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JN01089 Dans ma tête, dans mon cœur, dans ma chair

Vendredi 13 juillet 2001, 16h00.

A mon réveil, en milieu d’après-midi, les petits tracas de ma vie d’adolescent amoureux reviennent à la charge. Avec, en point d’orgue, une question obsédante : comment retrouver mon Jérém, comment m’y prendre ?

Et une autre aussi : quel est la véritable nature de la relation entre Jérém et de Thibault ?

Je suis cerné par des doutes. Des doutes qui, malgré mes tentatives répétées de m’en débarrasser en me disant que la probabilité que cette relation aille au-delà de la pure amitié est infime, et même absurde, n’arrivent pas à disparaître.

Des doutes qui ne cessent de me torturer l’esprit, et dont je ne peux parler à personne. Ni à Jérém, qui se braquerait de suite, ni à Thibault, de peur de faire fausse route, de peur de perdre son amitié. Ni même à Elodie, de peur de la saouler.

Par moments, j’arrive à me dire que je me fais des films, que je devrais écouter Elodie, et me convaincre du fait que la seule chose que Thibault pourrait m’envier, c’est le fait de lui voler un peu de sa complicité avec son pote.

Après m’être secoué de la torpeur de ma sieste, je sors le maillot de Wilkinson de son sac, je le déplie. Un mélange d’espoir et de crainte s’agite en en moi lorsque j’essaie d’imaginer l’instant où je le lui donnerai. Je ne sais pas quand l’occasion se présentera. J’espère qu’elle se présentera. J’espère que ça va lui faire plaisir. Et je me sens apaisé.

Mais déjà un instant après, les mêmes questions reviennent à la charge dans mon esprit.

Quand est-ce que je reverrai mon beau brun ? Dans quelles dispositions sera-t-il à mon égard après cette folle nuit avec le beau Romain, après sa jalousie, lorsqu’il avait préféré laisser le beau barbu me sauter plutôt qu’assumer qu’il tient à moi ? Comment le retrouver après cette dernière sauterie dans le noir, après le départ de Romain, sauterie qui m’avait laissé entrevoir un Jérém doux, câlin, adorable ?

Bien sûr, si je m’arrête à cette scène finale, sorte de feu d’artifice magique, le « film » aurait tout d’un happy end auquel on pourrait facilement une suite heureuse. Hélas, il faut compter avec le réalisateur-scénariste Tommasi, jamais à court de rebondissements inattendus.

D’une part, il y avait eu le lendemain matin, mon réveil seul dans le lit et l’appart de la rue de la Colombette. Jérém était parti avant mon réveil. Qu’avait-il à faire de si bonne heure ? Son départ en catimini n’était pas simplement dicté par une envie de m’éviter au réveil ?

Ensuite, il y avait eu la petite cata à l’occasion du match de rugby de l’après-midi. Jérém à côté de ses baskets, incapable d’assurer le jeu pendant la demi-finale. Jérém qui tombe et se blesse à l’épaule.

Une situation qui m’inquiète profondément. Et ce, malgré les mots bienveillants du beau pompier et de ma cousine. L’un comme l’autre ont tenté, chacun à sa manière, de m’affranchir de toute responsabilité à ce sujet. Mais je ne m’en sens pas moins coupable.

Je me dis que Jérém doit bien m’en vouloir d’une façon ou d’une autre. Que ce soit pour l’avoir provoqué lors du retour du KL, l’entraînant par ricochet dans une longue nuit de sexe la veille d’un match important. Que ce soit pour avoir baisé avec le beau barbu, et ce malgré que l’idée soit venue de lui. Ou bien, qu’il regrette de s’être laissé aller à cette tendresse au petit matin.

Son silence après mon SMS de lundi, dans lequel je lui demandais des nouvelles de sa blessure, me laisse imaginer son état d’esprit à mon égard. Un état d’esprit hostile.

Et si je suis inquiet qu’il m’en veuille pour ce qui s’est passé dimanche dernier, je suis carrément effrayé à l’idée qu’il puisse me détester si jamais il ne pouvait pas jouer ce dimanche. Et si cela devait entraîner la défaite de son équipe lors de la finale du championnat.

Depuis que j’ai appris pour sa blessure, je n’ai cessé de chercher un moyen de l’approcher, de prendre de ses nouvelles. Mon départ pour Londres a rendu impossible toute approche physique depuis. J’y ai pensé pendant tout mon séjour dans la capitale anglaise. J’y ai pensé même pendant le concert. Dans l’avion, l’idée d’aller le voir pour lui offrir le maillot me semblait une excellente initiative. Une fois à Toulouse, je me dis que ça ne l’est pas. Et encore moins depuis que j’ai appris ce qui s’est passé dimanche dernier.

Ainsi, depuis mon retour hier après-midi, mes pensées oscillent entre le souvenir heureux du concert de Londres et l’angoisse de mes questionnements sans réponse.

Je voudrais aller courir sur le Canal pour me changer les idées. Mais je n’en ai pas le courage. Et mes idées ne changent pas, mes questions demeurent sans réponse. L’après-midi finit par me glisser entre les doigts. Et le soir, après une séquence de nuits londoniennes à la durée de sommeil aléatoire, le lit m’appelle de bonne heure.

Dans mes draps, dans le noir, je porte à mon nez tour à tour ce t-shirt et ce boxer que j’ai subtilisé de sa salle de bain dimanche dernier. Je ferme les yeux, et les odeurs qui se dégagent des tissus qui ont caressé sa peau et recueilli ses bonnes petites odeurs de mâle m’apportent sa présence. J’ai envie de lui. Chaque cellule de mon corps a envie de lui. Je me prends à rêver qu’il puisse m’envoyer un SMS genre : « viens, depeche, on baise ».

Et lorsque mes doigts se posent sur ma queue, nombre d’images toutes plus érotiques les unes que les autres, s’entrechoquent dans ma tête.

J’ai envie de l’avoir en bouche, de le sentir déchainé, de le sentir coulisser entre mes lèvres, taper au fond de mon palais. J’ai envie de le sucer dans le beau maillot que je lui ai acheté. J’ai envie de le sentir rugir son plaisir, de sentir ses jets denses et chauds s’abattre lourdement à l’entrée de ma gorge. J’ai envie de retrouver son goût de mec.

Et j’ai envie de le sentir en moi. J’ai envie qu’il me prenne devant le miroir, sur le lit, par derrière, par devant. J’ai envie de le sentir venir en moi avec puissance, autorité, sans me laisser le choix. J’ai envie de m’offrir à lui comme jamais. J’ai besoin de me sentir l’objet de son plaisir, un plaisir qu’il prendra comme il le voudra, autant qu’il le voudra.

J’ai envie de le voir jouir, envie de savoir qu’il a lâché son jus en moi.

J’ai envie de me sentir rempli de lui dans tous mes trous.

J’ai vraiment envie de tout ce dont il aurait envie.

Et j’ai envie de le voir repu juste après, envie de voir le mâle qui se détend après avoir pris son pied.

Du moins, jusqu’à ce que je jouisse, dans ma main, sur mon torse.

Dès lors, mes fantasmes perdent très vite d’intensité, jusqu’à disparaître. Et là, c’est moins de sa queue que de sa présence toute entière, moins d’une baise épique que d’une étreinte dans le noir, dont je ressens le besoin. Son torse dans mes bras, mon nez dans ses cheveux. Ou, mieux encore, ses bras autour de mon torse, son visage dans le creux de mon épaule.

Qu’est-ce que j’ai envie de le sentir près de moi !

La branlette a un pouvoir apaisant, et lorsqu’on est apaisé, on arrive à mieux appréhender les choses. Alors, porté par cet état de bien être post-coïtal, je décide de lui envoyer un nouveau SMS.

« Salut, Jérém, comment vas ton épaule ? ».

Simple, sans fioritures. N’importe quel pote aurait pu lui envoyer ce genre de message. Et j’imagine que, venant de n’importe quel pote, ça lui ferait plaisir et qu’il y répondrait, même brièvement.

