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Livres

La littérature compte une infinité d’œuvres sur le sujet de l’homosexualité. Cette rubrique présente une sélection de romans sur ce thème sans avoir la prétention d’être exhaustive. Elle vise aussi à faire connaitre des auteurs dont l’œuvre parfois riche de plusieurs ouvrages mérite d’être découverte.

A noter qu’un prix littéraire international a été créé en 2013 sous l’impulsion de Gérard Goyet par l’Association Verte Fontaine et les Éditions Du Frigo. Il a pour objet de récompenser des romans appartenant à la littérature d’inspiration homosexuelle masculine.
Parmi les ouvrages cités ci-après certains ont obtenu un prix.

Mungo – Douglas Stuart 2023

Glasgow, années 1990.
Mungo, 15 ans, protestant, vit dans une cité ouvrière, dans l’East End.
Le jeune homme, dernier d’une fratrie de trois enfants, est doux, trop délicat et sensible pour le milieu qui l’entoure.
Le grand-frère de Mungo, Hamish, dit Ha-ha, est un chef de gang ultra violent qui a réussi à asseoir son pouvoir dans la cité entre trafics en tous genres et les bastonnades en règle des cathos le samedi soir. Et puis il y a Jodie, à peine plus âgée que Mungo, brillante élève, qui joue le rôle de mère et prend soin de lui quand leur mère justement, Mo-Maw, alcoolique, disparaît des jours sans laisser de traces.
Un jour dans un pigeonnier, il fait la rencontre de James. James est catholique, et Mungo est protestant. Dans le Glasgow des années 1990, marqué par les guerres de gangs, les deux garçons devraient se haïr – pourtant, ils sont tombés amoureux. Au cœur de ce monde hyperviolent, Mungo doit travailler dur pour cacher son amour interdit ; en particulier à son frère aîné, Hamish, prêt à tout pour défendre l’honneur de sa famille.
Lorsque la mère de Mungo découvre la vérité, elle décide de l’envoyer pour une partie de pêche au bord d’un lac, en compagnie de deux hommes au passé trouble, qui ont promis de faire de lui un homme, un vrai. Là, dans la solitude des forêts de l’Écosse profonde, Mungo va devoir apprendre à se battre pour survivre et gagner sa liberté.

C’est ainsi que commence ce roman qui nous entraîne à la suite de Mungo et de ses deux étranges compagnons pêcheurs de saumon dans une région sauvage sur les bords d’un loch et dans ce qui s’apparente à une thérapie de conversion.

Ce roman social magnifique fait le portrait d’un jeune homme, épris d’amour et de liberté, dans un monde empoisonné par la haine et l’intolérance.

Il traite des thématiques éternelles sur l’adolescence, la perte de l’innocence, le poids des origines et de la famille, le déterminisme social, la violence des préjugés, la misère des laissés pour compte…

Garde-moi la dernière danse – Daniel Kevlec 2022

« Certaines histoires restent gravées dans le bois ou dessinées dans la neige à tout jamais. » Tel est l’incipit du journal de Florian Audriat, décédé en 2015, père de Camille et de Cédric. Leurs deux parents disparus, ils décident de vendre la maison familiale et s’y rendent pour la dernière fois. En triant les affaires de leur père, ils dénichent des carnets d’écolier qui vont les bouleverser à jamais. En 2013, mû par une nécessité viscérale, Florian y a couché par écrit certains chapitres de sa vie. Ceux qui racontent son grand amour se résumant à une seule lettre : C. Le premier débute en 1961, à son arrivée à l’internat de Mercury, en Savoie. Les suivants révéleront des secrets inavouables à son époque, toute une vie clandestine. Sous le ciel de La Nuit Étoilée sur le Rhône de Van Gogh, Florian et C. rêvent. Au son d’un vieil album vinyle des Drifters, C. et Florian dansent. En témoignent ce noisetier qui fleurit en plein hiver, et cette figurine sculptée qui ne tient pas debout. Et parmi les encres du passé, une interrogation lancinante s’impose à Camille et Cédric : qui est C. ?

Ce livre raconte l’histoire d’un amour absolu, profond, inconditionnel. L’amour de toute une vie comme on en rêve. La maison que Camille et Cédric s’apprêtent à vendre était le pensionnat pour orphelin où leur père a été placé jusqu’à presque sa majorité. C’est là qu’il va y apprendre la sculpture sur bois.  Des années plus tard, il rachètera cette maison, et l’atelier de ses débuts deviendra son atelier d’artiste chargé de tous ses souvenirs de jeunesse.
<<Je ne sais plus qui de nous deux a effacé les quelques centimètres nous séparant encore, mais l’instant d’après, ses lèvres étaient posées sur les miennes. Ni mordantes, ni dévorantes, ni même ouvertes, juste posées, présentes. Réelles. Il ne m’embrassait pas, il posait son sourire sur moi, avec cette rudesse de garçon, cette peau de garçon piquetée de virilité en germe, ces gerçures de garçon que l’air du dehors avait ouvertes, ce souffle de garçon venu du fond du ventre. L’instant d’après, j’étais devenu un homme.>>
Ce livre est exceptionnel, pour son histoire, mais aussi surtout pour son écriture sans laquelle on ne ressentirait pas toutes ces émotions. Il écrit de la plus belle des façons la vie, les hommes, le corps des hommes, l’amour des hommes, le sexe et il écrit tellement plus que des mots. 

