thibault se détendre enfin, se laisser aller doucement à ce plaisir qu’il pensait sans doute interdit, ou qu’il s’interdisait par lui-même ?

    Je m’emploie à son plaisir avec tout mon être, et les résultats ne tardent pas à arriver.

    Au fur et à mesure qu’il prend goût à ce nouveau plaisir, Thibault se révèle être un garçon très tactile.

    Lorsque ses paluches grandes et chaudes se posent sur mes biceps, je ressens un frisson inouï. Après ce premier contact, elles ne quittent jamais ma peau. Elles remontent le long de mon cou, jusqu’à mon visage. Ses doigts explorent, caressent, rassurent, caressent encore, remontent sur mes joues, frôlent mes oreilles, s’enfoncent dans mes cheveux. Ils parcourent, tâtent, excitent, câlinent.

    Et ils trouvent très facilement mes points sensibles. J’avais toujours pensé que Thibault devait être tout aussi adorable et prévenant dans le sexe qu’il l’est dans tout autre moment de son existence. Je ne m’y étais pas trompé.

    Thibault si différent de Jérém, en tout point, dans son approche de la vie, et du sexe aussi. Jérém est le petit con arrogant, macho, avec un côté dominateur très marqué, pour qui son seul plaisir semble compter. Tandis que Thibault est un garçon qui respire un mélange de puissance et de douceur, la sensibilité et le respect. Je devine chez lui le désir de faire plaisir, aussi fort que celui de prendre son plaisir.

    Le bomécano n’a pas tardé à déceler la sensibilité de mes tétons. Dès lors, il cherche à les approcher au-delà du coton qui recouvre toujours ma peau. Ses doigts cherchent le col de mon t-shirt, ils essaient de s’y faufiler, mais c’est trop serré. Il ne renonce pas pour autant, ses mains saisissent le bord inférieur de mon t-shirt, le premier contact de ses doigts avec mes abdos est électrique. C’est tellement bon, que ça me donne envie de lui simplifier la tâche au plus vite.

    J’attrape le bas de mon t-shirt, je le fais glisser le long de mon torse. Le bomécano semble très impatient, il attrape mon t-shirt par le haut, il m’aide à m’en dégager.

    Il est vraiment trop mignon, et trop sexy. Mais c’est quand qu’il va enfin se débarrasser de son putain de t-shirt marron ?

    Je me glisse entre ses cuisses, et je recommence à lui faire plaisir. Et à me faire plaisir. Car c’est un plaisir inouï que de faire plaisir à ce charmant garçon, c’est un délice de le voir s’abandonner à mes caresses, et un bonheur indescriptible que de recevoir ses caresses chargées de sensualité et de tendresse en retour.

    C’est tellement bon que j’oublie tout, y compris mon Jérém. Mais mon Jérém n’est pas du genre à se laisser oublier si facilement.

    — Allez, montre-lui comment une petite salope comme toi s’occupe de la queue d’un vrai mec, suce-le à fond…

    Jérém se la joue petit caïd qui prête son jouet sexuel à son pote, sans état d’âme, comme il lui prêterait sa caisse. Et pourtant, il me semble que son attitude et la virulence croissante du ton de sa voix trahissent chez lui un malaise certain.

    C’est lui qui a voulu ce plan, mais le scénario qu’il avait en tête ne se déroule peut-être pas exactement comme il l’avait envisagé. Déjà, Thibault ne me traite pas comme un objet sexuel, pas du tout. Et puis, Jérém doit se sentir relègue sur le banc de touche, un rôle dans lequel il doit commencer à se sentir à l’étroit.

    Mon intuition se précise quelques instants plus tard, sa main saisit fermement mon épaule, m’attirant brusquement vers lui.

    Le mâle Jérém s’est senti délaissé, et il a l’air vexé. Il demande son dû. Et je ne me fais pas prier pour cela. Je le prends en bouche et j’envoie du lourd. Très vire, je sens sa respiration s’accélérer, ses ahanements se rapprocher.

    Pourtant, lorsque je ressens la caresse légère des doigts du bomécano sur mon cou, je me sens à nouveau irrésistiblement happé dans cette direction, attiré dans cet autre univers masculin, si différent de celui de mon bobrun, un univers qui m’émeut terriblement.

    Très vite, je reviens vers le bomécano, bomécano qui ne semble attendre que ça, puisque sa main quitte sa queue juste avant que la mienne s’y pose dessus.

    Mais, une fois de plus, mon bobrun saisit à nouveau mon épaule, et m’attire vers son entrejambe. Le geste est encore plus brusque que le précèdent, encore plus brutal. J’ai l’impression de ressentir dans ce geste un agacement, une frustration, une colère. Une nouvelle jalousie ? Serait-il déjà en train de regretter ce plan lancé sans avoir assez réfléchi aux conséquences ? Cette nuit serait-elle déjà en train de lui échapper des mains comme celle avec le bobarbu Romain ?

    Et même si la queue tendue de mon bobrun est toujours aussi tentante, attirante, appétissante pour mes yeux et pour ma bouche, je ne peux pas ne pas répondre à l’appel impérieux d’une simple, petite caresse sur mon oreille. Je reviens alors du côté de chez Thibault.

    Je passe ainsi d’un pote à l’autre, essayant de leur faire plaisir de la même façon. Même si le bonheur de la découverte et de la tendresse me fait dériver vers mon nouvel amant.

    A force, le bomécano finit par soulever un peu son t-shirt. Il n’est pas encore prêt pour l’ôter complètement, mais assez pour découvrir entièrement ses abdos, tout aussi fabuleusement saillants que ceux de son pote.

    Mais, à la différence de ceux de mon bobrun, le abdos du bomécano sont garnis d’une légère pilosité qui a tout l’air d’être d’une douceur extrême. Je ne peux pas me retenir, c’est plus fort que moi. Ma main glisse instantanément, naturellement, inévitablement dessus. Je ne m’y suis pas trompé, c’est doux, c’est chaud, c’est à se damner.

    Mon envie de le voir enfin torse nu tourner carrément à l’obsession, ma main glisse un peu plus sous son t-shirt, je l’envoie à la rencontre avec ses pecs. Mes doigts découvrent un univers musclé, ferme, velu et chaud, un univers que je découvre d’abord de façon tactile. Ils s’enhardissent, se lancent à la rencontre avec ses tétons.

    Je viens tout juste de les effleurer lorsque sa main se pose sur le t-shirt juste en dessus de la mienne, marquant un arrêt net à son avancement. Je suis surpris. Je me dis qu’il n’aime peut-être pas ça, au fond, peut-être que tous les mecs ne sont pas autant sensibles des tétons que mon Jérém et moi.

    Je retire lentement ma main, la laissant glisser tout lentement sur ses pecs et ses abdos, profitant et abusant de chaque centimètre de sa peau, de chaque bas-relief sculpté dans le muscle de rugbyman.

    Sous les coups avisés de ma langue, je sens sa respiration changer, ses inspirations se font plus amples, ses expirations plus longues.

    Le bogoss frémit, sa bouche laisse échapper un « Putain… », exclamation certainement involontaire, inconsciente, qui semble pourtant venir du fond du cœur. Sa tête part vers l’arrière, ce qui a pour effet de faire bomber un peu plus ses pecs toujours cachés sous le coton marron, ses doigts s’enfoncent nerveusement dans mes cheveux.

    Mais c’est un instant plus tard que ses hésitations semblent enfin s’évaporer pour de bon. C’est lorsque je sens ses mains quitter ma tête, ses bras se lever, se plier, ses coudes prendre appui sur le rebord du dossier du canapé, ses mains se croiser derrière sa nuque, lorsque je vois son bassin avancer un peu plus vers le bord du canapé. Lorsque je réalise que son corps vient tout simplement de céder, s’abandonner, de capituler face au Plaisir.

    Tous ces petits gestes, témoignant de son plaisir de mec enfin accepté et assumé, m’émeuvent profondément. Et ce qui m’émeut encore plus, c’est de penser que ce « dépucelage » de bomécano au plaisir entre garçons est par définition un instant unique, et qu’il n’y en aura jamais un deuxième. Car, même si on devait un jour recommencer, ou s’il devait un jour recommencer avec un autre garçon, ce ne sera plus jamais pareil.

    Plus jamais, il ne serait nécessaire de forcer autant sur ses barrières pour qu’il s’abandonne au plaisir entre garçons, plus jamais ses hésitations, ses réticences, sa pudeur, ses mains ne viendraient barrer l’accès à son short. Et le plus fou dans tout ça, c’est de penser que c’est moi qui ai eu le privilège de lui faire découvrir ce plaisir, de faire s’évaporer ces hésitations, ces réticences, cette pudeur.

    Certes, à ce stade, il reste bien de choses à lui faire découvrir, plein de petites « premières fois ». Et pourtant, je ne peux m’empêcher de me dire que la plus belle de toutes, celle où il a découvert le plaisir entre garçons, cet instant unique, si intense et si éphémère, est déjà derrière lui.

    Quand je pense au chemin parcouru, entre le garçon mal à l’aise qu’il était il y encore quelques minutes à peine, et le petit mâle totalement abandonné sur le dossier du canapé en train de prendre son pied à fond, ça me donne le vertige.

    Mon envie de lui faire du bien monte encore, elle monte en flèche à fur et à mesure que son plaisir s’exprime. Elle monte d’autant plus haut que, même pris dans le tourbillon de cette déferlante sensorielle, le beau pompier n’a pas cessé longtemps de partager son plaisir avec moi. Ses mains caressent ma peau, tâtent mes biceps, ses doigts pincent doucement mes tétons, m’offrant mille et mille frissons.

    Et alors que se beaux abdos délicieusement velus s’affichent juste devant moi, irradiant mon visage de leur chaleur intense, le désir brûlant de découvrir sa plastique dans son intégralité me rend dingue !

    Je veux le rendre fou de plaisir, je porte à mon tour et à nouveau mes mains à hauteur de ses pecs, le contact avec le coton doux et tiède est magique. Je cherche ses tétons.  Mais là, le corps du bomécano est traversé par un frisson, couplé à un petit mouvement de recul de son torse que j’interprète d’abord comme étant provoqué par une excitation liée à ce contact inattendu. Fou de bonheur, je tente de revenir à la charge. Mais le jeune pompier a un nouveau mouvement de recul, d’esquive.

    — Ça, ça chatouille…

    Ah, voilà autre chose., ça chatouille. Alors que chez moi, tout autant que chez Jérém ou Stéphane, les tétons représentent une zone érogène majeure, chez le bomécano « ça chatouille ». Je n’aurais jamais pensé que cela puisse être possible. Et pourtant…

    Je suis à la fois excité à l’idée de découvrir ce petit détail de son corps, et frustré de ne pas pouvoir agir sur ce levier pour le rendre dingue de plaisir. Tant pis, je vais trouver autre chose. Il existe tellement de façons de faire plaisir à un beau garçon ! Quand le désir est là, on trouve toujours le moyen. Et pour trouver, il faut avant tout être à l’« écoute ». Il faut d’abord le laisser exprimer ses attitudes naturelles de mec, la montée du plaisir aidant à se dévoiler. Et puis, agir en conséquence.

    Juste à côté, Jérém se branle vigoureusement, sans perdre une miette de ce que je suis en train de faire à son pote. Je sais qu’il s’impatiente, car je sais qu’il n’aime pas se sentir ailleurs qu’au centre de l’attention et de l’action, la figuration ce n’est pas son truc, surtout dans une scène de sexe, a fortiori lorsqu’elle se joue sur son canapé. Alors, je sens qu’il ne va pas tarder à se remettre sous les projecteurs. Je ne m’y trompe pas.

    — Vas-y, pompe le bien, t’es une bonne salope ! il me balance, méprisant, tout en posant lourdement sa main sur ma nuque, en amplifiant mes va-et-vient sur la queue de son pote.

    La pression de sa main sur ma nuque se fait de plus en plus insistante. Au bout d’un moment, j’ai besoin de me dégager, mais je n’arrive pas à vaincre la résistance de sa main.

    — Ça va, lâche-le…

    C’est la voix du bomécano que je viens d’entendre.

    — T’inquiète, il aime ça, persévère ce petit con de Jérém.

    — Lâche-le, Jé, insiste Thibault sur un ton encore plus ferme. Un ton qui, au-delà des mots, contient tous les arguments possibles. Des arguments imparables. Sa voix est allée chercher des vibrations graves que je ne lui ai jamais entendues, des vibrations lui conférant une sorte d’autorité naturelle et puissante. Je crois que je ne pourrais rien refuser à un mec capable de moduler sa voix de cette façon.

    Et, visiblement, Jérém non plus. Sa main se dégage enfin de ma nuque.

    Commentaires

    Lectrice

    04/12/2016 16:20

    Hmmm… Tout cela a bien l’air de plaire à Thibault. N’est-il pas trop parfait, ce jeune homme? Beau, attentionné, intelligent, bi… Il a tout quoi! Un rapprochement entre Nico et lui serait bien. J’ai bien envie que le beau Thibault lui fasse l’amour, devant Jerem. Et oui, je dis bien l’amour, avec caresses et baisers passionnés… Hâte de connaître la réaction de Jerem. 

    Colibri

    07/12/2016 10:49

    Bonjour Fabien, Lente et torride avancée des événements si finement décrits ! Personnellement, je trouve que l’histoire de ce roman avance vers une certaine modernité des mœurs, à savoir le poly amour je veux dire l’amour à trois ou quatre hommes, bien que je sache bien que c’est plus l’érotisme de jeunes adolescents qui est le sujet ici plutôt qu’un roman sur la sociologie des gays … Merci en tous cas

    badremila

    05/12/2016 21:06

    enfin, j’espère que la suite sera plus chaude, surtout entre le bo mécano et Nico, faite qu’il soit des caresses entre le beau mécano et nico, et faite que la suite sera le plus vite possible, une autre demande quand Nico jeux le rôle d’actif et il sera souhaitable que le passif sera Jéjé. Bravo pour cette imagination, tu ma fait vivre chaque sensation, chaque odeur, que je voyages dans tes mots, je me voie dans la chambre de Jéjé, je touche je sens, j’oublie toute le monde auteur de moi. Merci

    Yann

    05/12/2016 09:46

     Comme le précédant épisode j’ai vraiment adoré. Le contraste entre Jerem et Thibault est toujours aussi saisissant sur leur comportement avec Nico. Thibault, tout comme Stéphane, a de la considération pour Nico. Ce sont des mecs qui ne pensent pas qu’à leur plaisir mais aussi à celui de l’autre. Nico doit repenser à ce que Stéphane lui disait : « ne lui permet pas de te faire du mal même si il ressemble à un Dieu du stade » … « cette histoire te fait plus de mal que de bien « . Nico a été patient avec Jerem et il a beaucoup (trop de mon point de vue) pris sur lui. Il est temps pour Nico de penser à lui si Jerem ne comprend pas et, de mon point de vue, une personnalité comme Jerem ne peut pas changer du tout au tout. Ca va être dur pour Nico car c’est son premier amour et il  ne pourra certainement jamais l’oublier. Il est marqué à vie par cette rencontre avec Jerem même si son bonheur n’a jamais été total. Maintenant il doit penser à lui et comble de l’ironie, Thibault le meilleur pote de Jerem, et là pour l’aider à l’oublier. Que pense Thibault de cette soirée ? Une expérience avec un garçon ne fait pas nécessairement de lui un homo. Et puis le reste de la nuit nous réserve peut être d’autres surprises. J’ai le souvenir d’un épisode où Fabien faisait parler Thibault qui fantasmait sur Jerem … A suivre mais la suite vite.

    PhopyLee

    04/12/2016 14:42

    Salut Fabien, Je voulais juste te dire que j’étais tombée sur tes écrits il y a quelques semaines et je dois avouer que j’ai tout lu et que je suis pendu à tes mots. Les derniers textes sont super. Je suis dingue de Thibault il est trop adorable, j’en viens même à espérer un rapprochement sentimental entre Nico et lui, j’aime bien jérém mais des fois ça me fait trop mal a cœur la manière dont il traite Nico même si faut avouer ces un peu pour ça qu’on est là, voir quand jérém va enfin craquer pour Nico. Même si j’adore ce que tu écrits, tu sais crée le suspense ça c’est sur, je trouve parfois que Nico se fait des longues monologues un peu ennuyeux mais quand il s’agit de jérém ou Thibault là je suis dedans mais des fois il m’arrive de décrocher mais de rester parce que je veux connaitre la suite. Je te félicite pour tout ce travail accompli, avoir su explorer une histoire d’amour autant qu’une histoire très érotique et palpitante c’est du pur géni 🙂 ! Voilà juste pour te dire que je suis une grande fane :), je te suis désormais. Vivement la suite et bon courage à toi !

  • JN01093 Un Thibault au regard fuyant

    Lundi 16 juillet 2001.

    Le lundi après la finale du tournoi de rugby, je me réveille dans le même état dans lequel je me suis endormi la veille : avec un désagréable mélange de frustration, de déception et d’angoisse.

    Il est 7 heures, la maison s’anime. Des bruits de vie viennent à moi depuis la salle de bain à l’étage et depuis la cuisine au rez-de-chaussée.

    J’ouvre le rideau et je constate que la météo, grise, pluvieuse, triste, semble se mettre aux couleurs de mon état d’esprit du jour. Quand je suis triste, je n’ai pas envie d’une belle journée, car une belle journée appelle à être heureux. Alors, lorsque je ne le suis pas, je préfère la grisaille.

    Conforté dans mon envie de rien faire par ce temps qui m’autorise à ne rien faire, ni aller courir sur le canal, ni aller à la piscine, ni grand-chose d’autre, voilà, je me remets au lit. Je vais faire la grasse mat, en attendant peut-être de trouver le courage d’affronter une nouvelle journée, une nouvelle semaine, et l’été devant moi, sans mon Jérém.

    Car là, c’est bon, je pense. Ce qui s’est passé dans les vestiaires du terrain de rugby hier après-midi, c’était la der des ders, c’était une baise d’adieu. Au moment de nous quitter, lorsque je lui ai demandé quand est-ce que je le reverrai, je me suis entendu répondre froidement qu’il n’allait plus trop avoir de temps pour moi car il avait envie de profiter de ses potes avant son départ à la rentrée. Oui, après m’avoir sauté, le bogoss m’avait lâché cette bombe, qu’il comptait partir à la rentrée, partir loin de Toulouse. Et il avait lâché ça sur un ton complètement désinvolte et détaché, comme si ça ne lui faisait ni chaud et ni froid, et comme si ça devait m’être égal à moi aussi., Tu te feras sauter par un autre .

    Son mépris m’a blessé. Parce c’est de cette façon qu’il me voit. Comme un mec qui se ferait sauter par n’importe quel mec, et non pas comme un garçon qui n’a envie que de coucher avec lui, coucher et bin plus encore.

    Après des mots pareils, si définitifs, sans appel, si humiliants, quoi espérer encore ? J’ai l’impression de me retrouver désormais face à la désolation d’un avenir sans Jérém.

    Je savais que ça se finirait un jour, qu’il partirait pour construire sa vie, un avenir professionnel. Mais je ne pensais pas que notre séparation arriverait si tôt, bien avant son départ, je me disais que j’avais tout l’été devant moi pour me préparer à l’inévitable. Je ne sais pas si j’y aurais été préparé un jour. Mais là, c’est trop brutal, et ça fait vraiment trop mal.

    Le lundi passe dans une morosité que rien n’a le pouvoir de secouer. Je me balade en ville sans but, juste pour faire passer le temps et pour ne pas rester seul dans ma chambre. J’ai très envie de chialer, mais je ne veux pas. J’aurai bien trop le temps ce soir pour cela. En attendant, je n’ai envie de rien, je me sens comme vidé. Je n’ai même pas envie d’écouter de la musique, pourtant amie indéfectible depuis toujours. J’ai l’impression que toute chanson me rappelle des souvenirs avec Jérém, et que chaque souvenir est douloureux, car il appartient désormais au passé. Je n’ai même pas envie d’écouter le double cd du concert de Madonna à Milan trouvé dans la boutique à Jean Jaurès, c’est pour dire à quel point j’ai le moral dans les chaussettes.

    Je passe toute la journée à chercher un prétexte pour approcher mon bobrun, en vain. Aller le voir à la brasserie, il me pulvériserait d’un simple regard. Lui envoyer un SMS, pour lui dire quoi ? De toute façon, il serait capable de m’ignorer.

    D’une chose j’ai quand même envie, d’acheter la Dépêche du Midi et de la feuilleter pour chercher un article probable au sujet de la victoire de l’équipe de Jérém face à Colomiers. Je parcours fébrilement les pages Toulouse, et voilà l’article, en haut de page, sur quatre colonnes et avec deux photos quand même (je vais y revenir). Dans l’article, un résumé technique du match, soulignant l’exploit final de Jérém faisant basculer le résultat final.

    Coincée entre deux colonnes, la photo noir et blanc de l’équipe gagnante. Sur cette photo, on voit mieux Thibault que Jérém, mais mon Jérém a droit à une petite photo à part, juste le visage et le col du maillot. Et même en noir et blanc, avec l’impression approximative d’un papier de quotidien, mon bobrun est grave sexy.

    La légende de la photo récite : « J. Tommasi, ailier de l’équipe, auteur de la transformation qui a fait basculer le match ».

    Pourtant, lorsque je regarde cette photo, c’est une autre légende qui s’affiche dans ma tête : « J. Tommasi, bogoss et charmeur impénitent, auteur du chamboulement qui a fait basculer mon cœur ».

    S’il savait, le journaliste, à quel point ses efforts physiques ne se sont pas arrêtés à l’action sur le terrain, s’il savait à quel point la quatrième mi-temps dans les vestiaires a été fabuleuse, au moins autant que les deux premières sur le terrain, s’ils savaient les supporters qui apprécient ses exploits, si elles savaient, les nanas qui scandaient son prénom autour du terrain pendant le match, à quel point ce bogoss prend son pied en s’envoyant en l’air avec un petit pédé prénommé Nico !

    Voilà le genre de vérité sous la surface des choses, faisant de ceux qui la connaissent des êtres un peu à part, détenteurs et dépositaires d’une info digne du secret défense, une info qui pourrait faire des ravages si elle devait être révélée au grand jour.

    Je découpe soigneusement l’article et je le range dans le lieu le plus sacré qui soit à mes yeux, une vieille boite à chaussures en carton qui réunit les quelques objets qui me sont les plus chers. Ma première montre Casio à la forme si caractéristique, ma première calculette, des coquillages cueillis sur la plage de Gruissan, des cartes postales, quelques photos d’enfance, des petites figurines des Chevaliers du Zodiaque, ainsi qu’un certain nombre de photos des bogoss, acteurs et autres boys-band qui me faisaient bander, ado, et que je matais les soirs, seul dans ma chambre. Et, désormais, la toute première photo de Jérém en ma possession, découpée dans pages de la Dépêche.

    Mais avant de la ranger, d’une autre chose j’ai envie, de me branler en matant cette photo, de me branler en passant le t-shirt que je lui ai piqué la dernière fois que j’ai passé la nuit chez lui, en reniflant le boxer que je lui ai subtilisé par la même occasion, j’ai envie de me branler en retrouvant sa présence olfactive, la seule chose qui me reste de lui, tant que le coton la conservera.

    En me branlant, je ressens une envie déchirante de le revoir. Pendant la montée du plaisir, je me sens un peu soulagé, j’arrive à oublier un peu mon angoisse. Mais dès la jouissance passée, je retrouve ma solitude et mon désespoir.

    En fin de journée, je repense à Stéphane, ce garçon qui a quand même compté dans ma courte mais intense vie sentimentale et dont je n’ai pas de nouvelles. Je lui envoie un message pour lui demander de ses nouvelles, et de Gabin. Ce soir, j’ai vraiment besoin de sentir que sa promesse de rester en contact n’était pas juste une promesse en l’air. Mais avant tout, ce soir j’ai besoin de parler à quelqu’un.

    J’aurais pu contacter Elodie. Mais pour l’instant je ne me sens pas le courage de répondre à son inévitable interrogatoire, de lui raconter comment je me suis encore fait jeter après m’être fait baiser. Pour l’instant, affronter ma cousine c’est au-dessus de mes forces.

    Il faut admettre qu’il n’y pas de meilleure branlette que celle du soir, dans son lit, avant de s’endormir, lorsque plus rien ne presse et que la nuit semble charger le lendemain de si belles promesses.

    Je me branle tout doucement, retardant sans cesse mon orgasme. Plus ça va, plus je réalise que dans le sexe, l’essentiel du plaisir se trouve dans la longueur, dans l’attente à la limite de la frustration.

    Très vite, l’excitation ouvre la boîte à fantasmes, ma tête se remplit d’images érotiques toutes les unes plus chaudes que les autres, mélangeant et mettant en scène situations et personnages, imaginant des plans croisés entre mecs appartenant à des univers différents, des mecs du lycée, des visages et des corps croisés dans la rue, avec des mecs connus, chanteurs, acteurs, sportifs.

    Suivant mes impressions et mes envies, j’attribue à certains un rôle de passif et de soumis, à d’autres un rôle actif et dominant. Ainsi, dans ma tête, j’imagine ce type bien macho que je croise tous les jours dans les couloirs du lycée en train de couiner sous les coups de reins d’un pote qui lui mettrait une bonne raclée sexuelle. A contrario, j’imagine des petits mecs à l’air choupinous, se faire sucer et dévergonder, ma fantaisie étant la seule limite des combinaisons sexuelles possibles entre garçons, des occasions et des scènes qui n’existent que dans ma tête.

    Bien sûr, mon bobrun s’invite régulièrement dans mes fantasmes de branlette, je revis nos ébats, chose qui m’est d’autant plus aisée lorsque le souvenir de ces ébats est encore bien vif dans ma chair.

    Et lorsque l’orgasme vient, je jouis très fort avec cette image brûlante dans ma tête.

    L’apaisement qui s’en suit laisse rapidement la place au sommeil, un sommeil qui vient clore cette journée de grisaille. Un sommeil qui sera peuplé de rêves où se mélangeront fantasmes et fantômes, des rêves dans lesquels mon Jérém sera omniprésent.

    Mardi 17 juillet 2001.

    La météo et mon moral du mardi ressemblent en tout et pour tout à ceux du lundi, moroses, gris et apathiques. A un détail près, quand même. Car une idée me vient à l’esprit en me levant. J’ai l’intuition que, dans l’incertitude où ma vie a été plongée depuis 48 heures, un joker de type, Coup de fil à un ami pourrait m’être plutôt bénéfique.

    Un sms au beau pompier est donc envoyé.

    — Salut, comment ça va depuis dimanche ? Remis de la 3è mi-temps ?

    Oui, j’ai envie de voir le beau mécano, j’ai envie de chercher du réconfort auprès du meilleur pote de Jérém. Car les proches de la personne aimée portent un peu de la personne aimée en eux. Avec eux, on peut parler d’elle autant qu’on en a envie, et on finit souvent pour en apprendre un peu plus à son sujet.

    C’est la première fois que je lui envoie un sms et je ne sais pas quel est son comportement face à ce genre de communication. Je ne pense pas que le charmant Thibault soit du genre à passer son temps à mater l’écran d’un portable, Thibault est un mec dans le présent, dans l’action, dans le réel, dans le contact humain.

    En lui envoyant un sms en fin d’après-midi, j’espère cependant qu’il répondra rapidement.

    Hélas, sa réponse se fait attendre. A minuit, toujours rien de sa part. Ni, d’ailleurs, de la part de Stéphane. Je me dis que ça ne fait que quelques jours qu’il a emménagé et qu’il doit avoir d’autres chats à fouetter. Rien non plus de la part de ma cousine adorée, à laquelle j’ai enfin trouvé le courage de proposer un tête-à-tête-confession, à part un court message pour m’expliquer à quel point elle est accaparée par son taf, ainsi que par son rencard du soir.

    Mercredi 18 juillet 2001.

    Mercredi, toujours de la flotte et du vent froid, toujours aucune nouvelle de Thibault, ni de Stéphane.

    Jeudi 19 juillet 2001.

    Jeudi, nouvelle journée de pluie et de vent froid, mais où est-il passé l’été ?

    Le silence de Thibault ne me dit rien qui vaille. Le bomécano n’est peut-être en effet pas du genre à consulter ses sms toutes les 5 minutes, mais il est un garçon qui, je pense, ne, négligerait pas sans raison de répondre à un message d’un, presque pote.

    Pendant toute la journée, je sens monter en moi une irrépressible envie d’aller le voir à la sortie de son taf et de lui proposer d’aller prendre un verre. Après tout, ça a toujours été sympa de prendre un verre avec le beau mécano, il s’est toujours montré super gentil, et content de me voir.

    C’est une décision qui me parait à la fois la bonne mais aussi un peu, risquée. Tout dépend évidemment de ce qui se cache derrière le silence du bomécano. De toute façon, j’ai besoin d’en avoir le cœur net.

    Me voilà en train de rôder à proximité de la Gare Matabiau en attendant 18 heures, l’heure où le beau mécano débauche. Je ne veux pas le rater, mais je ne peux pas non plus faire les 100 pas devant le garage, équation délicate.

    18h15, le voilà le bomécano, habillé d’un pull à capuche violet clair, un peu ample, la capuche remontant autour de son cou puissant et retombant derrière ses épaules. Il est juste à tomber. J’adore les pulls à capuche, ces pulls capables de mettre en valeur des sexytudes différentes, aussi bien d’un bad boy, d’un mec de banlieue, ou d’un mec comme Thibault, un mec adorable, bien dans ses baskets.

    Il porte également un short bleu assez ajusté, mais pas trop, à ses fesses musclées, un short laissant apprécier ses mollets puissants et recouverts d’une bonne pilosité, des mollets de rugbyman.

    Thibault est le genre de garçon à la fois sexy et touchant, à la fois très doux et très masculin. Il est juste indiciblement beau, il est tout simplement craquant.

    Le bogoss m’a capté et s’est arrêté. Je traverse la rue pour aller à sa rencontre. Sa poigné de main est toujours aussi puissante et chaude, sa présence, toujours aussi troublante. En m’approchant de lui pour lui faire la bise, je réalise que ses yeux verts marrons changent de nuance suivant la lumière. Plutôt marrons à certains moments, bien verts à d’autres. En cette fin de journée nuageuse, ils auraient plutôt tendance à tirer sur un vert un peu éteint, mais profondément charmant.

    Thibault a l’air fatigué, son beau sourire semble même un peu forcé. J’ai même l’impression que sa surprise de me voir s’accompagne d’un certain malaise. J’en viens très vite à me demander s’il se doute de quelque chose quant aux raisons du retard de Jérém dimanche soir au barbec chez l’entraineur.

    — Ça va ? je lui demande.

    — Oui, ça va, ça va, je l’entends me répondre. J’ai de suite l’impression que son attitude et le ton de sa voix ne sont pas ceux auxquels je suis habitué.

    — Sale semaine ? j’enchaîne, comme pour trouver une explication à ce comportement que je trouve bizarre.

    — Ouais, assez, oui, les garages commencent à fermer pour les congés, il y a du taf en pagaille, fait-il de façon évasive.

    — Tu es en congés quand ? je relance pour essayer de le renvoyer à des choses agréables.

    — J’ai trois semaines fin août, début septembre…

    — Cool, je commente, tout en réorientant aussitôt la conversation.

    • Je t’ai envoyé un sms l’autre jour, tu l’as eu ?

    — Ah, oui, désolé, je n’ai pas répondu, j’ai pas trop l’habitude des messages.

    Quelle belle époque, 2001, l’époque bénie où l’on pouvait encore entendre ce genre de phrase de la bouche d’un bomec de 19 ans.

    — C’est pas grave, je relativise. Sinon, tu t’es remis du match ?

    — Oui, ça va, fait-il, sans s’épancher davantage. J’ai de plus en plus l’impression qu’il n’a pas vraiment envie de taper la discute. Et qu’il est mal à l’aise. Est-ce qu’il s’est passé quelque chose dimanche soir après la quatrième mi-temps du match ?

    — Vous avez fait la fête tard dimanche soir ? je tente d’en savoir un peu plus.

    — Oui, assez tard… fait-il, toujours aussi minimaliste.

    — Jérém, ça allait ?

    — Il était super heureux d’avoir remporté le tournoi, il lâche sans que son regard s’illumine comme d’habitude en parlant de son pote. D’ailleurs, son regard semble résolument fuyant.

    • Ça a dû être sympa le barbec, je commente, pendant que, à ma grande surprise, le beau pompier sort un paquet de clopes de sa poche, en pose une entre ses lèvres, et l’allume.

    — Tu fumes, toi aussi ? je ne peux m’empêcher de lui demander, en dépit du fat que je trouve furieusement sexy sa façon de tenir la cigarette entre ses doigts, entre ses lèvres, de tirer dessus et d’expirer la fumée.

    • Oui, enfin, non, parfois, j’ai repris il n’y a pas longtemps, fait-il, visiblement gêné par ma remarque.

    — Et après le barbec vous êtes sortis ? je reprends alors mon projet de conversation initial.

    — Oui, enfin, mais pas tous, on était nazes. Il lâche ces quelques mots sans me regarder dans les yeux, chose qui est plutôt une première chez lui, m’ayant habitué à la chaleur de son regard intense, franc et bienveillant.

    • Nico, il va falloir que j’y aille, je l’entends couper court.

    Celle-là, je ne l’ai pas vue venir. Moi, qui espérais pouvoir prendre un verre avec lui, discuter un peu de cette fameuse soirée chez l’entraîneur, retrouver notre complicité, je suis une nouvelle fois surpris et déçu. Et désormais un brin inquiet. Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui fait que le beau mécano est aussi différent que d’habitude ? Qu’est-ce qu’il ne me dit pas ?

    — Dommage, je fais, j’aurais bien pris un apéro comme la dernière fois…

    — Pas ce soir, Nico, on remet ça à un de ces quatre, ok ? fait le bomécano, en alignant ses mots sans conviction et en joignant un nouveau sourire encore plus forcé que le premier.

    — D’accord, je capitule, en voyant le mec bien déterminé à s’extirper de ma présence.

    — Je file, il lâche sans autre forme d’explication, sans même prendre le temps de me refaire la bise.

    En le regardant avancer sur le trottoir d’un pas soutenu jusqu’à disparaître au détour d’une rue, j’ai l’impression qu’il me fuit.

    J’avais voulu passer un moment avec Thibault pour me sentir réconforté par ses mots, par sa chaleur humaine, par sa voix et son attitude, d’habitude si apaisantes. Je n’ai rien eu de cela. Au contraire, d’autres inquiétudes s’agitent désormais dans ma tête. Car je me dis qu’n tel changement d’attitude chez un mec aussi droit et attentionné que Thibault, ce n’est vraiment pas normal.

    Mais bon sang, qu’est-ce qui se passe ? Oui, qu’est-ce qui s’est passé depuis dimanche dernier ? Sur la pelouse, après la victoire, il avait été adorable avec moi, il m’avait encouragé à aller féliciter Jérém pour ses exploits, il m’avait trainé à la buvette pour me rapprocher de mon bobrun, il m’avait lancé un clin d’œil adorable en partant au barbec, j’avais l’impression qu’on avait vraiment une bonne complicité tous les deux.

    Et là, quelques jours plus tard, je le trouve distant, fuyant, comme s’il y avait un malaise entre nous. Est-ce à cause de ce malaise qu’il n’a pas répondu à mon sms ? Est-ce qu’il m’évitait sciemment ? Qu’est-ce qui se passe dans la tête du Thibault ? Est-ce que Jérém a quelque chose à voir dans ce changement d’attitude ?

    Je repense à ses reproches la dernière fois où j’ai débarqué rue de la Colombette, comme quoi Thibault lui avait fait des réflexions sur notre relation. Une fois de plus, qu’est-ce que Thibault avait bien pu lui dire ? Est-ce que le sujet est revenu sur le tapis entre eux par la suite, après le match de dimanche dernier ? Ça expliquerait peut-être pourquoi Thibault m’a semblé gêné à l’idée de parler de cette soirée.

    Me voilà dans un beau pétrin, avançant à l’aveugle entre un Jérém qui ne veut plus me voir et un Thibaut qui m’évite. J’espère juste qu’ils ne se sont pas disputés, et surtout pas à cause de moi, ce serait la pire des catastrophes.

    Dans ces conditions, si la première moitié de la semaine avait été grise et morose, la deuxième partie s’annonce encore plus difficile. Je ne suis pas bien.

    Le samedi, je refuse l’invitation d’Elodie pour une soirée d’anniversaire chez une copine à elle. Je n’ai pas envie de faire la fête, et encore moins de lui tenir la chandelle, son rancard de mardi soir a eu une suite le jeudi et ce samedi. Son crush est également invité à cette soirée. Je suis content qu’elle ait rencontré quelqu’un, mais je sais que lors de cette soirée ma cousine sera accaparée par son nouveau mec, et que je ne pourrai pas profiter d’elle comme d’habitude, comme j’en aurais besoin. Alors, plutôt que de me retrouver seul dans une soirée où il y a plein de monde, je préfère rester seul chez moi.

    Je passe mon samedi soir à lire, et je finis par me coucher tard quand-même. En me mettant au lit, je me laisse aller à imaginer ce que mon beau brun doit être en train de faire à cet instant. J’imagine des nanas qui lui tournent autour, je l’imagine en draguer une et la laisser lui offrir du plaisir, je l’imagine en train de se faire sucer, en train de baiser, en train de jouir. Loin de moi, sans même penser à moi, celui qui n’a été pour lui qu’un vide couilles de passage, un parmi tant d’autres possibles, pas le premier, et certainement pas le dernier, et probablement pas le plus marquant ou le plus spécial.

    Ma frustration et ma tristesse se mélangent à une intense excitation pendant que je me branle, écartelé entre l’envie de jouir et celle de pleurer.

    Et là, soudain, un bruit bien connu fait irruption dans ma conscience engourdie. Mon portable vient de couiner. Un petit son retentissant dans le silence de la nuit, retentissant dans mon esprit comme l’explosion d’une bombe.

    Réflexe pavlovien, je lâche ma queue pourtant sur le point de jouir et je me précipite pour regarder de quoi il s’agit, un espoir insensé s’emparant de moi et provoquant une intense décharge d’adrénaline.

    Et là, l’écran affiche une phrase magique :

    « Appel manqué de Jérém ».

    Voilà autre chose ! Jérém qui m’appelle à cette heure-ci, mais qu’est-ce qu’il me veut ? Pourquoi laisser juste sonner deux fois ? Une erreur ? Je ne tarde pas à avoir la réponse, une poignée de secondes plus tard, l’icône d’une enveloppe apparaît en haut de mon écran, un sms vient d’arriver.

    Le souvenir d’SMS m’entraînant rue de la Colombette au milieu de la nuit fait s’emballer mon cœur au quart de tour.

    « chez moi maintenant depech . ».

    Ça sent le message d’un mec fatigué et bourré de retour de soirée qui a envie de se faire sucer la queue. Il semblerait que mon bobrun a envie de se vider les couilles et qu’une fois encore il m’appelle à la rescousse au beau milieu de la nuit. Soit il n’a pas trouvé de cul à baiser à son goût, soit il en a baisé mais il a envie de recommencer, soit il ne peut se passer de moi.

    Quoi qu’il en soit comment ne serait-ce qu’envisager de refuser une telle proposition ? Comment ne pas être emballé à l’idée de retrouver un amant comme Jérém, à son invitation expresse, alors que dimanche dernier il m’a dit qu’il ne voulait plus me voir ?

  • JN01094 Une nuit et ses imprévus

    JN01094 Une nuit et ses imprévus

    « 10 minutes, j’arrive ».

    Comme un petit chien, je rapplique lorsque mon maître me siffle. Je saute du lit, je me rhabille au pas de course.

    Une semaine sans de ses nouvelles et il m’appelle car il a envie de baiser au beau milieu de la nuit. C’est humiliant, mais il faut avouer que c’est néanmoins très excitant.

    Je ne me pose même plus la question de comment me comporter avec lui, une semaine sans le voir et je suis en manque.

    Une minute plus tard je suis dans la rue. Je n’ai pas laissé de message pour maman mais je me dis que je lui enverrai un SMS pour lui dire quand je vais rentrer, chose que j’ignore à cet instant.

    Je viens de fermer la porte d’entrée de la maison et je me rends compte que, dans ma précipitation, j’ai oublié le maillot rapporté de Londres. Je me dis que ça ferait peut-être son effet, ça lui montrerait à quel point je tiens à lui. Et le fait de lui donner lors de ces retrouvailles lui montrerait à quel point je suis heureux que ces retrouvailles aient lieu.

    Mais je ne me sens pas le courage de rentrer à nouveau, d’affronter tous les bruits de la maison, de la porte d’entrée jusqu’à ma chambre, puis en sens inverse, de courir le risque de réveiller mes parents, de devoir donner des fausses explications pour une sortie nocturne qui aurait l’air suspecte, le risque de susciter des inquiétudes

    De toute façon, je suis quand même un peu pressé, j’ai annoncé10 minutes, et 10 minutes ça passe vite. Il y aura probablement d’autres occasions pour le lui donner. Et s’il n’y en a pas, c’est que ce cadeau n’était pas une bonne idée. Au pire, je le déposerai devant sa porte.

    Je presse mon pas direction le pont St Michel. La ville est silencieuse, inanimée. J’ai toujours aimé la ville à cette heure-ci, ses ponts, ses allées, ses places désertes. A cette heure-ci, il n’y a presque pas de voiture, les feux de circulation changent de couleur dans le vide, ou bien ils clignotent à l’orange. L’éclairage public met en valeur les grands bâtiments à l’allure paisible, la Garonne reflète les lumières d’une ville endormie, une ville sur laquelle le temps semble comme suspendu, dans l’attente d’un nouveau jour.

    Tout s’efface autour de moi/Lorsque la ville s’endort
    Je ne vis plus que pour toi/Lorsque la ville s’endort


    J’avance à grand pas, la démarche pressée et impatiente d’un garçon qui va rejoindre le garçon qu’il aime. Le vent d’Autan souffle fort, il souffle dans mon dos, caresse ma peau, s’infiltre sous mon t-shirt, m’apportant le souvenir toujours aussi vif du premier jour des révisions avec Jérém.

    Le ciel est dégagé, la lune apparaît de trois quarts. Peut-être que le cœur de Jérém s’est dégagé aussi depuis dimanche dernier, peut-être qu’il s’est calmé, qu’il va avoir envie d’une bonne baise, d’une bonne tranche de plaisir que je lui offrirai avec bonheur. Peut-être qu’il me demandera de rester dormir, et qu’il aura envie d’un câlin. Peut-être que tout n’est pas perdu, peut-être que notre complicité se construit aussi au travers de ces petites ruptures.

    Ton amour n’est pas ce que tu crois/C’est un décor
    Mais un jour viendra/Où tu sauras m’aimer plus fort

    Je suis impatient de retrouver le mec qui fait battre la chamade à mon petit cœur et qui embrase mon désir. Je fends la nuit fraîche de ce mois de juillet, gai et excité comme un pinson. Je suis tellement sur mon petit nuage que j’arrive devant la porte de l’immeuble du bobrun sans presque m’en rendre compte.

    Mon cœur bat à tout rompre. J’ai besoin de quelques secondes pour reprendre mon souffle, car j’ai carrément fait le trajet au pas de course. J’essaie de trouver une attitude convenable, pour ne pas trop montrer la fébrilité de mon désir. Je dois me ressaisir.

    Mais au fond, à quoi bon essayer de lui montrer autre chose que la vérité ?

    De toute manière, il sait que je suis raide dingue de lui et que je ne peux pas lui résister, il sait que je viendrai à chaque fois qu’il claquera des doigts. Car son envie est mon envie, je bande rien qu’à l’idée de le voir nu, de le sucer. Je ne peux pas résister à Jérém. Dès l’instant où j’ai goûté à sa virilité, j’en ai été accroc. Non, je ne peux résister, c’est trop tard.

    Dès que mon doigt se pose sur la sonnette, la porte se déverrouille. Lorsque j’arrive devant la porte de son appart, je la trouve entrebâillée. Je pousse le battant et je me retrouve dans cet espace que je connais désormais par cœur. J’y suis un peu comme chez moi.

    La pénombre règne dans la pièce, seule la faible lampe sur sa table de nuit est allumée. Jérém est assis sur le canapé, une bouteille de bière à la main et une cigarette-faite-maison, à la fumée et à l’odeur bien caractéristiques, dans l’autre.

    Je referme lentement la porte derrière moi, en essayant de faire le moins de bruit possible.

    Le bogoss porte un simple débardeur blanc à cotes fines qui met diaboliquement en valeur ses pectoraux, ses épaules, le V de son torse, sa chaînette négligemment abandonnée dans l’arrondi, sur sa peau mate.

    Son bassin est moulé dans un boxer vert à l’élastique blanc, du meilleur effet. Le relief de sa bosse se dessine sous le tissu élastique, et cette vision me met d’entrée en situation, en situation d’avoir grave envie de lui.

    — Salut je lui lance.

    Pour toute réponse, le bogoss expire un bon nuage de fumée.

    Il est à craquer. Une légère brise s’infiltre par la porte fenêtre entrouverte, caressant mon visage et mon cou et éveillant encore un peu plus mes sens déjà en ébullition.

    Je me tiens là devant lui, en attendant de savoir de quoi il a envie. J’attends et je le mate, sans oser chercher son regard. Je sens sur moi son regard qui me déshabille, qui me met mal à l’aise autant qu’il m’excite, ce regard qui me fait sentir à sa complète merci, un regard lubrique, perçant, désinhibé. Je devine que Jérém a déjà pas mal fumé, je le devine à son silence, à son immobilité. Je devine qu’il est stone. Et ça, en général, ça annonce des ébats bien chauds.

    Jérém ne bouge pas de son canapé, il ne bouge pas le petit doigt, exception faite pour sa main portant régulièrement la cigarette à ses lèvres et pour son torse, expirant tout aussi régulièrement de bonnes volutes de fumée.

    L’attente se prolonge, transformant peu à peu mon excitation en un état de malaise qui gagne rapidement mon esprit. Depuis de longues secondes je suis planté là, à sa complète merci. Chaque seconde qui passe, je lui montre un peu plus ma vénération, mon désir, mon envie de lui.

    A chaque seconde qui passe, je me sens un peu plus ridicule, pathétique, humilié.

    Et pourtant, j’ai de plus en plus envie de le toucher, de le sucer Mais aussi de sortir de cette étrange situation.

    Je fais un pas vers lui. Et là, je vois le bogoss lever un doigt dans le prolongement de sa bouteille de bière et y associer un regard très déterminé, le tout étant une sommation de m’arrêter.

    Mais à quoi joue-t-il ce sale petit con ?

    En attendant, je stoppe net mon élan. Un petit sourire coquin se dessine désormais au bord de ses lèvres, me faisant sentir encore plus con qu’avant.

    Un sourire des plus sexy et coquins illumine alors son visage. Putain de petit con, décidemment il n’est pas aussi stone que je l’imaginais. En tous cas, il est assez maître de lui-même pour prendre du plaisir à me pousser à lui montrer clairement le désir fou qui m’amené à lui, à cultiver ce désir avec cette façon de me tenir à distance, de me dominer par la frustration.

    Le petit con est en train de me chauffer à bloc. Car il semble avoir bien intégré que plus il me fait attendre, plus il m’en fait baver, plus le sexe avec lui me paraîtra un cadeau précieux. Plus il m’aura humilié, plus j’aurai envie de tout lui donner. Plus il m’aura chauffé, plus il ressentira en lui ce pouvoir magique, le pouvoir d’être désiré par-dessus tout, le pouvoir de me donner du plaisir ou de m’en priver, et d’alimenter ainsi un désir de plus en plus grand.

    — T’as envie, hein, dis-le que t’es venu parce que t’as envie de me sucer !

    Il veut sentir que je suis fou de sa queue, alors je vais lui donner ce dont il a besoin.

    — J’ai envie de te sucer, Jérém, je capitule sans résistance. S’il te plaît, laisse-moi te sucer !

    — T’en crèves d’envie, hein ? il lâche avec cette arrogance de petit con à gifler qui le rend si sexy à mes yeux.

    Petit con, va ! Mais petit con sexy à qui je donnerais la bonne pipe sans hésitation. Mais pas avant de t’avoir un peu chauffé à mon tour.

    — Et toi tu crèves d’envie de te faire sucer. Je te rappelle que c’est toi qui m’as fait venir !

    Le petit con affiche désormais un sourire narquois.

    — Ouais, tu vas sucer, et tu vas en avoir pour ton grade, il lâche sur un ton de plus en plus arrogant. Mais d’abord, goûte ça…

    Et là, ajoutant le geste à la parole, le petit con tend le bras dans ma direction. Au bout de ses doigts, son joint à moitié consumé laisse échapper un filet de fumée fin et intense.

    Je n’ai jamais tiré la moindre taffe ne serait-ce que d’une cigarette. Alors, me voilà face à un joli dilemme.

    D’un côté, ça ne me dit trop rien d’essayer, je suis un garçon certainement bien trop sage, un garçon qui aime garder le contrôle de soi-même, un garçon qui n’a jamais rêvé de paradis artificiels. De plus, j’ai peur de ne pas aimer, d’avaler la fumée de travers, de tousser, bref, de me ridiculiser devant mon bobrun.

    D’un autre côté, si je refuse, je risque de faire mauvaise impression vis-à-vis de mon bobrun.

    Mais comme dans la vie il semblerait qu’il vaut mieux vaut avoir des regrets que des remords, j’avance vers le bogoss et j’attrape le joint, geste qui amène mes doigts à effleurer les siens au passage. Rien que ce petit contact suffit à me donner des frissons indicibles, c’est comme si ce mec dégageait une énergie sensuelle capable de provoquer instantanément des étincelles sur ma peau et dans mon corps tout entier.

    Je porte le petit bout entre mes lèvres et j’aspire. C’est chaud, amer, ça pique au fond de la gorge, je ne trouve pas ça agréable du tout. C’est déjà un exploit de ne pas tousser.

    — Ne garde pas trop la fumée, vas-y, expire, fait le bobrun, l’air amusé par le spectacle de débutant que je suis en train de lui offrir.

    J’expire lentement la fumée chaude.

    — Tu peux tirer une autre taffe, je l’entends me lancer, alors que je lui tends le chichon en retour.

    — Plus tard, je lui réponds, tout en allant au bout de mon geste, en lui rendant le joint et en effleurant une nouvelle fois ses doigts, et ce coup-ci, je ressens des frissons encore plus électriques que les premiers.

    Des frissons qui me retournent comme une chaussette, qui me poussent à lâcher des mots dont je suis le premier surpris.

    — Quitte à tenir un truc entre les lèvres, je préfère que ce soit ta queue…

    Le bogoss, en train de tirer sur le petit bout fumant, semble avoir du mal à contenir un joli sourire amusé. J’adore ces instants heureux, les rares fois où j’arrive à le décrisper, à provoquer ce sourire à la fois coquin et un peu enfantin sur son visage. L’entendre rire, c’est pour moi la plus douce des mélodies, plus encore que de l’entendre souffler de plaisir, plus encore qu’entendre les râles étouffés de ses orgasmes.

    Un instant plus tard, je suis à genoux, entre ses jambes, je laisse trainer mon nez et mes lèvres sur la bosse de son boxer, j’inspire, j’aspire, j’hume, je me délecte, insatiable, enivré, ses petites odeurs de mec me faisant bien plus d’effet que le joint.

    Je glisse doucement les doigts à l’intérieur de l’élastique de boxer, pile en correspondance de son pli de l’aine, je le fais glisser lentement sur ses hanches, mais il reste coincé autour de son engin raide et chaud.

    Mes doigts écartent l’élastique, effleurent sa queue, tentent de la dégager. De nouvelles aromes se libèrent au fil de l’opération, je sens une bouffée de chaleur monter à mon visage. Définitivement, mon joint à moi, c’est sa queue.

    Je suis tellement heureux de le reprendre enfin en bouche, de l’entendre ahaner sous l’effet du plaisir que je lui offre généreusement.

    C’est là, qu’un élément perturbateur vient troubler la perfection de l’instant. Il s’agit du bruit assourdissant de la sonnette de l’interphone. Elle retentit dans la pénombre de l’appart, dans le silence de la nuit toulousaine.

    Instantanément, le bogoss porte ses mains sur mes épaules, me repousse brusquement. Il se lève du canapé, se précipite vers l’interphone, me bousculant au passage. Il décroche le combiné, la queue en l’air, humide, gonflée à bloc, à deux doigts de jouir. Son geste est tellement précipité que le combiné lui glisse deux fois des mains.

    Il la rattrape de justesse, à hauteur de ses mollets, il le porte à son oreille.

    — Ouais, je l’entends lâcher. Je capte une voix à l’autre bout du fil, une voix dont je ne perçois qu’un faible grésillement.

    Dans la pénombre je vois l’inquiétude se dessiner sur son visage.

    — Euh, ouais, je l’entends proférer une seconde plus tard, alors que son regard vient clairement balayer dans ma direction.

    Instinctivement, je me relève, je m’assois sur le canapé, tout en me posant en me demandant ce qui est en train de se passer.

    Sur ce, j’entends le bogoss lâcher :

    — Ok, bah, alors monte…

    Hein ?!?!?! Qui ? Quoi ? Qui est-ce qui va monter ? Pourquoi ? Pour quoi faire ????

    Je vois le bobrun raccrocher le combiné aussi précipitamment qu’il l’avait décroché, je le vois se ruer vers le canapé, attraper son boxer, le passer à la vitesse de l’éclair.

    • Rhabille-toi, vite ! il me lance sèchement.

    J’ai beau essayer de lui demander ce qui se passe, je n’ai pas de réponse. Il disparaît dans la salle de bain. Il réapparait un instant plus tard, avec un short rouge qui, combiné avec son débardeur blanc, le rend sexy en diable.

    Ça toque désormais à la porte. Jérém traverse le séjour en trois enjambées, il pose sa main sur la poignée, le battant s’ouvre.

    T-shirt marron plutôt ajusté à son torse bien charpenté, des biceps rebondis, un cou puissant, un short noir finissant sur deux mollets puissants et recouverts d’une bonne pilosité, des mollets de rugbyman.

    Thibault est là.

    Commentaires.

    Etienne

    15/11/2016 23:23

    Du chamboulement en perspective… Comment Jérem va t’il survivre à ça: pétage de plomb à venir ? J’espère que Nico trouvera son réconfort auprès de Thibault… Vite la suite ! Bises. Etienne

    RomainT

    18/11/2016 23:22

    Tu es un véritable tortionnaire Fabien! Je rattrape enfin mon retard dans tes textes et tu me laisse comme ça! Avec une liste de questions et d’interrogations longue comme un paris toulouse! Tu es vraiment insupportable! Bon sinon c’est génial mais ça deviens lassant de te le répéter surtout lorsque tu es si méchant… Bref LA SUITE!!! Romain

    Gianluca76

    1/11/2016 17:53

    Tout à fait d’accord avec Yann… la relation Jerem -Nico cela a toujour été dominant – soumis… Jerem ne pense qu’ à son plaisir… tandis que Thibault a envie de partager ce moment de aisir avec Nico et le lui rend bien… caresses tendresses et remet Jerem sur le droit chemin quand celui ci dérape… peut être que Jerem se rend compte qu il risque de perdre Nico… Thibault-Nico…ce serait top…pour mémoire Romain avait prevenu Jéjé… a firce de ne penser qu à sa gueule.. il risquait de perdre Nico… et si thibault et celui qui le priverait de son Nico ?? J attends de voir la suite… ca risque de chauffer entre les deux rugbymen… qui aura le dernier mot ??? La suite stp…

    Yann

    14/11/2016 11:07

     L’intensité érotique, sexuelle, mais aussi sentimentale de cet épisode est palpable. Fabien, comme tu sais si bien le faire par ton écriture toujours aussi riche, tu nous en fais partager toutes les nuances. Le contraste des personnalités entre Jerem et Thibault est criant au regard de leur façon de traiter Nico. Depuis que Jerem et Nico se connaissent il n’y a quasiment jamais eu de moment de tendresse et Nico en souffre. Jerem le considère comme sa chose exclusive qui lui appartient et dont il profite comme bon lui semble. Mais Jerem vient peut être de faire là une erreur. Son attitude montre qu’il regrette déjà ce plan à trois. Thibault s’est toujours montré troublé quand il voyait Jerem partir avec Nico. Il n’était bien sûr pas dupe de leur relation. Nico pensait jusque là que cette gène était vis-à-vis de son pote Jerem. Mais si Thibault était amoureux de Nico ? En tout cas il n’est pas insensible au plaisir que lui donne Nico et contrairement à Jerem il le lui rend. L’empressement qu’il montre à le dénuder est révélateur d’un désir longtemps retenu et qui explose. Jerem réalise que Thibault donne à Nico la tendresse qu’il n’a jamais pu ou voulu lui donner et la jalousie commence à poindre. Oui comme le ressent Nico Thibault a des envies mais qui ne sont pas celles de Jerem. Est-ce là que les chemins de Jerem et Nico vont se séparer ? On sait que cela va arriver. Et si Nico entamaient ensemble une autre histoire différente plus sensuelle et affective ? Fabien vite la suite.

    Virginie-aux-accents

    18/11/2016 07:29

    Thibault est vraiment merveilleux. Merci.

  • JN01092 Match et après match (partie 2)

    Des mi-temps non réglementaires.

    Je stoppe net mes pas. Soudain, j’ai la tête qui tourne, les mains moites, les jambes en coton.

    J’ai une envie brûlante de le rejoindre, tout en me sentant retenu, tétanisé par une peur panique de me retrouver face à un mec qui veut juste se vider les couilles pour mieux me jeter après, tout comme il l’a si bien affirmé (et si bien fait) hier.

    Pire, je redoute la virulence et la froideur de ses mots, de ses attitudes. Je crains également qu’il puisse me faire de nouveaux reproches à cause de ma petite conversation avec Thibault un peu plus tôt.

    Bref, je n’ai pas envie de lui offrir un orgasme géant et de rentrer chez moi avec le cœur lesté de plomb.

    D’autre part, la tentation d’y aller est trop forte, et ce, pour plusieurs raisons.

    Déjà, je ne l’ai toujours pas félicité pour sa performance sportive. Oui, je vais commencer par ça, le mettre de bon poil, avant de le mettre à poil.

    J’ai toujours en tête l’équation apprise par cœur le weekend dernier :

    (Le faire jouir + Lui parler rugby) = un Jérém qui s’ouvre un peu

    Et même si j’ai prévu de commencer par « Lui parler rugby », j’ai appris au fil des cours de maths que, dans une addition, le changement d’ordre des termes ne modifie pas le résultat.

    Bien sûr, je n’ignore pas le fait que pour obtenir l’identité remarquable « un Jérém qui s’ouvre un peu », ce ne sont pas deux, mais un nombre important de variables qui rentrent en jeu, dans une équation à rallonge, avec des paramètres à valeur imprévisible. Une équation à géométrie mouvante, dans laquelle la logique n’est pas forcément sollicitée pour obtenir le résultat final, ce qui rend le système « Jérém » fortement chaotique.

    Répondre présent à son invitation, c’est aussi l’occasion de pénétrer dans un vestiaire après match.

    Car, mieux encore qu’après un simple entrainement tel que je l’ai connu quelques semaines plus tôt, ce sanctuaire à mecs doit être en ce moment empli d’odeurs de jeune mâle, de douche, de virilité, de deo. Avec un peu de chance, Jérém ne sera pas encore passé sous la douche, il sera encore moite de sueur, sentant le mâle et l’effort, gonflé à bloc de testostérone après ses exploits et sa magnifique victoire.

    Ainsi, ma décision est très vite actée.

    « 5 min », envoyer sms,

    Tout comme lui dans sa proposition, j’adopte une prose proustienne pour ma réponse.

    Je fais demi-tour et je parcours les quelques centaines de mètres qui me séparent du terrain de rugby d’un pas plutôt soutenu.

    En arrivant aux abords du terrain, je remarque qu’il ne reste qu’une voiture sur le parking, sa 205 rouge. La buvette est fermée et plus personne ne rode autour de la pelouse. Bref, tout le monde est parti. Sauf mon bobrun, comme le confirme la porte d’entrée principale du vestiaire restée entrebâillée.

    Alors, après avoir pris une bonne inspiration pour me préparer à plonger dans cet univers imprégné de présence masculine, je passe la porte en métal.

    Dès l’entrée, je suis enveloppé par un mélange olfactif fait de vapeur de douche, de savon, de shampoing et de sueur, de jeunesse masculine. Dans ce bouquet olfactif, je me perds, je me noie.

    Je n’ai qu’à fermer les yeux pour imaginer toute l’équipe telle qu’elle devait être là tout juste une heure plus tôt, les uns assis sur les bancs en train de retirer les chaussures à crampons et les chaussettes, certains ayant déjà retiré la majorité de leur équipement, se retrouvant en slip, ou en boxer, d’autres en train de se chamailler comme des gosses, refaisant le film du match avec de grands gestes, faisant rouler leurs muscles et danser leurs paquets prisonniers d’un fin tissu. D’autres seraient déjà nus, en train de se diriger vers la douche ou bien en train d’en sortir, le corps dégoulinant d’eau, attrapant leur serviette, posant un pied sur le banc pour se sécher la jambe, offrant une vue imprenable sur leur fabuleuse nudité.

    J’avance dans le petit couloir. Et là, surgissant sans bruit d’une porte latérale, le bogoss se dresse devant moi, à tout juste un mètre de distance, la cigarette allumée entre les lèvres, toujours habillé de son maillot vert et blanc défraichi par le match, les chaussettes et les crampons toujours aux pieds, les cheveux encore en bataille. Il est indiciblement beau.

    Jérém me toise en silence avec son regard pénétrant qui m’emplit à la fois de désir et de malaise.

    — Tu as été grandiose aujourd’hui, Jérém, je trouve enfin le courage de lu parler, t’as marqué deux essais de fou… je voudrais être capable d’en faire la moitié du quart de ce que tu fais…

    — Le rugby est un sport de mecs, pas d’intellos, il se moque.

    — Bon, ok, j’avoue, je n’y connais rien au rugby.

    — Pourquoi tu es venu voir le match, alors ? fait-il, sur un ton faussement détaché.

    — Pour soutenir ton équipe, je réponds. Je ne sais pas ce qu’il veut me faire dire, mais j’adore ce petit jeu de questions réponses,

    — Tu parles, il me renvoie à la figure.

    — C’est la vérité !

    — Pourquoi tu es venu voir le match, il insiste, le regard malicieux.

    Ce petit jeu du chat et de la souris m’amuse beaucoup. D’autant plus que j’ai l’impression qu’il kifferait que je lui dise que j’espérais que cette rencontre dans le vestiaire puisse avoir lieu.

    — Parce que je voulais te faire plaisir, je glisse.

    — Ou plutôt parce que tu voulais te faire baiser, fait-il, cash. Poésie, quand tu me tiens !

    Petit con va, mais petit con rayonnant, détendu, et d’humeur joueuse. Il veut jouer, alors il faut en profiter, on va jouer.

    — Oui, j’avais envie de baiser avec toi, je concède, de façon totalement assumée.

    — T’en a pas eu assez de ma queue, hier, il enchaîne.

    — Je n’en ai jamais assez de ta queue, je trouve naturel de lui répondre.

    Son regard est à la fois fier et amusé, son corps et sa musculature semblent encore bien chauffés par le match. Je sens que si je le chauffe encore un peu, ça va être le feu d’artifice.

    Le bogoss finit sa cigarette, il jette son mégot à terre avec un geste désinvolte et l’écrase avec sa chaussure de sport. Puis, il pointe son regard vers moi, c’est un regard intense, désormais embrasé par un sourire lubrique.

    Il avance vers moi, il me contourne. Un instant plus tard, j’entends le bruit sonore de la serrure de la porte métallique qui se verrouille. Douce musique pour mes oreilles. Je suis heureux de comprendre ainsi que ce n’est pas que pour m’engueuler qu’il m’a fait venir, que le sujet Thibault n’est pas à l’ordre du jour, et qu’une bonne baise semble s’annoncer.

    Un instant plus tard, je le sens se placer derrière moi. Ses mains se posent fermement sur mes hanches pour m’attirer contre lui avec un geste volontairement brusque, presque brutal. Mon bassin recule, se colle au sien, me laissant saisir son érection. Sa bosse raide se plaque contre mon jeans, je frissonne, je chavire.

    — C’est de ça que t’as envie, hein ? il me siffle, les lèvres tellement proches que je sens sa petite barbe sexy frotter sur mon oreille et son souffle chatouiller mon tympan.

    Mon corps tout entier est parcouru de frissons. J’adore cette sensation de me sentir complétement en son pouvoir, la sensation qu’il pourrait faire de moi ce qu’il veut, et que je ne pourrais rien lui refuser.

    — C’est tout ce dont j’ai envie, toujours envie, je lui confirme, presque en état de transe.

    — T’as encore envie d’en prendre plein le cul ou quoi ? il me glisse, chaud comme la b(r)aise.

    — Oui, oui, je concède, ravi.

    — Dis-le alors ! il ordonne en levant le ton de la voix.

    — J’en ai envie, j’admets, fou de désir.

    — T’es venu au match juste pour voir des mecs de près ! il me lance sur un ton virulent, son souffle chaud dans mon oreille, la prise sur mes hanches se resserrant un peu plus, le contact avec sa bosse puissante se faisant plus vif.

    — Je suis venu parce que je voulais te voir, toi, Jérém !

    Ce qui est vrai. C’est pour Jérém que je suis venu au match, le corollaire de bogoss gravitant autour de ce match n’étant qu’accessoire à mon envie de le voir, lui, en action.

    — T’as encore parlé à Thibault !

    Ah, merde, je me disais bien que j’avais crié victoire un peu tôt.

    — Je l’ai juste félicité pour le match, on s’est croisés par hasard.

    — Tu le kiffes, lui aussi, il me balance direct.

    — Arrête, Jérém, je tente de me défendre.

    Mais, les bières aidant, le bogoss revient à la charge.

    — Il est bien foutu, hein, il est bogoss… avoue, tu te ferais bien défoncer par lui aussi !

    — Tu dis n’importe quoi, Jérém, c’est de toi que j’ai envie, je tente de calmer le jeu. Je ne vois pas où il veut en venir, mais je devine que ça peut vite déraper.

    — A d’autres… tu te ferais baiser par n’importe qui !

    • Tu es injuste !
    • Comme l’autre connard au KL, l’autre fois, il me sort de but en blanc.

    Ouf, heureux qu’on s’éloigne du sujet Thibault. Cependant, on est en train de partir sur un autre sujet épineux. Jérém semble commencer à partir dans les tours, il faut vite calmer le jeu.

    — Lui c’était juste un plan B parce que je croyais que tu partirais encore avec une pouffe. Si j’avais su que tu rentrerais avec moi, jamais ne je me serais laissé draguer par ce mec ! C’est toi, Jérém, qui me rends dingue. Dès que je te vois, j’ai envie de toi, tellement envie que j’en ai mal au ventre. C’est même pire que ça, il me suffit de penser à toi que j’ai envie de te faire jouir.

    — Parce que je suis un bon coup et que je te baise comme personne, dis-le ! il m’intime.

    • Et moi alors, je ne te baise pas « comme personne d’autre » ?

    Je me dégage alors de sa prise, je me retourne, et, en le regardant tout droit dans les yeux, j’ajoute :

    — Je vais le dire si toi aussi tu admets que moi aussi je te fais jouir comme t’as jamais joui !

    — Mais qu’est-ce que t’en sais ? il me lance, en scandant bien les mots, le ton et le regard moqueurs et un tantinet méprisants.

    Il avance à nouveau vers moi, il me contourne. Cette fois-ci, je suis son mouvement en pivotant sur moi-même. Et là, je le vois disparaître dans le vestiaire.

    Dans cette pièce, c’est une vibrante sensation de tranche de vie très récente qui me percute de plein fouet. Les placards des joueurs, disposés en « U » sur trois murs, ont été pour la plupart abandonnés avec la porte négligemment ouverte. Le sol, humide, est jonché de petits papiers, de serviettes. Une chaussette verte traîne sous un banc, un maillot blanc et vert a même été laissé dans la précipitation. L’odeur de douche de bogoss est omniprésente. Comme une force, une énergie invisible mais parfaitement perceptible, cette pièce résonne encore de la présence de jeunes gens heureux.

    Dans un coin de la pièce, deux bancs sans dossier trônent alignés à environ trois mètres l’un de l’autre.

    Mon beau brun est là, installé à califourchon sur l’un d’entre eux, en train de boire à une gourde.

    Je m’assois à mon tour à califourchon sur l’autre banc, face à lui. Et j’enchaîne :

    — Si je n’étais qu’un coup comme tant d’autres, tu ne m’aurais pas baisé autant, et tu n’en redemanderais pas.

    — Je te l’ai déjà dit, t’as une bonne bouche et un bon cul toujours dispo, c’est tout ce qui compte, il lâche sur un ton railleur assorti d’un petit sourire méprisant.

    Ce petit con ne lâche rien. Alors, je tente un coup de poker.

    — Il y en a d’autres des culs et des bouches, mais je pense que les miens te font ce que les autres ne te font pas.

    Je suis étonné de l’aisance avec laquelle j’arrive à lui balancer mes quatre vérités en le regardant droit dans les yeux. Ça doit être l’effet de la bière. Mais putain, qu’est-ce qu’il est sexy avec son maillot !

    Jérém me toise en silence, j’en profite alors pour enfoncer le clou.

    — Tu as une queue de fou, mais moi je sais la rendre heureuse.

    — T’es culotté, mec ! il me lance.

    — Tu peux parler de culot ! T’y as été très fort, hier, et là tu me branches comme si de rien n’était.

    — Ça va, j’étais énervé, le match me prenait la tête, et ça m’a fait chier que Thib me fasse des réflexions.

    — Je ne suis pas ton punching ball !

    Pour toute réponse, Jérém me fixe, son sourire diabolique toujours aux lèvres. Puis, il se lève, il enjambe le banc sur lequel je suis assis, et il s’assoit juste en face de moi. Il se penche en avant, vers moi, en prenant appui sur ses mains posées à plat juste devant lui. Son visage s’arrête à vingt centimètres du mien.

    Instinctivement, en voyant ce corps musclé envahir brusquement mon espace vital, j’ai un mouvement de recul. Le bogoss sourit, fier de son effet.

    J’ai le cœur qui cogne à tout rompre, mais il est loin d’être au bout de sa peine. Le bogoss avance encore son fessier sur le banc, jusqu’à ce que ses genoux entrent en contact avec les miens. Ce simple contact avec sa peau tiède est divin.

    Assis face de moi, le torse enserré dans son maillot blanc et vert qui sent clairement la transpi, Jérém me sourit. C’est le sourire du prédateur qui mesure son pouvoir sur sa proie.

    Puis, ne trouvant peut-être pas suffisant l’effet de dingue que sa proximité exerce sur moi, le bogoss décide de faire monter encore un peu plus la pression. Il plie le buste vers l’avant, jusqu’à ce que nos fronts se touchent, ses mains fermement posées derrière ma tête pour m’empêcher de reculer, contact détonnant, évoquant d’autres situations ou ses mains retiennent ma tête pour son plaisir de mec.

    A cet instant, étincelles sur ma peau, dans ma tête, décharges puissantes dans mon ventre, sentir son front chaud sur mon front, sentir une intense chaleur chargée de bonnes odeurs de mecs monter à mes narines, baisser les yeux et arriver à plonger le regard dans l’entrebâillement du col du maillot, me perdre dans la vision inattendue et spectaculaire de ses pecs.

    Je suis tellement dingue que j’en veux encore plus. Je suis comme ivre, et débridé, je saisis la naissance du col en V de son maillot, je l’écarte un peu plus et je plonge mon nez dedans. Le bogoss me laisse faire. J’inspire avidement, je m’enivre de cette chaude essence de mec dont j’ai été privé la veille, lorsque le bogoss a déboutonné d’un seul geste sa jolie petite chemise blanche de service.

    Le feu du désir me ravage, je trouve même l’audace de porter une main sur sa bosse cachée sous le short. A ce stade, je ne suis plus que désir brûlant.

    Presque au même temps, je sens ses mains relâcher la prise sur ma nuque. Son buste se redresse, ses genoux se déplient. Un instant plus tard, le bogoss est debout, toujours à califourchon du banc. Ses mains se coordonnent pour baisser le short et le boxer juste en dessous de ses bourses. Sa queue apparaît devant mes yeux. Son bassin avance, son gland se pose entre mes lèvres, sa queue glisse vite dans ma bouche.

    Ses coups de reins arrivent directs, puissants. Le mec se lâche, il a grave envie de prendre son pied, il est chaud comme une baraque à frites. Le bord du maillot tape sur mon visage de façon cadencée.

    Je reçois et j’accepte goulûment ses assauts de mec, je me réjouis de sa fougue. Ça fait du bien de le sentir aussi déchaîné, l’esprit galvanisé par sa victoire. A cet instant, il est 100% à son plaisir de mec. Tout comme, encore un peu plus d’une heure plus tôt, il était 100% à son jeu.

    Et puis ses coups de reins s’arrêtent. Jérém remonte boxer et short et se rassoit. Son bassin avance toujours, ses genoux poussent les miens, m’obligeant à reculer jusqu’au bord du banc.

    Le bogoss se débarrasse de son t-shirt avec un geste aussi rapide qu’intensément érotique. Je remarque que le bandage à l’épaule a disparu, laissant ainsi entrevoir un énorme bleu couvrant la totalité de l’arrondi au-dessus de son biceps.

    Jérém s’allonge sur le dos, sur toute la longueur du banc, les bras pliés et les mains croisées derrière sa tête, le bassin légèrement cambré, et putain que sa queue est remarquable dans cette position !

    Je la regarde, se soulevant régulièrement au gré des contractions musculaires du bogoss. Elle est magnifique. J’adore la regarder, retarder le moment de retourner la rendre heureuse.

    Ses bourses doucement abandonnées entre ses jambes légèrement écartées, me donnent envie de faire un petit détour. Ainsi, je pose mes lèvres dans le creux entre les couilles et la naissance de la queue. Je commence par y déposer des bisous tout doux, j’enchaîne en laissant ma langue tourner délicatement autour de ses couilles. Je m’y attarde un petit moment, avant de remonter vers la base de son manche tendu.

    Ma langue remonte désormais le long de son manche. Et lorsqu’elle arrive dans le creux du gland, elle est ravie par un intense bouquet de petites odeurs de mec, de mec sortant d’un bel effort physique. Elle s’agite, le titille par de petits mouvements répétés, elle redouble d’efforts pour lui faire plaisir.

    J’entreprends alors de lui offrir une pipe musclée, alternant les caresses les plus délicates, et celles plus chaudes. Le bogoss frissonne.

    Tu ne veux pas l’admettre que je t’offre un plaisir de dingue, mais tu sais quoi ? Ton beau corps te trahit. Tes spasmes, tes petits gémissements, les ondulations de tes abdos, ta respiration saccadée, voilà la réponse à ma question restée en suspens.

    Le bogoss relève la tête de temps à autre, me regarde faire un instant, le visage défait par les décharges de plaisir. C’est là que je me dis : oui, Nico, là tu as dans tes mains la clef de son plaisir.

    Aujourd’hui, il faut que je marque le coup, que je dépasse ses meilleures attentes. Alors, tout en continuant à le sucer activement, mes mains se faufilent le long de son torse, rejoignent ses pecs, puis s’attardent à aller titilles ses beaux boutons de mec.

    Le bogoss cambre les reins, bombe le torse. Visiblement, son plaisir est tellement intense qu’il ne sait plus comment se mettre.

    Je veux le rendre si fou de plaisir au point qu’il ne sache même plus où il habite. Et pour cela, j’ai une arme secrète.

    Je me fais violence pour obliger ma bouche à quitter sa queue, et ma main prend immédiatement sa place, enserrant son manche et en le branlant avec des mouvements amples.

    Mon buste remonte pour permettre à mes lèvres et à ma langue de partir à l’assaut de ses tétons. Ma joue appuyée juste au-dessus de son cœur, je capte ses battements rapides mélangée à sa respiration courte, agitée, excitée.

    Comment lui faire encore plus plaisir ? Je sais, c’est simple, en obligeant ma langue à abandonner la douce fermeté de ses tétons pour descendre à nouveau, descendre tout au long de son torse, passer ses abdos, son nombril (en m’y attardant tout juste le temps d’un passage de langue), passer son pubis, en résistant à la tentation ultime de s’arrêter pour humer les bonnes odeurs que cette petite pilosité sait cacher, passer à côté de sa queue, sans me laisser aller à l’appétit vorace qui me pousserait à la reprendre en bouche jusqu’à la faire jouir. Descendre encore un peu plus, passer ses bourses sans être hypnotisé par leur chaleur, leur douceur odorante. Descendre un peu plus encore, et terminer son voyage un peu plus loin dans l’entrejambe. Voilà comment lui faire plaisir.

    Petit jeu intense, dans lequel je perds toute notion du temps. Je ne pourrais pas dire pendant combien de temps je me suis fait plaisir tout en lui faisant plaisir de cette façon. Tout ce que je sais, c’est que ce truc est l’un de ceux qui le rendent le plus dingue. Alors, je pourrais continuer pendant des heures.

    Dans les faits, je ne peux continuer que jusqu’à ce que le bogoss décide qu’il est temps de passer à autre chose. Et le « temps », aujourd’hui c’est lorsque le bogoss relève son buste, provoquant le même geste chez moi. Lorsqu’il recule ensuite son fessier sur le banc, m’attrape par les hanches, fait glisser mon bassin sur la planche. Lorsqu’il relève mes jambes, m’obligeant à poser mon dos sur le banc.

    Les gestes du bobrun sont rapides, presque violents. Ce sont des gestes qui me font sentir complètement en son pouvoir, comme si je lui appartenais, comme si je n’avais pas le choix. Mes jambes en l’air, il entreprend de me déshabiller. En quelques secondes, mes chaussures mon short, mon boxer ont volé. Il ne me reste qu’à seconder ses intentions en me chargeant de mon t-shirt.

    Je le vois se lever et se débarrasser à son tour de ses baskets, de son short et de son boxer, le sexe tendu pointant le zénith, l’air triomphant. Le mec me domine de tout son mètre 80, et de toute sa puissance masculine.

    C’est là qui se produit l’impensable. Au lieu de venir en moi, le visage de Jérém se faufile entre mes cuisses. Je sens une sensation de chaleur juste en dessous de mes couilles.

    Je commence à perdre pied lorsque je réalise qu’il s’agit de son souffle, je perds le contact avec la réalité lorsque je sens ses mains écarter à nouveau mes fesses pendant que le souffle chaud se déplace le long de ma raie jusqu’à se stabiliser à l’aplomb de mon trou, mais je change carrément de dimension lorsque je réalise que sa langue, celle qui refuse de rentrer en contact avec la mienne, est en train de caresser timidement les bords de ma propre rondelle. Ah, putain, celle-là, vraiment, je ne l’avais pas vu venir !

    D’abord hésitant, puis, très rapidement, de plus en plus entreprenant, le bogoss est en train de me rendre la pareille de ce que je viens de lui faire. Je ne sais pas s’il prend autant de plaisir que moi en le lui faisant, ou en le laissant me le faire. Ce qui est certain en revanche, c’est que je comprends mieux désormais pourquoi il aime tant cette petite diversion.

    Sa langue puissante et souple me titille, me secoue, me chauffe, et c’est rudement bon. Tellement bon que ça en devient rageant lorsque ça s’arrête. Non, pas déjà !

    Bah, si, lorsque mon bobrun a décidé que ça s’arrête, eh ben, ça s’arrête. Je le vois relever la tête, je sens ses main chaudes et directives sur mon corps, je me laisse faire. Je tente de deviner ses intentions, et je comprends très vite qu’il veut me mettre à plat ventre sur le banc.

    Et alors que je m’attends à qu’il vienne en moi, je réalise que ce n’est pas son gland qui se presse entre mes fesses, mais à nouveau sa langue déchaînée, gourmande, insatiable.

    Puis elle décolle. Elle délaisse ma rondelle pour remonter tout lentement le long de ma colonne vertébrale jusqu’à mon cou. C’est un mélange de plaisir et de petits picotements, de frissons et de petites chatouilles qui parcourt mon dos et qui s’irradie dans tout mon corps.

    Je ferme les yeux pour mieux ressentir la caresse de cette langue, me demandant jusqu’où elle va aller.

    Je capte le passage lent et humide entre mes omoplates. Mes sensations en sont alors démultipliées, je perds le contrôle. Je savoure à fond cet instant, tout en profitant également de la chaleur de ses mains qui prennent appui et se déplacent sur mon dos, sur mes flancs, sur mes épaules.

    Et lorsque sa langue commence à remonter mon cou jusqu’à effleurer la région de la base de ma nuque, là j’ai l’impression que toute ma peau est en train de s’embraser.

    C’est à ce moment-là qu’une nouvelle puissante sensation vient à moi, alors que mon corps est tout concentré sur le plaisir sensuel de ce contact à la base de ma nuque. C’est à ce moment que mon bobrun vient, s’insinue lentement, glisse tout doucement en moi.

    Je sens ses mains puissantes prendre fermement appui sur mes épaules. Ses va-et-vient sont à la fois lents et puissants, je suis partagé entre avoir envie que ça se déchaîne et que ça devienne plus brutal, et le bonheur de ce slow sexuel qui me permet d’apprécier des sensations et des nuances de sodomie encore jamais expérimentées. Quel petit con, ce Jérém, mais que petit con sacrement doué pour la baise !

    Ses mains prennent appui tour à tour sur mes hanches ou sur mes épaules, et je me sens vraiment dominé pas sa puissance, comme en état d’hypnose.

    Et lorsqu’il commence à se déchaîner, lorsque ses cuisses tapent contre mes fesses en provoquant des claquements à la fois sourds et sonores, je perds le contrôle. Je n’arrive plus à me contenir, à me contrôler. Le plaisir, l’excitation, le profond bonheur de me sentir à lui, le mélange de sensation que ce petit con sait m’offrir est si puissant que, dans le feu de l’action, des gémissements s’échappent de ma bouche.

    Ça ne dure qu’un instant, car l’une de ses mains finit par quitter mon épaule et se poser sur ma bouche pour me faire taire. Un geste qui n’a pas vraiment le pouvoir de me calmer, bien au contraire. Mais du moins de me faire comprendre que le bogoss me commande de la mettre en sourdine.

    Le bobrun ralentit ses coups, je sens son torse se glisser sur mon dos, je sens le poids de son corps écrasant le mien. Son souffle chaud et haletant caresse ma nuque.

    — Je te baise bien, hein ? je l’entends chuchoter tout près de mon oreille.

    • Et moi alors, je te baise bien ? je le cherche.
    • Toi t’es une petite salope qui me vide les couilles.
    • Et tu ne t’en pleins pas… je le chauffe.

    Sa fougue est impressionnante. Est-ce l’effet dopant, la drogue puissante de la victoire, qui le met dans cet état d’éphorie sexuelle ? Ou bien mes mots, mon attitude déchainées ?

    En tout cas, ce n’est que du bonheur pour moi ?

    — Tu prends ton pied, mec ? j’ai envie de lui demander.

    — T’inquiète pour mon pied.

    — Je te fais jouir comme personne d’autre…

    — Je t’ai dit de pas t’inquiéter pour mon pied, je suis un mec, dès que ma queue est bien enserrée et au chaud, je prends mon pied.

    Petit con, va, tu vas voir, on va voir si mon cul est si ordinaire. Et là, profitant du fait que le bogoss a un peu relevé son torse et qu’il ne me retient plus que par les hanches, je me dégage de lui. J’ai envie de prendre les choses en main.

    Je me retourne et je le regarde, désormais assis à cheval sur le banc, le torse incliné vers l’arrière, les bras eux aussi tendus vers l’arrière, les mains prenant appui d’une part et d’autre de la planche, toutes tablettes dehors, tout le corps brillant d’une fine couche de transpiration, la respiration rapide, la queue raide, le visage et le haut du torse rougis par l’effort, le regard chaud, et noir. Il ne s’attendait pas à ça, le petit con. Mais putain, qu’est-ce qu’il pue le sexe ce mec !

    — Ramène ton cul, dépêche-toi !

    Je trouve sa sommation à la fois d’un érotisme puissant et étrangement amusante.

    Un petit macho pareil, ça ne s’invente pas. Un petit macho capable de verser des larmes sur un terrain de rugby après une victoire une heure plus tôt, et de me baiser avec cette puissance et cette arrogance une heure plus tard, moi je dis, chapeau. Je crois que je tiens là un spécimen vraiment unique.

    J’en meurs d’envie de ramener mon cul, bien évidemment, mais pas tout de suite. Je soutiens son regard, de plus en plus noir, de plus en plus sauvagement viril, je laisse passer quelques secondes.

    Puis, j’approche lentement de lui, en face de lui. Je le vois alors allonger les bras, porter ses mains vers mon bassin, sans doute dans l’intention de me prendre comme ça, par devant et de jouir très vite au fond de moi. Perspective, j’admets, plus que tentante, car j’adore lorsqu’il est si entreprenant, lorsque l’approche du plaisir précipite ses gestes et fait ressortir ses instincts de mâle en rut.

    Pourtant j’ai autre chose en tête et j’ai décidé que ce coup-ci c’est moi qui fixe les règles.

    Mes bras s’animent, interceptent les siens et bloquent leur avancée. Je le fixe tout droit dans les yeux et je vois un mélange de surprise, d’agacement et de frustration balayer son regard brun.

    — A quoi tu joues, je l’entends aboyer dans la foulée, tout en commençant à gonfler les muscles de ses épaules et de ses biceps pour se dégager.

    Je lâche son bras droit, et j’utilise ma main gauche pour saisir sa queue et commencer à le branler pour le calmer. Ce simple contact a le pouvoir de faire cesser illico chez mon bobrun toute tentative de se dégager. Ses bras se baissent aussitôt, ramenant ses mains prendre appui sur les bords de la planche.

    Je le vois fermer les yeux, mordiller sa lèvre inférieure, c’est un spectacle divin.