Je sens mon corps s’engourdir. C’est dingue le pouvoir d’une simple branlette de mettre un garçon KO.

Samedi 14 juillet 2001.

Hélas, sa seule réponse, est une fois encore le silence. Un écran vide, voilà ce que je découvre à mon réveil. Enième déception qui amorce mal la journée.

Je vais courir sur le canal pour changer d’air. L’album « Music » à fond dans mes oreilles me donne la pèche. Et ça me rend déjà nostalgique. Je n’arrive toujours pas à croire que 36 heures plus tôt j’étais à Londres en train d’écouter Madonna chanter. C’est fou ! 36 heures déjà ! Bientôt ça fera une semaine, puis un mois, puis une année. Mais je sais que je ne perdrai jamais ce souvenir. Parce qu’avant de quitter la maison, j’ai ébauché un petit texte retraçant cette folle aventure. Quelques notes en vrac, pour marquer le coup, que je complèterai quand mon esprit sera un brin plus calme.

En attendant, j’irai faire un tour à la boutique au sous-sol du métro Jean Jaurès. Ils ont toujours des CD qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Peut-être qu’ils auront le live du concert. Il faut que je me le procure à tout prix.

Midi arrive, je rentre à la maison. L’écran de mon portable est toujours muet. Il fait chier le bogoss. Il m’énerve à bouder de cette façon à la con. Le fait est que, plus son silence s’étire, plus je me sens inquiet. J’ai besoin de savoir s’il pourra jouer demain.

Demain après-midi, je serai au match, c’est sûr. Mais, en attendant, j’ai besoin de savoir. Au risque d’être déçu et attristé par ce que je vais apprendre.

J’ai envie de l’appeler. J’affiche son numéro dans le répertoire. Je le fixe pendant de longues minutes, sans me résoudre à appuyer sur le bouton vert. Je me dis que s’il n’a pas répondu à mes SMS, je doute fort qu’il apprécierait que je l’appelle. Je n’ose pas non plus renvoyer de message à Thibault.

C’est à table, en dégustant les lasagnes de maman, que je me dis que si Jérém ne répond pas à mes SMS, je peux toujours passer le voir.

Bien sûr, c’est encore moins discret que de l’appeler. Mais au moins j’aurais une réponse à mes inquiétudes, rien qu’en voyant sa tête. Et puis, j’ai grave envie de le voir. Si, je vais aller le voir. Je vais aller le voir chez lui à l’heure de sa pause.

Je traversé le pont St Michel et je m’engouffre dans les allées qui m’amènent à traverser le Grand Rond fleuri, et je me retrouve quelques minutes plus tard dans cette rue qui représente à mes yeux non seulement l’artère la plus importante de Toulouse, mais le centre même de l’Univers. C’est mon univers à moi, si cher à mon cœur, mon « Du côté de chez Jérém ».

C’est une belle journée, le vent d’Autan est fidèle à son poste. Il souffle très fort, il souffle le chaud et le froid, suivant les moments, les endroits, au gré des passages de nuages qui éclipsent ou laissent percer le soleil. Il caresse ma peau, traverse mon t-shirt, fait frotter le coton sur mes tétons. Au fil de mes pas, ça éveille mes sens et me remplit d’envies de plus en plus violentes.

Pendant que je marche, je cherche à imaginer une occasion pour lui donner le fameux maillot. C’est sciemment que je ne l’ai pas pris avec moi cet après-midi. Je ne sais pas dans quel état d’esprit je vais le trouver et je n’ai pas envie de me le voir balancer ce joli maillot dans la gueule.

Lorsque j’arrive devant la porte en bois, lorsque mes yeux lisent le mot « Tommasi » sur la touche de l’interphone, mon cœur bat très fort la chamade. J’entends mon cerveau reptilien crier un « FAIS DEMI-TOUR ! » de pure survie.

Je fais violence à mon bras pour qu’il amène mon doigt jusqu’au bouton. Et je sonne.

Les secondes se suivent, s’accumulent, sans qu’il y ait une réponse. Je sonne une deuxième fois, un peu plus longuement. Mais toujours pas de réponse.

J’en déduis que le bogoss ne doit pas être là. Est-ce qu’il est toujours à la brasserie ? Il ne me reste qu’à m’y rendre pour en avoir le cœur net. En partant, je lève les yeux vers la terrasse. Le parapet auquel je l’ai tant de fois vu appuyé, en train de fumer, après avoir joui, est si triste sans sa présence.

Je décide de rentrer en longeant le Canal. Je suis le chemin entre le bord de l’eau et l’alignement de platanes. En arrivant à hauteur de la Halle aux Grains, je ne peux m’empêcher de faire un crochet pour passer devant la porte où j’ai connu un garçon nommé Stéphane et un labranoir nommé Gabin.

Et je continue dans la rue de Metz.

La terrasse de la brasserie à Esquirol est bondée en ce début de samedi après-midi. Mais je ne vois pas mon Jérém. Visiblement, il n’est pas là non plus. Mais où est-il donc ? S’il le faut, il est coincé entre les cuisses d’une nana. Ou bien à un entraînement en vue du match de demain. J’aimerais tellement que ce soit le cas !

Malgré ma déception, je me pose à une table et je commande un café, qui m’est servi peu après.

Pendant que je le bois, je retrouve le souvenir de Jérém dans son t-shirt noir qui déconne avec Thibault. J’adore leur complicité. Jérém qui nous offre une tournée, un petit regard charmeur qu’il laisse trainer dans ma direction.

Je bois mon café et je me dis que, sans la présence de Jérém, cette terrasse perd pas mal d’intérêt à mes yeux.

La terrasse ne désemplit pas. Les serveurs sont tellement débordés que je n’ose pas les déranger pour régler mon pauvre café. L’attrape mon ticket et je décide d’aller payer directement en caisse, à l’intérieur.

Et là, c’est le choc. Posté derrière le comptoir, le torse enveloppé par une chemisette blanche qui moule sa plastique de façon scandaleuse, le col bien remonté derrière son cou puissant, les deux boutons du haut ouverts, laissant entrevoir un V de peau mate d’où se détache sa belle chaînette de mec. Le voilà mon bobrun, sexy à en donner des frissons.

Le bogoss s’active entre la machine à café et les fontaines à bière. Il est tellement pris par ses multiples occupations qu’il ne m’a même pas vu rentrer. Je suis pourtant à moins de deux mètres de lui.

Je suis surpris de le trouver ici. je croyais qu’il devait se reposer.

Sur ce, son patron rentre de la terrasse, un plateau vide à la main, et s’adresse à lui.

« Merci d’être venu nous filer un coup de main, Jérém. T’as vu ce monde. On aurait été mal sinon ».

Et il repart en prenant un nouveau plateau plein, sans attendre la réponse de Jérém, réponse qui ne viendra pas d’ailleurs, le bogoss étant déjà en train de préparer une nouvelle commande.

J’approche du comptoir. Et c’est un choc multi sensoriel. Son parfum percute mes narines, sa présence rapprochée brûle mes rétines, impacte mes neurones.

Le rythme soutenu de ses mouvements dans le petit espace derrière le comptoir semble avoir chauffé ses muscles. Le bogoss a l’air d’avoir chaud. Sur son visage, dans son cou, jusqu’au triangle de peau mate entre les pans ouverts de sa chemisette, sa peau semble briller d’une fine couche de transpiration.

Je n’ai qu’une envie, ouvrir un à un les boutons encore scellés de cette chemisette, ouvrir tout doucement les deux pans et plonger mon nez dedans pour en capturer le plus longtemps possible les effluves tièdes. Puis, poser ma langue sur sa peau, descendre jusqu’à son pantalon. Ouvrir sa braguette, écarter un peu l’élastique de son boxer, plonger le nez dedans, me laisser enivrer. Humer le délicieux bouquet de petites odeurs de mâle qui se dégagent de son intimité. Et…

« Tu fais quoi là ? ».

Le ton de sa voix est sec. Son regard est dur, agacé. Son visage porte encore des traces de coups, souvenir typiques d’un match de rugby difficile. Petit détail qui, mélangé à cet air coléreux, le rend sexy à en pleurer. Il est beau comme un Dieu.

Qu’est-ce qu’il m’a manqué ce petit voyou ! Sa belle petite gueule, l’harmonie de son corps. Son parfum, sa façon de bouger, sa voix. Et je m’en rends compte d’une façon encore plus nette alors que sa présence vient à moi de façon si inattendue.

« Bah…rien… » je lui réponds, déstabilisé, pendant qu’il continue de s’agiter dans le petit espace autour de son plateau.

« Je… je… je passais par là et j’avais envie d’un café. Je ne pensais pas te trouver ici. Mais ça me fait plaisir de te voir. Ça va l’épaule ? ».

« Vite fait » il répond plutôt sèchement, faisant face à la machine expresso, me tournant le dos, me laissant admirer par la même occasion l’angle et le relief incroyable de ses épaules, la perfection avec laquelle les manchettes épousent ses biceps, la précision avec laquelle le tissu, pourtant non extensible, épouse le V vertigineux de son dos.

Sa réponse est du genre à couper court à toute envie de causette. Ce mec n’a pas son pareil pour me mettre mal à l’aise lorsqu’il est en pétard. Car il a vraiment l’air en pétard. Evidemment, j’imagine que c’est ma présence qui le met dans cet état. Je n’aurais pas dû venir.

Le silence qui s’en suit devient vite gênant. J’ai beau chercher un truc marrant pour essayer de le faire rire, je ne trouve pas mieux à dire que :

« Je viens régler mon café. ».

« On s’en branle de ton café. » il m’aboie dessus.

« Viens par-là » il me glisse, après avoir jeté un regard vers la porte qui donne en terrasse, accompagnant ses mots d’un signe de la tête, l’air des mauvais jours.

J’approche un peu plus, Jérém se penche au-dessus du comptoir.

« Nico, tu… ».

Mais déjà l’un des serveurs se pointe pour chercher le plateau que mon bobrun vient de terminer, et mon. Et ça le coupe net dans son élan.

« Trois café, un Orangina et une menthe à l’eau pour la 9 ! » il lui balance en repartant.

Et déjà un client vient pour régler sa consommation, puis un autre, puis le serveur revient. Je sens que Jérém veut me parler de quelque chose qui l’énerve, mais qu’il en est empêché par le contexte. On dirait un lion en cage. Il est bridé, il mord son frein, mais ses regards noirs en disent long.

Profitant d’un moment de calme, il réussit à me lancer, le regard fixe et dur, les sourcils en mode colérique faisant comme un double accent à chapeau :

« Je suis en pause vers cinq heures. Viens à l’appart, j’ai à te causer ».

« D’accord » je lui réponds, surpris et inquiet, les mains tremblantes.

Je quitte la salle de la brasserie en essayant de garder une certaine contenance. Difficile quand on se retrouver soudainement avec des jambes en coton.

Mais qu’est ce qui se passe ? « Viens à l’appart, j’ai à te causer ». Ça a l’air d’une convocation pour « faute grave ».

Mais quelle mouche l’a-t-il piqué ? J’en ai déjà des sueurs froides. Ça sent le gros reproche, ça sent la dispute imminente, inévitable, je la sens gronder dans l’air comme l’orage qui semble s’annoncer dans les nuages qui ont fait leur apparition au loin dans le ciel d’été.

Il est 15 heures. Deux heures à poiroter et à regarder la pression monter. Je n’ai pas envie de me disputer avec lui. Mais si je ne vais pas le voir tout à l’heure, je sens que je peux l’oublier.

Et puis, il faut que je sache ce qu’il a à me reprocher.

Je tente de déchiffrer ses mots.

« Nico, tu… ». C’est mince comme indice.

« Nico, tu… tu n’as pas autre chose à foutre que de venir me faire chier à mon taf ? ».

Ou bien :

« Nico, tu dois arrêter de m’emmerder ! ».

Ou même :

« Nico, tu m’as fait rater mon match de dimanche et pour ta faute je ne pourrai même pas jouer demain ».

Un frisson parcourt mon dos pour chacune de ces possibilités, et en particulier pour la dernière.

En attendant l’heure, je pars faire un tour au magasin de CD de la place Wilson. Un tour consciencieux, rayon par rayon, étage par étage, pour tenter de me distraire. Hélas, je réalise très vite que dans l’état d’inquiétude qui est le mien, je n’ai même pas l’esprit à me laisser transporter par le bonheur de mater les beaux mecs.

En sortant de là, je me rends dans le petit magasin de CD dans le métro Jean Jaurès. Le double CD du concert de Madonna à Milan me saute directement dans les mains.

17h03 je suis à nouveau devant l’interphone « Tommasi », le cœur qui bat à tout rompre.

Le vent a un peu faibli, et le ciel est désormais couvert de nuages sombres. J’entends gronder au loin, l’orage approche. La météo fait écho à mon ressenti vis-à-vis de cette rencontre. Je sens qu’il y a de l’électricité dans l’air.

Dans ma tête, un mélange d’excitation, d’inquiétude, de stress, de crainte. Qu’est-ce qu’il a à me causer au juste ? Je respire profondément, j’expire lentement. Une, deux, trois fois. Mais ça a l’effet inverse, maintenant j’ai la tête qui tourne. Et je me sens encore plus à côté de mes pompes.

Mon doigt tremblant finit par appuyer sur la sonnette. Je n’ai pas le temps de relâcher le bouton que le bruit désagréable de la serrure électrique retentit dans la rue.

Je grimpe les marches d’escalier quatre à quatre, « idéal » pour se calmer et se préparer sereinement à une discussion qui s’annonce houleuse.

Lorsque j’arrive devant la porte de l’appart, elle s’ouvre illico. Jérém se tient dans l’embrasement de la porte. Ah, putain, nouveau choc ! Une fois de plus, qu’est-ce qu’il est beau et sexy avec ces coups sur le visage ! Sans parler de cette expression de colère qui n’a pas quitté sa belle gueule sexy, ou de cette chemisette blanche de fou, ou bien de cette cigarette encore éteinte posée au coin de ses lèvres. J’ai envie de lui. J’ai envie de hurler. J’ai envie de lui à hurler.

D’un petit geste de la tête, il me fait signe d’entrer. Il avance vers la porte vitrée en terrasse et s’arrête sur le seuil, le dos appuyé au mur. Il allume sa cigarette et tire dessus une première fois. La fumée chaude traverse ses poumons en provoquant sur son visage la grimace typique.

Je referme la porte derrière moi. Et instantanément mes narines sont touchées et coulées par l’odeur de cet appart, si racé, si caractéristique, si unique, par ce mélange d’odeur de gel douche, de cigarette, de deo, de lessive, de tanière de mec. Cette tanière qui vibre de sa présence masculine.

Je le regarde fumer en silence. Fumer et me toiser. Le silence devient gênant. J’ai besoin d’entendre le son de sa voix. J’ai besoin de savoir ce qu’il a à me reprocher. J’ai toujours l’impression que si je suis là, c’est pour me faire passer un savon.

Je me sens comme une petite mouche prise dans une toile d’araignée, en attendant que la grosse bête vienne la dévorer.

Vite, casser le silence.

« Je ne m’attendais pas à te trouver à la brasserie, je pensais que tu étais au repos ou à l’entraînement. » je tente de me justifier.

Dehors, ça gronde de plus en plus fort. Un double éclair réverbère dans l’appart. L’orage est désormais tout proche. Il ne va pas tarder à éclater.

J’ai l’impression que dans sa petite tête aussi ça gronde de plus en plus fort. Un double éclat de colère fulmine de ses yeux bruns. Oui, l’orage va éclater. Je tente de prévoir sa puissance.

« Alors, tu vas pouvoir jouer demain ? ».

« C’est pas tes oignons » il me balance sur un ton agressif.

Il est vraiment énervé. Je sens qu’il a besoin de décharger sa colère, de la laisser éclater.

Un dernier coup de tonnerre, un dernier éclair, des grandes gouttes commencent à tomber sur la petite terrasse et sur la ville.