    Le fauve calmé, je me sens l’audace de poser mon autre main sur ses pecs. Ah, putain, qu’est-ce que c’est bon le contact avec le torse d’un bogoss avec quelques poils, même si ça commence juste à repousser et que ça pique plus que ça ne caresse. Et là, il me suffit d’une très légère pression pour que le torse du bogoss accepte de suive le mouvement.

    Un instant plus tard, son dos et sa tête sont posés sur l’assise, alors que ses jambes sont toujours posées de part et d’autre du banc, les pieds bien par terre. C’est la même position que tout à l’heure, pendant la pipe.

    Je me lève, j’avance lentement jusqu’à ce que mes jambes dépassent les siennes, tout en s’y frottant au passage de façon plutôt appuyée. Le bogoss me regarde faire, le regard interrogatif.

    Mon fessier est désormais à l’aplomb de son bassin, de sa queue. Le bogoss ouvre un peu la bouche, il expire bruyamment l’air de ses poumons, ses paupières tombent lentement mais lourdement. Je crois bien que mes intentions sont démasquées, et qu’elles sont bien accueillies.

    Me voilà assis à califourchon sur mon bel étalon, mes reins ondulant pour lui offrir un plaisir intense, mes mains s’activant sur ses pecs rebondis, sur ses tétons durs et doux à la fois. Le bogoss a l’air d’apprécier, d’autant plus que c’est moi désormais qui assume tout l’effort de son plaisir. Le mec n’a rien à faire, juste savourer son plaisir de mec sans le moindre effort.

    Dans le langage commun, son rôle à lui, c’est celui d’un mec actif. L’actif, c’est celui qui pénètre. L’actif est le dominant, celui qui contrôle le plaisir. Mais ici et maintenant, qui s’active vraiment dans l’histoire ? Qui contrôle le plaisir, alors que c’est moi qui module l’amplitude et la cadence des va-et-vient, de la valse vers le plaisir ?

    En attendant, le bogoss a l’air de sacrement aimer ça, un mélange de frustration de ne pas contrôler la montée de son plaisir, et d’envie de s’abandonner à ce plaisir inattendu. Le plaisir de lâcher prise, le plaisir de se laisser surprendre, de se laisser un peu dominer.

    Je le regarde dans les yeux, et je réalise que le bobrun est en train de bouillir. Je le vois lever les bras, porter ses mains sur mes fesses, amorcer le mouvement pour relever et faire reculer mon bassin, envisager en somme une position lui permettant de reprendre le contrôle du timing d’une jouissance que son corps commence à réclamer de toutes ses fibres.

    • Laisse-moi faire, je lâche tout doucement, sur le même ton avec lequel on tenterait de calmer un caprice de gosse.

    — Dépêche-toi de me faire jouir ! il me somme.

    Bingo. C’est moi qui le fais jouir. Pure musique pour mes oreilles.

    — Vas-y, dis-le que tu en as envie, je le chauffe, tout comme il l’avait fait un peu plus tôt.

    — Dépêche-toi ! il aboie, tout en remontant le torse de façon menaçante, dans sa voix ce ton énervé qui le rend encore plus sexy,

    — Je vais te faire jouir, t’inquiète, je le rassure, tout en portant à nouveau ma main entre ses pecs, l’obligeant ainsi à s’allonger une nouvelle fois sur le banc.

    Mes mains complétement débridées le caressent partout, s’attardent sur ses tétons, se promènent sur ses pecs, se font plaisir en effleurant ses joues, son menton, son cou.

    Le bobrun respire très fort, il ferme les yeux sous la montée du plaisir, ce plaisir qui monte grâce à moi, un plaisir qui monte également en moi. Un plaisir qui a guidé ma main gauche, presque à mon insu, à se poser sur ma queue pour la branler vivement.

    C’est tellement beau de le voir grimacer de plus violemment, de voir et d’entendre sa respiration se transformer en ahanement, de le voir perdre le contrôle de son corps et de son esprit et l’entendre enfin me lancer, le souffle coupé, la voix étranglée par le râle puissant qui veut s’échapper de ses poumons :

    — Tu vas m’avoir…

    Et lorsque l’orgasme l’envahit, je vois tout son corps parcouru par un spasme géant. Prenant appuis sur ses fesses et ses épaules, son dos se cambre, les pecs se bombent de façon impressionnante, les abdos se bandent. La tête part en arrière, mettant bien en évidence le grain de beauté dans son cou à la Josh Harnett, laissant ressortir sa pomme d’Adam de façon saillante, animée elle aussi par des mouvements rapides, nerveux, incontrôlés. Son visage se tourne sur le côté, alors que sa main se porte sur son front comme pour se protéger de la déferlante d’un plaisir d’une violence insoutenable.

    Et je jouis à mon tour, je jouis sur son torse dessiné. Le bogoss jouit et son plaisir déclenche le mien. Mais très vite, j’angoisse. J’appréhende sa réaction.

    Mais là encore, mon bobrun va me surprendre.

    — Putain, c’est chaud, je l’entends lâcher sur un ton surpris mais presque amusé.

    Moi je dis, il faudrait que tous les jours il ait à jouer et gagner un match de rugby, ça le rend tellement plus cool !

    Cinquième mi-temps.

    Jérém sous la douche. Quatre simples mots, ressemblant à mes yeux, toute la beauté du monde.

    Jérém sous la douche, voilà une image chargée d’un érotisme insoutenable.

    L’eau atterrit sur ses cheveux bruns en bataille, ruisselle le long de sa joue, caresse la commissure de ses lèvres, suit la courbe de son menton et la ligne de son cou, parcourt son torse de haut en bas. Avec ses reflets changeants et diaboliques, elle souligne le relief de chacun de ses muscles, des pectoraux aux abdominaux. Une partie de cette eau s’infiltre au travers de ses poils pubiens, pour glisser in fine le long de sa queue, avant de quitter ce corps d’apollon par le prépuce.

    Et le temps semble s’arrêter pour rendre hommage a tant de beauté.

    Le bogoss a fait mine de rien, mais je sais que, du coin de l’œil, il a du plaisir à me regarder plante là, comme abasourdi, devant sa nudité mouillée. J’ai l’impression qu’il fait exprès de faire durer le plaisir, que ses mains étalent très longuement le gel douche, qu’il aime savourer la vision de ma dépendance de lui, et du sentiment de toute puissance que cela lui renvoie, l’image de la puissance inouïe de son charme, l’effet ravageur, le pouvoir immense qu’il a sur moi.

    Et devant ce pouvoir, je capitule. Je m’approche lentement, je le rejoins sous le jet d’eau chaude, je lui lance un regard de pure soumission et je me mets à genoux, comme en adoration devant le sexe de mon amant. Je le prends en bouche, et j’entreprends de le sucer. Je lui fais plaisir pendant un petit moment, jusqu’à ce que la sonnerie de son portable ne retentisse dans la salle. Le bogoss ferme l’eau aussitôt, et se retire de ma bouche dans la foulée.

    Le bogoss est attendu, et son retard doit commencer à paraitre suspect.

    Pendant que je me douche à mon tour, je le regarde se préparer à la va vite, pressé par la sonnerie de son portable qui ne cesse de sonner. C’est magique de voir un bomec se dessaper, se délester des vêtements qui cachent son corps, que ce soit pour passer à la douche, ou, encore mieux, lorsqu’il fait ça dans l’urgence, mu par un désir irrépressible, pour libérer son corps et le préparer à l’amour.

    Et c’est tout autant magique de voir un bogoss prendre sa douche, notamment lorsqu’elle vient après l’amour.

    Et il est une derrière vision de pur bonheur, c’est de mater un bogoss en train de se rhabiller, après l’amour, ou après une douche, ou encore après une douche qui suit l’amour.

    Le bogoss vient d’abandonner la serviette humide sur un banc, il fouille dans son sac de sport et en tirer un deo dont il asperge copieusement ses aisselles et son torse. La pièce se remplit instantanément de sa présence olfactive. Ses mains reviennent dans le sac pour en tirer un boxer noir. Je le regarde en train de le passer, de le faire glisser le long de ses cuisses, l’installer autour de son bassin, comme une deuxième peau.

    Un instant plus tard, le bobrun attrape son jeans dans son casier, je le regarde fixer l’un après l’autre les boutons de sa braguette, accrocher sa ceinture. Jeans bien coupé, élastique du boxer qui dépasse, torse nu. La perfection, au masculin. Si on avait le temps, je voudrais le faire jouir à nouveau.

    Et ce qui est le plus affolant, c’est l’aisance avec laquelle il porte cette tenue, avec un tel naturel. Être torse nu est pour lui aussi naturel que porter un t-shirt en été ou bien un pull en hiver.

    Un instant plus tard, il approche d’une petite fenêtre, il l’ouvre et s’allume une clope.

    Les mouvements alternés de son bras pour apporter et enlever la cigarette de ses lèvres, sa façon de la tenir au bord du filtre, entre le pouce et l’index, son expression de plaisir en aspirant, son air blasé en expirant, ça rajoute du bandant au sexy.

    Je coupe le jet d’eau et je m’avance vers les casiers pour attraper la seule serviette dont j’ai envie de me saisir pour me sécher, celle qui est déjà bien humide, mais qui possède à mes yeux l’inestimable atout d’avoir caressé le corps de mon Jérém.

    Lorsqu’il revient vers son casier, son déo pénètre dans mes narines et vrille mes neurones avec une force décuplée. La chaleur et la douceur de sa peau, évoquées en moi par cette vision rapprochée, embrasent un désir jamais éteint, un désir dont la puissance semble s’autoalimenter, comme une combustion solaire.

    Le bogoss se penche à nouveau sur son sac de sport, il en ouvre une poche latérale et il en extrait un bout de coton blanc. Il le déplie, et l’image d’un t-shirt blanc un peu froissé se dévoile sous mes yeux. Il le retourne entre ses mains, jusqu’à tenir le bord inférieur, il le secoue pour tenter de le défroisser.

    Pendant qu’il vérifie le sens devant-derrière, les manchettes pendouillent vers le bas. Je salive en pensant à l’effet que ce simple tissu va avoir sur son torse.

    Le geste qui suit est, là encore, très rapide, automatique, inconscient, mais tellement sensuel. Le buste à la verticale, les bras se lèvent à tour de rôle pour se glisser dans les manchettes. La tête passe à son tour. Le coton se tend, se déforme dangereusement, les épaules entament un mouvement rotatoire dans le but de faire prendre au coton sa position définitive. Hélas, souci de riches, la peau encore un peu humide et le coton est tellement ajusté, que le t-shirt reste a du mal à glisser le long de son torse.

    Il lui faut croiser les bras, attraper le bord du t-shirt et le tirer vers le bas pour que son torse musclé disparaisse sous le coton fin. A vrai dire, il ne disparait pas vraiment, il est juste mis en valeur, suggéré, fantasmé par ce t-shirt divin.

    Et je n’ai même pas encore parlé de cette échancrure de folie, fenêtre ouverte sur un vaste triangle de peau mate, chaude, encore humide, sentant bon le déo fraîchement aspergé, laissant entrevoir ces quelques poils qui repoussent, qui dépassent, ainsi que sa chaînette de mec.

    Une fois l’opération terminée, ce petit t-shirt blanc est l’image d’une perfection visuelle à donner le tournis.

    Il n’y a pas à dire, un simple jeans, un simple t-shirt blanc, la tenue la plus puissante, la plus efficace, pour exprimer le Masculin. Naaan, mais comment est-ce qu’un mec aussi parfait, aussi sexy peut exister ?

    Voilà pourquoi, quand je regarde ce mec, j’ai envie, dans l’ordre, de pleurer, de crier et de me taper la tête contre le mur, et de le faire jouir de toute urgence. Voilà pourquoi j’ai envie de lui à en avoir mal au ventre. Encore, oui, même après cette baise intense sur le banc du vestiaire.

    Alors, je ne peux décoller mes yeux de lui. Je suis aimanté par sa beauté, par sa virilité, par sa sexytude radioactive.

    — Tu veux quoi ? il me lance, le ton agacé, en captant mon regard qui doit trahir toute mon envie brûlante.

    — J’aimerais…

    —Tu aimerais quoi ?

    —Non, rien, laisse tomber…

    —Tu aimerais quoi ? il insiste, en montant la voix.

    —J’aimerais juste terminer ce que j’ai commencé sous la douche, je me lâche.

    —J’ai pas le temps !

    Et pourtant, une étincelle lubrique dans son regard jure sévèrement avec le sens de ses mots.

    —Mais tu as envie ! je le cherche.

    Le temps de lâcher ces quelques mots, ses mains se sont activées pour descendre son jeans et son boxer sur ses cuisses, en dévoilant une queue déjà frétillante, mais demandant encore quelques attentions pour retrouver toute sa vigueur.

    Un instant plus tard, je suis à genoux devant lui. J’ai adoré le sucer en goûtant aux petites odeurs dégagées après l’effort dans le match, j’apprécie tout autant le goût frais et doux de sa peau tout juste douchée et parfumée. Mes narines sont enivrées par l’odeur de propre et de frais qui se dégage du bord inférieur de ce t-shirt blanc ondulant pile devant mon regard pendant que je lui offre le meilleur plaisir dont je suis capable.

    Je m’affaire vite, je m’affaire avec entrain, avec folie. Je m’affaire si bien qu’il ne faut pas longtemps pour l’approcher de l’orgasme.

    Mais quelque chose vient perturber cette montée en flèche. Soudain, une sonnerie aigüe s’échappe de sa poche.

    — Allo, il lâche en décrochant.

    Il me semble de déceler une voix masculine à l’autre bout des ondes. Chose qui se confirme lorsque j’entends mon bobrun lâcher :

    — Oui, Thib, j’arrive, j’arrive…

    Lorsque j’ai entendu la sonnerie du téléphone, j’ai cessé de le sucer. Et là, alors qu’il est en train de parler avec son meilleur pote, il pose sa main libre sur ma nuque, l’approchant de sa queue.

    Le message est clair, il veut que je continue. Alors, je continue.

    —Oui, je suis à la bourre… j’ai eu un problème de démarrage avec la voiture… non… pas besoin de venir, j’ai trouvé tout seul, elle a fini par démar…

    Le dernier mot de son mensonge est coupé net. Et alors que son plaisir de mec explose entre ses jambes et dans son bas ventre et que ses giclées chaudes percutent mon palais, je lève les yeux et je vois le bogoss écraser le portable contre ses pecs, je vois sa belle petite gueule se crisper, je sens trembler dans la tentative désespérée de contenir le rugissement de son orgasme.

    —Jé, tu es toujours là ? j’entends Thibault demander à l’autre bout des ondes.

    Oui, il est toujours là. Mais il ne peut te parler dans l’immédiat car il est en train de jouir.

    Et pendant que j’avale jusqu’à la dernière goutte de ce nectar de mec, le bobrun enchaîne les mensonges.

    — Je démarre là, j’arrive !

    Sa réplique suivante sera aussi mensongère qu’amusante.

    — Mais non, je ne suis pas essoufflé, j’ai juste fait quelques pompes !

    Après avoir raccroché, le bogoss rangé son téléphone dans sa poche, remonté son jeans et son boxer. Il attrape son sac de sport, glisse une cigarette entre ses lèvres et s’engage vers la sortie.

    — Dépêche-toi, je l’entends pester.

    Et voilà, me revoilà une fois de plus au creux de ses montagnes russes sur lesquelles avance ma relation avec Jérém. Me voilà une fois de plus secoué par le contraste entre sa chaleur brûlante pendant le sexe et la froideur des adieux après le sexe.

    Je m’approche de lui, et son deo s’en prend une fois de plus très violemment à mes neurones. Je sais que dans quelques secondes on partira chacun de notre côté, je sais qu’il va me manquer à l’instant où il va disparaître de mon champ visuel. De toute façon, il me manque déjà.

    Je voudrais tant partager cette victoire avec lui, partager la fête, son succès, sa joie, son bonheur, la camaraderie avec ses coéquipiers. Hélas, je ne fais pas partie de son monde.

    Je tente de me consoler en me disant que j’ai déjà eu ma quatrième mi-temps, et que pendant ce temps de « jeu », je l’ai eu rien que pour moi. Je pense à toutes ces nanas et tous ces mecs qui ne rêveraient que de ça, et je me dis que je n’ai pas le droit de me plaindre. Pouvoir accéder à sa virilité, c’est une chance inouïe.

    Et pourtant, ça me crève le cœur de le laisser partir comme ça, après tout le plaisir que nous nous sommes donnés. J’ai besoin d’un signe de sa part, un mot, un sourire, un peu de considération.

    — Attends Jérém…

    Le bobrun continue dans sa lancée, et il ne semble pas m’entendre et surtout pas m’écouter.

    C’est pourquoi, à deux pas à peine de la porte métallique qui donne sur l’extérieur, j’ose ce geste aussi désespéré que risqué, l’attraper fermement par le bras, l’obliger à s’arrêter, et l’attirer vers moi.

    —Mais qu’est-ce que tu fiches ? il assène, tout en se dégageant de ma prise d’un geste brusque et violent. Ses yeux fulminent.

    Sans réfléchir, porté par une envie qui remue mes tripes, je fonce. Je m’approche de lui, je passe mes bras sous les siens et le serre très fort contre moi, mon torse collé contre le sien, mon visage abandonné dans le creux de son épaule.

    Je ne sais pas comment j’ai pu obtenir ça de lui. Le mérite peut-être à ma détermination désespérée, au fait de le prendre par surprise. Ou, on peut toujours rêver, il y avait peut-être chez lui cette envie, enfouie quelque part, une envie que mon enthousiasme a forcé à remonter à la surface.

    Et qu’importe si, pendant que mes bras lui montrent tout mon amour que je lui porte, les siens restent ballants le long de son buste. Le bogoss ne me repousse pas non plus.

    Enivré par le contact avec son corps puissant, avec sa peau chaude et avec ses effluves de mec tout juste douché, je suis tellement bien que je ne voudrais jamais quitter cette étreinte. Tellement bien que je ne peux m’empêcher de déposer quelques bisous légers à la base de son cou. Tellement ému par l’absence de rejet de sa part que je deviens téméraire au point de rallonger mon chapelet de bisous dans l’échancrure du t-shirt, ce triangle de peau me rend dingue.

    Et un frisson secoue mon corps lorsque je ressens le contact hésitant, maladroit mais presque rassurant, de sa main se posant à plat juste au-dessus de mes reins. Un contact presque irréel, si bref que j’ai tout juste le temps de réaliser que ça s’est passé, alors que déjà ça ne se passe plus.

    Une seconde après, ses mains se portent sur les miennes, les décrochent de son dos. La poussée de ses biceps m’invite à mettre fin à cette étreinte.

    Un instant plus tard, le bogoss passe la porte en silence et je lui enjambe le pas. Dans la lumière chaude du soleil de cette fin d’après-midi d’été, son teint mat et la perfection immaculée et moulante de son t-shirt s’affrontent dans un duel étincelant. Définitivement, je voudrais être son t-shirt.

    — Jérém, on se voit quand, je ne peux m’empêcher de lui demander en le suivant sur le parking.

    — Je sais pas, fait-il, brusquement.

    — J’ai envie de te revoir, Jérém…

    Et là, le bogoss se retourne et me lance froidement :

    — Je ne sais pas si tu as réalisé, mais le lycée, c’est fini. J’ai un taf maintenant, et j’ai aussi des potes. J’ai envie de faire la fête avec eux, prendre des cuites, sauter des nanas, la vie, quoi. Et il faut aussi que je m’occupe de trouver un taf pour la rentrée.

    — Tu vas partir ?

    — Oui je pense, il me lance sur un ton franc, sans se douter l’effet que ses mots ont sur moi, comme un coup de massue pour mes oreilles.

    — Et l’équipe ?

    — Ils se débrouilleront, fait-il en ouvrant la porte de la 205 rouge.

    —Tu vas me manquer… je me mets à nu devant lui.

    — Tu te feras sauter par un autre, voilà sa cruelle réponse de petit con.

    Sur ce, il claque la porte et il enclenche la marche arrière. Sans un regard dans ma direction, il quitte le parking et se casse, direction le centre-ville.

    Je parcours le chemin vers la maison, le cœur lesté de plomb. Je suis tellement secoué par ses mots que j’ai envie de pleurer.

    Merci à Rodrigue, à qui je dois l’idée ce cet épisode autour de la finale.

    JN01092 Match et après match (partie 2)

    Des mi-temps non réglementaires.

    Je stoppe net mes pas. Soudain, j’ai la tête qui tourne, les mains moites, les jambes en coton.

    J’ai une envie brûlante de le rejoindre, tout en me sentant retenu, tétanisé par une peur panique de me retrouver face à un mec qui veut juste se vider les couilles pour mieux me jeter après, tout comme il l’a si bien affirmé (et si bien fait) hier.

    Pire, je redoute la virulence et la froideur de ses mots, de ses attitudes. Je crains également qu’il puisse me faire de nouveaux reproches à cause de ma petite conversation avec Thibault un peu plus tôt.

    Bref, je n’ai pas envie de lui offrir un orgasme géant et de rentrer chez moi avec le cœur lesté de plomb.

    D’autre part, la tentation d’y aller est trop forte, et ce, pour plusieurs raisons.

    Déjà, je ne l’ai toujours pas félicité pour sa performance sportive. Oui, je vais commencer par ça, le mettre de bon poil, avant de le mettre à poil.

    J’ai toujours en tête l’équation apprise par cœur le weekend dernier :

    (Le faire jouir + Lui parler rugby) = un Jérém qui s’ouvre un peu

    Et même si j’ai prévu de commencer par « Lui parler rugby », j’ai appris au fil des cours de maths que, dans une addition, le changement d’ordre des termes ne modifie pas le résultat.

    Bien sûr, je n’ignore pas le fait que pour obtenir l’identité remarquable « un Jérém qui s’ouvre un peu », ce ne sont pas deux, mais un nombre important de variables qui rentrent en jeu, dans une équation à rallonge, avec des paramètres à valeur imprévisible. Une équation à géométrie mouvante, dans laquelle la logique n’est pas forcément sollicitée pour obtenir le résultat final, ce qui rend le système « Jérém » fortement chaotique.

    Répondre présent à son invitation, c’est aussi l’occasion de pénétrer dans un vestiaire après match.

    Car, mieux encore qu’après un simple entrainement tel que je l’ai connu quelques semaines plus tôt, ce sanctuaire à mecs doit être en ce moment empli d’odeurs de jeune mâle, de douche, de virilité, de deo. Avec un peu de chance, Jérém ne sera pas encore passé sous la douche, il sera encore moite de sueur, sentant le mâle et l’effort, gonflé à bloc de testostérone après ses exploits et sa magnifique victoire.

    Ainsi, ma décision est très vite actée.

    « 5 min », envoyer sms,

    Tout comme lui dans sa proposition, j’adopte une prose proustienne pour ma réponse.

    Je fais demi-tour et je parcours les quelques centaines de mètres qui me séparent du terrain de rugby d’un pas plutôt soutenu.

    En arrivant aux abords du terrain, je remarque qu’il ne reste qu’une voiture sur le parking, sa 205 rouge. La buvette est fermée et plus personne ne rode autour de la pelouse. Bref, tout le monde est parti. Sauf mon bobrun, comme le confirme la porte d’entrée principale du vestiaire restée entrebâillée.

    Alors, après avoir pris une bonne inspiration pour me préparer à plonger dans cet univers imprégné de présence masculine, je passe la porte en métal.

    Dès l’entrée, je suis enveloppé par un mélange olfactif fait de vapeur de douche, de savon, de shampoing et de sueur, de jeunesse masculine. Dans ce bouquet olfactif, je me perds, je me noie.

    Je n’ai qu’à fermer les yeux pour imaginer toute l’équipe telle qu’elle devait être là tout juste une heure plus tôt, les uns assis sur les bancs en train de retirer les chaussures à crampons et les chaussettes, certains ayant déjà retiré la majorité de leur équipement, se retrouvant en slip, ou en boxer, d’autres en train de se chamailler comme des gosses, refaisant le film du match avec de grands gestes, faisant rouler leurs muscles et danser leurs paquets prisonniers d’un fin tissu. D’autres seraient déjà nus, en train de se diriger vers la douche ou bien en train d’en sortir, le corps dégoulinant d’eau, attrapant leur serviette, posant un pied sur le banc pour se sécher la jambe, offrant une vue imprenable sur leur fabuleuse nudité.

    J’avance dans le petit couloir. Et là, surgissant sans bruit d’une porte latérale, le bogoss se dresse devant moi, à tout juste un mètre de distance, la cigarette allumée entre les lèvres, toujours habillé de son maillot vert et blanc défraichi par le match, les chaussettes et les crampons toujours aux pieds, les cheveux encore en bataille. Il est indiciblement beau.

    Jérém me toise en silence avec son regard pénétrant qui m’emplit à la fois de désir et de malaise.

    — Tu as été grandiose aujourd’hui, Jérém, je trouve enfin le courage de lu parler, t’as marqué deux essais de fou… je voudrais être capable d’en faire la moitié du quart de ce que tu fais…

    — Le rugby est un sport de mecs, pas d’intellos, il se moque.

    — Bon, ok, j’avoue, je n’y connais rien au rugby.

    — Pourquoi tu es venu voir le match, alors ? fait-il, sur un ton faussement détaché.

    — Pour soutenir ton équipe, je réponds. Je ne sais pas ce qu’il veut me faire dire, mais j’adore ce petit jeu de questions réponses,

    — Tu parles, il me renvoie à la figure.

    — C’est la vérité !

    — Pourquoi tu es venu voir le match, il insiste, le regard malicieux.

    Ce petit jeu du chat et de la souris m’amuse beaucoup. D’autant plus que j’ai l’impression qu’il kifferait que je lui dise que j’espérais que cette rencontre dans le vestiaire puisse avoir lieu.

    — Parce que je voulais te faire plaisir, je glisse.

    — Ou plutôt parce que tu voulais te faire baiser, fait-il, cash. Poésie, quand tu me tiens !

    Petit con va, mais petit con rayonnant, détendu, et d’humeur joueuse. Il veut jouer, alors il faut en profiter, on va jouer.

    — Oui, j’avais envie de baiser avec toi, je concède, de façon totalement assumée.

    — T’en a pas eu assez de ma queue, hier, il enchaîne.

    — Je n’en ai jamais assez de ta queue, je trouve naturel de lui répondre.

    Son regard est à la fois fier et amusé, son corps et sa musculature semblent encore bien chauffés par le match. Je sens que si je le chauffe encore un peu, ça va être le feu d’artifice.

    Le bogoss finit sa cigarette, il jette son mégot à terre avec un geste désinvolte et l’écrase avec sa chaussure de sport. Puis, il pointe son regard vers moi, c’est un regard intense, désormais embrasé par un sourire lubrique.

    Il avance vers moi, il me contourne. Un instant plus tard, j’entends le bruit sonore de la serrure de la porte métallique qui se verrouille. Douce musique pour mes oreilles. Je suis heureux de comprendre ainsi que ce n’est pas que pour m’engueuler qu’il m’a fait venir, que le sujet Thibault n’est pas à l’ordre du jour, et qu’une bonne baise semble s’annoncer.

    Un instant plus tard, je le sens se placer derrière moi. Ses mains se posent fermement sur mes hanches pour m’attirer contre lui avec un geste volontairement brusque, presque brutal. Mon bassin recule, se colle au sien, me laissant saisir son érection. Sa bosse raide se plaque contre mon jeans, je frissonne, je chavire.

    — C’est de ça que t’as envie, hein ? il me siffle, les lèvres tellement proches que je sens sa petite barbe sexy frotter sur mon oreille et son souffle chatouiller mon tympan.

    Mon corps tout entier est parcouru de frissons. J’adore cette sensation de me sentir complétement en son pouvoir, la sensation qu’il pourrait faire de moi ce qu’il veut, et que je ne pourrais rien lui refuser.

    — C’est tout ce dont j’ai envie, toujours envie, je lui confirme, presque en état de transe.

    — T’as encore envie d’en prendre plein le cul ou quoi ? il me glisse, chaud comme la b(r)aise.

    — Oui, oui, je concède, ravi.

    — Dis-le alors ! il ordonne en levant le ton de la voix.

    — J’en ai envie, j’admets, fou de désir.

    — T’es venu au match juste pour voir des mecs de près ! il me lance sur un ton virulent, son souffle chaud dans mon oreille, la prise sur mes hanches se resserrant un peu plus, le contact avec sa bosse puissante se faisant plus vif.

    — Je suis venu parce que je voulais te voir, toi, Jérém !

    Ce qui est vrai. C’est pour Jérém que je suis venu au match, le corollaire de bogoss gravitant autour de ce match n’étant qu’accessoire à mon envie de le voir, lui, en action.

    — T’as encore parlé à Thibault !

    Ah, merde, je me disais bien que j’avais crié victoire un peu tôt.

    — Je l’ai juste félicité pour le match, on s’est croisés par hasard.

    — Tu le kiffes, lui aussi, il me balance direct.

    — Arrête, Jérém, je tente de me défendre.

    Mais, les bières aidant, le bogoss revient à la charge.

    — Il est bien foutu, hein, il est bogoss… avoue, tu te ferais bien défoncer par lui aussi !

    — Tu dis n’importe quoi, Jérém, c’est de toi que j’ai envie, je tente de calmer le jeu. Je ne vois pas où il veut en venir, mais je devine que ça peut vite déraper.

    — A d’autres… tu te ferais baiser par n’importe qui !

    • Tu es injuste !
    • Comme l’autre connard au KL, l’autre fois, il me sort de but en blanc.

    Ouf, heureux qu’on s’éloigne du sujet Thibault. Cependant, on est en train de partir sur un autre sujet épineux. Jérém semble commencer à partir dans les tours, il faut vite calmer le jeu.

    — Lui c’était juste un plan B parce que je croyais que tu partirais encore avec une pouffe. Si j’avais su que tu rentrerais avec moi, jamais ne je me serais laissé draguer par ce mec ! C’est toi, Jérém, qui me rends dingue. Dès que je te vois, j’ai envie de toi, tellement envie que j’en ai mal au ventre. C’est même pire que ça, il me suffit de penser à toi que j’ai envie de te faire jouir.

    — Parce que je suis un bon coup et que je te baise comme personne, dis-le ! il m’intime.

    • Et moi alors, je ne te baise pas « comme personne d’autre » ?

    Je me dégage alors de sa prise, je me retourne, et, en le regardant tout droit dans les yeux, j’ajoute :

    — Je vais le dire si toi aussi tu admets que moi aussi je te fais jouir comme t’as jamais joui !

    — Mais qu’est-ce que t’en sais ? il me lance, en scandant bien les mots, le ton et le regard moqueurs et un tantinet méprisants.

    Il avance à nouveau vers moi, il me contourne. Cette fois-ci, je suis son mouvement en pivotant sur moi-même. Et là, je le vois disparaître dans le vestiaire.

    Dans cette pièce, c’est une vibrante sensation de tranche de vie très récente qui me percute de plein fouet. Les placards des joueurs, disposés en « U » sur trois murs, ont été pour la plupart abandonnés avec la porte négligemment ouverte. Le sol, humide, est jonché de petits papiers, de serviettes. Une chaussette verte traîne sous un banc, un maillot blanc et vert a même été laissé dans la précipitation. L’odeur de douche de bogoss est omniprésente. Comme une force, une énergie invisible mais parfaitement perceptible, cette pièce résonne encore de la présence de jeunes gens heureux.

    Dans un coin de la pièce, deux bancs sans dossier trônent alignés à environ trois mètres l’un de l’autre.

    Mon beau brun est là, installé à califourchon sur l’un d’entre eux, en train de boire à une gourde.

    Je m’assois à mon tour à califourchon sur l’autre banc, face à lui. Et j’enchaîne :

    — Si je n’étais qu’un coup comme tant d’autres, tu ne m’aurais pas baisé autant, et tu n’en redemanderais pas.

    — Je te l’ai déjà dit, t’as une bonne bouche et un bon cul toujours dispo, c’est tout ce qui compte, il lâche sur un ton railleur assorti d’un petit sourire méprisant.

    Ce petit con ne lâche rien. Alors, je tente un coup de poker.

    — Il y en a d’autres des culs et des bouches, mais je pense que les miens te font ce que les autres ne te font pas.

    Je suis étonné de l’aisance avec laquelle j’arrive à lui balancer mes quatre vérités en le regardant droit dans les yeux. Ça doit être l’effet de la bière. Mais putain, qu’est-ce qu’il est sexy avec son maillot !

    Jérém me toise en silence, j’en profite alors pour enfoncer le clou.

    — Tu as une queue de fou, mais moi je sais la rendre heureuse.

    — T’es culotté, mec ! il me lance.

    — Tu peux parler de culot ! T’y as été très fort, hier, et là tu me branches comme si de rien n’était.

    — Ça va, j’étais énervé, le match me prenait la tête, et ça m’a fait chier que Thib me fasse des réflexions.

    — Je ne suis pas ton punching ball !

    Pour toute réponse, Jérém me fixe, son sourire diabolique toujours aux lèvres. Puis, il se lève, il enjambe le banc sur lequel je suis assis, et il s’assoit juste en face de moi. Il se penche en avant, vers moi, en prenant appui sur ses mains posées à plat juste devant lui. Son visage s’arrête à vingt centimètres du mien.

    Instinctivement, en voyant ce corps musclé envahir brusquement mon espace vital, j’ai un mouvement de recul. Le bogoss sourit, fier de son effet.

    J’ai le cœur qui cogne à tout rompre, mais il est loin d’être au bout de sa peine. Le bogoss avance encore son fessier sur le banc, jusqu’à ce que ses genoux entrent en contact avec les miens. Ce simple contact avec sa peau tiède est divin.

    Assis face de moi, le torse enserré dans son maillot blanc et vert qui sent clairement la transpi, Jérém me sourit. C’est le sourire du prédateur qui mesure son pouvoir sur sa proie.

    Puis, ne trouvant peut-être pas suffisant l’effet de dingue que sa proximité exerce sur moi, le bogoss décide de faire monter encore un peu plus la pression. Il plie le buste vers l’avant, jusqu’à ce que nos fronts se touchent, ses mains fermement posées derrière ma tête pour m’empêcher de reculer, contact détonnant, évoquant d’autres situations ou ses mains retiennent ma tête pour son plaisir de mec.

    A cet instant, étincelles sur ma peau, dans ma tête, décharges puissantes dans mon ventre, sentir son front chaud sur mon front, sentir une intense chaleur chargée de bonnes odeurs de mecs monter à mes narines, baisser les yeux et arriver à plonger le regard dans l’entrebâillement du col du maillot, me perdre dans la vision inattendue et spectaculaire de ses pecs.

    Je suis tellement dingue que j’en veux encore plus. Je suis comme ivre, et débridé, je saisis la naissance du col en V de son maillot, je l’écarte un peu plus et je plonge mon nez dedans. Le bogoss me laisse faire. J’inspire avidement, je m’enivre de cette chaude essence de mec dont j’ai été privé la veille, lorsque le bogoss a déboutonné d’un seul geste sa jolie petite chemise blanche de service.

    Le feu du désir me ravage, je trouve même l’audace de porter une main sur sa bosse cachée sous le short. A ce stade, je ne suis plus que désir brûlant.

    Presque au même temps, je sens ses mains relâcher la prise sur ma nuque. Son buste se redresse, ses genoux se déplient. Un instant plus tard, le bogoss est debout, toujours à califourchon du banc. Ses mains se coordonnent pour baisser le short et le boxer juste en dessous de ses bourses. Sa queue apparaît devant mes yeux. Son bassin avance, son gland se pose entre mes lèvres, sa queue glisse vite dans ma bouche.

    Ses coups de reins arrivent directs, puissants. Le mec se lâche, il a grave envie de prendre son pied, il est chaud comme une baraque à frites. Le bord du maillot tape sur mon visage de façon cadencée.

    Je reçois et j’accepte goulûment ses assauts de mec, je me réjouis de sa fougue. Ça fait du bien de le sentir aussi déchaîné, l’esprit galvanisé par sa victoire. A cet instant, il est 100% à son plaisir de mec. Tout comme, encore un peu plus d’une heure plus tôt, il était 100% à son jeu.

    Et puis ses coups de reins s’arrêtent. Jérém remonte boxer et short et se rassoit. Son bassin avance toujours, ses genoux poussent les miens, m’obligeant à reculer jusqu’au bord du banc.

    Le bogoss se débarrasse de son t-shirt avec un geste aussi rapide qu’intensément érotique. Je remarque que le bandage à l’épaule a disparu, laissant ainsi entrevoir un énorme bleu couvrant la totalité de l’arrondi au-dessus de son biceps.

    Jérém s’allonge sur le dos, sur toute la longueur du banc, les bras pliés et les mains croisées derrière sa tête, le bassin légèrement cambré, et putain que sa queue est remarquable dans cette position !

    Je la regarde, se soulevant régulièrement au gré des contractions musculaires du bogoss. Elle est magnifique. J’adore la regarder, retarder le moment de retourner la rendre heureuse.

    Ses bourses doucement abandonnées entre ses jambes légèrement écartées, me donnent envie de faire un petit détour. Ainsi, je pose mes lèvres dans le creux entre les couilles et la naissance de la queue. Je commence par y déposer des bisous tout doux, j’enchaîne en laissant ma langue tourner délicatement autour de ses couilles. Je m’y attarde un petit moment, avant de remonter vers la base de son manche tendu.

    Ma langue remonte désormais le long de son manche. Et lorsqu’elle arrive dans le creux du gland, elle est ravie par un intense bouquet de petites odeurs de mec, de mec sortant d’un bel effort physique. Elle s’agite, le titille par de petits mouvements répétés, elle redouble d’efforts pour lui faire plaisir.

    J’entreprends alors de lui offrir une pipe musclée, alternant les caresses les plus délicates, et celles plus chaudes. Le bogoss frissonne.

    Tu ne veux pas l’admettre que je t’offre un plaisir de dingue, mais tu sais quoi ? Ton beau corps te trahit. Tes spasmes, tes petits gémissements, les ondulations de tes abdos, ta respiration saccadée, voilà la réponse à ma question restée en suspens.

    Le bogoss relève la tête de temps à autre, me regarde faire un instant, le visage défait par les décharges de plaisir. C’est là que je me dis : oui, Nico, là tu as dans tes mains la clef de son plaisir.

    Aujourd’hui, il faut que je marque le coup, que je dépasse ses meilleures attentes. Alors, tout en continuant à le sucer activement, mes mains se faufilent le long de son torse, rejoignent ses pecs, puis s’attardent à aller titilles ses beaux boutons de mec.

    Le bogoss cambre les reins, bombe le torse. Visiblement, son plaisir est tellement intense qu’il ne sait plus comment se mettre.

    Je veux le rendre si fou de plaisir au point qu’il ne sache même plus où il habite. Et pour cela, j’ai une arme secrète.

    Je me fais violence pour obliger ma bouche à quitter sa queue, et ma main prend immédiatement sa place, enserrant son manche et en le branlant avec des mouvements amples.

    Mon buste remonte pour permettre à mes lèvres et à ma langue de partir à l’assaut de ses tétons. Ma joue appuyée juste au-dessus de son cœur, je capte ses battements rapides mélangée à sa respiration courte, agitée, excitée.

    Comment lui faire encore plus plaisir ? Je sais, c’est simple, en obligeant ma langue à abandonner la douce fermeté de ses tétons pour descendre à nouveau, descendre tout au long de son torse, passer ses abdos, son nombril (en m’y attardant tout juste le temps d’un passage de langue), passer son pubis, en résistant à la tentation ultime de s’arrêter pour humer les bonnes odeurs que cette petite pilosité sait cacher, passer à côté de sa queue, sans me laisser aller à l’appétit vorace qui me pousserait à la reprendre en bouche jusqu’à la faire jouir. Descendre encore un peu plus, passer ses bourses sans être hypnotisé par leur chaleur, leur douceur odorante. Descendre un peu plus encore, et terminer son voyage un peu plus loin dans l’entrejambe. Voilà comment lui faire plaisir.

    Petit jeu intense, dans lequel je perds toute notion du temps. Je ne pourrais pas dire pendant combien de temps je me suis fait plaisir tout en lui faisant plaisir de cette façon. Tout ce que je sais, c’est que ce truc est l’un de ceux qui le rendent le plus dingue. Alors, je pourrais continuer pendant des heures.

    Dans les faits, je ne peux continuer que jusqu’à ce que le bogoss décide qu’il est temps de passer à autre chose. Et le « temps », aujourd’hui c’est lorsque le bogoss relève son buste, provoquant le même geste chez moi. Lorsqu’il recule ensuite son fessier sur le banc, m’attrape par les hanches, fait glisser mon bassin sur la planche. Lorsqu’il relève mes jambes, m’obligeant à poser mon dos sur le banc.

    Les gestes du bobrun sont rapides, presque violents. Ce sont des gestes qui me font sentir complètement en son pouvoir, comme si je lui appartenais, comme si je n’avais pas le choix. Mes jambes en l’air, il entreprend de me déshabiller. En quelques secondes, mes chaussures mon short, mon boxer ont volé. Il ne me reste qu’à seconder ses intentions en me chargeant de mon t-shirt.

    Je le vois se lever et se débarrasser à son tour de ses baskets, de son short et de son boxer, le sexe tendu pointant le zénith, l’air triomphant. Le mec me domine de tout son mètre 80, et de toute sa puissance masculine.

    C’est là qui se produit l’impensable. Au lieu de venir en moi, le visage de Jérém se faufile entre mes cuisses. Je sens une sensation de chaleur juste en dessous de mes couilles.

    Je commence à perdre pied lorsque je réalise qu’il s’agit de son souffle, je perds le contact avec la réalité lorsque je sens ses mains écarter à nouveau mes fesses pendant que le souffle chaud se déplace le long de ma raie jusqu’à se stabiliser à l’aplomb de mon trou, mais je change carrément de dimension lorsque je réalise que sa langue, celle qui refuse de rentrer en contact avec la mienne, est en train de caresser timidement les bords de ma propre rondelle. Ah, putain, celle-là, vraiment, je ne l’avais pas vu venir !

    D’abord hésitant, puis, très rapidement, de plus en plus entreprenant, le bogoss est en train de me rendre la pareille de ce que je viens de lui faire. Je ne sais pas s’il prend autant de plaisir que moi en le lui faisant, ou en le laissant me le faire. Ce qui est certain en revanche, c’est que je comprends mieux désormais pourquoi il aime tant cette petite diversion.

    Sa langue puissante et souple me titille, me secoue, me chauffe, et c’est rudement bon. Tellement bon que ça en devient rageant lorsque ça s’arrête. Non, pas déjà !

    Bah, si, lorsque mon bobrun a décidé que ça s’arrête, eh ben, ça s’arrête. Je le vois relever la tête, je sens ses main chaudes et directives sur mon corps, je me laisse faire. Je tente de deviner ses intentions, et je comprends très vite qu’il veut me mettre à plat ventre sur le banc.

    Et alors que je m’attends à qu’il vienne en moi, je réalise que ce n’est pas son gland qui se presse entre mes fesses, mais à nouveau sa langue déchaînée, gourmande, insatiable.

    Puis elle décolle. Elle délaisse ma rondelle pour remonter tout lentement le long de ma colonne vertébrale jusqu’à mon cou. C’est un mélange de plaisir et de petits picotements, de frissons et de petites chatouilles qui parcourt mon dos et qui s’irradie dans tout mon corps.

    Je ferme les yeux pour mieux ressentir la caresse de cette langue, me demandant jusqu’où elle va aller.

    Je capte le passage lent et humide entre mes omoplates. Mes sensations en sont alors démultipliées, je perds le contrôle. Je savoure à fond cet instant, tout en profitant également de la chaleur de ses mains qui prennent appui et se déplacent sur mon dos, sur mes flancs, sur mes épaules.

    Et lorsque sa langue commence à remonter mon cou jusqu’à effleurer la région de la base de ma nuque, là j’ai l’impression que toute ma peau est en train de s’embraser.

    C’est à ce moment-là qu’une nouvelle puissante sensation vient à moi, alors que mon corps est tout concentré sur le plaisir sensuel de ce contact à la base de ma nuque. C’est à ce moment que mon bobrun vient, s’insinue lentement, glisse tout doucement en moi.

    Je sens ses mains puissantes prendre fermement appui sur mes épaules. Ses va-et-vient sont à la fois lents et puissants, je suis partagé entre avoir envie que ça se déchaîne et que ça devienne plus brutal, et le bonheur de ce slow sexuel qui me permet d’apprécier des sensations et des nuances de sodomie encore jamais expérimentées. Quel petit con, ce Jérém, mais que petit con sacrement doué pour la baise !

    Ses mains prennent appui tour à tour sur mes hanches ou sur mes épaules, et je me sens vraiment dominé pas sa puissance, comme en état d’hypnose.

    Et lorsqu’il commence à se déchaîner, lorsque ses cuisses tapent contre mes fesses en provoquant des claquements à la fois sourds et sonores, je perds le contrôle. Je n’arrive plus à me contenir, à me contrôler. Le plaisir, l’excitation, le profond bonheur de me sentir à lui, le mélange de sensation que ce petit con sait m’offrir est si puissant que, dans le feu de l’action, des gémissements s’échappent de ma bouche.

    Ça ne dure qu’un instant, car l’une de ses mains finit par quitter mon épaule et se poser sur ma bouche pour me faire taire. Un geste qui n’a pas vraiment le pouvoir de me calmer, bien au contraire. Mais du moins de me faire comprendre que le bogoss me commande de la mettre en sourdine.

    Le bobrun ralentit ses coups, je sens son torse se glisser sur mon dos, je sens le poids de son corps écrasant le mien. Son souffle chaud et haletant caresse ma nuque.

    — Je te baise bien, hein ? je l’entends chuchoter tout près de mon oreille.

    • Et moi alors, je te baise bien ? je le cherche.
    • Toi t’es une petite salope qui me vide les couilles.
    • Et tu ne t’en pleins pas… je le chauffe.

    Sa fougue est impressionnante. Est-ce l’effet dopant, la drogue puissante de la victoire, qui le met dans cet état d’éphorie sexuelle ? Ou bien mes mots, mon attitude déchainées ?

    En tout cas, ce n’est que du bonheur pour moi ?

    — Tu prends ton pied, mec ? j’ai envie de lui demander.

    — T’inquiète pour mon pied.

    — Je te fais jouir comme personne d’autre…

    — Je t’ai dit de pas t’inquiéter pour mon pied, je suis un mec, dès que ma queue est bien enserrée et au chaud, je prends mon pied.

    Petit con, va, tu vas voir, on va voir si mon cul est si ordinaire. Et là, profitant du fait que le bogoss a un peu relevé son torse et qu’il ne me retient plus que par les hanches, je me dégage de lui. J’ai envie de prendre les choses en main.

    Je me retourne et je le regarde, désormais assis à cheval sur le banc, le torse incliné vers l’arrière, les bras eux aussi tendus vers l’arrière, les mains prenant appui d’une part et d’autre de la planche, toutes tablettes dehors, tout le corps brillant d’une fine couche de transpiration, la respiration rapide, la queue raide, le visage et le haut du torse rougis par l’effort, le regard chaud, et noir. Il ne s’attendait pas à ça, le petit con. Mais putain, qu’est-ce qu’il pue le sexe ce mec !

    — Ramène ton cul, dépêche-toi !

    Je trouve sa sommation à la fois d’un érotisme puissant et étrangement amusante.

    Un petit macho pareil, ça ne s’invente pas. Un petit macho capable de verser des larmes sur un terrain de rugby après une victoire une heure plus tôt, et de me baiser avec cette puissance et cette arrogance une heure plus tard, moi je dis, chapeau. Je crois que je tiens là un spécimen vraiment unique.

    J’en meurs d’envie de ramener mon cul, bien évidemment, mais pas tout de suite. Je soutiens son regard, de plus en plus noir, de plus en plus sauvagement viril, je laisse passer quelques secondes.

    Puis, j’approche lentement de lui, en face de lui. Je le vois alors allonger les bras, porter ses mains vers mon bassin, sans doute dans l’intention de me prendre comme ça, par devant et de jouir très vite au fond de moi. Perspective, j’admets, plus que tentante, car j’adore lorsqu’il est si entreprenant, lorsque l’approche du plaisir précipite ses gestes et fait ressortir ses instincts de mâle en rut.

    Pourtant j’ai autre chose en tête et j’ai décidé que ce coup-ci c’est moi qui fixe les règles.

    Mes bras s’animent, interceptent les siens et bloquent leur avancée. Je le fixe tout droit dans les yeux et je vois un mélange de surprise, d’agacement et de frustration balayer son regard brun.

    — A quoi tu joues, je l’entends aboyer dans la foulée, tout en commençant à gonfler les muscles de ses épaules et de ses biceps pour se dégager.

    Je lâche son bras droit, et j’utilise ma main gauche pour saisir sa queue et commencer à le branler pour le calmer. Ce simple contact a le pouvoir de faire cesser illico chez mon bobrun toute tentative de se dégager. Ses bras se baissent aussitôt, ramenant ses mains prendre appui sur les bords de la planche.

    Je le vois fermer les yeux, mordiller sa lèvre inférieure, c’est un spectacle divin.

    Le fauve calmé, je me sens l’audace de poser mon autre main sur ses pecs. Ah, putain, qu’est-ce que c’est bon le contact avec le torse d’un bogoss avec quelques poils, même si ça commence juste à repousser et que ça pique plus que ça ne caresse. Et là, il me suffit d’une très légère pression pour que le torse du bogoss accepte de suive le mouvement.

    Un instant plus tard, son dos et sa tête sont posés sur l’assise, alors que ses jambes sont toujours posées de part et d’autre du banc, les pieds bien par terre. C’est la même position que tout à l’heure, pendant la pipe.

    Je me lève, j’avance lentement jusqu’à ce que mes jambes dépassent les siennes, tout en s’y frottant au passage de façon plutôt appuyée. Le bogoss me regarde faire, le regard interrogatif.

    Mon fessier est désormais à l’aplomb de son bassin, de sa queue. Le bogoss ouvre un peu la bouche, il expire bruyamment l’air de ses poumons, ses paupières tombent lentement mais lourdement. Je crois bien que mes intentions sont démasquées, et qu’elles sont bien accueillies.

    Me voilà assis à califourchon sur mon bel étalon, mes reins ondulant pour lui offrir un plaisir intense, mes mains s’activant sur ses pecs rebondis, sur ses tétons durs et doux à la fois. Le bogoss a l’air d’apprécier, d’autant plus que c’est moi désormais qui assume tout l’effort de son plaisir. Le mec n’a rien à faire, juste savourer son plaisir de mec sans le moindre effort.

    Dans le langage commun, son rôle à lui, c’est celui d’un mec actif. L’actif, c’est celui qui pénètre. L’actif est le dominant, celui qui contrôle le plaisir. Mais ici et maintenant, qui s’active vraiment dans l’histoire ? Qui contrôle le plaisir, alors que c’est moi qui module l’amplitude et la cadence des va-et-vient, de la valse vers le plaisir ?

    En attendant, le bogoss a l’air de sacrement aimer ça, un mélange de frustration de ne pas contrôler la montée de son plaisir, et d’envie de s’abandonner à ce plaisir inattendu. Le plaisir de lâcher prise, le plaisir de se laisser surprendre, de se laisser un peu dominer.

    Je le regarde dans les yeux, et je réalise que le bobrun est en train de bouillir. Je le vois lever les bras, porter ses mains sur mes fesses, amorcer le mouvement pour relever et faire reculer mon bassin, envisager en somme une position lui permettant de reprendre le contrôle du timing d’une jouissance que son corps commence à réclamer de toutes ses fibres.

    • Laisse-moi faire, je lâche tout doucement, sur le même ton avec lequel on tenterait de calmer un caprice de gosse.

    — Dépêche-toi de me faire jouir ! il me somme.

    Bingo. C’est moi qui le fais jouir. Pure musique pour mes oreilles.

    — Vas-y, dis-le que tu en as envie, je le chauffe, tout comme il l’avait fait un peu plus tôt.

    — Dépêche-toi ! il aboie, tout en remontant le torse de façon menaçante, dans sa voix ce ton énervé qui le rend encore plus sexy,

    — Je vais te faire jouir, t’inquiète, je le rassure, tout en portant à nouveau ma main entre ses pecs, l’obligeant ainsi à s’allonger une nouvelle fois sur le banc.

    Mes mains complétement débridées le caressent partout, s’attardent sur ses tétons, se promènent sur ses pecs, se font plaisir en effleurant ses joues, son menton, son cou.

    Le bobrun respire très fort, il ferme les yeux sous la montée du plaisir, ce plaisir qui monte grâce à moi, un plaisir qui monte également en moi. Un plaisir qui a guidé ma main gauche, presque à mon insu, à se poser sur ma queue pour la branler vivement.

    C’est tellement beau de le voir grimacer de plus violemment, de voir et d’entendre sa respiration se transformer en ahanement, de le voir perdre le contrôle de son corps et de son esprit et l’entendre enfin me lancer, le souffle coupé, la voix étranglée par le râle puissant qui veut s’échapper de ses poumons :

    — Tu vas m’avoir…

    Et lorsque l’orgasme l’envahit, je vois tout son corps parcouru par un spasme géant. Prenant appuis sur ses fesses et ses épaules, son dos se cambre, les pecs se bombent de façon impressionnante, les abdos se bandent. La tête part en arrière, mettant bien en évidence le grain de beauté dans son cou à la Josh Harnett, laissant ressortir sa pomme d’Adam de façon saillante, animée elle aussi par des mouvements rapides, nerveux, incontrôlés. Son visage se tourne sur le côté, alors que sa main se porte sur son front comme pour se protéger de la déferlante d’un plaisir d’une violence insoutenable.

    Et je jouis à mon tour, je jouis sur son torse dessiné. Le bogoss jouit et son plaisir déclenche le mien. Mais très vite, j’angoisse. J’appréhende sa réaction.

    Mais là encore, mon bobrun va me surprendre.

    — Putain, c’est chaud, je l’entends lâcher sur un ton surpris mais presque amusé.

    Moi je dis, il faudrait que tous les jours il ait à jouer et gagner un match de rugby, ça le rend tellement plus cool !

    Cinquième mi-temps.

    Jérém sous la douche. Quatre simples mots, ressemblant à mes yeux, toute la beauté du monde.

    Jérém sous la douche, voilà une image chargée d’un érotisme insoutenable.

    L’eau atterrit sur ses cheveux bruns en bataille, ruisselle le long de sa joue, caresse la commissure de ses lèvres, suit la courbe de son menton et la ligne de son cou, parcourt son torse de haut en bas. Avec ses reflets changeants et diaboliques, elle souligne le relief de chacun de ses muscles, des pectoraux aux abdominaux. Une partie de cette eau s’infiltre au travers de ses poils pubiens, pour glisser in fine le long de sa queue, avant de quitter ce corps d’apollon par le prépuce.

    Et le temps semble s’arrêter pour rendre hommage a tant de beauté.

    Le bogoss a fait mine de rien, mais je sais que, du coin de l’œil, il a du plaisir à me regarder plante là, comme abasourdi, devant sa nudité mouillée. J’ai l’impression qu’il fait exprès de faire durer le plaisir, que ses mains étalent très longuement le gel douche, qu’il aime savourer la vision de ma dépendance de lui, et du sentiment de toute puissance que cela lui renvoie, l’image de la puissance inouïe de son charme, l’effet ravageur, le pouvoir immense qu’il a sur moi.

    Et devant ce pouvoir, je capitule. Je m’approche lentement, je le rejoins sous le jet d’eau chaude, je lui lance un regard de pure soumission et je me mets à genoux, comme en adoration devant le sexe de mon amant. Je le prends en bouche, et j’entreprends de le sucer. Je lui fais plaisir pendant un petit moment, jusqu’à ce que la sonnerie de son portable ne retentisse dans la salle. Le bogoss ferme l’eau aussitôt, et se retire de ma bouche dans la foulée.

    Le bogoss est attendu, et son retard doit commencer à paraitre suspect.

    Pendant que je me douche à mon tour, je le regarde se préparer à la va vite, pressé par la sonnerie de son portable qui ne cesse de sonner. C’est magique de voir un bomec se dessaper, se délester des vêtements qui cachent son corps, que ce soit pour passer à la douche, ou, encore mieux, lorsqu’il fait ça dans l’urgence, mu par un désir irrépressible, pour libérer son corps et le préparer à l’amour.

    Et c’est tout autant magique de voir un bogoss prendre sa douche, notamment lorsqu’elle vient après l’amour.

    Et il est une derrière vision de pur bonheur, c’est de mater un bogoss en train de se rhabiller, après l’amour, ou après une douche, ou encore après une douche qui suit l’amour.

    Le bogoss vient d’abandonner la serviette humide sur un banc, il fouille dans son sac de sport et en tirer un deo dont il asperge copieusement ses aisselles et son torse. La pièce se remplit instantanément de sa présence olfactive. Ses mains reviennent dans le sac pour en tirer un boxer noir. Je le regarde en train de le passer, de le faire glisser le long de ses cuisses, l’installer autour de son bassin, comme une deuxième peau.

    Un instant plus tard, le bobrun attrape son jeans dans son casier, je le regarde fixer l’un après l’autre les boutons de sa braguette, accrocher sa ceinture. Jeans bien coupé, élastique du boxer qui dépasse, torse nu. La perfection, au masculin. Si on avait le temps, je voudrais le faire jouir à nouveau.

    Et ce qui est le plus affolant, c’est l’aisance avec laquelle il porte cette tenue, avec un tel naturel. Être torse nu est pour lui aussi naturel que porter un t-shirt en été ou bien un pull en hiver.

    Un instant plus tard, il approche d’une petite fenêtre, il l’ouvre et s’allume une clope.

    Les mouvements alternés de son bras pour apporter et enlever la cigarette de ses lèvres, sa façon de la tenir au bord du filtre, entre le pouce et l’index, son expression de plaisir en aspirant, son air blasé en expirant, ça rajoute du bandant au sexy.

    Je coupe le jet d’eau et je m’avance vers les casiers pour attraper la seule serviette dont j’ai envie de me saisir pour me sécher, celle qui est déjà bien humide, mais qui possède à mes yeux l’inestimable atout d’avoir caressé le corps de mon Jérém.

    Lorsqu’il revient vers son casier, son déo pénètre dans mes narines et vrille mes neurones avec une force décuplée. La chaleur et la douceur de sa peau, évoquées en moi par cette vision rapprochée, embrasent un désir jamais éteint, un désir dont la puissance semble s’autoalimenter, comme une combustion solaire.

    Le bogoss se penche à nouveau sur son sac de sport, il en ouvre une poche latérale et il en extrait un bout de coton blanc. Il le déplie, et l’image d’un t-shirt blanc un peu froissé se dévoile sous mes yeux. Il le retourne entre ses mains, jusqu’à tenir le bord inférieur, il le secoue pour tenter de le défroisser.

    Pendant qu’il vérifie le sens devant-derrière, les manchettes pendouillent vers le bas. Je salive en pensant à l’effet que ce simple tissu va avoir sur son torse.

    Le geste qui suit est, là encore, très rapide, automatique, inconscient, mais tellement sensuel. Le buste à la verticale, les bras se lèvent à tour de rôle pour se glisser dans les manchettes. La tête passe à son tour. Le coton se tend, se déforme dangereusement, les épaules entament un mouvement rotatoire dans le but de faire prendre au coton sa position définitive. Hélas, souci de riches, la peau encore un peu humide et le coton est tellement ajusté, que le t-shirt reste a du mal à glisser le long de son torse.

    Il lui faut croiser les bras, attraper le bord du t-shirt et le tirer vers le bas pour que son torse musclé disparaisse sous le coton fin. A vrai dire, il ne disparait pas vraiment, il est juste mis en valeur, suggéré, fantasmé par ce t-shirt divin.

    Et je n’ai même pas encore parlé de cette échancrure de folie, fenêtre ouverte sur un vaste triangle de peau mate, chaude, encore humide, sentant bon le déo fraîchement aspergé, laissant entrevoir ces quelques poils qui repoussent, qui dépassent, ainsi que sa chaînette de mec.

    Une fois l’opération terminée, ce petit t-shirt blanc est l’image d’une perfection visuelle à donner le tournis.

    Il n’y a pas à dire, un simple jeans, un simple t-shirt blanc, la tenue la plus puissante, la plus efficace, pour exprimer le Masculin. Naaan, mais comment est-ce qu’un mec aussi parfait, aussi sexy peut exister ?

    Voilà pourquoi, quand je regarde ce mec, j’ai envie, dans l’ordre, de pleurer, de crier et de me taper la tête contre le mur, et de le faire jouir de toute urgence. Voilà pourquoi j’ai envie de lui à en avoir mal au ventre. Encore, oui, même après cette baise intense sur le banc du vestiaire.

    Alors, je ne peux décoller mes yeux de lui. Je suis aimanté par sa beauté, par sa virilité, par sa sexytude radioactive.

    — Tu veux quoi ? il me lance, le ton agacé, en captant mon regard qui doit trahir toute mon envie brûlante.

    — J’aimerais…

    —Tu aimerais quoi ?

    —Non, rien, laisse tomber…

    —Tu aimerais quoi ? il insiste, en montant la voix.

    —J’aimerais juste terminer ce que j’ai commencé sous la douche, je me lâche.

    —J’ai pas le temps !

    Et pourtant, une étincelle lubrique dans son regard jure sévèrement avec le sens de ses mots.

    —Mais tu as envie ! je le cherche.

    Le temps de lâcher ces quelques mots, ses mains se sont activées pour descendre son jeans et son boxer sur ses cuisses, en dévoilant une queue déjà frétillante, mais demandant encore quelques attentions pour retrouver toute sa vigueur.

    Un instant plus tard, je suis à genoux devant lui. J’ai adoré le sucer en goûtant aux petites odeurs dégagées après l’effort dans le match, j’apprécie tout autant le goût frais et doux de sa peau tout juste douchée et parfumée. Mes narines sont enivrées par l’odeur de propre et de frais qui se dégage du bord inférieur de ce t-shirt blanc ondulant pile devant mon regard pendant que je lui offre le meilleur plaisir dont je suis capable.

    Je m’affaire vite, je m’affaire avec entrain, avec folie. Je m’affaire si bien qu’il ne faut pas longtemps pour l’approcher de l’orgasme.

    Mais quelque chose vient perturber cette montée en flèche. Soudain, une sonnerie aigüe s’échappe de sa poche.

    — Allo, il lâche en décrochant.

    Il me semble de déceler une voix masculine à l’autre bout des ondes. Chose qui se confirme lorsque j’entends mon bobrun lâcher :

    — Oui, Thib, j’arrive, j’arrive…

    Lorsque j’ai entendu la sonnerie du téléphone, j’ai cessé de le sucer. Et là, alors qu’il est en train de parler avec son meilleur pote, il pose sa main libre sur ma nuque, l’approchant de sa queue.

    Le message est clair, il veut que je continue. Alors, je continue.

    —Oui, je suis à la bourre… j’ai eu un problème de démarrage avec la voiture… non… pas besoin de venir, j’ai trouvé tout seul, elle a fini par démar…

    Le dernier mot de son mensonge est coupé net. Et alors que son plaisir de mec explose entre ses jambes et dans son bas ventre et que ses giclées chaudes percutent mon palais, je lève les yeux et je vois le bogoss écraser le portable contre ses pecs, je vois sa belle petite gueule se crisper, je sens trembler dans la tentative désespérée de contenir le rugissement de son orgasme.

    —Jé, tu es toujours là ? j’entends Thibault demander à l’autre bout des ondes.

    Oui, il est toujours là. Mais il ne peut te parler dans l’immédiat car il est en train de jouir.

    Et pendant que j’avale jusqu’à la dernière goutte de ce nectar de mec, le bobrun enchaîne les mensonges.

    — Je démarre là, j’arrive !

    Sa réplique suivante sera aussi mensongère qu’amusante.

    — Mais non, je ne suis pas essoufflé, j’ai juste fait quelques pompes !

    Après avoir raccroché, le bogoss rangé son téléphone dans sa poche, remonté son jeans et son boxer. Il attrape son sac de sport, glisse une cigarette entre ses lèvres et s’engage vers la sortie.

    — Dépêche-toi, je l’entends pester.

    Et voilà, me revoilà une fois de plus au creux de ses montagnes russes sur lesquelles avance ma relation avec Jérém. Me voilà une fois de plus secoué par le contraste entre sa chaleur brûlante pendant le sexe et la froideur des adieux après le sexe.

    Je m’approche de lui, et son deo s’en prend une fois de plus très violemment à mes neurones. Je sais que dans quelques secondes on partira chacun de notre côté, je sais qu’il va me manquer à l’instant où il va disparaître de mon champ visuel. De toute façon, il me manque déjà.

    Je voudrais tant partager cette victoire avec lui, partager la fête, son succès, sa joie, son bonheur, la camaraderie avec ses coéquipiers. Hélas, je ne fais pas partie de son monde.

    Je tente de me consoler en me disant que j’ai déjà eu ma quatrième mi-temps, et que pendant ce temps de « jeu », je l’ai eu rien que pour moi. Je pense à toutes ces nanas et tous ces mecs qui ne rêveraient que de ça, et je me dis que je n’ai pas le droit de me plaindre. Pouvoir accéder à sa virilité, c’est une chance inouïe.

    Et pourtant, ça me crève le cœur de le laisser partir comme ça, après tout le plaisir que nous nous sommes donnés. J’ai besoin d’un signe de sa part, un mot, un sourire, un peu de considération.

    — Attends Jérém…

    Le bobrun continue dans sa lancée, et il ne semble pas m’entendre et surtout pas m’écouter.

    C’est pourquoi, à deux pas à peine de la porte métallique qui donne sur l’extérieur, j’ose ce geste aussi désespéré que risqué, l’attraper fermement par le bras, l’obliger à s’arrêter, et l’attirer vers moi.

    —Mais qu’est-ce que tu fiches ? il assène, tout en se dégageant de ma prise d’un geste brusque et violent. Ses yeux fulminent.

    Sans réfléchir, porté par une envie qui remue mes tripes, je fonce. Je m’approche de lui, je passe mes bras sous les siens et le serre très fort contre moi, mon torse collé contre le sien, mon visage abandonné dans le creux de son épaule.

    Je ne sais pas comment j’ai pu obtenir ça de lui. Le mérite peut-être à ma détermination désespérée, au fait de le prendre par surprise. Ou, on peut toujours rêver, il y avait peut-être chez lui cette envie, enfouie quelque part, une envie que mon enthousiasme a forcé à remonter à la surface.

    Et qu’importe si, pendant que mes bras lui montrent tout mon amour que je lui porte, les siens restent ballants le long de son buste. Le bogoss ne me repousse pas non plus.

    Enivré par le contact avec son corps puissant, avec sa peau chaude et avec ses effluves de mec tout juste douché, je suis tellement bien que je ne voudrais jamais quitter cette étreinte. Tellement bien que je ne peux m’empêcher de déposer quelques bisous légers à la base de son cou. Tellement ému par l’absence de rejet de sa part que je deviens téméraire au point de rallonger mon chapelet de bisous dans l’échancrure du t-shirt, ce triangle de peau me rend dingue.

    Et un frisson secoue mon corps lorsque je ressens le contact hésitant, maladroit mais presque rassurant, de sa main se posant à plat juste au-dessus de mes reins. Un contact presque irréel, si bref que j’ai tout juste le temps de réaliser que ça s’est passé, alors que déjà ça ne se passe plus.

    Une seconde après, ses mains se portent sur les miennes, les décrochent de son dos. La poussée de ses biceps m’invite à mettre fin à cette étreinte.

    Un instant plus tard, le bogoss passe la porte en silence et je lui enjambe le pas. Dans la lumière chaude du soleil de cette fin d’après-midi d’été, son teint mat et la perfection immaculée et moulante de son t-shirt s’affrontent dans un duel étincelant. Définitivement, je voudrais être son t-shirt.

    — Jérém, on se voit quand, je ne peux m’empêcher de lui demander en le suivant sur le parking.

    — Je sais pas, fait-il, brusquement.

    — J’ai envie de te revoir, Jérém…

    Et là, le bogoss se retourne et me lance froidement :

    — Je ne sais pas si tu as réalisé, mais le lycée, c’est fini. J’ai un taf maintenant, et j’ai aussi des potes. J’ai envie de faire la fête avec eux, prendre des cuites, sauter des nanas, la vie, quoi. Et il faut aussi que je m’occupe de trouver un taf pour la rentrée.

    — Tu vas partir ?

    — Oui je pense, il me lance sur un ton franc, sans se douter l’effet que ses mots ont sur moi, comme un coup de massue pour mes oreilles.

    — Et l’équipe ?

    — Ils se débrouilleront, fait-il en ouvrant la porte de la 205 rouge.

    —Tu vas me manquer… je me mets à nu devant lui.

    — Tu te feras sauter par un autre, voilà sa cruelle réponse de petit con.

    Sur ce, il claque la porte et il enclenche la marche arrière. Sans un regard dans ma direction, il quitte le parking et se casse, direction le centre-ville.

    Je parcours le chemin vers la maison, le cœur lesté de plomb. Je suis tellement secoué par ses mots que j’ai envie de pleurer.

    Merci à Rodrigue, à qui je dois l’idée ce cet épisode autour de la finale.

  • JN01091 Match et après match (partie 1)

    JN01091 Match et après match (partie 1)

    Préparation du match et temps réglementaires.

    Samedi 14 juillet 2001, le soir, quelques heures avant la finale du championnat.

    Après cet affrontement avec mon bobrun, j’aurais pu passer le samedi soir et le dimanche à ruminer tout cela. Heureusement pour moi, j’ai une bonne cousine extraordinaire.

    Et ce samedi soir, cette cousine me propose de nous faire un cinéma au Gaumont Wilson.

    Tant d’années plus tard, je ne me souviens pas de grand-chose du film qu’on a vu ce soir-là, un film de guerre comme tant d’autres. La seule scène de ce film dont je me souviens très bien et dont je me souviendrais à tout jamais, sans par ailleurs avoir revu le fils depuis, c’est la scène du dispensaire, ce lieu où une foule de jeunes garçons en slip ou caleçon, en t-shirt ou débardeur, systématiquement blanc comme le veut la coutume militaire américaine, se pressent pour être examinés en vue d’obtenir le certificat médical d’aptitude pour partir à la guerre en Europe.

    Et, au milieu de cette ambiance chargée de testostérone, voilà deux personnages joués par Ben Affleck et Josh Harnett, l’un en t-shirt blanc, l’autre en débardeur blanc, deux potes impatients eux aussi de s’engager pour montrer leur valeur de soldats, pour servir la patrie.

    J’ai passé plus de deux heures à mater le délicieux et sexy grain de beauté dans le cou de Josh qui me rappelle tant celui de mon bobrun, j’ai passé toute la durée du film à me demander lequel des deux je trouve le plus bandant, sans franchement à arriver à me décider. Tout en me disant que deux bogoss pareil, plutôt que de partir faire la guerre, ils seraient tellement mieux dans un pieu en train de s’offrir mutuellement du plaisir.

    • Moi je te dis que la plus heureuse de tous, c’est la nana, fait Elodie en lâchant la paille du mojito qui vient de lui être servi en terrasse d’un bar aux Carmes, elle s’est tapé les deux potes, et elle n’a pas vraiment choisi les deux bruns les plus moches !
    • Moi aussi je suis jaloux, je lui réponds, rêveur.
    • Toi, tu la fermes, cousin. Côté bobrun, t’es largement servi !
    • Ouais, tu parles, je lui sers juste à se soulager, je proteste.
    • En attendant, c’est toi qui te le tape ! s’exclame-t-elle si fort que les deux filles de la table d’à côté se retournent.

    Je suis un brin gêné, mais j’adore le pragmatisme de ma cousine.

    • C’est pas faux, parfois je n’arrive même pas à le croire moi-même.
    • Avec ce mec, côté sexe, c’est géant, je continue. Mais je te jure, sentimentalement, c’est dur à vivre.
    • Tu dois lui faire comprendre qu’il ne peut pas jouer avec toi éternellement. Qu’il ne peut pas te traiter comme un plan cul et puis te demander de passer la nuit avec lui quand ça lui chante parce qu’il n’a pas envie de rester seul, et te traiter à nouveau comme un plan cul le lendemain.
    • Ce qui me manque, c’est juste un petit câlin après, ou même un mot, ou un simple sourire, qu’il me montre qu’il a aimé coucher avec moi, que je lui fais du bien, et qu’il a envie de recommencer.
    • Je comprends très bien, mon cousin, mais tu l’as habitué à accepter qu’il te parle et qu’il te traite sans respect, même en dehors du pieu. Tu l’as habitué à te ramener au moindre claquement de doigts, sans conditions. Et ce faisant, tu cautionnes son comportement. Il faudrait que tu te rendes moins accessible et que tu arrives à le remettre un peu à sa place.
    • Le remettre à sa place, je ne sais pas vraiment comment m’y prendre, et je ne suis même pas sûr d’en avoir vraiment envie.
    • Une relation ne peut pas se limiter à une histoire de dominant et de dominé. Une relation, c’est une affaire d’équilibre. Ta relation avec le bobrun est trop déséquilibrée. Si tu veux la faire durer et t’épanouir un tant soit peu, il faut que tu reprennes un minimum le contrôle de cette histoire, et da ta vie.
    • L’animal Jérém est une espèce tellement imprévisible, comment savoir si ce genre de stratégie ne va pas avoir un effet totalement inverse ? je considère.
    • Tu ne vas pas lui demandes des déclarations enflammées, mais il faut au moins qu’il te traite avec du respect. Il faut qu’il comprenne qu’il n’y a pas que pour lui que cette relation est compliquée, et que tu souffres du fait de ne jamais savoir comment tu vas être reçu. Il faut qu’il comprenne que ce genre de situation et d’incertitude, ça use à la longue.
    • Je ne te le fais pas dire, je lâche, comme un cri du cœur.
    • Evidemment, tant qu’il n’assumera pas ses envies, ce sera toujours compliqué entre vous. Mais il faut bien commencer quelque part pour faire bouger les lignes, il est urgent de secouer le cocotier. Je sais que tu kiffes son côté macho-dominant, mais il te faut trouver le moyen de lui montrer qu’il n’est pas forcément le seul et unique maitre de la situation. Il faut lui montrer que tu peux prendre les choses en main. Et que tu peux lui échapper.
    • J’ai déjà essayé, je me suis laissé draguer par le moniteur d’autoécole. Je lui ai tenu tête au retour de boîte, je suis parvenu à le rendre jaloux.
    • Et ça s’est fini comment ?
    • En plan à trois…
    • Quoi ?
    • Avec un mec qu’on a levé au On Off…
    • Vous avez été au On Off ?
    • Il était tellement en pétard que je lui tienne tête qu’il a voulu me montrer qu’il pouvait baiser n’importe quel mec…
    • Et il a levé un mec…
    • Oui… il l’a ramené chez lui…
    • Et vous avez baisé comme des lapins…
    • On peut dire ça, oui…
    • Ah, bah, là tu me tues, cousin. Puceau jusqu’à il y a peu, et désormais mordu à l’exercice du plan à trois. Même ta cousine dévergondée ci présente n’a jamais goûté à ça !
    • Et pendant ce plan il s’est montré jaloux. Pourtant c’est lui qui l’a voulu !
    • Il s’est montré jaloux pendant que tu couchais avec ce mec ?
    • Oui, il était jaloux à mort, on aurait dit un petit taureau qui souffle des naseaux…
    • Mais il s’est défendu de l’avoir été, jaloux, je parie…
    • Parfaitement !
    • C’est clair qu’il est jaloux, mais ça le fait chier de l’admettre !
    • Définitivement, c’est un animal difficile à amadouer, ton Jérém, elle finit par admettre. Il faut que tu sois patient et persévérant.
    • Au fait, tu lui as donné le maillot que t’as acheté à Londres ?
    • Non, toujours pas, je n’ai toujours pas trouvé la bonne occasion.
    • Tu vas la trouver la bonne occasion. C’est tellement touchant de te voir essayer de conquérir ce mec chaque jour, sans perdre courage, et sans que rien ne soit jamais acquis.
    • Ouaiss, c’est touchant peut-être, mais c’est épuisant d’être à sa botte !
    • Tu n’es pas à sa botte.
    • Si !
    • Bien sûr, il a un pouvoir immense sur toi, il sait que tu ne sais pas lui résister. Mais à côté de ça, tu as le pouvoir de lui offrir un plaisir complètement fou. Le plaisir dont il a envie, dont il a besoin. Son esprit peut tenter d’ignorer ses sentiments, mais son corps ne peut pas ignorer ses envies. Dans les faits, c’est toi qui as un pouvoir immense sur lui.
    • Pour rééquilibrer votre relation, tu devrais déjà essayer d’intervertir les rôles…
    • C’est-à-dire ?
    • Il faut lui montrer qu’il a autant besoin de toi pour prendre son pied que toi de lui pour prendre le tien. Un homme se gouverne mieux par la queue que par les lois.

    — Elle vient d’où celle-là, je demande, tout en m’esclaffant de rire.

    — Elle vient de moi.

    — Mais tu as raison, ma cousine.

    — Je ne sais même pas si je vais le revoir après la dispute d’hier, je tempère.

    • Ça va lui passer.

    — Je voudrais en être si sûr.

    — Moi je te dis qu’il ne peut plus se passer de toi. Il dit le contraire pour ne pas regarder la réalité en face, et aussi pour que tu ne prennes pas conscience du pouvoir que tu as sur lui. Peut-être aussi qu’il a du mal à réaliser qu’un garçon puisse tenir à lui de cette façon, qu’il puisse l’aimer vraiment.

    — A toi de le convaincre que tu ne le lâcheras pas si un jour il accepte de tomber la carapace. Il faut que tu parviennes à le faire se sentir en sécurité. Chaque taureau à son torero. Et son torero à lui, c’est toi, Nico. Tu peux amadouer ce p’tit taureau, il faut y aller doucement, mais assurément.

    — J’aime bien discuter avec toi, Elodie.

    — Je sais, mais là la séance est terminée, ça fera 300 francs, mon cousin.

    • Ah quand même !
    • Blagues à part, je tombe de fatigue.

    — Moi aussi. Depuis qu’on est revenus de Londres, je n’arrive pas à récupérer.

    — On se voit demain au match.

    — Ah, parce que tu vas y aller ?

    — Oui, pour t’accompagner. Je veux m’assurer personnellement que tu y ailles, car il faut absolument que tu sois là pour célébrer la victoire de ton homme.

    — Si victoire il y aura à célébrer, je tempère.

    — Si, j’en suis sure, et avec un bon score qui plus est.

    — Je voudrais en être si sûr, je me répète.

    — Et si jamais après le match il veut de toi, tu laisses ton corps parler à son corps et lui raconter l’histoire d’un plaisir partagé. Le reste se fera tout seul. Il ne peut pas être insensible à ton amour.

    J’adore ma cousine, elle me rassure. La perspective d’aller au match en sa compagnie me fait chaud au cœur. Ce soir-là, grâce à elle, je m’endors confiant et apaisé.      

    Dimanche 15 juillet 2001.

    A l’occasion du dernier match de la saison de rugby, une foule impressionnante s’est amassée derrière la rambarde autour du terrain.

    Elodie se pointe affublée de ses grosses lunettes de soleil et accompagnée d’une copine inconnue qui n’était pas prévue au tableau.

    — C’est au cas que tu me fasses faux bon, si jamais après le match tu croises un bobrun, elle me chuchote à l’oreille en me claquant la bise.

    Lorsque les équipes rentrent sur le terrain, je cherche mon bobrun du regard avec fébrilité. Le voilà dans son maillot vert et blanc, ailier, numéro 11, il le porte comme un gant, avec une élégance naturelle et aveuglante. Je capte son pote Thibault, demi de mêlée, numéro 9, très bien foutu, ainsi que Julien, petit format brun très bien proportionné, demi d’ouverture, numéro 10.

    Dans l’équipe de Colomiers, toute de rouge vêtue, il y a également de beaux spécimens. Quel sport béni ce rugby, capable de générer des bogoss en veut-tu en voilà, de les réunir sur un terrain de sport et dans un vestiaire, et d’attirer autour d’eux, aux abords du terrain, d’autres bogoss venus avec ou sans copine, mais le plus souvent entre potes, pour vibrer avec eux dans le feu sacré de la compétition.

    Voilà à mon sens le véritable et plus profond sens du rugby et du sport plus en général, non pas la célébration d’exploits, mais la sublimation de la jeunesse, de la puissance, de la beauté.

    — Ce gars est vraiment canon, fait Aurèlie en regardant les équipes rentrer sur le terrain — t’as vu ses muscles, ses épaules, ce cou, ce cul, ces mollets, tout respire la puissance chez ce type, t’imagine un peu ce que ça doit faire de se retrouver au lit avec mec pareil ?

    — Oui, oui, tu me diras de qui tu parles, fait Elodie, car, perso, au moins la moitié des joueurs m’inspire ce genre de réflexions, sans compter une bonne dizaine de mecs autour du terrain.

    — Mais le numéro 9 en vert et blanc, je ne sais pas comment il s’appelle, mais s’il venait à la maison, il serait dans mon lit avant qu’il ait eu le temps de m’annoncer son prénom.

    Ah ! elle ne s’est pas trompée, le demi de mêlée de l’équipe de Jérém, le beau mécano, le charmant pompier, l’adorable Thibault.

    — Je le kiffe à mort ! elle s’exclame, visiblement émoustillée.

    — Va savoir pourquoi, je laisse échapper.

    — Mais parce qu’il est canon, elle se sent obligée de répondre, n’ayant pas capté le deuxième degré de mon commentaire.

    — C’est étonnant que tu n’aies rien dit sur le numéro 11 de la même équipe, je ne peux pas m’empêcher de lancer.

    — Ah, bah, celui-là aussi j’en ferais bien mon quatre heure !

    — Salope ! je suis tenté de balancer.

    Première mi-temps.

    Un coup de sifflet et le match commence. Je regarde mon bobrun évoluer sur le terrain, et c’est beau. Il n’arrête pas un seul instant de bouger, de courir, de marcher, dans un sens, dans l’autre, le regard comme une visée laser rivée sur le ballon ovale, tous ses sens en alerte, l’attitude on ne peut plus sérieuse, concentrée, la musculature tendue. Tout son corps et son âme semblent aspirés par le jeu. Tout en lui dégage la puissance, la passion, l’envie de gagner.

    Pendant le match, exit le petit con frimeur, le charmeur de chaque instant. Là, c’est un tout autre Jérém qui se révèle. C’est un mec passionné et passionnant, un mec soudainement grandi par le sport et par la compétition, dégageant une puissance incroyable, un engagement total, un mec complètement dévoué à un but pour lequel il est prêt à tout donner, physiquement, intellectuellement, humainement. Tout son Être est tendu vers ce but, peu importe l’effort qu’il demandera. Il sait qu’il n’a pas le droit de décevoir, de décevoir ses potes, les supporters, le coach, mais avant tout de se décevoir lui-même.

    A un moment, à la faveur d’un déplacement opportun de l’action, il approche tout doucement de ma position. Pendant un court instant, j’ai l’impression de capter son regard, un regard pénétrant, intense mais indéchiffrable. Il a l’air tellement obnubilé par l’action du jeu que je me demande s’il m’a seulement vu.

    Je le regarde s’éloigner à nouveau, puis s’arrêter une vingtaine de mètres plus loin, planté au bord de la ligne de touche, les jambes légèrement écartées, le torse droit comme un « I », les mains plantées sur les hanches, ce qui fait ressortir toute la puissance de ses épaules, et tend le tissu du maillot sur ses pecs ondulant sous l’effet de la respiration accélérée. Cette même respiration accélérée que je lui ai connue dans d’autres situations, pendant des efforts bien plus intimes que le jeu du rugby.

    A cet instant précis, il me fait penser à un chien de chasse à l’arrêt, repliant une patte dans cette attitude si caractéristique, happé par sa cible, transporté, transcendé, ses muscles bandés, son esprit totalement absorbé, prêt à taper un sprint et à se jeter sur sa proie.

    NOM DE LA RACE

    Jérém à poil court

    STANDARD DE LA RACE

    Joueur bien proportionné en taille et constitution, spécimen à poil court et brun, très brun, mignon d’une allure spectaculaire. Le poitrail est puissant et les épaules bien développées. Les reins et l’arrière-train sont plutôt musclés, avec des aplombs bien souples, lui autorisant à la fois une très bonne réactivité et une grande vitesse.

    La queue est épaisse, bon, mais ça c’est un autre sujet.

    En somme, un très bel animal à la musculature puissante, avec un physique développé pour et par la chasse au ballon ovale.

    ATTITUDES

    Attentif, vif et remuant, infatigable au jeu. Joueur réputé en raison de son très bon flair pour l’action de jeu, également très bon « joueur d’arrêt », en attendant que le ballon ovale sorte d’une mêlée, constamment à l’affut pour récupérer jusqu’à la plus imprévisible des passes. C’est aussi un joueur « retriever », avec un fort instinct de rapport, capable d’amener le ballon ovale dans l’en-but avec un déplacement rapide et puissant.

    Compte tenu de l’enjeu représenté par ce match de finale, je me surprends à le suivre de façon plus attentive que le précédent auquel j’ai assisté, quelques semaines auparavant, au tout début de nos révisions. Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de ressentir de l’empathie pour mon Jérém, pour Thibault et pour les autres petits mecs de son équipe. Une défaite en finale ce serait un coup dur pour eux.

    Jérém reçoit le ballon et en une fraction de seconde il tape un sprint spectaculaire, il s’élance à toute allure vers la ligne de but.

    Un joueur rouge tente de lui barrer le chemin, le bobrun le dégage avec son bras droit, il zigzague avec à la fois de la puissance et de la souplesse pour éviter un deuxième columérin. Mais il est stoppé net à quelques mètres à peine de la ligne de but par l’intervention de deux autres joueurs en rouge qui arrivent enfin à l’arrêter en le plaquant au sol

    — Son épaule ! je laisse échapper, effrayé.