Une dernière taffe, le mégot écrasé, sa colère commence à tomber sur le petit Nico.

« Qu’est-ce que t’as été raconter à Thibault ? » il me balance à brûle pourpoint sur un ton accusatoire.

Ah, voilà autre chose ! C’est là que je prends la mesure d’à quel point je m’étais gouré au sujet de la suite après « Nico, tu… ».

« Qu-quoi ? » je tente de m’accrocher, alors que ça question me percute avec la puissance d’un coup de poing assené en pleine figure.

« Qu’est-ce que t’as raconté à Thibault ? » il insiste, sa colère de plus en plus palpable.

Thibault n’a pas fait ça ! Je ne peux pas croire qu’il ait parlé à Jérém de nos confidences.

« Mais rien ! » je mens à nouveau, en tentant de me défendre comme je peux.

« Putain ! Thibault sait des trucs ! » il me balance, en se retenant tout juste de gueuler.

Ses yeux fulminent, le ton de sa voix est de plus en plus virulent.

« Qu’est-ce t’as été lui raconter ? » il répète, furax.

« Comment ça, il sait des trucs ? Quels trucs ? » je tente d’esquiver.

« L’autre soir il a fait des réflexions ».

« Quel genre de réflexions ? » je tente de temporiser.

« Peu importe, merde ! Il sait des trucs. Et ça ne peut être que toi qui lui a parlé. Tu lui as dit quoi ? ».

« Mais rien ! Rien ! » je m’enfonce.

« Tu fais chier, Nico ! » il me balance, le ton et l’attitude de plus en plus agressifs, en s’approchant de moi avec un air très menaçant.

Instinctivement je recule. Il est tellement hors de lui que j’ai peur qu’il me cogne. Ça ne peut pas se finir de cette façon entre nous, pas en baston. Je suis en panique, je cherche désespérément quelque chose pour calmer le feu de sa colère. Je choisis le bon moyen. De l’essence.

« Tu sais, Thibault n’est pas con, il voit tout ce qui se passe, il réfléchit. Il n’y a pas besoin de lui dire les choses pour qu’il les comprenne tout seul. C’est ton pote, tu devrais le connaître mieux que moi ».

« Oui, c’est mon pote. Et pas le tien. Alors je t’interdis de le faire chier avec tes conneries !!! » il me crie au visage à distance tellement rapprochée que mes narines sont frappées par son haleine chargée de nicotine.

Son attitude est arrogante, menaçante, limite violente. Mais putain, une fois de plus, qu’est-ce qu’il est bandant quand il est en colère ! Le regard noir, accusateur, la bouche entrouverte, la mâchoire crispée, la langue appuyant fort sur sa joue jusqu’à créer comme une bosse. Les bras croisés juste au-dessus de ses abdos, attitude qui donne encore plus d’envergure à ses épaules puissantes, le torse légèrement en arrière faisant ressortir le relief hallucinant de ses pecs. La puissance et l’attitude agressives de son corps faisant un contraste d’enfer avec son petit air de gosse qui fait son caprice, un petit air de « c’est pas juste ! » avec une coquille d’œuf sur la tête, ce qui le rend touchant tout plein.

« T’entends ce que je te dis ??? » il me crie dessus en pénétrant violemment dans mon espace vital.

Son visage n’est plus qu’à quelques centimètres du mien. Son parfum s’insinue dans mes narines, jusqu’à vriller mon cerveau. Je le regarde dans les yeux et soudainement je sens pousser en moi une vocation de kamikaze.

L’orage gronde et la pluie continue de tomber, drue, bruyante. Peu à peu, une nouvelle fraîcheur remplace la chaleur de l’après-midi. Une petite brise caresse ma peau et souffle encore un peu plus sur la flamme déjà bien vive de mon désir.

Tout se passe très vite. Le bogoss est pris par surprise. J’avance mon buste très rapidement et j’arrive à poser mes lèvres sur les siennes. Enfin, à les effleurer. Car, le temps d’un demi battement de cil, ses bras et ses mains entrent en action et me repoussent violemment.

Je le regarde droit dans les yeux. Je ne sais pas ce qui m’arrive. J’ai trop envie de lui. Je n’en ai pas eu assez. Je reviens à la charge, tout en étant conscient que ce coup-ci, c’est perdu d’avance. Il me repousse à nouveau, encore plus violemment.

Et alors que je me prépare à y revenir une troisième fois, je l’entends balancer, tout en pliant ses coudes et en fermant ses poings, comme pour se préparer à jouer de ses gros bras :

« Ne refais pas ça ou tu vas t’en prendre une. Je rigole pas ».

Je sais que dans l’état d’énervement qui est le sien, il serait capable de le faire. Ce qui rend tout à fait incompréhensible mon geste qui va suivre. Le geste de m’élancer une fois de plus vers lui, avec toute la puissance dont je suis capable.

Je le vois lever ses bras, se préparer à cogner. Mais j’ai prévu mon coup. Mes bras sont en état d’alerte. Ils se lèvent, mes mains captent ses poignets. C’est peut-être l’effet de surprise ou la puissance de mon élan désespéré. J’arrive à le maitriser.

Nous nous faisons face. Nos forces semblent s’équilibrer. Chose qui me parait surréaliste vu la différence de diamètre de nos biceps respectifs. Pourtant j’arrive à le maitriser. Ou alors, il se laisse maitriser. Ou alors, tout simplement, il n’est pas au mieux de sa forme.

Je le regarde droit dans ses yeux noir pleins de rage. Puis soudain, ses bras cessent de forcer et se dégagent brutalement de ma prise. Et je le vois porter la main sur l’épaule opposée, certainement celle qui est blessée, tandis qu’une grimace parcourt son visage.

Eh, merde ! Il a forcé sur sa blessure. Provoquer Jérém alors qu’il doit se requinquer pour le match de demain, quelle super idée ! De pire en pire, Nico.

« Tu as mal ? » Je m’inquiète.

Et là, à ma grande surprise, j’assiste au retour du Grand Jérém. Pour toute réponse, je l’entends me lancer :

« Ta gueule et suce ! » pendant que ses deux mains s’affairent désormais sur la braguette pour en défaire en vitesse les quelques boutons.

J’adore lorsque ses besoins de mec qui prennent le dessus même sur l’énervement et la douleur.

En une fraction de seconde, il ouvre tout en vitesse les petits boutons de sa chemisette, ces mêmes boutons que je rêvais de défaire moi-même, tout en douceur, pour que mes narines puissent humer les bonnes odeurs de son torse de mec.

Les deux pans de de tissu ouverts sur son torse spectaculaire, j’aperçois un bout du bandage de l’épaule. Ce qui rajoute du craquant au bandant. Mais aussi le petit grain de beauté dans le cou, le tatouage qui se dégage juste au-dessous de la manchette. Mon Jérém, quoi.

Les deux pans de la chemise ouverts, un paysage magnifique se dresse devant mes yeux. Un paysage rendu encore plus merveilleux par une pilosité brune qui a l’air d’avoir été un peu négligé et qui commence à repousser, laissant deviner l’existence d’une épaisse ligne médiane, ainsi que d’une toison assez intense en partie haute du torse. Image de bonheur.

A cet instant précis, je me dis que je donnerais cher pour que mon bobrun arrête de se raser le torse et qu’il laisse s’exprimer sa pilosité naturelle. Un petit con qui se rase est grave sexy. Mais un mec qui assume sa pilosité. Et il n’y a pas de mots pour décrire ce genre de bonheur.

Je n’ai pas le temps de m’attarder sur son torse car mon regard est happé par sa main qui masse de façon appuyée la jolie bosse qui déforme son boxer blanc.

Je suis tellement pris de court que je n’arrive pas à réaliser. Un instant plus tôt on allait se taper sur la gueule. Et là, changement de scénario, on passe de la « guerre » à l’amour. Sans transition. Ça surprend.

Je suis comme hébété, paralysé par mon désir débordant. Mon cœur bat à mille, prêt à bondir de ma poitrine. Dans ma tête, un délicieux petit écho de première révision.

« Si tu ne la veux pas maintenant, pas la peine de revenir la chercher » je l’entends me lancer, confronté à ma petite hésitation.

Ah, non, pas ça ! Vite le faire jouir pour lui offrir les magiques endorphines qui calmeront à la fois sa douleur à l’épaule, son énervement, et son malaise. Petit con, va !

« Et comment, que je la veux ».

Ces simples mots s’affichent dans ma tête comme une évidence, elles résonnent en moi avec le même naturel que le bruit de cette pluie qui tombe sur la ville.

Les mouvements ciblés de sa main font déborder sa queue de l’élastique du boxer. Mon sang ne fait qu’un tour. Je ne suis plus que désir, envie, de lui.

« Et comment, que je la veux ».

Ces simples mots débordent de ma bouche comme une évidence, elles résonnent dans le petit séjour avec la même évidence que le bruit de cette pluie qui tombe sur la ville.

Jérém se tient debout, les épaules appuyées contre le mur. A genoux devant lui, je contemple avec une furieuse envie cette queue qu’il garde sciemment enveloppée dans sa main, se caressant avec des va-et-vient lents et amples. Voilà comment se caresse un mâle.

J’ai terriblement envie de sa queue. J’en languis. Et il s’amuse à me faire languir. Je regarde son gland apparaître et disparaître au gré des mouvements de sa main, en attendant de plus en plus impatiemment de pouvoir prendre le relais.

Je décide de prendre les devants. Je plie mon buste, j’approche ma bouche. Les mouvements de sa main ne cessent pas pour autant.

L’odeur tiède, à la fois douce et masculine, qui se dégage de sa virilité provoque des décharges électriques dans ma tête et dans mon corps. Seconde après seconde, je m’embrase. Et mon désir entraîne l’audace.

Ma main se porte sur la sienne pour lui signifier que j’ai très envie de prendre le relais. Sa main ne bouge pas pour autant, elle continue son mouvement.

J’insiste. Son bras finit par repousser ma main avec un mouvement brusque.

Je lève mon regard. Je cherche dans le sien des indices pour essayer de comprendre à quel jeu il veut jouer. J’ai envie de lui montrer à quel point je frémis à la simple et unique idée de lui faire plaisir.

A l’instant même où nos regards se captent, je décèle dans le sien une étincelle lubrique de mec fier du pouvoir qu’il a sur moi, un pouvoir dont il a envie de profiter et d’en abuser jusqu’à me rendre fou.

Vue de l’extérieur, la situation pourrait sembler frustrante, humiliante. De l’intérieur, elle est surtout terriblement excitante.

Non seulement j’adore son attitude de petit macho arrogant. Non seulement je suis fou de voir son égo de mâle se nourrir de mon regard rempli d’envie, de ma soumission.

Mais j’ai même envie d’aller au-delà de son intention, de le supplier carrément de me laisser le sucer. De quémander la faveur de me laisser goûter à sa virilité.

« S’il te plaît, Jérém, laisse-moi te sucer, j’en ai trop envie ! » je finis par lâcher, fou de frustration.

« Tu la veux, hein ? » il me balance.

« Oui, j’en crève d’envie ! ».

« Ça fait longtemps que tu ne l’as pas vue, hein ? ».

« Ça fait une semaine. Je ne pense qu’à ça… » je lui notifie.

« Tu t’es pas fait baiser à Londres ? » il me balance sèchement.

« Non, pas du tout ! » je suis fier de lui annoncer.

« Je n’ai pas arrêté de me branler en pensant à ce que tu m’as fait le week-end dernier ».

« Tu n’es vraiment qu’un cul en chaleur ! ».

« Je veux être à toi » je lance, comme la seule réplique possible d’un dialogue écrit d’avance.

« Tu veux ma queue, hein ? Elle te fait jouir, hein. ? ».

Son arrogance me fait bander. Aucun mot n’est assez puissant dans ma tête pour lui signifier à quel point je suis sous l’emprise de sa puissance sexuelle, de son pouvoir masculin.

« Grave Jérém ! Tu me fais jouir comme personne d’autre ».

Et là, comme si j’avais tapé le mot de passe magique, sa main arrête de branler sa queue. Deux doigts la saisissent à la base pour la guider, pendant que son autre main se pose direct derrière ma nuque. Son bassin avance. Son gland rencontre mes lèvres, qui s’ouvrent avec un immense bonheur.

Je l’ai en bouche. Sa queue est raide, brûlante. Elle s’enfonce jusqu’à la garde, jusqu’à ce que ses couilles frôlent mon menton, jusqu’à ce que mon nez s’enfonce dans ses poils pubiens, jusqu’à ce que son gland se cale à l’entrée de ma gorge.

La poussée de son bassin est de plus en plus forte. Je me sens envahi, je me sens presque étouffer. Pourtant, qu’est-ce j’adore cette sensation de domination !

Et putain, qu’est-ce que ça sent bon dans son entrejambe. Sa queue m’a tellement manqué ! Car elle a le bon goût et la bonne odeur des choses familières qui font du bien. Sa queue dans la bouche, je suis à la maison, je suis heureux, je suis apaisé.

« T’arrives pas à l’avaler en entier, n’est pas ? T’as une bonne gorge de pute, mais tu n’y arrives pas ! » il lâche, petit mec fier de son attribut masculin.

Ça fait un moment qu’il ne m’en a pas balancé autant de mots crus. Je trouve cette attitude tellement dissonante avec celle qui était la sienne, câline et tendre, de la semaine dernière, dans le noir. Et même si cela laisse présager qu’aujourd’hui, après la baise, les câlins ne seront pas au rendez-vous, je suis fou de bonheur. Qu’est-ce qu’ils m’excitent ses mots crus, et son attitude de petit con. J’ai excessivement envie de lui.

Je commence à le pomper et le bogoss est en extase. J’adore ça, le voir fermer les yeux, arrêter tout mouvement, comme suspendu, perdant tout notion du temps et de l’espace, complétement à l’écoute du plaisir de son corps. Et le voir attendre (im)patiemment la suite, me laisser les clefs de son plaisir. Et ceci, non pas par confiance aveugle, mais parce que, face à un plaisir si intense, sa volonté n’est plus.

Son corps est animé de petites vibrations qu’il ne peut plus contrôler. Ma main se porte alors sur son manche, elle le saisit très délicatement. Sa respiration s’accélère, ses pulsations aussi. J’ai l’impression de sentir les battements de son cœur dans les veines de sa queue. Le bogoss ne bouge pas une oreille.

Ça calme grave, n’est pas, mon Jérém ? Une bonne pipe et toute colère se dissipe.

Oui, le bobrun est comme en état d’hypnose, un état second obtenu par l’extase des sens. Et c’est moi qui ai fait ça. Ce qui ne me rend pas qu’un peu fier de moi.

Je le pompe avec entrain, je le pompe visant directement son orgasme. Je le pompe jusqu’à ce qu’il me repousse.

Je perds le contact avec sa queue. Et je me sens instantanément vide.

Je lève à nouveau mes yeux pour essayer de comprendre ce qu’il veut. Et là je le vois tomber complétement la chemisette, dévoilant intégralement son bandage. Le pantalon s’envole aussi, suivi par le boxer, les baskets, les chaussettes. C’est beau de voir un bogoss se dessaper, se mettre à l’aise pour prendre son pied. Je brule d’impatience de savoir ce qu’il prévoit pour la suite.

Jérém s’installe sur le lit, le bassin presque au bord du matelas, les genoux pliés, les pieds au sol, les jambes écartées, le buste maintenu par la position accoudée de ses bras. Perspective qui m’offre une vue panoramique sur sa queue tendue, ses abdos saillants, ses pecs bombés, sa chainette négligemment abandonnée entre ses tétons épais.

Dans ses yeux, un regard magnétique, intense, chargé d’érotisme, un regard plus explicite que mille mots. Dans ce regard il y a tout, un tout qui se résume à un message très simple mais inéluctable.

« Suce ! ».