    Par chance, le bobrun est tombé sur le ventre et les deux joueurs ne l’ont pas touché là où la douleur de l’ancienne blessure pourrait le faire souffrir jusqu’à l’obliger d’abandonner le match, où même jusqu’à lui provoquer des séquelles. Je suis soulagé de le voir se relever presque instantanément, remonter le short qui avait légèrement glissé le long de ses hanches du fait de la vitesse de son vol planée combinée avec la brutalité de l’atterrissage.

    Une seconde plus tard, malgré le regard noir de déception et de colère pour avoir foiré son essai, le bogoss arbore à nouveau son attitude fière et puissante, torse droit, dos légèrement vers l’arrière, mains sur les hanches, épaules bien déployées, pecs saillants.

    Le bogoss passe une main dans les cheveux pour les coiffer en arrière, geste inconscient de petit con au naturel, geste très sexy au demeurant.

    — Naaaaan, mais t’as vu comment il est beau, comment il est fier et sexy dans son maillot ? Comment il est à fond dans le jeu, t’as vu cet air de tueur viril ?

    — Je comprends et compatis, mon cousin !

    — Tu comprends quoi ?

    — Je comprends pourquoi tu l’as autant dans la peau. Mais moi je craque pour un autre beau joueur de son équipe…

    • Lequel ?
    • Le numéro 9…
    • Ah, madame a bon goût. Elle apprécie le Thibault a dos large…
    • Le quoi ?
    • Je me comprends…

    NOM DE LA RACE

    Thibault à dos large

    STANDARD DE LA RACE

    De taille un peu plus petite que le Jérém à poil court, spécimen à l’allure charpentée et robuste, également à poil court, mais plutôt châtain. Le cou, les épaules et le torse tout entier forment un ensemble à la fois très musclé et très harmonieux. Les reins et l’arrière-train sont puissants, avec des aplombs bien posés, lui permettant une très bonne stabilité en mêlée.

    La queue, bah, là alors, mystère.

    Là aussi, un très bel animal à la musculature puissante, avec un physique développé pour et par la chasse au ballon ovale.

    ATTITUDES

    Intelligent et futé, réputé pour son sens de l’observation, pour sa tactique, il est bon coordinateur, facilitateur, meneur de jeu.

    Le ballon est à présent lové dans les bras puissants du petit format bien proportionné, le numéro 10, Julien, qui court à toute allure vers la ligne de but. Aucun joueur en rouge n’arrive à stopper la puissance de son avancée. Le public est en effervescence face à cet exploit qui se dessine instant après instant et qui pourrait donner un bel avantage à l’équipe de Jérém.

    Une poignée de secondes plus tard, le très charmant demi d’ouverture réussit ce que mon bobrun a raté quelques minutes plus tôt, balancer 5 points à la figure de Colomiers. La transformation est ratée, mais l’avantage est bel et bien là.

    Toulouse 5 Colomiers 0

    Ça démarre fort pour les toulousains, mais Colomiers égalise les scores une poignée de minutes plus tard en marquant un joli essai. Avant de prendre l’avantage avec une transformation réussie.

    Toulouse 5 Colomiers 7

    Je regarde mon Jérém, il fait la grimace. Je regarde Thibault, il regarde Jérém, il s’approche de lui, porte sa main à son biceps et le serre, c’est furtif, mais intense. Jérém tourne la tête, leurs regards se croisent, Thibault lui dit quelque chose, et le visage de Jérém s’illumine d’un sourire amusé. Je donnerais une fortune pour savoir ce qu’il lui a dit pour le faire changer d’expression si soudainement. C’est dingue l’ascendant de Thibault sur mon bobrun.

    Le jeu reprend, mais une poignée de minutes plus tard, un joueur en rouge marque un drop sur un coup de pied tombé.

    Toulouse 5 Colomiers 10

    La, clairement, mon beau brun fait la gueule. A ce stade, je doute que même Thibault parvienne à apaiser sa mauvaise humeur grandissante.

    Les minutes défilent, la fin de la première mi-temps approche. Les joueurs des deux équipes s’agglutinent dans une mêlée spontanée qui semble inextricable, le ballon disparaît et réapparait au gré des mouvements de cette forêt mobile de jambes musclées, ça tourne, ça tourne, ça tourne.

    Pendant ce temps, mon bobrun observe intensément l’action depuis la ligne de touche.

    J’ai l’impression que cette mêlée ne va jamais s’arrêter, que le ballon ne va jamais en sortir. Pourtant, à un moment, le ballon réapparait. Et c’est dans les bras de mon bobrun qu’il atterrit !

    Allez Jérém !

    Le bogoss n’a pas attendu mon encouragement pour s’élancer à toute vitesse le long de la ligne de touche, les joueurs en rouge à ses trousses. Un flanqueur tente de le plaquer. Jérém ne se laisse pas intercepter, mais il trébuche. Le ballon lui échappe des mains, il rebondit au sol. Il le rattrape, il continue sa folle course vers la ligne de but. Un autre columérin fonce sur lui et le fait trébucher à nouveau, son corps s’en trouve déséquilibré. Je le vois déjà tomber à l’avant et rater à nouveau son essai. Mais non, le bobrun a de la ressource dans ses cuisses musclées, il se rattrape de justesse, il continue son avancée. Un troisième défenseur surgit de nulle part, Jérém le percute à toute allure sans ciller, le défenseur tombe sur le dos. Jérém manque de le piétiner ou de se prendre les pieds dedans, mais il arrive à l’enjamber sans dégâts. A l’approche de la ligne de but, un dernier joueur en rouge s’approche dangereusement de lui. Et là, tentant le tout pour tout, le bobrun je jette volontairement en avant et finit ventre au sol, les bras tendus sur la ligne blanche. Le but est marqué.

    Le bobrun tente la transformation, le coup de pied est puissant, mais il rate la cible et l’avantage qu’elle aurait pu amener.

    Toulouse 10 Colomiers 10

    Malgré ce raté, Jérém semble tout à coup un peu plus détendu.

    Sur un nouvel essai, marqué par le deuxième ailier toulousain, la première mi-temps se termine avec un bel avantage des toulousains.

    Toulouse 15 Colomiers 10

    Jérém tout à coup radieux, en mode déconne avec ses coéquipiers, j’aime voir ça.

    Pendant la mi-temps, Elodie vient me voir.

    — Eh, ben, il fait pas dans la dentelle ton jeune lion !

    — Il est incroyable, juste incroyable !

    — Bah, oui, s’il est aussi fringuant au pieu qu’il l’est sur le terrain, je te comprends, mon cousin, je te comprends, je te jalouse, et je te déteste.

    Deuxième mi-temps

    A la reprise, Jérém affiche un air triomphant qui le rend sexy en diable. Mais très vite, Colomiers marque le deuxième drop du match.

    Toulouse 15 Colomiers 13

    Je regarde Jérém, son air triomphant a perdu de sa superbe. L’avantage s’amenuise. Et ça ne va pas s’arranger lorsque, au milieu de la deuxième mi-temps, les columérins marquent un nouvel essai. Et malgré la transformation rate, les toulousains perdent l’avantage.

    La deuxième mi-temps est dominée par les mecs en rouge. Tandis que Jérém et ses potes font de plus en plus la gueule.

    Du moins jusqu’à ce que Jérém parvienne à réaliser un magnifique touché à terre au beau milieu des poteaux,

    Les joueurs en vert et blanc viennent rapidement féliciter leur capitaine, et l’encourager pour la transformation à venir, transformation nécessaire, transformation dont la réussite ou l’échec fera la réussite ou l’échec de tout un match, de tout un tournoi.

    La tension est à son comble. Le ballon posé au sol, mon bobrun recule de plusieurs mètres, il fixe alternativement le ballon et les poteaux. Ses mains se posent une fois de plus sur les hanches, les épaules bien ouvertes, la tête haute, le regard concentré, fixe, intense.

    Il y a une telle tension, un mélange explosif de puissance, de détermination et d’élégance dans son attitude, ça me donne le tournis. Dans cette transformation, Jérém porte une immense responsabilité. Celle de la victoire ou de la défaite.

    Je sens qu’il se prépare à y aller, je prie pour que ça réussisse, j’ai le cœur qui bat à dix mille à l’heure, j’ai presque envie de fermer les yeux et d’attendre que ça passe, ou même de partir, j’en tremble.

    Et là une main se pose sur la mienne.

    — T’inquiète, il va le faire.

    J’adore ma cousine.

    Les jambes légèrement écartées, les muscles sous très haute tension, son corps est désormais orienté de façon que son épaule est dirigée vers le ballon, ballon qu’il fixe avec un regard en biais. Le bogoss transpire. Je le vois souffler un bon coup, comme pour tenter de chasser la tension qui tétanise ses muscles.

    Je tente d’imaginer sa solitude à ce moment, son stress à l’idée de porter sur ses épaules le fin mot de ce match et de ce tournoi. Tiens bon, mon beau Jérém !

    Le bobrun pousse un souffle puissant, comme un petit taureau poussé dans ses derniers retranchements. Il fronce les sourcils, il fixe le ballon d’un regard de tueur. Et lorsqu’il lève à nouveau les yeux vers les poteaux, c’est un mélange d’inquiétude et de défi que je vois dans son regard.

    On entend monter du public des encouragements nombreux.

    — Jérémie, vas-y !

    — Allez, Jérémie !

    — Jeje, tu peux le faire !

    — Tu dois le faire, allez, Jérém !

    — Tu es le meilleur !

    — Vas-y, bogoss !

    Je cherche en vain la pouffe qui l’a traité de bogoss. Mais le bogoss est tellement concentré qu’il n’entend rien de ce qui se passe autour de lui.

    Les secondes s’égrènent comme au ralenti, tout l’effort d’une équipe pendant une longue saison tient à cet instant magique, magique comme le temps qui semble suspendu autour de garçon de 19 ans à qui incombe cette lourde responsabilité. Et cette tension, cette force, cette énergie qui semble se dégager de son corps tendu comme une corde de violon, donne à son charme une charge supplémentaire et presque insoutenable.

    Je le regarde pencher légèrement le dos, les mains posées sur les cuisses. Il va y aller.

    Lorsqu’il tape dedans, le ballon s’élevé très haut dans le ciel. J’arrête de respirer, mon cœur cesse de battre, j’ai l’impression que tout bruit a cessé dans le stade, que le temps s’est carrément arrête.

    Et lorsque le ballon redescend, il fend l’air pile entre les deux poteaux.

    Toulouse 22 Colomiers 21

    Troisième mi-temps

    Le sifflement de l’arbitre, suivi par un grand bruit de liesse venant des spectateurs, marque la fin de la rencontre. Tant côté maison que côté adversaires, on ovationne cette transformation spectaculaire qui force le respect et l’admiration.

    Si on ne sait pas à quoi ça ressemble un mec de 19 ans rayonnant, débordant de joie, il fallait voir mon Jérém à cet instant précis, le voir lever les bras et le visage vers le ciel, heureux comme un gosse, tellement heureux d’avoir réussi. Il a l’air si ému, comme s’il se retenait de justesse, et par pudeur, de laisser couler ses larmes.

    Côté toulousains, les joueurs se serrent dans les bras à tour de rôle, se félicitent, partagent leur joie.

    Jérém, l’auteur des derniers points qui ont fait basculer l’issue du match, est acclamé.

    Thibault, l’initiateur de l’action qui a mené à la victoire, est félicité à son tour.

    Les deux potes sont entourés par l’affection et les effusions de leurs coéquipiers.

    C’est vraiment un beau et touchant spectacle.

    Et c’est beau aussi de voir les joueurs en rouge venir à leur tour saluer les deux potes, leur serrer la main l’un après l’autre, rendre hommage à leurs vaillants adversaires.

    Mais la plus touchante des étreintes est bien évidemment celle entre Jérém et Thibault, étreinte tout aussi chaleureuse et enjouée d’un côté que de l’autre. Car les deux potes savent plus que quiconque que, sans l’autre, cette victoire n’aurait pas été possible. L’étreinte est longue, à la fois virile et touchante, c’en est à un point émouvant que j’en ai les larmes aux yeux.

    Lorsque les deux torses se séparent enfin, les mains de Jérém se portent de part et d’autre du visage de Thibault. L’un fixe l’autre dans les yeux avec une intensité brûlante. Leurs fronts sont si proches que j’ai presque l’impression qu’ils vont se rouler une pelle.

    Puis, Thibault se penche sur l’oreille de mon bobrun. Une nouvelle fois, et plus que jamais, je donnerais une fortune, y compris ma collection de cd de Madonna présents et à venir, pour savoir quels mots il lui a chuchotés à l’oreille. Certainement le genre de mots dont ce mec a le secret, des mots justes qui réchauffent l’esprit.

    Des mots qui ont dû être toucher une sacrée corde sensible dans l’esprit de mon bobrun. Jérém est clairement submergé par un trop plein d’émotions. Je suis loin, mais je suis prêt à parier que des larmes commencent à couler sur son visage.

    Je ne peux pas exprimer ce que ça me fait de voir ce petit mec en larmes. C’est mignon et touchant à en pleurer. Un frisson se propage dans tout mon être, jusqu’à déborder dans mes yeux. L’émotion sur le terrain est très forte. Mais la voir prendre forme dans les larmes inattendues d’un petit con comme Jérém, ça me fait craquer.

    Cette image si inattendue, celle d’un p’tit mec a priori « solide » comme mon Jérém fondant en larmes, porte en elle quelque chose de profondément bouleversant. Car elle devient à mes yeux une sorte de pass furtif et éphémère me permettant d’approcher sa fragilité profonde, me laissant entrevoir son humanité, une humanité mise à nu, frappante de vérité.

    Passé le premier instant de stupeur, je me sens irrépressiblement assailli par eu une furieuse envie de le rejoindre en courant, de le serrer très fort dans mes bras. J’ai envie d’être là pour lui, de le laisser pleurer sur mon épaule, tout en lui disant ce qu’il vient de faire est juste magique, et qu’il n’a pas de raison de pleurer.

    Pourtant, je sais bien que ces larmes ont besoin de sortir. Car ce sont des larmes à la fois de bonheur et de délivrance, traduisant sa joie immense, ainsi que le relâchement d’une très grande tension qui plombait son esprit depuis une longue et difficile semaine.

    Bien évidemment, je n’ai ni le courage, ni l’occasion de l’approcher. Une foule assez dense, et surtout la pudeur, nous séparent irrémédiablement. Alors, ce sont les bras puissants de Thibault qui se chargent de tenter de te rassurer. Ces bras qui, j’en suis sûr, ont l’habitude de rassurer Jérém.

    Thibault prend une nouvelle fois son pote dans ses bras. D’autres joueurs viennent s’ajouter à l’étreinte, et bientôt c’est carrément une mêlée de câlins qui s’agglutine autour des deux champions.

    Quelques secondes plus tard, le jeune ailier se retrouve à presque deux mètres du sol, porté à bout de bras par ses coéquipiers.

    Lorsqu’enfin ses pieds touchent à nouveau le sol, c’est le public qui vient lui rendre hommage. Et là, alors qu’une petite foule s’amasse autour de lui, ses doigts attrapent le bas du maillot, le soulèvent, découvrant au passage ses abdos dessinés. Le cou se plie, le visage approche du coton, son front, ses joues ont besoin d’être essuyées de la transpiration ruisselante, certes, mais ses yeux, j’en suis désormais certain, ont eux aussi besoin d’être essuyés.

    Une fois l’émotion évacuée, c’est tellement beau de le voir avec la banane jusqu’aux oreilles, ne tenant plus en place, le voir sautiller avec ses potes. Jérém est heureux d’avoir réussi, avec ses potes, pour ses potes. Il est excité, galvanisé, et lorsqu’il lève un nouvelle fois le visage vers le ciel en fermant les yeux, il est vraiment à craquer.

    Aujourd’hui, en assistant à ce match de rugby, j’ai senti pour la première fois la profonde et intense beauté dégagée par l’incroyable aventure humaine, bien avant que sportive, qu’est un sport d’équipe.

    Les joueurs en blanc et vert prennent la pose devant les poteaux. Un journaliste de la Dépêche du Midi souhaite les prendre en photo. Lorsque les rangs se rompent, le journaliste s’approche de mon beau brun, le prend en photo tout seul et lui tend ce qui ressemble à un dictaphone.

    Mon Jérém n’a pas du tout l’air à l’aise avec ce style d’exercice, l’interview ne dure pas longtemps. Une minute plus tard, je le vois traverser le terrain, enlever son maillot d’un geste rapide, et dévoiler ainsi son torse brillant de transpiration. Le maillot coincé vite fait dans son short, pendouillant le long sa jambe, le bogoss se dirige vers la buvette où les joueurs des deux équipes partagent une bière avec les supporters.

    Je ne peux quitter mon bobrun des yeux. Ainsi, fatalement, nos regards finissent par se croiser à un moment. Et là, je le vois me balancer un petit sourire magnifique et des plus charmeurs. Un sourire si beau, comme un ciel bleu dégagé de tout nuage, un sourire que je voudrais voir tous les jours sur son visage.

    C’est comme si toutes ses tensions s’étaient dissipées, comme si ses démons avaient été éloignés, grâce à l’effet galvanisant de la victoire, victoire capable de dégager des endorphines, régulateurs d’humeur naturels, comme un bel orgasme.

    — Hey, cousin, t’as vu ce sourire qu’il t’a balancé, le bobrun ?

    — J’ai vu, j’ai vu…

    — Il ne te reste qu’une chose à faire…

    — Aller le féliciter, je demande, face à l’évidence.

    — Ah, enfin, ça commence à rentrer, merci la cousine ! elle se moque.

    — En plus, il est de bon poil, elle enchaîne, il a la banane jusqu’aux oreilles, alors, attaque !

    • Facile à dire…
    • Tu fais comme tu le sens. Moi je vais y aller, j’attends de tes nouvelles, mon cousin !

    Sur ce, Elodie s’éloigne avec un grand sourire et en tirant la langue. Je me force à aller de suite à la rencontre du bobrun, avant que l’énergie positive insufflée par ma cousine ne me quitte. Sans pour autant vraiment savoir comment je vais pouvoir l’approcher, accaparé comme il l’est par ses potes, la peur au ventre qu’il prenne ma présence comme une « menace » que sa double vie puisse être ébruitée.

    Mais avant que je puisse atteindre on but, je suis intercepté par Thibault, sortant tout droit des vestiaires, tout beau, tout propre.

    — Salut, je lance timidement au beau pompier.

    — Hey, toi, salut ! il s’exclame, avant de se lancer dans une bise aussi naturelle pour lui que difficile à assumer pour moi, vu la dispute de la veille avec le bobrun, et sa sommation de ne plus « faire chier Thibault avec mes conneries ».

    Avec la chance que j’ai, mon bobrun doit me regarder faire depuis la buvette. Pourtant, je n’ai pas le choix, je ne peux pas repousser son geste amical. Alors, je me laisse faire et je seconde son geste. Opération délicate, compte tenu du fait que le beau pompier sort tout juste de la douche, que son corps musclé est moulé dans un short beige et un marcel noir, un marcel d’où ses épaules nues dégagent une sensualité torride. Opération risquée, vu que de sa peau, encore bien chaude sous l’effet de l’effort et de l’eau chaude, émane une fraîche odeur de bon, de propre, de doux, de simplement masculin.

    — Ca va Nico ?

    — Très bien, très bien, je suis heureux de cette victoire, vous avez vraiment très bien joué !

    Thibault sourit, un sourire lumineux et sympathique qui mettrait à l’aise n’importe qui.

    — Viens, je t’offre une bière, il me lance.

    Je tourne légèrement le regard vers la buvette et je me rends compte que le bobrun regarde effectivement dans notre direction. La proposition de Thibault me tente bien. Et puis, devant tant de gentillesse, de générosité et de grandeur d’esprit, ce serait délictuel de refuser.

    C’est ainsi que Thibault m’entraîne vers la buvette. Le beau pompier commande deux bières, il m’en tend une, il tape sa bouteille contre la mienne pour trinquer, tout en me regardant bien droit dans les yeux, et me balance un clin d’œil qui ferait fondre les neiges et les glaces le Pic du Midi en plein mois de janvier.

    Nous échangeons quelques mots, avant qu’un gars ne vienne chercher le jeune pompier. Thibault s’excuse, je le mets à l’aise. Un instant plus tard, je le regarde se mêler aux supporters et aux joueurs.

    Du coup, je me retrouve seul comme un con au milieu de mecs hétéro, bien souvent plutôt charmants, soit, mais que je ne connais pas et avec lesquels je n’ai rien en commun. Des mecs qui ne vont pas venir me parler et à qui je ne vais pas oser parler. Bien sûr, l’ambiance à la fête pourrait faciliter le contact, mais ma timidité maladive scelle mon isolement.

    La seule chose à faire, est de mater Jérém, beau comme un dieu, toujours torse nu et une bière à la main, le regarder en train de rigoler avec ses potes. De toute façon, entouré comme il l’est, entouré comme une petite star, je ne vais jamais oser l’approcher.

    L’approcher pour quoi, à la fin, pour me faire regarder de travers parce qu’il m’a vu parler avec Thibault ? Parce que je suis là et que ma présence pourrait le mettre mal à l’aise par rapport à ses potes ?

    Il est tellement pris dans la conversation qu’il ne doit même pas se rendre compte que l’heure tourne. Et alors que ses coéquipiers sortent déjà douchés et changés et prêts à partir, Jérém est encore en tenue de match.

    Je me délecte de pouvoir croiser des jeunes sportifs tout juste sortis du vestiaire, traînant autour d’eux une fragrance intense de gel douche et de shampoing, les cheveux encore humides, les brushings approximatifs, habillés de tenues toutes plus sexy les unes que les autres, jeans chemise pour la plupart, tous tenant à la main ces sacs de sport, véritables objets de fantasme.

    Habillé de son marcel noir affolant, donnant toute liberté à l’expression de la rondeur de ses biceps, ne laissant rien à deviner sur la puissance de son torse, Thibault approche de Jérém. Putain, quel tableau !

    L’un classe, tout propre, sentant bon un deo de mec. L’autre, toujours sapé en sportif, sentant tout aussi bon, mais dans une gamme olfactive bien différente, celle des odeurs d’homme après un gros effort.

    Le vent s’est remis à souffler et Jérém finit par remettre son maillot. Les derniers supporters commencent à partir. Le bruit des conversations s’étant réduit, je peux entendre Thibault s’adresser à son Jéjé :

    — On est tous prêts. Grouille-toi, on file au barbec’ chez le coach !

    — Partez devant, je vous rejoins après, j’entends Jérém lui répondre.

    — Grouille ! lui répète le beau mécano en se dirigeant avec d’autres coéquipiers vers le parking. Beau mécano qui n’oublie pas de me lancer un charmant sourire en guise d’au revoir.

    Jérém discute toujours avec deux gars, une conversation sui semble intarissable

    Soudain, seul comme un con avec ma bière, dans un terrain presque désert, je me sens à découvert, presque nu. Je sais que je n’ai rien à attendre de plus de cet après-midi. Jérém est attendu, et je me doute bien que l’appel d’une soirée entre potes après une victoire de finale risque fort de l’emporter sur l’appel de la queue. Oui, je doute fort que dans l’état d’euphorie dans lequel il est à ce moment-là, il ait la tête à un deuxième épisode de baise dans les vestiaires.

    La dernière gorgée de ma bière avalée, je pose mon verre sur le rebord et je me dirige vers la sortie du terrain. Inutile d’attendre plus longuement, je n’aurai pas l’occasion de le féliciter pour son exploit, de lui dire à quel point je l’ai trouvé touchant dans le jeu, à quel point ses larmes m’ont touché. Alors, je sens la tristesse et la frustration s’emparer de mon cœur.

    Je suis venu au stade pour lui montrer que je m’intéresse à ce qu’il fait et parce que je sais, car il me l’a dit, à quel point ce sport compte pour lui. Je suis venu pour m’assurer que son équipe gagne, car j’aurais été trop inquiet à attendre chez moi le résultat du match.

    Non, à la base je ne suis pas venu pour un gros câlin dans les vestiaires. Pourtant, il faut bien admettre que l’ambiance chargée de testostérone du match et de l’après match, ainsi que la vue de mon bobrun torse nu, a fini par me donner de sacrées envies.

    Je crève d’envie de mélanger mon corps au sien et de lui offrir un plaisir géant. De l’offrir à mon Jérém, mon Jérém à moi, le mec le plus sexy de la planète, de l’offrir au mec héro de ce match si important, de l’offrir au mec que j’ai vu pour la première fois ému aux larmes.

    Mais, à l’évidence, ce ne sera pas pour aujourd’hui. Je m’achemine vers la sortie du stade, déçu de n’avoir pu échanger ne serait-ce qu’un mot avec mon bobrun depuis mon arrivée à la buvette.

    Une fois dans la rue, la tristesse m’envahit, pas après pas.

    Et puis, en traversant un boulevard, mon portable émet un petit son aigu. Un message vient d’arriver. Et c’est le genre de message qui contient à mes yeux plus de poésie que l’intégrale de Baudelaire.

    — vestiaire mtn.

    COMMENTAIRES.

    Merci FanB, gripsou, Bab, Olivier, Pascal, many_nation, yann, cyril, Rodrigue (à qui je dois l’idée ce cet épisode autour de la finale) pour leur participation, de par leurs commentaires et leurs suggestions, à la trame et au développement de cet épisode.

    Merci à tous ceux qui ont participé à la soirée chat du 6 décembre dernier, ils s’y reconnaitront.

    Merci à tous les bogoss croisée un jour, dont le sourire, les larmes, la simple existence, m’a inspiré pour donner du réalisme à mes personnages et à mes situations.

    Cet épisode est vraiment un beau travail d’équipe.

  • JN01090 Dans la tête de Jérémie

    JN01090 Dans la tête de Jérémie

    Dans la tête de Jérémie, celle d’un petit gars de dix-neuf ans qui sent poindre en lui des envies déroutantes, c’est un parlement.

    Il y a d’abord le « logiciel cérébral » qui est chargé de la sécurité, de la stabilité du système Jérémie. Sa principale mission est de préserver une image conforme à la réputation que tu as tout fait pour se forger. Une image en adéquation avec les attentes qui découlent de cette réputation, à savoir : joueur de rugby admiré et redouté, bon pote, bogoss convoité, coureur de nanas. Mec populaire, quoi. Et en aucun cas, en-aucun-cas, homo refoulé. Au pire, baiseur de petit-pédé-comme Nico. Mais en scred, surtout en scred.

    Pare-feu est chargé de garder les apparences, que ce soit vis-à-vis des autres mais aussi et surtout vis-à-vis de Jérémie lui-même. Pare-feu est en veille permanente, il flaire les dangers, les perturbations nuisibles à l’image qu’il est en charge de préserver. Et dès qu’il détecte une anomalie dans le système, il alerte, autant qu’il faut. Il rappelle Jérémie à l’ordre, et il le fait avec une autorité certaine.

    Oui, Pare-feu est tout le temps en veille active, ou presque. Personne ne sait le faire taire, à part Plaisir. Plaisir, est un autre logiciel natif du système Jérémie, un logiciel très puissant. Sa prise de contrôle du système Jérémie est totale lorsqu’elle rencontre les extensions « Alcool » ou « Pétard » ou « Baise ». Lorsque Plaisir prend le contrôle, Pare-feu peut toujours causer : il n’y aura personne pour l’écouter.

    Depuis quelque temps, notamment depuis la première révision que son hôte, le beau Jérémie, s’est octroyée avec un certain Nico, Pare-feu se bat sans répit avec Plaisir. Ce qu’il reproche à ce dernier, c’est de n’avoir ni principes, ni de morale.

    C’est à cause de Plaisir que Jérémie a dit « oui » à – pour citer un rapport d’erreur récurrent de Pare-feu – « ces maudites révisions qui ont tout mis sens dessus dessous ! »

    Plaisir, quant à lui, est un « logiciel très masculin », celui qui fait que Jérémie, comme tout garçon, se laisse si souvent mener par le bonheur des sens, que ce soit celui apporté par l’alcool, par la fumette, par le sport, par la compagnie des potes. Et, par-dessus tout, par le sexe.

    Pare-feu n’en démord pas, c’est la faute de Plaisir si Jérémie se laisse trop souvent mener par sa queue, et pas toujours à bon port.

    Pare-feu et Plaisir ne s’entendent vraiment plus. Alors, depuis quelques temps, Plaisir semble avoir tendance à copiner davantage avec Ego Viril.

    Ego est encore un logiciel natif du système Jérémie, et c’est un véritable coquin, il aime par-dessus tout être flatté, d’où que ça vienne. Que ce soit le regard admiratif ou envieux de ses potes, de ses coéquipiers de rugby, ou de ses adversaires de rugby, que ce soit le regard rempli de désir d’une nana, Ego est preneur, et insatiable.

    Oui, un regard rempli de désir ça le fait kiffer par-dessus tout. Même lorsqu’il s’agit du regard venant d’un autre gars, comme ça lui arrive parfois. Et notamment lorsqu’il s’agit du regard de Nico, rempli de cette admiration sans limites pour la virilité de Jérémie.

    Si Ego s’entend si bien avec Plaisir, c’est que lui non plus ce ne sont pas les principes qui l’étouffent. Car lorsque Ego est comblé, son hôte Jérémie ressent en lui des sensations qui le font se sentir si bien : l’assurance d’être populaire auprès de sa bande de potes, d’être le jeune premier sur un terrain de rugby, d’être convoité en tant que mâle, et d’être un bon coup au pieu. Et ça, les sensations d’être admiré, jalousé, convoité et désiré, ce sont autant de formes de plaisir, même parmi les plus puissantes formes de plaisir qui soient.

    Et comme s’il n’y avait pas encore assez de bordel dans la tête de Jérémie, attendez qu’on ait fait état de la présence dérangeante du logiciel Petite voix.

    Petite voix est l’élément le plus controversé dans la tête de Jérémie. On ne l’entend pas souvent, et dès qu’il s’exprime, il dérange absolument tout le monde. Car il ne se prive pas de tenter de faire bugger tout le monde. Son nom entier est Petite Voix Cachée, mais on l’appelle tout simplement Voix. Voix est persona non grata dans le système d’exploitation Jérémie 2001.

    La raison ? C’est simple. Les analyses de Voix sont déstabilisantes, et ceci pour chacun des trois premiers « logiciels » installés dans la tête de Jérémie. Il ne semble œuvrer que pour les faire bugger.

    Les analyses de Voix peuvent perturber Pare-feu car ils sont souvent plutôt dangereux pour l’image de Jérémie. D’ailleurs, les analyses parfois diamétralement opposées de Pare-feu et de Voix produisent souvent des bugs dans la petite tête du beau brun.

    Pare-feu aime faire dans l’apparence, dans l’hétéro-sexuellement correct. Alors que Voix est dans le vrai à chaque instant. Pare-feu a généré une analyse, un soir, après une bonne branlette, sur la route du sommeil, qui disait : « Jérémie n’aime que les nanas ».

    Analyse à laquelle Voix a rétorqué, du tac au tac, avec la sienne : « C’est pour ça qu’en ce premier après-midi de révisions, il a baisé Nico, et pas qu’une fois ! ».

    Les analyses de Voix peuvent également troubler Ego, car ils vont à l’encontre de son côté macho. Un grand froid s’est glissé entre eux le jour où Voix a notifié : « Tiens, faudrait un jour se décider à admettre que ça t’excite davantage de voir Nico te sucer que n’importe quelle nana ! ».

    Et ce froid perdure toujours.

    Les analyses de Voix parviennent même à faire bugger Plaisir, des trois logiciels le moins sensible aux perturbations. Ainsi, le dernier grand clash en date entre eux a eu lieu un soir où Jérémie était sous la douche.

    Ce soir-là, pendant que Jérémie se branlait, Pare-feu avait pris la main du système et se plaisait à superviser sa montée du plaisir de son hôte en lui envoyant un fichier contenant le souvenir de baise avec une nana qui était passée dans son lit quelques jours plus tôt.

    Le chargement du souvenir « Baise avec nana 049 » faisait son effet, Plaisir s’emballait et Jérémie approchait à grand pas de l’orgasme.

    Et c’est là que Voix, profitant de l’emballement de Plaisir et de la distraction de Pare-feu, avait arrêté le chargement du souvenir « Baise avec nana 049 » pour lancer un fichier à moitié censuré, « Baise avec Nico 001 ».

    Ce fichier contient le souvenir de la première fois où sa queue s’était glissée entre ses lèvres. La première fois qu’il avait joui dans sa bouche. La première fois où il s’était senti glisser entre ses fesses.

    Et sous sa douche, Jérémie avait terminé son affaire avec l’image de Nico projetée sur l’écran de sa jouissance intense. Démonstration est ainsi faite qu’il suffit de faire plaisir à Plaisir pour que Plaisir s’adapte à n’importe quelle situation avec plaisir.

    Le logiciel Voix est coquin, sournois, mais son plus grand défaut c’est de produire des analyses excessivement objectives. Et l’objectivité, préalable de la franchise et de la vérité, met souvent les gens mal à l’aise. Dans ses analyses, Voix parle souvent « sexuellement incorrect » et prend un malin plaisir à mettre son hôte devant ses contradictions. Et ça, ce n’est vraiment pas facile à supporter.

    Mais par-dessus-tout, le logiciel Voix est insistant, persévérant, inépuisable. Plus on essaie de l’ignorer, plus il produit des analyses percutantes. Et comme il est caché, comme il n’apparait pas dans le tableau des Paramètres du système, et Jérémie ne sait pas où aller le trouver pour le désactiver. Enfin, si, à vrai dire, le beau brun sait parfaitement où Voix se cache. Mais pour aller l’inquiéter, il faut avoir le courage de se retrouver face à soi-même. Et ce courage n’est pas donné à tout le monde.

    Non, Voix n’est pas un logiciel apprécié. Car non seulement elle produit des bugs avec chacun des autres logiciels installés dans la tête de Jérémie, mais il se paie même le luxe de faire bugger les trois premiers entre eux.

    Entre Pare-feu et Plaisir, par exemple. Comme lorsqu’il avance que prendre son pied avec Nico, bien que très profitable à Plaisir, n’est pas du tout compatible avec le statut d’hétéro que Pare-feu et Ego s’évertuent à défendre.

    Il est des moments où Voix trouve devant elle un boulevard ouvert dans le système d’exploitation Jérémie. C’est lorsque ce dernier est en proie au doute et à la mélancolie. Lorsqu’il a bu, mais qu’il n’est pas encore saoul. Lorsqu’il a fumé, mais qu’il n’est pas encore déchiré. Lorsqu’il vient de jouir. Lorsqu’il est seul, dans sa chambre, la nuit.

    Pendant ces moments, elle peut produire ses analyses sans peur d’être dérangée par les trois autres. Car Jérémie lui offre la priorité totale des ressources de système.

    Analyse du logiciel VOIX du samedi 14 juillet 2021, 23h49.

    C’est toujours un truc de dingue avec Nico. Et ce n’est pas juste parce qu’il suce bien, et de mieux en mieux. Pas juste parce que tu kiffes à mort le baiser. Non, il y a autre chose. Tu l’aimes bien plus que tu ne veux l’admettre, ce petit Nico.

    Ça t’a contrarié qu’il ait couché avec ce Stéphane.

    Et s’il avait quand même envie de recommencer avec un autre mec, comme ce type avec qui il a failli repartir du KL, ça te ferait quoi ?

    C’est si dur d’admettre que ce Nico te fait un bien fou ?

    Tu as peur de t’attacher à Nico, car tu te dis que c’est très dangereux de se s’attacher. Et a fortiori à un mec. Tu te dis que cette histoire est déjà allée beaucoup trop loin, et qu’elle est en train de remuer trop de choses. Tu te dis que tu n’aurais jamais dû céder à sa proposition de réviser.

    Tu te posais des questions, tu avais des envies. Tu as voulu essayer avec un mec, avec Nico. Et ce que devait être juste une aventure sans prise de tête a pris une tournure inattendue. Une tournure qui est en passe de t’échapper des mains.

    Tu penses parfois à l’époque où tu ne te tapais que des nanas, et tu te dis que ta vie était tellement plus confortable.

    Elle l’était, plus confortable. Mais elle était également emplie de frustrations. Parce que tu ne savais pas ce que tu voulais, tu ne savais pas qui tu étais. Tu cherchais des réponses. Celles que tu n’as pas trouvées dans les quelques approches furtives avec les garçons que tu as croisés avant Nico.

    Avec Nico, c’est différent. C’est le premier garçon qui est vraiment amoureux de toi. Avec Nico, tu as commencé à trouver des réponses. Le fait est qu’elles te font peur.

    Déjà, tu as eu confirmation du fait qu’en ce qui te concerne, coucher avec une nana c’est bien, mais coucher avec un mec, c’est beaucoup mieux. Et, alors, coucher avec Nico, c’est le kif ultime.

    J’imagine que Pare-feu arguerait qu’un mec ne baise que des nanas. Et que si déjà par le passé tu lorgnais sur les garçons, ce n’était qu’une erreur d’aiguillage et que tu dois tout faire pour revenir et te maintenir sur le droit chemin.

    J’ai pu me procurer un rapport secret rédigé conjointement par Ego & Plaisir. Dans ce rapport, EGO affirme que depuis qu’il s’amuse mieux avec Nico qu’avec les nanas. Il semblerait qu’il apprécie tout particulièrement sentir le regard de Nico l’adorant comme un Dieu. Je cite :

    « Il est bien mignon ce petit Nico, avec son physique élancé, avec ses cheveux châtains en bataille, ses lèvres sensuelles. Et ses yeux emplis à la fois de désir, mais aussi d’amour. C’est bon de se sentir désiré et aimé ».

    Quant à PLAISIR, il affirme sans détours qu’il n’a jamais pris autant son plaisir auparavant.

    Je peux donc en conclure avec une certitude raisonnable que ces deux logiciels travaillent en parfaite mauvaise fois lorsqu’ils affirment s’aligner aux positions de PARE-FEU.

    Cependant, ce serait une erreur de leur en tenir rigueur. Le fait est que tous trois ne sont toujours que des logiciels primitifs assurant à Jérémie qui le sentiment de sécurité, qui le plaisir, qui l’estime de soi.

    Ces ensembles d’algorithmes primitifs aiment le statu quo, la rassurante ivresse de la normalité. Tout changement les perturbe. Ego & Plaisir & Pare-feu ne sont l’expression de la personnalité d’un garçon de 19 ans, et leur cohérence à eux c’est ce qui les arrange à l’instant T.

    Ce n’est pas étonnant que, face aux bouleversements auxquels Jérémie est confronté dans cette période de sa vie, ils ne comprennent pas qu’il a besoin que ses quatre logiciels principaux travaillent main dans la main pour lui bâtir un nouvel équilibre au lieu de s’affronter sans cesse et de le perdre chaque jour un peu plus.

    En conclusion.

    Jérémie, tu ne dois pas prêter attention quand Pare-feu affirme que ce n’est pas avec un pédé que tu devrais parfaire sa connaissance du plaisir. Que cette histoire va te perdre. Que ce mec est en train de te faire mal tourner.

    Jérémie, tu dois M’écouter, tu dois T’écouter. Tu dois cesser de trop prêter attention aux analyses de Pare-feu, car elles te font vivre dans la peur, et elles te paralysent. Si tu parviens à apprivoiser Pare-feu, Plaisir & ego suivront, et tu les auras dans ta poche.

    A contrario, si tu les écoutes trop, si tu ne T’écoutes pas assez, tu finiras par passer à côté de ce qui est vraiment important pour toi.

    Ego & Pare-feu. — Il ne faut pas devenir pédé.

    Plaisir. — Il n’y a que la baise de vrai.

    VOIX. — Ah, vous vous réveillez…

    EGO & PARE-FEU & PLAISIR : On ne peut pas te laisser dire n’importe quoi !

    Voix. — Et… Thib, dans tout ça ?

    Plaisir. — C’était bon aussi…

    Pare-feu. — Jérémie et Thib sont deux vrais mecs, ils sont potes, pas pédés !

    Voix. — C’était déjà arrivé…

    Pare-feu. — Mais c’était il y a longtemps, ils étaient des gosses !

    Plaisir. — Et c’était déjà très très bon…

    Pare-feu. — Mais là ils sont adultes, ils ne peuvent plus faire n’importe quoi ! Si l’autre soir il y a eu ce qu’il y a eu, c’est parce que Jérém n’était pas bien et qu’il a trouvé dans la proximité de Thib une sorte de réconfort…

    Voix. — Qu’est-ce que tu ressens pour Thibault ? Seulement de l’amitié ? Tu joues sur trop de tableaux, Jérémie. Nico, Thibault…

    PARE-FEU & EGO : Mais ferme ta gueule, VOIX !

    PLAISIR : De toute façon, Jérémie va boire un coup et tirer un coup, il y va de ce pied, et il va lui couper le sifflet !

    VOIX : Certes, il est toujours possible de bloquer un temps le canal de diffusion de mes analyses en insistant avec l’alcool, ou avec la fumette, ou avec le sexe. Mais ça ne va pas durer, et je reviendrai.

    Tu sais bien, Jérémie, que tu ne peux pas me désactiver pour de bon. D’ailleurs, je n’ai même pas besoin de produire de nouvelles analyses. Parce que tout ce que j’ai produit jusqu’ici résonne en toi à chaque instant.

    Car je suis le seul à produire des analyses qui te touchent au plus profond de toi-même. Il y a une raison à cela. Nous ne tournons pas sur les mêmes processeurs. PARE-FEU tourne sur le processeur « Cerveau ». PLAISIR tourne dans le processeur « Queue ». EGO tourne tantôt sur le premier, tantôt sur le second.

    Quant à moi, je suis le seul à tourner sur le processeur le plus puissant dont tu disposes, le processeur « Cœur ».

  • JN01089 Dans ma tête, dans mon cœur, dans ma chair

    JN01089 Dans ma tête, dans mon cœur, dans ma chair

    Vendredi 13 juillet 2001, 16h00.

    A mon réveil, en milieu d’après-midi, les petits tracas de ma vie d’adolescent amoureux reviennent à la charge. Avec, en point d’orgue, une question obsédante : comment retrouver mon Jérém, comment m’y prendre ?

    Et une autre aussi : quel est la véritable nature de la relation entre Jérém et de Thibault ?

    Je suis cerné par des doutes. Des doutes qui, malgré mes tentatives répétées de m’en débarrasser en me disant que la probabilité que cette relation aille au-delà de la pure amitié est infime, et même absurde, n’arrivent pas à disparaître.

    Des doutes qui ne cessent de me torturer l’esprit, et dont je ne peux parler à personne. Ni à Jérém, qui se braquerait de suite, ni à Thibault, de peur de faire fausse route, de peur de perdre son amitié. Ni même à Elodie, de peur de la saouler.

    Par moments, j’arrive à me dire que je me fais des films, que je devrais écouter Elodie, et me convaincre du fait que la seule chose que Thibault pourrait m’envier, c’est le fait de lui voler un peu de sa complicité avec son pote.

    Après m’être secoué de la torpeur de ma sieste, je sors le maillot de Wilkinson de son sac, je le déplie. Un mélange d’espoir et de crainte s’agite en en moi lorsque j’essaie d’imaginer l’instant où je le lui donnerai. Je ne sais pas quand l’occasion se présentera. J’espère qu’elle se présentera. J’espère que ça va lui faire plaisir. Et je me sens apaisé.

    Mais déjà un instant après, les mêmes questions reviennent à la charge dans mon esprit.

    Quand est-ce que je reverrai mon beau brun ? Dans quelles dispositions sera-t-il à mon égard après cette folle nuit avec le beau Romain, après sa jalousie, lorsqu’il avait préféré laisser le beau barbu me sauter plutôt qu’assumer qu’il tient à moi ? Comment le retrouver après cette dernière sauterie dans le noir, après le départ de Romain, sauterie qui m’avait laissé entrevoir un Jérém doux, câlin, adorable ?

    Bien sûr, si je m’arrête à cette scène finale, sorte de feu d’artifice magique, le « film » aurait tout d’un happy end auquel on pourrait facilement une suite heureuse. Hélas, il faut compter avec le réalisateur-scénariste Tommasi, jamais à court de rebondissements inattendus.

    D’une part, il y avait eu le lendemain matin, mon réveil seul dans le lit et l’appart de la rue de la Colombette. Jérém était parti avant mon réveil. Qu’avait-il à faire de si bonne heure ? Son départ en catimini n’était pas simplement dicté par une envie de m’éviter au réveil ?

    Ensuite, il y avait eu la petite cata à l’occasion du match de rugby de l’après-midi. Jérém à côté de ses baskets, incapable d’assurer le jeu pendant la demi-finale. Jérém qui tombe et se blesse à l’épaule.

    Une situation qui m’inquiète profondément. Et ce, malgré les mots bienveillants du beau pompier et de ma cousine. L’un comme l’autre ont tenté, chacun à sa manière, de m’affranchir de toute responsabilité à ce sujet. Mais je ne m’en sens pas moins coupable.

    Je me dis que Jérém doit bien m’en vouloir d’une façon ou d’une autre. Que ce soit pour l’avoir provoqué lors du retour du KL, l’entraînant par ricochet dans une longue nuit de sexe la veille d’un match important. Que ce soit pour avoir baisé avec le beau barbu, et ce malgré que l’idée soit venue de lui. Ou bien, qu’il regrette de s’être laissé aller à cette tendresse au petit matin.

    Son silence après mon SMS de lundi, dans lequel je lui demandais des nouvelles de sa blessure, me laisse imaginer son état d’esprit à mon égard. Un état d’esprit hostile.

    Et si je suis inquiet qu’il m’en veuille pour ce qui s’est passé dimanche dernier, je suis carrément effrayé à l’idée qu’il puisse me détester si jamais il ne pouvait pas jouer ce dimanche. Et si cela devait entraîner la défaite de son équipe lors de la finale du championnat.

    Depuis que j’ai appris pour sa blessure, je n’ai cessé de chercher un moyen de l’approcher, de prendre de ses nouvelles. Mon départ pour Londres a rendu impossible toute approche physique depuis. J’y ai pensé pendant tout mon séjour dans la capitale anglaise. J’y ai pensé même pendant le concert. Dans l’avion, l’idée d’aller le voir pour lui offrir le maillot me semblait une excellente initiative. Une fois à Toulouse, je me dis que ça ne l’est pas. Et encore moins depuis que j’ai appris ce qui s’est passé dimanche dernier.

    Ainsi, depuis mon retour hier après-midi, mes pensées oscillent entre le souvenir heureux du concert de Londres et l’angoisse de mes questionnements sans réponse.

    Je voudrais aller courir sur le Canal pour me changer les idées. Mais je n’en ai pas le courage. Et mes idées ne changent pas, mes questions demeurent sans réponse. L’après-midi finit par me glisser entre les doigts. Et le soir, après une séquence de nuits londoniennes à la durée de sommeil aléatoire, le lit m’appelle de bonne heure.

    Dans mes draps, dans le noir, je porte à mon nez tour à tour ce t-shirt et ce boxer que j’ai subtilisé de sa salle de bain dimanche dernier. Je ferme les yeux, et les odeurs qui se dégagent des tissus qui ont caressé sa peau et recueilli ses bonnes petites odeurs de mâle m’apportent sa présence. J’ai envie de lui. Chaque cellule de mon corps a envie de lui. Je me prends à rêver qu’il puisse m’envoyer un SMS genre : « viens, depeche, on baise ».

    Et lorsque mes doigts se posent sur ma queue, nombre d’images toutes plus érotiques les unes que les autres, s’entrechoquent dans ma tête.

    J’ai envie de l’avoir en bouche, de le sentir déchainé, de le sentir coulisser entre mes lèvres, taper au fond de mon palais. J’ai envie de le sucer dans le beau maillot que je lui ai acheté. J’ai envie de le sentir rugir son plaisir, de sentir ses jets denses et chauds s’abattre lourdement à l’entrée de ma gorge. J’ai envie de retrouver son goût de mec.

    Et j’ai envie de le sentir en moi. J’ai envie qu’il me prenne devant le miroir, sur le lit, par derrière, par devant. J’ai envie de le sentir venir en moi avec puissance, autorité, sans me laisser le choix. J’ai envie de m’offrir à lui comme jamais. J’ai besoin de me sentir l’objet de son plaisir, un plaisir qu’il prendra comme il le voudra, autant qu’il le voudra.

    J’ai envie de le voir jouir, envie de savoir qu’il a lâché son jus en moi.

    J’ai envie de me sentir rempli de lui dans tous mes trous.

    J’ai vraiment envie de tout ce dont il aurait envie.

    Et j’ai envie de le voir repu juste après, envie de voir le mâle qui se détend après avoir pris son pied.

    Du moins, jusqu’à ce que je jouisse, dans ma main, sur mon torse.

    Dès lors, mes fantasmes perdent très vite d’intensité, jusqu’à disparaître. Et là, c’est moins de sa queue que de sa présence toute entière, moins d’une baise épique que d’une étreinte dans le noir, dont je ressens le besoin. Son torse dans mes bras, mon nez dans ses cheveux. Ou, mieux encore, ses bras autour de mon torse, son visage dans le creux de mon épaule.

    Qu’est-ce que j’ai envie de le sentir près de moi !

    La branlette a un pouvoir apaisant, et lorsqu’on est apaisé, on arrive à mieux appréhender les choses. Alors, porté par cet état de bien être post-coïtal, je décide de lui envoyer un nouveau SMS.

    « Salut, Jérém, comment vas ton épaule ? ».

    Simple, sans fioritures. N’importe quel pote aurait pu lui envoyer ce genre de message. Et j’imagine que, venant de n’importe quel pote, ça lui ferait plaisir et qu’il y répondrait, même brièvement.

    Je sens mon corps s’engourdir. C’est dingue le pouvoir d’une simple branlette de mettre un garçon KO.

    Samedi 14 juillet 2001.

    Hélas, sa seule réponse, est une fois encore le silence. Un écran vide, voilà ce que je découvre à mon réveil. Enième déception qui amorce mal la journée.

    Je vais courir sur le canal pour changer d’air. L’album « Music » à fond dans mes oreilles me donne la pèche. Et ça me rend déjà nostalgique. Je n’arrive toujours pas à croire que 36 heures plus tôt j’étais à Londres en train d’écouter Madonna chanter. C’est fou ! 36 heures déjà ! Bientôt ça fera une semaine, puis un mois, puis une année. Mais je sais que je ne perdrai jamais ce souvenir. Parce qu’avant de quitter la maison, j’ai ébauché un petit texte retraçant cette folle aventure. Quelques notes en vrac, pour marquer le coup, que je complèterai quand mon esprit sera un brin plus calme.

    En attendant, j’irai faire un tour à la boutique au sous-sol du métro Jean Jaurès. Ils ont toujours des CD qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Peut-être qu’ils auront le live du concert. Il faut que je me le procure à tout prix.

    Midi arrive, je rentre à la maison. L’écran de mon portable est toujours muet. Il fait chier le bogoss. Il m’énerve à bouder de cette façon à la con. Le fait est que, plus son silence s’étire, plus je me sens inquiet. J’ai besoin de savoir s’il pourra jouer demain.

    Demain après-midi, je serai au match, c’est sûr. Mais, en attendant, j’ai besoin de savoir. Au risque d’être déçu et attristé par ce que je vais apprendre.

    J’ai envie de l’appeler. J’affiche son numéro dans le répertoire. Je le fixe pendant de longues minutes, sans me résoudre à appuyer sur le bouton vert. Je me dis que s’il n’a pas répondu à mes SMS, je doute fort qu’il apprécierait que je l’appelle. Je n’ose pas non plus renvoyer de message à Thibault.

    C’est à table, en dégustant les lasagnes de maman, que je me dis que si Jérém ne répond pas à mes SMS, je peux toujours passer le voir.

    Bien sûr, c’est encore moins discret que de l’appeler. Mais au moins j’aurais une réponse à mes inquiétudes, rien qu’en voyant sa tête. Et puis, j’ai grave envie de le voir. Si, je vais aller le voir. Je vais aller le voir chez lui à l’heure de sa pause.

    Je traversé le pont St Michel et je m’engouffre dans les allées qui m’amènent à traverser le Grand Rond fleuri, et je me retrouve quelques minutes plus tard dans cette rue qui représente à mes yeux non seulement l’artère la plus importante de Toulouse, mais le centre même de l’Univers. C’est mon univers à moi, si cher à mon cœur, mon « Du côté de chez Jérém ».

    C’est une belle journée, le vent d’Autan est fidèle à son poste. Il souffle très fort, il souffle le chaud et le froid, suivant les moments, les endroits, au gré des passages de nuages qui éclipsent ou laissent percer le soleil. Il caresse ma peau, traverse mon t-shirt, fait frotter le coton sur mes tétons. Au fil de mes pas, ça éveille mes sens et me remplit d’envies de plus en plus violentes.

    Pendant que je marche, je cherche à imaginer une occasion pour lui donner le fameux maillot. C’est sciemment que je ne l’ai pas pris avec moi cet après-midi. Je ne sais pas dans quel état d’esprit je vais le trouver et je n’ai pas envie de me le voir balancer ce joli maillot dans la gueule.

    Lorsque j’arrive devant la porte en bois, lorsque mes yeux lisent le mot « Tommasi » sur la touche de l’interphone, mon cœur bat très fort la chamade. J’entends mon cerveau reptilien crier un « FAIS DEMI-TOUR ! » de pure survie.

    Je fais violence à mon bras pour qu’il amène mon doigt jusqu’au bouton. Et je sonne.

    Les secondes se suivent, s’accumulent, sans qu’il y ait une réponse. Je sonne une deuxième fois, un peu plus longuement. Mais toujours pas de réponse.

    J’en déduis que le bogoss ne doit pas être là. Est-ce qu’il est toujours à la brasserie ? Il ne me reste qu’à m’y rendre pour en avoir le cœur net. En partant, je lève les yeux vers la terrasse. Le parapet auquel je l’ai tant de fois vu appuyé, en train de fumer, après avoir joui, est si triste sans sa présence.

    Je décide de rentrer en longeant le Canal. Je suis le chemin entre le bord de l’eau et l’alignement de platanes. En arrivant à hauteur de la Halle aux Grains, je ne peux m’empêcher de faire un crochet pour passer devant la porte où j’ai connu un garçon nommé Stéphane et un labranoir nommé Gabin.

    Et je continue dans la rue de Metz.

    La terrasse de la brasserie à Esquirol est bondée en ce début de samedi après-midi. Mais je ne vois pas mon Jérém. Visiblement, il n’est pas là non plus. Mais où est-il donc ? S’il le faut, il est coincé entre les cuisses d’une nana. Ou bien à un entraînement en vue du match de demain. J’aimerais tellement que ce soit le cas !

    Malgré ma déception, je me pose à une table et je commande un café, qui m’est servi peu après.

    Pendant que je le bois, je retrouve le souvenir de Jérém dans son t-shirt noir qui déconne avec Thibault. J’adore leur complicité. Jérém qui nous offre une tournée, un petit regard charmeur qu’il laisse trainer dans ma direction.

    Je bois mon café et je me dis que, sans la présence de Jérém, cette terrasse perd pas mal d’intérêt à mes yeux.

    La terrasse ne désemplit pas. Les serveurs sont tellement débordés que je n’ose pas les déranger pour régler mon pauvre café. L’attrape mon ticket et je décide d’aller payer directement en caisse, à l’intérieur.

    Et là, c’est le choc. Posté derrière le comptoir, le torse enveloppé par une chemisette blanche qui moule sa plastique de façon scandaleuse, le col bien remonté derrière son cou puissant, les deux boutons du haut ouverts, laissant entrevoir un V de peau mate d’où se détache sa belle chaînette de mec. Le voilà mon bobrun, sexy à en donner des frissons.

    Le bogoss s’active entre la machine à café et les fontaines à bière. Il est tellement pris par ses multiples occupations qu’il ne m’a même pas vu rentrer. Je suis pourtant à moins de deux mètres de lui.

    Je suis surpris de le trouver ici. je croyais qu’il devait se reposer.

    Sur ce, son patron rentre de la terrasse, un plateau vide à la main, et s’adresse à lui.

    « Merci d’être venu nous filer un coup de main, Jérém. T’as vu ce monde. On aurait été mal sinon ».

    Et il repart en prenant un nouveau plateau plein, sans attendre la réponse de Jérém, réponse qui ne viendra pas d’ailleurs, le bogoss étant déjà en train de préparer une nouvelle commande.

    J’approche du comptoir. Et c’est un choc multi sensoriel. Son parfum percute mes narines, sa présence rapprochée brûle mes rétines, impacte mes neurones.

    Le rythme soutenu de ses mouvements dans le petit espace derrière le comptoir semble avoir chauffé ses muscles. Le bogoss a l’air d’avoir chaud. Sur son visage, dans son cou, jusqu’au triangle de peau mate entre les pans ouverts de sa chemisette, sa peau semble briller d’une fine couche de transpiration.

    Je n’ai qu’une envie, ouvrir un à un les boutons encore scellés de cette chemisette, ouvrir tout doucement les deux pans et plonger mon nez dedans pour en capturer le plus longtemps possible les effluves tièdes. Puis, poser ma langue sur sa peau, descendre jusqu’à son pantalon. Ouvrir sa braguette, écarter un peu l’élastique de son boxer, plonger le nez dedans, me laisser enivrer. Humer le délicieux bouquet de petites odeurs de mâle qui se dégagent de son intimité. Et…

    « Tu fais quoi là ? ».

    Le ton de sa voix est sec. Son regard est dur, agacé. Son visage porte encore des traces de coups, souvenir typiques d’un match de rugby difficile. Petit détail qui, mélangé à cet air coléreux, le rend sexy à en pleurer. Il est beau comme un Dieu.

    Qu’est-ce qu’il m’a manqué ce petit voyou ! Sa belle petite gueule, l’harmonie de son corps. Son parfum, sa façon de bouger, sa voix. Et je m’en rends compte d’une façon encore plus nette alors que sa présence vient à moi de façon si inattendue.

    « Bah…rien… » je lui réponds, déstabilisé, pendant qu’il continue de s’agiter dans le petit espace autour de son plateau.

    « Je… je… je passais par là et j’avais envie d’un café. Je ne pensais pas te trouver ici. Mais ça me fait plaisir de te voir. Ça va l’épaule ? ».

    « Vite fait » il répond plutôt sèchement, faisant face à la machine expresso, me tournant le dos, me laissant admirer par la même occasion l’angle et le relief incroyable de ses épaules, la perfection avec laquelle les manchettes épousent ses biceps, la précision avec laquelle le tissu, pourtant non extensible, épouse le V vertigineux de son dos.

    Sa réponse est du genre à couper court à toute envie de causette. Ce mec n’a pas son pareil pour me mettre mal à l’aise lorsqu’il est en pétard. Car il a vraiment l’air en pétard. Evidemment, j’imagine que c’est ma présence qui le met dans cet état. Je n’aurais pas dû venir.

    Le silence qui s’en suit devient vite gênant. J’ai beau chercher un truc marrant pour essayer de le faire rire, je ne trouve pas mieux à dire que :

    « Je viens régler mon café. ».

    « On s’en branle de ton café. » il m’aboie dessus.

    « Viens par-là » il me glisse, après avoir jeté un regard vers la porte qui donne en terrasse, accompagnant ses mots d’un signe de la tête, l’air des mauvais jours.

    J’approche un peu plus, Jérém se penche au-dessus du comptoir.

    « Nico, tu… ».

    Mais déjà l’un des serveurs se pointe pour chercher le plateau que mon bobrun vient de terminer, et mon. Et ça le coupe net dans son élan.

    « Trois café, un Orangina et une menthe à l’eau pour la 9 ! » il lui balance en repartant.

    Et déjà un client vient pour régler sa consommation, puis un autre, puis le serveur revient. Je sens que Jérém veut me parler de quelque chose qui l’énerve, mais qu’il en est empêché par le contexte. On dirait un lion en cage. Il est bridé, il mord son frein, mais ses regards noirs en disent long.

    Profitant d’un moment de calme, il réussit à me lancer, le regard fixe et dur, les sourcils en mode colérique faisant comme un double accent à chapeau :

    « Je suis en pause vers cinq heures. Viens à l’appart, j’ai à te causer ».

    « D’accord » je lui réponds, surpris et inquiet, les mains tremblantes.

    Je quitte la salle de la brasserie en essayant de garder une certaine contenance. Difficile quand on se retrouver soudainement avec des jambes en coton.

    Mais qu’est ce qui se passe ? « Viens à l’appart, j’ai à te causer ». Ça a l’air d’une convocation pour « faute grave ».

    Mais quelle mouche l’a-t-il piqué ? J’en ai déjà des sueurs froides. Ça sent le gros reproche, ça sent la dispute imminente, inévitable, je la sens gronder dans l’air comme l’orage qui semble s’annoncer dans les nuages qui ont fait leur apparition au loin dans le ciel d’été.

    Il est 15 heures. Deux heures à poiroter et à regarder la pression monter. Je n’ai pas envie de me disputer avec lui. Mais si je ne vais pas le voir tout à l’heure, je sens que je peux l’oublier.

    Et puis, il faut que je sache ce qu’il a à me reprocher.

    Je tente de déchiffrer ses mots.

    « Nico, tu… ». C’est mince comme indice.

    « Nico, tu… tu n’as pas autre chose à foutre que de venir me faire chier à mon taf ? ».

    Ou bien :

    « Nico, tu dois arrêter de m’emmerder ! ».

    Ou même :

    « Nico, tu m’as fait rater mon match de dimanche et pour ta faute je ne pourrai même pas jouer demain ».

    Un frisson parcourt mon dos pour chacune de ces possibilités, et en particulier pour la dernière.

    En attendant l’heure, je pars faire un tour au magasin de CD de la place Wilson. Un tour consciencieux, rayon par rayon, étage par étage, pour tenter de me distraire. Hélas, je réalise très vite que dans l’état d’inquiétude qui est le mien, je n’ai même pas l’esprit à me laisser transporter par le bonheur de mater les beaux mecs.

    En sortant de là, je me rends dans le petit magasin de CD dans le métro Jean Jaurès. Le double CD du concert de Madonna à Milan me saute directement dans les mains.

    17h03 je suis à nouveau devant l’interphone « Tommasi », le cœur qui bat à tout rompre.

    Le vent a un peu faibli, et le ciel est désormais couvert de nuages sombres. J’entends gronder au loin, l’orage approche. La météo fait écho à mon ressenti vis-à-vis de cette rencontre. Je sens qu’il y a de l’électricité dans l’air.

    Dans ma tête, un mélange d’excitation, d’inquiétude, de stress, de crainte. Qu’est-ce qu’il a à me causer au juste ? Je respire profondément, j’expire lentement. Une, deux, trois fois. Mais ça a l’effet inverse, maintenant j’ai la tête qui tourne. Et je me sens encore plus à côté de mes pompes.

    Mon doigt tremblant finit par appuyer sur la sonnette. Je n’ai pas le temps de relâcher le bouton que le bruit désagréable de la serrure électrique retentit dans la rue.

    Je grimpe les marches d’escalier quatre à quatre, « idéal » pour se calmer et se préparer sereinement à une discussion qui s’annonce houleuse.

    Lorsque j’arrive devant la porte de l’appart, elle s’ouvre illico. Jérém se tient dans l’embrasement de la porte. Ah, putain, nouveau choc ! Une fois de plus, qu’est-ce qu’il est beau et sexy avec ces coups sur le visage ! Sans parler de cette expression de colère qui n’a pas quitté sa belle gueule sexy, ou de cette chemisette blanche de fou, ou bien de cette cigarette encore éteinte posée au coin de ses lèvres. J’ai envie de lui. J’ai envie de hurler. J’ai envie de lui à hurler.

    D’un petit geste de la tête, il me fait signe d’entrer. Il avance vers la porte vitrée en terrasse et s’arrête sur le seuil, le dos appuyé au mur. Il allume sa cigarette et tire dessus une première fois. La fumée chaude traverse ses poumons en provoquant sur son visage la grimace typique.

    Je referme la porte derrière moi. Et instantanément mes narines sont touchées et coulées par l’odeur de cet appart, si racé, si caractéristique, si unique, par ce mélange d’odeur de gel douche, de cigarette, de deo, de lessive, de tanière de mec. Cette tanière qui vibre de sa présence masculine.

    Je le regarde fumer en silence. Fumer et me toiser. Le silence devient gênant. J’ai besoin d’entendre le son de sa voix. J’ai besoin de savoir ce qu’il a à me reprocher. J’ai toujours l’impression que si je suis là, c’est pour me faire passer un savon.

    Je me sens comme une petite mouche prise dans une toile d’araignée, en attendant que la grosse bête vienne la dévorer.

    Vite, casser le silence.

    « Je ne m’attendais pas à te trouver à la brasserie, je pensais que tu étais au repos ou à l’entraînement. » je tente de me justifier.

    Dehors, ça gronde de plus en plus fort. Un double éclair réverbère dans l’appart. L’orage est désormais tout proche. Il ne va pas tarder à éclater.

    J’ai l’impression que dans sa petite tête aussi ça gronde de plus en plus fort. Un double éclat de colère fulmine de ses yeux bruns. Oui, l’orage va éclater. Je tente de prévoir sa puissance.

    « Alors, tu vas pouvoir jouer demain ? ».

    « C’est pas tes oignons » il me balance sur un ton agressif.

    Il est vraiment énervé. Je sens qu’il a besoin de décharger sa colère, de la laisser éclater.

    Un dernier coup de tonnerre, un dernier éclair, des grandes gouttes commencent à tomber sur la petite terrasse et sur la ville.

    Une dernière taffe, le mégot écrasé, sa colère commence à tomber sur le petit Nico.

    « Qu’est-ce que t’as été raconter à Thibault ? » il me balance à brûle pourpoint sur un ton accusatoire.

    Ah, voilà autre chose ! C’est là que je prends la mesure d’à quel point je m’étais gouré au sujet de la suite après « Nico, tu… ».

    « Qu-quoi ? » je tente de m’accrocher, alors que ça question me percute avec la puissance d’un coup de poing assené en pleine figure.

    « Qu’est-ce que t’as raconté à Thibault ? » il insiste, sa colère de plus en plus palpable.

    Thibault n’a pas fait ça ! Je ne peux pas croire qu’il ait parlé à Jérém de nos confidences.

    « Mais rien ! » je mens à nouveau, en tentant de me défendre comme je peux.

    « Putain ! Thibault sait des trucs ! » il me balance, en se retenant tout juste de gueuler.

    Ses yeux fulminent, le ton de sa voix est de plus en plus virulent.

    « Qu’est-ce t’as été lui raconter ? » il répète, furax.

    « Comment ça, il sait des trucs ? Quels trucs ? » je tente d’esquiver.

    « L’autre soir il a fait des réflexions ».

    « Quel genre de réflexions ? » je tente de temporiser.

    « Peu importe, merde ! Il sait des trucs. Et ça ne peut être que toi qui lui a parlé. Tu lui as dit quoi ? ».

    « Mais rien ! Rien ! » je m’enfonce.

    « Tu fais chier, Nico ! » il me balance, le ton et l’attitude de plus en plus agressifs, en s’approchant de moi avec un air très menaçant.

    Instinctivement je recule. Il est tellement hors de lui que j’ai peur qu’il me cogne. Ça ne peut pas se finir de cette façon entre nous, pas en baston. Je suis en panique, je cherche désespérément quelque chose pour calmer le feu de sa colère. Je choisis le bon moyen. De l’essence.

    « Tu sais, Thibault n’est pas con, il voit tout ce qui se passe, il réfléchit. Il n’y a pas besoin de lui dire les choses pour qu’il les comprenne tout seul. C’est ton pote, tu devrais le connaître mieux que moi ».

    « Oui, c’est mon pote. Et pas le tien. Alors je t’interdis de le faire chier avec tes conneries !!! » il me crie au visage à distance tellement rapprochée que mes narines sont frappées par son haleine chargée de nicotine.

    Son attitude est arrogante, menaçante, limite violente. Mais putain, une fois de plus, qu’est-ce qu’il est bandant quand il est en colère ! Le regard noir, accusateur, la bouche entrouverte, la mâchoire crispée, la langue appuyant fort sur sa joue jusqu’à créer comme une bosse. Les bras croisés juste au-dessus de ses abdos, attitude qui donne encore plus d’envergure à ses épaules puissantes, le torse légèrement en arrière faisant ressortir le relief hallucinant de ses pecs. La puissance et l’attitude agressives de son corps faisant un contraste d’enfer avec son petit air de gosse qui fait son caprice, un petit air de « c’est pas juste ! » avec une coquille d’œuf sur la tête, ce qui le rend touchant tout plein.

    « T’entends ce que je te dis ??? » il me crie dessus en pénétrant violemment dans mon espace vital.

    Son visage n’est plus qu’à quelques centimètres du mien. Son parfum s’insinue dans mes narines, jusqu’à vriller mon cerveau. Je le regarde dans les yeux et soudainement je sens pousser en moi une vocation de kamikaze.

    L’orage gronde et la pluie continue de tomber, drue, bruyante. Peu à peu, une nouvelle fraîcheur remplace la chaleur de l’après-midi. Une petite brise caresse ma peau et souffle encore un peu plus sur la flamme déjà bien vive de mon désir.

    Tout se passe très vite. Le bogoss est pris par surprise. J’avance mon buste très rapidement et j’arrive à poser mes lèvres sur les siennes. Enfin, à les effleurer. Car, le temps d’un demi battement de cil, ses bras et ses mains entrent en action et me repoussent violemment.

    Je le regarde droit dans les yeux. Je ne sais pas ce qui m’arrive. J’ai trop envie de lui. Je n’en ai pas eu assez. Je reviens à la charge, tout en étant conscient que ce coup-ci, c’est perdu d’avance. Il me repousse à nouveau, encore plus violemment.

    Et alors que je me prépare à y revenir une troisième fois, je l’entends balancer, tout en pliant ses coudes et en fermant ses poings, comme pour se préparer à jouer de ses gros bras :

    « Ne refais pas ça ou tu vas t’en prendre une. Je rigole pas ».

    Je sais que dans l’état d’énervement qui est le sien, il serait capable de le faire. Ce qui rend tout à fait incompréhensible mon geste qui va suivre. Le geste de m’élancer une fois de plus vers lui, avec toute la puissance dont je suis capable.

    Je le vois lever ses bras, se préparer à cogner. Mais j’ai prévu mon coup. Mes bras sont en état d’alerte. Ils se lèvent, mes mains captent ses poignets. C’est peut-être l’effet de surprise ou la puissance de mon élan désespéré. J’arrive à le maitriser.

    Nous nous faisons face. Nos forces semblent s’équilibrer. Chose qui me parait surréaliste vu la différence de diamètre de nos biceps respectifs. Pourtant j’arrive à le maitriser. Ou alors, il se laisse maitriser. Ou alors, tout simplement, il n’est pas au mieux de sa forme.

    Je le regarde droit dans ses yeux noir pleins de rage. Puis soudain, ses bras cessent de forcer et se dégagent brutalement de ma prise. Et je le vois porter la main sur l’épaule opposée, certainement celle qui est blessée, tandis qu’une grimace parcourt son visage.

    Eh, merde ! Il a forcé sur sa blessure. Provoquer Jérém alors qu’il doit se requinquer pour le match de demain, quelle super idée ! De pire en pire, Nico.

    « Tu as mal ? » Je m’inquiète.

    Et là, à ma grande surprise, j’assiste au retour du Grand Jérém. Pour toute réponse, je l’entends me lancer :

    « Ta gueule et suce ! » pendant que ses deux mains s’affairent désormais sur la braguette pour en défaire en vitesse les quelques boutons.

    J’adore lorsque ses besoins de mec qui prennent le dessus même sur l’énervement et la douleur.

    En une fraction de seconde, il ouvre tout en vitesse les petits boutons de sa chemisette, ces mêmes boutons que je rêvais de défaire moi-même, tout en douceur, pour que mes narines puissent humer les bonnes odeurs de son torse de mec.

    Les deux pans de de tissu ouverts sur son torse spectaculaire, j’aperçois un bout du bandage de l’épaule. Ce qui rajoute du craquant au bandant. Mais aussi le petit grain de beauté dans le cou, le tatouage qui se dégage juste au-dessous de la manchette. Mon Jérém, quoi.

    Les deux pans de la chemise ouverts, un paysage magnifique se dresse devant mes yeux. Un paysage rendu encore plus merveilleux par une pilosité brune qui a l’air d’avoir été un peu négligé et qui commence à repousser, laissant deviner l’existence d’une épaisse ligne médiane, ainsi que d’une toison assez intense en partie haute du torse. Image de bonheur.

    A cet instant précis, je me dis que je donnerais cher pour que mon bobrun arrête de se raser le torse et qu’il laisse s’exprimer sa pilosité naturelle. Un petit con qui se rase est grave sexy. Mais un mec qui assume sa pilosité. Et il n’y a pas de mots pour décrire ce genre de bonheur.

    Je n’ai pas le temps de m’attarder sur son torse car mon regard est happé par sa main qui masse de façon appuyée la jolie bosse qui déforme son boxer blanc.

    Je suis tellement pris de court que je n’arrive pas à réaliser. Un instant plus tôt on allait se taper sur la gueule. Et là, changement de scénario, on passe de la « guerre » à l’amour. Sans transition. Ça surprend.

    Je suis comme hébété, paralysé par mon désir débordant. Mon cœur bat à mille, prêt à bondir de ma poitrine. Dans ma tête, un délicieux petit écho de première révision.

    « Si tu ne la veux pas maintenant, pas la peine de revenir la chercher » je l’entends me lancer, confronté à ma petite hésitation.

    Ah, non, pas ça ! Vite le faire jouir pour lui offrir les magiques endorphines qui calmeront à la fois sa douleur à l’épaule, son énervement, et son malaise. Petit con, va !

    « Et comment, que je la veux ».

    Ces simples mots s’affichent dans ma tête comme une évidence, elles résonnent en moi avec le même naturel que le bruit de cette pluie qui tombe sur la ville.

    Les mouvements ciblés de sa main font déborder sa queue de l’élastique du boxer. Mon sang ne fait qu’un tour. Je ne suis plus que désir, envie, de lui.

    « Et comment, que je la veux ».

    Ces simples mots débordent de ma bouche comme une évidence, elles résonnent dans le petit séjour avec la même évidence que le bruit de cette pluie qui tombe sur la ville.

    Jérém se tient debout, les épaules appuyées contre le mur. A genoux devant lui, je contemple avec une furieuse envie cette queue qu’il garde sciemment enveloppée dans sa main, se caressant avec des va-et-vient lents et amples. Voilà comment se caresse un mâle.

    J’ai terriblement envie de sa queue. J’en languis. Et il s’amuse à me faire languir. Je regarde son gland apparaître et disparaître au gré des mouvements de sa main, en attendant de plus en plus impatiemment de pouvoir prendre le relais.

    Je décide de prendre les devants. Je plie mon buste, j’approche ma bouche. Les mouvements de sa main ne cessent pas pour autant.

    L’odeur tiède, à la fois douce et masculine, qui se dégage de sa virilité provoque des décharges électriques dans ma tête et dans mon corps. Seconde après seconde, je m’embrase. Et mon désir entraîne l’audace.

    Ma main se porte sur la sienne pour lui signifier que j’ai très envie de prendre le relais. Sa main ne bouge pas pour autant, elle continue son mouvement.

    J’insiste. Son bras finit par repousser ma main avec un mouvement brusque.

    Je lève mon regard. Je cherche dans le sien des indices pour essayer de comprendre à quel jeu il veut jouer. J’ai envie de lui montrer à quel point je frémis à la simple et unique idée de lui faire plaisir.

    A l’instant même où nos regards se captent, je décèle dans le sien une étincelle lubrique de mec fier du pouvoir qu’il a sur moi, un pouvoir dont il a envie de profiter et d’en abuser jusqu’à me rendre fou.

    Vue de l’extérieur, la situation pourrait sembler frustrante, humiliante. De l’intérieur, elle est surtout terriblement excitante.

    Non seulement j’adore son attitude de petit macho arrogant. Non seulement je suis fou de voir son égo de mâle se nourrir de mon regard rempli d’envie, de ma soumission.

    Mais j’ai même envie d’aller au-delà de son intention, de le supplier carrément de me laisser le sucer. De quémander la faveur de me laisser goûter à sa virilité.

    « S’il te plaît, Jérém, laisse-moi te sucer, j’en ai trop envie ! » je finis par lâcher, fou de frustration.

    « Tu la veux, hein ? » il me balance.

    « Oui, j’en crève d’envie ! ».

    « Ça fait longtemps que tu ne l’as pas vue, hein ? ».

    « Ça fait une semaine. Je ne pense qu’à ça… » je lui notifie.

    « Tu t’es pas fait baiser à Londres ? » il me balance sèchement.

    « Non, pas du tout ! » je suis fier de lui annoncer.

    « Je n’ai pas arrêté de me branler en pensant à ce que tu m’as fait le week-end dernier ».

    « Tu n’es vraiment qu’un cul en chaleur ! ».

    « Je veux être à toi » je lance, comme la seule réplique possible d’un dialogue écrit d’avance.

    « Tu veux ma queue, hein ? Elle te fait jouir, hein. ? ».

    Son arrogance me fait bander. Aucun mot n’est assez puissant dans ma tête pour lui signifier à quel point je suis sous l’emprise de sa puissance sexuelle, de son pouvoir masculin.

    « Grave Jérém ! Tu me fais jouir comme personne d’autre ».

    Et là, comme si j’avais tapé le mot de passe magique, sa main arrête de branler sa queue. Deux doigts la saisissent à la base pour la guider, pendant que son autre main se pose direct derrière ma nuque. Son bassin avance. Son gland rencontre mes lèvres, qui s’ouvrent avec un immense bonheur.

    Je l’ai en bouche. Sa queue est raide, brûlante. Elle s’enfonce jusqu’à la garde, jusqu’à ce que ses couilles frôlent mon menton, jusqu’à ce que mon nez s’enfonce dans ses poils pubiens, jusqu’à ce que son gland se cale à l’entrée de ma gorge.

    La poussée de son bassin est de plus en plus forte. Je me sens envahi, je me sens presque étouffer. Pourtant, qu’est-ce j’adore cette sensation de domination !

    Et putain, qu’est-ce que ça sent bon dans son entrejambe. Sa queue m’a tellement manqué ! Car elle a le bon goût et la bonne odeur des choses familières qui font du bien. Sa queue dans la bouche, je suis à la maison, je suis heureux, je suis apaisé.

    « T’arrives pas à l’avaler en entier, n’est pas ? T’as une bonne gorge de pute, mais tu n’y arrives pas ! » il lâche, petit mec fier de son attribut masculin.

    Ça fait un moment qu’il ne m’en a pas balancé autant de mots crus. Je trouve cette attitude tellement dissonante avec celle qui était la sienne, câline et tendre, de la semaine dernière, dans le noir. Et même si cela laisse présager qu’aujourd’hui, après la baise, les câlins ne seront pas au rendez-vous, je suis fou de bonheur. Qu’est-ce qu’ils m’excitent ses mots crus, et son attitude de petit con. J’ai excessivement envie de lui.

    Je commence à le pomper et le bogoss est en extase. J’adore ça, le voir fermer les yeux, arrêter tout mouvement, comme suspendu, perdant tout notion du temps et de l’espace, complétement à l’écoute du plaisir de son corps. Et le voir attendre (im)patiemment la suite, me laisser les clefs de son plaisir. Et ceci, non pas par confiance aveugle, mais parce que, face à un plaisir si intense, sa volonté n’est plus.

    Son corps est animé de petites vibrations qu’il ne peut plus contrôler. Ma main se porte alors sur son manche, elle le saisit très délicatement. Sa respiration s’accélère, ses pulsations aussi. J’ai l’impression de sentir les battements de son cœur dans les veines de sa queue. Le bogoss ne bouge pas une oreille.

    Ça calme grave, n’est pas, mon Jérém ? Une bonne pipe et toute colère se dissipe.

    Oui, le bobrun est comme en état d’hypnose, un état second obtenu par l’extase des sens. Et c’est moi qui ai fait ça. Ce qui ne me rend pas qu’un peu fier de moi.

    Je le pompe avec entrain, je le pompe visant directement son orgasme. Je le pompe jusqu’à ce qu’il me repousse.

    Je perds le contact avec sa queue. Et je me sens instantanément vide.

    Je lève à nouveau mes yeux pour essayer de comprendre ce qu’il veut. Et là je le vois tomber complétement la chemisette, dévoilant intégralement son bandage. Le pantalon s’envole aussi, suivi par le boxer, les baskets, les chaussettes. C’est beau de voir un bogoss se dessaper, se mettre à l’aise pour prendre son pied. Je brule d’impatience de savoir ce qu’il prévoit pour la suite.

    Jérém s’installe sur le lit, le bassin presque au bord du matelas, les genoux pliés, les pieds au sol, les jambes écartées, le buste maintenu par la position accoudée de ses bras. Perspective qui m’offre une vue panoramique sur sa queue tendue, ses abdos saillants, ses pecs bombés, sa chainette négligemment abandonnée entre ses tétons épais.

    Dans ses yeux, un regard magnétique, intense, chargé d’érotisme, un regard plus explicite que mille mots. Dans ce regard il y a tout, un tout qui se résume à un message très simple mais inéluctable.

    « Suce ! ».

    Un bogoss montre sa nudité et j’accours, réflexe pavlovien. J’accours, esclave d’un amour complétement fou, prisonnier d’un désir violent. Ce mec est dans ma tête, dans mon cœur, dans ma chair, dans mon ventre. Ce mec est mon petit Dieu vivant.

    Je suis toujours à genoux, position qui me permet d’apprécier dans les moindres détails les ondulations de ses abdos sous l’effet de sa respiration. Mon regard est happé par son chemin du bonheur, mon nez, par les petites odeurs qui s’en dégagent.

    Je le pompe goulûment pendant que l’orage gronde dehors, pendant que la pluie se déchaîne sur la ville. Je crois que de toutes les fois que je l’ai sucé jusqu’à ce jour, j’ai rarement pris autant mon pied. Je voudrais le sucer sans jamais arrêter, le faire vibrer de plaisir à le rendre fou. A le rendre complètement accroc à mon corps comme il m’a rendu accroc au sien.

    Je le suce à fond, je le suce comme un fou pour lui montrer combien j’ai envie de lui, combien il m’a manqué.

    « Tu m’as manqué Jérém » je ne peux m’empêcher de lui lancer pendant une phase de respiration.

    « Oui, je sais, elle t’a manqué, alors suce ! » est sa seule réponse.

    On ne parle pas de la même chose mais qu’importe. Le voir prendre son pied à ce point est le plus beau cadeau qui soit. Être accroupi entre ses jambes et m’occuper de sa queue, est pour moi comme une vocation.

    Pour les grandes discussions, on verra plus tard.

    Je recommence à le sucer avec encore plus d’entrain. Il recommence à frémir.

    Mais j’ai aussi très envie de l’avoir en moi. Plus je le suce, plus cette autre envie me fait vibrer d’impatience et de frustration. Dans ma tête, ma bouche et mon entrée de mec se livrent un combat sans merci.

    Ma bouche étant presque toujours servie en premier, mon autre entrée sollicite mon attention pour obtenir un traitement équitable. Difficile de trancher. Car que c’est tellement bon de l’avoir en bouche !

    Quitte à faire un impair de taille, je pense que pour ce premier orgasme après retrouvailles, je vais le faire jouir dans ma bouche et l’avaler. J’ai trop envie de retrouver son goût de mec.

    J’accélère le mouvement. Je me donne à fond pour lui offrir un orgasme intense. Je pense qu’il ne va pas tarder à lâcher son petit jus brûlant. Je me prépare à l’arrivée de ses jets puissants. Et même si je n’ai pas besoin de son ordre pour cela, j’aimerais vraiment qu’il m’intime de l’avaler. J’ai envie de sentir son envie de jouir en moi.

    Mais c’est sans compter avec ses envies à lui. Car le bobrun a prévu autre chose. Ses mains se portent sur mes épaules, éloignant mon visage de son bassin, ma bouche de sa queue. Il se lève du lit, m’attrape par un bras. Docile, je suis le mouvement. Je me retrouve ainsi face à la table dans le coin cuisine.

    « Dessape-toi » il me lance, la voix grave.

    Je sens sa présence derrière moi, son souffle dans le cou. Je sais ce qu’il veut. C’est mon cul qu’il veut. Il l’exige. Car c’est au plus profond de moi qu’il veut lâcher sa semence.

    Je vais m’offrir à lui. et je frémis à l’idée de me sentir comme fécondé par son jus épais.

    Je me déshabille maladroitement, les mouvements perturbés par un désir qui me ravage.

    J’ôte le t-shirt et sa queue presse contre mon short, visant l’espace entre mes fesses. J’arrête alors tout mouvement, je goûte au frisson de sentir ce sexe tendu assiéger le dernier rempart de tissu qui freine sa conquête inéluctable.

    Et lorsque son bassin recule, lorsque le contact cesse, mon pantalon et mon boxer tombent très vite. au sens propre, comme au sens figuré, je m’incline devant son pouvoir de mec.

    Le bogoss ne chôme pas. Ses mains écartent mes fesses, et sa queue s’insinuer dans cette entrée de mec qui lui fait tant envie.

    Son bassin avance inexorable, tandis que ses mains forcent désormais sur mes épaules pour imposer à mon donner plus de puissance à sa pénétration.

    Mon ventre se retrouve en contact avec la surface lisse et un peu froide de la table. Les jambes écartées, les fesses cambrées, à la complète disposition de son plaisir de mec.

    Jérém s’enfonce en moi. Il s’enfonce jusqu’à ce que nos bassins se collent l’un à l’autre.

    Et là, je sens son torse venir épouser mon dos. Sensation de chaleur, de douceur, de chaînette qui chatouille un peu à la base de mon cou. Sensation d’être complétement à lui, de lui appartenir, sensation de bonheur absolu.

    Ses cuisses claquent puissamment et bruyamment contre mes fesses.

    « T’es vraiment qu’une salope, un trou à bite ! » je l’entends se lâcher, la voix raillée par la montée de son plaisir.

    « Je suis à toi » je le flatte.

    « Tu prends ton pied, là ? » j’ai envie de savoir.

    « Ouaisss, je prends mon pied. » je l’entends balancer.