Un bogoss montre sa nudité et j’accours, réflexe pavlovien. J’accours, esclave d’un amour complétement fou, prisonnier d’un désir violent. Ce mec est dans ma tête, dans mon cœur, dans ma chair, dans mon ventre. Ce mec est mon petit Dieu vivant.

Je suis toujours à genoux, position qui me permet d’apprécier dans les moindres détails les ondulations de ses abdos sous l’effet de sa respiration. Mon regard est happé par son chemin du bonheur, mon nez, par les petites odeurs qui s’en dégagent.

Je le pompe goulûment pendant que l’orage gronde dehors, pendant que la pluie se déchaîne sur la ville. Je crois que de toutes les fois que je l’ai sucé jusqu’à ce jour, j’ai rarement pris autant mon pied. Je voudrais le sucer sans jamais arrêter, le faire vibrer de plaisir à le rendre fou. A le rendre complètement accroc à mon corps comme il m’a rendu accroc au sien.

Je le suce à fond, je le suce comme un fou pour lui montrer combien j’ai envie de lui, combien il m’a manqué.

« Tu m’as manqué Jérém » je ne peux m’empêcher de lui lancer pendant une phase de respiration.

« Oui, je sais, elle t’a manqué, alors suce ! » est sa seule réponse.

On ne parle pas de la même chose mais qu’importe. Le voir prendre son pied à ce point est le plus beau cadeau qui soit. Être accroupi entre ses jambes et m’occuper de sa queue, est pour moi comme une vocation.

Pour les grandes discussions, on verra plus tard.

Je recommence à le sucer avec encore plus d’entrain. Il recommence à frémir.

Mais j’ai aussi très envie de l’avoir en moi. Plus je le suce, plus cette autre envie me fait vibrer d’impatience et de frustration. Dans ma tête, ma bouche et mon entrée de mec se livrent un combat sans merci.

Ma bouche étant presque toujours servie en premier, mon autre entrée sollicite mon attention pour obtenir un traitement équitable. Difficile de trancher. Car que c’est tellement bon de l’avoir en bouche !

Quitte à faire un impair de taille, je pense que pour ce premier orgasme après retrouvailles, je vais le faire jouir dans ma bouche et l’avaler. J’ai trop envie de retrouver son goût de mec.

J’accélère le mouvement. Je me donne à fond pour lui offrir un orgasme intense. Je pense qu’il ne va pas tarder à lâcher son petit jus brûlant. Je me prépare à l’arrivée de ses jets puissants. Et même si je n’ai pas besoin de son ordre pour cela, j’aimerais vraiment qu’il m’intime de l’avaler. J’ai envie de sentir son envie de jouir en moi.

Mais c’est sans compter avec ses envies à lui. Car le bobrun a prévu autre chose. Ses mains se portent sur mes épaules, éloignant mon visage de son bassin, ma bouche de sa queue. Il se lève du lit, m’attrape par un bras. Docile, je suis le mouvement. Je me retrouve ainsi face à la table dans le coin cuisine.

« Dessape-toi » il me lance, la voix grave.

Je sens sa présence derrière moi, son souffle dans le cou. Je sais ce qu’il veut. C’est mon cul qu’il veut. Il l’exige. Car c’est au plus profond de moi qu’il veut lâcher sa semence.

Je vais m’offrir à lui. et je frémis à l’idée de me sentir comme fécondé par son jus épais.

Je me déshabille maladroitement, les mouvements perturbés par un désir qui me ravage.

J’ôte le t-shirt et sa queue presse contre mon short, visant l’espace entre mes fesses. J’arrête alors tout mouvement, je goûte au frisson de sentir ce sexe tendu assiéger le dernier rempart de tissu qui freine sa conquête inéluctable.

Et lorsque son bassin recule, lorsque le contact cesse, mon pantalon et mon boxer tombent très vite. au sens propre, comme au sens figuré, je m’incline devant son pouvoir de mec.

Le bogoss ne chôme pas. Ses mains écartent mes fesses, et sa queue s’insinuer dans cette entrée de mec qui lui fait tant envie.

Son bassin avance inexorable, tandis que ses mains forcent désormais sur mes épaules pour imposer à mon donner plus de puissance à sa pénétration.

Mon ventre se retrouve en contact avec la surface lisse et un peu froide de la table. Les jambes écartées, les fesses cambrées, à la complète disposition de son plaisir de mec.

Jérém s’enfonce en moi. Il s’enfonce jusqu’à ce que nos bassins se collent l’un à l’autre.

Et là, je sens son torse venir épouser mon dos. Sensation de chaleur, de douceur, de chaînette qui chatouille un peu à la base de mon cou. Sensation d’être complétement à lui, de lui appartenir, sensation de bonheur absolu.

Ses cuisses claquent puissamment et bruyamment contre mes fesses.

« T’es vraiment qu’une salope, un trou à bite ! » je l’entends se lâcher, la voix raillée par la montée de son plaisir.

« Je suis à toi » je le flatte.

« Tu prends ton pied, là ? » j’ai envie de savoir.

« Ouaisss, je prends mon pied. » je l’entends balancer.

« Moi aussi je prends mon pied, tu peux pas savoir » je lui lance.

« Chacun prend son pied comme il peut » c’est sa réplique, cinglante.

« C’est toi qui me fais jouir ! » j’insiste. Les mots sont le seul moyen qui me vient à l’esprit pour me donner un peu plus à lui.

« Bah oui » fait-il sur un ton méprisant « il y en a qui ont des couilles. Et il y en a qui ont juste un cul. », ultime réplique de petit con macho.

« Et j’assume ! J’assume parce que je prends trop mon pied. Parce que, plus tu me défonces, plus c’est un pur bonheur. Vas-y, fais toi plaisir, mec ! ».

Une idée me traverse l’esprit. Et elle finit par passer le seuil de mes lèvres.

« Ta queue est faite pour mon cul, et mon cul est fait pour ta queue ».

« T’inquiète. Tu vas t’en prendre plein le cul ! ».

« Oui, c’est ça que je veux ».

Dehors, l’orage redouble d’intensité. En moi, ses coups de reins redoublent de puissance.

« C’est ça que tu veux, hein ? Ma bite bien chaude, et te faire fourrer le cul ! ».

« Ouiiii, Jérém, c’est tout ce que j’aime ! ».

Sa baise est puissante, animale, précipitée, presque violente. Pendant la pipe, j’avais pris la main, je conduisais le jeu. A l’heure de la sodo, c’est lui qui reprend les manettes. Dans ses coups de reins, dans ses invectives, je sens son animosité, son énervement qui ne s’est toujours pas dissipé, sa rage qui refait surface, un emportement perceptible au-delà même de son excitation.

Sa colère le rend très dominant, petit con pour qui il n’y a que son pied qui compte.

Le sentir coulisser en moi sans retenue fait monter mon plaisir. J’écarte davantage les jambes, j’en veux plus.

« Putain, Jérém ! Vas-y encore, vas-y plus fort, déchire-moi ! ».
« Je vais te défoncer, oui, je vais te péter le cul ! » il lâche, la voix bien déformée par l’excitation.

Et en effet le bogoss n’y va pas de main morte. Ses mains attrapent mon bassin d’une part et d’autre pour se donner encore plus d’élan. Ses coups sont si puissants que la table se déplace. Je me dis que s’il y va si franco il ne va pas tarder à se vider les couilles. Je prends de plus en plus mon pied. J’attends que ça vienne. J’attends ses râles puissants, comme une délivrance.

Mais le bobrun n’a pas fini de faire varier ses plaisirs.

Il m’attrape par les épaules, son bassin recule. Il se déboîte de moi, me pousse vers le lit. Il me retourne à nouveau, il me pousse jusqu’à que je me laisse choir sur le lit, allongé sur le dos.

Je le regarde, debout, en train de me jauger avec un regard de chasseur qui va donner le coup final à une proie qui est désormais totalement en son pouvoir.

Je le regarde en train de me dominer de toute sa taille, de toute la puissance de son torse. Et ce bandage à l’épaule, et ces traces de coups sur le visage. Putaaaaaiiiiin !!! Comment il est sexy !

J’ai toujours du mal à me dire que c’est moi qui me tape « ça ».

Son regard, à la fois noir et plein d’excitation, me fixe intensément. C’est tellement aveuglant que je finis par plier, c’est moi qui coupe le contact.

Il grimpe sur le lit sur ses genoux. Il avance lentement dans l’espace entre mes jambes. Son bassin approche de mes fesses. Sa queue glisse en moi comme si c’était écrit. Elle s’arrête bien au fond, bien au chaud, je la sens frémir en moi.

Les yeux fermés, le visage parcouru par des frissons de plaisir, la chainette ondulant en dessous de son cou juste après la vibration de ses frémissements, la respiration profonde. Qu’est-ce qu’il est beau ce corps suintant une transpiration obtenue sous l’effort nécessaire à la recherche de son plaisir.

Et nos corps parfaitement emboîtés, mon trou envahi, possédé par son manche, brulant d’envie de se faire secouer.

« J’ai envie d’avoir ton jus en moi je laisse échapper, fou d’excitation.

« Je sais » c’est sa simple réponse de petit con premium, les yeux toujours fermés, toujours sans bouger.

Lorsque ses yeux se rouvrent, ils dévoilent un regard froid et fuyant. Dans mon entrejambe, sa queue s’attarde, titille, joue, provoque, excite puis délaisse, sort puis revient, frotte, appuie. Elle inflige le manque, l’abstinence, le frémissement.

J’en tremble. Je n’en peux plus. Le feu me ravage de l’intérieur.

Et alors qu’il amorce une fois de plus le geste de délaisser mon intimité, mes mains ont un mouvement de pur instinct. Elles saisissent ses avant-bras, dans une tentative désespérée de l’en empêcher.

« Dis-le que tu as envie de te faire péter le cul ! » il m’intime.

« Oh oui Jérém ! Baise-moi ! Défonce-moi ! fais-moi jouir ! ».

Il m’a mis dans un tel état qu’il pourrait me demander n’importe quoi, je serais incapable de le lui refuser.

Et là il s’enfonce d’une traite et recommence à me limer. Sa nouvelle saillie ne dure pas longtemps. Quelques instants plus tard, je l’entends balancer, la voix noyée par le plaisir qui secoue son cerveau comme une décharge électrique :

« Prends ça salope… ».

Je vois à la contraction de son visage que le premier jet va gicler de sa queue.

Et là, contre toute attente, ses mains quittent mes bras. Elles se posent sur mes tétons et prennent appui dessus. Son bassin recule, il se déboîte de moi. Et ses autres giclées, abondantes, chaudes, denses, atterrissent sur ma queue, mes couilles, mon torse, le tout dernier étant pour ma joue.

Il gicle sur ma peau

Comme il pleut sur la ville.

Quelle est cette ardeur

Qui efface ma pudeur ?

Il a joui et j’ai joui aussi. Je suis démonté, épuisé. C’était bon, puissant, bestial. Baiser comme des animaux, c’est génial. Mais là, là j’ai besoin d’un câlin. Même un tout petit rien du tout. Un petit truc pour amortir ma chute après l’orgasme.

Hélas, je le vois très vite amorcer le mouvement pour quitter le lit. Alors, c’est pour essayer de le retenir que ma main ose une caresse sur son avant-bras.

Geste inutile. Le bogoss se dégage comme s’il avait été piqué par un moustique. Quel con, quel insupportable petit con !

Si tu lâchais un peu prise, mon Jérém, ce serait tellement plus facile, pour toi autant que pour moi.

Je sais que quelque part au plus profond de ton être se cache une vraie sensibilité, un besoin de tendresse, je le sais parce que je les ai entrevus un jour, ou plutôt une nuit. Depuis, j’ai parfois l’impression d’entrevoir tes fêlures en filigrane de ton arrogance. C’est comme si un mur de verre se dressait entre nous, épais, incassable, infranchissable. J’arrive à lire dans tes besoins profonds, mais je ne peux pas les atteindre pour essayer de les satisfaire.

C’est fou la distance que tu mets entre nous. Il faut vraiment vouloir t’aimer, toi. Mais moi je t’aime. Et ces traces de coups sur ton visage m’attendrissent à un point que tu ne peux même pas savoir.

Je le regarde se lever, attraper le rouleau de sopalin, me le balancer, avant de partir à la salle de bain. J’entends l’eau couler dans l’évier.

Quelques instants plus tard, le bogoss réapparait avec sa démarche assurée, conquérante, à l’aise avec sa nudité même après avoir joui. C’est impressionnant.

« Vas-y, t’as eu ce que tu voulais ! » il me lance pendant qu’il commence à se rhabiller, me tournant le dos.

Qu’est-ce que c’est beau de regarder un mec s’habiller après une baise aussi torride, après qu’il ait joui. Tellement beau que j’en oublie de répondre à sa provocation. Tellement beau que j’en oublie de me rhabiller à mon tour.

Le bogoss s’assied sur le bord du lit pour se chausser. Lorsqu’il se relève, me voyant toujours à poil, il me balance, le ton agacé :

« Allez bouge, j’ai un taf, moi ! ».

Il lâche ces mots sans même me regarder, tout en sortant une nouvelle cigarette qu’il allume en partant vers la terrasse.

L’orage semble passé. La pluie a cessé. Un rayon de soleil illumine la terrasse et pénètre dans l’appart. Le bogoss fume en terrasse, accoudé à cette rambarde à nouveau si belle, comme fleurie de sa jeunesse, de sa beauté.

J’ai du mal à me rhabiller. C’est dur de repartir de cet appart sans le moindre câlin. Je me fais violence pour passer mes fringues. En quelques secondes, je suis presque prêt. Je ne me reste qu’à passer mes chaussures. Et c’est là que je remarque un détail qui m’avait échappé jusque-là.

Sur la petite table de chevet, je vois un objet qui m’est familier mais qui n’appartient pas à Jérém. Le bracelet métallique, un boitier massif mais aux lignes harmonieuses, à l’image de son propriétaire. Je connais très bien cette belle montre. Je l’ai eue sous les yeux lors d’un premier verre pris près de la gare Matabiau, lorsque ses mains chaudes et puissantes enserraient les miennes pour me réconforter. Je l’ai bien fixée pas plus tard que lundi dernier, tout particulièrement pendant un coup de fil, un appel opérant sous mes yeux l’alchimie capable de transformer instantanément un beau mécano en beau pompier.

Mais qu’est-ce que cette montre fait sur la table de chevet de Jérém ? Est-ce que Thibaut a dormi là ? Que s’est-il passé ?

Je n’ai pas le temps de réfléchir davantage à ces questions. Le bobrun rentre de la terrasse, ferme la porte fenêtre. Il passe devant moi, il ouvre la porte.

« Avance ! » il me lance, toujours aussi sèchement.

Je passe la porte, je traverse le petit couloir, je commence à descendre les marches lentement. Je l’entends refermer la porte derrière lui. Et commencer la descente d’un pas speedé.

Il me rattrape, il me double, son épaule heurte la mienne, il me bouscule. Il ne s’arrête pas.

« Jérém » je lance comme un cri du cœur désespéré.

« Quoi ? » je l’entends riposter, agacé. Pourtant, le bogoss a arrêté ses pas.

« Tu vas jouer demain ? » j’arrive à enchaîner.

« Qu’est-ce que t’en as à foutre, à la fin ! » je l’entends s’agacer.

« Je viendrai voir le match ».

« Ouais, c’est ça » il me lance sur un ton méprisant.

« Si, je viendrais vous voir ».

Est-ce que Jérém a cru voir dans la tournure de ma phrase, dans ce « vous » une allusion à ma proximité avec Thibault, un sens que je n’ai pas voulu lui donner, du moins de façon consciente ? Toujours est-il qu’il revient sur ses pas, et au pas de course. Et il s’approche si près que je peux sentir son souffle sur mon visage.