    « Moi aussi je prends mon pied, tu peux pas savoir » je lui lance.

    « Chacun prend son pied comme il peut » c’est sa réplique, cinglante.

    « C’est toi qui me fais jouir ! » j’insiste. Les mots sont le seul moyen qui me vient à l’esprit pour me donner un peu plus à lui.

    « Bah oui » fait-il sur un ton méprisant « il y en a qui ont des couilles. Et il y en a qui ont juste un cul. », ultime réplique de petit con macho.

    « Et j’assume ! J’assume parce que je prends trop mon pied. Parce que, plus tu me défonces, plus c’est un pur bonheur. Vas-y, fais toi plaisir, mec ! ».

    Une idée me traverse l’esprit. Et elle finit par passer le seuil de mes lèvres.

    « Ta queue est faite pour mon cul, et mon cul est fait pour ta queue ».

    « T’inquiète. Tu vas t’en prendre plein le cul ! ».

    « Oui, c’est ça que je veux ».

    Dehors, l’orage redouble d’intensité. En moi, ses coups de reins redoublent de puissance.

    « C’est ça que tu veux, hein ? Ma bite bien chaude, et te faire fourrer le cul ! ».

    « Ouiiii, Jérém, c’est tout ce que j’aime ! ».

    Sa baise est puissante, animale, précipitée, presque violente. Pendant la pipe, j’avais pris la main, je conduisais le jeu. A l’heure de la sodo, c’est lui qui reprend les manettes. Dans ses coups de reins, dans ses invectives, je sens son animosité, son énervement qui ne s’est toujours pas dissipé, sa rage qui refait surface, un emportement perceptible au-delà même de son excitation.

    Sa colère le rend très dominant, petit con pour qui il n’y a que son pied qui compte.

    Le sentir coulisser en moi sans retenue fait monter mon plaisir. J’écarte davantage les jambes, j’en veux plus.

    « Putain, Jérém ! Vas-y encore, vas-y plus fort, déchire-moi ! ».
    « Je vais te défoncer, oui, je vais te péter le cul ! » il lâche, la voix bien déformée par l’excitation.

    Et en effet le bogoss n’y va pas de main morte. Ses mains attrapent mon bassin d’une part et d’autre pour se donner encore plus d’élan. Ses coups sont si puissants que la table se déplace. Je me dis que s’il y va si franco il ne va pas tarder à se vider les couilles. Je prends de plus en plus mon pied. J’attends que ça vienne. J’attends ses râles puissants, comme une délivrance.

    Mais le bobrun n’a pas fini de faire varier ses plaisirs.

    Il m’attrape par les épaules, son bassin recule. Il se déboîte de moi, me pousse vers le lit. Il me retourne à nouveau, il me pousse jusqu’à que je me laisse choir sur le lit, allongé sur le dos.

    Je le regarde, debout, en train de me jauger avec un regard de chasseur qui va donner le coup final à une proie qui est désormais totalement en son pouvoir.

    Je le regarde en train de me dominer de toute sa taille, de toute la puissance de son torse. Et ce bandage à l’épaule, et ces traces de coups sur le visage. Putaaaaaiiiiin !!! Comment il est sexy !

    J’ai toujours du mal à me dire que c’est moi qui me tape « ça ».

    Son regard, à la fois noir et plein d’excitation, me fixe intensément. C’est tellement aveuglant que je finis par plier, c’est moi qui coupe le contact.

    Il grimpe sur le lit sur ses genoux. Il avance lentement dans l’espace entre mes jambes. Son bassin approche de mes fesses. Sa queue glisse en moi comme si c’était écrit. Elle s’arrête bien au fond, bien au chaud, je la sens frémir en moi.

    Les yeux fermés, le visage parcouru par des frissons de plaisir, la chainette ondulant en dessous de son cou juste après la vibration de ses frémissements, la respiration profonde. Qu’est-ce qu’il est beau ce corps suintant une transpiration obtenue sous l’effort nécessaire à la recherche de son plaisir.

    Et nos corps parfaitement emboîtés, mon trou envahi, possédé par son manche, brulant d’envie de se faire secouer.

    « J’ai envie d’avoir ton jus en moi je laisse échapper, fou d’excitation.

    « Je sais » c’est sa simple réponse de petit con premium, les yeux toujours fermés, toujours sans bouger.

    Lorsque ses yeux se rouvrent, ils dévoilent un regard froid et fuyant. Dans mon entrejambe, sa queue s’attarde, titille, joue, provoque, excite puis délaisse, sort puis revient, frotte, appuie. Elle inflige le manque, l’abstinence, le frémissement.

    J’en tremble. Je n’en peux plus. Le feu me ravage de l’intérieur.

    Et alors qu’il amorce une fois de plus le geste de délaisser mon intimité, mes mains ont un mouvement de pur instinct. Elles saisissent ses avant-bras, dans une tentative désespérée de l’en empêcher.

    « Dis-le que tu as envie de te faire péter le cul ! » il m’intime.

    « Oh oui Jérém ! Baise-moi ! Défonce-moi ! fais-moi jouir ! ».

    Il m’a mis dans un tel état qu’il pourrait me demander n’importe quoi, je serais incapable de le lui refuser.

    Et là il s’enfonce d’une traite et recommence à me limer. Sa nouvelle saillie ne dure pas longtemps. Quelques instants plus tard, je l’entends balancer, la voix noyée par le plaisir qui secoue son cerveau comme une décharge électrique :

    « Prends ça salope… ».

    Je vois à la contraction de son visage que le premier jet va gicler de sa queue.

    Et là, contre toute attente, ses mains quittent mes bras. Elles se posent sur mes tétons et prennent appui dessus. Son bassin recule, il se déboîte de moi. Et ses autres giclées, abondantes, chaudes, denses, atterrissent sur ma queue, mes couilles, mon torse, le tout dernier étant pour ma joue.

    Il gicle sur ma peau

    Comme il pleut sur la ville.

    Quelle est cette ardeur

    Qui efface ma pudeur ?

    Il a joui et j’ai joui aussi. Je suis démonté, épuisé. C’était bon, puissant, bestial. Baiser comme des animaux, c’est génial. Mais là, là j’ai besoin d’un câlin. Même un tout petit rien du tout. Un petit truc pour amortir ma chute après l’orgasme.

    Hélas, je le vois très vite amorcer le mouvement pour quitter le lit. Alors, c’est pour essayer de le retenir que ma main ose une caresse sur son avant-bras.

    Geste inutile. Le bogoss se dégage comme s’il avait été piqué par un moustique. Quel con, quel insupportable petit con !

    Si tu lâchais un peu prise, mon Jérém, ce serait tellement plus facile, pour toi autant que pour moi.

    Je sais que quelque part au plus profond de ton être se cache une vraie sensibilité, un besoin de tendresse, je le sais parce que je les ai entrevus un jour, ou plutôt une nuit. Depuis, j’ai parfois l’impression d’entrevoir tes fêlures en filigrane de ton arrogance. C’est comme si un mur de verre se dressait entre nous, épais, incassable, infranchissable. J’arrive à lire dans tes besoins profonds, mais je ne peux pas les atteindre pour essayer de les satisfaire.

    C’est fou la distance que tu mets entre nous. Il faut vraiment vouloir t’aimer, toi. Mais moi je t’aime. Et ces traces de coups sur ton visage m’attendrissent à un point que tu ne peux même pas savoir.

    Je le regarde se lever, attraper le rouleau de sopalin, me le balancer, avant de partir à la salle de bain. J’entends l’eau couler dans l’évier.

    Quelques instants plus tard, le bogoss réapparait avec sa démarche assurée, conquérante, à l’aise avec sa nudité même après avoir joui. C’est impressionnant.

    « Vas-y, t’as eu ce que tu voulais ! » il me lance pendant qu’il commence à se rhabiller, me tournant le dos.

    Qu’est-ce que c’est beau de regarder un mec s’habiller après une baise aussi torride, après qu’il ait joui. Tellement beau que j’en oublie de répondre à sa provocation. Tellement beau que j’en oublie de me rhabiller à mon tour.

    Le bogoss s’assied sur le bord du lit pour se chausser. Lorsqu’il se relève, me voyant toujours à poil, il me balance, le ton agacé :

    « Allez bouge, j’ai un taf, moi ! ».

    Il lâche ces mots sans même me regarder, tout en sortant une nouvelle cigarette qu’il allume en partant vers la terrasse.

    L’orage semble passé. La pluie a cessé. Un rayon de soleil illumine la terrasse et pénètre dans l’appart. Le bogoss fume en terrasse, accoudé à cette rambarde à nouveau si belle, comme fleurie de sa jeunesse, de sa beauté.

    J’ai du mal à me rhabiller. C’est dur de repartir de cet appart sans le moindre câlin. Je me fais violence pour passer mes fringues. En quelques secondes, je suis presque prêt. Je ne me reste qu’à passer mes chaussures. Et c’est là que je remarque un détail qui m’avait échappé jusque-là.

    Sur la petite table de chevet, je vois un objet qui m’est familier mais qui n’appartient pas à Jérém. Le bracelet métallique, un boitier massif mais aux lignes harmonieuses, à l’image de son propriétaire. Je connais très bien cette belle montre. Je l’ai eue sous les yeux lors d’un premier verre pris près de la gare Matabiau, lorsque ses mains chaudes et puissantes enserraient les miennes pour me réconforter. Je l’ai bien fixée pas plus tard que lundi dernier, tout particulièrement pendant un coup de fil, un appel opérant sous mes yeux l’alchimie capable de transformer instantanément un beau mécano en beau pompier.

    Mais qu’est-ce que cette montre fait sur la table de chevet de Jérém ? Est-ce que Thibaut a dormi là ? Que s’est-il passé ?

    Je n’ai pas le temps de réfléchir davantage à ces questions. Le bobrun rentre de la terrasse, ferme la porte fenêtre. Il passe devant moi, il ouvre la porte.

    « Avance ! » il me lance, toujours aussi sèchement.

    Je passe la porte, je traverse le petit couloir, je commence à descendre les marches lentement. Je l’entends refermer la porte derrière lui. Et commencer la descente d’un pas speedé.

    Il me rattrape, il me double, son épaule heurte la mienne, il me bouscule. Il ne s’arrête pas.

    « Jérém » je lance comme un cri du cœur désespéré.

    « Quoi ? » je l’entends riposter, agacé. Pourtant, le bogoss a arrêté ses pas.

    « Tu vas jouer demain ? » j’arrive à enchaîner.

    « Qu’est-ce que t’en as à foutre, à la fin ! » je l’entends s’agacer.

    « Je viendrai voir le match ».

    « Ouais, c’est ça » il me lance sur un ton méprisant.

    « Si, je viendrais vous voir ».

    Est-ce que Jérém a cru voir dans la tournure de ma phrase, dans ce « vous » une allusion à ma proximité avec Thibault, un sens que je n’ai pas voulu lui donner, du moins de façon consciente ? Toujours est-il qu’il revient sur ses pas, et au pas de course. Et il s’approche si près que je peux sentir son souffle sur mon visage.

    Et là, en me regardant droit dans les yeux avec un regard menaçant, il me balance :

    « Je te conseille de foutre la paix à Thibault ! ».

    Je ne sais pas ce qui m’a pris à cet instant précis. Peut-être que j’ai dû simplement me dire que l’occasion est trop belle, que c’était là ou jamais, et que parfois il faut avoir le cran de. Toujours est-il que je m’entends lui balancer :

    « Tu sais, je pense que Thibault ne serait pas moins ton pote s’il savait que toi et moi on est un peu plus que des potes ».

    Une lueur mauvaise s’allume alors dans son regard. Il approche un peu plus encore de moi. Et, toujours en me fixant tout droit dans les yeux, il assène froidement :

    « Toi et moi, on n’est rien du tout ».

    Ses mots résonnent dans ma tête comme un coup de massue.

    « Mais ce qui se passe dans ton appart ce n’est pas rien ! ».

    J’ai mal, très mal. Mes mots sont sortis presque mécaniquement de ma bouche, dans une tentative désespérée de me rassurer, de me défendre, de le convaincre, de me convaincre, de contenir les larmes que je sens monter à mes yeux.

    Pourtant, elles n’ont d’autre effet que de lui offrir l’opportunité de frapper encore plus fort.

    « Dans mon appart je te baise. Je te baise parce que tu as une bonne bouche et un bon cul. Mais ça s’arrête là, fiche-toi bien ça dans la tête ! ».

    Son regard, le ton de sa voix, et ses mots. Jérém ne lâche rien, hormis du mépris.

    Sur ce, il fait demi-tour, dévale quatre à quatre les escaliers. J’entends la porte de l’immeuble s’ouvrir, laisser passer brièvement les bruits de la rue et claquer juste derrière son passage.

    Je ressens en moi une profonde tristesse, une immense désolation, une solitude cruelle.

    Un désarroi qui se mélange aux questionnements amenés pas la vision de cette montre. Jérém, Thibault. Thibault. Jérém. Et si Elodie se trompait dans ses spéculations au sujet de la nature de leur amitié ? Et qu’est-ce que Thibault a dit à Jérém, au juste, pour mettre ce dernier aussi en pétard ?

    J’imagine mal Thibault, cet adorable garçon, aller voir son pote pour cafter sur des trucs que j’aurais pu lui dire.

    Mais qu’est-ce qu’il avait bien pu lui dire ? Pas moyen d’en savoir plus de la bouche de Jérém.

    Et pourquoi donc il aurait fait ça ? Dans quel contexte, sous quelle forme ? Est-ce que Thibault s’était trahi par maladresse ? A cause d’une bière de trop ?

    Par ailleurs, il n’est pas impossible que mon Jérém ait tellement la trouille que son pote soit au courant, qu’il finisse par devenir parano, au point de me pourrir juste parce que j’ai eu l’audace d’utiliser un « vous » qui pourrait lui sembler suspect.

    Je m’assieds sur les marches. J’ai besoin de me poser une minute pour tenter de remonter de l’abîme de désolation dans lequel ses mots m’ont plongé.

    Words, they cut like a knife/Les mots, ils coupent comme un couteau
    Cut into my life/Coupe dans ma vie
    I don’t want to hear your words/Je ne veux pas entendre tes mots

    Une légère trainée de parfum flotte dans la cage d’escalier après son passage. Ses mots ont été si durs, si blessants, si injustes. Je devrais le détester de toutes mes forces. Pourtant, il vient de partir et il me manque déjà.

    J’entends la pluie qui recommence à tomber dans la rue. Je sens les larmes qui commencent à couler sur mes joues.

    Il pleure dans mon cœur

    Comme il pleut sur la ville ;

    Quelle est cette langueur

    Qui pénètre mon cœur ?

    Que se passe-t-il au juste dans ta jolie tête, mon Jérém ?

    Que se passe-t-il au juste dans ta jolie tête, adorable Thibault ?

    Qu’est-ce qui te fait réellement courir dans la vie ?

    Commentaires

    Yann

    08/09/2016 15:58

     Fabien ce texte est, de mon point de vue, un des plus beaux que tu nous ais donné à lire. Avec tes mots tu parviens à nous faire partager l’émotion intense de cet épisode, la colère de Jerem et surtout la tristesse de Nico qui, de l’avis de lecteurs que je partage, est si poignante. Tu es un arrangeur de mots, Ces mots qui soignent les maux, Des mots mis bout à bout, Tous ces mots pour nous. Des mots couchés sur le papier, Des mots pour raconter la vie, Qui comme un ruisseau de pluie, De leur sens inondent nos esprits. Tu es un jongleur de mots, Des mots tendres, Des mots parfois crus, Des mots de cul ou ambigus.   Des mots ordinaires, Des mots pour surprendre, Des mots pour plaire, Des mots parfois vulgaires.   Des mots juste murmurés, Des mots pour apaiser, Des mots pour jouir, Des mots pour le plaisir. Pour tous ces mots si bien choisis, Qui font l’histoire Nico-Jérémy,  Fabien, mille mercis. Yann

    Yann

    07/09/2016 17:30

     Depuis le début de l’histoire, la situation n’a jamais été aussi tendue entre Jerem et Nico et, de ce point de vue,  cet épisode est d’une rare intensité, il en est poignant à pleurer pour ce qu’endure Nico. Il y a d’abord la colère de Jerem. A son vieux démon, son mal être d’avoir découvert qu’il aime les garçons, s’ajoute la menace suprême que cela se sache parmi ses potes du lycée ou du rugby par le fait que Nico, qui vit mal cette relation avec Jerem qui ne l’aime pas comme lui l’aime, s’est confié à Thibault. Jerem a déjà du mal à assumer lui-même sa sexualité alors il n’est pas prêt à l’assumer aux yeux des autres. Nico à bien fait d’affronter Jerem car même si on peut lui trouver l’excuse qu’il vit mal sa situation, cela n’excuse en rien sa façon de se comporter avec Nico et Nico ne doit plus accepter de se laisser humilier comme cela. En quoi Nico, parce qu’il est homo passif, serait « un petit PD » moins respectable que Jerem actif qui lui aussi aime les garçons et prend tout autant de plaisir à baiser avec lui ? Le fait qu’il soit actif et Nico passif n’y change rien : ils prennent ensembles leur plaisir à leur façon. De toute évidence, Jerem, au-delà de sa colère, était content de retrouver Nico. Il éprouve quelque chose pour Nico mais ça lui coute de le reconnaitre et il tente de l’enfouir sous de la colère.  Ce n’est peut être pas un amour aussi passionnel que celui de Nico mais il faudra qu’ils se parlent. C’est à Nico de mettre les pieds dans le plat et de demander à Jerem comment il voit leur relation. J’espère que les lecteurs seront nombreux à participer à ta soirée Facebook et je te souhaite bonne chance Fabien.

    Gripsou22

    06/09/2016 16:11

    J’ai adoré cet épisode. C’est très bien écrit, la scène de baise entre Jerem et Nico est vraiment très chaude, j’ai même joui en la lisant.Mais cet épisode est aussi très triste, elle donne les larmes aux yeux. Jérémie se comporte avec cruauté mais dans un certain sens je le comprends un peu (même si ça n’excuse rien). Il a peur de perdre un ami, peur que Thibault ne le voit plus pareil, pense que Jerem n’est plus un « vrai mec »,etc. Même si c’est faux évidement. Pauvre Nico, je me demande bien qu’est-ce qu’il peut faire? Jerem a peur de perdre sa virilité et le fait d’avoir été blessé lors d’un match y rajoute une couche. S’il perd le prochain, je me demande bien dans quel état il sera. Il y a un point positif c’est que Jerem s’est demandé si Nico a baisé avec d’autres mecs, il est jaloux donc non Nico n’est pas qu’un « vide couilles ».

  • JN01088 Hors-série, Le mec du comptoir (nouvelle version 2023).

    JN01088 Hors-série, Le mec du comptoir (nouvelle version 2023).

    Mars 2015

    Aujourd’hui, c’est une belle journée de printemps. Le vent d’Autan souffle depuis hier, vigoureux et insistant, et le ciel est bien dégagé.

    Ce matin, je me rends dans un magasin de matériel électrique pour acheter une bricole pour la maison. Dès mon arrivée, je constate qu’il y a du monde au comptoir. Mais aujourd’hui je ne travaille pas, et je ne suis pas pressé.

    Et je ne le suis d’autant pas que je viens de TE remarquer dans la file d’attente à côté de la mienne. Toi, beau jeune mâle brun au regard ténébreux et au physique avantageux. Mon regard et mon Être tout entier se figent sur toi, et tout disparaît autour.

    A chaque fois que l’existence d’un beau garçon traverse ma rétine et mon esprit, je me retrouve comme plongé dans un état second. C’est une expérience presque mystique. Pendant quelques instants, j’assiste, incrédule, à une sorte de révélation repoussant à chaque fois les limites de la magnificence du Masculin.

    Je suis percuté, submergé, envahi par un trop plein de sexytude, de mâlitude, de virilité, d’irrépressible désir. Ma conscience sature, bugge. Je me retrouve comme hébété, fixant avec insistance le Petit Dieu pour laquelle mon adoration est déjà totale, comme en étant d’hypnose, dans la tentative inconsciente et désespérée de capturer, de comprendre, d’admettre que tant de beauté, de mâlitude, de sexytude puissent être réunies en un seul garçon.

    C’est une expérience à la fois délicieuse et frustrante, tant l’objet de mon désir est généralement inaccessible. Mais ça me met toujours de bonne humeur que de croiser un bel inconnu de bon matin.

    Et toi, toi t’es vraiment beau, mec ! Tu es un garçon solide, un brun comme je les aime, pas très grand, un mètre 70 maximum. Il est à mes yeux une sexytude propre à ce genre de garçons, que j’appelle les « petits formats très bien proportionnés ». Tes cheveux sont ni trop courts, ni trop longs, arrangés un peu à l’arrache. Tu as la peau mate, une petite barbe de quelques jours, bien sexy. Tu te situes dans une plage d’âge entre 25 et 30 ans.

    Tu es habillé plutôt simplement, tu portes un pantalon de travail à poches, des chaussures de sécurité.

    Mais aussi un t-shirt gris avec un ballon ovale imprimé dans le dos, surmonté par le nom d’une petite ville des alentours. Tu es donc un rugbyman, ou du moins un passionné de rugby.

    Le t-shirt épouse à la perfection tes épaules bien taillées, tes pecs, laissant même deviner tes tétons. Quelques petits poils tout mignons dépassent de l’arrondi du col. C’est un t-shirt de travail, et tu le portes avec un naturel désarmant, sans intention particulière de te mettre en valeur. Et pourtant, ça te met sacrement en valeur. Tu ne peux même pas imaginer à quel point. Tu n’es peut-être même pas conscient d’à quel point tu es sexy.

    Première loi de la Bogossitude : un rien habille un bogoss.

    Deuxième loi : un garçon n’est jamais autant sexy que lorsqu’il ne fait rien pour cela.

    Troisième loi : le garçon le plus sexy qui soit est celui qui ignore à quel point il l’est.

    Et c’est justement cette absence d’intention et de conscience qui font le charme de ta tenue, et de ta personne. Petit mec, tu es insupportablement sexy !

    Tu rentres dans mon champ de vision et mon regard est à nouveau vierge, à nouveau enchanté. Et en te regardant, je ressens un bonheur tout aussi intense que la première fois de ma vie où j’ai été percuté par la beauté d’un beau garçon. Pour autant que je me souvienne, ça devait être au Cours Moyen, lors d’un cours de natation. L’un des moniteurs était très beau. C’était la première fois que je voyais un garçon aussi beau.

    Petit brun, tu as l’air pressé. Tu dois avoir du travail qui t’attend, des clients à contenter. Tiens, d’ailleurs ton téléphone vient de sonner. Tu décroches. Et soudain, tes beaux traits virils se crispent. Ton regard brun et charmant prend un air désabusé et fatigué. A un moment, il croise le mien. Je te souris, l’air compatissant. Te montrer de l’empathie est ma façon de te faire remarquer mon existence. Mon sourire doit te faire plaisir car tu souris à ton tour. A cet instant, j’ai envie de pleurer tellement ton sourire m’emplit de bonheur.

    Le premier client de ta file d’attente est parti et il ne reste qu’un autre type devant toi. Tu en as assez entendu, tu as l’air de vouloir mettre un terme à cette conversation qui commence visiblement à t’agacer.

    • Ecoutez, Madame, je serai chez vous en début de semaine prochaine, mais pas avant. Je vous ai dépanné de ce qui était le plus urgent et j’en fais de même avec d’autres clients. Je dois vous laisser, j’ai beaucoup de travail. C’est pas la peine de me rappeler encore d’ici là. Je sais parfaitement ce qui me reste à faire. Je vous dis à lundi, passez un bon week-end.

    Le ton de ta voix est ferme, et je décèle un bon petit accent toulousain plutôt marqué, plutôt craquant.

    Tu viens de raccrocher et ton regard revient vers moi. Nous ne sommes pas très loin l’un de l’autre, moins de deux mètres nous séparent. Je te souris à nouveau. Tu souris à ton tour, mais pas longtemps. Ton portable sonne à nouveau. Cette fois-ci, tu ne réponds pas, tu appuies sur la touche rouge, l’air de plus en plus agacé. Finalement, le client devant toi prend beaucoup de temps, et tu commences à t’impatienter.

    Tu as l’air fatigué, mon mignon. A en juger d’après la façon dont tu t’étires, il est évident que ton sommeil matinal a été coupé par un réveil qui a sonné trop tôt. Et maintenant, planté là à attendre, ta fatigue te rattrape. Tu aurais encore dormi, j’imagine, si le taf ne t’avait pas obligé à sortir de tes draps.

    Tu es debout depuis quelle heure ? Est-ce que tu étais seul dans ton lit ? Est que tu étais avec ta copine ? Avec ta femme ? Est-ce que tu lui as fait l’amour hier soir ? Est-ce que tu t’es réveillé avec une bonne trique et tu t’es fait sucer ? Ou bien, est-ce que tu as pris le temps de te branler avant de sortir de ton lit ? Ou alors sous la douche ?

    Tu bailles, tu t’étires à nouveau, tu frottes ta barbe brune, et je te trouve de plus en plus sexy à chaque seconde qui passe. Je sens mon ventre frémir, comme secoué par un tambour de machine à linge en mode essorage. J’ai déjà follement envie de toi.

    • C’est long, ça n’avance pas… je te lance, comme la première pierre posée d’un pont que je voudrais bâtir entre nous.

    Je suis le premier étonné de mon « audace ». Mais tu me fais vraiment trop d’effet, et j’ai besoin d’attirer ton attention, j’ai besoin que tu poses ton regard sur moi, j’ai besoin que tu saches que j’existe. Au moins pendant un instant.

    En vrai, je tremble, j’ai le cœur qui bat à mille, j’ai le souffle coupé, les jambes en coton. J’ai peur que tu trouves ma remarque déplacée, que tu me trouves déplacé tout court, j’ai peur d’ajouter de l’agacement à ton esprit.

    Mais, pour mon grand plaisir, tu me réponds, tu me secondes. Et tu n’as pas du tout l’air agacé par ma démarche.

    • Ah, oui, j’en ai marre d’attendre. En plus, j’ai un taf monstre qui m’attend !
    • Vous bossez dans quoi ?
    • Je suis chauffagiste. Et vous ?
    • Ingénieur et… bricoleur !
    • Moi c’est Pierre.
    • Moi c’est Nicolas, enchanté !

    Le client devant toi a terminé et c’est désormais à ton tour de te faire servir. Ce qui met un terme prématuré à nos échanges. Tu approches du comptoir. Le petit mec qui vient vers toi est un brun à lunettes au physique élancé, pas mal du tout dans son genre non plus. Mais moi, je n’arrive pas à décrocher mon regard de toi, beau chauffagiste !

    Je t’entends expliquer que tu as passé une commande et qu’on t’a appelé pour te dire qu’elle était arrivée. Le petit mec à lunettes cherche sur son ordi mais semble avoir du mal à retrouver la commande en question. Tu attends, les coudes appuyés sur le comptoir, le dos incliné, les fesses un brin cambrées. Mais putain qu’est-ce que tu es beau, ainsi négligemment appuyé au comptoir ! Tu l’ignores, mais cette position fait se soulever légèrement ton t-shirt à l’arrière, laissant ainsi découvrir un petit bout de peau proche de ta chute de reins. C’est beau, beau, beau !

    Le petit mec à lunettes part dans le bureau à l’arrière du comptoir. On le voit discuter avec un autre type derrière la porte vitrée. Ce dernier passe un coup de fil. Entre temps, le client qui me précédait dans la file d’attente est parti et je me retrouve à mon tour devant le comptoir. A nouveau à un mètre de toi. J’annonce rapidement ma commande et le vendeur part dans l’arrière-boutique chercher la marchandise.

    Mon regard revient aussitôt vers toi, beau chauffagiste. Mais je n’ai pas le bonheur de croiser le tien car le petit mec à lunettes revient t’expliquer qu’il y a eu une erreur, que ta commande est incomplète, qu’il manque juste… la pièce principale !

    Tu sembles excédé. Je t’entends lancer, à bout de nerfs :

    • Ça bousille ma journée. J’avais promis au client d’y aller aujourd’hui. Est-ce que je peux au moins savoir quand j’aurais cette pièce ?

    Le jeune vendeur retourne dans l’arrière-boutique pour se renseigner. Et moi j’en profite pour te lancer :

    • Ça ne s’arrange pas ici…

    C’est une affirmation qui ne repose sur rien, car c’est la première fois que je viens dans ce magasin, c’est un bluff imaginé dans le seul et unique but d’essayer d’établir un début de complicité par l’empathie. Et ça marche !

    • Non, pas du tout… tu confirmes.

    En attendant, mes pièces sont arrivées sur le comptoir. Trop vite, pour une fois que je ne suis pas pressé ! C’est con, je vais avoir fini avant toi. Je vais partir avant toi. J’aurais bien voulu continuer à discuter avec toi, trouver le moyen de te parler d’autre chose que de taf et de taf.

    Une fois que j’aurai réglé ma facture, je vais partir ! Et ce sera fini, je rentrerai dans ma voiture, je reprendrai ma route et ne te reverrai plus jamais.

    Bien sûr, il y a toujours une raison qui fait que rien n’est jamais possible entre moi et un gars que je kiffe. Je peux toujours invoquer des conditions conjoncturelles défavorables pour tenter d’expliquer mon manque de cran, pour tenter de justifier à moi-même mon incapacité à aller vers l’autre, à briser le mur de verre qui me sépare d’une possible belle rencontre. Aujourd’hui, je peux me dire par exemple que ce beau chauffagiste est bien trop accaparé par ses soucis et bien trop pressé pour qu’il puisse être réceptif à mes approches.

    Mais je sais pertinemment que ce ne sont que des excuses. Et ça n’apaise en rien la douloureuse déchirure provoquée au plus profond de moi par la dichotomie inconciliable entre mon désir et ma frustration.

    La vérité est que je ne sais pas aller vers les garçons qui me font de l’effet. Je ne sais même pas y aller pas dans les endroits prévus pour cela, alors, dans la vie de tous les jours…

    La peur du rejet, de l’humiliation et de la violence me tétanise. Aussi, la bogossitude m’impressionne, me fait me sentir comme un vilain petit canard honteux et me fait perdre tous mes moyens.

    Mon vendeur me rend la carte bleue, me tend la facture et me colle mon carton dans les mains. Je me retourne vers toi, beau Pierre. Tu captes mon regard et tu y accroches le tien. Je voudrais te parler, trouver le moyen de prolonger nos échanges, mais je n’ai aucune idée de comment m’y prendre.

    • Bon courage… tu me glisses, tout mignon.
    • Oui, bon courage à vous aussi…

    Et voilà, c’est comme ça que ça se termine, déjà. Je me mettrais des baffes, des baffes et encore des baffes.

    J’avance vers le sas, le ventre ravagé par le regret et la frustration. Je me sens mal et pire, j’ai envie de hurler jusqu’à m’en casser les cordes vocales !

    C’est en traversant le sas d’entrée que mon esprit est traversé par une idée qui me paraît plutôt pas mal. Je vais t’attendre ici, beau chauffagiste, un café à la main, et je vais t’en proposer un quand tu vas te pointer. Autour d’une pause-café, nous pourrons continuer à parler, et peut être faire un peu plus connaissance.

    Au fond de moi, je ne sais pas exactement ce que je cherche. J’ai terriblement envie de toi, mais j’ignore s’il y a moyen que tu sois partant pour cela. En attendant, j’ai envie de passer un peu plus de temps avec toi. Au moins ça, et tant pis si le désir qui me ravage restera inassouvi. Tu es trop craquant, je ne peux me résigner à partir sans rien tenter, je ne me le pardonnerais pas !

    Je pose mon carton dans ma voiture et je reviens vite dans le sas. Je me fais couler un café à la machine.

    Au bout de plusieurs minutes, tu n’es toujours pas sorti du magasin. J’ai terminé mon café et je commence à me dire que j’ai l’air con planté là à attendre de la sorte. Je ne sais même pas si je vais avoir le cran de te le proposer, ce putain de café !

    Oui, il faudrait avoir un peu plus de cran. Et arrêter de flipper. Au fond, je ne fais rien de repréhensible. Tu es beau, ça c’est un simple constat, et tu me plais, rien de plus normal. Je crève d’envie de t’offrir du plaisir, ni plus et ni moins de ce dont tu aurais envie. Rien de plus louable, pas vrai ?

    Pourquoi alors je me sens si mal, pourquoi je trouve mon comportement si déplacé ? Pourquoi ai-je l’impression de commettre un délit et d’aller forcément te déplaire ? Pourquoi je me sens fautif et coupable ?

    Plus les minutes passent, plus je sens ma détermination flancher. Je me dis que je ne vais pas oser, que quand tu vas enfin te pointer, je vais te laisser passer sans même te regarder. De toute façon, tu vas être pressé d’aller retrouver tes obligations de la journée, et je ne vais pas oser te proposer un simple café. Des excuses, toujours des excuses. Oui, je peux être con à ce point !

    Autant que je me tire d’ici tout de suite, en évitant ainsi une défaite cuisante dont je suis le seul responsable, moi qui sais si bien saboter mon propre bonheur depuis toujours.

    Je suis dans tous mes états, déchiré entre le désir qui me ravage, la crainte de ne pas oser, la peur de me faire refouler, rejeter, humilier, l’envie de partir, la colère contre moi-même de n’avoir pas plus d’audace, et contre l’injustice d’une culture, d’une société qui, condamne et rend si difficile le bonheur entre garçons.

    A moitié inconsciemment, je sors mon téléphone de ma poche et j’accomplis le geste machinal d’aller faire un tour sur l’application. Ce geste familier me rassure. Le portable à la main me donne une contenance, une « excuse » du fait de me trouver toujours là, plusieurs minutes après avoir réglé mon achat. Je me dis que je vais faire genre le gars occupé à écrire un mail ou à consulter je-ne-sais-quoi.

    Dans la mosaïque de l’application, je découvre en première position un profil inconnu au bataillon, « PIR31130 ». La photo de profil n’affiche pas le visage, juste un détail d’un biceps à moitié couvert par une manchette de t-shirt noire. Dans le descriptif, l’âge, 27 ans, et une courte description.

    « Je suis nouveau ici, je découvre ».

    Et là, surprise, la distance affichée est de 10 mètres. Mon cœur fait un bond. Je sais que l’application manque parfois de précision. Mais 10 mètres, ça signifie que le gars est quand-même tout proche !

    Son âge, son côté « nouveau ici », cette photo à la fois mystérieuse et sensuelle, tout cela m’intrigue à mort. A coup sûr, le mec doit se trouver dans le magasin. Il y avait plusieurs mecs à l’intérieur, mais comment savoir de qui il d’agit ? Je crève d’envie de rentrer à nouveau pour tenter de trouver qui se cache derrière ce profil qui m’intrigue.

    Mais je n’ose pas franchir à nouveau la porte d’entrée. J’ai peur de me faire remarquer, et qu’on trouve mon comportement louche. Je décide alors d’engager la conversation virtuelle. J’envoie illico un :

    « Salut », pour établir le contact. Mon profil affiche ma photo au-dessus de mon pseudo, « Nico82du31 ». Il pourra donc me localiser en premier.

    Je suis stressé comme pas possible, je suis impatient, cette situation inédite me donne le tournis. Je sais que je ne t’aurais pas, Pierre, mais peut être que je pourrai me consoler avec le gars au biceps musclé.

    Plusieurs secondes s’écoulent avant de recevoir un message en retour.

    « Salut, je t’ai vu dans le magasin »

    Ah, voilà autre chose.

    « Facile pour toi, moi j’ai mis ma photo ; – ) » je plaisante.

    « Pas faux »

    « Tu cherches quoi ? »

    Bien Nico, en plein dans le mille, en tout cas dans le top 5 des phrases les plus usées dans l’application !

    « Attends je sors je t’explique »

    De plus en plus intrigué et abasourdi, je me penche vers la porte vitrée coulissante côté magasin. Je voudrais rester discret mais je m’approche trop du capteur de mouvements. Et la porte s’ouvre, me laissant à découvert, démasqué, comme soudainement mis à nu.

    La porte s’ouvre et tu es là, devant moi. Pendant une fraction de seconde, j’ai cru que ce serait le mystérieux gars de l’application qui venait « m’expliquer ». Mais c’est toi, mon beau chauffagiste. Tu me regardes, tu me souris. Je fonds comme neige au soleil.

    J’aimerais tellement partager un bon moment avec toi, mais au fond de moi je sais parfaitement que ce n’est pas possible. J’ai voulu y croire, parce que tu me fais un effet de dingue. Mais il est temps d’arrêter de rêver. Et maintenant, il faut que tu partes au plus vite. Pour que ma frustration de te savoir inaccessible commence à s’estomper, et parce qu’un autre gars doit venir « m’expliquer » quelque chose d’important d’une seconde à une autre.

    • Je l’ai eue ma pièce, à la fin, tu me lances, parfois il faut juste insister.

    Tu es tellement beau, j’ai tellement envie de toi !

    • Vous devez être soulagé…
    • Et si on se tutoyait ? tu me lances.
    • Ça me va. Tu dois être soulagé…
    • Et si on arrêtait de tourner autour du pot, monsieur « Nico82du31 » ?

    Après une fraction de seconde d’ébahissement, tout prend forme dans ma tête.

    • C’est donc toi « PIR3130 »…
    • P-I-R… tu précises.
    • Ah oui, je suis bête, P-I-R, Pierre, il suffisait de lire !
    • Bah oui ! tu te moques gentiment.
    • Ça te dit un café ? je prends confiance.
    • Bah, c’est pas de refus. Mais je vais d’abord poser mon carton dans le fourgon. Je reviens de suite.
    • D’accord !

    Tu passes la deuxième porte vitrée qui s’ouvre en laissant entrer l’air frais de l’extérieur. Ton fourgon blanc est garé sur une place de parking juste en face de la porte du magasin. Pendant ce temps, je fais couler ton café, heureux comme rarement je l’ai été ces dernières années. J’en profite aussi pour reprendre ma respiration après plusieurs minutes passées comme en apnée. Respire Nico, respire, ça va bien se passer… J’ai les doigts qui tremblent, les jambes qui flanchent.

    Tu reviens une minute plus tard. Je te tends ton café.

    • Merci beaucoup, tu me lances, en portant le gobelet à tes lèvres et en sirotant une première gorgée chaude. Tes paupières descendent par reflexe. Tes cils sont longs et bruns, très sensuels.
    • Tu t’es levé de bonne heure ? je te questionne.
    • Pourquoi ?
    • Parce que tu as l’air bien fatigué.
    • Je suis réveillé depuis quatre heures du matin !
    • Tu commences aux aurores !
    • J’aurais pu dormir encore ! C’est le gosse qui en a décidé autrement…

    Aaaaahhhhh !!! Bogoss, jeune papa, et sur une application de rencontres gay ! Le tableau masculin qui commence à se dessiner autour de ton existence est riche !

    • Tu as un enfant ?
    • Oui, de deux mois…
    • Félicitations !
    • Merci. Mais ce n’est pas que du bonheur, tu sais… Ça fait deux mois que je ne dors presque pas. Je suis sur les nerfs, ma copine est sur les nerfs aussi.
    • C’est si dur ?
    • Oh, oui ! En plus, depuis six mois elle ne veut plus coucher. D’abord, c’était la fin de la grossesse. Et depuis qu’elle a accouché, elle n’a plus de libido. De toute manière, il n’y a plus que le môme qui compte. Moi je n’existe plus !
    • Ça doit être dur en effet, je compatis.
    • Je n’en peux plus de me taper des queues devant du porno !
    • C’est pour ça que tu viens de faire un tour sur l’application ?
    • C’est tout nouveau pour moi…
    • T’as jamais couché avec un mec ?
    • Si, si, quand j’étais plus jeune, au collège. En classe, il y avait un mec qui me kiffait, il m’accompagnait tous les jours à la maison et il me suçait avant que mes parents rentrent du taf. Mes parents pensaient qu’il m’aidait à réviser, mais il venait juste pour me vider. Ils ne se doutaient de rien. Parfois ils insistaient pour qu’il reste dîner, et après on remontait jouer au jeux vidéo. Et il me suçait encore.

    Mon cerveau fait un parallèle à la fois excitant et nostalgique avec mes révisions avec Jérém.

    • Et depuis, rien ?
    • Non. Après le collège, nous nous sommes perdus de vue. J’ai commencé à sortir avec des nanas, j’ai fini le lycée, j’ai bossé chez un patron pendant quelques années, je me suis installé à mon compte, j’ai rencontré la fille avec qui je me suis marié, on a fait un gosse, et tout s’est enchaîné.
    • Et aux mecs, tu n’y pensais plus ?
    • Si, bien sûr. Mais je n’osais plus.
    • Et maintenant ?
    • Maintenant j’ai trop envie de baiser !
    • Et plutôt des mecs…
    • J’ai envie de savoir si je kiffe toujours…

    Et là, je me sens pousser des ailes et je décide d’oser.

    • Tu peux très vite en avoir le cœur net…

    Tu souris et tu reprends une gorgée de café. Une étincelle lubrique a fait son apparition dans ton regard. Dans le petit sas, l’air est de plus en plus chargée d’électricité, de sensualité.

    • T’as des capotes ? tu me demandes.

    Mon cœur bat à tout rompre. Tu es beeeaaaauuu, et tu es un sacré bon coquin, j’ai terriblement envie de toi !

    Quelques minutes plus tard, après être passé acheter mon sésame en caoutchouc pour une baise « safe », je te rejoins sur un petit chemin discret à la sortie de la ville que tu m’as indiqué. Je me gare juste derrière ton fourgon. Mon cœur bat tellement fort que j’ai l’impression qu’il va bondir hors de ma poitrine.

    Tu ouvres la porte arrière, et tu me souris à nouveau. Tu es tellement beau, si tu savais ! Ton sourire me donne du courage, du bonheur, un peu plus d’adrénaline, un peu plus le tournis.

    Je monte et je claque la porte derrière moi. Les parois du fourgon sont recouvertes d’étagères pleines d’outils, un établi est posé derrière le siège conducteur, mais tout l’espace central est libre. Le plafond est assez haut pour tenir debout.

    Nous sommes l’un face à l’autre, nous nous regardons, nous nous toisons, sans oser parler. C’est toi qui brises le silence.

    • C’est mon premier vrai plan avec un mec, alors je ne sais pas comment…

    Tu es beau comme un Dieu, tu es beau à pleurer toutes les larmes de mon corps. Mais avant ta beauté, c’est ton regard qui me touche. Ici, dans ce fourgon, alors que tu t’apprêter à franchir le pas de l’interdit, à coucher avec un garçon, à tromper ta femme – tu dois penser à elle, à cet instant, et à ton gosse aussi, tu dois culpabiliser, quelque part au fond de toi – tu as l’air perdu et vulnérable. Tu me touches profondément.

    Tu as envie de sexe, certes, mais tu as aussi besoin de tendresse, d’attention. J’ai envie de tout avec toi, mais avant tout, j’ai envie de te serrer dans mes bras et de te couvrir des bisous et de câlins. Alors, je m’approche de toi, je te serre dans mes bras, je t’embrasse dans le cou, délicatement, sensuellement, je caresse ton dos, ton cou, je laisse mes doigts se perdre dans tes cheveux bruns. Tu te laisses faire, sans bouger. Tu sembles bien kiffer. Ce contact avec ton corps solide me fait un bien fou. J’entends ta respiration, les battements de ton cœur qui traduisent ton excitation mêlée de réticences, de questionnement, de peurs, je capte l’odeur de ta peau. J’ai envie de te garder dans mes bras pendant des heures, j’en ai envie parce que j’ai l’impression qu’à toi aussi ce contact fait du bien, que ça t’apaise.

    Nos braguettes s’effleurent, tu bandes, je bande. Tu frissonnes. Il n’en faut pas plus pour faire tomber toutes mes inhibitions. Je passe mes mains sous ton t-shirt, je laisse glisser mes doigts sur ta peau douce et tiède, je découvre le dessin léger et ferme de tes abdos, la douceur de tes poils. Je remonte vers tes pecs, je trouve tes tétons.

    J’insiste avec mes doigts sur tes tétons, tu frissonnes plus fort encore. J’ai envie de t’embrasser sur la bouche, je tente le coup, je teste ta réaction. Mes lèvres se posent sur les tiennes, ma langue s’insinue dans ta bouche, la tienne vient à sa rencontre. Quel bel accueil ! Ça me donne des frissons inouïs, je bande comme âne. Comment j’ai envie de toi !

    Je t’embrasse de plus en plus fougueusement, je défais ta ceinture, puis un à un les boutons qui vont me donner accès à ta virilité. Le contact avec le tissu fin de ton boxer tendu par une queue insolente et frémissante est super excitant.

    Je continue de t’embrasser, je plonge ma main dans ton boxer et j’empoigne ta queue. Ton engin viril tiède et bien raide emplit bien ma main. Je te branle doucement.

    Je suis à genou devant toi. Tu es désormais accoudé sur le bord du petit établi, les jambes légèrement écartées, le bassin bien vers l’avant, ta virilité fringante offerte à ma bouche tout aussi impatiente. Tu as vraiment envie de te faire sucer, après tous ces mois de disette !

    Je te pompe avec bonne vigueur, j’avale ton manche avec entrain. Tu as gardé ton t-shirt gris, et tu as eu raison. Sacré t-shirt, enveloppe en coton mettant en valeur l’anatomie masculine sans complètement la dévoiler, aiguisant le désir, exacerbant l’envie, laissant le temps d’imaginer le bonheur de déshabiller, de découvrir, d’être émerveillé.

    • Ah, putain, c’est bon, je t’entends grogner, la voix cassée par la tempête des sens, comme dans un état second, vas-y, encore, comme ça !

    Très plaisant à entendre.

    Encouragé par tes mots, je continue avec un entrain grandissant. Je veux me surpasser, je veux t’offrir autant de nuances de plaisir que possible. Je veux te sentir vibrer sous les assauts de ma langue experte.

    Ta respiration se fait de plus en plus profonde et intense. Dans le mouvement, ton t-shirt remonte en cadence, j’aperçois ton nombril, je sens sur mon visage l’odeur léger de ton gel douche et la tiédeur de ta peau.

    Cette simple vision de ton bas ventre a le don de décupler mon envie d’aller encore plus loin dans le déferlement de plaisir que je peux t’offrir. Mes mains se glissent à nouveau sous ton t-shirt, mes doigts frémissent sur tes abdos, avant d’aller à nouveau agacer tes tétons. Tu as l’air surpris par ce contact, tu sursautes. Mais tu prends un pied d’enfer. Je relève les yeux pour apercevoir ton visage, juste à temps pour te voir ramener la tête vers l’arrière, ouvrir la bouche dans un soupir profond traduisant ton plaisir extrême. Et moi je suis fou d’être l’auteur de ton plaisir !

    J’adore l’idée d’être le premier gars qui accède à ta belle queue depuis dix ans, et je vais tout faire pour que la réponse à ta question – J’ai envie de savoir si je kiffe toujours (avec un mec) – soit une affirmation, une évidence, un acquis.

    Je me fais violence pour arrêter de te pomper. Je me relève, je t’attrape par une épaule t’obligeant à avancer vers moi. Je peux ainsi me glisser derrière toi, coller mon torse à son dos, ma queue raide calée dans ta raie.

    • Pas ça… je t’entends me glisser, un brin paniqué.
    • T’inquiète, aujourd’hui, le mec, c’est toi ! je te rassure.

    Je glisse l’une de mes mains sous ton t-shirt, je la charge d’aller caresser tes tétons, j’envoie l’autre saisir fermement ta queue et recommencer à la branler. Ma bouche se pose sur ton cou, mes lèvres sont entreprenantes, ma langue se déchaîne. Je suis tellement excité que je m’aventure à mordiller délicatement la peau de ton cou, et même le lobe de ton oreille. Là aussi, tu sembles kiffer.

    Et là un souvenir remonte en moi avec une violence inouïe. C’est le souvenir d’un séjour dans un grand hôtel à Biarritz, le souvenir d’un matin, de Jérém fatigué après la cuite de la veille et une nuit trop courte. Je le revois assis sur le bord du lit, je me revois installé dans son dos, mes jambes autour des siennes, une main s’occupant de ses tétons, l’autre de sa queue, jusqu’à le faire jouir.

    • Putain, mec, si tu continues comme ça, je vais jouir ! je t’entends me glisser, au bout de ta vie.

    Naaaaan, mec, tu ne vas pas jouir encore, j’en n’ai pas fini avec toi, mon beau !

    Je lâche aussitôt ta queue, je saisis tes hanches, t’invitant à pivoter, je contemple ta queue raide comme un piquet, frémissante, impatiente. J’en peux plus, j’ai trop envie de te voir à poil, de découvrir l’intégralité de ta beauté mâle. J’attrape le bas de ton t-shirt et je le soulève. Tu secondes mon mouvement en soulevant tes bras. Le coton gris glisse autour de ton torse.

    Je ne m’étais pas trompé, le t-shirt n’avait pas triché, qu’est-ce qu’il est beau ce torse solide, bien proportionné, légèrement poilu à hauteur des pecs ! Tout est conforme à ce que mes doigts m’avaient anticipé lors des explorations à l’aveugle dont je les avais chargées.

    Avec ta peau mate, tes cheveux bruns, ton regard brun, la bonne pilosité brune de ton torse, c’est fou comment tu me fais penser à Jérém ! Il te manquerait que quelques tatouages et une chaînette de mec pour que l’illusion soit presque parfaite. Définitivement, je suis toujours attiré par le même style de mec. Brun, la peau mate, les cheveux courts, un sourire à tomber par terre…

    Je suis tellement chamboulé que j’en oublierais presque de m’occuper de toi, mon charmant chauffagiste. Tu prends alors la main, tu me pousses contre une étagère, tu te mets à genou, tu défais ma braguette et commences à me sucer à ton tour.

    C’est parfois maladroit un mec qui suce pour la première fois. Je sens que tu as envie de ça, et que tu as envie de bien faire. Tu cherches tes marques. En attendant, tu serres trop ma queue avec tes doigts. Je porte ma main sur la tienne pour te signifier de desserrer sa prise et de faire juste avec ta bouche. Tu te laisses guider et c’est un peu mieux, mais toujours pas top. Pourtant, ce n’est pas faute de t’avoir montré pendant un long moment comment donner du pied à un mec ! Mais il est des compétences pour lesquelles rien ne remplace la pratique et l’habilité innée.

    Tu entreprends de faire des va-et-vient de plus en plus rapides et violents, mon gland n’apprécie pas vraiment.

    • Vas-y doucement, ralentis un peu, sois plus doux… je tente de t’aiguiller.

    Peu à peu, tu changes de rythme, et tu sembles enfin te mettre à l’écoute de ma respiration et de mes soupirs. Là ça commence à devenir bon.

    Pendant que tu t’affaires sur ma queue, je caresse tes épaules. Ta peau est douce, c’est super agréable. Je laisse mes doigts s’aventurer dans tes cheveux. Ce contact est particulièrement excitant. Tellement excitant que je me fais surprendre par l’approche rapide de mon orgasme.

    • Arrête, mec !

    Je repousse légèrement tes épaules pour que tu arrêtes de me pomper, tout juste un instant avant de jouir. Il s’en est vraiment fallu de peu, et ç’aurait été dommage. On a tant d’autres belles choses à partager !

    Je passe mes mains sous tes aisselles pour t’inviter à te remettre debout. Je me colle contre toi, je t’embrasse fougueusement, nos torses collés l’un contre l’autre. J’adore cette sensation de chaleur et de douceur au contact de ton corps. Ma bouche descend pour aller enfin à la rencontre de tes beaux tétons bien saillants que je sentais frotter contre le miens pendant que nous nous embrassions.

    Ma main descend sur ta queue et recommence à la branler. Qu’est-ce que j’aime tenir cette queue épaisse entre mes doigts, et qu’est-ce que c’est agréable ce contact avec cette peau douce et chaude, palpitante de virilité, à deux doigts de lâcher sa semence bien épaisse !

    Tu me plais vraiment beaucoup, jeune papa sexy. J’ai envie de tout te faire, j’ai envie de te faire jouir dans ma bouche, j’ai envie de t’avoir en moi, j’ai envie que tu jouisses en moi, que tu me remplisses de ton jus.

    • J’ai envie de toi ! je te glisse à l’oreille, fou de désir.

    Ton regard abrite désormais une belle étincelle lubrique qui m’excite au plus haut point.

    Un instant plus tard, tu emprisonnes ton érection dans une capote, tu mets une barrière en caoutchouc entre ta virilité et mon envie d’en être rempli. C’est dommage, mais c’est le prix à payer pour baiser sans risque pour la santé.

    Tes viens derrière moi, tes mains écartent mes fesses, ta queue se laisse glisser dans ma raie, elle met mon trou en joue. Ta prise est ferme, ta présence en impose, j’ai furieusement envie d’être à toi, je suis déjà à toi. Je te sens glisser en moi, lentement mais assurément, tu es puissant mais tu y vas en douceur, tu es le mec.

    Te voilà enfin au fond de moi, je sens tes couilles chaudes frôler mes fesses. Tu commences à me limer. Frustré par des mois de manque, chauffé à blanc, je sens que tu as vraiment, vraiment envie de jouir.

    Mais pas tout de suite. Avant, tu as envie de changer de position. Tu me saisis par les hanches, tu me soulèves. Je me retrouve ainsi assis sur le bord de l’établi, mes jambes et mes pieds en l’air. Tu me maintiens fermement avec la prise de tes mains. Tu me fais face désormais et la flamme lubrique dans tes yeux est brûlante comme jamais. Je t’ai chauffé à blanc, et je n’en suis pas qu’un peu fier. Je me sens entièrement à ta merci, et j’aime ça.

    Tout en me fixant droit dans les yeux, le regard vide d’expression d’un mâle en rut, tu vises directement mon trou, et cette fois-ci tu rentres comme dans du beurre. Je pensais que tu serais pressé de conclure. Mais, à ma grande surprise, c’est un mouvement plutôt lent que tu insuffles dans tes va-et-vient. Peut-être que, malgré ton jeune âge, tu as déjà compris que le plaisir est tout autant dans l’attente que dans l’aboutissement, si convoité, et pourtant si fugace, si éphémère.

    Tes mains me maintiennent fermement en équilibre sur le petit établi, tes biceps se gonflent dans l’efforts, j’ai la chance de contempler le plaisir passer sur tes beaux traits masculins, d’entendre tes gémissements, de te voir te pencher sur moi, ta peau de plus en plus moite.

    J’adore te voir rabattre la tête en arrière, pointer les les yeux vers le ciel (enfin, vers le plafond du fourgon), entendre tes ahanements monter en puissance et ponctuer enfin le moment où tu perds pied. Ton beau physique est secoué par des frissons incontrôlables, ton esprit s’évaporer sous les vagues puissantes de l’orgasme qui vient enfin soulager ta virilité pendant trop longtemps mise entre parenthèses.

    Tu as joui, et tu as l’air assommé. T’avais vraiment envie, et ça a l’air de t’avoir fait du bien. Et je suis tellement heureux d’avoir contribué à faire exulter ta puissance virile !

    Nos regards se croisent à nouveau, il y a un instant de malaise, je ne sais pas comment le dissiper. Tu détournes ton regard et tu me branles à ton tour, tout en me maintenant sur le bord de l’établi à la seule puissance de ton bassin. Et tu me fais jouir.

    Tu te déboîtes de moi, tout en accompagnant mon « atterrissage » en douceur. Mes pieds retrouvent le contact avec le sol du fourgon. Tu me passes de l’essuie tout pour nettoyer mon torse parsemé de quelques bonnes trainées chaudes.

    Je te regarde, la respiration toujours haletante, le dos appuyé contre l’étagère en face de moi. Qu’est-ce que tu es beau !

    Je te regarde retirer la capote de ta queue, y faire un nœud et la balancer dans une poubelle installée dans un coin du camion. Ton geste est très érotique, très masculin. Et putain, qu’est-ce qu’elle était joliment remplie !

    Une minute plus tard, nous nous rhabillons en silence. A l’instant où tu as joui, une immense distance s’est créée entre nous, je le sais. Une distance irrattrapable. Tu es encore là, et je ressens déjà ton absence. Je crève d’envie de te revoir. Alors, même si je sens que les voyants ne sont plus du tout au vert, je tente le coup.

    • Ça te dit qu’on remette ça ?
    • Je ne sais pas trop, j’ai pas vraiment le temps.

    Je le savais. Je le sentais. Et pourtant, j’insiste.

    • Je peux me rendre dispo quand tu es dispo.
    • Ecoutes, mec. C’était un bon moment, mais je ne sais pas si j’ai envie de remettre ça. J’ai une femme et un gosse. Je ne sais pas trop où j’en suis…

    Voilà, c’est clair. Et ça fait mal, comme un coup de massue sur la tête. Tu évites désormais mon regard. Après avoir joui, un garçon perd souvent de son panache. A fortiori lorsqu’il se sent « fautif ».

    L’envie de baiser, décuplée par le frisson de braver l’interdit avec un gars, t’a fait t’éloigner du « bon chemin », t’a fait oublier tes réticences, tes peurs, ta femme, ton gosse. Mais quand on n’est pas en phase avec ses propres désirs, avec soi-même, l’atterrissage de l’orgasme est souvent brutal. Les remords ne ratent pas, ils sont au rendez-vous, implacables.

    Avec ton gosse à la maison, tu me fais penser à mon pote Thib. Je suis heureux que ce dernier ait trouvé la force d’assumer qui il est, et de trouver le bonheur avec un garçon qu’il aime et qui l’aime. J’espère qu’un jour, toi aussi, beau Pierre, tu trouveras ton équilibre, et que tu apprendras à respecter qui tu es. Je te le souhaite de tout cœur.Nous nous quittons avec un « salut » qui est en réalité un « adieu ». J’avais envie de remettre ça, tu as douché tous mes espoirs. J’avais envie de te connaître davantage, tu t’es fermé comme un hérisson. J’avais envie de te dire « à bientôt », tu m’as dit « à jamais ».

    En quittant le fourgon, je retrouve la lumière limpide du matin de printemps. C’est une si belle journée ! Ce serait une journée idéale pour commencer une belle histoire, pour tomber amoureux. J’y ai cru, pendant une fraction de seconde.

    Mais je sais désormais que ce ne sera pas pour aujourd’hui. Et ça m’arrache le cœur. C’est stupide, je le sais, mais j’ai vraiment craqué pour toi, petit chauffagiste. Je n’avais pas prévu à que tu me touches autant. Mais tu l’as fait. Si seulement tu savais comment, au-delà de ta beauté mâle, tu m’as immensément touché !

    Car, si tu étais en manque de sexe, tu étais aussi en manque de câlins, et j’ai adoré te tenir dans mes bras tout autant que faire l’amour avec toi. Je ne peux me résoudre à accepter l’idée de ne plus jamais te revoir. J’en ai les tripes nouées.

    Je suis bête. Même si tu savais ce que tu as éveillé en moi, ça ne te ferait pas revenir pour autant. Bien au contraire. Déjà que tu n’as pas envie de baiser à nouveau avec moi, si en plus tu savais l’effet que tu m’as fait, tu fuirais deux fois plus vite !

    Je suis encore incrédule vis-à-vis de ce qui vient de m’arriver. Jamais en me levant ce matin j’aurais imaginé même de loin qu’un truc pareil puisse se produire dans ma vie. Parfois, même quand tout espoir semble perdu, la vie peut nous surprendre. Parfois, on peut même faire de belles rencontres grâce aux applications. Comme quoi, tout est possible.

    Je te regarde repartir, je suis ton fourgon du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse derrière un virage. Et alors que l’écho du plaisir que nous avons partagé retentit encore dans corps et dans mon esprit, déjà je retrouve ma solitude et ma mélancolie.

    Assis au volant de ma voiture, je contemple la place vide où ton fourgon était garé. Et maintenant que tu es déjà loin, je laisse enfin les larmes couler sur mes joues.

    Je pleure parce que tu as fait vibrer tant des cordes sensibles en moi, celles du désir, de la sensualité, mais aussi celle de la tendresse. Tu m’as ému. Je pleure parce que tu me manques déjà à en crever, et que je sais que je ne te reverrai plus jamais.

    Je pleure parce que ma solitude me pèse de plus en plus.

    Et je pleure aussi, et surtout, parce que toi, magnifique garçon prénommé Pierre, tu m’as rappelé un autre garçon, celui qui a compté le plus dans ma vie.

    Ta brunitude, ta peau mate, ta passion pour le rugby, ton histoire avec ton camarade de collège, ta difficulté à assumer ton attirance pour les garçons, ta fougue pendant l’amour, ton besoin de câlins, il y avait tant de parallèles avec mon Jérém ! C’en était troublant.

    Peut-être que si nos révisions avant le bac n’avaient pas changé le cours des choses, lui aussi, à l’heure qu’il est, il aurait une femme et un gosse.

    Jamais je n’aurais imaginé qu’à travers un autre gars, le souvenir de Jérém puisse me rattraper et me percuter avec cette violence.

    Je pleure parce que je me rends compte que je ne suis toujours pas guéri de notre séparation. C’est comme si, en partant, il avait arraché une partie de mon cœur.

    On n’oublie jamais son premier amour, son seul amour. Mais où es-tu, Jérém ? Au fond de moi, je sais que nous nous retrouverons, que le destin nous réunira un jour. On se l’est promis tous les deux, on se l’est promis sans mots, sans formule. C’est une promesse que j’ai lue dans tes yeux, une promesse que je serre contre moi depuis longtemps déjà. On se l’est promis par une belle soirée d’été, après avoir fait l’amour pour la dernière fois avant de nous quitter.

    Tout était beau, tout était parfait ce soir-là. Et je n’ai qu’un seul, immense regret, celui de ne pas avoir trouvé ce mot, ce baiser, ce petit quelque chose, ce petit rien qui aurait pu te retenir.

  • JN01087 Comme après une cuite heureuse

    JN01087 Comme après une cuite heureuse

    Vendredi 13 juillet 2001

    Le réveil est à six heures. C’est un réveil trop matinal. Et c’est un réveil bercé par un sentiment d’incrédulité vis-à-vis de cette soirée, de ce concert, du fait d’avoir vu Madonna danser et chanter à quelques mètres de moi, de l’avoir vue danser et chanter un peu pour moi aussi. Un moment marquant dont le souvenir me happe dès que je quitte le sommeil.

    Un réveil enchanté, mais un réveil à six heures quand même. Dur dur quand on n’a pas dormi plus de deux heures (oui, le débriefing du concert avec Elodie a duré un peu). Alors, pour essayer de me remettre d’aplomb, je prends une douche revigorante, un full breakfast avec ventrèche, saucisse grillée et œuf sur le plat.

    Une demi-heure plus tard, nous voilà dans le métro. Suivra le « Poudlard Express » qui nous attend sur le quai 9 et ¾ pour nous amener à l’aéroport de Stansted.

    « Et si nous prenions un Portoloin ? se marre Elodie.

     — De quoi ? »

    Dans le grand hall des embarquements, mon capteur de bogoss balaie l’horizon devant moi, sans résultat significatif. Je suis à la fois frustré et soulagé. C’est le paradoxe de la bogossitude. Sa présence me happe, catalyse toute mon attention et mon esprit enivrés. Alors que son absence catalyse toute mon attention et mon esprit déçus.

    Non, aujourd’hui, rien ne retient mon attention. Au point que j’envisage sérieusement de reprendre le roman laissé en plan trois jours plus tôt.

    Et là, tout à coup le temps s’arrête. Les écouteurs sur les oreilles, un ange arrive et se pose à ma gauche, trois sièges plus loin. C’est un ange tombé du ciel, ou un petit Dieu vivant. J’ignore son prénom, mais dans ma tête, je lui en ai donné un : Thibault.

    Car le Dieu vivant doit avoir lui aussi 20 ou 21 ans maxi. Et il a le même gabarit – taille moyenne, épaules carrées, même regard viril mais rassurant, charmant, touchant. Ce « Thibault » est habillé d’un t-shirt marron moulant des pecs dessinés et des tétons qui pointent légèrement sous le coton.

    La ressemblance est frappante. A un détail près : ce « Thibault » a les yeux d’un bleu profond, magnétique.

    « Thibault » semble balayer l’espace au-delà de la baie vitrée donnant sur les pistes. Son regard est doux, voire un peu triste. A quoi pense-t-il, à qui pense-t-il ?

    J’ignore tout de lui, à part sa destination, Berlin, affichée à la porte d’embarquement qui vient d’ouvrir. Une longue file d’attente se crée rapidement. Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse dans la passerelle de l’avion, incapable de le quitter des yeux, comme pour « m’emplir » de sa présence, de sa beauté.

    « L’autre jour j’ai appris que Thibault est pompier volontaire, je balance à ma cousine.

     — Ce mec a l’air d’un type formidable, elle considère en levant le nez de son bouquin.

     — Je confirme, c’est un type formidable. Jérém a de la chance d’avoir un pote comme lui.

     — C’est vrai, fait-elle, avec un air songeur. Il y a un truc qui m’a frappé quand nous l’avons croisé dans la rue d’Alsace-Lorraine.

     — Quel truc ?

     — La façon dont il t’a cuisiné au sujet de cette fameuse soirée où ton mec s’est battu.

    Mon mec. Ça me plaît comme idée. Si seulement…

     — Oui, et alors ?

     — J’aurais presque dit qu’il était comme jaloux de toi. »

    Soudain, je repense à cette soirée. Je me souviens que Thibault nous avait suivis sur le parking de la boîte de nuit pour récupérer son portefeuille dans la voiture de son pote. Je me souviens de son regard fixe pendant que nous quittions le parking, un regard qui avait quelque chose de triste et de touchant.

    « Tu penses que Thibault pourrait kiffer Jérém ?

     — Je ne pense pas forcément à ça…

     — Quoi d’autre ?

     — Ça doit être dur pour lui d’être tenu à l’écart de cet aspect de la vie de son pote.

     — Je n’avais pas pensé à ça.

     — Jérémy et Thibault, c’est un lot… »

    J’adore l’image « Jérém et Thibault, c’est un lot ». Ma cousine a vraiment le sens de la formule.

    « Ou du moins ça l’était, avant que tu ne viennes te taper l’incruste dans leurs vies ! elle plaisante.

     — Tu crois que j’ai fait du tort à leur amitié ?

     — Je n’ai pas dit ça. Ce que je veux dire c’est que Thibault sait qu’en partageant la couette de son pote, tu risques de devenir la personne la plus proche de lui. Et c’est ça à mon sens qui perturbe.

     — C’est bien possible ça, je fais soudainement éclairé sur un aspect de la sensibilité du beau mécano auquel je n’avais pas pensé.

     — Après des années d’amitié, elle continue, un jour il réalise que son pote n’est pas prêt à lui faire confiance sur un truc si important. C’est violent. Jérémie a peut-être peur d’être rejeté s’il se livrait à Thibault.

     — Mais Thibault ne le rejetterait jamais !

     — Tu le sais, et je le sais. Jérémie aussi le sait, mais il a trop peur. Il a sans doute peur de « décevoir » son pote Thibault.

     — Alors que Thibault est un véritable ami qui ne le jugera pas, je commente.

     — Tu as de la chance, mon cousin. Thibault peut t’apporter beaucoup pour mieux connaître Jérémie. Si tu la joues fine, tu arriveras à atteindre le cœur du beau brun, tout en trouvant un grand pote en Thibault. D’autre part, tu peux faire beaucoup pour lui aussi.

     — Comme quoi ? je m’étonne.

     — Comme le rassurer. Je suis sûre qu’il doit être malheureux de cette distance qui est en train de se créer entre Jérémie et lui.

     — Tu es en train de me dire que j’ai foutu le bordel dans leurs vies ?

     — N’importe quoi, Nico ! Tu es celui qui l’a forcé à regarder en face son attirance pour les garçons. Tu es peut-être en train de l’empêcher de passer à côté de sa vie. Tu es peut-être en train de lui éviter de se réveiller un matin dans 5, 10, 20 ans, avec une femme, des gosses, prisonnier d’une vie d’hétéro qui l’étouffe, avec une seule envie, celle d’aller se taper le premier mec dans un sauna. Tu lui as montré que l’amour entre garçons peut être beau, et qu’on n’a pas à en avoir honte. Tu n’as pas à regretter de l’avoir abordé. De toute façon si tu ne l’avais pas fait, tu l’aurais regretté toute ta vie. »

    Je me tais, interloqué. Vu sous cet angle, ça donne envie d’y croire. J’adore ma cousine.

    « Laisse-le avancer, à son rythme, doucement mais assurément vers toi, elle continue, ne le saoule pas. Je suis sûre que ça avance quand même dans sa petite tête.

     — Quand je pense qu’il n’y a encore pas si longtemps tu me disais de l’oublier…

     — Et c’était aussi un excellent conseil. Sauf qu’il est hors de ta portée ! »

    Dans l’avion qui nous ramène vers la Ville Rose, alors que je m’emploie à faire durer le plus longtemps possible la magie de Londres, je me sens peu à peu happé par à mes inquiétudes toulousaines. Comment va mon Jérém ? Pourquoi n’a-t-il toujours pas répondu à mes messages ? Est-ce que je vais le revoir un jour ?

    La Manche arrive, avec ses petits bateaux et leurs traînées dans l’eau. Toulouse approche, l’atterrissage n’est plus qu’une question de minutes.

    La petite conversation avec Elodie m’a un peu chamboulé. Car elle a fait naître en moi un doute dont je n’arrive plus à me débarrasser. Elle m’a mis dans un beau pétrin. Car lorsque le doute s’installe, le chasser n’est pas chose aisée.

    Est-ce que Thibault éprouve des sentiments pour Jérém ? Si vraiment c’était le cas, pourquoi il chercherait à être pote avec moi, le mec qui couche avec le gars qu’il convoite lui aussi ?

    Sur Londres le ciel était gris. Mais à Toulouse c’est un soleil rayonnant qui nous attend. Lorsque nous atterrissons à Blagnac, il est 13 heures. Une heure plus tard, je suis à la maison.

    « C’était comment ? » m’interroge maman, impatiente de tout savoir.

    Et là, je ne sais pas ce qui se déclenche en moi. C’est peut-être la fatigue, ou bien le fait de réaliser pleinement que je suis revenu à la maison. On encore le fait de réaliser pleinement que la « rencontre » avec Madonna, que ce moment magique est déjà derrière moi et qu’un autre semblable ne reviendra pas de sitôt. C’est peut-être à cause des tensions accumulées au sujet de Jérém, de ses silences, de ma peur de le perdre, des tensions qui me rattrapent sans délai alors que je reviens tout juste dans mon quotidien et qu’une partie de moi n’est pas encore prête à descendre du petit nuage où mon esprit s’était confortablement installé depuis quelques jours. Tout cela remonte en moi avec une violence inouïe.

    Et ce trop plein d’émotions qui s’entrechoquent en moi fait monter les larmes à mes yeux, sans que je les aie senties venir, sans que je puisse les retenir.

    « Ça va aller, mon chou. Quand on est monté sur un si haut nuage, il faut toujours un temps pour revenir sur terre » me souffle maman, en serrant ma main et en glissant un grand sourire.

    Le déjeuner est le temps d’un récit aussi décousu que passionné, un récit que maman écoute avec curiosité et en posant pas mal de questions. Puis, vient le temps de la sieste, pas vraiment méritée, mais nécessaire.

    Je m’endors avec une question à laquelle je n’ai toujours pas de réponse.

    Comment retrouver mon Jérém après cette semaine de distance, après Martin, après Romain, après cette nuit que nous avons passé ensemble, après son départ au petit matin en évitant soigneusement de me réveiller, après son accident à la demi-finale, après mes SMS restés sans réponse, après son silence radio depuis une semaine ?

  • JN01086 Le jour M

    JN01086 Le jour M

    Jeudi 12 juillet 2001

    Le lendemain, je me réveille tout excité. Nous y voilà, c’est le jour J. Enfin, plutôt le jour M. En attendant l’heure de nous rendre à l’Earls Court, nous optons pour un tour du coté de Little Venice. J’aurais également voulu visiter le British Museum, aller voir la Pierre de Rosette. Mais Elodie ne semble pas tellement chaude pour nous enfermer dans un musée. Elle a peut-être raison, il fait beau et il fait bon de marcher et de visiter au grand air.

    Nous finissons par flâner sans but, à part celui de profiter sans stress des quelques heures restantes à notre disposition pour nous imprégner de la lumière, des couleurs, des géométries de cette ville. Et la flânerie s’accompagne d’une autre activité plaisante, celle qui consiste à mater les bogoss.

    C’est génial d’accomplir ce genre d’exercice en compagnie de ma cousine. Parce que nous avons quasiment les mêmes goûts et sensibilités en matière de bogoss (à part les cheveux longs, qu’elle affectionne et que je considère au contraire comme complètement rédhibitoires sur un mec). Parce que nous kiffons les mêmes modèles de mecs, les mêmes regards, les mêmes attitudes, les mêmes tenues. Parce que le regard de l’un capte et attire l’attention de l’autre sur un détail qui aurait pu lui échapper, et vice-versa. Parce qu’en échangeant nos impressions nous nous surprenons à mettre des mots percutants sur nos ressentis et sur ceux de l’autre. Parce que nous nous entraînons l’un l’autre dans un délire qui pourrait durer à l’infini, tant c’est amusant. Parce que cette complicité avec Elodie est un véritable cadeau du ciel.

    Oui, mater le bogoss est une activité bien plaisante. Du moins jusqu’à ce qu’un brun magnifique avec un t-shirt noir moulant à se damner, un short gris, une chaînette de mec et des lunettes de soleil ne me rappelle un autre brun, dans une autre ville. Et mes angoisses me happent à nouveau, plus intenses que jamais.

    Je regarde mon portable, toujours muet. J’ai soudain très envie de lui envoyer un autre message. Mais à quoi bon ? S’il n’a pas répondu aux précédents, il ne répondra pas à un énième.

    Et pourtant, je n’en peux plus de ne pas avoir de ses nouvelles. J’ai trop envie de savoir comment il va. Profitant du fait que ma cousine est partie nous chercher une glace, je me surprends à composer son numéro. C’est une folie, mais pourquoi pas ? Pourquoi ça ne pourrait pas lui faire plaisir ?

    Mon cœur tape à tout rompre Mais les sonneries s’enchaînent et ça ne décroche pas. J’arrive sur le répondeur, j’entends sa voix de mec qui me fait vibrer. Je n’ai pas le cran de laisser un message. Je raccroche, je range dans ma poche ce téléphone qui me brûle les doigts.

    Il est déjà 16 heures et nous n’avons plus le temps de traîner. Nous avons des places dans la fosse et debout. Et à cet emplacement, le premier arrivé est le mieux servi. Après avoir mangé nos glaces, nous repassons à l’hôtel pour nous préparer avant de filer manger un bout.

    Arrivé devant l’Earls Court, j’assiste pour la première fois à ce spectacle grandiose de la foule géante qui attend patiemment, spectacle auquel je serai confronté à chaque fois que je me déplacerai pour aller retrouver ma star préférée aux quatre coins de l’Europe, et même au-delà.

    En voyant tout ce monde venu pour elle, je reste bouche bée. Une véritable marée humaine se tient debout devant la salle, tout en attendant patiemment l’ouverture des portes. Et, encore plus hallucinant, des tentes posées aux abords de la salle témoignent du fait que certains fans sont sur place depuis la veille.

    En nous baladant entre les stands de merchandising, nous rencontrons des Parisiens, des Dijonnais, des Bordelais, ainsi qu’un grand Suisse venu lui aussi avec sa cousine. Nous nous parlons de Madonna, nous nous racontons nos périples pour venir à Londres, nous buvons un verre tous ensemble.

    Je suis entouré de fans pour qui aller à un concert de Madonna n’est pas seulement aller retrouver une immense faiseuse de tubes, mais aussi et surtout aller retrouver une sorte de copine pour laquelle ils ont une estime immense et une affection émouvante. Je suis comme sur un nuage. Car je partage leurs ressentis, leurs émotions, leur nostalgie. Pour nous, les fans, Madonna n’est pas seulement la plus grande des stars, mais une copine virtuelle qui nous a accompagnés à chaque moment important de notre vie.

    Vers 18 heures, les portes de l’aréna s’ouvrent enfin. La masse de fans est filtrée lentement à travers les nombreuses portes.

    Plus j’approche de l’entrée, plus je suis saisi par une peur irrationnelle que mon ticket ne soit pas valide, la peur de me faire refouler à l’entrée et de rater le spectacle.

    Nous arrivons enfin devant un agent de sécurité et nous présentons nos tickets. Ooouuuffff, les deux sont validés. Dès que nous passons les grilles, je ressens la sensation de plonger comme dans une autre dimension, hors de l’espace et du temps, une dimension où je m’apprête à vivre une expérience hors du commun.

    Après une autre petite attente, nous passons à la fouille. Les vigiles cherchent surtout des bouteilles dans les sacs. Je me fais palper par un mec bien foutu, brun, avec de grands biceps, avec une belle gueule de mâle, sexy à mort. Petite expérience bien sympathique.

    La fouille passée, nous parcourons un couloir qui débouche dans l’enceinte de l’aréna. Et là, je sens mon ventre se mettre en mode machine à laver en essorage. Je suis ému et incrédule, comme abasourdi. J’en ai le souffle coupé, j’en perds mes mots. J’y suis, enfin !

    Me voilà dans la toute dernière ligne droite. A partir de maintenant, rien ne pourra m’empêcher d’assister à ce putain de concert !

    Mon premier concert de Madonna ! Une autre première fois de l’année de mes 18 ans. J’irai de nombreuses fois à la rencontre de Madonna à l’avenir, je ne raterai aucune de ses tournées, et parfois j’irai la voir plusieurs fois sur une même tournée, dans des villes et des pays différents. Et à chaque fois je ressentirai des frissons à l’approche de la date d’un concert, d’une salle, de l’ouverture du rideau, de son entrée en scène.

    Ses tournées après 2001 seront toutes les unes plus spectaculaires et époustouflantes que les autres, et souvent plus abouties que le « Drowned World Tour » auquel je m’apprête à assister. Mais plus jamais, je ne ressentirai ce même frisson, le frisson inoubliable et impossible à reproduire, celui de ce concert en particulier, celui de mon tout premier concert. Le concert de mes 18 ans. Le premier et le dernier que je partagerai avec ma cousine Elodie.

    Elodie qui à cet instant précis a l’air tout aussi heureuse et émue que je le suis.

    Bien que n’étant pas arrivés parmi les tout premiers, nous parvenons quand même à nous rapprocher de la scène. C’est grâce au culot d’Elodie, capable de déplacer des montagnes avec pour seul argument cet « air-de-rien » dont elle seule a le secret. Oui, l’air-de-rien, nous entamons une lente dérive qui nous permet au final de nous faufiler gentiment entre les fans déjà installés et d’atteindre une bien meilleure position qu’à notre arrivée.

    Une fois convenablement installés, il ne nous reste plus qu’à attendre l’arrivée de la Reine. Pas de première partie pour distraire le public, juste une pression qui monte de plus en plus à chaque minute qui passe.

    Je trouve magique de voir la salle se remplir peu à peu. Et de constater que mon admiration pour Madonna est si largement partagée.

    Les places dans les gradins semblent se cocher comme dans une tombola géante. J’imagine que dans les gradins on doit être mieux installés que dans la fosse. Mais je ne les jalouse pas. Car je me dis que c’est dans la fosse qu’est le cœur du spectacle, là où on a le plus de chances de la voir de près.

    « T’as vu ce mec ? » me glisse discrètement ma cousine à l’oreille.

    En suivant son regard, je vois un beau brun situé à notre gauche, à moins de deux mètres de nous. Tout déboussolé par ce que je m’apprête à vivre, je ne l’avais pas encore capté.

    « Mate un peu l’animal ! » elle me taquine.

    Et comment, que je le mate. La trentaine, musclé, le regard ténébreux et très, très, très viril. Il est habillé d’un t-shirt bordeaux plutôt bien ajusté à son torse solide et dont l’échancrure du col en V dévoile une pilosité plutôt appétissante. Très mec, le type.

    Soudain, une impression insistante s’impose à moi. Je me dis que ce mec me fait penser à un certain Jérém, mais un plus tard dans la vie. Jérém-dans-10-ans, disons. Jérém, le jour où sa virilité sera apaisée et, de ce fait, encore plus aveuglante. Le jour où il aura arrêté de jouer au petit con qui a besoin d’user de son pouvoir de séduction à tout bout de rue. Le jour où il aura arrêté de se raser le torse.

    Car, il faut bien l’admettre, si un torse rasé est grave sexy sur un physique de petit con, un torse un peu poilu est carrément craquant chez un homme.

    « Mais il est carrément canon ! je lui confirme.

     — Calme-toi, mon cousin, ce mec n’est pas pour toi ! »

    Elodie vient tout juste de me lancer cela sur un ton railleur, lorsqu’un évènement inattendu se produit. Un autre mec, un peu plus petit que le premier et plutôt typé reubeu, s’approche du « bel animal » et vient se positionner juste devant lui. Et là, t-shirt bordeaux fait glisser ses bras autour de sa taille et le serre contre lui. Je peux me tromper, mais ces deux-là, ils ont l’air d’être plus que des potes. Une impression qui devient certitude lorsque, un instant plus tard, le petit gabarit se retourne vers le « bel animal » pour l’embrasser longuement sur la bouche.

    Elodie se tourne vers moi, le regard dépité, feignant d’être au bord des larmes, visiblement à court de mots.

    « Ma pauvre cousine, ma pauvre cousine, je me moque en grossissant le trait pour la faire rigoler, si tu veux croiser des hétéros, il ne faut pas venir à un concert de Madonna !

     — Je suis dég, elle se plaint de façon théâtrale, vraiment dég. Mais quel gâchis. Vous allez donc tous nous les prendre ! »

    Je suis pété de rire. Comme quoi, ma cousine se plante elle aussi, parfois. Et, comme je ne tarderai pas à le découvrir en rentrant à Toulouse, il n’y avait pas qu’à ce sujet que ma cousine se plantait, à cette époque.

    Nous attendons le début du concert avec une fébrilité grandissante. Nous frémissons d’impatience. Ce n’est qu’une question de minutes avant de la voir apparaître, de l’entendre chanter et de la voir danser devant nous tous.

    Mais est-ce que je réalise vraiment qu’elle va être là ?

    L’attente n’est pas pénible, au contraire elle permet de savourer ce temps qui précède le moment où elle sera enfin là. Et, au fond, peu importe l’attente lorsqu’en se retournant vers son passé, on peut faire défiler les 10 dernières années au rythme de ses chansons. Dans ma tête, chacun de ses tubes rime avec un jour, une heure, un instant, un visage, une image, une sensation, une impression heureuse ou pas, une émotion gravée dans ma mémoire et prête à ressurgir, inattendue, foudroyante, telle Madeleine proustienne, à chaque nouvelle écoute.

    Elle a déjà presque une heure de retard : la faute aux retardataires qui cherchent encore leur place sur les gradins ?

    La salle commence à l’appeler en improvisant une « holà » qui part d’un bout de la salle, avec des milliers de bras qui se lèvent en même temps, et se propage dans tout le public.

    Enfin l’obscurité tombe dans la salle. Il n’y a plus que la scène et ses avancées qui brillent sous les faisceaux lumineux. Une ovation géante et vibrante fait littéralement trembler la salle. Et lorsque la musique démarre, l’ovation monte si haut qu’on n’entend plus qu’elle, que cette excitation, que cette délivrance, que cet amour !

    Les jeux de lumières s’enchaînent, une épaisse fumée envahit la scène. Le volume de la musique est plus fort que dans une boîte de nuit, les basses font vibrer le sol et mes pieds, j’en ai la chair de poule. La salle tout entière est en délire. J’ai envie de crier, et je crie, j’ai envie de chanter à tue-tête et je chante à tue-tête, j’ai envie de danser et je danse. Comme tant d’autres dans la salle. La pression monte, le public est en fibrillation.

    Et là, au milieu des lumières et de la fumée, SA Majesté elle-même apparaît et avance lentement vers le public. Elle avance en chantant les premiers couplets de « Drowned World », avec sa petite voix qui paraît si fragile à côté de la puissance des arrangements et de l’émotion du public.

    Madonna est là, à quelques mètres de moi. Je suis tellement heureux, et excité. Pendant quelques secondes, je suis comme en transe.

    Une partie de moi n’arrive toujours pas à se faire à l’idée que la méga Star mondiale, cette nana qui a vécu l’équivalent de dizaines de vies en une seule, qui a connu le succès que l’on sait, une carrière qui dure depuis 20 ans, celle qui a plusieurs fois fait le tour de la planète soit bel et bien là ! Elle est là, avec à peine deux heures de retard, mais pas plus qu’à quelques mètres de moi !

    Oui, j’ai du mal à me convaincre que ce soir elle n’est pas sur un plateau télé ou dans un stade lointain, à des milliers de kilomètres et à des mondes entiers loin de moi. Qu’elle n’est plus dans un disque, une cassette, un CD, une cassette vidéo, un DVD, une photo de magazine, un site Internet, un disque dur d’ordinateur. Non, cette fois-ci elle est bel et bien là, là où je peux la voir de mes propres yeux et l’entendre de mes propres oreilles !

    Les cris et les acclamations des 17.000 spectateurs de l’Earls Court ne faiblissent pas. Je suis tellement bien !

    Le son de sa voix me parvient balancé par une armée délirante des décibels et je me sens comme enveloppé. Cette voix qui a un jour parlé à l’ado mal dans sa peau que j’ai été, cette voix qui m’a chanté un jour « Express Yourself, don’t repress yourself ». Cette voix est depuis toujours, la seule à posséder le pouvoir de me réconforter.

    Les chansons s’enchaînent sans répit, et c’est ma vie que je sens défiler dans ma tête.

    « Drowned World / Substitute for Love »

    Superbe ballade, comme une caresse, accompagnant les moments de mélancolie de l’été de mes 15 ans.

    « Impressive Instant »

    Je ne suis pas encore rassasié de la chanson d’ouverture, j’en redemande encore, alors que déjà les beats d’ « Impressive instant » résonnent dans la salle. Cette chanson est mon coup de cœur de l’album Music, écouté en boucle pendant l’été 2000, en comptant les jours avant la rentrée des classes, les jours qui me séparaient du moment où je reverrai Jérém. Il me manquait tellement !

    « You’re the one that I’ve been waiting for/Tu es celui que j’attendais

    I’m in a trance/Je suis en transe

    And the world is spinning/Et le monde tourne

    I’m in a trance/Je suis en transe »

    Souvenir d’un Impressive Instant, d’un moment si marquant, à la fin d’un cours de sport, peu après la rentrée de terminale.

    Le jour où pour la première fois je l’ai vu nu, sous la douche après le cours de sport.

    Oui, Impressive instant. I’m in a trance…

    Pour m’achever, le beau gosse m’avait envoyé un petit clin d’œil diabolique, accompagné d’un petit sourire narquois, malicieux, une attitude dans laquelle j’ai l’impression de comprendre un truc du genre :

    « Je sais que tu me kiffes, espèce de petit pédé. Mais tu peux baver tant que tu veux, mais ma queue tu ne l’auras jamais. »

    « Candy Perfume Girl »

    « Young velvet porcelain boy/Jeune garçon de porcelaine et de velours

    Devour me when you’re with me/Dévore-moi quand tu es avec moi

    You’re a candy perfume boy/Tu es un bonbon parfum fille

    A candy perfume boy/Un bonbon parfum fille »

    Une chanson de l’album Ray of light, elle aussi liée aux tout premiers jours du lycée.

    Souvenir de la première fois où je me suis retrouvé dans les vestiaires du lycée avec mes nouveaux camarades, la première fois où je me suis retrouvé dans les vestiaires avec Jérém.

    La première fois où je l’ai vu torse nu, avec sa chaînette de mec qui descend entre ses pecs, et ce petit grain de beauté sexy au creux de son cou. La première fois où le désir a chauffé mes tripes à blanc.

    La première fois où je l’ai maté pendant qu’il déconnait avec les autres, oubliant qu’il était à moitié à poil, la bosse de son boxer orange et blanc bien saillante, bien en vue.

    La première fois où j’ai senti un intense frisson en regardant sa main caresser nonchalamment ses abdos, comme pour en souligner la perfection.

    La première fois où j’ai été troublé par son aisance absolue vis-à-vis de la demi-nudité de son corps, habitué comme il devait l’être depuis longtemps à la promiscuité des vestiaires de rugby.

    La première fois où j’ai ressenti si violemment l’envie de lui sauter dessus.

    Car Jérém est mon « Candy perfume boy ».

    Je me souviens de nos regards qui se croisent à un moment. Et de son regard qui soutient le mien, jusqu’à ce que je cède, honteux, comme toujours.

    « Beautiful Stranger »

    « Haven’t we met/Ne s’est-on pas déja rencontrés

    You’re some kind of beautiful stranger/Tu es une sorte de bel inconnu

    I looked into your eyes/J’ai regardé dans tes yeux

    And my world came tumbling down/Et mon monde s’est effondré

    To know you is to love you/Te connaître c’est t’aimer »

    Mai 1999, « Beautiful Stranger ». Cette chanson tombe pile au moment même où, à la faveur d’une une conversation captée par hasard, j’ai réalisé quelque chose dont je n’avais pas conscience jusque-là. A savoir, ses origines italiennes, par son père… Mr Tommasi. Dès lors, Jérém est mon bel « étranger ».

    Le printemps avance, juin se ramène, la fin des cours approche, et ma tristesse avec. Je ne le verrai pas pendant deux mois. « Beautiful stranger », ambiance sonore de mon été sans Jérém.

    « Ray of light »

    Un pur délice. L’autre bande son du premier regard échangé avec Jérém dans la cour du lycée le jour de la rentrée.

    Tant d’années plus tard, alors que depuis longtemps déjà ma vie et celle de Jérém se seront éloignées, et que mon admiration pour Madonna constituera l’une des rares repères immuables dans ma vie, ce titre sera ma bande son, presque une mise en abyme, lorsque je débarquerai à New York pour le Rebel Heart Tour.

    « Paradise not for me »

    A la faveur d’une dérive involontaire de ma position au cours du concert, je finis par me retrouver tout près du « bel animal » et de son petit reubeu, toujours calé dans ses bras.

    Plus je le regarde, plus je trouve ce mec indiciblement beau et sexy, très mec mais aussi très câlin. Un pur bonheur, quoi. Qu’est qu’on doit être bien dans ses bras ! Jamais personne ne m’a encore enlacé de cette façon. J’ai eu de la tendresse de la part de Stéphane, mais pas en public.

    Oui, le « bel animal » est à la fois « très mec », « du Bon Côté de la Force », et assumé au point de s’afficher en public avec son copain.

    Certes, le public d’un concert de Madonna est plutôt un public « gay friendly ». Mais qu’est-ce que c’est beau de voir deux gars enlacés !

    Un geste dans lequel il y a moins, il me semble, l’intention de se « montrer » ou de « provoquer » que celle de vivre librement, naturellement, ce truc si beau qu’il y a entre eux. Ils ont l’air vraiment amoureux.

    Leur tendresse n’est ni surjouée, ni ostentatoire. Elle est juste frappante, touchante et puissante, tout à la fois. Car ce geste exprime à lui tout seul l’idée que l’amour entre garçon est tout aussi légitime et beau que celui entre un garçon et une fille. Et qu’il n’y a pas de raison de se cacher car on a tous le droit d’exister et d’aimer.

    En regardant ces deux mecs amoureux, je me demande qui ils sont, comment ils s’appellent, quels sont leurs rêves respectifs, et leurs rêves communs. Je me demande comment ils se sont connus. Je me demande quand, où, et par quel hasard de la vie ils ont échangé le premier regard. Je me demande quels ont été les premiers mots qu’ils ont échangés. Ce qu’ils ont éprouvé la première fois que leurs désirs se sont rencontrés, reconnus. J’essaie de m’imaginer ces instants et ça me donne mille et mille frissons.

    Est-ce qu’un jour je pourrais vivre ça avec mon Jérém ? Me retrouver dans ses bras, ainsi, en public. Ou au moins, me retrouver dans ses bras, en privé, mais pas forcément dans le noir, pas forcément après une soirée de dingue, mais juste parce qu’il se sent bien avec moi.

    Peut-être pas, peut-être jamais. Your Paradise, Jérém, is not for me.

    « Frozen »

    « You only see what your eyes want to see/Tu vois seulement ce que tes yeux veulent bien voir

    How can life be what you want it to be/Comment la vie peut-elle être ce que tu désires ?

    Love is bird, she needs to fly/L’amour est un oiseau, il a besoin de voler

    Let all the hurt inside of you die/Laisse mourrir tout ce mal qui est en toi »

    Madonna sur scène en kimono noir les bras ouverts prolongés par des manches interminables. Sublime moment, c’est intense. Sa voix me pénètre jusqu’au plus profond de moi. La chanson est d’une beauté saisissante.

    Toute ma dernière éprouvante année de collège est dans cette chanson. Souvenirs lointains, pas agréables à retrouver, souvenirs d’une époque où je ne connaissais pas encore l’existence de Jérémie T.

    « Nobody’s perfect », « Mer Girl », « Sky Fits Heaven ».

    « What It Feels Like For A Girl »

    La bande son de l’un des moments les plus importants de ma vie, si ce n’est le plus important. L’instant où tout a commencé. Le jour où j’ai traversé la moitié de la ville pour aller rejoindre Jérém dans l’appart de la rue de la Colombette. Et à l’instant où le courage a semblé me faire défaut, sortant des enceintes musclées de l’une des voitures arrêtées à un feu rouge du Grand Rond, « What It Feels Like For A Girl » m’a poussé à aller vers la première révision de ma vie sentimentale, vers ma vie d’adulte.

    « I Deserve It »

    « This guy was meant for me/Cet homme était fait pour moi

    And I was meant for him/Et j’étais fait pour lui

    This guy was dreamt for me/C’était l’homme rêvé pour moi

    And I was dreamt for him/Et moi je l’étais pour lui »

    « Don’t Tell Me »

    Il fait encore très chaud en ce mois de septembre 2000. Enfin la rentrée, enfin je retrouve Jérém au lycée. Qu’est-ce qu’il m’a manqué pendant l’été ! Je le retrouve plus beau encore que lorsque je l’ai quitté deux mois plus tôt, plus sexy que jamais, sexy à se damner. Il porte un débardeur blanc à larges bretelles, histoire de bien mettre en valeur son bronzage de ouf, ainsi que sa masse musculaire qui, à la faveur de la muscu et du rugby, a encore gagné du volume pendant l’été.

    Un débardeur qui laisse tout le loisir de bien exhiber un putain de brassard au motif tribal tatoué juste en dessous de son biceps gauche.

    Il a dû faire ça pendant l’été, peut-être en vacances, peut-être avec ses potes.

    Son brushing aussi a un peu changé. Ses cheveux bruns sont un peu plus longs qu’en juin, et fixés vers l’avant, joli brushing insolent de bogoss.

    Son déo de mec m’assomme lorsque nous échangeons un « salut », vite fait.

    Je tends l’oreille et je l’entends parler de ses vacances à Gruissan avec les autres camarades. Est-ce que c’est là qu’il s’est fait tatouer ? Frustration déchirante de ne pas faire partie de sa vie, de ses potes, de ses vacances.

    J’ai envie de pleurer tellement ce gars m’attire, tellement j’ai envie de lui, tellement cette beauté masculine est à la fois si proche et si hors de ma portée.

    Je suis obligé de m’enfermer dans les chiottes du lycée pour me branler, pour me calmer, pour éviter de devenir fou dès le premier jour de la rentrée. Ce mec va me rendre dingue, je le sais. Je me dis que si seulement j’arrive à tenir jusqu’au bac, je vais être à point pour l’internement.

    Jérém est de plus en plus populaire au lycée. Ses exploits au rugby, nombreux et suivis, suscitent l’admiration. Tout comme ses exploits, nombreux et fugaces, avec les nanas. Les rumeurs lui prêtent de nombreuses conquêtes, ainsi qu’une réputation de « bon coup au pieu ».

    « Don’t tell me » est la bande son de ce trimestre encore plus dur que les précédents. Voir Jérém torse nu dans les vestiaires au cours de sport est une véritable torture, et encore plus depuis qu’il arbore ce tatouage qui rajoute du bandant au sexy.

    Plus le temps passe, plus Jérém se fait mec Le bobrun prend de l’assurance, il le sait qu’il est beau gosse, qu’il plaît, qu’il a un succès fou. Alors il cultive tout ça. Il soigne son brushing, il s’occupe de sa jeune barbe, il rase les poils de son torse, il se sape de plus en plus sexy. Il se la pète un peu. Et il est de plus en plus craquant à mes yeux. J’ai envie de lui, j’ai grave envie de lui.

    Le désir est tellement dur à vivre au quotidien que parfois je voudrais que ça cesse. Je voudrais ne plus être si furieusement attiré par lui.

    Mais je n’y peux rien.

    « Tell the rain not to drop/Dis à la pluie de ne pas tomber

    Tell the wind not to blow/Dis au vent de ne pas souffler

    Tell the sun not to shine/Dis au soleil de ne pas briller

    But please don’t tell me to stop/Mais s’il te plaît ne me demande pas de m’arrêter »

    « Human Nature »

    « Express yourself, don’t repress yourself/Exprime toi, ne te réprime pas

    And I’m not sorry/Et je ne suis pas désolé

    It’s human nature /C’est la nature humaine

    I don’t have to justify anything/ Je n’ai rien à justifier

    I’m just like you/ J’aime juste ça

    Why should I be/Pourquoi devrais-je être

    Deal with it/Jugé après ça »

    Ne me demandez pas d’arrêter d’avoir envie de lui. Parce que c’est la nature humaine.

    « Secret »

    « Things haven’t been the same/Les Choses ne sont plus les mêmes

    Since you came into my life/Depuis que tu es arrivé dans ma vie

    You found a way to touch my soul/Tu as trouvé un chemin pour toucher mon âme

    And I’m never, ever, ever gonna let it go/Et jamais, jamais, jamais je ne laisserai ça partir »

    Qu’ajouter à tout ça ?

    Suivent la délicieuse reprise de « Don’t Cry For Me Argentina », l’entraînant « Lo Que Lo Siente La Mujer », l’immense « La Isla Bonita », grand classique madonnesque, l’une des seules chansons à l’affiche du concert attestant qu’il y avait une Madonna avant les années ‘90.

    Et lorsque le monumental « Holiday » déferle dans la salle, tout le public est debout en train de chanter et de danser, y compris les gradins.

    Car ce titre est le début de l’aventure Madonna, c’est de là que tout a commencé. « Holiday » ce n’est pas, ce n’est plus simplement une chanson. C’est un hymne qui relie tous les fans de Madonna dans l’espace et dans le temps.

    « Hey Mr. D.J/Put a record on/I wanna dance with my baby »

    Le sublimissime, grandiose, imposant « MUSIC » repris au synthétiseur. Dès les premières notes, le public, et moi avec, part en surtension. Je vis un moment de douce mais puissante folie.

    Ce titre me replonge dans l’été 2000, un été morose, privé de la présence quotidienne de Jérém. L’été de mes 17 ans se résume à un mélange de solitude, d’ennui, et d’envie de revoir le gars que j’aime.

    Mon activité principale de cet été-là, compter les jours avant la rentrée, encore et encore. Tout en me demandant si je serai toujours comme ça, toujours pédé. Tout en essayant d’imaginer ce que pourrait être ma vie demain. Est-ce qu’un jour je rencontrerai un garçon comme moi et qui voudra m’aimer ? Comment vais-je annoncer ça à ma famille ? L’été de mes 17 ans est rythmé par la solitude, la peur, la honte, l’inquiétude.

    Puis, par une très chaude journée du mois d’août, une chanson fait l’effet d’une bombe sur les ondes radio.

    « Hey Mr. D.J/Put a record on/I wanna dance with my baby »

    La chanson et l’album MUSIC, deuxième bombe discographique absolue dans la carrière de Madonna, deux ans après Ray of light.

    « Music makes the people come together/La musique rapproche les gens »

    Souvenir d’un soir d’hiver quelques mois plus tard, lors d’une fête d’anniversaire chez Thomas, un camarade de lycée. « Music » résonne dans la chaîne hi-fi. Et Jérém, une énième bière à la main, la cigarette dans l’autre, qui vient me parler, l’une des rares fois en trois ans.

    Ce soir-là, il a voulu savoir qui je matais. Car il a vu que je matais Thomas. Il m’a demandé, en bafouillant :

    « Entre moi et Thomas… si tu étais une meuf… je veux dire… tu sucerais qui ? ».

    Et il m’avait achevé en me demandant à brûle pourpoint :

    « T’as déjà vu une queue ? ».

    Des perches que je n’avais pas su saisir, tétanisé par la peur, et par le manque de confiance en moi.

    Les dernières notes de « Music » résonnent dans l’Earls Court. Une heure et quarante-cinq minutes se sont écoulées à la vitesse de l’éclair. Et c’est déjà fini !

    Madonna nous souhaite « Good night », puis disparaît. Une musique de circonstance prend le relais, les lumières de la salle se rallument. Je n’arrive pas encore à réaliser que la magie est déjà partie.

    Derrière moi, un type n’arrête pas de crier « Madonna ! ! ! Madonna ! ! ! Madonna ! ! ! » à tue-tête, comme s’il était persuadé que ça la ferait revenir. Mais elle ne reviendra pas, pas ce soir en tout cas.

    Une rivière humaine tranquille sort d’Earls Court et se déverse dans la nuit tiède. Je regarde la foule se disperser dans les rues de Londres, chaque spectateur revenir vers sa vie. Je me dis que, tout comme moi, chacun d’entre eux a pu assister à un double concert.

    Celui à l’affiche, bien sûr, celui mené par une Madonna en très belle forme. Mais également à son propre concert, en connexion directe avec ses souvenirs, sa vie, son destin. Un délicieux voyage dans l’espace et dans le temps porté par le « tapis magique » de ses chansons. Je quitte les lieux en emportant avec moi le souvenir d’une soirée exceptionnelle.

    Merci Madonna d’être là, et de tisser avec tes chansons, le fil conducteur de ma vie, et de tant d’autres vies. Avant de rentrer à l’hôtel, Elodie et moi avons besoin d’aller boire un coup pour nous remettre de tant d’émotions. Autour de nos mojitos, ma cousine et moi nous nous livrons à un débrief très passionné de toutes ces émotions de dingue ressenties 2 heures durant.

  • JN01085 Si loin et si près de toi

    JN01085 Si loin et si près de toi

    Après le train, c’est le métro qui prend le relais pour nous amener à Earls Court. Nous sortons de la gare avec un plan à la main, en essayant de trouver le chemin de l’hôtel. Ma cousine et moi sommes tout aussi mauvais l’un que l’autre dans la lecture d’un plan. Aussi, nous avons un sens de l’orientation sensiblement identique, c’est-à-dire sensiblement mauvais.

    Nous voyant perdus, une dame s’approche. « May I help you ? » Ils sont si gentils ces anglais. Nous lui montrons notre adresse sur le plan, elle nous explique, nous ne comprenons rien. Nous acquiesçons, nous remercions, nous continuons dans la direction indiquée par la dame, sans savoir où et quand il faudra tourner.

    Nous continuons à marcher un long moment, tantôt tout droit, en tournant tantôt à droite, tantôt à gauche. Nous finissons par nous poser sur un banc à un croisement, perdus, affamés, épuisés. Par un coup de chance, nous arrivons à situer l’une des rues de l’intersection sur notre plan.

    C’est là que nous réalisons enfin l’ampleur de notre détour. L’hôtel n’est qu’à cinq minutes de là où nous nous trouvons. Tout comme il l’était de la sortie du métro, tout à l’heure.

    Il est déjà 16h00. Nous prenons possession de notre chambre, nous posons nos bagages et nous allons manger un bout.

    Une fois rassasiés, la priorité c’est repérer la salle d’Earls Court. Même si le concert n’est que dans deux jours, nous avons besoin de savoir que… nous ne nous sommes pas trompés de ville !

    Devant la façade massive de l’aréna, je n’arrive pas encore à réaliser que dans 48 heures je me presserai devant l’entrée pour aller voir Madonna. Je pense à mon billet resté dans mon sac de voyage à l’hôtel. Pourvu que personne ne me le pique.

    En attendant l’heure du dîner, nous optons pour une petite excursion à bord d’un bus rouge à toit ouvert. Histoire de voir défiler, comme dans un menu déroulant, les sites que nous visiterons de plus près pendant les deux jours à venir.

    « Regarde, cousin ! » fait Elodie en m’indiquant une affiche avec la photo de la jaquette de l’album Music. Sur l’affiche il est stipulé que le soir même, au « Fire », boîte de nuit dont l’enseigne éteinte trône juste au-dessus, il y aura une soirée Madonna.

    C’est décidé, nous serons de la partie. Nous repérons la rue sur le plan, ce même plan que nous ne savons toujours pas lire. Ça promet !

    Encore incrédules du fait d’être à Londres, et pour mieux nous convaincre que nous ne nous sommes pas trompés de destination, pour le repas du soir nous testons le « fish and chips ». Nous continuons notre soirée en faisant la tournée des pubs. Il y en a des dizaines, et ils ont l’air tous plus sympa les uns que les autres.

    Nous débarquons au « Fire » à minuit pétante. La soirée a déjà commencé. Pendant que nous réglons notre entrée, le rythme et les basses étouffés mais puissants d’ « Express Yourself » joué dans la salle principale résonnent dans mes oreilles et se propagent dans mes membres. J’ai envie de danser comme jamais, de danser toute la nuit. J’ai envie de danser sur des tubes de Madonna, avec ma cousine, en territoire inconnu, sans la peur de me taper la honte devant des camarades ou, pire, devant Jérém. J’ai envie de me lâcher à fond, de me laisser submerger par le rythme. J’ai envie de rentrer dans le « bain », comme un avant-goût de ce que je vais vivre à l’Earls Court dans moins de 48 heures.

    La boîte s’articule sur trois niveaux ouverts sur un grand espace central. La piste de danse en bas est grande. Et pourtant, elle est déjà bondée. Sur les deux niveaux supérieurs, on devine des fauteuils, un bar.

    Happés par le rythme de l’immense « Music » qui vient d’éclater dans la sono, nous nous sentons, autant ma cousine que moi, irrésistiblement attirés par le dancefloor. Les tubes bien connus s’enchaînent, et nous nous éclatons. Ça fait du bien de se dépenser et de rigoler !

    Bien que le « Fire » soit une boîte qui affiche clairement les couleurs de l’arc-en-ciel, nous y retrouvons presque autant de nanas que de garçons.

    Ce n’est que la deuxième fois de ma vie que je mets les pieds dans une boïte gay, la première après l’exploit de Jérém au On Off. Et c’est la première fois que j’y vais en « célibataire ». Accompagné par ma cousine, certes, mais pas avec le garçon que j’aime. Et c’est la première fois que je remarque si nettement que des regards se posent sur moi.

    Evidemment, à l’On Off j’étais trop occupé à recenser les regards qui se posaient sur mon beau brun, pour remarquer ceux qui auraient pu se poser sur moi. Mais là, délesté de l’occupation de surveiller mon beau brun, et l’absence de la bogossitude de ce dernier me laissant l’occasion d’être remarqué, je me rends compte que je peux attirer l’attention. D’autant plus que je suis une tête inconnue, et que je représente de ce fait l’attrait de la nouveauté.

    « T’as une touche, mon cousin, fait Elodie en m’indiquant discrètement un petit mec aux cheveux châtains et pas dépourvu de charme, dansant tout seul à trois-quatre mètres de nous.

     — Il est charmant, oui, j’admets alors que nos échanges de regards se font de plus en plus marqués.

     — T’as pas envie d’aller lui dire bonjour ? elle me titille.

     — Mais ça va pas ?

     — Regarde-le comme il est mimi ! Et en plus, il n’attend que ça…

     — Ce soir j’ai juste envie de danser, de danser avec toi ! »

    Oui, ce soir j’ai juste envie de me péter les tympans avec des rythmes familiers envoyés à mes oreilles avec une quantité de décibels complètement déraisonnable. Ce soir, j’ai besoin de me vider la tête. Jérém me manque terriblement, et la distance physique ajoute une angoisse nouvelle à la peur de ne plus jamais le revoir, de le perdre pour de bon. Quand je pense que la dernière chose que nous avons partagé est l’amour au petit matin, et des câlins. Comment m’expliquer ce qui s’est passé dimanche dernier au match ? Comment m’expliquer son silence ?

    « Ça ne te dit pas de tester l’autochtone ? Un échange de langue… non ? elle plaisante.

     — Je n’ai pas la tête à ça, je lui balance.

     — Justement. Ça te remettrait peut-être un peu les idées en place. Et ça t’aiderait à prendre du recul sur tout ce qui te prend la tête. Je suis même prête à te laisser la chambre toute la nuit s’il le faut !

     — Non, vraiment pas ! »

    Je repense à ses baisers, à la caresse de sa chaînette sur ma peau, à la douceur virile de ses coups de reins lorsqu’il m’a fait l’amour au petit matin. J’ai envie de Jérém, de lui et de personne d’autre.

    Alors, tout ce dont j’ai besoin cette nuit, c’est de m’étourdir de cette musique, de cette voix, de sentir mon corps bouger. J’ai besoin de la musique de Madonna, j’ai besoin de ma cousine.

    Deux heures, trois heures, quatre heures du mat, les tubes s’enchaînent, et la piste est toujours à nous. Il est plus de cinq heures lorsque nous nous décidons à quitter les lieux pour cause de… fermeture.

    J’en sors les tympans explosés, les jambes en compote, mais l’esprit complètement vidé, léger, heureux. Je tombe de sommeil mais je me sens bien.

    Sur la route de l’hôtel, nous prenons un mauvais café et une bonne pâtisserie dans une boulangerie qui ne ferme jamais.

    Mercredi 11 juillet 2001

    Visiter Londres sur deux jours, c’est mission impossible. Nous savons pertinemment que nous n’aurons pas le temps de tout faire, de tout voir. Alors nous nous cantonnons aux incontournables.

    Une traversée d’Hyde Park, un petit détour par Buckingham Palace. Vu la file de touristes qui se pressent à l’entrée, ce n’est même pas la peine d’y penser. Westminster Abbey aussi c’est mission impossible.

    En marchant de site en site, j’ai comme l’impression de jouer au Monopoly. Nous lançons les dés et quelques cases plus loin, les pions que nous sommes se retrouvent face à Big Ben, puis à « Telle Rue » ou à « Tel Monument ».

    A seize heures, le manque de sommeil et la faim nous rattrapent. Nous nous arrêtons pour nous acheter un sandwich et reprendre le soufflé. Une demi-heure plus tard, un peu revigoré, je me sens prêt pour un deuxième round. Car il reste tellement d’endroits intéressants à voir !

    Et si ma cousine est du même avis que moi, notre conception « d’endroits intéressants » diffère légèrement. Ainsi, alors que je consulte le plan pour optimiser nos déplacements afin de croiser le maximum de sites historiques et artistiques, dans sa tête à elle deux simples mots s’affichent en lettres clignotantes : Covent + Garden.

    Oui, la journée avait bien commencé, et elle s’était plutôt bien poursuivie. Du moins jusqu’à ce qu’en milieu d’après-midi, la cousine ne prenne les dés de notre Monopoly londonien et laisse libre cours à ses pulsions de meuf dans une grande ville inexplorée.

    Passe encore la visite de la place des artistes de rue. Mais remonter l’artère principale du quartier en s’arrêtant à chaque boutique de fringues, comme si on était dans la rue Alsace-Lorraine à Toulouse, ça c’est juste pas possible !

    Et pourtant, cette interminable errance n’a pas que du mauvais.

    Bien en vue dans la vitrine d’un magasin de vêtements de sport, un maillot de rugby blanc et rouge attire mon attention. Sur le devant, à hauteur de l’épaule droite, le nom du sponsor, une banque anglaise, s’affiche en grand. Un peu plus haut, en correspondance de l’épaule gauche, le dessin d’une aile, avec l’intitulé « Newcastle Falcons ».

    Le maillot porte le numéro 10, accompagné du nom d’un joueur que je connais de nom pour l’avoir entendu mentionner un jour dans une conversation captée par hasard entre Jérém et le prof de sport. Une conversation au fil de laquelle, j’avais cru comprendre que mon beau brun vouait une réelle admiration pour ce jeune joueur, étoile montante du rugby anglais.

    Soudain, une folle idée traverse mon esprit.

    Cinq minutes plus tard, je repars avec un gros sac en plastique avec au fond un petit cadeau pour mon beau brun. J’espère qu’il va aimer. J’espère qu’il ne va pas mal le prendre. J’espère que je vais oser le lui offrir. J’espère surtout que je vais avoir l’occasion de le lui offrir !

    Mon parcours de l’après-midi prévoyait de passer par les cases « Tour de Londres » et « Tower Bridge ». Hélas, le « Covent Garden Tour », avec ses interminables « sur place » devant une vitrine ou dans un magasin, ne laisse guère le temps de visiter autre chose. Ce pas de crabe incessant me fatigue bien plus qu’une longue marche au pas soutenu.

    A 18h30, je suis HS, Elodie aussi. Nous rentrons à l’hôtel nous reposer un peu. Nous ressortons en début de soirée, bien motivés par une nouvelle tournée des pubs londoniens.

    Nous enchaînons les apéros dans deux endroits différents, avant de rentrer dans un troisième établissement, plus grand que les précédents, plus animé, pour y manger un bout.

    Lorsque nous passons la porte d’entrée, les premières notes de « Don’t cry » résonnent sous le plafond en bois. Dans un coin de la salle, quatre gros rockeurs barbus envoient du lourd.

    « Cool ! Du Gun’s and Roses » s’exclame ma cousine, excitée.

    Nous nous posons au bout de l’une des quatre grandes tables qui occupent l’essentiel de la salle, à côté d’inconnus côtoyant d’autres inconnus et dont le seul point les réunissant semble se situer dans un degré l’alcoolémie que je définirais comme homogène, certain et avancé. L’ambiance est joyeuse, elle est à la fête, et bien à la fête.

    Et pendant que les musiciens enchaînent avec « Walk this way », la cousine trouve le moyen de se taper la discute avec un petit groupe de jeunes assis juste en face de nous. Elle baragouine avec son anglais moyen. Et moins d’une minute plus tard, elle a déjà réussi à les faire marrer. Elle me fera toujours halluciner. Car si son anglais ne casse pas plus de briques que le mien, sa communication envers l’autochtone est grandement facilitée par son naturel expansif, sociable, ainsi que par son statut de jolie fille.

    Les musiciens carburent à la bière servie dans de grandes chopes. Par-dessus le brouhaha de la salle, j’entends ma cousine expliquer que nous sommes français et que nous sommes là pour le concert de Madonna du lendemain.

    Et là, de façon complètement inattendue, l’un des mecs commence à taper dans les mains comme pour amorcer une rythmique. Puis, au bout de quelques secondes, il se lève et entonne un couplet en langue locale mais parfaitement familier à mes oreilles.

    « I made it through the wilderness »

    Ses potes ont commencé à taper dans les mains à leur tour, sur le même beat. Un pote à lui reprend le couplet suivant.

    « Somehow I made it through »

    Le troisième reprend à son tour :

    « Didn’t know how lost I was/Until I found you »

    Petit à petit, la table tout entière rentre dans le groove. Une voix à l’autre bout de la table s’élève pour déclamer le refrain, comme une délivrance, bien que de façon prématurée par rapport à la séquence originale :

    « Like a virgin… ooooh !!! »

    C’est juste avant que la table tout entière ne reprenne en cœur :

    « Touched for the very first time »

    La contagion musicale se répand vite et finit par toucher les musiciens qui écourtent leur abreuvement. Une guitare se fait entendre d’abord, suivie de la batterie et d’un clavier. Le chanteur corpulent et barbu se racle la gorge avec la grâce d’un camionneur. Et il entonne :

    « Like a virgin/When your heart beats/Next to mine »        

    « Like a virgin » chanté par la voix caverneuse et rocailleuse du gros moustachu, ça vaut son pesant de cacahuètes ! Ce sketch délicieux me fait penser à la reprise de cette chanson même dans le film Moulin Rouge, par le moustachu propriétaire du cabaret.

    Dans le pub, il y a désormais une ambiance de dingue. Tout le monde chante à l’unisson, le refrain est répété au moins une dizaine de fois, le tout accompagné par l’impro des musiciens. Quelle ambiance de fou ! Et tout ça, grâce à la gouaille de ma cousine. Je l’adore !

    Il est presque deux heures du mat lorsque Elodie et moi nous nous levons pour partir. Mais quelque chose nous retient. Quelque chose qui nous oblige, après un échange de regards complices, à nous rasseoir et à rester encore un peu. Ce « quelque chose » ce sont les premiers riffs de guitare d’une nouvelle chanson. S’il est une ballade rock que je considère comme un chef d’œuvre ultime, c’est bien celle-là.

    Nous restons jusqu’à la dernière note, jusqu’au dernier raclement de gorge du chanteur barbu. Car il n’y a qu’en écoutant jusqu’à la dernière seconde qu’on rend justice au chef d’œuvre qu’est«November Rain ».

    Commentaires

    Yann

    02/06/2016 15:57

     Ce souvenir du beau brun sous la douche qui remonte chez Nico est admirable, tellement sensuel et si bien raconté comme toujours. On a hâte qu’ils se retrouvent pour une contemplation réciproque et plus …peut être dans le prochain épisode.

  • JN01084 Dans l’espace et dans le temps

    JN01084 Dans l’espace et dans le temps

    1993, j’ai tout juste 10 ans. C’est ma première « rencontre » avec Elle. C’est la première fois que je la vois à la télé. C’est un reportage sur le « Girlie Show », dans le journal de 20 heures. Il débute par un extrait de « Fever ». Les cheveux très courts, couleur platine, un rouge à lèvres d’un rouge très vif, un sourire immense, un visage et un corps dégageant une énergie insolente. Toute de cuir vêtue, entourée de deux danseurs noirs, je la trouve sublime.

    Ma mère prépare le dîner et me dit : c’est Madonna. C’est la première fois que j’entends ce nom. Episode sans suite immédiate. Pourtant, je crois bien que c’est ce soir-là que mon histoire avec elle a commencé.

    1994, j’ai 11 ans. Au collège, je me sens seul, je n’ai pas de potes. Les camarades commencent à se moquer de moi parce que je suis timide et parce que je ne suis pas sportif. La musique et les clips de « Secret », « Human Nature », « Take a Bow », « Bedtime Stories » frappent mon imagination à cette époque à cheval entre l’enfance et l’adolescence.

    1995, j’ai 12 ans. Au collège, je me sens toujours seul, je n’ai toujours pas de potes. Les camarades commencent à me traiter de pédé. Au début, je ne sais même pas ce que ça veut dire, « pédé ». On me fait comprendre que regarder les garçons ce n’est pas bien. Ah bon ? Et pourquoi, donc, ce serait mal, alors que c’est si bon ?

    La compil’ Something to remember réunit toutes ses plus belles ballades, magnifique. Après mes rudes journées au collège, j’aime bien me réfugier dans la douceur de ce beau CD.

    1996, j’ai 13 ans. « You must love me », premier extrait du film Evita passe à la radio. Le texte me touche, car il semble me parler de moi-même :

    « Deep in my heart I’m concealing/Au fond de mon cœur je cache

    Things that I’m longing to say/Des choses que j’ai envie de dire

    Scared to confess what I’m feeling/Effrayée de confesser ce que je ressens »

    Assommé par quolibets de mes camarades, je suis chaque jour un peu plus confronté à ce truc que je ressens pour les beaux garçons. Je suis seul avec mes questionnements. Suis-je vraiment pédé ? Et si c’est le cas, comment l’accepter, comment le vivre ? Et, surtout, surtout, comment le cacher ? Comment faire en sorte que mes parents et toutes les autres personnes qui me connaissent ne l’apprennent jamais ?

    Un soir, je vais voir Evita au cinéma de la place Wilson. Je suis soufflé. La musique, les images, Madonna elle-même : tout est magnifique et rayonnant dans ce film.

    Toujours 1996. Un dimanche après-midi, je tombe sur une rétrospective des vidéos de Madonna sur M6.

    « Like a Prayer » : la chanson est un chef d’œuvre. J’adore l’énergie, la fraîcheur, l’effronterie, le culot qu’elle dégage dans le clip.

    Le rythme puissant d’ « Express Yourself », ses mots tout aussi puissants : « Don’t go for second best baby… express yourself », ainsi que son clip magnifique peuplé d’ouvriers musclés me parlent, me touchent.

    Les synthés de « Material Girl » me font danser. Je suis conquis par son beau sourire et par le clip en rouge Marylin.

    Incontournable, inénarrable « Like a Virgin », avec la beauté de son clip tourné à Venise.

    Avec sa mélodie aussi délicieuse qu’une sucrerie, « True Blue » me berce et me plonge dans un décor années 50 qui rappelle l’ambiance du film Grease.

    « Vogue » : la chanson est du plaisir à l’état pur. Le clip, une perle d’un esthétisme en noir et blanc.

    Le clip sulfureux de « Justify my Love », splendide délire en noir et blanc.

    Le clip SM soft d’ « Erotica ».

    Le clip plein de couleurs de « Deeper and Deeper ».

    Le clip de « Secret »tourné dans les quartiers pauvres.

    Le monde de la corrida pour « Take a bow ».

    Cet après-midi-là, je suis conquis, à jamais conquis. Dans les mois suivants, je casse ma tirelire pour m’acheter tous ses CD.

    A l’école, on me fait chier. Mais quand je rentre à la maison, je m’enferme dans ma chambre, je passe mon casque, je mets un CD de Madonna, j’appuie sur PLAY. Et tout va bien.

    1998, j’ai 15 ans, je suis un jeune garçon introverti de plus en plus attiré par les beaux garçons. Je suis un garçon solitaire, un garçon dont on se moque. Un garçon qui en a vraiment marre d’aller au collège et de se faire humilier.

    Au mois de février, une bombe musicale explose à la radio. Elle se nomme « Frozen ».

    L’album Ray of light sort quelques semaines plus tard. C’est un petit chef d’œuvre aux sonorités electro, c’est frais, c’est avant-gardiste, c’est un régal pour les oreilles. Chaque chanson est remarquable. Je suis soufflé. Encore une fois.

    Tel le Phénix renaissant de ses propres cendres, après une petite « traversée du désert » au début des années ’90 en contrecoup du succès fulgurant des premières années, avec Ray of light Madonna rayonne à nouveau, et plus que jamais. Elle acquiert une crédibilité artistique et s’installe définitivement sur son trône de Star.

    Internet est en passe de devenir un moyen d’information et de diffusion incontournable. Je retrouve Madonna sur les sites de fans.

    Au mois d’avril, le single de la chanson « Ray of light » est lancé. Cette chanson s’installera définitivement comme ma bande-son de l’été 1998. « Ray of light », peut-être le morceau le plus puissant de l’album, est accompagné d’une vidéo d’un esthétisme original.

    Un clip montrant pour l’essentiel des images de villes, de transports, de foules, de circulation, des images accélérées qui semblent pousser le spectateur à s’interroger sur le sens d’une vie vécue sur un rythme infernal.

    L’été s’étire lentement, je m’ennuie. Dans ma vie, il ne se passe rien d’intéressant. Mes parents n’ont pas le temps de partir en vacances, je pars quelques jours à Gruissan avec ma cousine et mes oncles. Août arrive, les jours s’enchaînent, la rentrée au lycée approche. Le lycée, une nouvelle « aventure » qui me fait peur.

    Comme pour me mettre du baume au cœur, le vendredi juste avant la rentrée, un troisième single de l’album est lancé. « Drowned world » passe à la radio, le clip dans Hit Machine. Cette chanson mélancolique épouse bien le cafard qui s’empare de moi à l’approche de ma rentrée au lycée.

    Jeudi 3 septembre 1998, c’est mon premier jour de lycée. Dans la cour de l’établissement, je le remarque, instantanément. C’est comme un coup de poing dans le ventre que je n’avais pas vu venir et qui manque de très peu de me mettre KO.

    Brun, peau mate, un t-shirt noir posé comme un gant sur un torse déjà prometteur, une chaînette négligemment posée sur le coton, un jeans bien coupé, des baskets de marque. Et une casquette, noire elle aussi, posée à l’envers sur ses cheveux bruns.

    Le beau gosse est là, au beau milieu de cet espace ouvert, en train de discuter et de déconner avec d’autres garçons. Et sur son beau visage il y a ce sourire, ce sourire de dingue qui semble illuminer non seulement toute la cour du lycée, mais ma vie tout entière.

    Dès l’instant où mon regard se pose sur ce mec, tout disparaît autour de moi. La cour du lycée se vide d’un coup, le bruit des conversations est remplacé par un silence total par-dessus lequel je n’entends plus que les battements de mon cœur et ma respiration saccadée. Tout semble se dérouler au ralenti, le temps d’une seconde infinie.

    A cet instant précis, je ne vois que lui. A cet instant, et pour la première fois de ma vie, je sens l’air circuler dans mes poumons, le sang pulser dans mes veines. Je me sens vraiment et pleinement vivant. Car mon cœur fait désormais bien plus que battre pour me maintenir en vie.

    Je reste planté un long moment à le mater, la gorge nouée, la respiration bloquée, les jambes incapables de faire le moindre pas.

    Chaque fibre de mon corps vient de se réveiller à cet instant précis, et crie une irrépressible envie de serrer ce garçon contre moi. Ma peau réclame sa peau, mes lèvres les siennes.

    Puis, pendant une seconde, son regard accroche le mien. Il m’a vu. Ou, du moins, il a capté que je le mate. Mon cœur est sur le point d’exploser.

    Mais très vite, le bonheur de découvrir ce regard très brun, charmant comme ce n’est pas permis, laisse la place à la peur. La peur qu’il ait compris que je le mate, que je le kiffe. Et qu’il vienne me mettre son poing dans la gueule. Alors, je baisse mon regard, je m’accroupis et j’ouvre mon sac à la hâte, les mains tremblantes, style « je cherche un truc », juste pour créer une diversion.

    Le hasard a voulu que nous soyons dans la même classe. Lors du premier appel, je retiens son prénom et son nom. Jérémie Tommasi. Ça sonne tellement bien à mon oreille.

    Oui, il y a eu un avant et un après ce jeudi 3 septembre 1998. Avant, il n’existait pas pour moi. Après, j’étais fou de lui.

    Le soir, dans mon lit, j’écoute la chanson « Crazy for you ». Elle décrit bien mon état d’âme à cet instant précis.

    Commentaires

    Yann

    01/06/2016 10:31

     Encore un bel épisode avec toujours cette sensibilité dont tu as  le secret Fabien. Je crois que je reconnaitrais tes textes entre 100. J’ai beaucoup aimé quand Nico se remémore la première fois où il a vu Jerem. On a tous connu cet émoi au premier regard mais ta façon si juste et si criante de réalité pour le décrire nous fait revivre ces instants magiques où tout explose en nous, où le temps est suspendu, où soudain on est happé par ce bogoss et où plus rien ne compte autour de nous.  Comme tu l’écris si bien on veut sur le champ tout savoir de lui la couleur de ses yeux, le son de sa voix, ce que cache son t-shirt, son parfum, ce qu’il fait, ce qu’il aime… Et puis il y a l’instant où son regard croise le nôtre, où on voudrait pouvoir le soutenir indéfiniment ; à contre cœur, il nous faut y renoncer par crainte que ce ne soit perçu comme une « agression ». Un instant après avoir baissé les yeux on y revient sans cesse et sans cesse,  on ne s’en lasse pas de le regarder subjugué par tant de beauté. Même si, en raison de tes occupations, tu ne peut pas écrire autant que tu le voudrais, merci de garder à tes textes toute leur qualité. Comme Rantanplan je suis un peu frustré que cet épisode ne mette pas en scène Jerem et Nico dans la suite de leur histoire mais je ne doute pas que de retour à Toulouse Nico sera un des plus fervents supporters de Jerem pour son dernier match de la saison qu’il va gagner et qu’ils fêteront cela comme il se doit.  Nb : Je viens de lire le petit texte d’hier sur la page d’accueil de ton blog qui annonce une suite. Même si je ne fais pas trop le lien avec l’épisode passé, je suis impatient de la découvrir c’est aussi ça le suspense.

    rantanplan

    01/06/2016 00:40

    C’est toujours un peu frustrant de lire les épisodes où les deux héros ne sont pas ensembles même si ils apportent beaucoup à l’histoire! Superbe épisode ce dernier détail laisse rêver sur les vrais sentiments de jerem pour nico et apporte tellement tellement d’ampleur à l’histoire. Merci de toujours continuer à publier cette histoire quand tu peux ! Rantan

  • Les amis de Fabien

    Les amis de Fabien

    Un immense merci à toutes celles et à tous ceux qui, de par leur contribution en termes de collaborations, aide, conseil ou sur Tipeee, ont fait que ce projet existe et avance dans de meilleures conditions.

    Je tiens à remercier tous les tipeurs et, d’une façon particulière, les tipeurs que tous les mois contribuent, suivant leurs moyens, à rendre cette aventure possible.

    J’espère que je n’ai oublié personne… si jamais ça a été le cas, il ne s’agit que d’un oubli (il me faudrait une secrétaire, enfin, un secrétaire, sexy de préférence) ; alors, merci de vous manifester !

    Et aussi :

    Antoine B (2024)

    Sebastien P (2024)

    André D. (2023)

    Monique R. (2023)

    Jean-Paul C. (2023)

  • JN01083 Toulouse-Blagnac-Londres

    JN01083 Toulouse-Blagnac-Londres

    Mardi 10 juillet 2001

    Le lendemain de la rencontre avec Thibault, je me réveille angoissé. Je m’inquiète à propos de la blessure de Jérém. Je m’inquiète pour la finale de dimanche prochain, je m’inquiète à propos de son silence. Je voudrais tant savoir comment il va, à quoi il pense. Je voudrais le serrer dans mes bras et lui chuchoter que tout va bien se passer. Je voudrais avoir le pouvoir de faire en sorte que tout se passe bien.

    De toute manière, son silence après mon SMS semble assez explicite. « Fiche-moi la paix ! » j’ai l’impression de l’entendre me lancer.

    Demain je m’envole pour Londres et mon esprit devrait être vide, heureux de tendre vers cet instant tant attendu. Au lieu de quoi, je me retrouve à cogiter sur des problèmes que je n’ai aucun pouvoir de régler, et surtout pas avant mon départ.

    Je suis tellement inquiet que si je pouvais décaler notre départ d’un jour ou deux, ou même d’un mois, je le ferais sans réfléchir. Tiens, je vais appeler Madonna pour voir si elle peut reporter…

    Mais décaler pour faire quoi, au juste ? Je sais bien que rester ne servirait à rien. J’ai le sentiment qu’il m’en veut. Et s’il n’accepte pas de me voir, je ne pourrai rien faire de plus, pas davantage en restant à Toulouse qu’en partant à Londres.

    La distance sentimentale que nous impose l’être aimé n’a aucun lien avec la distance physique. On peut être à des milliers de bornes de celui qu’on aime et se sentir tout près de lui, et on peut être tout proche de lui, jusque dans le même lit, jusqu’à être en train de coucher avec lui, et pourtant sentir une distance infinie nous séparer.

    Mais le cœur qui aime ressent les choses autrement. Il a toujours l’impression que la distance physique aggrave la distance sentimentale.

    L’avion décolle dans moins de 4 heures. J’aimerais tellement avoir un message de sa part d’ici là, et de préférence sur un ton rassurant.

    Heureusement, Elodie sera du voyage. Sa présence me rassure, et à plus d’un titre. Déjà, parce que nous devrions bien nous marrer ensemble, et cela va m’aider à penser à autre chose, à me mettre dans l’ambiance festive du concert. Et aussi parce que c’est la première fois que je prends l’avion, que je pars dans une très grande ville à l’étranger.

    Nous allons passer trois jours ensemble, trois jours de dingue. Et j’espère que, grâce à elle, les soucis de Toulouse ne vont pas passer la porte d’embarquement de Blagnac.

    Il est 8 heures passées, et dans une heure et demie j’ai rendez-vous avec elle à l’aéroport de Blagnac. Je me félicite moi-même d’avoir pensé à préparer ma valise hier soir, car cela m’évite de courir ce matin.

    Je me lève, j’ouvre les volets. Il fait super beau dehors. Mon portable vibre. Un frisson parcourt mon corps. Et si…

    Mais non, c’est un SMS d’Elodie.

                Ready to meet Madonna ?

    Je l’adore. Son message me fait sourire. Ça me met « dans le bain ». Je me douche, je m’habille, je descends prendre le petit déjeuner.

    « Alors, prêt pour le grand jour ? me demande maman avec un grand sourire.

     — Oui, très impatient !

     — Ça fait longtemps que tu attends ce moment, tu vas t’amuser comme un petit fou. Je me souviens du concert de Michael Jackson, ici à Toulouse en 1992. C’était un truc de malade. Tu vas bien t’amuser, mon lapin !

     — J’en suis sûr, je lui réponds, tout en m’installant définitivement sur un petit nuage qui s’envole de plus en plus haut dans le ciel.

     — Ça me fait plaisir de te voir si heureux, elle ajoute, et en plus avec Elodie, ça va être génial ! »

    Maman a raison. Oui je suis heureux d’aller assister à ce concert !

    Je regarde l’heure. Elle tourne vite ce matin. Je dois me dépêcher, l’heure de l’embarquement approche. Je monte chercher ma valise. Je redescends.

    « Envoie un SMS pour dire que vous êtes bien arrivés, fait maman.

     — Oui, maman ! »

    Mais il est où mon portable ?

    Ooops ! Je remonte le chercher dans ma chambre, je redescends. Je jette un œil à l’écran. Toujours pas de message de Jérém.

    « T’as pris le chargeur ? »

    Re-ooops ! Je remonte chercher le chargeur, je redescends.

    « Nico » j’entends maman m’appeler, alors que je me prépare à prendre congé avec un simple « Bisous ! »

    Je me retourne. Elle approche et me fait un vrai bisou. Ça me touche, car ce genre d’effusion arrive de moins en moins souvent. Je lui rends et je lui promets de l’appeler dès que l’avion se sera posé.

    « Amuse-toi bien, Nico ! » je l’entends me lancer une dernière fois, pendant que je referme la porte derrière moi.

    Me voilà dans la rue, plongé dans la lumière pure et claire du matin d’été toulousain. Le fond de l’air est frais. Une légère brise caresse mon visage, mes bras, s’insinue à travers le coton de mon t-shirt. Je me sens bien. Je vais prendre l’avion. Dans quelques minutes je serai avec Elodie.

    A l’aéroport, je repère ma cousine de loin. Avec sa robe rouge et ses grandes lunettes noires de star, on ne peut pas la rater.

    Lorsqu’elle me voit arriver, elle se jette dans mes bras, me fait 10 fois la bise. Je suis heureux de voir autant d’enthousiasme de sa part, son excitation est contagieuse. Elle a l’air presque plus excitée que moi, du moins elle est davantage démonstrative. Et bien que son exubérance ne manque pas d’attirer l’attention sur nous, et aussi un peu la honte, ça fait plaisir à voir.

    « T’as pris ton ticket ? elle me lance.

     — T’as pris ton billet d’avion ?

     — Petit con !

     — Je n’arrive pas à réaliser que nous y sommes ! elle me lance.

     — C’est clair, moi non plus !

     — H moins 59, elle me glisse.

     — Si elle n’est pas en retard !

     — Elle ne va pas faire sa pétasse le soir où ses deux plus grands fans viennent la voir ! »

    Nous sommes complètement à la masse, et nous avons du mal à tenir en place. Nous vérifions toutes les deux minutes que oui, nous avons bien tickets de concert et billets d’avion. Car ce sont les précieux sésames qui feront que, dans deux soirs, nous serons avec Madonna, en train de vibrer, de chanter, de danser. Et ça me paraît toujours surréaliste…

    A10 heures 30 nous passons l’enregistrement sans encombre. Nous passons la douane, toujours sans encombre, et après avoir traversé une interminable enfilade de magasins, nous trouvons la porte qui nous donnera accès à l’avion qui nous guidera auprès de Madonna. Nico et Elodie en mode euphorique.

    Il nous reste presque deux heures à attendre. Elodie a amené un bouquin, qu’elle semble dévorer page après page. Son titre Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban. Moi aussi j’ai apporté un bouquin, mais je n’ai pas l’esprit à me concentrer sur la lecture. Non pas que l’histoire ne soit pas intéressante, non.

    Le fait est que l’aéroport est un endroit à haute densité humaine. Et que, dans la masse, il n’est pas rare de capter du bogoss.

    Alors, comment me concentrer sur mon bouquin, alors qu’un brun incendiaire dans les 25 ans vient de s’assoir presque en face de moi ? Comment avoir envie de lire, alors que son t-shirt orange et gris ajusté à son torse en V et à ses épaules est la promesse d’une beauté plastique à couper le souffle ? Comment renoncer à le mater, alors qu’une force irrépressible me pousse à essayer de m’imprégner de sa beauté, à tenter de comprendre comment et pourquoi une telle perfection masculine existe ?

    La seule façon d’arrêter de le mater – ou de moins le mater – c’est qu’un autre mec, au moins tout aussi attirant, rentre dans mon champ de vision.

    J’avais déjà du mal à me mettre à la lecture avec un beau brun assis en face de moi. Mais là, lorsque cet autre p’tit mec s’installe à peine un peu plus loin, j’en oublie carrément mon bouquin.

    C’est un petit gabarit au physique de rugbyman, avec une bonne gueule de mec un peu bourrin. Il ne doit pas avoir plus de trente ans, il est brun lui aussi, avec de cheveux un peu bouclés. Le casque sur les oreilles, installé très à l’aise sur le siège, le bassin bien avancé, les jambes légèrement écartées, en mode détente cool.

    Il est habillé d’une veste à capuche de couleur bordeaux et d’un pantalon de jogging en tissu molletonné. Pantalon qui, à la faveur de la position de son bassin, met en évidence une jolie bosse.

    Je suis happé par la vision de ce gars nonchalamment étalé sur le siège, comme s’il était installé sur son canapé, la bosse bien en vue, les yeux fermés, comme une invitation silencieuse à aller se faufiler entre ses cuisses.

    Je me fais violence pour essayer de fuir l’emprise de la beauté masculine, pour tenter d’ignorer le désir brûlant qu’elle m’inspire. J’essaie de me replonger dans la lecture. Ce qui n’est pas simple à faire, alors que le cerveau est embrouillé par tant de bogossitude.

    J’essaie, encore et encore. Mais j’abandonne définitivement lorsqu’un parfum de mec m’oblige une fois de plus à lever les yeux de mon bouquin. Un choupinou blond à peine majeur passe et laisse derrière lui une traînée de déo si délicieuse et entêtante qu’elle est bonne à assommer une partie non négligeable de mes neurones.

    Petit mec, qui es-tu ? Comment t’appelles-tu ? Ou vas-tu ? Que fais-tu dans ta vie ?

    « Il est bien ton bouquin ? j’entends vaguement ma cousine demander.

     — Oui, je crois, je lui réponds en mode automatique, alors que mon regard bondit de mâle en mâle.

     — Je suis certaine que tu ne sais même pas de quoi il parle ! ».

    Je souris. Je sais qu’elle a capté mon manège.

    « Tu as des nouvelles de ton beau brun ? » elle me questionne.

    Sa question me fait penser à vérifier si un message de Jérém est arrivé. Toujours rien.

    Avec le passage à l’embarquement, j’ai l’impression de franchir le seuil d’une autre dimension. Cet énorme espace peuplé de salles d’attente, de gens sur le départ, d’immenses baies vitrées donnant sur les pistes de décollage, tout cela est tellement dépaysant que j’ai l’impression d’être déjà ailleurs, loin de mon quotidien et de mes tracas. Loin du Nico « toulousain ».

    Et si on ajoute à cela les nombreuses nuances de bogossitude qui happent mon esprit au gré du brassage humain typique de ce genre d’espace, mes problèmes ne m’atteignent plus de la même façon qu’en ville. Je pense toujours à Jérém, à sa blessure, à son silence. Mais tout cela m’arrive comme atténué, comme un son capté en étant plongé dans un bassin d’eau. Comme si mon esprit était anesthésié.

    Ce qui me rassure c’est la certitude de laisser mon Jérém dans de bonnes mains, celles de Thibault. Thibault saura aller le voir quand ce sera le moment et trouver les mots pour l’apaiser. Au fond, je me dis que ça a été une bonne chose qu’il n’ait pas été à l’appart quand je suis passé le voir. S’il avait été là, ma visite n’aurait probablement d’autre effet que de le mettre encore plus en pétard.

    Jérém a besoin de temps pour guérir sa blessure à l’épaule, et surtout la blessure à son ego de mâle et de joueur. En ce moment, je pense qu’il a davantage besoin de son pote que de moi.

    Si tout rentre dans l’ordre avant dimanche, s’il peut jouer et qu’ils gagnent le tournoi, et si j’évite de le « harceler » davantage, si mes tentatives de me montrer présent l’ont touché et non pas contrarié, peut-être que j’ai encore quelques chances de le revoir.

    Ça fait quand même beaucoup de si…

    « Alors ? s’impatiente à nouveau ma cousine, me voyant fouiller dans mon portable.

     — Non…

     — Pas de nouvelles depuis dimanche, donc ?

     — Non, mais j’ai appris qu’il s’est blessé pendant le match de dimanche.

     — Ah, mince ! Et c’est grave ?

     — Il est tombé sur l’épaule et il n’a pas pu finir le match, il est parti aux urgences. C’est pas sûr qu’il puisse jouer la finale du tournoi dimanche prochain.

     — Zut, alors ! Et comment il va ?

     — J’ai essayé de le lui demander, mais il ne répond pas à mes messages. Je suis même passé à son appart, mais il n’était pas là.

     — Quelle tête de con, celui-là !

     — Le fait est que je me sens fautif.

     — Pourquoi fautif ?

     — Apparemment l’accident s’est produit parce que Jérém n’était pas en forme.

     — Tu m’étonnes ! QUATRE ! La nuit n’a pas été de tout repos, elle se moque.

     — Oui, il y a de ça. Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi ce que Thibault m’a raconté.

     — Il t’a raconté quoi, au juste ?

     — Que pendant le match il était aussi de très mauvais poil.

     — A cause des galipettes de la nuit d’avant ?

     — C’est bien possible. Bien que je ne me l’explique pas vraiment. La dernière fois que nous avons couché au petit matin c’était tellement bien, je l’ai senti proche comme jamais. On l’a fait et on s’est rendormis.

    Alors je ne comprends pas pourquoi il est parti sans me réveiller. Je n’arrête pas de me demander si j’ai fait quelque chose qu’il ne fallait pas…

     — Franchement, Nico, je ne vois pas pourquoi tu te sentirais fautif. S’il était naze parce qu’il a eu envie de baiser comme un lapin jusqu’à pas d’heure, il doit en assumer les conséquences !

    Et arrête de te dire que tu as fait quelque chose qu’il ne fallait pas. C’est lui qui ne s’assume pas, c’est lui qui doit avancer.

     — Tu as raison…

     — Arrête de penser que c’est toujours ta faute. Jérém est un grand garçon, et il doit assumer ses actions !

     — Bien sûr…

     — En tout cas, t’as pas à t’en vouloir pour ce qui s’est passé.

     — Je n’y arrive pas.

     — Ecoute, Nico. Tu ne vas pas te prendre la tête avec ça pendant trois jours. Il a raté son match, il a raté son match. Il aurait tout aussi bien pu le rater en prenant une cuite. C’est pas le premier mec qui a une nuit très agitée avant un match et qui n’arrive pas à assurer derrière. Ce sont des choses qui arrivent. Il n’y a pas mort d’homme !

     — Oui, oui, je sais. Mais ce qui me fait peur c’est qu’il puisse quand même m’en vouloir !

     — S’il t’en veut, c’est qu’il est vraiment con. Il a bien aimé coucher avec toi pendant toute la nuit. Si vraiment il te tient pour responsable de son petit accident, franchement, ce mec n’en vaut pas le peine. Tu ne peux pas vivre en fonction de ses caprices.

    Essaie de ne pas trop penser à tout ça, essaie de profiter de ces trois jours de vacances. Et surtout, surtout, surtout, pitié, essaie de ne pas trop casser les couilles à ta cousine qui a rendez-vous avec Madonna. Veux-tu, mon Nico adoré ?

     — Oui, chef ! »

    Une annonce, ainsi qu’un soudain remue-ménage dans la salle d’attente, nous signalent que l’embarquement de notre vol est ouvert. Avant d’éteindre mon portable, je jette un dernier coup d’œil à l’écran. Toujours pas de message de Jérém. Je ne lui ai même pas dit que je partais.

    Après une attente de plusieurs minutes, nous passons l’embarquement sans encombre. Nous nous engouffrons dans la passerelle qui donne accès à l’avion. Je n’arrive toujours pas à y croire, mon premier avion, Londres, Madonna !

    Nous venons tout juste de prendre place que déjà Elodie trouve le moyen de discuter avec les deux mecs assis devant nous. Ils vont eux-aussi au concert. Je les regarde un peu mieux et je finis par me demander s’ils ne seraient pas comme moi, eux aussi. L’idée qu’il puisse s’agir d’un couple de garçons me met du baume au cœur et me donne de l’espoir.

    En m’installant dans mon fauteuil, je ressens une intense sensation d’apaisement s’emparer de mon corps et de mon esprit. Ça y est, dans quelques instants nous allons partir loin de Toulouse, et de mes petits tracas sentimentaux. Je vais définitivement couper le cordon avec eux. Enfin, je l’espère. Et j’y crois. Je me sens bien, j’ai la banane et je souris bêtement.

    Encore quelques minutes d’attente, le temps que tout le monde prenne place, et que le personnel de bord nous indique comment mettre des masques à oxygène en cas de crash, c’est-à-dire un pansement sur une jambe de bois – c’est la partie la plus rassurante – l’avion commence à manœuvrer. Il roule calmement pendant un certain temps, avant de s’immobiliser face à la piste.

    « Ça va aller mon cousin ?

     — J’espère !

     — La première fois qu’on prend l’avion, c’est assez impressionnant !

     — Tu me rassures, cousine !

     — Tu as trouvé les sachets pour…

     — Oui, oui, je la coupe.

     — Au cas où…

     — J’espère pas, quand même… ».

    Comme toujours, et plus que jamais, la présence de ma cousine me rassure. Et pourtant, je ressens une certaine inquiétude s’installer en moi en cet instant où le point de non-retour est atteint, cet instant où je réalise que je ne peux plus quitter cet avion. Que je viens de mettre ma vie dans les mains d’un inconnu, et que je ne gère plus rien.

    Je réalise à cet instant que monter dans un avion demande quand même un certain cran, ou une certaine inconscience. Oui, pour s’enfermer volontairement dans une boîte en métal pesant des centaines de tonnes, conduite par un parfait inconnu, dans le but de voyager à des milliers de mètres d’altitude, à une vitesse de 800 km par heure, il faut un certain lâcher-prise.

    Un lâcher-prise qui me fait un brin défaut à cet instant précis. Je n’ose pas en parler à ma cousine, mais je panique un peu. Beaucoup.

    Ce n’est qu’après plusieurs, interminables minutes d’attente pendant lesquelles j’ai eu le temps de paniquer à souhait, que l’avion recommence enfin à rouler. Mais cette fois-ci, son allure n’a plus rien du calme de tout à l’heure. Ça démarre sur les chapeaux de roue, l’accélération est telle que, mon dos est lourdement scotché au dossier de mon fauteuil. Je ressens cette puissante accélération dans le ventre, dans mon cœur, mes poumons. Je la ressens comme une sorte d’ivresse. Je suis impressionné, survolté, mais toujours pas rassuré.

    La piste et les bâtiments de l’aéroport défilent sous mes yeux à une vitesse ahurissante. Mais pourquoi j’ai pris l’avion ? On peut aller à Londres en voiture ou en train… à pied…

    Et puis vient cet instant où l’avion pointe son nez vers les airs, où le pont s’incline, et où l’on réalise qu’on ne touche plus le sol. Une fille de l’autre côté du couloir plante ses griffes dans le fauteuil comme un chat face à un pitbull. Ça c’est rassurant aussi !

    Ça y est, nous planons dans les airs ! La piste disparaît, et Toulouse se fait de plus en plus petite, jusqu’à s’éclipser elle aussi. Nous survolons la Haute-Garonne, puis le reste de la France.

    D’ici-haut, tout paraît si petit. Et on se sent aussi tout petits. Et vulnérables. Et les tracas que nous laissons derrière nous, paraissent si peu de chose.

    Mes tympans qui ont connu des montagnes russes au décollage, se détendent enfin, et je récupère peu à peu une audition normale.

    Maintenant que l’avion est stabilisé à l’horizontale et que tout semble bien se passer, je sens ma peur se dissiper, j’apprends peu à peu à faire confiance à l’engin et à son pilote.

    J’ai la chance d’avoir le siège hublot, et assez loin de l’aile. Le ciel est dégagé, la lumière parfaite et idéalement positionnée par rapport à la trajectoire de l’avion et à ma position dans l’avion lui-même. Un fabuleux concours de circonstances qui m’offre une vue fabuleuse.

    Alors j’en profite pour regarder la France défiler à toute vitesse, pour détailler ce fabuleux paysage façonné par les éléments naturels, les rivières, les petits lacs, les mares, les forêts. Mais aussi largement marqué par une robe en motifs d’Arlequin générée par l’activité humaine, par les différentes couleurs des cultures au sol. Le regard embrasse tant de choses en si peu de temps. La terre vue du ciel, ça pousse à relativiser pas mal de choses.

    Lorsqu’on y réfléchit bien, prendre l’avion est une grande leçon d’humilité.

    Une hôtesse passe dans le petit couloir avec un chariot rempli de boissons et des friandises. Nous nous laissons tenter par un « « café » ». Je mets ce mot entre doubles guillemets car, à mon sens, un truc servi dans un gobelet format coca moyen, dans lequel flotte un sachet brunâtre qui est censé donner à de l’eau chaude un vague goût caféiné, ça ne peut pas décemment être qualifié de Café. D’autant plus que si l’aspect est peu engageant, le goût est carrément dégueulasse.

    Elodie et moi tentons d’avaler cette affreuse bouillie en grimaçant et en rigolant à chaque gorgée. Je note : ne plus jamais me laisser tenter par une boisson chaude dans un avion low cost.

    L’avion se pose sur la piste avec un léger sursaut. Un applaudissement sonore retentit dans l’habitacle à l’ intention du pilote qui nous a conduits à bon port. Je ne comprends pas cette coutume. En général on applaudit un exploit. Et si on considère que c’est un exploit que de nous amener à destination sains et saufs, cela ne donne pas vraiment envie de faire confiance à ce moyen de transport.

    Nous récupérons nos bagages et nous cherchons sur les tableaux d’affichage des indications pour les trains vers Londres. Je n’avais pas réalisé que l’aéroport de Stansted est à une heure de train de Londres.

    « C’est quel train ? je questionne ma cousine.

     — Le Poudlard Express.

     — Quoi ?

     — Sans importance !

     — Tu sais au moins de quel quai il va partir ?

     — Oui, cherche le 9 et ¾ !

     — Mais qu’est-ce que tu racontes ?

     — Un jour, tu comprendras ! » elle se marre.

    Nous rejoignons le quai du départ pour Liverpool Street. Quelques instants plus tard, je suis dans le train qui va me conduire vers Londres, vers Madonna. Les portes se ferment et la machine se met en branle.

  • Pourquoi cette histoire ?

    Pourquoi cette histoire ?

    Cette histoire est avant tout un hymne à la beauté, à la jeunesse, à l’insouciance, au désir, à l’amour physique, et à l’amour tout court, entre garçons… un hymne à la camaraderie, à la proximité, à la promiscuité, à ces amitiés parfois chargées de désirs qui n’osent pas s’avouer, et qui ne s’expriment pas. 

    Un hymne à la fébrilité des premiers émois sentimentaux, au bonheur d’aimer, à l’espoir sans cesse renouvelé de l’être en retour.

    En écrivant, j’ai envie de rendre hommage à la beauté masculine dans toutes ses déclinaisons et au charme masculin à tous les degrés, du plus touchant au plus viril, du plus doux au plus insolent.

    Dans l’idée que chaque mec, chaque homme dégage un reflet particulier de cet « éternel masculin », somme de beauté, d’émotion intense et de désir sublimé.

    En écrivant, j’ai envie de parler de tous les garçons, parfois des connaissances, la plupart du temps des anonymes ; des mecs « observés » au quotidien, l’espace d’un instant fugace et précieux ; d’autres croisés avec un peu plus de régularité au gré de la vie, ces « inconnus familiers » qui me touchent pour leur beauté, leur charme, ou tout simplement leurs présence me donnant un aperçu de leurs vies inaccessibles, et dont je voudrais tout connaître.

    Oui, lorsque j’écris je me sens « porté » par tous ces petits riens, un geste, un mot, une intonation de la voix, une simple attitude inconsciente, un beau sourire qui recèle, le temps d’un moment fugace et intense, toute la beauté du monde… « inspiré » par des rencontres inattendues et immédiatement perdues avec des garçons, source d’inspiration inépuisable, capables de provoquer en moi ce petit béguin, ce papillonnement au ventre qui, sans que ça aille plus loin, me fait sentir vivant.
    Qu’est-ce qu’il y a de plus agréable que de croiser un charmant garçon, dont la seule présence recèle le pouvoir de provoquer ce frisson puissant capable de donner de nouvelles couleurs à la journée la plus grise ?

    Je ne sais pas donner une définition satisfaisante de la beauté et du charme masculin, et je ne pense pas que je serai capable un jour d’exprimer cette matière insaisissable avec de pauvres mots…

    Mais il me semble que sans cela, la vie serait beaucoup moins douce. 

    Je veux dédier cette histoire/A tous les hommes qu’on aime/Pendant quelques instants secrets
    A ceux qu’on connaît à peine/Qu’un destin différent entraîne/Et qu’on ne retrouve jamais
    A celui qu’on voit apparaître/Une seconde à sa fenêtre/Et qui, preste, s’évanouit
    Mais dont la svelte silhouette/Est si puissante et belle/Qu’on en demeure épanoui
    Au compagnon de voyage/Dont les yeux, charmant paysage/Font paraître court le chemin
    Et qu’on laisse pourtant descendre/Sans que l’on sache, le retenir

    Je suis sur que Brassens comprendrait mon petit détournement…

  • JN01082 Joker : coup de fil à un ami

    JN01082 Joker : coup de fil à un ami

    « Salut, Nico, tu vas bien ? » fait le beau Thibault en décrochant.

    Je m’inquiète beaucoup pour Jérém. Sans nouvelles de sa part, j’ai en effet décidé d’aller en chercher auprès d’une source que je considère la plus fiable qui soit.

     — Oui ça va, et toi ?

     — Moi ça va.

     — J’ai appris que Jérém s’est blessé, hier, pendant le match.

     — Oui, c’est vrai.

     — Et c’est grave comment ?

     — C’est l’épaule qui est touchée. Apparemment il n’y a rien de cassé, mais il a pris un sacré pet’ !

     — Qu’est-ce qui s’est passé ?

     — Ecoute, Nico, si tu veux, je vais débaucher dans pas longtemps. Si tu veux passer au garage, on ira prendre un verre et on pourra parler plus tranquillement. »

    Après avoir raccroché, je presse mon pas pour ne pas faire attendre le beau mécano. J’arrive au garage pile au moment où il en sort.

    Habillé du t-shirt vert bien rempli par son torse tout en muscles et par ses biceps puissants, mon pote Thibault est terriblement séduisant.

    En lui faisant la bise, je capte un bouquet olfactif dans lequel j’arrive à distinguer l’odeur de propre de son t-shirt, l’odeur du savon avec lequel il s’est lavé avant de débaucher, ainsi qu’une petite odeur de cambouis persistante. Bref, une odeur de propre et de bon, une odeur de mec bosseur et bien dans ses baskets.

    Le beau mécano porte sur son nez, sa joue et son front, les contusions typiques d’un match de rugby difficile. Je trouve qu’il a l’air préoccupé.

    « Tu l’as eu depuis hier ? il me questionne, après que nous nous sommes installés dans la terrasse du même bistrot que la dernière fois.

     — Non.

     — Et comment tu as su pour sa blessure ?

     — Comme il ne répond pas à mes messages, tout à l’heure je suis passé à la brasserie. Et j’ai entendu son patron dire à un employé qu’il serait en arrêt maladie jusqu’à jeudi. Je l’ai appelé en partant de la brasserie, mais je suis tombé sur répondeur. Je suis passé le voir, mais il n’était pas chez lui.

     — Il sait qu’il devait revoir un médecin aujourd’hui.

     — Qu’est ce qui est arrivé, alors ?

     — Au milieu de la deuxième mi-temps, un joueur de Cugnaux l’a plaqué violemment au sol. Et Jéjé est mal tombé.

     — Merde…

     — Le match a été dur.

     — Toi non plus tu n’as pas l’air en forme, je considère.

     — Ça va, ce ne sont que des égratignures.

     — Et comment ça s’est fini le match ? Vous avez gagné ?

     — Oui, mais vraiment de justesse. Sans Jéjé pour marquer, ce n’est pas la même équipe. »

    Une fois de plus, je m’en veux d’avoir passé mon dimanche après-midi à roupiller et à me taper des branlettes physiques et mentales, alors que mon beau brun souffrait.

    Le soleil tape fort en cette fin d’après-midi. Et là, le beau mécano a ce petit geste magique qui me rend dingue.

    Tout se passe avec la rapidité de l’éclair. Les doigts pincent le bord inférieur du t-shirt, le coude se plie en même temps que le buste. Le coton se soulève, le cou s’incline, le front se pose sur le tissu pour y être épongé.

    Ça ne dure qu’un instant, avant que les doigts ne relâchent le tissu, avant que le « rideau » ne tombe brusquement sur la délicieuse vision de ce délicieux alignement de poils fins sortant de l’élastique de son boxer.

    « Je ne sais pas ce qui s’est passé, hier après-midi. Jéjé était complètement ailleurs, il enchaîne, après avoir bu une bonne gorgée de bière.

     — Ailleurs… comment ?

     — Déjà, il est arrivé en retard. Et puis, il avait l’air complètement à côté de ses pompes.

     — Il est arrivé à quelle heure ?

     — Vers 14 heures, tout juste avant le début du match. Et ça ne lui ressemble pas du tout.

     — Ah, bon… » je fais bêtement, tout en me demandant qu’est-ce qu’ a foutu Jérém entre le moment où il est parti de l’appart, avant mon réveil à midi quinze et le début du match. En gros, pendant environ deux heures.

    « Il était de mauvais poil, continue le beau mécano, il a tout juste dit bonjour. Et pendant le match on aurait dit qu’il tournait au ralenti. Il a multiplié les erreurs, il a raté pas mal d’occasions de marquer.

    Quand l’autre équipe a commencé de prendre l’avantage, Jéjé a commencé à s’énerver. Il était tendu comme un string, et il a été insultant avec certains joueurs. Il a même failli provoquer une bagarre et se faire expulser du terrain.

    Je ne l’ai jamais vu jouer aussi mal. Et surtout, je ne l’ai jamais vu s’énerver de cette façon dans un match, surtout si près de la finale. L’entraîneur était fou ! »Si Jérém était si fatigué, c’est que la nuit a été particulièrement intense. Mais la fatigue n’explique pas pourquoi Jérém était de mauvais poil, alors que le dernier contact que j’ai eu avec lui était un moment de bonheur sensuel, de complicité et de tendresse.

    Que s’est-il donc passé dans sa tête depuis notre câlin au petit matin ? Est-ce qu’il s’est réveillé avec une bonne gueule de bois ? Est-ce qu’il regrette ce plan à trois qu’il a pourtant voulu ? Ou la tendresse de cette nuit, qu’il a pourtant voulue, elle aussi ? Est-il encore tracassé par cette jalousie qu’il a ressentie tout au long de la soirée ? Est-ce que ce sont les mots et les provocations de Romain qui l’ont mis de mauvais poil ?

    « Je ne l’ai jamais vu dans cet état, continue Thibault, Jérém est le capitaine de l’équipe, et l’équipe a besoin de son capitaine. Mais notre capitaine était aux abonnés absents. Nous avons été dominés pendant presque tout le match. Et nous avons eu un bol fou de pouvoir remonter vers la fin, grâce notamment à des erreurs de l’équipe adverse.

    Nico, fait le beau mécano en s’adressant à moi avec sa voix chaude, une voix qui m’oblige à lever mon regard et à croiser le sien, est-ce qu’il s’est passé quelque chose l’autre nuit ? Est-ce que vous vous êtes disputés ?

     — Non, non, il ne s’est rien passé de spécial, je mens, mais on s’est couché tard, et il était peut-être juste fatigué.

     — Tu as passé la nuit chez lui ?

     — Oui.

     — Et il était comment hier matin ?

     — Quand je me suis réveillé, il était déjà parti.

     — Et tu t’es réveillé à quelle heure ?

     — Un peu après midi, mais je pense qu’il était parti depuis un moment.

     — Mais qu’est-ce qu’il a foutu entre midi et deux ?

     — Je me le demande aussi.

     — Son prétexte d’avoir eu un problème de voiture ne tient pas la route, il considère.

     — Au fait, qu’est-ce qui s’est passé quand vous êtes repartis du KL ? Il avait l’air contrarié, il revient à la charge.

     — Il s’est passé que j’ai failli partir avec un autre gars.

     — Un gars… comme toi ?

     — Oui. En fait, j’ai vu Jérém partir avec une nana et j’ai cru qu’il rentrerait avec elle.

     — C’était pas du tout ça…

     — Je sais, il m’a expliqué. Mais sur le coup, ça lui ressemblait. Et ça m’a foutu en l’air. Un peu plus tard, j’ai croisé ce gars qui m’a dragué et m’a proposé de rentrer avec lui. Je n’aurais pas dû accepter son invitation…

     — Tu n’as pas à te justifier, Nico. Je sais que Jéjé ne te rend pas les choses faciles.

     — Jérém m’a vu partir avec le gars et il m’a fait une scène.

     — Sacré Jéjé ! fait Thibault, l’air aussi impressionné qu’amusé.

     — Tu sais, c’est pas facile de suivre avec Jérém, je continue en évitant soigneusement de lui parler de ce plan avec Romain et de ce que cela a bien pu avoir comme conséquence dans l’état d’esprit de mon beau brun au moment du match.

     — Je le sais, je le sais. Même être pote avec un gars comme Jérém, ce n’est jamais de tout repos. Et encore moins jouer avec lui, surtout quand il y a un raté comme hier et qu’il ne veut rien expliquer.

     — Et il va comment, sinon ? Niveau moral, je veux dire…

     — Pas terrible. Il s’en veut énormément d’avoir foiré son match. Il était tellement déçu de devoir quitter le terrain !

     — J’espère vraiment qu’il pourra jouer dimanche prochain !

     — Pour l’instant, on n’en sait rien. Ça dépend de comment son épaule va évoluer.

     — Et s’il ne peut pas jouer ?

     — S’il ne peut pas jouer, ça va bien compliquer les choses. Déjà, nos chances de gagner vont être réduites. Et puis, si Jéjé se retrouve sur le banc de touche, ça ne va vraiment pas lui plaire. Surtout après tout ce qu’il a donné pour arriver en finale…

     — Il s’est beaucoup investi ?

     — Enormément ! Ce tournoi devait être notre revanche sur la malchance de l’an dernier !

     — Qu’est-ce qui s’est passé l’an dernier ?

     — Nous avions été éliminés en demi-finale, si près du but. Nous étions tous déçus, mais Jérém était en miettes. Alors, cette année il a redoublé d’efforts, comme nous tous, mais lui plus encore que les autres. Il tient vraiment à gagner ce tournoi, et à le gagner avec l’équipe. Surtout maintenant, alors qu’il y a de fortes chances qu’il ne fasse plus partie de l’équipe à la rentrée. S’il ne peut pas jouer, même si on gagne – et je ne te parle même pas si on perd – je sais que Jéjé va péter un câble ! »

    Je suis mal à l’aise de savoir Jérém et Thibault en porte-à-faux vis-à-vis de la finale du tournoi, après tous leurs efforts pour en arriver jusque-là.

    Je m’en veux de m’être laissé draguer par Martin et d’avoir ainsi provoqué cette réaction en chaîne qui a conduit mon beau brun à affronter un match très important dans un état de fatigue et de malaise incompatibles avec une bonne performance sportive.

    « J’espère vraiment qu’il va être en forme pour dimanche prochain, je finis par lâcher comme pour tenter de le rassurer.

     — Moi aussi !

     — J’imagine.

     — Ce qui m’embête, c’est que je sens qu’il y a quelque chose qui le tracasse, mais qu’il ne veut rien me dire. J’ai toujours cru qu’il me considérait comme son meilleur pote…

     — Mais c’est le cas. Je pense que pour Jérém ton amitié compte plus que tout au monde, plus que le rugby, même. Quand je l’entends parler de toi, je continue sur ma lancée, je sens qu’il a énormément d’estime et d’affection pour toi. Il sait qu’il a la chance de t’avoir, car tu es vraiment un chouette gars ! »

    Voir un garçon comme Thibault m’écouter attentivement est une expérience grisante. Mais voir un garçon comme Thibault, si solide, si bien dans ses baskets, touché par l’émotion que mes mots ont fait monter en lui est une expérience bouleversante.

    A cet instant précis, je me trouve devant un Thibault « mis à nu » sur l’un des aspects les plus intimes de sa vie, son amitié avec mon bobrun. Avec son Jéjé. Je repense à une autre conversation que nous avons eue, conversation au cours de laquelle il m’avait confié qu’il aurait lui aussi beaucoup de mal à accepter le départ de son pote à la rentrée, si jamais cela devait se confirmer.

    Définitivement, derrière son apparence de mec solide, derrière son caractère posé, Thibault n’en demeure pas moins un garçon excessivement sensible et avec des vrais besoins affectifs, comme tout un chacun. Même les super héros ont un cœur sensible.

    Ainsi, lorsqu’un sourire pudique vient essayer de contenir une émotion pourtant manifeste, je me sens à mon tour au bord des larmes. J’ai soudain très envie de le serrer très fort contre moi, de le câliner, le réconforter.

    Oui, de tout temps si protecteur, si rassurant, en permanence en train de veiller sur son pote et de faire attention aux autres, Thibault mériterait lui aussi de connaître de temps à autre le bonheur de pouvoir se laisser aller, de se sentir réconforté.

    Mais qui veille sur le beau Thibault ? Qui le prend dans ses bras quand il a besoin d’être réconforté ?

    La sonnerie de son portable se met à retentir.

    « Désolé, je dois répondre, c’est important.

     — Allô ? » il lance, en décrochant. Le ton est ferme, chaud, assuré, gentil, adorable. Ça donne envie de composer son numéro rien que pour entendre le ton de sa voix.

    Un « allô » suivi d’un certain nombre d’échanges dont j’ai du mal à capter les tenants et les aboutissants étant donné que je n’ai pas les retours de son interlocuteur.

    « Je viens de sortir du taf.

     — …

     — Je suis chez moi.

     — …

     — Où ça ?

     — …

     — Dans un immeuble ?

     — …

     — Ok, ok, j’arrive, à tout’ ! »

    « Désolé, Nico, je dois y aller » il me lance en raccrochant et en se levant aussitôt, sans même terminer sa bière, mais sans pour autant oublier de glisser deux pièces de dix francs sur la table.

    Son air soudainement très pressé m’inquiète.

    « Rien de grave, j’espère…je tente de le sonder.

     — Non, enfin… je ne sais pas trop encore. Apparemment il y aurait un feu dans un immeuble aux Sept Deniers. Je suis d’astreinte, là, je dois me rendre à la caserne au plus vite.

     — Je ne savais pas que tu étais pompier ? je finis par lâcher bêtement.

     — Je suis juste volontaire. Désolé, je dois vraiment y aller, Nico. On se recapte un de ces quatre si tu veux, et je te tiens au courant pour Jéjé. T’en fais pas, ça va aller, j’y veille, il coupe court.

     — Ok, bon courage, Thibault, et merci ! »

    Thibault jeune pompier volontaire, voilà un truc qui m’avait échappé mais qui ne me surprend pas de la part d’un gars comme lui. Se dévouer pour le bien des autres, au péril de sa propre vie, c’est tellement du Thibault, ça.

    Je regarde le beau mécano s’éloigner d’un pas pressé tout en me disant que ce que je viens d’apprendre sur lui éveille en moi une estime et une admiration sans limites à son égard. Thibault vient d’être soudainement propulsé à mes yeux dans une nouvelle dimension où il m’apparaît désormais comme étant un Être tellement beau et pur que son amitié me devient indispensable.

    Oui, on a forcément envie d’être pote avec un mec avec une telle grandeur d’esprit. Et ça, en raison du fait que l’amitié d’un gars pareil se mérite et que nous ne la mériterons qu’en étant à la hauteur. Et c’est peut-être là que se situe la plus grande qualité, le plus grand « pouvoir » d’un garçon comme Thibault. Celui de nous pousser à être meilleurs.

    Je regarde le beau pompier jusqu’à ce qu’il disparaisse de mon champ de vision, tout en me disant que ce mec est un ange tombé du ciel.

    Je m’en veux de ne pas avoir pensé à le féliciter.

    Face à la grandeur d’esprit de mon pote Thibault, mes petits tracas sentimentaux semblent perdre de leur importance, j’ai l’impression d’arriver à relativiser.

    Mais cet état de grâce ne dure qu’un temps hélas. Lorsque sa présence lumineuse disparaît de ma vue, je ne peux m’empêcher de me laisser happer par l’inquiétude au sujet de la blessure de Jérém.

    Salut. J’ai su pour ton accident. J’espère que tu vas bien et que tu vas vite t’en remettre. Je suis passé chez toi mais tu n’y étais pas. Donne-moi des nouvelles, s’il te plaît. Nico

    C’est le nouveau message que je lui envoie le soir même, juste après le dîner.

    Commentaires

    ZurilHoros

    04/06/2020 07:21

    Ca a été une expérience de relire ce chapitre, maintenant que j’ai une meilleure idée de ce qui précède. C’est certainement, celui que je trouve le plus important pour tout un tas de raisons. C’était déjà le cas à la première lecture puisque je l’avais fait lire à plusieurs personnes pour faire découvrir Jerem & Nico autour de moi.  En tant que lecteur, lire à livre ouvert les pensées qui accompagnent Nico dans ce qu’on appelle horriblement un « travail de deuil », créer une proximité avec lui, et on lui donne l’absolution pour tout ce qu’il dit ou fait. Il est parfois agaçant mais il est tellement positif, lumineux, même dans sa tristesse, que ce n’est pas bien difficile de vouloir le prendre par la main et le soutenir.  Il faudrait avoir ce chapitre en tête, pour se rappeler que ce que l’on vit ou ce que l’on pense, dépend le plus souvent d’un point de vue orienté et que, si on déplace l’orientation du regard, on change le point de vue.  Qu’est ce qui permet de changer? Un regard extérieur, un événement? le plus souvent un espoir qui ne nous quitte pas. Est ce que Elodie est responsable du changement de cap de Nico, est-ce son footing? Ce qui était définitif dans son esprit le matin, ne l’est déjà plus à midi, et encore moins le soir. 