Et là, en me regardant droit dans les yeux avec un regard menaçant, il me balance :

« Je te conseille de foutre la paix à Thibault ! ».

Je ne sais pas ce qui m’a pris à cet instant précis. Peut-être que j’ai dû simplement me dire que l’occasion est trop belle, que c’était là ou jamais, et que parfois il faut avoir le cran de. Toujours est-il que je m’entends lui balancer :

« Tu sais, je pense que Thibault ne serait pas moins ton pote s’il savait que toi et moi on est un peu plus que des potes ».

Une lueur mauvaise s’allume alors dans son regard. Il approche un peu plus encore de moi. Et, toujours en me fixant tout droit dans les yeux, il assène froidement :

« Toi et moi, on n’est rien du tout ».

Ses mots résonnent dans ma tête comme un coup de massue.

« Mais ce qui se passe dans ton appart ce n’est pas rien ! ».

J’ai mal, très mal. Mes mots sont sortis presque mécaniquement de ma bouche, dans une tentative désespérée de me rassurer, de me défendre, de le convaincre, de me convaincre, de contenir les larmes que je sens monter à mes yeux.

Pourtant, elles n’ont d’autre effet que de lui offrir l’opportunité de frapper encore plus fort.

« Dans mon appart je te baise. Je te baise parce que tu as une bonne bouche et un bon cul. Mais ça s’arrête là, fiche-toi bien ça dans la tête ! ».

Son regard, le ton de sa voix, et ses mots. Jérém ne lâche rien, hormis du mépris.

Sur ce, il fait demi-tour, dévale quatre à quatre les escaliers. J’entends la porte de l’immeuble s’ouvrir, laisser passer brièvement les bruits de la rue et claquer juste derrière son passage.

Je ressens en moi une profonde tristesse, une immense désolation, une solitude cruelle.

Un désarroi qui se mélange aux questionnements amenés pas la vision de cette montre. Jérém, Thibault. Thibault. Jérém. Et si Elodie se trompait dans ses spéculations au sujet de la nature de leur amitié ? Et qu’est-ce que Thibault a dit à Jérém, au juste, pour mettre ce dernier aussi en pétard ?

J’imagine mal Thibault, cet adorable garçon, aller voir son pote pour cafter sur des trucs que j’aurais pu lui dire.

Mais qu’est-ce qu’il avait bien pu lui dire ? Pas moyen d’en savoir plus de la bouche de Jérém.

Et pourquoi donc il aurait fait ça ? Dans quel contexte, sous quelle forme ? Est-ce que Thibault s’était trahi par maladresse ? A cause d’une bière de trop ?

Par ailleurs, il n’est pas impossible que mon Jérém ait tellement la trouille que son pote soit au courant, qu’il finisse par devenir parano, au point de me pourrir juste parce que j’ai eu l’audace d’utiliser un « vous » qui pourrait lui sembler suspect.

Je m’assieds sur les marches. J’ai besoin de me poser une minute pour tenter de remonter de l’abîme de désolation dans lequel ses mots m’ont plongé.

Words, they cut like a knife/Les mots, ils coupent comme un couteau
Cut into my life/Coupe dans ma vie
I don’t want to hear your words/Je ne veux pas entendre tes mots

Une légère trainée de parfum flotte dans la cage d’escalier après son passage. Ses mots ont été si durs, si blessants, si injustes. Je devrais le détester de toutes mes forces. Pourtant, il vient de partir et il me manque déjà.

J’entends la pluie qui recommence à tomber dans la rue. Je sens les larmes qui commencent à couler sur mes joues.

Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville ;

Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon cœur ?

Que se passe-t-il au juste dans ta jolie tête, mon Jérém ?

Que se passe-t-il au juste dans ta jolie tête, adorable Thibault ?

Qu’est-ce qui te fait réellement courir dans la vie ?

Commentaires

Yann

08/09/2016 15:58

 Fabien ce texte est, de mon point de vue, un des plus beaux que tu nous ais donné à lire. Avec tes mots tu parviens à nous faire partager l’émotion intense de cet épisode, la colère de Jerem et surtout la tristesse de Nico qui, de l’avis de lecteurs que je partage, est si poignante. Tu es un arrangeur de mots, Ces mots qui soignent les maux, Des mots mis bout à bout, Tous ces mots pour nous. Des mots couchés sur le papier, Des mots pour raconter la vie, Qui comme un ruisseau de pluie, De leur sens inondent nos esprits. Tu es un jongleur de mots, Des mots tendres, Des mots parfois crus, Des mots de cul ou ambigus.   Des mots ordinaires, Des mots pour surprendre, Des mots pour plaire, Des mots parfois vulgaires.   Des mots juste murmurés, Des mots pour apaiser, Des mots pour jouir, Des mots pour le plaisir. Pour tous ces mots si bien choisis, Qui font l’histoire Nico-Jérémy,  Fabien, mille mercis. Yann

Yann

07/09/2016 17:30

 Depuis le début de l’histoire, la situation n’a jamais été aussi tendue entre Jerem et Nico et, de ce point de vue,  cet épisode est d’une rare intensité, il en est poignant à pleurer pour ce qu’endure Nico. Il y a d’abord la colère de Jerem. A son vieux démon, son mal être d’avoir découvert qu’il aime les garçons, s’ajoute la menace suprême que cela se sache parmi ses potes du lycée ou du rugby par le fait que Nico, qui vit mal cette relation avec Jerem qui ne l’aime pas comme lui l’aime, s’est confié à Thibault. Jerem a déjà du mal à assumer lui-même sa sexualité alors il n’est pas prêt à l’assumer aux yeux des autres. Nico à bien fait d’affronter Jerem car même si on peut lui trouver l’excuse qu’il vit mal sa situation, cela n’excuse en rien sa façon de se comporter avec Nico et Nico ne doit plus accepter de se laisser humilier comme cela. En quoi Nico, parce qu’il est homo passif, serait « un petit PD » moins respectable que Jerem actif qui lui aussi aime les garçons et prend tout autant de plaisir à baiser avec lui ? Le fait qu’il soit actif et Nico passif n’y change rien : ils prennent ensembles leur plaisir à leur façon. De toute évidence, Jerem, au-delà de sa colère, était content de retrouver Nico. Il éprouve quelque chose pour Nico mais ça lui coute de le reconnaitre et il tente de l’enfouir sous de la colère.  Ce n’est peut être pas un amour aussi passionnel que celui de Nico mais il faudra qu’ils se parlent. C’est à Nico de mettre les pieds dans le plat et de demander à Jerem comment il voit leur relation. J’espère que les lecteurs seront nombreux à participer à ta soirée Facebook et je te souhaite bonne chance Fabien.

Gripsou22

06/09/2016 16:11

J’ai adoré cet épisode. C’est très bien écrit, la scène de baise entre Jerem et Nico est vraiment très chaude, j’ai même joui en la lisant.Mais cet épisode est aussi très triste, elle donne les larmes aux yeux. Jérémie se comporte avec cruauté mais dans un certain sens je le comprends un peu (même si ça n’excuse rien). Il a peur de perdre un ami, peur que Thibault ne le voit plus pareil, pense que Jerem n’est plus un « vrai mec »,etc. Même si c’est faux évidement. Pauvre Nico, je me demande bien qu’est-ce qu’il peut faire? Jerem a peur de perdre sa virilité et le fait d’avoir été blessé lors d’un match y rajoute une couche. S’il perd le prochain, je me demande bien dans quel état il sera. Il y a un point positif c’est que Jerem s’est demandé si Nico a baisé avec d’autres mecs, il est jaloux donc non Nico n’est pas qu’un « vide couilles ».

Depuis 2010, la Queer Palm est un prix alternatif qui, au cours du Festival de Cannes, récompense un film aux thématiques LGBTQIA+.
Deux films sont à retenir dans la sélection 2025.

En 2024, le jury, avait remis son prix au film roumain Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emanuel Pârvu.

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Merci aux mécènes de tout temps, et en particulier à Cyril et Virginie, dont le soutien perdure depuis 2016.

Merci à vous tous pour votre fidélité et vos commentaires.

L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

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