    ZurilHoros

    27/05/2020 13:41

    C’est assez rassérénant de trouver de quoi réfléchir à soi-même et par delà ça, à la vie en général. L’esprit de Nico doit être éprouvé. Forcément quand on est soumis par cette vague d’émotions opposées qui soumet son cœur au rythme des montagnes russes. Quand on est comme ça, on a l’impression de vivre intensément d’autant plus qu’on ne peut pas gérer. Quant au beau Jérèm, c’est terrible quand on a des rêves de gloire, de savoir que sa sexualité va être un obstacle. Le moment n’est pas encore arrivé pour qu’un futur rugbyman se pointer avec un mec. Il lui faudrait être trois fois plus fort que les autres. Un jour peut être. Je pense qu’un mec cérébral comme Nico, doit être très fascinant pour un instinctif comme Jérèm, mais également très angoissant. 

    izzyyuki

    16/5/2016 22:45

    le 2eme est encore mieux que le 1er, ca va être dure d’attendre le 3eme…

    Etienne

    14/105/2016 23:29

    Épisode très émouvant. Bravo Fabien

    Gripsou22

    13/05/2016 17:27

    Merci Fabien pour ces deux (excellents) premiers épisodes de la saison 2 ! J’ai beaucoup aimé le moment du SMS d’Elodie être en attente insupportable d’un message et recevoir celui d’un(e) ami(e) à la place c’est vraiment frustrant. L’appel de Jerem est vraiment bouleversant, il appelle Nico pour la 1ère fois s’excuse et l’invite à passer le weekend. J’ai vraiment hâte de lire la suite en espérant que Nico fasse le bon choix.

  • JN01081 Un silence assourdissant

    JN01081 Un silence assourdissant

    Lundi 9 juillet 2001

    Le lendemain, je me réveille à 9 heures pétantes, en ayant dormi comme un bébé. Oui, c’est beau le statut d’étudiant en vacances : je me lève à pas d’heure, je me douche, je m’habille, je vais courir sur le Canal. Midi arrive, je rentre, je mets les pieds sous la table, je mange.

    L’après-midi, je révise un peu le code en vue des cours de conduite. Je repense à Martin et je me dis qu’après l’avoir planté samedi soir, ça va être sympa de le revoir pour la conduite !

    Le seul truc qui me tracasse est le silence de Jérém. Je voudrais le revoir avant ce soir, car demain je m’envole pour Londres avec Elodie jusqu’à la fin de la semaine. Mais je sais que ça va être court. Je voudrais au moins avoir de ses nouvelles. Pourquoi ne répond-il pas à mes messages ?

    Je sais bien que Jérém est comme ça, qu’il peut très bien ignorer mes messages après m’avoir fait des câlins et m’avoir fait l’amour. Mais au fur et à mesure que les heures passent, je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine déception s’emparer de moi.

    Un message arrive vers 16 heures. Je me précipite pour le lire, mais ce n’est pas le message que j’attends. C’est un SMS de ma cousine me disant que le lendemain j’ai rendez-vous à Londres avec une blondasse. Ah, ah, très drôle…

    Jérém, et surtout son silence, occupent toutes mes pensées. Je pourrais le relancer, mais j’y renonce. Je ne veux surtout pas qu’il se sente harcelé. Je tente de me rassurer en me disant que cette nuit il a encore dû faire la nouba jusque tard avec ses potes et qu’aujourd’hui il doit bosser à la brasserie. J’essaie de me dire que ces raisons expliquent certainement pourquoi il n’a pas encore répondu à mes messages. Même s’il ne faut pas plus que quelques secondes pour écrire un court SMS…

    En fin d’après-midi, j’essaie de lire. Mais je n’arrive pas à me concentrer. Car mon esprit est monopolisé par une question qui tourne en boucle dans ma tête : que signifie donc le départ de Jérém avant mon réveil ?

    Une interrogation d’où découle, bien évidemment, un riche corollaire de questions accessoires.

    Est-ce qu’il s’est réveillé avec la gueule de bois en se disant : « Tiens il est encore là, lui ? Mais pourquoi donc lui ai-je demandé de rester ? Qu’est-ce que je vais en faire, maintenant ? Et si je me tirais avant qu’il se réveille ? »

    Je donnerais cher pour connaître l’état d’esprit de mon Jérém après cette folle nuit. Et je donnerais cher aussi pour savoir ce qu’il cherchait lorsqu’il a décidé de me traîner au On Off. Est-ce qu’il cherchait à se venger de la jalousie que j’avais provoquée en ayant envisagé de partir avec Martin ? A me faire payer mon insolence, mon franc parler durant la dernière partie de notre retour en voiture ? Ou bien à tester son charme dans une boîte à mecs, perspective que son état d’alcoolémie, sa colère et son égo blessé venaient enfin de rendre accessible, sur un coup de tête ?

    Est-ce qu’il cherchait vraiment à lever un gars ? Et pourquoi cela ? Juste pour tirer son coup ? Pour s’ouvrir d’autres horizons ? Pour me rendre jaloux ? Pour montrer qu’il fait ce qu’il veut et qu’il n’a pas de comptes à me rendre ? Pour se venger de l’« accident Martin » ?

    Est-ce qu’il s’y serait rendu tout seul, si jamais j’avais refusé de le suivre ? Qu’a-t-il ressenti en apercevant le beau Romain devant le On Off, et l’intérêt que ce beau gars lui portait ?

    Quant à Romain, je me demande quelles étaient réellement ses intentions vis-à-vis de mon beau brun, après l’avoir capté à l’entrée du On Off, dès notre arrivée.

    Est-ce qu’il a tout de suite flashé sur lui ? Est-ce qu’il a eu illico envie de (sou)mettre dans son lit « l’autre » plus bomec, l’autre « mâle alpha » de la boîte ? Est-ce qu’il s’est dit que ce gars inconnu, terriblement sexy, ferait bonne figure dans son tableau de « chasse », garni à grands renforts de coups de bite ?

    Ou bien, est-ce qu’il s’est dit qu’avec ce mec « aussi mâle que lui » il se sentirait à l’aise pour se laisser aller à des fantasmes jusque-là refoulés ?

    Peut-être que lorsque les deux étalons se sont captés devant le On Off, ils ont flairé l’un dans l’autre le challenge de lever et se taper un gars tout aussi canon qu’eux. Pour voir qui a la plus grosse, la plus raide, pour voir celui qui capitulera en premier devant la virilité de l’autre.

    Je ne peux m’empêcher de me dire que ma présence a sans doute dévié la trajectoire des évènements, telle qu’elle aurait été si les deux beaux bruns avaient été seuls.

    Par deux beaux bruns, une ligne droite qui amène au plaisir passe toujours. Mais lorsqu’on ajoute un troisième gars, la géométrie sensuelle s’en trouve bien plus complexifiée.

    Après avoir commencé de me draguer à la sortie du On Off, lorsque Romain a vu Jérém se pointer et qu’il a décidé de proposer ce plan, je pense qu’il se serait bien passé de ma présence. S’il nous a branchés tous les deux, c’est parce qu’il avait dû comprendre qu’il n’aurait pas Jérém sans que je sois de la partie. S’il a accepté ma présence, c’est parce que Jérém l’a exigée en quelque sorte.

    Oui, je pense que Romain ne voulait qu’un plan entre beaux bruns. Car il savait que Jérém se laisserait davantage aller si je n’étais là. Ce qui a certainement été le cas. Dans quelle mesure, ça je ne le saurai jamais.

    Quoi qu’il en soit, la rencontre avec ce beau barbu a agi pour Jérém comme un miroir de sa conscience, un miroir dans lequel j’ai pu moi-même regarder. Et dans ce miroir, j’ai pu découvrir des aspects de mon beau brun que je n’aurais peut-être pas eu l’occasion de découvrir autrement. J’ai pu découvrir des facettes de sa personnalité et de sa sensibilité qui me rapprochent encore un peu plus de lui, et qui le rendent encore plus touchant à mes yeux.

    Jérém a peut-être voulu m’en mettre plein la vue avec son sketch au KL, avec la virulence de ses mots dans la voiture, avec cette virée au On Off, avec ce plan, et avec son exploit d’imposer sa virilité à un bogoss comme Romain, de plusieurs années son aîné.

    Mais lorsque je repense à cette nuit, ce n’est pas la toute-puissance de sa virilité – qu’il a pris le soin de bien mettre en scène – mais plutôt ses contradictions, ses failles, sa sensibilité, son besoin de tendresse qu’il a révélés.

    Ce qui me touche le plus, c’est cette complicité, cette impression d’être seuls au monde, que j’ai ressenti pendant que nous couchions avec Romain, ainsi que lors de nos échanges après son départ, et encore lors de notre accolade au petit matin.

    Son silence m’inquiète de plus en plus. Je me demande si cette coucherie avec le beau Romain n’a pas révélé en lui de nouvelles envies, des envies qu’il ne viendra pas forcément chercher à assouvir auprès de moi, celui qu’il voit comme son passif, et uniquement son passif.

    Je me demande si maintenant qu’il sait qu’il peut emballer des gars comme Romain, il ne chercherait pas désormais un autre beau mec capable de lui faire découvrir justement « l’autre côté du plaisir », ce côté qu’il a entrevu avec Romain mais qu’il n’a pas pu explorer avec ce dernier, peut-être à cause de ma présence.

    Il faut absolument que je le revoie avant de partir à Londres.

    Alors, sur le coup de 18 heures, je finis par me dire qu’après tout, un sketch du genre « pote qui passe faire un coucou vite fait à la brasserie », ça pourrait être une bonne idée. J’ai juste besoin de le voir, et de savoir s’il va bien.

    Pendant que mes pas rapides me conduisent vers Esquirol par le chemin le plus court, je cherche quelque chose d’original et/ou marrant à balancer à mon beau brun, si toutefois sa réaction en me voyant débarquer devait m’autoriser à m’arrêter quelques instants auprès de lui. Déjà, je pourrais lui redemander des nouvelles du match…

    Evidemment, plus j’approche de la brasserie, plus je me sens mal à l’aise. Car je me laisse peu à peu gagner par la conviction que s’il ne m’a pas répondu, c’est qu’il me fait la gueule. Pourquoi, ça je ne le sais pas. Mais avec Jérém, on n’est jamais sûr de rien.

    Lorsque j’arrive à Esquirol, je m’arrête d’un coup, indécis entre continuer ou faire demi-tour. Je prends une bonne inspiration et mon envie de le revoir finit par avoir raison de mes hésitations. Je me fais violence pour avancer, pour y aller d’une seule traîte, sans ralentir. Et lorsque j’arrive à proximité du fameux abribus où la dernière fois je m’étais fait gauler par Thibault, je me poste une nouvelle fois pour guetter sa présence.

    Je piste pendant plusieurs minutes, mais pas de trace de mon Jérém. Le seul serveur que je vois défiler en terrasse est un grand blond à lunettes qui ne ressemble en rien à mon beau brun. Mais où est-il donc mon beau brun ? Est-ce qu’il est chez lui ? Etant donné l’heure, je n’ai même pas pensé à aller le voir à son appart. Car à cette heure-ci, il devrait travailler.

    Peut-être qu’aujourd’hui il est en salle et pas en terrasse. Je veux en avoir le cœur net. Alors, je décide de prendre sur moi, de faire fi de mon malaise, de sortir de ma cachette, de traverser la terrasse de la brasserie et d’aller commander un café au comptoir.

    Je m’installe sur une chaise haute. Et pendant que le barman fait couler mon expresso, je laisse courir mon regard dans la salle. Les tables sont presque toutes vides, et il n’y a pas de trace de mon beau brun. Mais il est où, alors ? Il reste une solution pour essayer d’avoir de ses nouvelles : celle de l’appeler. Mais est-ce qu’il me répondrait, seulement ?

    Mais la réponse à mes questionnements finit par arriver sans que j’aie le moindre effort à produire.

    « Ludo, fait le type derrière le comptoir en s’adressant au charmant serveur blond qui vient de ramener un plateau avec des verres vides.

     — Oui, patron ? lui répond le jeune serveur.

     — Tu peux faire l’après-midi, demain aussi, exceptionnellement ?

     — Pourquoi, Jérémie ne sera pas là non plus ?

     — Non, apparemment il est en arrêt au moins jusqu’à jeudi.

     — Qu’est-ce qui lui arrive ?

     — Une blessure au rugby, un truc à l’épaule, si j’ai bien compris. »

    Mon café manque de partir en travers de ma gorge. Merde ! Voilà pourquoi mon bobrun n’est pas au taf. Et, à tous les coups, voilà aussi la raison pour laquelle il n’a pas répondu à mon SMS. Je sens mon adrénaline monter en flèche.

    Mais que s’est-il passé, au juste ? Est-ce que c’est grave ?

    Je dois aller le voir. Je règle mon café, les mains tremblantes, et je file comme une fusée.

    J’essaie de l’appeler, deux fois, je tombe sur répondeur. Je traverse la moitié de la ville, je m’engouffre dans la rue de la Colombette comme un fou. Les façades et les intersections familières du petit axe à sens unique défilent sur les côtés de mon regard absent, tout mon être étant concentré vers une seule et unique destination.

    Impossible de ne pas me demander si notre folle nuit n’y est pas pour quelque chose dans son accident. Hier après-midi, j’étais HS, et Jérém ne devait pas être bien plus frais. J’aurais dû aller le voir, l’encourager. C’est stupide, mais je ne peux m’empêcher de me dire que si j’avais été là, cet accident ne se serait peut-être pas produit. N’importe quoi, Nico !

    J’ai peur de l’état dans lequel je vais trouver Jérém…

    En arrivant devant la porte de l’immeuble, j’ai le souffle court. Je sonne à l’interphone, le cœur qui tape comme un fou. Je sonne une fois, deux fois, trois fois, personne ne répond. Je jette un œil vers la terrasse, il n’y a pas de trace de bobrun. Par chance, la porte n’est pas verrouillée. Je la passe, comme un voleur. Je monte les escaliers quatre à quatre, le cœur qui bat la chamade, la peur au ventre.

    J’ai peur de découvrir la gravité de ses blessures, celle à son épaule, celles à son égo. J’ai peur qu’il me jette. J’ai peur de paraître pathétique, j’ai peur qu’il perçoive ma venue comme du harcèlement. S’il ne m’a pas répondu au téléphone, c’est certainement parce qu’il n’a pas envie de me parler, ni de me voir.

    Je m’arrête devant sa porte, complètement essoufflé, intimidé. Je reste un long moment dans la pénombre, immobile, comme tétanisé. J’ai tellement envie de le voir. J’ai tellement peur qu’il m’en veuille. Une partie de moi a envie de se barrer vite de ce couloir qui m’étouffe. Je me sens très mal à l’aise. Et pourtant je ne peux me résoudre à faire demi-tour. Je ne peux pas ne pas prendre de ses nouvelles. Je m’inquiète pour lui, et j’ai besoin de lui montrer que je suis là pour lui.

    Je prends sévèrement sur moi pour frapper à la porte. Mais aucune réponse ne vient. Je pose mon oreille sur le battant. Aucun bruit ne me parvient. Je frappe une deuxième fois, un peu plus fort. Je l’appelle :

    « Jérém… tu es là ? »

    Mais aucune réponse ne vient. Je tente de me rassurer en me disant qu’il est peut-être parti faire une course. Je ne sais pas… je sèche. Après un long moment d’hésitation, je me décide enfin à rentrer chez moi.

    Je redescends les escaliers, lentement, la mort dans le cœur. Au fond de moi, j’espère le miracle, j’espère le croiser. Mais j’en ai peur aussi, j’ai peur de sa réaction, je me sens comme un voleur craignant d’être surpris pendant son larcin.

    Mais le miracle ne se produit pas.

    Dans la rue de la Colombette, je me mélange au flux des passants. Je la remonte jusqu’au boulevard Carnot, avec à chacun de mes pas l’espoir de le croiser. A la hauteur de la Cigüe, j’abandonne tout attente. Je me jette dans la dimension bruyante du boulevard, et je trace tout droit vers la maison. Mais où est-il ce petit con de Jérém ?

  • JN01080 La sieste, ma cousine et le mojito

    JN01080 La sieste, ma cousine et le mojito

    Après un déjeuner pris en essayant d’esquiver les questions de ma mère sur le pourquoi du comment du fait que j’ai découché sans prévenir, ma seule aspiration, mon seul projet, mon seul but, mon seul kif pour ce dimanche après-midi est… la sieste.

    Bien évidemment, en me glissant sous ma couette, je pense à mon beau et vaillant Jérém, au moins tout aussi fatigué que moi, levé avant moi, qui s’apprête à jouer un match important. Et je ne peux pas ne pas penser qu’après nos échanges de la nuit, après m’avoir parlé de cette façon si émouvante de sa passion pour le rugby, il aurait été sympa de ma part d’aller le voir jouer ce dimanche après-midi. De me montrer, de le soutenir.

    Cela me permettrait peut-être de marquer des points aux yeux de mon beau couillu. Car ça m’offrirait des sujets de conversation avec lui, ça me donnerait le prétexte de lui envoyer un SMS complice le soir même, m’offrirait l’occasion de lui montrer que je m’intéresse à ce qu’il fait et à ce qui le passionne, et que nous pouvons avoir quelque chose d’autre à partager en dehors d’ une intense vie sexuelle.

    Mais la fatigue a raison de moi, et aussi de l’envie d’aller voir mon Jérém jouer, du plaisir de le mater évoluer sur un terrain de sport. D’autant plus qu’au-delà du fait de la présence de mon beau brun, un match de rugby est, à mes yeux, aussi attrayant qu’un programme crypté sur Canal pour un non-abonné.

    Assister à un match, c’est regarder des bogoss se rentrer dedans comme des sauvages, se jeter l’un sur l’autre comme des sacs de pommes de terre, se ruer à terre, pousser comme des bulldozers dans une mêlée, tout en risquant le claquage musculaire ou la rupture de ligament à tout instant de jeu. Et cela n’a vraiment aucun charme à mes yeux.

    Si j’avais l’esprit « sportif », peut-être que je pourrais apprécier la compétition, les exploits, le frisson des actions, leur technicité, l’excitation provoquée par l’attente d’une victoire qui n’est jamais acquise. Mais je n’ai pas cet esprit, pas du tout. Alors, non, je ne comprends vraiment pas ce qu’on peut trouver au rugby, comme à tout autre sport collectif, ou individuel d’ailleurs.

    Tout au plus, je peux comprendre que le sport puisse créer l’occasion de bâtir de belles réussites personnelles, qu’il puisse être un facteur d’ascension sociale, qu’il offre un terreau fertile pour bâtir de belles amitiés et des belles aventures humaines. Mais au prix de combien de blessures, et de combien de souffrances ?

    Non, vraiment, le seul véritable atout du rugby à mes yeux est celui de façonner des corps de Dieu comme celui de mon Jérém. Pour moi, la meilleure facette du rugby est celle qui se décline en nuances de noir et blanc sur un calendrier en papier glacé.

    Couché dans le noir, la main coulissant lentement sur ma queue, je repense à cette galipette inattendue au petit matin, au bonheur d’émerger du sommeil et de le sentir contre moi, de le sentir venir en moi. Je repense à la parfaite complémentarité de nos envies, à la compatibilité parfaite de nos plaisirs.

    Après avoir joui, je réalise la chance de nous être trouvés. Alors que ce n’était pas du tout gagné. Je pense au courage qu’il m’a fallu pour oser lui proposer de réviser pour le bac, je pense à la chance qu’il ait accepté et qu’il ait osé me commander cette première pipe. Je pense à l’immense gâchis que ça aurait été de passer à côté de tout ça.

    Lorsque je reviens à moi, je suis tout sens dessus dessous. Il est 16h00 et je me dis que la meilleure façon de terminer ce dimanche est de passer un moment avec ma cousine préférée.

    Ça fait un petit moment que je n’ai pas vu Elodie, et ça fait donc un petit moment que je ne l’ai pas tenue au courant de mes exploits avec Jérém. J’ai tellement de trucs à lui raconter que je ne sais pas vraiment par où commencer, et encore moins où m’arrêter. Ce dont je suis certain, c’est que je n’ai pas envie de tout lui dire.

    Quand on la regarde de l’extérieur, mon histoire avec Jérém doit ressembler à une séquence de pas de crabe, un en avant, trois en arrière, deux sur le côté. Je pense que pour y comprendre quelque chose, ou pour avoir l’impression d’y comprendre quelque chose, il faut la vivre de l’intérieur. Sans l’expérience directe, cette histoire peut paraître difficile à suivre.

    Je sais que je n’arriverais pas à lui faire comprendre ce que je ressens, et pourquoi je n’ai pas encore envoyé balader Jérém, ce gars qu’elle considère comme une « cause perdue » pour moi. Je sais que je ne pourrais pas arriver à trouver les mots pour partager avec elle cette flamme qui brûle au fond de moi, cet espoir secret, cette conviction profonde que, malgré tout, Jérém et moi avons un rendez-vous du destin, et qu’un jour nous serons heureux ensemble.

    Mais en attendant, si je lui racontais tout, me cantonnant aux faits, je sais qu’elle n’approuverait peut-être pas tous mes agissements. Comme le fait d’avoir cédé une fois de plus au caprice de Jérém à la sortie du KL, ou le fait de l’avoir suivi au On Off et d’avoir accepté ce plan à trois, avant de rester dormir chez lui… et de me réveiller seul dans son lit ce matin. Ce serait trop long et fastidieux d’essayer de lui faire comprendre tout ce que j’ai ressenti cette nuit, et l’espoir que tout cela fait grandir en moi.

    Ou alors, je me trompe peut-être. Peut-être qu’en se tenant aux faits, son regard extérieur serait au contraire bien plus objectif que le mien. Mais le fait est que ce regard, je ne suis pas prêt à l’affronter pour l’instant, et je préfère me laisser porter par mon instinct.

    A 18 heures nous sommes assis en terrasse d’un bar au centre-ville en train de siroter nos mojitos respectifs.

    « Ça fait plaisir de te voir, cousin, ça faisait un bail, elle me lance entre deux gorgées.

     — Moi aussi, je suis content de te revoir, ma cousine !

     — Allez, allons-y, elle me lance sur un ton moqueur, déballe tout ce que t’as à déballer car ta cousine a un rancard dans deux heures !

     — Ça fait plaisir que tu aies trouvé une case dans ton agenda, je la cherche.

     — Avec plaisir cousin. Allez, maintenant, accouche !

     — Tu vas m’engueuler, je temporise.

     — Ok, pause ! Si je dois entendre des choses à coucher dehors, je préfère boire un coup d’abord, avec un peu d’alcool dans le sang ça passera mieux, elle rigole tout en tirant longuement sur sa paille.

     — Je pense que tu as raison, je tergiverse.

     — Alors, tu es revenu dans le lit de ton beau serveur dès qu’il a claqué des doigts ?

     — C’est plus compliqué que ça, bien plus compliqué… »

    De toute façon, je suis un livre ouvert pour ma cousine, alors autant l’assumer. Ainsi, contrairement à ce que je m’étais promis, je lâche tout. Elodie m’écoute sans prononcer un seul mot, en sirotant son Mojito, et en rythmant les rebondissements de mon récit avec une palette d’expressions du visage dont elle seule a le secret. Sans qu’elle ne dise rien, je devine à son attitude un brin surjouée les passages qu’elle « approuve » et ceux qui la font grincer des dents.

    Pendant ma tirade, je remarque quelque chose de bizarre dans sa gestuelle. Elle semble compter sur les doigts de sa main droite, comme pour énumérer quelque chose.

    Lorsque je m’arrête enfin, tous les doigts de sa main droite sont levés, sauf le pouce. Elle vient de terminer son Mojito et elle me regarde fixement derrière ses grosses lunettes de soleil, sans prononcer un mot, comme figée, médusée, pétrifiée par ce que je viens de lui raconter.

     — Tu ne dis rien ? je l’interroge au bout de quelques secondes, je t’ai définitivement fermé le clapet ? Quel exploit !

     — Je crois, elle commence et elle s’arrête aussitôt, elle fait sa star.

     — Ouiiiii ? je la taquine.

     — Je crois qu’avant de parler… elle recommence.

     — Allez, raconte ! je m’impatiente.

     — Je pense qu’avant de parler, j’ai d’abord besoin d’un deuxième Mojito » elle finit par lâcher sur un ton faussement dramatique. Son air dépité, bien que largement surjoué, est drôlissime.

    « Allez fais pas ta pétasse dis-moi ce que tu penses de tout ça, je la relance.

     — Non, d’abord une autre dose d’alcool. Serveur, s’il vous plait ! ! »

    Lorsque le serveur approche, elle joue la comédie façon diva.

    « Vous n’auriez pas de l’absinthe ? Ou de l’alcool à brûler ? Ou un flingue ?

     — Pardon ? fait le serveur, pressé et un peu agacé.

     — Naaan, je plaisante ! Amenez la même chose, s’il vous plaît, mais avec plus de rhum, s’il vous plaît… et pour lui…

     — Un coca ! je m’impose.

     — Un coca, un coca, elle se moque.

     — Oui, un coca ! je confirme.

     — Je vais faire pipi ! » elle m’annonce en se levant.

    Pendant les quelques minutes que dure son absence, je me demande si je ne lui ai pas trop raconté, tout en redoutant ce qu’elle serait capable de me balancer.

    Elle revient en même temps que le serveur avec nos nouvelles boissons.

    Elle s’assoit, en silence. J’attends, impatient. Elle commence de siroter son deuxième Mojito. Je sais qu’elle me fait mijoter, c’est sa façon de soigner son entrée en scène. Alors, pour précipiter le démarrage du spectacle, je la fixe avec un sourire appuyé. C’est là qu’elle lâche enfin sa paille et son mojito, qu’elle pose bruyamment son verre sur la petite table métallique, avant de s’exclamer :

    « QUATRE !!!

     — Quoi, quatre ? je l’interroge, pris au dépourvu.

     — Quatre ! Sans blagues ! elle enchaîne sans me calculer sur le même ton affolé, je ne savais même pas que c’était possible !

     — Quoi donc ? je feins à nouveau de m’étonner alors que je viens soudainement de réaliser que son décompte concernait les exploits sexuels de mon bel étalon pendant la nuit dernière.

     — Quatre fois il a recommencé ton rugbyman, cette nuit !

     — C’est ça, quatre, j’assume tout en rigolant comme un bossu, c’est grave ?

     — Moque-toi, cousin, elle fait, sur un ton victimiste juste avant d’enchaîner, je n’ai jamais rencontré un mec capable de faire ça quatre fois en une nuit !

     — C’est vrai qu’il était en forme, ce petit con ! je confirme.

     — Plus qu’en forme, oui, elle commente, je ne sais pas à quoi il carbure, mais à mon avis aujourd’hui il doit passer sa journée à roupiller !

     — Même pas, il avait match cet après-midi !

     — En plus !

     — C’est tout ce que tu as à me dire par rapport à tout ce que je viens de te raconter ? je la cherche.

     — Ouais, elle lâche avec une toute petite voix.

     — Tu me fais marcher, je la taquine.

     — Bah, non…

     — Si, tu me fais marcher, j’insiste.

     — Tu t’éclates mon cousin, elle me lance en redevenant soudainement plus sérieuse, mais il me semble que ce n’est pas des baises à deux, à trois, ou à 27, et 10 fois par nuit que tu attends de ton beau brun.

     — Non, bien sûr que non. Mais en attendant qu’il soit prêt à s’accepter et à accepter notre relation, j’ai décidé que je ne lui casserai plus les couilles. De toute façon, ça ne sert à rien, à part à le braquer. Ma priorité pour l’instant est de ne pas le perdre.

     — Tu penses vraiment que tout lui passer va servir à vous rapprocher ?

     — Pour l’instant, je n’ai pas le choix !

     — Et où est-ce que ça va t’amener tout ça, le fait de céder à ses caprices, à accepter ses plans foireux ?

     — Bah disons que « tout ça » nous a déjà amené quelque chose d’important, je tente d’expliquer.

     — Comme sa jalousie super mal placée, culottée limite hypocrite ? elle me coupe.

     — Sa jalousie l’a enfin mis face à lui-même, et à ses contradictions. Et je pense que ça peut le faire avancer et nous faire avancer.

     — Ouais, admettons… elle concède.

     — « Tout ça« , je continue, nous a amené aussi à avoir notre première véritable conversation.

     — Sans blagues… trois mois de baises avant de se parler… vous n’êtes pas bavards, les gars !

     — « Tout ça » a permis à Jérém de s’ouvrir un peu à moi, je termine mon envolée sans prêter attention à ses moqueries.

     — Vous, les gars, vous êtes beaucoup plus bavards sur l’oreiller…

     — « Tout ça » nous a aussi amenés tout droit à ce dernier gros câlin dans le noir, un câlin très doux, et très sensuel.

     — Un câlin qui ressemblait plutôt à « faire l’amour » que « baiser », elle commente.

     — Oui, c’est exactement ça !

     — Je pense qu’il a dû se sentir en danger, elle considère, il a compris qu’il pouvait te perdre et ça l’a remué.

     — Oui, je le crois aussi. Mais je me demande comment tout ça va changer notre relation.

     — En attendant, tu t’es réveillé seul…

     — C’est vrai, je ne sais pas trop quoi penser de ça…

     — Tu n’as pas de nouvelles depuis ce matin ?

     — Mon, mais il avait match, et à l’heure qu’il est, il doit assurément être à la troisième mi-temps. N’empêche que je n’arrête pas de me demander quand je vais le revoir et dans quelle disposition il va être vis-à-vis de moi.

     — Tu te prends trop le chou, Nico. Laisse-le mijoter un peu de son côté. Ne le saoule pas avec tes états d’âme et tes questionnements. S’il tient à toi, il saura revenir. Bon, allez mon cousin, elle enchaîne sans transition, ce n’est pas tout, mais je suis attendue. Prends les choses comme elles viennent, mais essaie de te protéger !

     — Facile à dire !

     — C’est pour ça que je préfère donner des conseils que les suivre !

     — Ça m’a fait du bien de discuter avec toi, comme toujours, je tente de la remercier.

     — Pas à moi ! Vos exploits entre mecs m’ont sapé le moral ! », elle me taquine.

    Nous nous serrons très fort dans les bras l’un de l’autre.

    « On se voit mardi pour aller voir Madonna à Londres !

     — Yes ! Il me tarde ! Je n’arrive encore pas à croire que je vais la voir pour de vrai, que je vais la voir en vrai, en chair et os !

     — Tu sais, elle fait caca comme tout le monde ! elle se moque.

     — C’est une Déesse !

     — Et moi je suis la Reine d’Angleterre ! »

    Je l’accompagne jusqu’à l’entrée du Métro Capitole et je rentre chez moi. En traversant le pont Saint-Michel, je réalise qu’il est 19 heures, et que le match est terminé depuis longtemps. Je m’en veux de ne pas avoir fait l’effort d’aller le voir, je suis impardonnable. Peut-être que Jérém m’a cherché au bord du terrain. Peut-être qu’il aurait aimé voir mon regard le porter pendant le match.

    Alors, pour tenter de rattraper le coup, je lui envoie un SMS pour lui demander comment ça s’est passé.

    Pas trop dur le match ? Quel score ? 

    A la maison, tout est prêt pour dîner. C’est quand même bien la vie d’étudiant en vacances : on mange, on sort, on baise, on dort, on mange, on sort, on est amoureux, on dort. Il faut bien profiter de ces instants, de ces jours, de cet âge où personne ne nous demande de comptes, pas encore, ou si peu. Il faut en profiter car la vie n’est pas toujours aussi simple et belle.

    Après le dîner, j’aide maman à débarrasser. Je monte ensuite dans ma chambre et j’allume la télé. Et c’est là que je tombe sur le générique de début d’un grand classique du cinéma.

    La première fois que j’ai vu ce film à la télé, j’étais très jeune, mais déjà je trouvais que cette musique avait un côté envoûtant. Et aujourd’hui encore, ce générique me fait l’effet d’une petite ivresse.

    Les images en dessin animé genre caricature glissent sur des accords de guitare lents, voluptueux comme une excitation qui déferle par grandes rafales. La voix arrive enfin et se mélange à la musique dans une étreinte puissante. Musique et voix swinguent, étroitement enlacés, sur une répétition musicale incessante, inlassable, un va-et-vient mélodique qui m’a toujours fait penser au rythme décrit par deux corps qui se donnent du plaisir.

    Chaque coup de batterie est un pur plaisir, et le morceau amène une sorte d’ivresse auditive. Chaque note est comme une rafale de vent frais sur la peau, une sensation qui me fait me sentir vivant et qui, pendant trois délicieuses minutes, m’amène dans une dimension idéale où je me sens libre, et où tout me paraît à ma portée. Une musique qui me pousse à vivre l’instant présent, et à profiter de ma jeunesse.

    Le film nous plonge dans une reconstitution bien polie des années 50, dans l’insouciance dorée des étudiants américains, dans un monde de blousons en cuir portés sur de simples t-shirts blancs, le monde de Danny et de ses potes, de Sandy et de ses copines. Une caricature, certes, mais une caricature qui en jette.

    « Summer night », « Hoplessy devoted to you », « Greased Lightning », « You are the one », « Oh Sandy », « Love is a many splendored thing », autant d’hymnes à la jeunesse et à la beauté, à la passion, à l’insouciance. Comment ne pas se laisser transporter ?

    Je devais avoir 10 ans la première fois que j’ai vu ces images et entendu cette musique. Mais au fond de moi, je savais déjà que ce seraient les Danny, et non pas les Sandy, qui attireraient mon attention plus tard.

    J’éteins la télé dès la fin du générique. J’ai envie de silence, envie de laisser résonner un peu plus longtemps en moi cette petite ivresse que le film a su m’apporter une fois encore.

    J’attrape mon portable pour voir s’il n’y aurait pas une réponse de mon beau brun. Je peux toujours rêver. Il y a bien un message, mais c’est Elodie me notifiant que son plan du dimanche soir a foiré et m’annonçant vouloir changer de sexe pour ensuite virer homo et avoir enfin une vie sexuelle épanouie.

    Ce soir, je vais me coucher en pensant à mon beau brun. Il me manque beaucoup, énormément. J’ai envie de lui, bien sûr, mais j’ai surtout envie d’un bon câlin, de le serrer dans mes bras et de m’endormir à ses côtés.

    J’espère que son match s’est bien passé. Il aurait quand même pu me répondre…

    Donne des nouvelles. Bonne nuit

    je lui envoie par SMS, comme une bouteille à la mer.

    Commentaires

    RomainT

    03/05/2016 15:09

    Ah! Je suis trop fort, ou bien je commence à te connaitre Fabien… Mais je suis content 🙂 J’avais raison :p Après cette épisode nous brouille encore plus! Nico qui ce sent de plus en plus en insécurité dans ça relation avec Jerem… Jerem sans doute blessé encore plus dans sont orgueil… (nuit d’amour avec Nico + défaite au rugby)… La grande question est alors comment va ce passer les retrouvailles Jerem/Nico avec tout ça…. Bref des réponses svp!!!!! Bien sur toujours un grand plaisir de te lire! Je retourne bosser 🙁 Dans l’attente de te lire Romain

    Yann

    04/05/2016 11:02

    RomainT et Sasa sont les seuls commentateurs à avoir imaginés que ce soit un rêve même si Sasa n’avait pas envie que ça en soit un. Bravo Fabien, être auteur c’est aussi jouer avec les fantasmes des lecteurs ! Quelque part on avait tous plus ou moins envie que Jerem aille au bout de ses envies et suive le conseil de Romain mais avec qui ? C’est ce que Nico réalise dans cet épisode et la question qui va nourrir sa jalousie et peut être alimenter sa rancœur vis-à-vis de Jerem. 

  • JN01079 Bonheur matinal

    JN01079 Bonheur matinal

    Lorsque j’émerge à nouveau, il est déjà 9h35. Quelques rayons de soleil arrivent à se faufiler à travers le store baissé de la porte fenêtre. Je me sens très fatigué, mais je suis infiniment heureux, car je réalise très vite que je ne suis pas dans mon lit, mais dans celui du garçon que j’aime.

    Je peux entendre sa respiration, calme, apaisée, régulière. Je peux sentir son parfum, la douceur de ses draps sur ma peau.

    Non, ce n’était pas un rêve. Nos accolades se sont déliées pendant le sommeil, nous sommes chacun à un bout du lit, chacun tourné à l’opposé de l’autre. Et pourtant, nos corps ont conservé un contact. Nos mollets demeurent entrelacés, mélangés, douce notification tactile de sa présence, rassurante sensation de proximité, de complicité et de partage.

    Je tourne la tête et je découvre mon Jérém en train de dormir. C’est beau de me réveiller à ses côtés. Je suis incrédule et heureux.

    Les images de la soirée et de la nuit remontent peu à peu à ma conscience. Depuis la bise que Jérém m’a claquée devant le resto, en passant par la galipette dans les chiottes de la Bodega, par le sketch de Jérém me voyant repartir avec Martin, par notre virée au On Off, par ce plan avec le beau barbu Romain, jusqu’à cette nuit passée l’un dans les bras de l’autre, tout me revient peu à peu. J’ai l’impression que tous ces évènements ont suivi un enchaînement magique.

    Lorsque je repense aux évènements qui m’ont conduit à ce réveil dans le lit de mon beau brun, je réalise à quel point cela a été le fruit d’un sacré concours de circonstances.

    Sans le fait que Thibault m’encourage à faire un tour au KL, je serais rentré chez moi après la virée à la Bodega. Sans l’apparition de cette nana au KL, sans ma méprise vis-à-vis des intentions de Jérém lorsqu’il s’était éclipsé avec elle, je n’aurais jamais envisagé de repartir de la boîte avec Martin.

    Si Jérém ne m’avait pas vu en train de quitter la boîte avec Martin, il ne m’aurait pas fait son sketch de mec jaloux.

    Sans ce sketch, et sans le besoin pressant de Thierry de rentrer en ville avec la nana qu’il avait levée en boîte, Jérém et moi ne serions probablement pas rentrés ensemble. Il y avait trop de monde, et notamment toute notre classe de lycée. Jérém n’aurait pas osé.

    Et même si ça avait été le cas, même si nous étions rentrés ensemble, sans l’« accident Martin », Jérém n’aurait pas été en pétard.

    Et en admettant, comme je le pense, que c’est précisément cette contrariété qui l’a poussé à me traîner au On Off, il va de soi que nous n’aurions pas croisé le chemin du beau barbu Romain.

    Nous n’aurions pas fait ce plan dans l’appart de la rue de la Colombette. Jérém n’aurait pas été contrarié par le fait que je couche avec Romain. Jérém n’aurait pas été contrarié par l’attitude et les provocations de Romain, par ses réflexions vis-à-vis de son côté macho et de sa façon de se conduire avec moi.

    Sans l’accident Martin, sans le plan avec Romain – sans sa jalousie et sans ces blessures à son égo – mon Jérém ne se serait probablement pas senti dérouté au point de me demander de rester dormir avec lui.

    Oui, pour improbable que cela puisse paraître, la rencontre avec Romain n’a pas été qu’un pur plan de baise. Elle a également été une occasion inespérée de mettre Jérém face à ses contradictions d’une façon si prégnante que jamais je n’aurais été capable de l’imaginer.

    Tout comme ça a été l’occasion de me mettre, moi, face aux sentiments que je ressens pour Jérém, des sentiments qui ont éclipsé jusqu’au plaisir de coucher avec un gars comme Romain.

    Oui, ce matin, je suis heureux. Heureux de me réveiller dans le lit du gars que j’aime. Je ne me lasse pas de contempler mon beau mâle brun endormi. Les lèvres entrouvertes, les paupières fermées, ses beaux cils bruns baissés, comme les stores d’une magnifique vitrine fermée, cela donne à son visage quelque chose de touchant, de vulnérable, presque enfantin.

    Je suis ému par la magie opérée pendant le sommeil, une magie grâce à laquelle l’étalon Jérémie se transforme en un adorable choupinou de 19 ans.

    En regardant mon Jérém endormi, je me dis que son armure portée au quotidien – une armure faite d’assurance, de désinvolture, d’insolence et d’arrogance – semble devenir transparente pendant le sommeil. En regardant mon Jérém endormi, j’ai l’impression de percevoir sa fragilité. Et d’apercevoir l’enfant qui se cache, qui se cherche.

    Mince ! 9h45 ! A l’heure qu’il est, maman doit s’être rendu compte que je ne suis pas rentré. Et elle doit être inquiète à mort !!!

    Pourquoi je n’ai pas pensé à lui envoyer un SMS plus tôt, dès que Jérém m’a proposé de rester dormir ?

    Parce que le bonheur d’être avec Jérém m’a complètement happé…

    J’attrape mon téléphone en panique et je découvre 5 appels en absence, et trois messages. Je ne les ai pas entendus, j’ai laissé le téléphone sur vibreur.

    Depuis, maman a dû appeler chez Dimitri, c’est sûr ! Merde, je suis grillé !

    Dans la panique, et sans même écouter ses messages, j’envoie vite un SMS :

    Tout va bien, je ne vais pas tarder à rentrer

    Un instant plus tard, je reçois sa réponse

    Ok, à tout à l’heure chéri 

    Rassuré par son retour, je retrouve aussitôt l’envie de profiter de cet instant magique.

    Les petits bruits du matin remontent de la rue de façon de plus en plus insistante, rythmant le lent réveil dominical d’une ville qui a envie de prendre son temps. Oui, ce matin, rien ne presse. Alors, je ne me prive pas de rêvasser.

    Cette nuit, j’ai dormi chez mon beau Jérém comme si on était en couple, comme si on habitait ensemble. Ce n’est que la deuxième fois que je me réveille à ses côtés et je me dis que cela me plaît beaucoup, vraiment beaucoup.

    Et je ressens comme un vertige face à l’infinité des scenarii possibles qui s’ouvrent à moi à cet instant.

    Je pourrais caresser ses cheveux, approcher mon visage du sien, frôler son oreille avec mes lèvres, descendre le long de sa joue, contourner sa mâchoire de mec, descendre lentement dans son cou, m’enivrer de l’odeur de sa peau.

    Je pourrais me lancer dans l’exploration de son torse fraîchement rasé, à la peau toute douce, m’attarder à tâter la fermeté de ses pecs, me laisser happer par ses beaux tétons, passer le bout de la langue dessus, les mordiller légèrement.

    Après avoir fait doucement glisser le drap de quelques centimètres, je pourrais descendre vers ses abdos, les contempler, les caresser. Je pourrais me laisser happer par son nombril et par cette fine ligne de poils diaboliques qui descend vers le bonheur masculin.

    Et alors que le drap recouvrirait toujours sa virilité, je pourrais hésiter à le descendre davantage, tout en contemplant cette belle bosse qui me parlerait de sa virilité.

    Je pourrais le réveiller en le prenant en bouche, le réveiller en lui faisant une bonne pipe, le réveiller en le faisant jouir.

    Mais je pourrais aussi me lever et aller me doucher pendant qu’il dort encore. Je pourrais m’habiller dans la salle de bain, pendant que mon regard incrédule se baladerait inlassablement entre ce verre posé sur le lavabo, contenant un tube de dentifrice ainsi que deux brosses à dents, et ce panier à linge où nos fringues se mélangeraient.

    J’arrangerais mes cheveux, je me ferais beau pour lui. Je traverserais le séjour sur la pointe des pieds, je m’approcherais de mon beau mâle brun pour poser un bisou sur ses lèvres. Je l’entendrais grogner quelque chose d’inintelligible, entre sommeil et veille. Et je sentirais ses lèvres me renvoyer ce baiser et sa main caresser mes cheveux.

    En quittant l’appart, je refermerais tout doucement la porte derrière moi, la main dans ma poche pour m’assurer de la présence de ma clef, ma clef à moi. Je descendrais les escaliers, je me retrouverais dans la rue de la Colombette, dans l’air frais du matin, et je marcherais tout guilleret, le cœur léger, l’esprit heureux. Un petit vent d’Autan caresserait ma peau, me donnerait une irrépressible envie de chanter, de siffler, d’exprimer mon bonheur immense, l’envie de crier au monde entier à quel point je suis heureux !

    A la boulangerie, j’attendrais mon tour, je prendrais deux croissants et deux chocolatines. Je remonterais à l’appart en grimpant les escaliers quatre à quatre. Je serais impatient de le retrouver. Et lorsque je débarquerais dans l’appart, il serait peut-être encore dans son lit, peut-être encore endormi ; ou alors tout juste réveillé, et il m’accueillerait avec son plus beau sourire incendiaire, tous pecs saillants dépassant des draps, avec un « bonjour, toi ! » plein de sensualité et de tendresse.

    Je ferais couler un café dans la cafetière italienne posée sur la gazinière. Le bruit du café qui dégorgerait par la petite cheminée serait le bruit de son réveil et le délicieux et apaisant arôme qui se répandrait dans l’air le mettrait de très bonne humeur.

    Je remplirais deux verres de jus de fruit et j’irais lui apporter le sien. Je les poserais sur la table de nuit et j’essaierais de réveiller mon chéri qui serait peut-être reparti faire un dernier tour dans les bras de Morphée. J’essaierais avec des bisous, et j’aurais besoin d’insister un peu pour qu’il émerge enfin. Non, définitivement mon Jérém ne serait jamais du matin, lui qui m’a dit une fois que les plages horaires entre 4 et 9 heures du mat ça ne devrait même pas exister.

    Peut-être qu’avant de se lever, il aurait envie d’une petite gâterie pour faire tomber sa trique du matin, cette belle trique qu’un jeune mâle comme lui ne manquerait pas de manifester et que j’aurais devinée sous les draps.

    Peut-être bien qu’après avoir commencé la journée en goûtant à une autre boisson chaude que celle que j’avais préparée, il faudrait tout faire réchauffer. Mais qu’importe, si j’étais en couple avec Jérém ce serait toujours dimanche, et on aurait le temps de vivre, et j’aurais toujours le temps de m’occuper de lui comme il se doit.

    Et quand il se déciderait enfin à quitter les draps, lorsqu’il enfilerait un boxer et qu’il approcherait de la table, torse nu, sexy à mourir, ou avec un simple t-shirt blanc passé à la va vite, et pourtant si bien ajusté à sa plastique, et tout aussi sexy ; lorsqu’avant de s’installer pour prendre le déjeuner que je lui aurais préparé, il viendrait me dire bonjour et me remercier avec un bisou : à cet instant-là, je serais le garçon plus heureux de l’univers.

    Je n’ai pas ma copie de la clef de l’appart et que je ne suis pas près de l’avoir. N’empêche que ce matin, après une telle nuit, surtout après le dernier feu d’artifice dans le noir, une partie de moi a eu très envie de marquer le coup en allant chercher les croissants.

    Je me dis qu’un autre mec que Jérém apprécierait. Que Stéphane apprécierait sans doute. Mais je me dis aussi qu’avec Jérém ce serait un geste très risqué. Si ça se trouve, il pourrait voir « dans les croissants » une manœuvre pour tenter d’« officialiser » notre relation. Ça pourrait le mettre en pétard, et ça pourrait me faire reperdre tous les « points » que j’ai gagnés cette nuit dans notre relation. Non, je ne pense pas que mon beau brun soit prêt pour les croissants. Le sera-t-il un jour ?

    Je suis happé par les mouvements nerveux de ses paupières, ainsi que par certaines expressions qui apparaissent et disparaissent sur son visage, autant de signes qui me font penser que mon beau brun est en train de rêver.

    Mais à quoi rêve-t-il donc ? Et est-ce qu’il y a une petite place pour moi, dans ses rêves ? Y a-t-il une place pour moi dans sa vie à venir ?

    Ses lèvres entrouvertes semblent demander un baiser. Une demande à laquelle je ne peux me soustraire, tout en veillant à ne pas le réveiller. Le contact de mes lèvres avec les siennes est toujours aussi bouleversant. Je m’allonge à nouveau, m’octroyant 5 petites dernières minutes de bonheur avant de partir. Mais le sommeil m’attrape par traîtrise et j’en oublie complètement la promesse faire à maman de rentrer rapidement.

    Lorsque je me réveille à nouveau, il est 12h15 !

    Ma première pensée est : Jérém n’est plus dans le lit !

    La deuxième : Putain, maman doit être en colère !

    Je lui envoie un nouveau message pour la prévenir que je vais être à la maison dans un quart d’heure chrono.

    Le message envoyé, je peux me concentrer sur la deuxième angoisse apportée par ce réveil : l’absence de Jérém. J’ai beau jeter un œil dans la salle de bain ou bien sur la terrasse, il n’y a pas de trace de mon beau brun.

    Mais où est-il passé ? Peut-être qu’il est sorti pour chercher un truc à manger pour midi. Je peux toujours rêver…

    Je cherche partout dans l’appart un éventuel mot de sa part, sans vraiment croire à cette possibilité. Evidemment, je ne trouve rien. Je regarde dans mon portable à la recherche d’un SMS, et là encore c’est le silence total.

    En réfléchissant, je parviens à la conclusion que le plus probable, et c’est même presque certain, c’est qu’il soit parti rejoindre ses potes pour le match de l’après-midi.

    Pourtant, en me rhabillant, je ne peux m’empêcher de me demander ce que signifie son départ en catimini, sans prendre la peine de me réveiller et de me dire au revoir. Depuis combien de temps est-il parti ? Était-il réellement pressé en raison du match, ou bien avait-il juste envie de m’éviter, d’éviter une confrontation matinale ?

    C’est la première fois que je me retrouve seul chez lui et ça me fait une drôle de sensation. Je me dis que je pourrais aussi voir cela comme une marque de confiance de sa part, un signe que quelque chose est en train d’évoluer entre nous. Mais je n’y crois pas vraiment, je n’arrive pas à être aussi optimiste.

    Je voudrais tant savoir dans quel état d’esprit il se trouve après cette folle nuit, comment il était luné à mon égard à son réveil.

    Mais pour l’heure, je n’ai pas vraiment le temps de me prendre la tête avec tout ça. Je dois filer, car j’ai de la route à faire et 15 minutes de Colombette à Saint-Michel, c’est là, pour le coup, très optimiste comme estimation.

    Je passe vite fait à la salle de bain pour faire pipi. Ça ne devrait pas prendre plus qu’une minute chrono. Mais lorsque mon regard se pose sur la panière à linge, « vite fait » n’est plus d’actualité.

    Je ne peux résister à la tentation de plonger mon nez au milieu de ses t-shirts, de ses boxers, de m’enivrer de ce mélange d’odeurs de linge, de parfum, de déo, de gel douche, de transpiration, et de jeune mec.

    Fou d’excitation, j’attrape un t-shirt, blanc tant qu’à faire, et je le porte à mes narines. Le bouquet olfactif intense qui s’en dégage est plus puissant qu’une drogue.

    Une idée fait alors surface dans mon esprit. Je passe ce t-shirt sur moi. Et je suis aussitôt conquis par l’excitante sensation de sentir mon torse, mes tétons caressés par le coton qui a caressé ses pecs, ses tétons, ses abdos. Bien sûr, ce t-shirt est bien moins ajusté sur mon torse que sur celui de mon beau rugbyman. Mais il est très beau, et il sent incroyablement bon.

    Sans hésiter, sans pouvoir résister, je commence de me branler, tout en me regardant dans le miroir, le regard happé par ce beau t-shirt blanc col en V.

    Et pendant que mon excitation monte en flèche, je me dis qu’il y aurait peut-être moyen pour que ma branlette soit encore plus délirante. Je replonge ma main dans le panier à linge, j’attrape un boxer, je le porte devant mon nez. D’autres délicieuses petites odeurs m’envoient en orbite.

    Et lorsque je repense au fait d’avoir toujours son sperme en moi – et je repense notamment à cette bonne accolade au petit matin – il ne me faut pas plus que quelques instants pour jouir dans le lavabo.

    Après cette bonne branlette, je suis tellement épuisé que j’ai à nouveau envie de m’allonger et de me rendormir. Et pourtant il faut que je me dépêche, les minutes passent, et j’ai de la distance à parcourir.

    Quelle brillante idée, Nico ! Je n’aurais jamais dû me branler…

    Le fait est que je n’ai pas pu résister. Le fait est que, dès l’instant où j’ai passé son t-shirt, c’est comme si Jérém était là avec moi, sur moi, sur le point de me baiser. Dès lors, me branler était inévitable, inéluctable.

    Ce t-shirt me fait un effet de dingue. Et maintenant, je dois le quitter. Et là, une autre brillante idée me traverse l’esprit : et si je le gardais ? Et si je passais tout simplement ma chemisette par-dessus, sans la boutonner ?

    Je mets mon projet à exécution, je passe ma chemisette sur son beau t-shirt blanc. Je me regarde dans le miroir et je trouve le résultat plutôt pas mal.

    Quant au boxer qui m’a fait tant d’effet, pourquoi ne pas l’embarquer aussi ? Je ne suis plus à une subtilisation de sous-vêtement près.

    Je quitte l’appart habillé du t-shirt de mon Jérém, emportant avec moi son odeur de mâle. Pendant que je marche, je sens le coton blanc caresser mes tétons et dégager un bouquet d’odeurs qui partent directement à l’assaut de mes narines. Et très vite je sens une nouvelle trique monter en moi. Une trique qui provoque un certain malaise, car j’ai l’impression que chaque passant que je croise peut la voir. J’ai l’impression de marcher à poil dans la rue.

    Arrivé chez moi, et contrairement à ce que j’avais redouté, maman n’a pas appelé chez Dimitri. Et elle ne me fait pas la morale comme je m’y serais attendu. Mon père non plus, se limitant à me lancer un regard distant et désapprobateur.

    Puisque le déjeuner n’est pas encore prêt, je ne peux faire autrement que de m’enfermer dans la salle de bain et me branler une fois de plus devant le miroir en reniflant ce t-shirt blanc et ce boxer qui me rendent dingue.

  • JN01078 L’amour au petit matin

    JN01078 L’amour au petit matin

    Au petit matin du dimanche 8 juillet 2001

    Lorsque je me réveille, après un assoupissement dont je ne pourrais affirmer la durée, je tiens toujours le beau brun dans mes bras.

    Plongé dans les vapeurs qui séparent le sommeil et la veille, je réalise que je bande à nouveau. Mon torse collé à son dos, mes tétons contre sa peau, tout contribue à faire grimper mon excitation. Mais les frissons les plus intenses viennent d’ailleurs. Ils sont la conséquence de ces petits frottements, ma queue calée entre ses fesses, provoqués par des lentes et incessantes ondulations de son bassin.

    Tout cela est terriblement excitant, mais aussi terriblement dangereux. Je me demande si Jérém dort toujours ou s’il est conscient de ce qui est en train de se passer. Mon envie grandit de seconde en seconde, de frottement en frottement. Bientôt, je ne vais plus pouvoir lutter. Bientôt, je vais perdre pied. Mais je ne peux pas faire ça. Il ne me le pardonnerait pas. A moins que… A moins qu’il en ait envie… A moins que ces frottements soient conscients…

    Je suis dans un état de fibrillation indescriptible. Mes sens kidnappent mon esprit. Ma raison tente de s’opposer au désir, au plaisir, elle n’y arrive pas. Je sens que je ne vais pas tarder à jouir, vraiment pas tarder. Il faut reculer ton bassin, Nico, maintenant !

    Mais je n’y arrive pas. Parce qu’une envie irrépressible m’en empêche. Une envie jamais ressentie auparavant, une envie que je n’aurais jamais cru ressentir un jour. Et surtout pas avec Jérém. L’envie de jouir en lui.

    Et puis, en une fraction de seconde, tout s’arrête.

    Son bassin avance, ma queue quitte l’espace chaud et serré entre ses fesses. A la fois soulagé et terriblement frustré, je me laisse pivoter sur le flanc. Je me retrouve allongé sur le dos, le sexe en feu, l’excitation à son paroxysme.

    Que s’est-il passé ? Ces petits frottements, ces ondulations de son bassin, tout cela était-il intentionnel de sa part ? Et cette façon de se dégager, si nette, le refus d’assumer une envie trop honteuse ?

    Ou bien, est-ce qu’il ne s’est rendu compte de rien ?

    Je tends l’oreille et je suis rassuré d’entendre sa respiration calme, régulière, légèrement bruyante mais apaisée. Une respiration qui ressemble à s’y méprendre à celle d’un garçon qui dort, qui dort toujours. Si ça se trouve, il ne s’est vraiment rendu compte de rien. Si ça se trouve, les petites ondulations de son bassin étaient complètement inconscientes.

    Peut-être que, dans le sommeil, son subconscient a trouvé le moyen de se manifester. Peut-être que cela a été l’expression d’un désir refoulé. Peut-être qu’il vient de revivre dans le sommeil ce qu’il n’a pas voulu assumer avec le beau barbu Romain.

    Je ne le saurai jamais.

    En attendant, j’ai terriblement envie de jouir, mais je n’ose même pas me branler, de peur de le réveiller. Je prends une bonne inspiration, j’essaie de me calmer. Je n’y arrive pas. J’ai l’impression que ma queue va exploser. Je dois jouir.

    Je me dis que je vais me lever discrètement et partir dans la salle de bain pour me finir. En plus, dans la panière à linge je trouverais bien un t-shirt ou un boxer pour plonger le nez dedans et décupler encore le plaisir d’un orgasme qui s’annonce géant.

    Après un temps d’hésitation, j’amorce tout doucement le mouvement pour relever mon buste et quitter le lit. Malgré mes précautions, le déplacement de mon corps produit quand même un bruit de froissement de draps, ainsi qu’une vibration dans le matelas.

    Et là, je sens mon beau brun remuer dans son coin. Par reflexe, je stoppe net tout mouvement. Je me retrouve tourné sur le flanc, vers le bord du lit. Je ne veux pas le réveiller.

    Je sens mon beau brun remuer encore. Et un bonheur intense m’attend, lorsque je sens son bras se glisser sous mon aisselle, son torse se caler contre mon dos. Lorsque je sens Jérém me serrer très fort contre lui.

    Le contact avec son corps et son souffle sur ma peau font encore grimper mon excitation. Je sens que je suis à deux doigts de devenir fou. Est-ce qu’il dort toujours ?

    C’est lorsque je sens le bout de son nez effleurer, caresser tout doucement la peau de mon cou, juste avant que ses lèvres ne se posent à la lisière de mes cheveux pour y déposer un long chapelet de bisous légers mais bien réels. C’est là que je disjoncte carrément.

    A cet instant précis, plus rien n’existe autour de moi, mis à part ce bonheur à l’état pur. Si pur qu’il efface d’un seul coup toutes mes craintes, mes inquiétudes, mes questionnements, le Temps même. J’en oublie même mon excitation, et ma délirante envie de jouir. Il n’y a plus de nuit, de matin à venir, de moment de nous séparer, ni au réveil, ni dans deux mois. Plus rien n’a d’importance pour moi, rien, à part ce magnifique instant d’Eternité.

    A cet instant précis, je sais que seul Jérém peut m’offrir un bonheur si entier. Car lui seul sait me faire me sentir bien. Lui seul sait me faire me sentir si bien, après m’avoir blessé :

    « Only the one that hurts you can make you feel better

    Only the one that inflicts pain can take it away

    Erotica »

    « Il n’y a que celui qui te blesse qui peut te faire te sentir mieux, il n’y a que celui qui inflige la peine qui peut l’ôter » chantait Madonna il y a presque dix ans déjà. Et c’est bien vrai. Personne d’autre que l’être aimé peut nous faire tant de bien, et aussi tant de mal. Et du bien à nouveau.

    Je suis épuisé, mais heureux. Et le sommeil ne tarde pas à venir calmer mes sanglots silencieux.

    C’est le bonheur de sentir son corps en contact avec le mien, ses pecs calés contre mes épaules, ses abdos collés à mes reins, ses cuisses accolées aux miennes, ses mollets mélangés aux miens. C’est la chaleur de son torse contre mon dos, de sa peau contre la mienne.

    C’est la prise ferme de ses mains sur mes fesses, sa façon de les écarter.

    C’est la raideur de sa queue qui s’enfonce en moi d’un mouvement ferme, assuré, lent, précis, déterminé. Un mouvement sans appel, comme une évidence. C’est le frisson de me sentir à lui, encore. C’est l’attitude virile de mon beau mâle brun qui me fait sentir à lui, et à lui seul. C’est tout ce feu d’artifice sensuel qui embrase mon corps, mes sens, mon plaisir.

    Je ne sais pas quelle heure il est lorsque Jérém vient en moi, dans le noir, lorsque je suis tiré de mon sommeil par son envie de jeune mâle, lorsque j’accepté son invitation silencieuse, lorsqu’il commence ses va-et-vient. Et encore moins lorsqu’il commence à mordiller mon oreille, ou lorsque ses mains commencent à parcourir fébrilement ma peau, ses doigts à exciter mes tétons, ses baisers à glisser dans mon cou.

    Je suis tellement fou de plaisir que je n’ai même pas l’idée de regarder le radio-réveil.

    Dans le noir, le fait que ma vue soit entravée m’offre l’occasion de me concentrer sur les autres sens.

    Je me laisse transporter par les bruits du petit matin qui parviennent à mes oreilles à travers la porte fenêtre laissée entrouverte : une voiture qui passe dans la rue de la Colombette, une autre qui démarre un peu plus loin, un passant qui parle fort, les chants d’oiseaux perchés dans les branches des platanes du Canal ou des arbres de Saint-Aubin.

    Tous ces bruits se mélangent aux halètements de plaisir de mon Jérém, aux miens, distillant la douce mélodie de cet instant de bonheur absolu.

    A cet instant précis, j’ai l’impression, qui est d’ailleurs presque une certitude, que l’harmonie de nos plaisirs va au-delà de l’entente des corps, et qu’elle vient de se muer en entente des esprits. Est-ce bien cela qu’on appelle « faire l’amour » ?

    Je suis assommé par les petites odeurs qui se dégagent de sa peau. Je guette les changements de son souffle, les variations dans la cadence de ses va-et-vient, je guette l’approche de son orgasme.

    Et lorsque je sens ses dents mordiller la peau à l’arrière de mon cou et ses doigts enserrer ma queue, je sens que moi non plus je ne vais pas tarder à perdre pied.

    Sa main amorce le mouvement de va-et-vient et mon plaisir s’embrase. Mon cerveau et mon esprit sont balayés par la tempête puissante d’un orgasme hors normes, car multiple. Je jouis avec mon corps, mais aussi avec ma tête, mon esprit, et avec la vibration de sa jouissance à lui. Nous venons ensemble, et c’est un bonheur absolu.

    Jérém se laisse pivoter sur un flanc et s’allonge à côté de moi. Je regarde son torse onduler dans la pénombre sous l’effet de la respiration haletante provoquée par l’effort sexuel, j’entends les battements accélérés de son cœur, je le sens se propager sur ma peau et dans ma chair grâce au contact de nos bras. J’adore ressentir l’impression que la puissance de l’orgasme retentit encore en lui, comme ça retentit encore en moi.

    C’était tellement bon que je me sens comme ivre, ivre de lui et de sa virilité. Je suis tellement secoué que j’ai envie de crier mon bonheur : « Tu me fais l’amour comme un Dieu, Jérémie Tommasi ! »

    J’ai envie de le remercier d’être aussi mec, aussi mâle, aussi puissant sexuellement. Et d’arriver à me faire autant jouir du fait de m’offrir à lui. D’abord par le plaisir brut, sexuel, animal. Et maintenant par cette façon de me faire l’amour.

    Il m’a fallu du temps pour assumer ce plaisir, mon plaisir, tout en étant en accord avec moi-même. Il m’a fallu du temps pour dépasser la honte. Il m’a fallu du temps pour arriver à me débarrasser des images mentales négatives que le regard porté par le plus grand nombre sur un sujet qui n’est souvent maîtrisé que par une minorité concernée, avait réussi à imprimer en moi. Il faut des couilles pour s’accepter soi-même. Il faut des couilles pour assumer l’envie de s’offrir à un autre gars.

    Oui, il m’a fallu du temps, et un peu d’expérience, pour réaliser que l’opposition actif/passif dans les rôles sexuels ça ne veut absolument rien dire. Que le fait de s’offrir à un autre gars ça ne veut pas dire être impuissant, et qu’on peut s’offrir à l’autre tout en jouant un rôle déterminant dans le plaisir partagé. Que s’offrir à l’autre ne signifie pas que – ou pas forcément – se faire baiser. Que le plaisir partagé dans une accolade virile agrémentée d’un brin de tendresse est bien meilleur que celui qu’on se « vole » l’un l’autre dans une baise effrénée.

    Et qu’au final, le plaisir est l’une des rares choses de la vie – et cela semble être le propre des choses essentielles – qui est encore meilleur, encore plus intense, encore plus géant, lorsqu’on le vit dans le partage.

    Et, surtout, il m’a fallu pas mal de temps, et tout le plaisir que j’ai pris avec Jérém, pour me dire que personne n’a le droit de prétendre que quelque chose qui me fait autant de bien, l’amour avec un gars, puisse être quelque chose de « mal ». Non, personne n’a le droit de juger, de mépriser, de rejeter, de haïr, de discriminer, de punir, d’humilier un être humain qui aime, quelle que ce soit son orientation sexuelle et amoureuse, dans la mesure où cela ne les concerne pas et tant que cela se passe dans le respect de l’autre.

    Oui, j’ai envie de dire tant de choses à mon Jérém, à cet instant précis. Mais je me retiens, car je sens que ce moment d’amour n’a besoin de rien de plus, et surtout pas de mots.

  • Propositions de collaboration

    Propositions de collaboration

    J’ai besoin de vous pour aller plus loin.

    Je fais appel à vous tous pour les réalisations suivantes qui pourraient rendre plus efficace mes présentations:

    –          des belles photos, des petites vidéos de Toulouse, notamment sur les lieux cités dans l’histoire (rue de la Colombette, la Garonne, Pont Neuf, Capitole, boulevard Riquet) ;

    –          des dessins, des croquis : le style est libre, même minimaliste, pourvu que ça suggère une histoire ou que ça illustre les personnages principaux (Nico, Jérém, Thibault) ; le but est de réaliser des visuels originaux pour le blog et pour la présentation d’Ulule, pour les futures couvertures des livres, pour réaliser des affiches, des présentations ;

    –          des graphismes, des logos pour le titre de l’histoire ;

    –          pour faire vivre le blog, j’ai besoin de votre curiosité : qu’est ce que vous volez savoir sur Nico et sur Jérém et éventuellement sur leur auteur ? N’hésitez pas à poser vos questions, j’y répondrai avec plaisir.

    Tous peuvent participer et toutes les idées seront regardées avec intérêt ; celles qui seront retenues, seront récompensées avec des contreparties de la collecte envoyées bien évidemment à titre gratuit.

    Merci d’avance.

    Fabien

  • Géographie des amis de Jérém&Nico

    Géographie des amis de Jérém&Nico

    Jérém&Nico, un sacré travail d’équipe :

    Alors, merci à vous qui, d’une façon ou d’une autre, avez contribué à l’avancement de cette histoire.

    Merci à toi, Fan.B, lecteur fidèle de la première heure, pour tes corrections, pour tes commentaires, pour ton implication dans cette histoire. Pour le nécessaire CQL. Et, avant tout, pour ton amitié.

    Merci à Yann pour ton aide précieuse et ton soutien sans failles. Une belle rencontre humaine.

    Merci à Maud pour avoir crée ce blog et pour répondre présent à chaque fois que je te demande des modifications. Ta patience est désormais légendaire.

    Merci à Pierre de t’occuper de la page Facebook.

    Merci à Benoît pour les essais de dessin pour représenter Jérémie. Le torse que vous voyez en arrière plan est son œuvre.

    Merci Jérémie de Toulon avec qui j’ai beaucoup échangé au printemps 2015 et qui a arrêté d’un coup tout contact : que deviens-tu? Ton histoire est dans mon cœur et je la raconterai un jour.

    Merci Étienne pour les photos de Toulouse.

    Merci Virginie pour les accents à chapeau… euh… à châpeau… non, à chapeau…

    Merci Quentin pour tes conseils autour de la présentation de mon projet.

    Merci Cyril pour ton conseil pertinent et bienveillant.

    Merci Johan pour m’avoir soufflé le tuyau   pour participer à cette aventure.

    Merci à tous les lecteurs et les lectrices qui ont laissé des milliers de commentaires, sur HDS ou en message privé.

    Merci pour votre fidélité, pour le partage de vos ressentis, votre soutien, vos conseils, vos suggestions, vos encouragements, et votre simple présence.

    Merci aux 100 lecteurs qui au fil du temps on laissé leur mail pour que je puisse leur envoyer des avant premières et des épisodes inédits.

    Merci à tous les futurs tipeurs qui ont annoncé leur intention de participer à   pour participer à cette aventure.

    Et merci à vous tous pour l’intérêt que vous portez à cette histoire, un intérêt qui a fait que l’ensemble des épisodes a été visionné presque un million de fois. Ça compte beaucoup à mes yeux.

    Et merci à tous les garçons qui ont un jour fait battre mon cœur un peu plus vite, même si je n’ai pas pu les rattraper dans la course de leur vie. Vous êtes mon inspiration profonde, inépuisable. 

    Merci à Jérém, Nico, Thibault: ma vie serait bien terne, aujourd’hui, sans vous.
     

    Merci à toi, copine Écriture: tu est vraiment une amie importante.

    J’ai toujours aimé écrire. J’ai souvent commencé, sans savoir terminer. Sans oser partager. Sans oser croire en moi. Je sais que ce que j’écris ne plaira à tout le monde. Mais cette histoire plait déjà à quelques milliers de lecteurs. Et c’est énorme. Alors, j’ai envie d’oser. Être moi-même. Faire ce que j’aime. Enfin.

    Je suis heureux quand j’écris et apparemment il y a des gens qui aiment cela. On discute, on partage.

    J’ai trouvé une véritable passion, alors qu’on m’a souvent reproché de ne pas en avoir.

    Merci de m’aider à réaliser un rêve. Mon rêve. 

    Nico : Merci Fabien… 

    Fabien : Merci à toi, mon petit Nico…

    badremila

    18/06/2016 12:18

    bonjours
    tous d’abord désolé pour mon niveau de français
    j’essaie de m’exprimer mieux
    alors cette histoire ma plais autant
    alors quand j’ai cru que l’histoire entre Jeremy et Nico c’est fini
    alors tu m’épate avec  une autre scénario inattendue
    surtout l’histoire de 18 juin 2016
    j’ai bien aimé
    j’espère que a la fin de cette histoire il y aura de l’amour entre les deux héro de cette histoire
    j’aime bien que tu continuera à écrire
    merci beaucoup tu m’as donné un gout à la vie
    moi même j’ai  vécu une histoire d’amour chiante et je m’en suis sorti.

  • JN01077 Dilemme ultime et le choix qui s’impose

    JN01077 Dilemme ultime et le choix qui s’impose

    En fait, non, il n’y a pas de dilemme. Certes, il pourrait bien y en avoir un, je pourrais hésiter, me taper mille et une branlettes mentales comme je sais si bien le faire. Oui, je pourrais hésiter, me débattre sans fin entre deux choix opposés.

    Mais la vérité est que le seul choix qui s’impose à moi en entendant son invitation à rester, est celui de l’accepter.

    Car, je sais. Je sais parce que j’y ai déjà goûté une fois. Je sais que rentrer dans les draps de Jérém, c’est rentrer dans un pur univers de bonheur. Sentir sa présence à côté de moi, le serrer dans mes bras, ou être blotti dans les siens. Ou même simplement frôler ses jambes avec les miennes, écouter sa respiration, m’enivrer de l’intense bouquet olfactif – mélange de propre, de déo, de jeune mec sexy – qui se dégage de ses draps.

    Non, je ne peux renoncer à tant de bonheur.

    Et lorsque, une fois allongé à côté de lui, je l’entends me balancer : « Viens ! », je suis débordé par ce bonheur, et j’ai soudain envie de pleurer. Je me tourne vers lui et je le prends dans mes bras, je plonge mon visage dans le creux de son épaule et je me laisse transporter par le contact chaud, par le parfum tiède et doux de sa peau. Je passe mon bras sous son aisselle, je pose une main sur son torse, entre pecs et abdos.

    Et là, je sens mon beau brun remuer, comme si quelque chose le dérangeait.

    « J’ai le droit ? je me renseigne.

     — Ouais…

     — Et ça j’ai le droit ? je le questionne à nouveau, tout en posant quelques bisous dans son cou.

     — La ferme ! » fait-il sèchement.

    Je suis heureux : « la ferme ! » est bien mieux que « dégage ! »

    Je prends ça comme un feu vert de bonheur, et je deviens entreprenant.

    « Si j’ai le droit à ça, je devrais aussi avoir le droit à ceci » je lui glisse, juste avant de laisser mes lèvres remonter le long de son cou, parcourir sa joue, s’attarder sur son oreille.

    Je sens mon beau brun frémir, puis frissonner de plus en plus fort, jusqu’à ce qu’il secoue la tête pour se dégager.

    « Ça chatouille ! » il me balance, sur un ton adorablement enfantin.

    Je me dis que j’ai vraiment bien fait de rester. J’ai l’impression que cette nuit, dans les draps de Jérém, s’est ouvert un passage spatio-temporel permettant d’atteindre une réalité parallèle où mon Jérém n’est plus le beau brun macho que je connais, mais un garçon qui a envie de câlins. Et cette petite complicité n’a pas de prix à mes yeux.

    Je suis tellement bien avec lui. Je voudrais que cet instant, que cette nuit ne se termine jamais. Je voudrais que nos vies ne s’éloignent pas à la fin de l’été. J’ai besoin de lui dire à quel point il compte pour moi. J’ai besoin de le lui dire maintenant, avant que ce ne soit trop tard.

    « Tu vas me manquer Jérém… » je lui glisse, sans pouvoir arriver au bout de la phrase que j’avais construite dans ma tête. Je sens les larmes monter aux yeux, je tente de les retenir.

    « De quoi ?

     — Tu vas me manquer quand tu vas partir, je termine, après avoir pris une profonde respiration et en maîtrisant ma voix de justesse.

     — Je ne sais pas encore si je vais partir…

     — Mais c’est une possibilité !

     — Oui, ça en est une…

     — Toulouse ne va pas te manquer ? »

    Perche #1, tendue.

    « A part le rugby il n’y a pas grand-chose qui me retient ici ! »

    Putain !!! Et moi ? Je suis là, merde ! Qui te fera des câlins comme celui-ci, si tu t’en vas loin de moi ?

    Perche #1, ratée.

    Enchaîne, Nico, ne te laisse pas démonter. Fais-le parler de ce qu’il aime, mets-le à l’aise. Sois patient.

    « C’est très important le rugby pour toi, j’arrive à formuler.

     — Le rugby c’est toute ma vie. Jouer au rugby c’est-ce que je sais faire le mieux. En fait, c’est le seul truc qui me réussit vraiment.

     — Et vous en êtes où de votre tournoi ?

     — Il reste deux matches, une demi-finale demain, et la finale la semaine prochaine. Cette année, nous avons toutes nos chances de le gagner !

     — Tu t’es donné à fond !

     — Je kiffe ça.

     — Ça se voit que tu aimes le rugby…

     — Le rugby, c’est un ballon avec des potes autour. Et quand on enlève le ballon, il reste les potes. »

    C’est pour ça aussi que j’aime ce petit mec. Non pas seulement parce qu’il est beau comme un Dieu et parce qu’il me fait l’amour comme un Dieu. Mais aussi et surtout parce qu’il peut être parfois touchant jusqu’aux larmes. Je le serre un peu plus contre moi, je lui fais d’autres bisous dans le cou.

    « Et tu n’as jamais envisagé de continuer un peu les études ? je le questionne.

     — Non, je n’ai pas du tout envie de retourner me faire chier en cours…

     — Remarque, je plaisante, tu as l’air très à l’aise avec ton plateau à la main !

     — Pas tant que ça !

     — Mais si, j’insiste, on dirait que tu as fait ça toute la vie !

     — Tu parles…

     — En tout cas t’es vraiment beau dans ta tenue !

     — Ce taf c’est du dépannage, je ne vais pas faire ça toute ma vie…

     — Et tu aimerais faire quoi ?

     — Je n’en sais rien…

     — Si tu pouvais choisir…

     — Jouer au rugby en pro, mais je ne suis pas assez bon pour ça.

     — Moi je te trouve très doué !

     — Arrête, tu n’y connais rien !

     — Ça c’est vrai, j’avoue.

     — Je suis sûr que tu n’as jamais regardé un match de ta vie !

     — Ça, c’est pas vrai ! Je suis venu te voir jouer une fois et je suis resté jusqu’à la fin du match.

     — Laisse-moi rire, il se marre, t’es juste venu pour…

     — Pour te mater, oui, oui, oui, oui, j’avoue !

     — Voilà !

     — Et ça t’a pas fait plaisir ?

     — Quoi donc ?

     — Que je vienne te voir, banane !

     — Vite fait… »

    Encore du pur Jérém. Je le déteste. Je l’aime.

    « Vite fait ? » je le cherche.

    Je ne vois pas son visage mais je sais qu’il sourit. Je sais que ça lui fait plaisir de savoir à quel point je suis fou de lui.

    « C’est vrai que je n’y connais rien, mais tu es doué au rugby, à ce qui se dit.

     — Qui dit ça ?

     — Thibault dit ça. Mais pas que lui. Tout le monde au lycée te considère comme le meilleur joueur de l’équipe. Je ne sais pas comment ça marche tout ça, mais je pense qu’on finira par te repérer.

     — Si ça devait arriver, ce serait déjà fait. En attendant, il faut que je gagne ma vie. Au pire, j’ai un cousin qui est couvreur. L’un de ses ouvriers part à la retraite à l’automne. Il va avoir du taf à proposer.

     — Tu sais faire des toitures ?

     — J’en ai déjà fait avec lui l’été dernier, et ça paie pas trop mal. Mais il ne faut pas avoir peur de la chaleur. Même torse nu on était en nage ! »

    L’évocation de cette image, de mon Jérém en short, torse nu, dégoulinant de transpiration du front jusqu’à ses poils pubiens a de quoi me rendre dingue.

    « C’est déjà pas mal que j’ai eu le bac. D’ailleurs, merci, il conclut.

     — Merci de quoi ? je demande, sonné par ce petit mot venant de lui.

     — Merci de m’avoir aidé.

     — Je n’ai pas fait grand-chose », je lui réponds, alors que soudain une question me brûle les lèvres. Vais-je oser la poser ou pas ?

    Il faut y aller Nico, fonce, c’est-ce soir ou jamais.

    « Pourquoi t’as dit oui quand je t’ai proposé de réviser ? »

    Pendant de longues secondes, j’écoute sa respiration, sa déglutition, les battements de son cœur. J’attends fébrilement sa réponse.

    « Parce que je voulais avoir une chance d’avoir le bac » il finit par lâcher, après un instant qui me paraît interminable.

    BAM ! Petit con, va !

    Cette réponse ne me satisfait pas, pas du tout ! Alors, fonce, Nico !

    « Tu savais déjà qu’il se passerait un truc entre nous ? »

    Perche #2, lancée.

    « Je savais que tu avais envie de moi. »

    Perche #2, esquivée.

    Fonce, Nico, fonce !

    « Et toi ? j’insiste.

     — Moi quoi ?

     — Tu avais imaginé que nous coucherions ?

     — Je n’en sais rien

     — T’avais envie de coucher avec moi ? »

    Perche #3, lancée.

    « J’avais surtout envie de voir jusqu’où tu étais capable d’aller. »

    Perche #3, esquivée aussi.

     « Alors, je suis allé assez loin ?

     — Je crois, oui…

     — Et ça t’a plu ?

    — Tu me saoules ! »

    Re-BAM !

    Ne te laisse pas démonter, Nico, enchaîne !

    « Tu sais, Jérém, j’ai été fou de toi dès la première fois où je t’ai vu dans la cour du lycée avec tes potes. Je me souviens que tu portais un t-shirt noir qui t’allait super bien. Tu étais très jeune mais tu étais déjà si beau, si sexy… Et quand je t’ai vu rentrer dans la même classe que moi, j’ai failli tomber dans les pommes. En plus, je t’ai trouvé tellement drôle, je t’ai trouvé sympa comme gars !

     — Sympa ? On n’a même pas parlé !

     — Je t’ai entendu déconner avec tes potes, et j’ai adoré la façon dont tu te foutais de la gueule du prof !

     — J’ai toujours été un cancre !

     — Un cancre qui m’a fait un effet de dingue. J’étais tellement fou de toi que je n’ai pas pu arrêter de te mater !

     — Ouais, ce jour-là et les suivants aussi !

     — Tu t’en étais rendu compte ?

     — Oh, que oui, et pas que moi !

     — Ah bon ?

     — Tu n’étais pas vraiment discret !

     — Et ça t’a fait quoi de sentir qu’un gars te matait ?

     — Je ne sais pas…

     — Et tu t’es dit quoi en voyant que je te matais ?

     — Il est sorti d’où ce pédé au t-shirt jaune qui n’arrête pas de me mater ? »

    STOP ! Rembobiner de quelques secondes. Arrêt sur images. Focus sur la formule : « au t-shirt jaune ». C’est un détail, mais un détail qui a son importance.

    Je n’oublierai jamais le beau t-shirt noir que Jérém portait la première fois où je l’ai vu. Tout comme je n’oublierai jamais non plus le t-shirt jaune que j’avais sur moi à cette même occasion.

    Je me souviens que je ne l’aimais pas, car il était informe et de trois tailles trop grandes par rapport à mon physique de crevette de l’époque. Je me souviens m’être « battu » ce jour-là avec maman car je ne voulais pas le porter pour mon premier jour de lycée.

    Je me doutais que la première impression que je donnerais dans cette nouvelle communauté contribuerait de façon assez définitive à façonner mon image et mon statut, une image et un statut que je me traînerais pendant les trois années à venir, c’est-à-dire une éternité à l’échelle temporelle d’un lycéen.

    Le collège n’a pas été une belle période pour moi. Ma côte de popularité était la même que celle d’un président de la République en fin de mandat, et les railleries et humiliations en tout genre étaient mon quotidien. Avec la solitude, une oppressante solitude.

    Je ne voulais surtout pas que cela recommence au lycée, d’autant plus que, par un coup de chance inouï, aucun de mes anciens camarades de collège n’avaient intégré le lycée que j’avais choisi. Il n’y avait pas de raison que cela recommence. Il n’y avait pas de raison que je sois à nouveau la dernière roue du char, le souffre-douleur, celui dont on se moque pour passer le temps. Mais je savais pertinemment que ce t-shirt jaune n’allait pas jouer en ma faveur, pas du tout.

    Fort heureusement, un beau jeune garçon brun avait fait son apparition dans la cour du lycée et m’avait fait oublier mon t-shirt jaune. Dès l’instant où je l’avais aperçu, mes soucis vestimentaires avaient disparu d’un coup. Car mon cœur avait commencé à battre pour autre chose que pour me maintenir en vie.

    Depuis bien des années, ce t-shirt jaune est parti chez Emmaüs. Mais je ne l’ai pas oublié. Et, visiblement, Jérém non plus.

    « Tu te souviens de mon t-shirt jaune ? je ne peux m’empêcher de lui demander, à la fois ému et heureux.

     — De quoi ? J’en sais rien, je ne sais plus s’il était jaune ou d’une autre couleur !

     — T’as dit jaune et il était jaune ! j’insiste.

     — Tu me saoules !

     — Alors ça t’a fait quoi ? j’enchaîne.

     — De quoi ?

     — De voir que le gars au t-shirt jaune te matait.

     — J’ai failli aller lui péter la gueule !

     — Parfois j’ai eu peur que tu le fasses.

     — Tu me saoulais grave !

     — Ça ne t’a pas fait un peu plaisir que je m’intéresse à toi ?

     — Ouais…

     — Je suis heureux d’avoir osé de te proposer de réviser ensemble.

     — Je ne sais pas si tu as bien fait de m’approcher.

     — Pourquoi tu dis ça ?

     — Parce que toi t’es gay, et pas moi.

     — Et toi t’es quoi, Jérém ?

     — T’en poses des questions toi, à cette heure-ci », il esquive.

    Ces derniers mots glissent sur ses lèvres comme au ralenti. Jérém est en train de glisser dans les bras de Morphée.

    Quelques instants plus tard, je capte le bruit de respiration typique d’un gars qui dort. La fatigue vient d’avoir raison de son corps musclé.

    Un gazouillis tout mignon s’échappe de sa gorge, rappelant celui d’un bébé.

    Je dois bien l’admettre, le plan avec Romain était bien excitant. Mais rien ne saurait m’apporter autant de bonheur que la simple présence de mon beau brun.

    La fatigue finit par me rattraper aussi. Je perds pied et je m’endors avec un petit sourire aux lèvres.

    Je n’arrive pas à croire qu’il se souvienne encore de mon t-shirt jaune !

  • JN01076 Beau brun VS beau barbu

    JN01076 Beau brun VS beau barbu

    Romain se dégage de moi, il enlève sa capote, lui fait un nœud et la pose par terre juste à côté de la table de chevet.

    « J’ai besoin prendre une douche, il lance.

     — Ouais » fait Jérém, sans même le regarder.

    Romain disparaît dans la salle de bain, et je réalise que j’ai très soif.

    « Je peux prendre une bière ? » je questionne mon beau brun, avant qu’il ne disparaisse à nouveau dans la semi-obscurité de la terrasse.

    « Ouais… »

    Visiblement, c’est le même tarif pour tout le monde.

    Je rejoins Jérém à l’extérieur. Je bois ma bière par petites gorgées, tout en le regardant fumer en silence, tout en écoutant l’eau de la douche tomber et glisser sur le corps du beau barbu.

    Romain revient de la salle de bain. Je pose un dernier regard sur son torse magnifique à la peau mate et velue, avant que le t-shirt noir ne retrouve sa place et cache cette merveille. Son aisance avec sa nudité m’impressionne. Le beau barbu passe son jeans, en silence. Et je me fais une fois de plus la réflexion qu’un bogoss torse nu, juste habillé d’un beau jeans, avec cette ligne de poils qui indique la direction de sa braguette, c’est juste divin.

    Le beau t-shirt noir finit par glisser sur ce torse de sculpture classique, avec pour résultat de cacher, ou plutôt de révéler autrement, ses proportions de cette beauté masculine presque divine.

    C’est là que mon Jérém approche enfin, le regard hostile. Je sens qu’il y il a comme de l’électricité dans l’air. Je crois qu’il en veut à Romain de m’avoir baisé. Je ne suis pas du tout rassuré. Je sens qu’il suffirait d’un seul mot de travers de la part du barbu pour que ça parte en vrille.

    « Au fait, t’as quel âge ? » lance Romain à l’attention de Jérém, pendant qu’il passe ses chaussures.

    Ouf… ça va, ses intentions ne sont pas « belliqueuses ».

     « 19, répond laconiquement mon beau brun.

     — Allez, dis-moi ton âge, insiste Romain l’air incrédule.

     — 19, répète mon beau brun, un brin agacé.

     — C’est pas possible, t’as pas que 19 ans !

     — Si, je laisse échapper nerveusement, peut être avec l’intention inconsciente d’éviter à mon beau brun de devoir répondre à nouveau à cette question et de voir son agacement se transformer en énervement.

     — 19 ans ? semble tenter de se convaincre non sans mal le beau barbu.

     — Quoi ? Qu’est-ce que t’as avec mon âge ? fait Jérém sur un ton qui commence à se faire agressif.

     — Rien, rien… c’est juste que je croyais que tu avais style 22-23 ans. Le fait est que…

     — Que ? veut savoir mon Jérém.

     — Bah, le fait est que tu fais vraiment mec, quoi » enchaîne Romain.

    Jérém semble satisfait de sa réponse, il semble apprécier le regard que le beau barbu porte sur lui.

    « Et toi, tu as quel âge ? je le questionne à mon tour.

     — 26, il lance, avant d’enchaîner, et d’habitude je ne couche pas avec des petits cons comme vous deux.

     — Ecoute, mec, arrête de faire chier et dégage le plancher ! » j’entends Jérém lui balancer, comme vexé.

    BAM ! encore du pur Jérém ! Je l’avais « dit » qu’il ne fallait pas le chercher. Pourvu que Romain ne prenne pas trop mal la sortie abrupte de mon beau brun.

    « T’es un super beau mec, et t’es aussi un bon coup. Mais t’es vraiment un sale con, Jérémie » je l’entends lui balancer en se levant, prêt à partir.

    Et là, ce que j’avais redouté se produit. Jérém se rue sur lui, l’attrape par le beau t-shirt noir, juste en dessus du col, et le plaque contre le mur.

    Le geste est si soudain que le claquement du dos musclé du beau barbu contre la cloison produit un bruit sourd.

    « Tu veux mon poing sur ton nez ? » je l’entends lui crier dessus, les yeux dans les yeux, son regard fulminant de colère, les muscles tendus et bagarreurs.

    Mais le regard insolent et provocateur du barbu ne change pas d’un poil.

    « Ça va, ça va, mec, ne t’énerve pas, fait Romain, tout en se marrant sous la moustache. Garde-le bien au chaud ton chéri », il revient à la charge, sans se démonter, tu aurais bien du mal à en trouver un autre aussi docile ! 

     — Tu vas la fermer, oui ou merde ? » s’emporte Jérém en bousculant un peu plus encore le beau Romain.

    Je crois que je n’ai encore jamais vu mon beau brun aussi hors de lui qu’à cet instant précis. Même pas au Shangay, avec le mec qu’il avait remis à sa place dans les toilettes.

    Car, à cet instant précis, Jérém ressemble à une bête enragée, piquée à vif. Sa virulence me fait peur. Dans ma tête, je retrouve l’écho des mots de Thibault me confiant son inquiétude vis-à-vis de la tendance de Jérém à se lancer dans la bagarre sur un coup de tête, sans tenir compte des risques.

    J’ai peur qu’à un moment le beau barbu ne réagisse violemment et que ça dérape en véritable baston. J’ai peur que ça tourne mal.

    Romain grimace sous la prise puissante de mon beau brun. Mais il finit par se rebiffer.

    Avec une prise empruntée à un art martial que je ne connais pas mais dont je ne vais pas tarder à être mis au fait, il attrape le poignet de Jérém. Il le fait basculer avec un petit mouvement rapide et bien calculé, mouvement qui semble provoquer une douleur intense chez mon beau brun, l’obligeant à lâcher sa prise. L’autre main du barbu se pose alors à un endroit bien sensible entre le cou et l’épaule. Et là, par une simple pression entre le pouce et l’index, il provoque une nouvelle intense douleur musculaire. Obligé de se replier, l’espace d’un instant, sur la douleur foudroyante qui secoue son corps, Jérém se retrouve ainsi à la complète merci de son adversaire.

    C’est désormais un jeu d’enfant pour Romain que de faire pivoter mon beau brun, maîtrisé par la douleur, de le plaquer contre le mur, de saisir ses deux poignets. Jérém se retrouve retourné comme une crêpe.

    Le corps du beau barbu enveloppe désormais celui de mon Jérém, lui empêchant tout mouvement. Mon beau brun se retrouve complètement immobilisé, totalement en son pouvoir. Le t-shirt noir collé au t-shirt blanc, le jeans noir pressé contre le boxer blanc, le beau barbu collé à mon beau brun.

    Jérém gigote, il essaye de se dégager. Mais la prise de l’autre est telle que plus il s’agite, plus l’étirement sur ses épaules qui en résulte est douloureux. Tous ses efforts sont vains.

    Ça me fait de la peine de voir mon beau brun à la merci de ce gars. Je n’ai pas l’impression que le beau barbu veuille lui faire du mal, je pense qu’il veut juste le maîtriser. Mais en attendant, c’est l’ego de mon beau brun qui prend cher. Comment dois-je me comporter face à cette situation inattendue ? Est-ce que je dois intervenir ou pas ?

    Je sais que quoi que je fasse, ça me retombera sur le coin de la gueule. Si j’interviens, Jérém va certainement m’en vouloir du fait d’avoir pu estimer qu’il n’était pas en mesure de s’en sortir tout seul. Si je n’interviens pas, il pourrait se dire que je n’en ai rien à foutre de lui. Et de toute façon, que j’intervienne ou pas, dans tous les cas il m’en voudra d’avoir assisté à ça, au fait d’avoir été mis en échec par ce gars.

    « N’essaie pas de te dégager, tu vas te blesser, beau rugbyman. Tu es rugbyman, n’est-ce pas, hein ? T’as le physique en tout cas, j’entends le barbu glisser à l’oreille de mon Jérém, j’ai des années de karaté derrière moi, et je ne suis pas trop mauvais, paraît-il !

     — Lâche-moi !!!

     — T’inquiète, je vais te lâcher, mais avant je vais t’expliquer deux ou trois trucs ! »

    Jérém grimace, tente toujours de se dégager, sans succès.

     « Tu sais, petit con de 19 ans, lâche calmement le beau barbu, ton attitude te rend sexy en diable mais aussi très détestable !

     — Fiche-moi la paix ! T’as pris ton pied, alors tire-toi !

     — C’est vrai, j’ai pris mon pied… dit Romain, et toi aussi t’as pris ton pied, mec. Tu m’as fait autant de bien que je t’en ai fait !

     — Ouais, mais c’est toi qu’on a entendu crier de te défoncer !

     — Il faut que tu te foutes bien dans la tête, enchaîne Romain du tac au tac, que si je me suis laissé faire, ce n’est pas juste parce que t’es un putain de bogoss avec une belle queue. Je t’ai surtout laissé faire parce que je le voulais bien. Parce que j’en avais envie. Tu piges, mec ? Personne ne m’aurait empêché de partir si j’avais voulu. Tu n’es pas le centre de l’univers, Mr Jérémie ! Oui, j’ai pris mon pied en te suçant et en te laissant me sauter. Et je te promets qu’un jour aussi t’auras envie de te faire baiser et tu prendras ton pied en te faisant limer le cul !

     — Ça ne risque pas !

     — Ouais, c’est ça !

     — Ta gueule, connard ! »

    Le beau brun semble avoir de plus en plus de mal à supporter la douleur, ainsi que l’humiliation que le barbu est en train de lui infliger. Là, je commence vraiment à trouver que ce Romain est en train de dépasser les bornes.

    « Lâche-le, putain ! » je m’entends lui balancer. Je ne reconnais pas ma voix, j’ai l’impression que c’est quelqu’un d’autre qui a crié ces mots.

    Et là je vois Jérém rassembler toutes ses forces pour donner un dernier puissant coup de collier, comme un animal pris au piège tentant le tout pour tout pour se sauver.

    Une grimace impressionnante déforme son visage devenu soudainement rouge pivoine. Un cri de bête sauvage exhale lentement de sa gorge au fur et à mesure que son effort commence à produire l’effet espéré. Et c’est au prix d’un effort à la limite extrême de ses capacité physiques, et d’une souffrance évidente, que son coude arrive à produire un mouvement assez important pour heurter la ceinture abdominale du beau barbu et à le faire plier sous le coup d’une douleur intense.

    Romain est déstabilisé, il relâche sa prise pendant une fraction de seconde.

    Un laps de temps qui suffit à Jérém pour se dégager de sa prise. Mon beau brun se retourne, rapide comme l’éclair. Et, profitant de son petit avantage, il plaque à nouveau le barbu contre le mur, son avant-bras plaqué contre à son cou, écrasant sa pomme d’Adam.

    Le beau barbu grimace de douleur.

    « Maintenant tu vas m’écouter, espèce de connard, lui balance Jérém sur un ton tellement énervé que j’ai l’impression qu’il va le bouffer, quand je vais te lâcher tu vas te tirer d’ici plus vite qu’en courant. Sinon je vais te démonter la gueule. C’est compris ? »

    Mon Jérém a tout juste le temps de terminer sa phrase que le barbu arrive à se dégager et à le repousser pour de bon. Un instant plus tard, il revient à la charge. Mais il ne revient pas à l’attaque. Il y revient en se servant de la plus blessante des armes, la parole, qu’il affûte en la passant sur la redoutable meule de la vérité :

    « Arrête un peu de te la péter et de faire ton macho à deux balles, il balance sans se démonter face à l’agressivité de mon Jérém, même lui ne va pas se laisser faire éternellement. Il est fou de ta queue, ce qui se comprend, je ne dirai pas le contraire. Et il est peut-être même fou de toi tout court, ce qui s’explique à mon sens beaucoup plus difficilement. Mais fais gaffe quand même. Un jour il faudra que tu lui offres mieux que ta queue si tu veux le retenir !

     — Putain de connard… tu vas la fermer, oui ! » fulmine mon brun en se ruant une nouvelle fois sur le beau barbu.

    Mais Romain ne se laisse pas faire, il le repousse aussitôt. Mon beau brun se retrouve projeté en arrière avec une violence telle que ça ne tient qu’à l’exiguïté de la pièce, et à la faible distance du mur d’en face, qu’il puisse se rattraper de justesse en évitant ainsi de se vautrer au sol.

    Jérém est hors de lui, et il semble souffler du feu et des flammes des yeux et des narines. Mais j’ai l’impression que son corps accuse la fatigue. J’ai l’impression qu’il renonce à se battre parce qu’il réalise qu’il n’est pas en mesure de le faire comme il le voudrait.

    « Dégage de chez moi, connard ! il rugit à bout de forces, de souffle et d’arguments.

     — C’était bien mon intention ! »

    Et là, en attrapant la poignée de la porte d’entrée, il ajoute :

    « Bonne soirée les amoureux !

     — Dégage connard ! »

    En sortant de l’appart, le beau barbu trouve encore le moyen de glisser, comme un dernier pied de nez :

    « Tu ne pourras pas toujours échapper à tes démons, mec. Un jour ou l’autre, il faudra avoir les couilles de les affronter ! »

    La porte claque bruyamment derrière la sortie de scène fracassante du beau barbu. Jérém saisit la poignée de la porte comme une furie.

    « Jérém, je l’appelle tout en l’attrapant par le poignet, je t’en supplie, ne fais pas ça. Ce mec est un connard, il n’en vaut pas la peine !

     — Lâche moi, il aboie, lâche-moi ou…

     — Ou quoi ? Tu vas me cogner ? Jérém, tu ne vois pas qu’il te cherche ? Ne rentre pas dans son jeu, pitié ! »

    Le beau brun hésite, partagé entre la voix de son ego blessé qui crie vengeance, la raison que j’essaie de réveiller en lui et la fatigue qui ralentit son jeune corps surmené.

    « Connard de mec !!! je l’entends proférer alors que la prise de sa main sur la poignée commence à se desserrer.

     — On est bien d’accord, je le seconde tout en essayant de désamorcer sa colère, il a tellement une tête à claques que si tu commences à lui en mettre, t’auras mal à la main avant qu’il ait mal à la gueule !

     — Bon débarras » je l’entends balancer, tout en lâchant définitivement la poignée, en faisant demi-tour et se dirigeant vers la terrasse pour allumer une énième cigarette.

    Je me retiens de justesse de lui dire que c’est lui qui a ouvert la porte de son appart au beau barbu. Mais bon, ce n’est pas le moment pour ça. Ce n’est pas le moment non plus pour lui faire remarquer qu’il a quand même pris son pied en le baisant. Ou le fait qu’il fume bien trop de cigarettes…

    Je sors à mon tour sur la terrasse et je m’installe à ses côtés, les reins appuyés contre la rambarde. Je tente de tromper le silence entre nous en avalant ma bière par petites gorgées et en le matant.

    Le torse incliné vers l’avant, les avant-bras appuyés à la rambarde, la petite chaînette qui pendouille dans le vide, le regard perdu dans la rue, Jérém fume sans un mot, sans un regard à mon attention.

    Le silence qu’il impose est très pesant. On dirait qu’il me fait à nouveau la gueule. Je cherche désespérément un sujet pour lancer une discussion, mais je ne trouve rien de sympa à dire.

    C’est lui qui va se charger d’engager la conversation. Sans bouger le regard de ce point indéfini dans la rue qui semble polariser toute son attention, il me balance :

    « Alors, t’as pris ton pied avec ce bouffon ? »

    Ah, cash, sans transition. Et là, en résistant de justesse à la tentation de lui rappeler qu’il a quand même donné le feu vert pour que je baise avec le barbu, avec son délicat « rien à foutre », je lui balance du tac-au-tac :

    « Et toi, t’as pris son pied avec ce bouffon ?

     — Pfffffff !

     — Et avec les deux gars au On Off ? j’insiste.

     — Ta gueule !

     — Dis-moi !

     — Non ! il me crie dessus.

     — Non… quoi ? T’as pas aimé ou tu n’as pas…

     — J’ai pas baisé avec eux, ok ? il me coupe bien agacé.

     — Pourquoi tu n’as pas baisé ? je veux savoir.

     — Mais ferme-la !

     — Je veux savoir !

     — Il n’y a rien à savoir !

     — Si. Je veux savoir pourquoi tu n’es pas allé au bout de ça. Tu m’avais dégagé pour draguer, et ces gars voulaient coucher avec toi. Et ils étaient plutôt pas mal. Alors, pourquoi ? »

    Jérém ne dit rien, il regarde ailleurs.

    « Tu n’étais pas à l’aise, dans cet endroit ? j’insiste, ou alors tu n’as pas eu envie de faire confiance à ces deux mecs ? Ou alors… il y a une autre raison…

     — Quelle autre raison ?

     — Je ne sais pas, à toi de me dire !

     — Tu me casses les couilles !

     — Ecoute, Jérém. Tu comptes beaucoup pour moi, vraiment beaucoup. Je ne sais toujours pas ce que je suis pour toi, mais je sais ce que tu es pour moi. Tu n’es pas qu’un plan cul pour moi » je finis par ajouter, sans savoir si cela va arranger ou empirer ma côte vis-à-vis de mon beau brun.

    Je ne veux pas lui faire peur, je ne veux pas le brusquer, mais j’ai besoin de le lui dire.

    Pendant un long moment, j’attends une réaction de sa part qui ne vient pas. Lorsqu’on se met à nu, on s’attend à une certaine réaction de la part de l’autre. Et quand cette réaction est autre que celle escomptée, ou quand elle ne vient pas, le malaise et le sentiment d’humiliation deviennent vite très forts. Je sens que je commence à lui en vouloir. Il est tard, je suis fatigué, je ne me sens pas la force de me « battre ». Alors, avant de lâcher des mots que je pourrais regretter par la suite, je décide de lâcher l’affaire.

    « Allez, il est tard. Je vais me doucher et je vais y aller moi aussi » je finis par conclure, la mort dans le cœur.

    Joignant le geste à la parole, je décolle le dos de la rambarde et j’amorce le mouvement pour rentrer dans le petit séjour, avec l’intention de me doucher et de quitter l’appart au plus vite.

    Lorsque je reviens de la salle de bain, je retrouve mon beau Jérém allongé sur le lit, assoupi. Et cela m’attendrit au plus haut point. J’ai envie de le caresser, de l’embrasser, de le serrer contre moi.

    Mais je n’ose pas. Je ne veux surtout pas faire le geste de trop qui gâcherait cette folle nuit et qui nous brouillerait une nouvelle fois.

    Non, le mieux que j’aie à faire maintenant, c’est partir sans l’emmerder, en mettant ainsi toutes les chances de mon côté pour qu’il y ait d’autres « révisions » post bac.

    Non, je n’ai pas eu les réponses à toutes mes questions. Mais ce soir Jérém s’est montré jaloux, possessif. Je suis sûr que la confrontation avec le beau Romain lui a appris des choses au sujet de notre relation. J’ai l’impression que tout cela va lui donner matière à réfléchir, et je suis confiant dans le fait que ça va faire avancer notre relation.

    Et puis, il y a eu cette complicité inattendue pendant notre accolade avec Romain, cet instant qui n’appartenait qu’à nous, cet instant de tendresse et de sensualité au beau milieu d’un plan bien chaud, un instant où j’ai eu l’impression d’être tout seul avec lui et qu’il se passait quelque chose d’intense entre nous.

    Oui, il y a eu pas mal de belles choses cette nuit. Alors, autant partir « en beauté ». Inutile donc de lui imposer ma présence comme le soir du premier retour du Shangay, et de prendre une fois de plus le risque que la nuit magique se transforme en matin désenchanté.

    Le fait est que je ne me sens pas vraiment le courage de partir. Pas du tout, même. La fatigue me gagne à vitesse grand V. Et plus les secondes passent, plus l’idée de quitter ce lit et cet appart pour me traîner jusqu’à Saint-Michel me semble un effort insurmontable.

    Et surtout, je n’ai pas envie de partir. Au fond de moi, j’ai envie de rester là avec mon beau brun, de le prendre dans mes bras, ou qu’il me prenne dans ses bras.

    Alors, c’est au prix d’un effort physique et mental presque surhumain que je trouve l’énergie de lui annoncer :

    « Je vais y aller. »

    Je lâche cette « info » tout bas, je ne veux pas le réveiller, je ne veux pas prendre le risque de revivre cet instant où il me regarde partir sans essayer de me retenir. Et pourtant, quelque part, en prononçant ces mots, je caresse l’espoir secret qu’il se réveille et qu’un miracle se produise.

    Mais Jérém ne réagit pas. Je me demande s’il a seulement entendu ce que je viens de dire. Je finis de m’habiller, je passe mes baskets. Voyant inexorablement venir l’instant où je quitterai l’appart, mes doigts semblent se ramollir, perdre toute dextérité. Je suis tellement HS que j’ai du mal à boucler mes lacets. Je suis déçu que ça se termine ainsi, j’ai l’impression d’étouffer. J’ai besoin d’air, j’ai besoin de quitter cet appart au plus vite. Merde aux lacets, je laisse tomber, je les coince en vrac entre mes pieds et les baskets. Je me lève aussitôt, décidé à partir sans me retourner.

    Je me dis que je n’ai plus rien à espérer de cette nuit, et que le mieux à faire est partir avant que le matin ne vienne tout gâcher.

    Je m’apprête à tourner la poignée et à quitter l’appart, la mort dans le cœur. Et là, alors que je n’y croyais plus du tout, j’entends le son de sa voix. Une voix faible et pâteuse, une voix entre veille et sommeil.

    « Nico… »

    Mon cœur s’emballe.

    « Oui, Jérém ? »

    J’attends la suite comme en fibrillation. Une seconde passe, puis une autre, et une autre encore, elles semblent décrire une éternité.

    « Nico… reste avec… »

    Et là, je me fige sur place. J’ai tellement de mal à croire à ce que je viens d’entendre que je doute d’avoir bien compris.

    Un doute qui se dissipe rapidement lorsque je l’entends se corriger :

    « Reste un peu… »

  • Partie 4 : « L’inspiration »

    Partie 4 : « L’inspiration »

    Nico Comment écris-tu, Fabien ? La fameuse page blanche est-elle remplie au fur et à mesure ?

    Fabien Non, pas du tout… mon processus d’écriture passe par plusieurs étapes… la première est l’inspiration… dans la vie de tous les jours je croise des mecs qui me plaisent et dont un simple regard, un mot, une attitude, un vêtement, un sourire, un geste, même inconscient mais qui me parle de sa masculinité, me font fantasmer et ouvrent le champ à plein de questionnements, tels que je les décris par exemple dans l’épisode 10 avec le jeune boulanger…

    Quelle est sa vie ? Qui sont ses potes qui ont la chance de connaître plein de choses sur lui que je ne connaîtrai jamais, qui ont la chance de le côtoyer, de partager des moments et des choses avec lui, de le voir sourire, de l’entendre parler ? Qui a la chance de le voir poser son t-shirt, son boxer, de toucher son corps, de le voir jouir ? Qu’est ce qu’il aime au lit ? Comment jouit-il ? Est-ce qu’il a déjà essayé avec un mec ? A quoi ressemblerait le bonheur de lui faire découvrir plein de choses qu’il ne connaît peut être pas, de l’amener au bord de la jouissance, de l’en empêcher le plus longtemps possible, et de le faire jouir à la fin comme un malade…

    Voilà la principale source d’inspiration… les mecs, les mecs, encore et toujours les mecs… après, je lis aussi des bouquins, des histoires, je vois des films qui me donnent parfois envie d’écrire une scène… j’échange parfois avec des lecteurs, je lis les commentaires des lecteurs… un en particulier qui est mon alter ego, mon jumeau intellectuel…

    Nico : Tout ça, ça doit remuer dans ta tête…

    Fabien : Les stimuli sont nombreux, les fantasmes légions… oui, tout cela remue sans cesse dans ma tête, comme dans la mélangeuse des numéros du loto… et à un moment, voilà… comme les numéros du loto, une image, une réplique, une attitude, une situation, une scène se présente à mon attention, demandant instamment d’être notée…

    L’inspiration peut me cueillir n’importe où… et elle a une fâcheuse tendance à me saisir lorsque je ne suis pas en condition de prendre des notes… au volant, lors de réunions ennuyeuses, lorsqu’une partie de mon attention est libre de divaguer…

    Et comme j’ai une mémoire assez légère, je m’empresse de noter… comme je peux, où je peux… sur n’importe quel papier, sur mon téléphone, sur mon ordi…

    Nico : Et ces notes, tu les développes dans la foulée ?

    Fabien : Parfois oui, parfois non… parfois je pense à des trucs pour un épisode en cours d’écriture, parfois je prends des notes pour des épisodes que je ne développerai que des mois plus tard…

    Nico : Ca ne dois pas être facile de gérer tout ce matériel…

    Fabien : Parfois j’en ai le tournis, surtout quand elles s’accumulent sans que j’aie le temps de les organiser…

  • Partie 2 : « L’histoire de l’histoire »

    Partie 2 : « L’histoire de l’histoire »

    Nico : Toute l’histoire est venue d’un coup ?

    Fabien : Non, j’ai commencé à écrire un texte de 5-6 pages, qui devait rester unique. Puis un deuxième est venu, un troisième a suivi et, en ce moins de mars 2016, il y en a déjà plusieurs dizaines publiées sur internet.

    Un épisode après l’autre, je me suis vite pris au jeu de l’écriture, une formidable façon de m’échapper du quotidien. Au bout de quelques semaines, de quelques mois, l’histoire a fini par compter 10, puis 100, puis 150 épisodes.

    Nico Ça fait une histoire assez longue…

    Fabien : Depuis août 2014, je publie un épisode par semaine ou presque sur un site Internet nommé HDS. Et, à raison d’un épisode par semaine, ça durera en principe jusqu’à fin 2017. Mon histoire compte en effet actuellement environ 150 épisodes réalisés ou en chantier. Cela dit, il m’arrive encore de concevoir de nouveaux épisodes qui s’intègrent bien à l’histoire. Mais je pense que l’essentiel est désormais dans mes notes.

    Nico : Tu as ressenti quoi lors de la publication du premier épisode, lors de la lecture du premier commentaire, lorsque le petit compteur a commencé à compter par milliers ?

    Fabien : Je crois que le premier texte je l’ai lu et relu, corrigé, recorrigé des dizaines de fois. Ensuite, il s’est écoulé presque deux semaines entre le postage et la publication alors que le délai moyen est en général de deux ou trois jours. Attente fébrile, peur d’être ridicule, crainte d’avoir des commentaires négatifs ou, pire, de ne pas en avoir du tout, peur que le compteur ne tourne pas. Et puis le compteur a tourné, et le premier commentaire est arrivé. On me disait que mon histoire était bandante ! Depuis j’en ai reçu des centaines, et certains vraiment touchants.

    Nico : Pourquoi Toulouse ?

    Fabien : Toulouse est ma ville d’adoption, j’aime cette ville, si pleine de vie, de soleil, de jolis immeubles et de… bomecs !

    Nico : Ou s’arrête le vécu et où commence la fiction dans ton histoire ?

    Fabien : J’écris mon histoire en imaginant des évènements fictifs inspirés de fantasmes que je n’ai jamais pu vivre ou jamais osé vivre. La plupart des situations sont issues de mon imagination. Tous les ressentis de Nico, sa façon de regarder les hommes et ses fantasmes, sont évidemment les miens.

    Nico Jérém&Nico : une pure histoire de sexe ?

    Fabien : Sous couvert d’une sexualité plutôt débridée, cette histoire est avant tout une histoire d’amour impossible que la vie se chargera de compliquer.

    Nico : A quoi penses-tu en écrivant ?

    Fabien : En écrivant, j’ai envie de rendre hommage à tous les garçons, parfois des connaissances, la plupart du temps des anonymes ; des mecs observés au quotidien et à leur insu, l’espace d’un instant fugace et précieux ; d’autres croisés avec un peu plus de régularité au hasard du quotidien, ces « inconnus familiers » dont les vies me sont inaccessibles, dont je voudrais tout connaître.

    Oui, je voulais rendre hommage à tous ces mecs qui provoquent en moi ce petit béguin qui, sans que ça aille plus loin, me fait sentir vivant ; des garçons qui, de par leur façon d’être, avec un simple geste, un mot, une intonation de la voix, une simple attitude inconsciente, sont pour moi une source d’inspiration inépuisable.
    Je ne sais pas donner une définition satisfaisante de la beauté et du charme masculin, et je ne pense pas que je serai capable un jour d’exprimer cette matière insaisissable avec de pauvres mots… ce que je sais en revanche, c’est que si ces cadeaux du ciel venaient à disparaître de la surface de la terre, la vie serait beaucoup moins douce.

    La beauté et le charme masculin, une « passion » à laquelle je tente de rendre hommage avec mes modestes moyens.

  • Jérém&Nico Un projet plus vaste

    Jérém&Nico Un projet plus vaste

    Jérém&Nico SAISON 1, le point de départ d’un projet plus vaste 

    Jérém&Nico SAISON 1 (2016), n’est que le début d’un projet plus vaste, une première partie de leur histoire, centrée sur le bac et sur l’été qui s’en suit.

    Cette partie devrait s’achever courant été 2016 sur un final plein de questionnements.

    En effet, dans sa conception globale, le projet devrait comporter 3 saisons.

    La saison 2 et la saison 3 comptent déjà plusieurs dizaines d’épisodes imaginés mais encore à l’état de notes à développer.

    La saison 2 (2017) suit les deux garçons dans les flots de leurs nouvelles vies à la rentrée après le bac.

    La saison 3 (2018) donne toutes les clefs et recompose tous les morceaux du puzzle de leur histoire, entre présent, passé et avenir. 

  • JN01075 Rien que Jérém et moi

    JN01075 Rien que Jérém et moi

    Et là, pour toute réponse, mon beau brun se contente de me lancer :

    « Vas-y, allonge-toi ! »

    Lorsque je comprends enfin ses intentions, je ressens un intense bonheur s’emparer de moi.

    Un instant plus tard, je me retrouve allongé sur le dos, à côté de Romain, et à la place de Romain. Je croise le regard de ce dernier, un regard brûlant d’envie et de frustration. Mais je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur son sort, sur la privation de son bonheur. Car mon bonheur à moi m’attend, puissant, intense, lorsque mon mâle prend possession de moi, lorsque son manche se faufile entre mes fesses avec un mouvement direct, précis, une visée sans hésitation.

    Ça fait une semaine que je ne l’ai pas eu en moi. J’ai terriblement envie de lui. Alors, que ce soit parce qu’il a envie vraiment de jouir en moi, comme une espèce de continuité avec la parfaite complicité des sens trouvée dans le creux de ses pecs ; ou bien parce qu’il a juste envie de jouir sans capote, et sans risque : peu importe la raison qui l’amène à avoir ressenti le besoin de se finir en moi. Venir en moi pour jouir est un cadeau qu’il me fait, un cadeau d’autant plus précieux parce qu’inattendu, un cadeau que j’apprécie à sa juste valeur.

    A cet instant, je ressens une parfaite complémentarité de nos corps, de nos sexualités, de nos envies et de nos plaisirs, une complémentarité si parfaite qu’elle m’en donne le tournis. Et j’ai l’impression de ressentir la même chose du côté de mon beau brun.

    Jérém va bientôt jouir en moi J’ai vraiment l’impression que ce plaisir ultime, si intense, si parfait, n’appartient qu’à nous. Et que, malgré le fait d’avoir goûté aux coups de rein de mon Jérém et d’en avoir retiré un plaisir certain, ce plaisir ultime Romain n’aura pas pu nous le voler. Tout comme j’adore penser que mon beau brun, tout fier qu’il soit d’avoir fait le cul à un mec qui au départ voulait lui faire le sien, soit conscient qu’il ne pourra jamais trouver dans ce barbu, ni chez personne d’autre, un corps et un esprit aussi dévoués que les miens à son propre plaisir.

    Mon corps envahi par sa queue, le désir suspendu et languissant dans l’attente de sentir l’expression de sa puissance virile, je suis comme jamais à l’écoute de mon corps, à l’affût de la moindre stimulation.

    Ses mains se referment un peu plus sur mes hanches. Ses doigts semblent se crisper, presque pincer ma peau. Je l’entends inspirer bruyamment.

    Les secondes passent et Jérém semble bien décidé à faire durer cette connexion sexuelle, ce frisson sensuel qui se passe de tout, y compris de coups de reins.

    « Alors, tu le baises ou quoi ? j’entends Romain lui balancer.

     — Ferme ta gueule ! »

    Le beau barbu se contente le lâcher un petit sourire amusé.

    Jérém commence à me limer, d’abord tout doucement. Sa présence en moi met le feu à mon corps, ses va-et-vient embrasent mon plaisir. La progression de ses assauts me rend dingue. Je sais que cette fois-ci encore ça ne va pas traîner, que ça va bientôt être le dernier tour de piste avant le bouquet final. Mais qu’importe, je profite de chaque instant.

    Quelques coups de reins encore et il jouit, il se répand au plus profond de moi en étouffant de justesse un grand râle de plaisir masculin.

    Sa peau moite et brûlante se presse contre la mienne, son front trempé de sueur vient se caler dans le creux de mon épaule. C’est un véritable bonheur que de le voir s’abandonner sur moi, assommé de plaisir.

    Ivre du plaisir que nous venons de partager, je ne peux renoncer à passer mes bras derrière son dos et à le serrer très fort contre moi. Le beau brun se laisse faire. Il prend plusieurs longues inspirations, il a l’air d’apprécier.

    Mais déjà quelques instants plus tard, il relève son buste, recule son bassin, se déboîte de moi. Il passe une main sur son front pour essuyer la transpiration qui fait briller sa peau mate jusque dans le creux de ses pectoraux.

    C’est beau un mec qui vient de jouir. Presque autant qu’un mec qui est train de jouir. Et tout autant qu’un mec qui est sur le point de jouir.

    Ce n’est que lorsqu’il disparaît sur la terrasse pour aller fumer sa cigarette, et lorsque je reviens suffisamment à moi pour me rappeler de la présence de Romain, que je réalise que ce dernier, installé le dos calé contre la tête de lit, me regarde en se caressant la queue. En fait, il n’a toujours pas joui.

    Son regard harponne le mien, son désir silencieux pénètre mon esprit. Je sais qu’il a envie que je le suce. Le « moi sexuel » a bien envie de le satisfaire, de lui faire plaisir. Mais le « moi amoureux » a de toutes autres envies, la plus puissante de toutes étant celle de me retrouver seul avec mon Jérém, de le prendre dans mes bras et de le câliner jusqu’au matin.

    Je suis dans un équilibre instable entre désir, tentation et besoin de tendresse. La vision rapprochée avec cette queue frémissante ravive instantanément mon excitation.

    C’est là que je capte le regard de mon beau brun. Désormais posté sur le seuil de la porte fenêtre, l’épaule appuyée contre le mur, toujours en train de fumer sa cigarette, il nous regarde. Il me regarde. Qu’est-ce qu’il ressent à cet instant précis ?

    « Allez, suce ! j’entends le beau barbu me lancer sur un ton ferme qui fait vibrer des cordes sensibles en moi.

     — Eh, tu fais quoi, là ? j’entends Jérém lui balancer sur un ton agressif.

     — Je me fais sucer ! » fait Romain sans se démonter.

    Mon Jérém semble désarçonné face à la détermination du beau barbu, mais son regard soudainement assombri n’en dit pas moins.

    « Pourquoi, ça pose un problème ? il enchaîne, je croyais que c’était un plan à trois, non ?

     — Ça l’est !

     — Alors il va me sucer, je sais qu’il en a envie ! »

    Bien sûr que j’en ai envie. Le « moi sexuel » en a très envie. Et comment ça pourrait en être autrement, comment pourrais-je ne pas avoir envie de faire plaisir à ce superbe mâle brun gaulé comme un Dieu, un Dieu avec une très sensuelle pilosité virile, un Dieu à la peau mate, au corps sculpté, et avec cette belle queue tendue ?

    Oui, ce Romain me fait envie, sa queue me fait envie. Mais le « moi amoureux » pourrait bien y renoncer. Ce moment de complicité sensuelle avec Jérém m’a bouleversé, et je crois que je n’ai besoin de rien de plus.

    Mais le beau barbu est là, la queue en feu, et ce n’est pas Jérém qui va lui faire plaisir. Et puis, Romain a raison, c’est un plan à trois, et le principe même du plan à trois est de tester toutes les combinaisons possibles. Et jusque-là, Jérém en a testé bien plus que moi…

    Alors, pourquoi je m’empêcherais de me faire plaisir à mon tour avec ce beau barbu ?

    J’ai l’impression que Romain triomphe du trouble qu’il a su installer dans la tête de Jérém avec une poignée de mots bien choisis.

    Je me demande de quelle façon mon beau brun va réagir. Certes, nous sommes chez lui. Et, en tant que maître des lieux, il a quand même un droit de regard vis à vis de ce qui se passe dans son lit. Il pourrait se mettre en pétard, parce qu’il n’apprécie pas l’idée de me voir coucher avec un autre. Il pourrait nous foutre tous les deux à la porte. Mais de quel droit m’interdirait-il de poursuivre ce plan à trois qu’il a voulu et pratiqué ? D’ailleurs, s’il s’y essayait, cela serait un aveu du fait qu’un rapprochement sensuel entre Romain et moi le dérange, que ça le rend jaloux. A contrario, accepter ce rapprochement, équivaut à faire face à sa jalousie…

    Avant que mon beau brun ait pu réagir aux derniers mots de Romain exigeant que je le suce, ce dernier balance un autre redoutable projectile verbal :

    « A moins que tu ne sois jaloux de ton chéri… »

    BAM ! Le beau barbu n’y va pas avec le dos de la cuillère.

    Une fois de plus, il joue la carte de la provocation vis-à-vis de mon beau brun, en appuyant exactement là où il a décelé un point sensible.

    Son chéri… c’est la première fois que quelqu’un insinue d’une façon si claire et directe que nous pourrions être ensemble, et même qu’il y aurait plus que du sexe entre nous. « Ton chéri », je trouve que ça sonne très bien.

    L’incapacité de Jérém à assumer notre relation est son point faible. Et le beau Romain l’a bien compris. De plus en plus insolent face au silence malaisé de mon beau brun, il enfonce le pieu :

    « C’est ça, alors votre deal ? il me balance tout en me regardant droit dans les yeux, lui il a le droit de baiser comme il veut, alors que toi t’as besoin de sa permission ? »

    Ce mec est un véritable petit salopard. Pourtant, il faut admettre que sa question est légitime.

    Mon Jérém demeure muré dans son silence hostile. Je crains plus que jamais une réaction violente de sa part.

    Mais en même temps…

    « Poor is the man whose pleasure depends to by permission of another »

    … je ne veux pas être le mec dont le plaisir dépend de la permission de quelqu’un d’autre, et surtout pas dans un plan à trois, voulu par mon Jérém, un plan duquel il a bien profité, et sans jamais demander mon avis.

    Oui, j’ai envie de prendre du bon temps avec le beau barbu. Et ce, bien qu’une partie de moi rêve d’un nouveau sketch de Jérém se montrant jaloux, foutant le beau barbu à la porte et m’avouant ensuite à grand renfort de baisers fougueux et de tendres câlins qu’il est amoureux de moi et qu’il ne me fera plus jamais souffrir. Mais nous ne sommes pas dans un Disney, et Jérém n’est pas ce qu’on appelle un prince charmant.

    Car, déjà, un prince charmant ne ferait pas de plans à trois, il ne coucherait pas avec un autre gars sous les yeux de son prince charmant à lui. Et surtout, confronté à une situation où son « beau » est convoité par un autre mâle, il ne balancerait pas, entre deux taffes de cigarette :

    « Vous avez qu’à baiser, rien à foutre ! »

    Aaaaahhh. Pour le prince charmant, on repassera !

    Je suis déçu. J’aurais mal vécu qu’il s’oppose à ce que je couche avec Romain. Et pourtant, je suis triste qu’il s’en accommode si facilement.

    Sans plus attendre, Romain vient se mettre à cheval de mon torse et approche son manche tendu de mes lèvres. Un intense bouquet viril percute mes narines, met en fibrillation mon cerveau, me donne des furieuses envies.

    Tenir un beau mâle dans la bouche, le sentir frissonner sous mes caresses, me laisser hypnotiser par les ondulations de ses abdos, par le mouvement nonchalant et absolument érotique de son bassin : c’est une expérience envoûtante que je redécouvre à chaque fois avec un enchantement intact.

    Le beau barbu se penche à son tour vers la table de nuit, il attrape une capote. Il déchire l’emballage, se dégage de ma bouche et se prépare à me baiser.

    Là encore, je me surprends à me demander quelle va être la réaction de Jérém, Jérém qui n’a pas bougé de l’encadrement de la porte fenêtre et qui assiste toujours à la scène, l’air de plus en plus défait.

    Un frisson de malaise parcourt mon corps et mon esprit. Est-ce que je devrais renoncer ? Est-ce que je devrais dire non à Romain ?

    Mais pourquoi renoncerais-je à baiser avec ce mec qui me fait bien envie, alors que Jérém a baisé avec lui à deux reprises ?

    D’autant plus que Jérém n’y voit apparemment aucun inconvénient : « Rien à foutre ! »

    Et pourtant, lorsque je le regarde, lorsque je capte son regard noir, j’ai l’impression que, contrairement à ce qu’il a balancé, mon Jérém n’en a pas « rien à foutre ». Mais il ne l’admettra jamais, préférant avoir à assumer sa jalousie plutôt que d’admettre qu’il ressent quelque chose pour moi.

    Une poignée de secondes plus tard, le beau Romain se laisse glisser en moi. Et il commence illico à me pilonner.

    Soudain, je me souviens de m’être dit tout à l’heure, à la sortie du On Off, que ce gars ne me baiserait pas ce soir. Cette nuit est définitivement pleine de surprises.

    Sous le feu des coups de reins du beau barbu, je prends mon pied, mais j’essaie de rester dans la retenue. Jérém continue de fumer et nous mater. Sans avoir besoin – et sans oser non plus – d’affronter directement son regard, je capte le frémissement sourd de sa jalousie.

    Je ne veux pas le provoquer, juste lui montrer qu’il n’a pas le droit de m’interdire ce que lui-même s’autorise. Mais aussi que son « rien à foutre » m’affecte.

    « Alors, toujours rien à foutre, espèce de petit con sexy ? » je me retiens de justesse de lui balancer.

    Et pourtant, sa jalousie me touche. Il me tarde que ça se finisse, il me retarde de me retrouver seul à seul avec lui.

    Et puis tout s’arrête, d’un seul coup. Le beau barbu se raidit au fond de moi, sa respiration semble se bloquer. Un seul gémissement jaillit de sa gorge. Et il jouit.

    Commentaires

    Etienne

    10/04/2016 19:31

    « Parce que… j’ai toujours été attiré par les garçons, parce que tu me plais depuis la première fois que je t’ai aperçu, mais que je n’aurais jamais eu le courage de faire le premier pas « … Cette suite est une possibilité, mais que nous réserve Fabien ? Vite, vite, la suite ! Ces 2 épisodes de l’année sont au top !

    Chris

    07/04/2016 15:10

    L’épisode était vraiment cool.J’aimerai bien quand même revoir un peu plus l’ancien Jerem parce que comme tout va bien ça peut être un peu moins captivant. Vivement la suite !

    fab75du31

    06/04/2016 22:56

    Merci à vous tous, vous êtes adorables

    Marie

    06/04/2016 22:38

    Ce chapitre par sa beauté me rempli de joie mais également d’amertume car c’est bientôt la St-Valentin et j’envie leur bonheur

    Yann

    05/04/2016 10:47

    Quelle joie que de les voir si heureux. Les choses les plus banales de la vie deviennent de suite belles dès lors qu’elles sont partagées par deux personnes qui s’aiment. C’est ce qu’ils découvrent et ton style, Fabien, ne laisse aucun détails au hasard. Yann

  • JN01074 Dans le creux de ses pecs

    JN01074 Dans le creux de ses pecs

    Il y a quelque chose d’extrêmement excitant dans le fait de voir le beau Romain abdiquer provisoirement de son statut de « mâle dominant », de le voir accepter de s’offrir au plaisir d’une autre mâle « dominant ».

    C’est beau de voir ce beau barbu se décrisper au fil des va-et-vient de mon Jérém. C’est beau de le voir passer du mode « maîtriser les assauts » au mode « jouir des assauts » de la queue de mon beau brun.

    Oui, peu à peu les grimaces disparaissent, et l’extase vient illuminer son visage. Ses ahanements se font plus bruyants, puis deviennent des gémissements étouffés.

    « Tu la sens bien là, hein ? » j’entends lâcher mon Jérém. Plus insolent, plus petit con, plus macho, on ne pourrait pas faire.

    « C’est bon, mec !

     — Tu kiffes, ça hein… le mec qui ne suce pas ?

     — Ferme-là et baise-moi, mec ! »

    Même si le spectacle est terriblement excitant, je ne peux m’empêcher de me demander comment un mec qui a commencé sa soirée en annonçant fièrement : « Moi je ne suce pas », arrive quelques minutes plus tard à lâcher : « Baise-moi, mec » ?

    Les coups de reins de mon beau brun se chargent rapidement d’une certaine dose de brutalité. Comme s’il voulait montrer toute l’envergure de sa puissance virile, une sorte de revanche « sexuelle » après l’insolence du beau barbu.

    Je ne peux le quitter des yeux et nos regards finissent par se croiser. Et dans le sien j’arrive à entrevoir son esprit embrumé par l’alcool, la fumette, l’excitation sexuelle, la proximité de sa jouissance. Son regard semble s’attarder sur ma main posée sur ma queue. Et là, sans discontinuer ses puissants coups de reins, il balance à Romain :

    « Maintenant tu vas le sucer, pendant que je te baise ! »

    L’idée de me faire sucer par Romain pendant que mon bobrun le défonce, l’idée de cette proximité avec mon Jérém, la perspective de voir l’orgasme fuser sur sa belle petite gueule, ce sont autant de possibilités qui m’enchantent.

    Je n’aurais jamais osé y penser. Mais mon Jérém, si.

    Romain ne réagit pas, continuant à ahaner de plaisir sous les coups de reins de mon beau brun.

    Jérém me fait un signe de la tête pour m’indiquer d’approcher. L’idée de me faire sucer par un si beau gars m’excite au plus haut point, et pourtant j’hésite à rentrer dans ce jeu de mâles. Je n’ai surtout pas envie d’« imposer » un truc dont le mec n’aurait pas envie.

    Un deuxième signe de la tête assorti d’un « Allez ! » me fait enfin me décider. Je pose doucement mon gland contre les lèvres du beau barbu. Et un instant plus tard, ma queue disparaît dans sa bouche.

    Me voilà face à mon Jérém, sa belle gueule de mec balayée par les frissons provoqués par le plaisir montant. Au gré de ses va-et-vient, sa chaînette s’agite entre ses pecs. Son odeur de mec est à portée de narines, le parfum du déo se mélange à une légère odeur de transpiration, ainsi qu’à une autre « odeur de mâle Jérém », une note qui semble être le pendant olfactif de sa virilité en action et qui me fait tourner la tête.

    Secoué par les coups de reins de mon beau brun, Romain n’a pas vraiment l’amplitude pour me sucer. C’est lorsque je sens ses mains se poser sur mes fesses et amorcer des mouvements de va-et-vient que je comprends la marche à suivre. J’entreprends alors de lui limer doucement la bouche, en étant davantage préoccupé de ne pas lui faire mal que de prendre mon plaisir.

    Aussi, la proximité de Jérém m’impressionne. Je ne peux pas résister à la tentation de me pencher vers lui et de lécher ses beaux tétons. Il frissonne. Et pour mon grand bonheur, il porte les deux mains sur ma nuque, m’obligeant à y aller franco.

    Ma queue dans la bouche du beau Romain, mes lèvres enivrées par la peau chaude et douce de mon bobrun, le nez grisé par le délicieux bouquet olfactif qui se dégage de son torse, je suis au Paradis. Quoi demander de mieux ? A part, peut-être, de me faire sauter par Jérém à la place de Romain…

    Et pourtant, il faut admettre que cette configuration a quelque chose de résolument excitant. Fou de plaisir, je quitte le bonheur du contact avec ses tétons, je relève mon cou, je croise son regard. Le plaisir me rend dingue. Je ne réponds plus de mes actes. Sa bouche est si proche. Ses lèvres entrouvertes pour laisser libre passage à ses halètements de mâle en rut me narguent. J’ai envie de l’embrasser, j’ai besoin de l’embrasser.

    Alors, je fais fi du danger qui me guette, et je me penche tout doucement pour approcher mes lèvres des siennes. Et là, bonheur absolu, non seulement je ne me fais pas jeter, mais je vois Jérém incliner à son tour le torse vers le mien. Et au final, ce sont ses lèvres qui se posent sur les miennes.

    Oui, à cet instant précis, Jérém m’embrasse. Plus que ça, même, il me roule carrément une pelle en bonne et due forme. Et de son propre chef ! Sa langue se glisse entre mes lèvres qui s’ouvrent avec bonheur. Comment pourraient-elles résister ? Elle s’insinue dans ma bouche, puissante, fougueuse, virulente. J’ai l’impression de me faire pénétrer par cette langue, presque aussi puissante et fougueuse que sa queue.

    Je découvre la saveur de sa bouche, un mélange d’arrière-goût de cigarette, de bière, un ensemble un peu sucré qui me donne envie de ne jamais quitter ses lèvres.

    Chose que je ne pourrais pas faire de toute façon, car mon beau brun a pris le soin de porter à nouveau ses deux mains derrière ma tête pour m’attirer fermement à lui, et pour me retenir dans cette étreinte. Peut-être pour m’empêcher de me dérober, si tant est que l’envie m’en prenait. Précaution inutile, évidemment. Mais il me faut admettre que le contact de ses mains sur ma tête contribue à l’excitation et au bonheur de cet instant.

    A cet instant précis, je m’en fous de jouir. A cet instant précis, je n’ai qu’une envie, celle d’être embrassé par mon beau brun, si fougueux, si chaud, si sensuel, si « tout-ce-dont-j-ai-besoin-et-envie ». Oui, à cet instant précis, j’ai juste envie que ce beau Romain disparaisse par enchantement et que je puisse me retrouver seul à rouler des pelles à mon Jérém pour une durée indéterminée.

    Lorsque l’étreinte de ses mains derrière ma nuque se défait, lorsque sa langue quitte ma bouche, lorsque ses lèvres quittent les miennes, je suis à bout de souffle. Je suis resté en apnée pendant un bon moment, je suis retourné comme une chaussette. Sacré Jérém, capable de me faire voyager quand je m’y attends le moins. Et dans ce cas le voyage a été aussi inattendu que bouleversant.

    Lorsque je retrouve enfin mes esprits, je me rends compte que chez mon beau brun l’orgasme c’est vraiment pour bientôt.

    J’ai envie de jouir avec lui. J’ai envie que Romain me fasse jouir. J’ai envie de sentir mon jus quitter ma queue et atterrir dans sa bouche. Incroyable et galvanisante perspective de me sentir pendant un instant, « le mâle » à qui l’autre se soumet en acceptant de recevoir son sperme dans sa bouche. Je sens l’orgasme approcher à grand pas et déformer ma pensée, la polariser vers un seul et unique désir, presque une obsession. Je me surprends à avoir envie que le beau barbu avale.

    Ainsi c’est cette sensation que ressent mon Jérém quand il sent qu’il va jouir dans ma bouche et que je vais avaler. La sensation d’être « le mâle ». Cette sensation qui, en parallèle de l’orgasme du corps, en provoque un deuxième, celui de son égo de mec.

    L’approche de l’orgasme dégage une énergie puissante. Une énergie face à laquelle il ne faut jamais oublier la nécessité de se protéger.

    Non, je ne peux pas jouir dans la bouche d’un inconnu. J’en ai furieusement envie, mais je ne peux pas. De toute façon, j’imagine qu’il ne me laissera pas faire.

    Je croise le regard de mon beau brun. Je sais qu’il a compris que je ne vais pas tarder à venir. Et là, délicieuse surprise, ses doigts viennent pincer mes tétons, ce qui a pour effet de précipiter encore l’inéluctable. Jérém qui veut me faire plaisir, qui s’active pour me faire jouir encore plus fort. Je suis fou.

    « Je vais jouir ! » je finis par balancer, la voix coupée par l’orgasme qui commence à me submerger. Et je me fais violence pour m’obliger à quitter la bouche du beau barbu avant que ça vienne.

    Romain entreprend alors de me branler vigoureusement. Et c’est presque instantanément que j’atteins le point de non-retour.

    C’est tellement intense que j’en tremble. C’est tellement c’est bon que j’ai l’impression de devenir fou. Mon corps est traversé par une décharge électrique tellement puissante que je perds le contrôle de mes jambes, de mon équilibre. Je me sens partir vers l’avant. Je me rattrape en portant mes bras sur les épaules de mon Jérém et en appuyant mon front dégoulinant de transpiration dans le creux ferme et parfumé de ses pectoraux.

    Je tente de me redresser, mais je n’y arrive pas. Car une de ses mains vient promptement se poser à l’arrière de ma nuque. C’est fou, c’est tout simplement incroyable.

    Et je jouis dans la main d’un super bogoss pendant que mon Jérém agace mes tétons avec une adresse surprenante. Je jouis en sentant la chaleur de sa peau dans les paumes de mes mains, les tétons caressés par ses doigts habiles, mon visage plongé dans la proximité moite et délicieusement odorante de ses pecs, sa main appuyée en bas de ma nuque, l’une des régions les plus sensibles de mon corps. Je jouis en mélangeant ma transpiration à la sienne, les battements de mon cœur aux siens, ma respiration à la sienne. Je jouis dans une étreinte que je ne voudrais jamais voir se défaire.

    J’ai envie de pleurer tellement c’est bon, beau et inattendu. Tout ce qui compte à cet instant est ma complicité sensuelle avec mon beau brun, cette étreinte, cette main qui m’empêche de partir. Je suis bouleversé par ce geste qui ressemble à un câlin. Un câlin au milieu d’une baise insensée, certes, mais un câlin quand même. Un câlin de la part de Jérém. Ce n’est pas rien, quand même…

    Lorsque je retrouve mes esprits, lorsque la main de mon beau brun relâche son appui sur ma nuque, je me relève et je le regarde dans les yeux. Il est beau. Et après ce qu’il vient de faire pour découpler mon bonheur, j’ai encore envie de l’embrasser. De plus en plus envie. Une envie déchirante.

    Un instant plus tard, ses mains agrippées à mes épaules, il recommence à envoyer de bons coups de reins dans le cul du beau barbu. Jérém n’a toujours pas joui.

    Ce dernier, sentant que l’essai sexuel de mon beau brun va bientôt être transformé, la voix haletante d’excitation, l’encourage :

    « Vas-y, mec, fais toi plaisir ! »

    Je me prépare à voir passer sur son visage ce bouleversement que je lui connais si bien, notifiant le moment où le plaisir explose dans son bas ventre et fait momentanément évaporer son esprit.

    Mais mon beau brun s’arrête soudainement. Je le vois fermer les yeux, inspirer, retenir sa respiration, essayer de maîtriser son beau corps. Je pense qu’il essaie de se retenir de venir. Si ce n’est pas beau ça, si ce n’est pas du grand art, notamment pour un mec de 19 ans !

    Et alors que je m’attends à le voir entreprendre la dernière série de coups de reins qui l’amèneront tout droit à l’orgasme, je le vois se dégager du cul de Romain. Ce dernier est secoué par un intense frisson.

    Un instant plus tard, le petit bout de caoutchouc quitte sa queue.

    Mon Jérém semble fixer avec insistance les fesses qu’il vient de quitter. C’est là que je suis cueilli par un double frisson, d’excitation et d’inquiétude. Mais il ne va quand même pas faire ça, il ne va pas tremper sa queue « à cru » dans cet inconnu, si canon soit-il, et prendre un tel risque juste parce qu’il ne sait pas résister à la tentation de fourrer son jus dans un beau cul !

    Mais comment faire pour l’en empêcher s’il a décidé, ou si l’alcool et le joint ont décidé à sa place, qu’il en serait ainsi ?

    J’ai le cœur qui bat à mille. Il faut que je trouve le moyen de l’empêcher de faire ça. Oh, Jérém ! Ne sais-tu donc pas que faire ça c’est très très très risqué ! ? ! ? ! ? ! ? ! ?

    Je dois l’en dissuader. Je cherche mes mots, je cherche le ton, le courage. Le temps presse, car je sais que lorsqu’il sera bien au chaud dans le cul du beau barbu, ce sera trop tard. J’inspire très fort, et soudain un seul mot s’affiche en lettre capitales dans ma tête : « NON ! »

    Un mot qui est prêt à être éjecté de ma cage thoracique pour exploser dans le petit appart. Un mot qui reste coincé au fond de ma gorge, lorsque je le vois soudainement tourner la tête dans ma direction, lorsque je capte à nouveau son regard, un regard empreint d’un érotisme brûlant. Il va le faire. Et je ne vais pas pouvoir l’en empêcher.

    « Eh, mec, tu comptes faire quoi, là ? » j’entends alors le beau barbu « venir à mon secours », tout en se retournant et en fixant la queue « nue » de mon Jérém.

    Commentaires

    fab75du31

    05/04/20186 20:47

    salut gianluca… j’ai deja fait ça il y a un an, un épisode avec final au choix… très difficile à gerer… mais pourquoi pas… à suivre dans les semaines à venir…

    Gianluca76

    04/04/2016 20:41

    Ce seront les fesses de nico… meme si un surplus de sandwich ne m aurait pas deplu… wait and see… de toute facon… seul Fabien a le pouvoir de choisir…. meme di j ai une suggestion … a quand un episode ou l on pourrait choisir la fin ????

    fab75du31

    03/04/2016 20:27

    Quelle tête à claques ce RomainT… mdr

    RomainT

    02/04/2016 18:04

    Ah le .10… ça sent le sandwich!!!!! Sacré Jerem…. :p

    Virginie-aux-accents

    01/04/2016 10:58

    Le début du 46.10 : sacrée mise en bouche! que nous encore réservé Jérem? et toi Fabien, quel retournement as-tu prévu pour que le beau brun ne soit pas complètement inconscient? Il a su tout contrôler jusque là… à qui sont ces « fesses offertes »?

  • Partie 6 : « Le temps de l’écriture »

    Partie 6 : « Le temps de l’écriture »

    Nico : Ca prend beaucoup de temps d’écrire un épisode ?

    Fabien : Avant tout, je veux préciser que pour moi l’écriture n’est pas un effort, mais un réel plaisir, un plaisir entier, une chance, un bonheur… aujourd’hui elle apporte énormément à ma vie… là où elle devient parfois pénible c’est lorsque je ne peux pas m’y consacrer suffisamment, lorsque les notes s’accumulent et que je perds le fil… après il faut beaucoup du temps pour rattraper… en ce qui concerne les temps d’écriture, il faut d’imaginer qu’un épisode de longueur moyenne…

    Nico : Certains trouvent que tes textes sont un peu longs…

    Fabien : Je sais… mais c’est ainsi que l’écriture se présente à moi… je ne sais écrire qu’au rythme de mon cœur… je ne peux pas faire l’impasse sur ce qui vient à moi au cours de l’écriture… ça vient et je le couche, sinon j’en serais trop frustré… j’écris une histoire où le sexe a une place prépondérante, mais parfois j’ai envie de divaguer dans la vie de mes personnages, car la vie n’est pas que le sexe… il y a bien autre chose à coté qui peut donner de la profondeur au récit… et à l’existence…

    Nico : Oui, parfois tu divagues, certains disent même que ça ne « baise » pas assez… que ça n’avance pas assez vite…

    Fabien : J’écris ce qui se présente à moi dans le temps que j’ai à disposition… de plus, parfois j’ai l’impression que mes personnages m’échappent des mains, qu’ils ont une vie propre, que je ne suis que spectateur, qu’au fond je ne fais que raconter une histoire qui se déroule devant mes yeux… c’est ça que je voulais dire quand je te disais que parfois tu me surprends, Nico…

    Nico : Ah, ok, je comprends mieux…

    Fabien : Pour en revenir aux temps de l’écriture, il faut imaginer qu’un texte de longueur moyenne qui est lu en quelques minutes, prend de longues heures pour être écrit… j’estime que pour chaque minute de lecture, il faut entre 1 heure et une heure trente de rédaction…

    Nico : A ce point ? Mais comment écris-tu ? Lorsque tu as le temps, tu peux écrire toute une journée du matin au soir ?

    Fabien : Parfois j’écris très longtemps… mais je ne peux pas écrire tout une journée… au bout de quelques heures, je sature… il faut que je bouge, que je m’aère l’esprit… je ne peux pas écrire tout le temps, tout comme je ne peux pas passer plusieurs jours sans écriture, ça me manque trop…

    Nico : Tu as déjà pensé à comment va s’organiser cette histoire lorsqu’elle sera terminée ?

    Fabien : Je pense que mon récit sera organisé en 3 parties, dont la première (la première saison en quelque sorte) sera terminée à l’été 2016 sur un épisode final plein de questionnements… il reste une dizaine d’épisodes à développer pour terminer la Saison 1, je jongle entre mon taf et mon temps libre pour avancer le plus vite possible…

  • Partie 5 : « L’écriture : mode d’emploi »

    Partie 5 : « L’écriture : mode d’emploi »

     Nico : Alors… l’inspiration, la prise des notes… et après ?

    Fabien : Lorsque je m’apprête à rédiger un épisode, je reviens à mes notes… en général, au fil des rajouts successifs, elles sont plutôt en vrac… je commence par les trier, ensuite je les organise dans une suite logique qui me servira de trame pour le développement de l’épisode…

    Parfois, devant tant de bazar, je suis pris du syndrome du « Stress des notes », dont le symptôme principal est la peur de ne pas réussir à bien exploiter ce matériel et à ne pas développer un bon épisode…

    Nico Comment est pensé le découpage des épisodes ? La longueur est-elle prévue d’avance ?

    Fabien Le découpage des épisodes s’impose au fil de la rédaction… la longueur aussi… il y a tout un tas de choses qui viennent à moi au fil de l’écriture, des détails, mais aussi des développements que je n’avais pas prévus… en général, à partir d’un épisode prévu, j’en fais deux ou trois, voire plus…

    Nico : Les notes se transforment ainsi en texte…

    Fabien : Exactement… lorsque j’arrive à la fin de mes notes de l’épisode, la première rédaction est finie… je reprends le texte depuis le début, une fois, deux fois… lorsque j’ai le temps, je laisse décanter quelques jours, ça aide à prendre du recul et à regarder le texte d’un œil nouveau et voir des imperfections ou des incohérences que, à force de le parcourir coup sur coup, on ne voit plus… à force d’y être dessus, on finit par connaître le texte par cœur et on en arrive même à zapper des mots…

    Nico : La rédaction et deux ou trois relectures… le texte est fini… c’est là que tu le postes ?

    Fabien Pas encore… à ce stade l’épisode doit encore passer le CQL…

    Nico : Le quoi ?

    Fabien : Le CQL… le Contrôle Qualité Lyonnais… le texte terminé, je l’envoie par mail à mon correcteur officiel à Lyon… il s’occupe des bad sisters, Orthographe et Syntaxe… cette aide est précieuse,car Word ne fait pas tout non plus… de plus, le correcteur lyonnais ne fait pas que corriger le texte… fan de la première heure, on est jumeaux reliés par la même sensibilité en terme de vision de la beauté et du charme masculins… alors, très souvent il complète mes propos avec des commentaires tellement pertinents qu’ils finissent bien souvent intégrés au texte lors de la phase de révision…

    Je profite de l’occasion pour le remercier pour son dévouement et son implication dans le contrôle de mes textes… de plus, je ne le remercierai jamais assez pour son amitié et pour sa présence qui, bien que virtuelles, me sont si précieuses au quotidien.

    Nico : Le CQL te renvoie le texte corrigé et commenté…

    Fabien C’est à chaque fois avec une impatience de gosse devant les cadeaux de Noël que j’attends le retour CQL… lorsqu’il arrive, je les lis d’une traite, et c’est seulement après que je fais les corrections et que j’intègre certaines des suggestions au texte final…

    Nico : La le texte est prêt à être publié…

    Fabien : Voilà… là je poste l’épisode à HDS… le temps pour eux de le lire, de vérifier la compatibilité avec leur charte et de trouver un créneau de publication, l’épisode est mis en ligne… prêt à être lu en quelques minutes…

  • Partie 3 : « Jérém : Who’s that boy ?

     

    Partie 3 : « Jérém : Who’s that boy ?

    Nico : Je me demandais jusqu’à quel point tu as « connu » le vrai Jérémie, celui qui a inspiré l’histoire… 

    Fabien : Le vrai Jérémie n’existe pas, son personnage est issu de plusieurs sources. Le point de départ pour le façonnage de Jérémie est un épisode vécu au lycée. Parmi les camarades, il y en avait un qui me plaisait vraiment beaucoup, un de ces ptits cons très sûrs d’eux et très sexy, un mec que je matais à longueur de journée et que je cherchais sans arrêt… tout était prétexte pour l’approcher, certes maladroitement, et attirer son attention… à force, il avait fini par comprendre qu’il me plaisait…

    Un jour, à la pause, alors que j’étais en train de pisser aux urinoirs, je sens quelqu’un rentrer et se placer à coté de moi… je n’ai pas pu m’empêcher de regarder qui était le nouvel arrivant… et voilà que je capte son regard, malin et rieur, un regard qui accroche le mien, sans lâcher…

    « Tu veux la voir ? » me demande-t-il de but en blanc, en se moquant. J’étais tétanisé… et il continue : « Je sais que tu veux la voir… ».

    Nico : Et qu’as-tu fait ?

    Fabien J’aurai du lui dire oui, que j’avais envie de la voir et aussi de m’en occuper comme il se devait… au lieu de quoi, n’arrivant pas à savoir si c’était du lard ou du cochon, je me suis tiré des toilettes, honteux… dis moi Nico, on peut-on être aussi con dans la vie?

    Nico : T’inquiètes je pense que j’aurais fait pareil…

    Fabien : Mais toi t’as dit oui, quand Jérém t’a proposé de le sucer lors de la première révision…

    Nico : Ca c’est parce que t’en as voulu ainsi…

    Fabien C’est vrai, Nico, je te fais à toi vivre toutes les belles aventures que je n’ai pas eu la possibilité ou le cran de vivre par moi-même…

    Nico Alors, Jérém est inspiré de ce camarade de lycée…

    Fabien : Oui, mais pas que… d’autant plus que ce camarade était un charmant rugbyman blond… rien à voir avec le style beau brun « Jérémie »… il en avait pourtant le coté « rugbyman » ainsi que certaines attitudes de petit mec macho et arrogant… donc intolérablement sexy…

    Nico : L’histoire se déroule autour du lycée, du bac… un hasard ?

    Fabien : Non, pas vraiment… la dernière année du lycée je suis tombé amoureux d’un autre camarade, un petit brun très charismatique… comme Nico, je lui ai proposé de l’aider à réviser pour le bac… S. était un petit mec effacé assis au fond de la classe, pas un cancre, le mec qui se laisse vivre en faisant le minimum syndical… la seule différence avec l’histoire de Nico, c’est qu’à ce moment là il ne me plaisait pas encore… c’était son meilleur pote qui me faisait délirer… je l’ai quand même aidé pour être admis dans leur groupe…

    Juste après le bac, pour me remercier, S. m’a invité passer une journée à la montagne chez lui… c’était le dimanche 12 juin 1994, une des journées les plus marquantes de ma vie… ce jour là, rien qu’en passant une simple journée avec lui, dans son monde, j’en suis tombé furieusement amoureux… il ne s’est jamais rien passé entre nous, mais cette histoire m’a marqué à tout jamais… il m’a fallu dix ans pour apaiser mes sentiments à son égard…

    Nico : Ces deux garçons sont donc les principaux modèles de Jérém…

    Fabien : Oui, et non… Jérém est une « compil » de nombre de mecs que j’ai pu croiser dans ma vie, ce petits cons si sexy et tellement surs d’eux qu’ils mériteraient qu’on leur retire leur permis de séduire, tant ils peuvent faire des dégâts autour d’eux… son grain de beauté dans le cou… piqué à Josh Harnett… son attitude arrogante… du Colin Farrell… son coté « tête à claque »… du Cristiano Ronaldo… son coté « sexy à baiser d’urgence »… du Josh Duhamel époque Las Vegas… son tatouage, sa chaînette, ses cheveux courts autour de la tête, sa barbe de trois jours… sa peau mate… ses pecs saillants… ses abdos sculptés… ses t-shirts moulants, son déo de mec, ses attitudes de petit mec macho… piqués sur des bogoss anonymes que j’ai croisé un jour…

    « Jérémie » est aussi un beau spécimen vu à la piscine municipale un après midi de juillet avec sa copine… le mec se pointe avec un short de bain rouge et un t-shirt blanc… avant de partir à l’eau, il tombe son t-shirt… une beauté plastique à couper le souffle…

    « Jérémie » est un brun magnifique croisé dans un rayon de supermarché… cheveux plus courts autour de la tête et plus longs sur le haut… t-shirt blanc Guess comme un gant sur un torse en V à couper le souffle, chaînette de mec bien en vue… un beau jeans, des basket bleues… un petit mec de tout juste vingt ans avec une assurance, une jeunesse insolente et craquante… un véritable bol d’air frais… un formidables petit con à pleurer… qui rend tout plus beau autour de lui… un reflet de la beauté de l’univers au détour d’un rayon de supermarché…  

    Jérémie est aussi un serveur avec un beau t-shirt noir observé en train de voltiger entre les tables, l’espace d’un dîner, dans un restaurant à St Jean de Luz…

    Nico : Donc, si je comprends bien, tu n’as jamais connu un « Jérémie » tel que tu le façonnes au fil des épisodes ?

    Fabien : Hélas, non… quoique… je ne sais pas si c’est une chance ou une malchance de ne jamais avoir vécu une histoire comme celle que tu es en train de vivre avec le beau brun…

    Nico : Ca je te le dirai lorsque l’histoire sera achevée… ça dépend de toi…

    Fabien : C’est vrai… oups… c’est moi l’auteur…

  • Partie 1 : « Une idée qui m’est venue un jour d’été… »

    Partie 1 : « Une idée qui m’est venue un jour d’été… »

    Nico : Bonjour Fabien.

    Fabien : Bonjour Nico.

    Nico : Merci d’avoir accepté de répondre aux questions que les lecteurs m’ont chargé de te poser.

    Fabien : C’est avec plaisir.

    Nico : Ca te dérange si on se tutoie ?

    Fabien : Mais pas du tout. Entre l’auteur et son personnage, ça ne se fait pas de se vouvoyer. On est quand même assez intimes…

    Nico : C’est vrai que tu sais tout de moi. Mais est-ce que je peux en dire autant de toi…

    Fabien Euh, non, je ne crois pas. Et puis, moi non plus je ne sais pas tout de toi !

    Nico Ah bon ?

    Fabien : Non, car parfois tu me surprends.

    Nico : Pourtant je sors tout droit de ton clavier.

    Fabien : Oui, pourtant. Je t’expliquerai peut-être ça plus tard.

    Nico : Bref, passons. Je pense que les lecteurs voudraient d’abord en savoir un peu plus sur Fabien. Qui est le mec qui a eu envie d’écrire cette histoire ?

    Fabien : « Qui suis-je », vaste question. D’abord, bonjour à vous tous, et merci de l’intérêt que vous portez à mon projet. C’est grâce à vous, lectrices et lecteurs, que j’arrive à avancer dans l’écriture, ce projet aussi passionnant que prenant.

    Nico Certains lecteurs voudraient savoir à quoi tu ressembles.

    Fabien : Je ressemble à tout ce qu’il y a de plus normal. Je suis assez grand, brun, du moins pour les cheveux qui me restent, pas si nombreux, c’est pourquoi je me rase le crâne. Je suis né en 1975 et j’habite dans la région de Toulouse. J’adore cette ville. J’ai fait plusieurs boulots, mais aujourd’hui je travaille dans l’agriculture.

    Nico : Comment est née tout ça ? D’où est venue l’idée de raconter mon histoire avec Jérémie ?

    Fabien Bonne question. Je n’en sais rien. Je pense que cette histoire était en moi, ou plutôt elle s’est accumulée en moi jour après jour, expérience après expérience, désir après désir, elle a été inspirée par les garçons que j’ai pu rencontrer, côtoyer, croiser, désirer dans ma vie, la plupart du temps sans pouvoir les approcher. Cette histoire naît quelque part de la frustration.

    Et puis, à un moment un peu difficile de ma vie, lorsque j’ai eu besoin de prendre le large de mon quotidien, de pousser un grand cri pour me défouler, tout cela a commencé à sortir, comme de la lave en fusion.

    Nico : Jérém&Nico, c’est ton premier écrit ?

    Fabien Non, pas vraiment. J’ai toujours adoré écrire. Mon bureau et mon ordi sont pleins de textes commencés et jamais aboutis, d’autres terminés mais jamais partagés. Je crois que jusqu’ici je manquais de confiance en moi et de persévérance pour aller au bout de mes projets. De plus, pendant une quinzaine d’années, l’entrée dans la vie active m’avait détourné de cette véritable passion.

    Mais avant, c’était avant. Peut-être que tout simplement j’avais besoin de temps pour rêver, imaginer, vivre ou bien rater ce que j’écrirai plus tard.

    Nico : Y-t-il eu un déclic pour que tes doigts se posent sur le clavier et que tu commences à écrire ?

    Fabien A l’été 2014, je traversais une sale période dans ma vie privée. Lassé des vidéos pornos gays qui n’ont presque pas d’effet sur moi, j’ai eu envie de lire des histoires gays, plus à mêmes de stimuler mon imagination. J’ai été sur différents sites et j’en ai lues quelques unes, de qualité très inégale. Certaines d’une beauté à couper le souffle. D’autres vraiment terre à terre. Toutes ces lectures m’ont très vite donné envie de me mettre écrire à mon tour.


    L’histoire de Jérém et de Nico est née un jour de l’été 2014, lorsque j’ai eu envie de me mettre à mon clavier et de commencer à remplir de la page.

    Jérém&Nico ce n’est pas mon histoire. C’est une histoire imaginée, mais une histoire qui contient, le plus souvent entre les lignes, pas mal de mon histoire.

    Très vite, l’écriture est allée bien au delà des quelques épisodes imaginés au départ. Car, depuis le départ, elle vient toute seule, comme une évidence.

  • JN01073 Jérém prend son pied. Romain aussi. Et moi…

    JN01073 Jérém prend son pied. Romain aussi. Et moi…

    Le chemin du bonheur, cette délicieuse ligne de poils tout doux qui prend naissance dans le nombril des garçons, s’étire le long de la région vallonnée des abdos, qui descend jusqu’à la source de la virilité.

    Oui, le chemin du bonheur, ainsi appelé, j’imagine, car c’est un grand bonheur, lorsqu’on tient le sexe d’un beau garçon entre les lèvres, que de le voir courir devant nos yeux.

    C’est sur cette ligne de poils bruns posée sur un paysage d’abdos au dessin parfaitement ciselé, un bas-relief que je connais si bien pour l’avoir vu souvent de très très près, que mon esprit bloque à un instant, débordé par l’image insoutenable de mon Jérém en train de se faire sucer par le beau Romain.

    A l’instant où les lèvres du beau barbu, sont rentrées en contact avec la queue de mon Jérém, j’ai ressenti un frisson de jalousie. Mais très vite, j’ai trouvé ça terriblement excitant.

    Le torse animé par les vagues d’une respiration profonde de mec excité, le corps parcouru par une tempête de frissons, le visage balayé par des expressions typiques du bonheur sexuel, mon beau brun semble prendre sacrement son pied.

    C’est divinement beau à voir, mais en même temps, une question évidente me taraude l’esprit. Est-ce qu’il prend autant de plaisir qu’avec moi, moins ou bien davantage ?

    Le fait est qu’en plus du plaisir physique, ce petit con doit être en train de goûter au plaisir ultime de se faire sucer par un mec viril « qui ne suce pas », un mec qu’il a fait plier devant sa virilité. Et lorsque la fierté de mâle s’en mêle, la perception du plaisir peut s’en trouver faussée.

    J’adore regarder mon Jérém se faire sucer par ce Romain, ce bogoss si arrogant. Et pourtant, je trouve également quelque chose d’assez inquiétant à cela. Si Jérém prend conscience qu’il peut se taper des mecs aussi canons, et pour peu qu’ils soient doués au pieu, comment peut-il se contenter de moi à l’avenir ? Je donnerais cher pour savoir ce qui se passe dans sa tête à cet instant précis…

    Je donnerais cher aussi pour savoir ce qui s’est passé dans la tête du beau Romain lorsqu’il a vu que Jérém lui tenait tête. A quel moment son désir a basculé en lui, à quel moment il a compris que malgré son expérience, il n’avait pas d’autre choix que de céder aux envies d’un petit con bien plus jeune que lui ?

    Ma chemise ouverte, mon jeans et mon boxer le long de mes cuisses, une main partie titiller mes tétons, je me branle dans mon coin, en essayant de régler la progression de mon plaisir sur celle de mon beau brun.

    Ce que j’aimerais par-dessus tout, c’est d’arriver à me maîtriser pour jouir en même temps que lui, pour jouir en le regardant jouir.

    Suprême puissance de la branlette, capable de bien des exploits. En la pratiquant, tout devient supportable. La montée de mon plaisir m’isole momentanément de ma jalousie, ce sentiment inévitable dans une telle situation.

    Jérém prend son pied. Romain aussi. Et moi, je me branle en comptant les points.

    Dans un premier temps, Jérém se laisse faire, acceptant avec bonheur les caresses apportées par des nouvelles lèvres, par une nouvelle langue. Mais il ne va pas tarder à enfoncer les doigts dans les cheveux bruns de Romain, et à prendre la main dans cet échange de bonheur sexuel.

    Le beau barbu finit par se retrouver la tête coincée entre le mur et le magnifique mur d’abdos de mon beau brun, et à devoir encaisser, chose qu’il assure sans broncher, ses coups de reins de plus en plus rapides, de plus en plus puissants. Je me demande comment le mec « qui-ne-suce-pas » arrive à assumer tout ça. Si ce mec n’a jamais sucé, moi je suis hétéro.

    D’ailleurs, à un moment Romain met un frein aux ardeurs de mon beau brun, en le repoussant de façon plutôt musclée.

    Visiblement essoufflé par les assauts de mon beau couillu, il lâche :

    « T’es très sexy, mec. Mais vas-y mollo ! »

    Et là, en le regardant droit dans les yeux, en le dominant du haut de son mètre quatre-vingts, de toute la puissance de son torse et de sa queue bien tendue à tout juste quelques centimètres de son nez, Jérém lui balance :

    « Suce ! »

    Romain recommence à sucer, et mon Jérém renonce à son « animalité ». C’est moins brutal, mais pas pour autant moins sensuel. Bien au contraire.

    Et là, en voyant mon beau brun dans cette position, les mains appuyées contre le mur, le dos incliné vers l’avant, les fesses bien en vue, je ne peux résister à la tentation de m’approcher du feu de l’action pour y prendre part.

    Je m’approche de ses fesses musclées et je les saisis. Le beau brun ne m’a pas vu venir et accuse la surprise par un petit frisson. Mais il comprend très vite où je veux en venir et j’ai même l’impression qu’il cambre un peu plus ses reins pour m’inviter à aller au bout de mes intentions.

    Et alors, j’y vais, au bout de mes intentions. J’écarte ses fesses et j’envoie ma langue titiller son trou, décupler les plaisirs, le sien, le mien.

    « Vas-y, mec, c’est bien comme ça, vas-y, suce bien ! » j’entends mon Jérém lâcher, la voix déformée par l’excitation, comme dans un état second.

    Ses ahanements se font de plus en plus bruyants. Je sens qu’il va jouir, je sais que ça va arriver, bien avant qu’il l’annonce avec un laconique :

    « Vas-y, je viens ! »

    Et là, Romain arrête soudainement de pomper, et sa bouche quitte carrément la queue de mon Jérém. Surpris, ce dernier redresse son dos, recule son bassin, m’obligeant à cesser d’exciter son trou.

    Pourquoi Romain fait ça, pourquoi s’arrête-t-il si près du but ? La réaction de Jérém risque d’être musclée…

    D’ailleurs, sa main se raidit presque instantanément derrière la nuque du beau barbu pour lui intimer revenir illico à ce qui vient d’être interrompu. Ce dernier oppose une résistance, il dégage carrément sa main. Et, tout en le fixant droit dans les yeux avec regard empli de défi, il entreprend de le branler tout doucement. Le beau barbu tient ainsi le plaisir de mon bobrun sur un mince fil de rasoir.

    Ce qui est en train de se passer me fait repenser à la fois où je l’avais branlé longuement, en repoussant sans cesse le moment de sa jouissance, jusqu’à le rendre dingue, jusqu’à anéantir sa volonté par la montée du plaisir, un plaisir tenu, au sens propre comme au sens figuré, dans la main d’un autre.

    « Putain, suce, ça vient ! » j’entends ce dernier lâcher sur un ton à la fois autoritaire et presque suppliant. Il n’en peut plus, il en veut plus, il veut jouir.

    Pourtant, Romain le fait languir, sans pitié. Et voilà qu’à cet instant précis, tout semble basculer à nouveau. Jérém le « dominant » semble désormais complètement à la merci de Romain le « soumis ».

    Alors, qui domine l’autre, à cet instant précis ? Qui, entre celui qui détient le pouvoir ultime de faire exploser ou de retenir la jouissance d’un beau garçon, et celui qui est sur le point de jouir sans pouvoir gérer cette jouissance, est le soumis au final ?

    La chute de cette scène à haute tension, c’est Jérém qui va l’écrire. Et alors que je viens tout juste de saisir ses fesses pour y glisser une nouvelle fois ma langue, mon Jérém se dégage de l’emprise de Romain. Il pivote sur lui-même et me fourre direct sa queue dans la bouche.

    Sentir sa queue coulisser entre mes lèvres, sentir son orgasme si près, c’est fabuleux. Et même si je sais que cela va très vite se terminer, je profite de chaque instant, de chaque va-et-vient, comme d’un cadeau précieux. Et lorsque mes doigts atteignent ses tétons saillants, je sens le plaisir de mon beau mâle brun s’embraser.

    Son corps se raidit, ses poumons lâchent une profonde inspiration, ses coups de reins ralentissent, et je l’entends lâcher, ivre de plaisir :

    « Vas-y… avale… t’es une bonne salope, toi ! »

    Quelques instants plus tard, une longue succession de râles étouffés vient ponctuer son orgasme puissant, alors que de bonne giclées de jus chaud viennent percuter mon palais, atterrissent sur ma langue et glissent lentement en moi.

    Sans un mot, Jérém remonte son boxer et son froc, il part en terrasse et s’allume une clope. Romain en fait de même, s’installe à côté de lui dans la pénombre. Je les rejoins à mon tour, impatient d’assister à la suite.

    Accoudé à la rambarde, les jambes légèrement écartées, le bassin vers l’avant, Jérém affiche cet air de mâle repu qui lui va à merveille.

    Et pourtant, au fond de moi, je ne peux m’empêcher de ressentir une frustration vis-à-vis du fait que ce n’est pas moi qui lui ai offert cet orgasme, du moins pas dans son intégralité.

    Je donnerais cher pour savoir où il place le bonheur sensuel que Romain vient de lui offrir par rapport à celui que j’ai pu lui offrir lors de nos nombreuses « révisions ».

    La cigarette de Jérém prend fin. Et dans le petit espace à ciel ouvert, le silence demeure.

    Romain, qui n’a tiré sur sa clope que deux ou trois petites taffes, l’écrase à son tour. Il semble avoir une idée derrière la tête. Il rentre dans l’appart en devançant mon beau brun. Il se débarrasse de son jeans et de son beau slip rouge et blanc. Il s’installe sur le lit, le dos calé contre un oreiller, tous pecs rebondis, la queue raide et appétissante pointant le zénith.

    Le message est clair. Le beau barbu a accepté de faire plaisir à mon beau couillu. Et maintenant il s’attend à que ce dernier vienne lui rendre la pareille.

    Planté sur le seuil de la porte fenêtre, Jérém demeure silencieux et immobile, le regard figé sur le beau barbu.

    Que ressent-il en matant ce beau gars demi allongé sur son propre lit, les abdos saillants, la queue en l’air, bien tendue, en train de se branler tout doucement, avec toute l’attitude du mec qui veut se faire sucer ?

    Leurs regards s’entrechoquent en silence, un silence lourd comme du plomb.

    « Allez, viens me sucer, mec » finit par lâcher le beau Romain en direction de Jérém.

    Ah, c’est donc bien de ça dont a envie le beau barbu…

    Mais Jérém ne réagit guère. Il demeure immobile, autant dans le corps que dans le regard, toujours aussi inexpressif. Un moment de flottement qui se traîne sur plusieurs longues, très longues secondes, jusqu’à ce que…

    Jusqu’à ce que ses jambes se mettent en branle. Je le regarde approcher lentement du lit, sans quitter le beau barbu des yeux. Dans ma tête tout s’affole, je ressens tout et son contraire. Putain, il va le faire !

    Les genoux de Jérém frôlent le bord inférieur du lit. Le bogoss déboucle sa ceinture, ouvre sa braguette. Il se débarrasse de ses baskets, de son jeans, de ses chaussettes et de son boxer.

    Les secondes défilent et mon beau brun se tient là, debout, devant le beau Romain. Il bande à nouveau.

    Le beau barbu finit par s’impatienter et lui balancer :

    « Allez, viens ! »

    Jérém respire un bon coup. Il pose un genou puis l’autre sur le lit, et il avance ainsi dans l’espace entre les cuisses écartées du beau Romain. Il s’approche lentement de sa queue à la peau bien sombre.

    Agacé par tant de tergiversations, Romain saisit sa main et l’attire sur son manche raide. Elle s’y pose d’abord de façon incertaine, comme si elle avait peur ou était dégoûtée de ce contact. Puis, après un instant d’hésitation, elle se referme doucement et commence à amorcer le genre de mouvements alternés qui plaisent à un garçon.

    Et dans le regard du beau barbu je lis les prémices de l’extase.

    Les yeux de mon beau brun semblent aimantés par cette queue bien tendue à laquelle sa main apporte désormais un bonheur entier. Je vois sa pomme d’Adam s’agiter nerveusement, ses lèvres frémir. Et je ne peux m’empêcher de me dire que son attitude, son hésitation, son agitation traduisent un désir refoulé.

    Mais un combat se joue dans sa tête, entre le désir puissant de céder à cette pulsion et le désir tout aussi fort de garder son ego intact. Pas facile de franchir le pas. Notamment lorsqu’on s’appelle Jérémie T., et pour qui ce pas ressemble à un saut dans le vide.

    Quant à moi, je suis une fois de plus à la fois bien excité et inquiet vis-à-vis de ce qui semble sur le point de se révéler en lui. Vous est-il déjà arrivé de vous sentir à la fois rassurés et inquiets face à un même évènement ? C’est mon cas à cet instant précis.

    Face à un Jérém semblant prendre de plus en plus goût à l’amour physique entre garçons, je trouve beau de voir ses désirs profonds se manifester, même si c’est au contact d’un autre gars. Oui, je trouve très beau de le voir avancer vers le « Bon Côté de la Force ».

    Mais en même temps, je suis inquiet. Car, si ces nouveaux désirs se manifestent en lui, leur assouvissement pourrait l’éloigner de moi.

    En attendant, les quelques dizaines de centimètres qui séparent ses lèvres de la queue du beau Romain doivent lui apparaître comme une distance insurmontable. J’ai presque l’impression de voir clairement dans son attitude cette lutte intérieure qui l’agite, qui le déchire.

    Le beau barbu, quant à lui, semble confiant dans le fait que mon bobrun parviendra à assumer ses envies. Mais jusqu’où ce dernier est-il prêt à aller avec ce beau barbu, et a fortiori après avoir joui une première fois ?

    « Allez, vas-y, beau mec, suce-moi. Je sais que t’en as envie » finit par lâcher Romain avec un ton ferme, avec une voix basse et chaude qui ferait vibrer une montagne.

    Moi aussi, comme Romain, je pense que mon beau brun « en a envie ».

    D’autant plus que ce Romain est vraiment un beau mec, et qu’il est si possible encore plus sexy dans cette attitude, mélange d’excitation et d’agacement. Ses abdos saillants, sa belle queue raide donnent vraiment envie. Non, je ne sais même pas comment on peut résister à l’envie de le prendre en bouche.

    Mais, visiblement, Jérém le sait. Et, pour tout réponse, il arrête de le branler. Romain le fusille du regard. Celui de mon beau brun vient chercher le mien. Et c’est un regard comme… « complice ». Je le vois lever un sourcil, ce petit geste qui me fait carrément craquer chez lui, et qui donne encore plus d’ampleur à son sourire coquin. Il est beau à gifler, sexy à se damner.

    Mais qu’est-ce qu’il cherche ce petit con ? Qu’est-ce qu’il cherche avec ce regard qui accroche le mien pendant qu’il défie ouvertement le beau barbu ?

    « Allez viens sucer ! » intime Romain, ne voyant désormais aucune autre issue possible à ce plaisir proche dont les premiers échos font déjà vibrer son corps musclé.

    Et là, le fixant droit dans les yeux avec un air de défi insolent, Jérém se remet à le branler vigoureusement comme pour précipiter son orgasme. Ses biceps se gonflent sous l’effort : c’est beau et puissant, inédit et bouleversant.

    Submergé par ce plaisir intense, Romain semble oublier carrément son envie de se faire sucer par mon beau brun. Il sent qu’il ne va pas tarder à jouir, et à cet instant là c’est tout ce qui compte pour lui.

    Mais Jérém c’est Jérém, et il n’est jamais là où on l’attend.

    Alors, rien d’étonnant si quelques instants plus tard, alors qu’il semble lancé en si bon chemin, il lâche à nouveau et soudainement l’affaire.

    « Tu fais quoi ? » fait Romain, le sexe en feu, l’air ahuri, tout près de venir.

    Et là, sans un mot, Jérém se contente de lui balancer un sourire sexy et insolent.

    Et lorsque le beau barbu, ne voyant venir aucune réaction, attrape son poignet, Jérém se dégage avec un geste brusque, presque violent. Son sourire effronté est parti, remplacé par un regard menaçant.

    Face à la réaction de Jérém, le beau barbu a un mouvement de recul.

    Les deux mâles se font face, les regards sont très noirs. A force de se chercher mutuellement, les gars ont fini par bien se chauffer. Je commence à craindre que cette histoire puisse se terminer en baston.

    Surtout pas ça ! Malgré la jalousie et la frustration qui se mélangent à mon excitation, je préfère encore que ça se termine en baise entre beaux gosses, dans n’importe quelle configuration, plutôt qu’en baston. Si des coups doivent être mis, je préfère encore que ce soient des bons coups de reins que des coups sur des visages ou des corps si magnifiques. Faites comme les bonobos, faites l’amour, pas la guerre !

    Deux étalons se font face, deux beaux mâles se défient farouchement du regard. Deux queues bien tendues s’affrontent comme dans un duel à distance rapprochée. Deux fiertés, deux virilités de jeune mâle s’opposent, se chargent, se frottent violemment. La tension sexuelle est si intense que j’ai l’impression de voir des étincelles de testostérone jaillir dans la pièce.

    Leurs regards s’entrechoquent longuement en silence. Jusqu’à ce que mon Jérém pose sa main à plat entre les pectoraux du beau Romain. Elle avance lentement mais assurément.

    « Je vais plutôt te baiser » il lance, dans la voix une assurance virile qui me fait vibrer.

    « Je sais que t’en as envie » il ajoute, avec une insolence qui atteint des sommets ultimes, en faisant écho aux mots de Romain un peu plus tôt.

    Je suis scié par son culot. Je me dis que cette fois c’est bon, que Romain va l’envoyer chier. Mais à ma grande surprise, ce dernier ne cille pas, se contentant de lâcher un petit sourire. Un sourire où semblent se mélanger un certain amusement vis-à-vis de l’attitude si insolente de la part de ce mec plus jeune que lui, ainsi qu’une excitation certaine. L’envie de se faire prendre par un aussi beau mec que Jérém doit avoir le pouvoir de mettre momentanément en veille son égo de mâle dominant.

    Romain se laisse faire, son torse finit par suivre le mouvement imprimé par mon beau couillu. Un instant plus tard, le beau barbu est allongé sur le lit. Jérém décolle sa main de son torse pour la plonger dans le tiroir entrouvert de la table de chevet. Il en pioche un petit chapelet de capotes, il en détache une et la lâche sur les abdos du beau Romain. Ses doigts frôlent la peau du beau barbu pour récupérer le petit emballage, avant d’entreprendre de le déchirer.

    Et là, avec un mouvement aussi rapide que soudain, Romain relève son buste. J’ai peur qu’il se rebiffe, j’ai peur qu’il tape sur la gueule de mon Jérém. Fais gaffe, beau brun !

    Mais mon Jérém a l’air complètement détendu et à l’aise avec sa queue en l’air. Face au mouvement de Romain, il ne bouge pas d’un poil. Est-ce qu’il a vu dans le regard de Romain quelque chose que moi je n’ai pas vu ? Comme son désir, son impatience à franchir ce pas ?

    Le beau barbu arrache la capote des mains de Jérém, et s’affaire pour la dérouler le long de son mât tendu. L’image est belle, chaude à souhait.

    Romain fait désormais face à mon beau brun. Son buste avance lentement vers celui de mon beau brun, son visage approche du sien, ses lèvres se posent sur les siennes. Décidemment, ce beau barbu ne sait pas où il s’aventure.

    Et là, contre toute attente, mon beau brun se laisse faire. Romain entreprend de poser des baisers légers, répétés, pleins de désir. Des baisers auxquels mon beau brun ne répond pas, mais qu’il ne rejette pas non plus. Quand je pense à comment je me suis fait jeter pour moins que ça !

    Peut-être qu’il faudra que je tente ça, baisers et câlins, « à queue tendue ». Car visiblement c’est à ce moment-là que mon beau brun semble mieux tolérer ce genre d’« affront ».

    Les lèvres du beau barbu partent à l’assaut du creux de son épaule, remontent doucement le long de son cou, jusqu’à son oreille. Je me dis que lorsqu’une belle barbe drue comme celle du beau Romain se frotte contre un duvet brun de quelques jours comme celui de mon beau brun, ça doit déclencher la même réaction qu’une allumette sur un grattoir. Oui, j’ai l’impression que l’étincelle va bientôt jaillir, que l’embrasement est proche.

    C’est un spectacle sans pareil que de voir le beau Romain faire des câlins sensuels à mon beau brun. Un spectacle qui prend fin lorsque ce dernier pose une nouvelle fois sa main à plat sur ses pecs (ça c’est un geste qui me rend dingue, la main de mon beau brun sur les pecs saillants du beau Romain).

    Visiblement, mon beau brun a envie de passer aux choses « sérieuses ».

    Secondant ses intentions, Romain se retourne, s’allonge sur le ventre, écarte ses cuisses, lui offrant ainsi ses fesses rebondies et musclées. L’image de ce beau mâle barbu qui se donne docilement à mon beau brun de plusieurs années son cadet est complètement dingue.

    Jérém crache sur ses doigts, il enduit l’entrejambe offerte. Le bout de son engin capoté se faufile entre les fesses du beau barbu. Ce dernier frémit. Jérém appuie plus fort. Romain grimace plus fort. Jérém s’y reprend jusqu’à arriver à se frayer un chemin dans le beau cul musclé. Les frémissements du visage du beau Romain indiquent clairement que son corps accuse la venue du bel engin.

    « On te sent bien passer, toi !» fait le mec, le souffle soudainement coupé.

  • JN01072 Un très beau mâle brun et un mâle brun très beau

    JN01072 Un très beau mâle brun et un mâle brun très beau

    Je rentre en dernier dans l’appart et je referme la porte derrière moi. Mon regard parcourt ces quatre murs sans lesquels rien de ce qui s’est passé entre Jérém et moi depuis des mois n’aurait été possible. S’il avait créché chez ses parents, jamais je n’aurais osé lui proposer de réviser ensemble. Et du coup, toutes nos baises n’auraient certainement pas eu lieu. Ni celles consommées ici, ni très probablement celles dans d’autres endroits, chiottes du lycée, piscine, vestiaire du rugby. Non, sans le premier théâtre de nos « révisions », tout le reste n’aurait pas été possible. Sans ce lieu pour les révisions, il n’y aurait pas eu de « révisions », aucune d’entre elles.

    Je me suis toujours demandé comment se passaient les véritables moments de révision (car il y en a bien eu quand même) dans la tête de Jérém. A quoi pensait Jérém dans ces moments-là ? Est-ce qu’il ne pensait qu’a la partie de baise qui allait suivre ou qui venait juste de se passer, ou bien, est-ce qu’il appréciait un tant soit peu ma compagnie, même s’il ne le montrait pas ?

    Sans un mot, Jérém avance droit vers le frigo, l’ouvre, il en sort trois bières. Le regard fuyant, il en tend une au beau Romain. Ce dernier l’accepte en la troquant contre un sourire incendiaire, un smiley sexy en diable et éminemment canaille que Jérém fait mine de ne pas remarquer.

    La troisième bière est pour moi. Jérém me la tend de la même façon, sans me regarder.

    D’un geste anormalement précipité, il dévisse la capsule de la sienne et la balance négligemment dans l’évier. Il porte le goulot entre ses lèvres, il bascule la tête vers l’arrière et il en boit une bonne rasade. Sa pomme d’Adam s’agite nerveusement sous l’effet d’une déglutition rapide. En quelque secondes, la moitié du contenu de la petite bouteille a disparu.

    Je ne me sens pas à l’aise et j’ai l’impression que Jérém est tendu aussi, preuve en est que ses yeux sont toujours aussi fuyants. Est-ce qu’il ne serait pas en train de demander à l’alcool de lui venir en aide pour se détendre et oser ce plan qui semble le mettre tout aussi mal à l’aise que moi ?

    Romain est le seul de nous trois qui a vraiment l’air très bien dans ses baskets. Il boit sa bière par petites gorgées, le regard fixement ancré sur mon beau brun, l’air d’un lion qui guette sa proie et qui est prêt à bondir dès que le bon moment va se présenter.

    Jérém s’allume une clope et part la fumer sur la terrasse.

    Le « lion » Romain, magnifique et puissant félin mâle, lui emboîte le pas. La chasse est ouverte.

    Je les rejoins à mon tour. Dans mon champ de vision, t-shirt blanc moulant et t-shirt noir cintré. J’ai l’impression que toute la beauté du monde est sous mes yeux cette nuit.

    Mais plus les minutes passent, plus j’ai l’impression que mon beau brun est intimidé par l’assurance et le calme insolent de ce beau barbu. Sa nervosité est de plus en plus évidente. Oui, j’ai la sensation de plus en plus nette que la détermination de mon Jérém est en train de vaciller. Par ailleurs, j’ai également l’impression que Romain a lui aussi bien capté cet état des choses et qu’il sait que cela lui donne un certain avantage. Ainsi, au fur et à mesure que mon Jérém semble perdre pied, Romain semble triompher.

    Le fait de voir mon beau brun un tantinet perdu, dépassé par la situation, a pour résultat de le rendre particulièrement touchant à mes yeux.

    Mais en même temps, je suis impatient de découvrir comment tout ça va se décanter, de quelle façon les « rôles » vont se distribuer, comment leurs virilités vont se rencontrer, se confronter, se jauger, se mélanger, s’affirmer, ou se dérober.

    Les rafales de vent font remonter de la rue les voix alcoolisées des derniers fêtards du samedi soir. A côté de cela, un petit chant d’oiseau au loin s’insinue dans le vent et semble parler de l’été naissant, et de toutes ses promesses de vacances, de liberté, de plaisir.

    Mais sur la terrasse au premier étage du petit immeuble rue de la Colombette, le silence se prolonge. Et il commence à se faire carrément gênant.

    C’est le beau Romain qui se charge de le briser.

    « Au fait, on ne s’est pas présentés. Moi c’est Romain » il lâche, tout en se retournant vers Jérém et en posant son regard sur lui, alors que ce dernier semble toujours complètement ailleurs.

    Bah, ça on sait. On a entendu tes groupies t’appeler par ton beau prénom, tout à l’heure, avant de rentrer au On Off.

    Jérém avale la dernière gorgée de sa bière. Son bouclier liquide vient de s’évaporer. Mon beau brun est à découvert, il est « à poil » devant le regard pénétrant du beau barbu Romain.

    « Jérém, il finit par lâcher, le regard toujours fuyant.

     — Et moi c’est Nico » je me manifeste.

    Et là, ce n’est pas un regard de beau brun que je capte, mais deux. Ah quand-même, ça fait plaisir que vous vous souveniez que je suis là !

    Le regard de Jérém repart très vite ailleurs. Et celui de Romain atterrit très vite à nouveau sur mon bobrun. Et c’est un regard lourd, sensuel, tellement magnétique qu’il est capable d’harponner celui résolument évasif de ce dernier.

    Je suis bien placé pour savoir que s’il y a une chose à même d’indisposer mon Jérém, c’est le fait de sentir « bousculé », ne serait-ce que par un regard insistant. Alors, je ne suis guère étonné par le retour dur, froid, distant, glacial, presque agressif qu’il lance au beau barbu. C’est sa stratégie de défense, une défense de beau brun ténébreux.

    Le vent caresse mon visage, mes bras, mon cou, s’insinue au travers du tissu de ma chemise, caresse mon torse, affole mes tétons. La tension érotique est palpable, je sens le désir monter en moi, je me sens bander. J’ai envie de voir comme tout cela va se dénouer.

    Mais mon Jérém ne semble pas du tout pressé d’en découdre. Il allume une nouvelle clope. Mais alors, que t’arrive-t-il, cette nuit, mon beau brun, toi d’habitude si à l’aise avec ta sexualité, toi qui ne penses qu’à baiser ?

    Alors, c’est encore Romain qui ose. Qui ose lever poser sa main sur le biceps de mon beau brun, et qui ose balancer :

    « Il est beau ton tatouage. Il est très sexy » tout terminant par un « eh ben… »

    Oui, mec, « eh, ben », comme tu le dis. C’est du muscle de rugbyman, et c’est super ferme, oui. Alors que la peau est si douce.

    Jérém finit par sourire, mais son sourire est crispé. Il écrase sa cigarette dans la foulée, et, sans un mot, il avance pour rejoindre le séjour.

    Je m’écarte légèrement pour le laisser circuler. Mais il passe tellement près de moi que je sens non seulement l’odeur de son deo, mais également la chaleur de son corps irradier contre le mien.

    Une fois à l’intérieur, je le vois se diriger vers le frigo, l’ouvrir à nouveau, attraper de nouvelles bières. Romain vient de rentrer à son tour dans le petit séjour en passant devant moi sans même me calculer. Deuxième proximité fugace de beau brun, deuxième traînée de parfum à vriller mes neurones.

    Jérém lui tend une nouvelle bière. La réaction de Romain est un simple sourire à la fois amusé, limite railleur et puissamment charmeur. Et là, au lieu d’accepter la bière qui lui est offerte, je l’entends balancer :

    « Eh, mec, on n’est pas venu ici que pour boire des bières ! »

    Accompagnant le geste à la parole, Romain ôte tout simplement son t-shirt noir. Il s’y prend de cette façon moins usuelle, en l’attrapant par l’arrière du cou et en tirant vers le haut. Sa demi-nudité dévoile des tablettes de chocolat parfaitement dessinées, ainsi que des pectoraux rebondis et fermes, le tout donnant lieu à un torse harmonieux et puissant, sur lequel une belle pilosité mâle ne fait qu’ajouter encore de l’intensité à une sensualité déjà incandescente.

    Torse nu, avec son joli jeans tenu par une épaisse ceinture de mec mais porté assez bas pour laisser entrevoir la naissance du pli de l’aine, Romain est terriblement sexy.

    Le départ de ces deux lignes anatomiques inclinées qui séparent l’abdomen du bassin et qui convergent tout droit vers le sexe, conduisent l’œil et l’esprit à s’interroger au sujet d’une virilité encore tout juste suggérée mais déjà capable d’enflammer le désir le plus explosif.

    Et si on ajoute à cela la présence d’un délicieux chemin de poils qui part de son nombril et qui descend tout droit vers sa virilité, voilà que ce mec habillé de sa demi-nudité, avec en prime cet air hyper à l’aise, est juste à craquer.

    Ainsi, le t-shirt noir vole en premier, dévoilant ainsi un « manifeste de virilité » qui appelle une riposte tout aussi haute en sensualité.

    « Non, je ne pense pas » j’entends mon Jérém réagir.

    Et là, joignant le geste à la parole, il repose illico les bières et referme la porte du frigo restée ouverte pendant quelques instants d’égarement. Les mains ainsi libérées, il riposte à l’attaque sensuelle de son hôte avec les mêmes armes.

    Jérém, son truc, sa technique pour se débarrasser de son t-shirt, c’est la plus classique, qui est également la plus « mec » qui soit à mes yeux. A savoir, celle qui consiste à croiser les avant-bras contre les abdos, puis attraper le bas du t-shirt de chaque côté, le soulever d’un geste rapide et presque machinal. Le coton glisse le long du torse et une demi-seconde plus tard se retrouve retourné, glisse le long de ses bras, et se retrouve tenu entre ses doigts.

    Et voilà, le t-shirt blanc vient de voler à son tour. Et son retrait, tel un rideau qui se lèverait pour montrer le plus beau spectacle du monde, permet de déballer une nouvelle tablette de chocolat si bien dessinée que Michel-Ange et Léonard se la seraient disputée pour la croquer.

    Torse nu, avec son joli jeans tenu par une épaisse ceinture de mec mais porté assez bas pour laisser entrevoir la naissance du pli de l’aine, Jérém est terriblement sexy.

    Le départ de ces deux lignes anatomiques inclinées qui séparent l’abdomen du bassin et qui convergent tout droit vers le sexe, conduisent l’œil et l’esprit à s’interroger au sujet d’une virilité encore tout juste suggérée mais déjà capable d’enflammer le désir le plus explosif.

    Et si on ajoute à cela la présence d’un délicieux chemin de poils qui part de son nombril et qui descend tout droit vers sa virilité, voilà que ce mec habillé de sa demi-nudité, avec en prime cet air hyper à l’aise, est juste à craquer.

    C’est drôle, j’ai l’impression d’avoir déjà vu ça quelque part…

    Un peu plus tôt dans la nuit je m’étais dit que le contraste entre t-shirt blanc et t-shirt noir n’allait pas tarder à s’estomper pour laisser la place à un contraste bien plus nuancé de peaux mates. C’est précisément ce qui vient de se produire. Et force est de constater qu’entre ces deux torses nus de beau brun à la peau mate, il y a de quoi perdre la raison.

    Car là, on s’élève à des sommets de beauté masculine où les mots n’ont plus cours, où le verbe se retrouve complètement insuffisant et impuissant. Une telle canonitude ne se décrit pas, ne se raconte pas, car elle est tout bonnement impossible à figer avec des mots. Elle se vit, se respire, se ressent comme le plus exquis des plaisirs.

    Les deux mâles bruns se toisent, se défient dans un duel à la testostérone où chacun possède sa propre stratégie d’attaque. Le regard de Jérém est noir, ténébreux, alors que celui de Romain est illuminé par un sourire impertinent, un brin arrogant.

    Jérém s’est planté à côté de la porte d’entrée, le genou plié, la pointe du pied appuyée contre le mur. La tête fièrement remontée, le sourcil un tantinet froncé, un regard de charmeur sensuel.

    C’est encore Romain qui dégaine le premier. Avec un geste calme et méthodique, il ouvre sa ceinture, déboutonne sa braguette et dévoile un slip rouge et blanc du meilleur effet. Un slip déformé par une jolie bosse, elle aussi du meilleur effet.

    Et son regard, mon Dieu ce regard ! Intense, lourd comme une masse, accroché à la superglue à mon Jérém, dégageant une sensualité presque radioactive.

    Je ne sais pas comment Jérém peut résister à ce petit geste combiné de la tête et du cou que le beau Romain lui balance à un moment, signe évident de ce qu’il attend de lui.

    Les forces en présence commencent à découvrir leurs positions. Non, Romain n’est pas venu pour boire des bières. Ni pour sucer mon beau brun. Il est venu ici pour se faire sucer par mon beau brun.

    Et lorsque Jérém décolle les épaules du mur, lorsque son bassin semble remuer pour préparer ses jambes à avancer en direction de Romain, j’ai l’impression que mon cœur va bondir de ma poitrine. Putain, il va le faire !

    Mais non, son petit mouvement n’a servi qu’à reprendre appui avec son pied contre le mur. Désormais mon beau brun semble avoir retrouvé de l’assurance, et même beaucoup d’assurance. Et dans son regard j’ai l’impression de capter une étincelle résolument insolente.

    Je ne sais pas exactement à quel moment tout ça s’est remis en place dans sa tête. Peut-être lorsque le beau barbu, impatient de conclure, a dévoilé en premier ses pions, ses attentes.

    Quoi qu’il en soit, j’ai l’impression que mon Jérém vient de retrouver ses marques. Je le vois dans son attitude, je le vois dans ce regard qu’il fronce jusqu’à que ses yeux ne soient plus que deux fentes dégageant une virilité puissante et insolente.

    Et j’ai la confirmation définitive de cet état de choses, de cet état d’esprit, lorsque je le vois ouvrir sa ceinture à son tour. Le mouvement est lent, tellement lent qu’il me laisse le temps de bouillir d’impatience. La braguette s’ouvre bouton après bouton, dévoilant son boxer déformé par sa jolie poutre déjà bien raide.

    L’attitude de petit con de Jérém a réussi à ravir un petit sourire au beau Romain. Romain qui, une seconde plus tard lui balance sans détour :

    « Allez, viens me sucer ! »

    Et après avoir marqué un petit silence brûlant d’érotisme, il assène le coup de grâce : « Je sais que t’en as envie ! »

    Ça c’est une réplique que j’ai déjà entendue. C’est une réplique de mâle dominant qui a été lancée à mon attention, dans cette pièce même, bien des fois au cours des semaines de nos « révision ». Décidemment, le lexique de mâle dominant possède un vocabulaire universel qui lui est propre.

    Jérém accuse le message de Romain en lançant un nouveau sourire, un sourire amusé de pur défi de p’tit con. Non, Jérém n’a pas envie de sucer ce mec. Il attend autre chose de lui.

    Romain commence à avoir l’air de s’impatienter. Jérém, au contraire, semble avoir retrouvé toute son assurance et, avec elle, un calme insolent et résolument provocateur.

    Difficile de dire quelle serait ma préférence, entre le plaisir de voir mon beau couillu triompher de la virilité de Romain, ou plutôt celui de voir ce beau barbu, un peu plus âgé que mon Jérém, faire découvrir à ce dernier le plaisir de se plier à sa puissance sexuelle.

    D’un côté, l’idée que Jérém puisse avoir cette envie, me rend dingue. Mais d’un autre côté, je pressens que cette expérience pourrait à terme se révéler dangereuse.

    Certes, peut-être que sur le moment il serait capable de prendre son pied avec ce gars. Mais est-ce qu’il l’assumerait, après ? Aussi, le fait que j’en sois témoin, que j’assiste à sa « chute » du rôle de « mâle alpha », pourrait bien encore compliquer les choses dans sa tête déjà bien en vrac, et également lui rendre ma présence insupportable à l’avenir.

    Il y aurait une troisième issue à cette situation : que Jérém se dégonfle et qu’il foute à la porte le beau barbu. J’en serais vraiment frustré et déçu, mais cela présenterait l’avantage de laisser mes fantasmes intacts et d’avoir cette nuit mon beau brun rien que pour moi. Mais je sais que sa fierté de mâle est incapable de reculer, et surtout pas après s’être engagée si loin.

    Oui, Romain a l’air de commencer à s’impatienter, mais Jérém ne bouge pas d’un poil. Et, tout en le regardant fixement dans les yeux, il allume une nouvelle cigarette avec des mouvements lents, contrôlés. Oui, c’est officiel, le petit con a remis le pied à l’étrier.

    Jérém n’a pas le temps de tirer sa première taffe que le beau Romain s’approche de lui, en s’arrêtant si près qu’il pourrait l’embrasser juste en pliant son cou. Mon beau brun ne se gêne pas pour terminer d’expirer lentement la fumée de sa clope sous son nez.

    Et là, Romain lui arrache la cigarette des doigts, la glisse ensuite entres ses lèvres, il en tire une bonne taffe et la balance enfin dans l’évier juste à côté. Un instant plus tard, il expire lentement la fumée à la figure de Jérém comme ce dernier vient de le faire avec lui.

    Romain s’approche un peu plus encore de mon Jérém. Bientôt les deux torses musclés vont se frôler. Bientôt leurs bouches vont se rencontrer.

    Ah, non, pas ça ! S’il permet à ce mec de l’embrasser, alors qu’il n’a jamais accepté que je l’embrasse, je vais péter un câble !

    Mais le beau barbu a prévu autre chose. Il relève les bras, il appuie les paumes des deux mains contre le mur d’une part et d’autre de la tête de Jérém. Il plie ensuite son cou et il approche ses lèvres vers son oreille gauche, qu’il commence à mordiller.

    Mon beau brun frémit. Je sais à quel point il est sensible à ce genre d’effusion. Cependant, il ne réagit pas, il se laisse juste faire.

    Romain décroche une main du mur pour la poser derrière le cou de mon beau brun, tout en amorçant un geste exprimant l’évidente intention de le faire mettre à genoux. Le beau barbu semble très sûr de son coup. Mais Jérém lui tient tête.

    « Allez… » insiste le beau Romain.

    Un instant plus tard, Jérém décolle ses épaules du mur, avance vers le beau barbu presque d’un bond. Il porte ses deux mains sur ses pecs, le repousse. Puis, tout en le regardant fixement dans les yeux, lui balance :

    « Suce-moi ! »

    BAM ! Du pur Jérém. C’est beau.

    « Naaaan, mec, je ne suce pas. Ce sont les autres qui me sucent » fait le beau Romain, sans se laisser intimider par l’injonction de Jérém.

    Et là, sans se démonter, avec ce sourire de parfait petit con qui ne le quitte plus, mon beau brun tranche net :

    « Moi non plus je ne suce pas. Alors, soit tu changes d’avis, soit tu dégages ! »

    Décidemment, mon Jérém n’a pas froid aux yeux. La tension monte encore d’un cran. Et, à ma grande surprise, c’est encore Romain qui désamorce. Décidemment, le rapport de forces a changé de camp.

    « Et lui, il peut pas sucer ? » il lâche, tout en me désignant avec un geste désinvolte de la tête, mais sans même m’adresser ne serait-ce que la moitié d’un regard.

    Oh que si, oh, que si, je peux sucer, et plutôt deux bruns qu’un. Mais alors que je me sens prêt à accepter sa suggestion et à me « sacrifier » pour mettre mes compétences au service de la paix entre beaux mâles en rut, j’entends mon beau couillu balancer sèchement :

    « Non, il suce pas ! »

    Ah, merde. Et dire que j’avais justement envie de sucer. Je suis à la fois vexé et excité de cette façon de Jérém de diriger le jeu.

    « Si personne ne suce, ça ne sert à rien de continuer à se chauffer » conclut sèchement le beau Romain.

     — C’est ça, confirme Jérém avant d’ajouter froidement, alors à toi de voir ! »

    Quelques instants plus tard, un beau brun à la peau mate est à genoux devant un autre beau brun à la peau mate. Un mâle est dompté par la virilité d’un autre mâle, et il ne semble vraiment pas bouder son plaisir.

    Les épaules appuyées contre le mur, le bassin avancé, le beau brun debout ne quitte pas des yeux son manche disparaissant dans la bouche de l’autre et réapparaissant aussitôt au gré des mouvements alternés d’une fellation intense.

    Tout est excitant. La proximité des corps magnifiques, le contact de la bouche de l’un avec la queue de l’autre, la rencontre de leurs plaisirs enfin accordés.

    Excitante même cette « humiliation », le fait que mon beau couillu pousse le bouchon jusqu’à m’imposer de le regarder découvrir de nouveaux plaisirs avec un autre. Lui qui me fait des sketchs de jalousie alors que je me fais tout simplement draguer. Sacré petit con, va !

    Commentaires

    ZurilHoros

    06/07/2020 20:21

    L’évolution de leur rapport continue. L’intéraction entre Jérémie et Nicolas est tellement bien observée, que l’on visualise tout. Les hésitations, les excitations, les réticences, les emballements.   

    Perock

    21/01/2018 20:52

    J’adore le nouveau jerem, il commence enfin à accepter nico. Sa aurait été parfait si il avait accepté de se faire porter malade, ou qu’il lui propose de se voir le dimanche. Mais avec jerem je redoute que le lundi arrive mais sans lui

    Gripsou22

    21/01/2018 15:06

    J’ai énormément pris de plaisir à lire cet épisode et j’ai même beaucoup bandé tout du long !  C’était tout simplement génial ! Enormément d’érotisme de sensualité et de tendresse, j’étais complètement transporté ! Un Jérémie à la fois viril dominant doux et tendre, des caresses de nombreuses jouissances, difficile d’imaginer à quel point Nico peut être heureux après cet épisode… C’est très touchant de voir Jérémie qui s’occupe à ce point du plaisir de Nico. Il est difficile pour moi d’exprimer ce que je ressens après cet épisode : tout est parfait mais tout va s’effondrer bientôt…

    Yann

    19/01/2018 15:51

    Oh que oui j’ai beaucoup apprécié ! Jerem est définitivement plus le même depuis qu’il s’accepte tel qu’il est dans sa relation avec Nico. C’en est d’autant plus troublant et touchant de voir comment, ce garçon perturbé qui réagissait par la violence à ce qu’il vivait, est devenu si adorable, attentionné et tellement complice de Nico. Cette fusion de leur corps et de leur esprit c’est ce que je trouve le plus beau quand en plus il y a tes mots Fabien pour la faire partager. Ce que je redoute comme probablement d’autres lecteur c’est le drame après l’apothéose.  Yann

  • JN01071 La nuit est jeune, et le spectacle ne fait que commencer

    JN01071 La nuit est jeune, et le spectacle ne fait que commencer

    Je n’aurais jamais dû envisager de partir avec Martin. Je n’aurais pas dû avouer à Jérém que j’avais couché avec Stéphane. Je n’aurais pas dû lui parler comme je lui ai parlé dans la voiture, le provoquer à ce point. Je savais qu’en le bousculant de la sorte, j’allais lui donner le prétexte pour me préparer un sale coup. Voilà sa vengeance. Me traîner au On Off et me planter là, dans ce couloir sombre, pour partir sans moi à la recherche d’un plaisir rapide. C’est donc de cette façon qu’il va me faire payer mon effronterie. C’est donc cela que présageait son silence obstiné dans la voiture.

    Je devrais savoir depuis le temps que lorsque j’essaie de l’atteindre, ça se retourne toujours contre moi ! Et là, j’ai tout gagné !

    J’ai envie de partir, de me tirer de là, de cet endroit qui m’étouffe, qui me dégoûte, j’ai envie de me casser avant de voir mon beau brun faire profiter quelqu’un d’autre de sa puissance virile, chose qui ne saurait pas tarder.

    Mais je n’arrive pas à me résoudre à partir. Je sais qu’en restant je m’expose certainement à assister à des choses qui vont me faire très mal. Mais tant pis, je ne peux faire autrement.

    J’avance à mon tour dans le deuxième couloir et je retrouve mon con de beau brun en train de fumer dans un coin de passage où ça défile pas mal. Je m’arrête à bonne distance, dissimulé dans la pénombre bien épaisse.

    De nombreux mecs passent devant mon beau brun, mais sans s’arrêter. Ces comportements, qui paraissent inexplicables au premier regard peuvent peut-être se justifier en partie à cause du fait que Jérém a l’air de ne s’intéresser qu’à sa clope. Aussi, ils n’osent peut-être tout simplement pas aborder un canon pareil, à l’air si inaccessible, une bombasse sans nom qui en plus se la joue à fond « mec dans sa bulle ».

    A défaut de s’arrêter, chaque mec le regarde, bien évidemment. Certains discrètement, osant à peine lorgner sur sa plastique de rêve, alors que d’autres le toisent de façon plus appuyée et que d’autres encore le détaillent comme s’ils lui faisaient passer un scanner.

    Oui, les mecs défilent pendant un moment sans apparemment oser l’aborder. Et puis, à un moment, parmi eux, il y en a un qui ose. Qui ose s’arrêter. Qui ose être très beau mec avec des cheveux châtains bouclés. Qui ose un t-shirt vert mettant en valeur un torse plutôt sympa. Qui ose un sourire très charmant. Qui ose s’installer contre le mur à côté de lui. Qui ose sortir une clope. Et qui ose NE PAS AVOIR UN PUTAIN DE BRIQUET POUR L’ALLUMER !!!!!!!

    Le coup du briquet. Ça doit être plus facile d’aborder quelqu’un en étant fumeur. Ça doit être pratique d’essayer d’allumer un mec en commençant par se faire allumer une cigarette.

    Le mec sort sa clope, la montre à Jérém en l’agitant en l’air, tout en dégainant un joli sourire. Et mon beau brun sort son briquet pour dépanner. Ce n’est pas la première fois de la soirée que mon beau brun se dévoue ainsi. Mais cette fois-ci, je trouve l’opération bien plus dangereuse.

    La suite est logique. Le gars remercie mon beau brun et commence à lui parler. Un contact est établi. Mon bobrun se laisse aborder. Le gars continue de lui parler et Jérém sourit. Il se laisse draguer. Entre Jérém et le mec bouclé il semble se passer un truc.

    Un nouveau gars sort de la pénombre et se dirige droit vers le « bouclé », qui l’accueille avec un grand sourire. Ils ont l’air de se connaître. Le « bouclé » semble présenter mon Jérém au nouvel arrivant. Les deux potes discutent un moment entre eux. Puis, le « bouclé » approche ses lèvres de l’oreille de Jérém pour lui chuchoter quelque chose. Et c’est un « quelque chose » qui a le pouvoir de déclencher chez mon beau brun l’un de ces sourires sexy et coquins que je lui connais si bien.

    Avec un léger mouvement de la tête, Jérém semble acquiescer à ce « quelque chose ». Je suis scié. Dans ma tête, je suis sûr que les deux gars viennent de lui proposer un plan à trois. Et lui, il a l’air partant ! Je suis consterné.

    Résultat des courses : il aura suffi d’à peine cinq minutes à ce con de Jérém pour lever, non pas un gars, mais deux. Cette nuit, dans cette backroom, mon Jérém va baiser, c’est sûr. L’imaginer en train de sauter d’autres mecs m’est insupportable. Une boule brûlante de jalousie et de colère ravage mon ventre.

    Là, je sors de mes gonds. Et, de ce fait, également de ma cachette. Un regard en biais de mon beau brun me donne la certitude qu’il m’a vu.

    Un instant plus tard, je le vois décoller le dos du mur et suivre le « bouclé » et son pote. Ils avancent vers un troisième couloir parallèle au premier. Et Jérém ne se prive pas pour me balancer un dernier regard, provocateur, narquois.

    Mais quel connard ! Il ose me faire ça, se faire un plan direct avec deux mecs, sous mes yeux, après avoir cassé mon plan avec Martin ! Et en plus, il se fout ouvertement de ma gueule ! Je suis dépité.

    Je le regarde disparaître dans la pénombre, dans un nouveau méandre de ce labyrinthe dans lequel j’étouffe. Les secondes s’enchaînent, des gars me passent à côté sans même me regarder. Je crois que je suis en train de me liquéfier sur place.

    Oui, j’étouffe dans ce couloir sombre et glauque où je viens de perdre mon Jérém. Et pourtant, je n’arrive pas à donner l’ordre à mes jambes de partir de là. Des minutes s’écoulent ainsi, dans ma tête une tempête de questionnements sans réponse, sans issue. Je reste planté là, jusqu’à sentir monter en moi la certitude que Jérém et son duo de pédés sont désormais dans une cabine, la porte coulissante tirée derrière leur ébats.

    Je dois me rendre à l’évidence : je ne pourrai pas empêcher Jérém de coucher avec ces deux gars. Je ne pourrais plus. J’aurais dû faire un scandale lorsque je les ai vus partir. Peut-être que j’aurais pu empêcher le pire de se produire. Mais maintenant, c’est fini. C’est dans ce couloir sombre qui pue la baise rapide que je perds mon Jérém pour de bon. C’est horrible d’écrire le dernier épisode de notre « histoire » dans ce lieu, et de cette façon.

    Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi Jérém a-t-il ressenti le besoin de se perdre dans ce couloir, dans l’une de ces cabines, avec ces gars, visiblement des habitués des lieux ?

    J’ai l’impression que si je ne sors pas vite de là, je vais faire un malaise. J’ai besoin d’air, vite.

    En remontant à rebours les couloirs sombres en direction de la salle principale, je me dis que je suis vraiment con. Je savais que j’aurais dû rentrer chez moi une fois descendu de la 205.Je la sentais mal cette fin de soirée. Je savais que j’avais été trop loin avec Jérém. Il serait peut-être rentré au On Off quand même, mais je ne l’aurais pas su, et je n’aurais pas connu cette humiliation.

    J’avance lentement vers la sortie, les jambes lourdes, les pieds traînants, déçu. Je sais que Jérém n’est pas un sentimental. Mais de là à l’imaginer baiser vite fait avec deux inconnus dans une cabine minuscule et sombre, cela était au-delà de ce que je pouvais concevoir.

    Désormais, à mes yeux Jérém va être sali par ce lieu, par cette rencontre, par cette baise rapide et anonyme. Je suis vraiment, vraiment déçu. Je sais que c’est fini. Mais en même temps je sens que quelque chose en moi vient de casser. J’ai l’impression que mon regard vient de changer. J’ai l’impression que cela salit même ce qui s’est passé entre nous.

    A cet instant, je me dis que Jérém vient de trahir quelque chose que j’aimais beaucoup chez lui, le fait que c’était un gars « hors milieu ». Je me dis que plus jamais je ne le verrai de la même façon qu’avant cette nuit, avant cette descente au On Off. Car lorsque je penserai à lui, je penserai également à ce moment, à cette trahison, à cet endroit glauque.

    Pourquoi il a tout gâché, ce con ?

    A quelques pas de la sortie, je remarque un mec posté sur le seuil d’une cabine ouverte. Il me mate sans retenue. Je vais devoir passer à côté de lui dans le couloir étroit, et je ne me sens pas vraiment à l’aise. Mon cœur tape très fort dans la poitrine. C’est con, mais j’ai peur de me faire brancher.

    Un pas de plus et son regard s’ouvre dans un sourire clairement lubrique. Un pas encore et j’arrive à mieux le détailler. Un brun, un petit brun, un peu plus petit que moi, pas super beau mais pas moche non plus. Encore un brun, encore un t-shirt blanc. Certes, moins divinement rempli que celui de mon Jérém, mais pas mal quand même.

    Lorsque j’arrive à environ deux pas de lui, le gars me lance un petit signe de la tête, une très claire invitation à le rejoindre dans le petit espace sombre. Soudain, mon malaise semble disparaître. Je sens l’excitation d’un plaisir certain et immédiat s’emparer de chaque fibre de mon corps et chasser mes réticences. Et alors qu’un instant plus tôt je voulais tous simplement fuir ce lieu, d’un coup je ressens une puissante envie de m’étourdir de sexe. Certains boivent pour oublier, d’autres baisent. Je sais, je m’apprête à faire exactement ce que je viens de reprocher à Jérém, je m’apprête à me perdre moi aussi dans cet endroit de débauche. Mais qu’importe désormais, alors que je viens de perdre le gars que j’aime.

    J’ai envie d’oublier, oui, mais j’ai aussi et surtout envie de ne pas rentrer seul comme un con. J’ai envie de me sentir désiré sexuellement, même si ce n’est que pendant quelques minutes. J’ai envie de me faire sucer, ce qui signifie aussi prendre mon pied tout en prenant des risques. Car le risque me fait très peur à cet endroit. Pour moi comme pour Jérém. Pourvu qu’il se protège.

    Et puis, au fond, je m’en tape, qu’il fasse ce qu’il veut de sa queue.

    Cette dernière réflexion me donne mal au ventre. Et encore plus envie de me laisser aller dans cet endroit où tout est aléatoire, intense et sans suite, et où la connaissance de la taille d’une bite est plus importante que celle d’un prénom.

    Je m’arrête et je lui balance un petit sourire, signal que le gars semble recevoir avec un plaisir manifeste.

    Je suis tout proche de lui. Non, il n’est pas moche. A moins que mon excitation et mon besoin de m’étourdir ne soient en train de revoir mes exigences à la baisse. De toute façon, une fois qu’il sera à genoux, qu’il soit canon ou pas, ça ne fera pas la différence. Pourvu qu’il sache aussi bien sucer que Stéphane, ma seule référence à l’heure actuelle.

    Stéphane, tiens. Ça me va bien de penser à lui en ce moment, dans cet endroit. Quand je pense à toutes ses mises en garde et, par-dessus toutes, à celle de faire attention à ne pas perdre « mon âme » dans le milieu gay, à suivre mon cœur, ça me donne la mesure d’à quel point je me suis égaré.

    Je suis certain qu’il serait pas vraiment fier de moi s’il savait ce que je m’apprête à faire. Je suis certain qu’il comprendrait enfin que je ne suis pas le gars bien qu’il semble croire. Je suis certain qu’il serait déçu par moi. De toute façon, tôt ou tard, je finis toujours par décevoir les gens qui ont cru en moi.

    Lorsque j’arrive à proximité du gars, mon regard tombe au-delà de l’encadrement de la porte. Et je me rends compte d’à quel point l’espace est exigu. La cabine est quasi complètement occupée par un lit avec un matelas à la surface lavable, ainsi que par une petite étagère sur laquelle trônent des capotes en vrac et un tube de gel.

    C’est là que je me dis : non, ça ce n’est pas possible. Ce n’est pas de ça dont j’ai besoin. Je dois partir, maintenant. Et lorsque je sens la main du gars se poser sur mon avant-bras pour m’entraîner dans le petit espace, j’ai un réflexe de recul.

    Non, je ne peux pas. Si Jérém peut, moi je ne peux pas. Le gars affiche un l’air surpris et déçu. Dans sa tête, il doit se dire : « Tiens, encore un mytho ».

    Mais tant pis. Non, je n’ai pas envie de me retrouver seul chez moi. Mais j’ai encore moins envie de me retrouver seul dans cette petite cabine minable avec ce mec qui se tirera dès son affaire conclue.

    « Désolé, je ne peux pas » je lui balance tout bas, sorte de cri silencieux et désespéré, pendant que je presse mon pas vers la porte au fond du couloir.

    Me revoilà enfin dans la salle. Je respire profondément, premier réflexe de survie. J’ai chaud, j’ai soif, je suis fatigué et amer. J’ai du mal à respirer. J’approche du comptoir, je prends place sur un tabouret vide et je commande un soda.

    Assez d’alcool pour ce soir. D’ailleurs, je ne sais pas si c’est l’effet des bières qui se baladent dans mon sang ou juste une illusion, mais maintenant que Jérém n’est plus dans les parages, j’ai l’impression que certains regards se posent sur moi. Mais à cet instant précis, je ne suis vraiment pas d’humeur à me laisser brancher.

    Je sais que cette image de mon Jérém s’éclipsant sous mes yeux avec ces deux gars, son regard narquois en prime, va me marquer au fer rouge. Je sais qu’une fois seul chez moi je vais m’effondrer. C’est pourquoi je reste, redoutant par-dessus tout de me retrouver seul. Je reste même si je sais que le mec que j’aime est là, à quelques mètres de moi à peine, en train de prendre son pied sans moi.

    Une partie de moi espère encore le voir sortir du couloir sombre en ayant renoncé à son plan. Mais plus les minutes passent, plus cet espoir est mis à mal.

    Avec Jérém, je me suis brûlé les ailes. J’ai toujours su que je n’aurais jamais le dernier mot avec lui, et que dans l’affrontement direct, je serais comme un vase en terre cuite qui essaierait de se confronter à une marmite en fonte. Et là, je suis en mille morceaux.

    J’avais raison de me méfier du « milieu », j’avais raison de ne pas vouloir rentrer dans cette boîte. La première fois que j’y mets un pied, j’y laisse tout ce qui est le plus précieux à mes yeux.

    J’ai la tête qui tourne, les oreilles qui bourdonnent et en plus je tombe de sommeil. La tristesse me happe et je sens mes larmes monter aux yeux.

    Deux gars approchent, semblant viser les deux tabourets vides juste à côté de moi.

    Le premier, un brun style vingt-cinq ans, un peu dégarni, l’air plutôt fatigué et un peu contrarié mais pas dépourvu d’un certain charme, habillé avec un jeans quelconque mais avec un t-shirt rouge sympa, bien qu’au moins deux tailles trop grand.

    L’autre, un très beau garçon un peu plus bâti que le premier, un peu plus âgé, les traits fins, de petits yeux perçants, le regard charmeur, habillé avec un t-shirt orange avec les manchettes grises sous lequel on devine un torse et une largeur d’épaules tout à fait remarquables.

    T-shirt rouge approche pour me demander si les tabourets à côté de moi sont libres. Je lui réponds que oui. T-shirt orange prend le tabouret le plus proche, dos au comptoir, alors que T-shirt rouge est complètement tourné vers lui.

    Très vite, je me rends compte que T-shirt rouge n’arrive pas à décrocher le regard de T-shirt orange, et qu’il a l’air très amoureux.

    T-shirt orange, en revanche, a le regard beaucoup plus baladeur, il cherche les regards d’autres garçons.

    T-shirt rouge semble aussi mal à l’aise que je le suis à cet endroit.

    T-shirt orange a l’air plutôt à l’aise.

    Oui, T-shirt rouge a l’air de se demander ce qu’il fait dans cette boîte, comment il se fait qu’il s’est laissé entraîner dans cette galère alors qu’il aurait tellement envie d’être au lit avec T-shirt orange, le gars qu’il aime, en train de lui offrir tous les plaisirs du monde et plus encore.

    Décidemment, cette nuit nous sommes nombreux à nous retrouver à l’On Off sans bien savoir pourquoi.

    T-shirt orange, quant à lui, a l’air de se dire qu’il se passerait bien de la présence de ce mec un peu trop collant. Il semble avoir envie d’explorer d’autres horizons, de vivre d’autres aventures. Des aventures dont la première semble d’ailleurs toute proche, matérialisée sous les traits d’un tout jeune mec qui est en train de lui rendre ses attentions avec des regards qui en disent long quant à ses désirs.

    T-shirt orange semble très sensible aux regards du petit jeune. De toute façon, aveuglé par son amour, T-shirt rouge ne voit rien.

    Mais putain, T-shirt orange, réveille-toi ! Tu ne vois pas à quel point T-shirt rouge est amoureux de toi ? Pourquoi son amour ne te suffit pas ? Pourquoi cherches-tu des aventures alors que tu as la chance d’avoir quelqu’un qui t’aime de cette façon, quelqu’un pour qui tu es le seul et l’unique ? Pourquoi risques-tu de tout gâcher, juste pour une histoire de cul ? Pourquoi ne lui ouvres-tu pas ton cœur ? Pourquoi tu le fais souffrir ainsi ?

    « Je m’en fous de tes détresses comme de tout et comme du reste. »

    Ces couplets qui sortent de la sono me font penser à Jérém, mais aussi à T-shirt orange. Car les deux sont du genre à s’entêter à se :

    « foutre de tout mais pourvu qu’elles soient douces, pourvu qu’elles soient douces, les caresses. »

    Alors que T-shirt rouge et moi nous sommes plutôt du genre à constater que :

    « Quand de mes lèvres tu t’enlèves, un goût amer/Me rappelle que je suis au ciel. »

    Et à se rendre compte trop tard que :

    « La mauvaise herbe nique souvent ce qui est trop bien cultivé. »

    Pour se retrouver ensuite confrontés au fait que :

    « La vie est triste comme un verre de grenadine. »

    Et de constater que :

    « Aimer c’est pleurer quand on s’incline. »

    Mon histoire avec Jérém se termine ainsi comme elle a commencé, venant de nulle part et n’allant nulle part.

    Je suis assez près des deux gars pour capter, malgré les décibels, quelques échanges dans leur conversation.

    « Marc, fait le T-shirt rouge.

     — Quoi ? réagit T-shirt orange un brin agacé, désormais connu sous le prénom de « Marc ».

     — Tu veux rester encore longtemps ? » l’interroge T-shirt rouge.

    T-shirt rouge a un petit accent méditerranéen, espagnol je dirais.

    « Je sais pas, répond le prénommé Marc avant de continuer, t’es fatigué ?

     — Un peu, oui, répond T-shirt rouge. »

    Allez, Marc, t’es aveugle ou quoi ? Tu ne vois pas que T-shirt rouge a une envie folle de rentrer et de faire l’amour avec toi ? Il est quatre heures du mat passé. Mais putain, rentrez et envoyez-vous en l’air comme des dingues !

    Je bous de l’intérieur, je m’emballe pour une histoire que je ne connais pas. J’ai trop bu et je fais trop l’amalgame avec mon histoire perso.

    Les minutes passent et rien ne se produit. Marc, son verre interminable posé sur le comptoir, n’a toujours pas l’air décidé à partir.

    T-shirt rouge baille plusieurs fois coup sur coup et finit par s’immobiliser, la tête légèrement penchée sur le côté, le regard dans le vide, littéralement en train de tomber de sommeil.

    Marc se décide enfin :

    « Fabien. »

    T-shirt rouge, désormais connu sous le nom de Fabien, lève la tête illico au simple son de la voix du gars qu’il aime. Alors qu’il doit s’attendre à qu’un voyage simple vers le lit et un câlin tant attendu soit enfin d’actualité, Marc lui annonce avec le sourire :

    « On y va dans un quart d’heure, ok ? »

    Visiblement déçu, au bout de force, frustré de voir cette soirée se terminer en somnolant dans cette boîte plutôt que dans une accolade amoureuse, le dit Fabien amorce un petit sourire triste.

    Et alors que le petit jeune qu’il matait peu avant semble s’être volatilisé, Marc retourne à son occupation première, mater la faune masculine. Fabien baisse les yeux et prend sur lui, une fois encore. Il doit vivre lui aussi, comme moi je l’ai vécue, une histoire compliquée, être amoureux d’un mec qui ne l’est pas de lui.

    Peut-être qu’il est en train de vivre une histoire, un amour, des sentiments, des sensations, des espoirs et de frustrations, des joies et des tristesses, des illusions et des déceptions, toute une palette d’émotions qu’un jour il aura peut-être envie de mettre noir sur blanc, comme moi je le ferai plus tard avec ma propre histoire.

    Le quart d’heure abondamment passé, T-shirt orange se lève sans un mot, suivi illico par T-shirt rouge, visiblement soulagé. Je les regarde se diriger côte à côte vers la sortie, je les regarde partir ensemble. Peut-être que pour le sexe c’est râpé pour cette nuit, mais au moins Fabien aura la chance de passer ce qui reste de la nuit avec son Marc. Alors que moi je n’aurai même pas cette chance.

    Allez, GAME OVER. Assez bu, assez vu pour ce soir, je me casse.

    Pourvu que je puisse dormir un peu tard ce matin, pourvu que maman n’ait pas prévu de passer l’aspirateur ou papa de brancher la visseuse à 8 heures pile. Pourvu qu’ils ne me posent pas trop de questions sur cette superbe soirée de merde. Pourvu qu’ils me fichent la paix, car je prévois d’être d’une humeur massacrante, prêt à laisser exploser ma colère ou à fondre en larmes à la moindre contrariété. Et ce, pour une durée indéterminée.

    Je rassemble mes forces pour me remettre debout. Descendre du tabouret est déjà un effort. Imaginer devoir me traîner sur la moitié de la ville me semble insurmontable. Pourtant, il faut bien y aller à un moment ou à un autre. Alors, le moment c’est maintenant.

    Je traverse la salle et en quelques pas je me retrouve dans le petit hall d’entrée de la boîte. Encore quelque pas et j’aurais passé la porte. Je respirerai enfin de l’air frais qui va me faire du bien.

    Mais à côté du vestiaire, une surprise m’attend. Le dos appuyé au mur, en train de fumer une énième clope, tout seul, le beau barbu Romain est là. Lorsqu’il me voit arriver, il me sourit.

    « Tu pars ? il me questionne.

     — Oui, j’en ai marre, je suis fatigué.

     — T’as laissé ton mec tout seul là-dedans ?

     — C’est pas mon mec », je réponds sèchement.

    J’ai presque envie de lui balancer que s’il veut se le taper, il n’a qu’aller faire un tour dans la backroom.

    « Pourtant j’aurais juré que c’était le cas ! »

    Une fois de plus, je constate que ce Romain est vraiment canon. Sa beauté masculine, sa voix, son assurance, son charme, son regard magnétique, son parfum, tout chez lui est extrêmement séduisant.

    Mais même le charme puissant et le parfum délicieusement masculin de Romain n’ont pas le pouvoir de chasser ma fatigue et mon malaise. Et encore moins de me faire renoncer à mon envie de quitter les lieux au plus vite. La porte de sortie donnant sur le Canal m’appelle avec insistance.

    « Je vais y aller, je coupe court en me tournant vers la sortie, bonne soirée ! »

     — T’habites loin ? » il me questionne.

    Euh… pourquoi cette question ? Qu’est-ce qu’il veut celui-là ? Pour ce soir j’ai eu assez d’émotions et de déceptions. Tout ce que je veux, c’est retrouver mon lit. Ce soir, la drague c’est fini, je suis HS.

    « Un peu, mais je vais marcher, je tente de me dégager.

     — Moi aussi je vais y aller. Si tu veux, je te raccompagne » il me lance, tout en écrasant son mégot dans un cendrier mural et en m’emboîtant le pas.

    Je suis conscient que ce qui est en train de se passer est paradoxal, que je devrais être flatté que ce bogoss me propose de me raccompagner, en faisant éventuellement escale chez lui. Mais je ne peux pas, je n’ai pas envie. J’ai juste envie d’être tranquille et de retrouver mon lit. Je n’ai surtout pas envie de baiser avec un mec qui va me laisser tomber juste après. Désolé mec, tu ne me sauteras pas ce soir. Je ne réalise même pas que c’est le deuxième mec canon de la soirée qui me fait du rentre dedans et que je laisse en plan.

    « C’est gentil, mais… » je commence ma réponse en poussant la porte vitrée. Mais lorsque la fraîcheur de la nuit frappe mon visage de plein fouet, je suis tellement surpris que je suis obligé de marquer une pause.

    Ce n’est qu’un instant plus tard, lorsque nous sommes déjà sur le trottoir, que je termine mon propos :

    « C’est gentil, mais je préfère vraiment marcher…

     — Comme tu voudras » il conclut.

    Je regarde ma montre, il est 4h25.Mon regard est attiré une dernière fois par l’enseigne rouge qui brille dans la nuit. Cependant, l’enseigne lumineuse n’est pas l’élément le plus étincelant de la façade de la boîte.

    Jérém vient de sortir à son tour, et il me regarde fixement.

    Je suis si heureux de le voir ! J’ai envie de me jeter sur lui, j’ai envie de l’embrasser, j’ai envie de le cogner, j’ai envie de l’engueuler, j’ai envie de le câliner. Ce gars me rend dingue, dingue, dingue !

    Mais quand même. Je viens de passer l’un des pires moments de ma vie. Alors, avant de décolérer, j’ai besoin de savoir. Est-ce qu’il a couché avec le beau bouclé et son pote ? Ça me paraît un peu court, mais quand même…

    Hélas, la présence du beau Romain m’empêche d’être aussi direct avec mon beau brun que tout à l’heure en voiture. Mais ce n’est certainement pas l’envie qui me fait défaut.

    Deux gars nous passent à côté et rentrent dans la boîte. Il est 4h30 et la nuit toulousaine n’est pas terminée.

    Une question s’affiche dans ma tête : est-ce qu’il a entendu la proposition de Romain ?

    Les deux beaux bruns se toisent, le silence s’installe. Je ne sais pas comment tout ça va se goupiller. Romain n’a pas l’air décidé à partir. Jérém n’a pas non plus l’air pressé de rejoindre la rue de la Colombette. Et moi je ne peux pas me résoudre à prendre la direction de chez moi.

    C’est le beau Romain qui finit par débloquer la situation.

    « T’as du feu ? » il demande à mon beau brun.

    Définitivement, le briquet est une denrée rare, ainsi qu’un atout majeur de socialisation.

    Jérém allume la clope que le beau barbu vient de sortir de son paquet. Il me semble qu’il s’agit d’une clope un peu plus épaisse que les autres.

    « Vous rentrez ? » demande le beau barbu après avoir tiré une bonne taffe sur son joint.

    Malin, le mec. Un instant plus tôt il me propose de me « raccompagner ». Et là il prend en compte la nouvelle donne apportée par la présence inattendue du beau brun au t-shirt blanc.

    Jérém ne lui répond pas.

    Romain tire une nouvelle taffe sur sa « cigarette ». Une cigarette qui définitivement, au vu de l’odeur caractéristique qu’elle dégage lorsqu’il en expire la fumée, n’en est pas une. Preuve en est qu’il en propose à mon beau brun qui est pourtant déjà en train de fumer.

    Jérém le fixe d’abord d’un air étonné. Mais il finit par balancer sa cigarette à moitié consommée et par saisir le pétard que l’autre beau brun lui tend.

    Le joint passe plusieurs fois de main en main, de lèvre en lèvre, de beau brun en beau brun, jusqu’à ce que Romain me propose d’y goûter à mon tour. Moi qui n’ai jamais fumé une seule cigarette, j’accepte pour ne pas paraître nul. Je tire une taffe, je m’ étouffe. Romain se marre. Il tend alors à nouveau le bras en direction de Jérém, qui ne décline pas la proposition.

    Décidemment on ne va pas y arriver ce soir. Il va bientôt être cinq heures et tout semble se liguer pour nous empêcher d’atteindre la rue de la Colombette. On dirait que la nuit toulousaine rame contre ce retour au foyer.

    « Allez, les gars, je vous invite chez moi pour boire un dernier coup et oublier le petit accident de toute à l’heure » lance le beau barbu lorsque le pétard arrive enfin au bout.

    Mais t’es relou à la fin ! Fiche-nous la paix !

    « On va rentrer, annonce Jérém sur un ton ferme, tout en me regardant droit dans les yeux.

     — Vous pouvez venir tous les deux, précise Romain, ayant certainement détecté notre échange de regards.

     — On rentre, je balance sèchement. J’en ai marre ! Vraiment marre !

     — Ou alors rien que toi, mec » se corrige Romain, en s’adressant directement à Jérém, et en posant sur lui un regard lubrique qui ne laisse plus de doute quant à ses intentions allant bien au-delà d’un simple verre amical.

    Mais quel connard ce Romain ! Jérém, s’il te plaît, tiens bon !

    Les deux beaux bruns se regardent. Ce n’est pas possible, dites-moi que je rêve ! Mon beau brun se fait draguer sous mes yeux, comme si je n’étais pas là.EH, OH, JE SUIS LA !!!

    Romain, l’œil désinhibé par la fumette, regarde mon beau brun avec un regard concupiscent. Quant à Jérém, il ne lui a pas échappé que son charme a encore frappé. Ce que je n’arrive pas à savoir, c’est s’il trouve également le beau barbu à son goût. Mais je n’ai pas trop de doute sur ça. Car pour que ce ne soit pas le cas, il faudrait vraiment être difficile.

    « Ça va aller » il finit par répondre, le ton ferme et sans appel.

    Bien, Jérém ! Alors, t’as entendu, le barbu ? J’espère que ce coup-ci t’as compris que tu ne le mettras pas dans ton lit !

    « Bon, ok » semble conclure le beau Romain.

    Pourtant, après avoir marqué une pause, il revient à la charge. Dans son regard, une étincelle mauvaise me fait penser qu’il n’a pas encore dit son dernier mot, qu’il ne s’est pas encore avoué vaincu. Je sens qu’il va changer d’arme et de stratégie. Et j’ai un mauvais pressentiment.

    « Je te voyais davantage couillu, il s’adresse directement à mon beau brun, tout en le regardant droit dans les yeux, mais j’ai dû me tromper. Allez, bye les gars ! »

    Romain vient de dégainer l’arme ultime : la provoc’. Ah, non, pas ça ! Jérém n’a pas besoin de ça, et surtout pas ce soir. Car c’est sûr, là il va réagir au quart de tour.

    « On va aller chez moi » j’entends Jérém répondre, après un instant de réflexion, la voix légèrement déformée par l’alcool et la fumette.

    Je rêve. Ou plutôt je cauchemarde. C’est pas possible, naaaaan c’est pas possible ! Le piège de Romain, si grossier soit-il, a marché.

    « Ça me va » annonce le beau barbu.

    J’hallucine. Ils organisent un plan baise devant moi.

    « On ne devait pas rentrer que tous les deux ? » je ne peux me retenir de lâcher.

    Et là, le beau Romain, ce connard, me regarde avec de petits yeux moqueurs, l’air de dire « tu peux aller te rhabiller le morveux, laisse jouer les pros. C’est moi qui vais me taper ton mec ce soir ! »

    Jérém se tait. Nos regards se croisent. Et ce que je lis dans son regard silencieux est très explicite. En une fraction de seconde, je réalise qu’il est partant pour le plan que Romain est en train de lui proposer.

    « Tu viens aussi, si tu veux » je l’entends me lancer.

    Il est certain que l’idée de voir deux magnifiques garçons à poil ne m’est pas désagréable. Bien loin de là.

    Je regarde leurs deux torses, l’un moulés dans le t-shirt blanc et l’autre dans le t-shirt noir, et je me dis que dans quelques minutes les contrastes vont s’estomper. Car dans quelques minutes, les t-shirts vont voler, et il y aura beaucoup moins de contraste entre les nudités de deux beaux bruns à la peau mate.

    Pourtant, je me sens très vite tiraillé entre l’excitation d’assister à ce spectacle divin, celui de mon beau brun en train de prendre du plaisir avec cet autre spécimen de toute beauté, et la crainte que ce dernier, assurément plus expérimenté que moi, lui offre un plaisir que je ne sais pas lui offrir. Et j’ai peur que Jérém y prenne goût, qu’il réalise que d’autres gars peuvent lui apporter un bonheur sensuel encore plus délirant. Je sens la jalousie envahir mon esprit à grands pas.

    Si j’accepte de me joindre à eux, quel sera mon rôle dans l’histoire ? Invité accessoire à un plan cul entre beaux étalons ? Est-ce que je vais être le passif de deux mecs bien actifs ? Et si je me retrouve coincé entre leurs deux virilités bouillonnantes, est-ce que cela va encore dégrader le regard que Jérém porte sur moi ?

    « Alors, tu fais quoi ? » j’entends Romain me relancer.

    L’heure tourne, il se fait vraiment tard, je dois me décider vite. Alors, sans pouvoir éviter que ce rapprochement sensuel des deux mâles bruns se produise, malgré une jalousie qui me tenaille, lorsque le choix est d’assister à ce plan ou de l’imaginer depuis chez moi, alors ce n’est pas un choix mais une évidence. Je dois en être.

    « Allez, on y va ! »

    J’ai tout juste le temps de prononcer ces mots, que déjà j’entends les semelles des baskets des deux beaux bruns crisser sur le goudron du trottoir. J’ai l’impression de sentir les queues frémir dans les boxers.

    J’ai envie de voir jusqu’où cette nuit va nous amener.

  • JN01070 Le On Off et ses méandres

    JN01070 Le On Off et ses méandres

    Je suis passé devant cet endroit plusieurs fois. Souvent le jour, en me baladant sur le bord du Canal. Parfois, j’ai vu briller son enseigne rouge dans la nuit comme un appel à moi, à mon être profond. Sans jamais oser franchir le pas. Sans oser en franchir le seuil. De peur de pénétrer dans un endroit qui ne pourrait pas m’offrir ce que je cherche, mais juste du sexe. De peur de mettre le pied dans un engrenage qui me perdrait. Il a fallu qu’on m’y amène. Il a fallu qu’IL m’y amène.

    C’est la première fois que je mets les pieds dans cet endroit et très vite je découvre que j’aime…

    PAS DU TOUT !!!

    Ça commence mal. Dès mon entrée, je vois Romain en train de parler avec mon Jérém à moi. Je n’entends pas ce qu’ils se disent, mais je vois le beau barbu balancer un sourire qui ferait fondre une montagne. Ce qui me rassure un peu, c’est que Jérém ne rigole pas, il semble tendu, pas vraiment à l’aise. Lorsque j’arrive à proximité, j’entends le beau barbu lui proposer un verre « pour oublier le petit incident ».

    « Merci, ça va aller !

     — Comme tu voudras », réagit le mec, sans ciller avant de conclure « peut-être à plus tard ! »

    Oui, c’est ça, à plus tard. Va donc te faire foutre… ailleurs !

    Sans insister, mais en laissant traîner un regard bien charmeur, Romain s’éloigne en direction du bar. Ses groupies l’y attendent de pied ferme.

    Jérém avance à son tour, en direction du bar aussi, mais à l’opposé de la petite bande. Il traverse la salle d’un pas lent, assuré. Inutile de le préciser, tout le monde se retourne sur son passage, tout comme ça a été le cas un instant plus tôt sur le passage du beau Romain.

    La boîte est bondée et, au premier abord, sans que j’aie encore eu le temps de bien m’en rendre compte, il y aurait pas mal de belles choses à recenser. Malgré ça, force est d’admettre que, dès leur entrée, mon beau Jérém et le beau Romain, un brun très beau et un très beau brun, sont les lumières les plus rayonnantes dans la boîte.

    En plus, les deux étalons ont ce soir un atout inestimable à leur actif. Ce sont des nouvelles têtes. Ce qui fait qu’en plus du désir, ils suscitent la curiosité.

    Bon, il ne faut pas que j’oublie que je suis là pour « assurer la sécurité sexuelle » de mon beau brun. Hélas, ce dernier ne fait rien pour me faciliter la tâche. Avec son beau t-shirt blanc sur son torse parfait, avec ce côté petit militaire en permission, j’ai l’impression qu’il est comme un aimant pour des centaines d’yeux. Des tonnes de regards saturés de désir se posent sans cesse sur lui. C’est comme si mon beau brun était en train de se faire sucer par tous ces regards.

    « Tu bois quoi ? il me demande une fois le comptoir atteint.

     — Rien, merci ! »

    Je n’ai pas soif, j’ai juste envie de rentrer. Je suis déjà pas mal fatigué et je sens qu’un verre de plus me mettrait HS.

    Sérieux, qu’est-ce que nous foutons ici alors qu’il est super tard et que demain il a match ? Qu’est-ce qu’il est venu chercher ?

    Jérém me tend quand même un verre. Je goûte du bout des lèvres, c’est fort, ça ressemble à de la vodka.

    La descente du beau brun est autre que la mienne. Accoudé au comptoir, il laisse son regard balayer la salle. Mais qu’est-ce qu’il regarde ? Qu’est-ce qu’il cherche ?

    Soudain, je réalise que son regard vient de se figer en direction d’une porte sombre sur notre gauche. Jérém finit son verre cul sec, décolle ses reins du bord du comptoir et se dirige direct vers ce passage.

    Naïf comme je le suis, je me dis que ça doit être l’entrée des toilettes. Moi aussi j’ai envie de faire pipi, alors je lui emboîte le pas. Hélas, ma naïveté est très rapidement rappelée à la réalité. Derrière la porte s’ouvre un couloir plutôt sombre dans lequel règne une mystérieuse circulation.

    Mon beau brun marque un temps d’arrêt. Pendant ce temps, deux mecs rentrent derrière nous, nous dépassent, nous heurtent au passage, s’engouffrent dans le couloir sans se poser de question et disparaissent dans une ouverture à droite. J’entends le bruit d’une porte coulissante qui se ferme, suivi de celui d’une serrure qui se verrouille. Ça y est, je viens de comprendre.

    Jérém s’engouffre lentement dans ce passage sombre. Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi il fait ça ce petit con ?

    Jérém avance dans la pénombre et moi derrière lui. Plus nous nous éloignons de la salle principale, plus le son de la musique devient étouffé.

    Et au fur et à mesure que les basses perdent en intensité, ce sont d’autres sons qui parviennent à nos oreilles. Des bruits qui ne trompent pas. Ce sont des bruits des corps qui se touchent, se frottent, se caressent, s’embrassent, s’emboîtent, ahanent, gémissent, jouissent Ce sont les bruits du plaisir masculin, du plaisir homosexuel. Ce sont les bruits d’un plaisir rapide, sans âme.

    Au bout de quelques instants, l’œil finit par s’adapter à la faible lumière. J’arrive à mieux distinguer les formes, les corps, les désirs. A droite et à gauche du couloir, des portes coulissantes donnent accès à des petites alcôves. Certaines sont fermées, d’autres non, ces dernières laissant ainsi entrevoir ce qui se passe à l’intérieur.

    Postés dans l’encadrement de certaines portes, ou bien lascivement allongés sur des fauteuils, des gars observent la circulation dans le couloir, en attendant un regard complice, un désir partagé.

    « Ici on ne vient que pour baiser. » Voilà ce qui devrait être affiché sur la porte qui donne accès à ce couloir. Car, dès que vous mettez un orteil dans ce couloir sombre, il est communément admis que vous avez envie de baiser. Par conséquent, on vous regarde avec une lubricité sans détours. Je ressens le poids étouffant de tous ces regards qui se posent sur moi, sur nous, sur Jérém surtout. Nous avons fait peut-être dix mètres dans le couloir, et mon beau brun aurait pu se faire sucer au moins dix fois.

    Je me sens plutôt mal à l’aise. Je ne sais pas si mon beau brun ressent la même gêne que moi, mais il continue d’avancer.

    Dans mon esprit, une seule et unique question m’obsède : pourquoi, à l’heure qu’il est, ne sommes-nous pas à l’appart de la rue de la Colombette, en train de nous envoyer en l’air comme des malades ? J’ai très envie de le sucer… mais loin d’ici, dans la douce intimité de son appart, de son lit.

    Pas après pas, nous approchons du fond du couloir. Et là, derrière un rideau à lattes en plastique translucide, une espèce de lueur semble attirer le nouvel arrivant.

    Jérém, en explorateur curieux, s’y engouffre. Je le suis. Nous nous retrouvons dans une petite salle avec quelques fauteuils, et avec toute la paroi à notre gauche recouverte par un écran où est projeté un porno gay. Dans le film, un beau blondinet est allongé sur un lit, sur le ventre, en train de se faire défoncer le cul et la bouche par deux étalons bien montés. La scène est plutôt crue et elle me met encore plus mal à l’aise. Je trouve cette salle encore plus glauque que le couloir qui nous y a conduits. Et mon sentiment de malaise grimpe encore lorsque je réalise que, tapis dans la pénombre, des mecs se branlent en regardant l’écran. A moins qu’ils ne se branlent désormais en matant mon beau brun.

    Debout contre un mur de la salle, un mec est en train de fumer sa clope. Mais pas que. Un autre gars à genoux devant lui est en train de lui tailler une pipe avec application.

    A la simple lueur de l’écran, je réalise que, tout en prenant son pied, le gars débout regarde dans notre direction.

    Je réalise que Jérém regarde la même chose que moi. Jérém, mon beau et con Jérém, lui qui n’est même pas prêt à affronter sa véritable nature et ses envies de coucher avec un gars, découvre ici, en même temps que moi, l’un des aspects les plus sordides du milieu gay.

    A quoi pense-t-il à cet instant précis ? A-t-il envie de glisser sa queue dans une bouche inconnue et accueillante ? Est-ce qu’il regrette que je sois là avec lui, sans quoi il serait déjà en train de se faire sucer comme ce gars ?

    Ou bien, au contraire, est-il lui aussi mal à l’aise, interloqué par ce lieu et par ce qui s’y passe ? Est-il en train de se forger, à cet instant précis, une image terriblement négative du milieu gay et, par ricochet, un dégoût vis-à-vis de l’homosexualité en général ? Est-il en train de se dire qu’il ne voudra plus, encore moins qu’avant, être « associé » à « tout ça » ?

    Si je m’écoutais, j’avancerais d’un pas, je collerais mon ventre contre son dos, je passerais mes bras autour de sa taille, je glisserais mes mains sous son t-shirt, je les plaquerais contre ses abdos. Et je lâcherais mes lèvres à l’assaut de la base de sa nuque, de cette lisière d’une douceur absolue, de cette région qui est également un endroit très sensible chez lui.

    Le nez enivré par le mélange de son parfum de mec et du parfum naturel de sa peau, je me lâcherais sans retenue, embrassant centimètre après centimètre de sa peau mate et douce, remontant jusqu’à ses oreilles que je lécherais, que je mordillerais sans discontinuer, pendant de longues minutes.

    Mais hélas, ce n’est ni l’endroit, ni le moment.

    Jérém fait demi-tour, passe à côté de moi sans me calculer et repasse à travers du rideau de lattes translucides. J’en fais de même, soulagé de m’éloigner de cette ambiance moite qui me met si mal à l’aise.

    En sortant de la salle de projection, le couloir continue sur la droite. Jérém avance dans ce nouvel espace inconnu. Nous n’avons pas fait plus que deux mètres, lorsque le beau brun s’arrête brusquement, se retourne et me balance, le visage à 20 cm du mien :

    « Lâche-moi un peu les baskets, tu veux bien ? »

    Ah putain… je la voyais venir celle-là. Je la craignais de toutes mes forces, mais je la voyais venir.

    Alors c’est pour ça que tu as voulu venir ici… t’es venu ici pour te taper d’autres gars, c’est ça ? Tu veux voir comment des mecs vont tomber comme des mouches devant ta virilité ? Tu veux me faire payer l’accident avec Martin et ma petite rébellion de toute à l’heure, c’est ça ?

    Petit con, va ! Ton parfum fait vibrer mes narines et brouille mon esprit. J’ai envie de t’embrasser, de te serrer fort contre moi. J’ai envie de toi, comme un fou. Et toi tu me balances de te lâcher les baskets pour que tu puisses aller voir ailleurs ? T’es vraiment un connard !

    Une fois de plus, je sens la terre se dérober sous mes pieds. Et puisque tout semble perdu, je décide de tenter le tout pour tout. J’avance mon buste vers lui et je l’embrasse. C’est viscéral, je ne peux pas m’en empêcher. Non, je ne peux pas m’empêcher de lui montrer, dans ce lieu de baise dans lequel il veut que je le laisse seul pour aller voir ailleurs, que je l’aime, et à quel point je l’aime.

    Dans mon geste désespéré, je trouve même l’audace de passer ma main derrière sa tête pour appuyer encore plus mes lèvres sur les siennes, pour l’empêcher de se dégager dans la seconde. Je ne peux pas renoncer à lui donner un bisou pour qu’il se souvienne de moi lorsque dans quelques instants il sera peut-être tenté de glisser sa queue dans la bouche d’un inconnu.

    Pris par surprise, il faut une petite seconde à mon beau brun pour réagir. Mais très vite ses mains attrapent les miennes, les décollent de sa nuque, les balancent loin, avec un geste énervé.

    Je n’ai que le temps de capter son regard noir plein de colère. Jérém fait demi-tour, sans un mot, et s’enfonce dans la pénombre encore plus trouble de ce deuxième couloir.

  • Partie 7 : « Un projet qui me tient à coeur »

    Partie 7 : « Un projet qui me tient à coeur »

    Nico : Travail, vie privée, écriture… ça fait pas mal d’occupations…

    Fabien : Oui, et ce n’est pas facile tous les jours de jongler entre les trois… l’écriture est une amie exigeante et, trop pris par le quotidien, parfois le temps manque pour m’y consacrer…

    L’histoire de Nico et Jérém est loin, très loin de connaître son épilogue. Il reste beaucoup d’épisodes à développer et ils gagneraient en intensité à être développés plus rapidement.

    C’est pour cela que je voudrais faire appel à mes lectrices et à mes lecteurs pour m’aider à amener mon projet au bout…

    Nico : De quelle façon peuvent-t-il t’aider ?

    Fabien : En adhérant à un projet qui me tient vraiment à cœur. Il s’agit d’un financement participatif avec le site Tipeee.com. Voici le lien de ma page: www.tipeee.com/jerem-nico-s1

    Nico : Pourquoi un financement participatif ?

    Fabien : Pour lever un peu le pied de mon activité professionnelle, et dégager du temps pour accélérer le développement de l’histoire. Tipeee.com est une plateforme qui aide à financer toute sorte de projets.

    Nico : Qui peut t’aider ?

    Fabien : Tout le monde, à hauteur de ses moyens et de ses envies…

    Nico : Tu crois que ton histoire intéresse tes lecteurs au point de les amener à t’aider matériellement ?

    Fabien : Peut-être que mon idée est complètement saugrenue, peut-être même prétentieuse. Je ne sais pas. Mais elle me tient vraiment à cœur. Jamais un projet ne m’a tenu autant à cœur que celui-ci.

    Et j’ose imaginer qu’il peut tenir également à cœur à certaines lectrices et à certains lecteurs qui la suivent chaque semaine… certains d’entre eux me font un plaisir fou en m’envoyant des commentaires touchants, des mots qui me montrent à quel point cette histoire est le moyen de partager des ressentis…

    Nico : Partager des ressentis, c’est un élément important dans ta passion ?

    Fabien : Je crois que c’est le véritable but de cette aventure… montrer à tous les Nico et à tous les Jérém qui peuvent y tomber dessus, qu’ils ne sont pas seuls à ressentir ce qu’ils ressentent…

    Nico : Tu as un plan de communication pour promouvoir ton histoire ?

    Fabien : Ce site, crée par Maud, que je remercie beaucoup. 

    La chaîne Youtube, modestement crée par moi-même, avec des vidéos encore plus modestement made chez moi…

    Mon histoire, c’est l’histoire d’un mec qui ne voit pas le temps passer quand il est devant son clavier, qui oublie tout et vit avec ses personnages

    Un mec qui voudrait avoir à disposition plus de temps pour écrire, sans s’empêcher de vivre à côté.

    Voilà l’histoire. Oui, je sais, c’est un projet un peu fou.

    Mon histoire c’est aussi l’histoire d’un mec qui a envie de mener à bout un projet qui représente beaucoup à ses yeux.

    Un mec qui a besoin de VOUS.

    Je ne peux pas faire ça tout seul.

    J’ai besoin de vous pour aller plus loin et pour y aller plus vite!

    Qui est prêt à sauter le pas avec moi ?


    Qui est prêt à me suivre dans cette aventure ?

    Nico : A quoi servira la collecte ? Pourquoi demander un soutien financier pour ce projet ?

    Fabien : Bien sûr, à part un ordinateur que je possède déjà, écrire ne demande pas de grands moyens. Si aujourd’hui je demande un soutien, c’est parce que je voudrais vraiment prendre le temps de tout donner.

    Pour ce faire, j’ai besoin d’un peu de tranquillité financière. Concrètement, j’ai besoin de fonds pour acheter un ordinateur plus performant, pour imprimer mon histoire sur un vrai support papier « comme une vrai bouquin », pour les frais d’envoi des livres et pour me verser un complément de salaire pendant quelque mois.

    Nico : Quelles seront les contreparties pour les lecteurs qui auront envie de s’engager dans ton projet ?

    Fabien : Les contreparties seront nombreuses et pour toutes les poches. Des livres dédicacés expédies dès leur parution. Des fichiers pdf regroupant les épisodes déjà publiés. Des épisodes inédits, des abonnements de soutien et, pourquoi pas, des rencontres avec l’auteur (lol)… plus de détails dans le menu « FINANCEMENT PARTICIPATIF » de ce blog.

    Nico : Fabien, pourrais-tu expliquer aux lectrices et aux lecteurs le sens des contributions ?

    Fabien : Les contributions sont d’abord le témoignage de votre soutien, de votre amour pour cette histoire, de votre désir de la voir avancer, se développer sous vos yeux et en partie grâce à vous. Vos contributions vont faire que cette histoire va aboutir d’ici quelques mois alors qu’elle pourrait prendre beaucoup de retard ou, pire, s’enliser si je suis trop accaparé par mon quotidien et si je n’arrive pas à dégager assez de temps pour la développer.

  • Jérèm&Nico L’histoire

    Jérèm&Nico L’histoire

    Depuis le lycée jusqu’à l’âge adulte, l’histoire de Jérémie, beau brun ténébreux, et de son camarade Nico, jeune homo à l’esprit pur et un peu naïf.

    L’histoire se déroule à Toulouse entre 2001 et nos jours, époque à laquelle Nico raconte ses années lycée et fac, une période de sa vie marquée par la présence du beau Jérémie T..

    Jérémie est le bogoss du lycée : beau comme un dieu, joueur de rugby admiré et redouté, tombeur à nanas, l’hétéro inaccessible dont nombre d’homos sont un jour tombés amoureux sur les bancs du collège ou du lycée.

    Nico, au contraire, est un garçon introverti, timide, plutôt solitaire. Nico a toujours regardé les garçons, mais il n’a jamais osé aller vers eux. En attendant, il dévore des yeux les bogoss qu’il croise. Et notamment son camarade Jérémie. Lui, il lui a tapé dans l’œil depuis le premier jour du lycée. Il faut dire qu’un beau brun pareil, ça n’a pas son pareil.

    L’histoire commence le jour où Nico, sur un coup de tête, propose à Jérém de l’aider à réviser les maths pour le bac.

    Jérémie a compris que Nico est complètement sous son charme. Intrigué, le beau brun l’entraînera dans la découverte du plaisir entre garçons.

    Pour Jérémie, tout ceci n’est qu’un jeu de séduction, une curiosité pour pimenter une vie sexuelle par ailleurs déjà bien remplie… alors que pour Nico, cette première coucherie représente déjà bien plus que cela.

    Nico sera ravi de partager le sexe avec le beau brun, tout en éprouvant très vite des sentiments très forts. Alors que Jérémie, confronté au penchant pour l’amour physique entre garçons qui se révèle en lui, n’arrivera pas à l’assumer et sera parfois très dur, obligeant Nico à chercher ailleurs une tendresse à laquelle il aspire par-dessus tout.

    Malgré cela, Jérémie devient tout pour Nico. Ainsi, ce dernier n’aura cesse d’essayer de comprendre ce que ressent réellement le beau brun à son égard, ce qui se cache derrière son attitude imprévisible, derrière sa façon de souffler le chaud et le froid.

    Jour après jour, ce qui devait être et rester un simple amusement, va finir par prendre une ampleur que ni l’un ni l’autre n’auraient pu imaginer en ce jour de printemps où le vent d’Autan soufflait très fort sur Toulouse.

     
    Qui est réellement Jérémie? Que ressent-il vraiment? Comment envisage-t-il l’avenir?

    Quel rôle pour Thibault, le meilleur ami de Jérém, à qui Nico finira par se confier ?

     
    Quelle place dans l’histoire pour Elodie, celle qui sait tout de ce qui se passe dans la tête de son cousin préféré avant même qu’il ne le sache lui même?

    Petit tour sur les lieux de l’histoire…

  • C’est qui ce Fabien ?

    C’est qui ce Fabien ?

    Mon histoire…

    … c’est l’histoire d’un mec…

    Mon histoire perso c’est l’histoire d’un mec qui a toujours aimé écrire, une passion de laquelle la vie l’a éloigné pendant 15 ans.

    D’où est sortie cette histoire, alors ?

    Bonne question… je n’en sais rien… cette histoire était en moi, ou plutôt elle s’est accumulée en moi jour après jour… peut-être que tout simplement j’avais besoin de temps pour vivre, imaginer, rêver ou rater ce que j’écrirais plus tard.

    Et puis, à un moment, tout cela a commencé à déborder, comme de la lave en fusion…

    L’histoire de Jérém et de Nico est née un jour de l’été 2014, lorsque j’ai eu envie de me mettre à mon clavier et de commencer à remplir de la page.

    Jérém&Nico ce n’est pas mon histoire. C’est une histoire imaginée, mais une histoire qui contient, le plus souvent entre les lignes, pas mal de mon histoire.

    Très vite, l’écriture est allée bien au delà des quelques épisodes imaginés au départ… depuis le départ, elle vient toute seule, comme une évidence.

    Mon histoire, c’est l’histoire d’un mec qui ne voit pas le temps passer quand il est devant son clavier, qui oublie tout et vit avec ses personnages

    Un mec qui voudrait avoir à disposition plus de temps pour écrire, sans s’empêcher de vivre à côté.

    Voilà l’histoire. Oui, je sais, c’est un projet un peu fou.

    Mon histoire c’est aussi l’histoire d’un mec qui a envie de mener à bout un projet qui représente beaucoup à ses yeux.

    Un mec qui a besoin de VOUS.

    Je ne peux pas faire ça tout seul.

    J’ai besoin de vous pour aller plus loin et pour y aller plus vite!

    Qui est prêt à sauter le pas avec moi ?

    Qui est prêt à me suivre dans cette aventure ?

    Commentaires

    DOMY33380

    25/06/2019 14:44

    Bonjour, je suis avec passion ton recit soit sur ton site ou HDS et j’attends avec impatience la suite à chaque fois. Je suis moi-même du sud-ouest (bassin d’Arcachon). Je me permet de te demander l’autorisation, à moins que tu le fasses, de publier au moins la saison 1 sur le site Gai-eros qui archive les récits LGBT. Merci d’avance pour ta réponse. Dominique

    fab75du31

    18/05/2016 13:12

    Merci badremila pour ton commentaire<br /> ça me touche<br /> Fabien

    Répondre

    B

    badremila

    18/05/2016 12:50

    bonjours premièrement désolé pour mon niveau de la langue française j’essaie m’exprimer de mon mieux c’est une belle histoire, car je vive chaque instant et chaque moment avec Nico je me projette sur la personnalité de Nico mais j’avais une petite remarque quand tu raconte et tu décrive les sentiment de Nico ils sont trop longues  j’espère que la fin sera une belle déclaration d’amour de la part de Jerem< car sa me donnera une espoir dans mon histoire moi mème.