De sel et de fumée – Agathe Saint-Maur 2021

Sélection 2021 pour le prix du roman gay.
Roman sur la bisexualité. Le narrateur est un Parisien de 20 ans, fou amoureux de Lucas, un de ses camarades de Sciences Po. Lucas, n’est pas gay et n’est jamais sorti avec un garçon, mais avec Samuel, c’est différent, « il n’est pas gay mais il a tout le temps envie d’être avec lui » : peut-on oser une meilleure définition de l’amour ? Le roman pose la question de l’identité́ sexuelle de toute une génération. Peut-on aimer une fille, puis un garçon. Quand Samuel et Lucas se rencontrent, rien ne laissait penser qu’ils allaient connaitre une histoire d’amour aussi forte. Sur bien des points ils sont différents. Samuel est parisien, Lucas vient de province. Samuel est issu d’une famille bourgeoise, Lucas d’un milieu modeste. Samuel est juif, Lucas est catholique. Samuel est lié à Claire, même si leur relation bat de l’aile, Lucas est célibataire. Samuel est un intello un peu timide, Lucas est engagé dans la lutte au sein des Antifas. Avec son bandana rouge, il manifeste pour le mariage gay et contre la manif pour tous. 

Samuel est lié à Claire, même si leur relation bat de l’aile, Lucas est célibataire. Samuel est un intello un peu timide, Lucas est engagé dans la lutte au sein des Antifas. Avec son bandana rouge, il manifeste pour le mariage gay et contre la manif pour tous. Le roman commence par la déchirure, la mort de Lucas battu à mort. Samuel retrouve son cadavre : «Je l’ai vu échoué sur un trottoir, où le sang se confondait à son foulard dans une variation de rouges digne des plus belles palettes, je l’ai contemplé habillé de la chemise en papier de soie bleue du service de réanimation, et entièrement nu sur la table du funérarium. Je l’ai vu le soir où on l’a trouvé sous la lumière des lampadaires, et le matin dans l’éclairage blafard des néons de l’hôpital. Je sais la manière dont on l’a nettoyé en soins intensifs, et préparé à la morgue. Je l’ai vu passer du présent à l’imparfait, de l’actif au passif.»

Fracture – Emy Bloom 2021

Prix du roman gay 2021. 

Sébastien est un jeune steward qui adore son boulot, sa vie, son mec. Il a rencontré Valentin, de quelques années son aîné, sept ans auparavant par l’entremise de sa soeur Claire, une vétérinaire qui bosse avec Valentin. Meurtri par sa précédente relation, qui l’a plus ou moins détruit moralement, celui-ci a du mal à accorder sa confiance et son amour à quelqu’un, mais Sébastien a su l’amadouer et l’apprivoiser. De fil en aiguille, les deux amoureux ont suivi Claire lorsqu’elle ouvre son propre cabinet dans le Midi. Sébastien se fait muter, et ils achètent un bel appartement à Grasse – leur nid douillet.

Tout semble glisser sur des rails, ils trouvent leurs repères, solidifient leur amour, se font de nouveaux amis, créent de nouvelles routines… Jusqu’au jour où Sébastien, en revenant de courses, loupe une marche dans la cage d’escalier et fait une mauvaise chute. Après une intervention chirurgicale d’urgence et plusieurs jours dans le coma, Sébastien se réveille pour découvrir que tout sera changé, dorénavant. Le verdict des médecins est sans appel : il sera paraplégique et ne pourra plus jamais se servir de ses membres en-dessous de son nombril. S’ensuit un long processus de rééducation. Il faut aussi tout réapprendre, tout reconstruire, tout réaménager. Pour beaucoup, la paraplégie c’est quand on ne peut plus se servir de ses membres inférieurs. Or là, ce récit fait prendre conscience que c’est bien plus qu’une question de mobilité et que pour écrire aussi justement sur ce handicap il faut l’avoir vécu.

L’autrice, Emy Bloom est paraplégique ce qui explique cela. Ce roman nous apprend aussi que pour le conjoint valide c’est un traumatisme psychologique important qu’il lui faut surmonter.
Ce livre raconte le chemin difficile et douloureux des deux conjoints. La peur, la douleur, le doute qui vont mettre à dure épreuve leur amour. C’est à la fois le récit de la lente évolution pour réapprendre à vivre autrement avec un handicap mais aussi pour le couple amoureux à se reconstruire et à se retrouver malgré les tensions provoquées par cette situation nouvelle. Le corps a changé, mais la personne aimée est la même et c’est dans ça qu’ils doivent trouver les ressources pour construire une nouvelle vie amoureuse. L’histoire se termine quand ils peuvent à nouveau faire l’amour, plus comme avant mais ça reste aussi fort, même plus fort. Ils se découvrent à nouveau comme des ados à leur première fois avec les doutes, les hésitations…

Cortisol Queen – Arnaud Arseni 2021

Coup de cœur pour le prix du roman gay 2021.
Ce roman est bouleversant car il montre le plus mauvais visage de notre société. On n’en sort pas indemne, mais c’est, pour beaucoup de jeunes, la réalité, la triste réalité. Un ressenti que l’auteur fait partager avec une infinie précision et un style direct et percutant. Une réalité crue vécu hélas par beaucoup d’ados. Le harcèlement scolaire, l’homophobie, l’indifférence des enseignants et la lâcheté d’une directrice de lycée qui face à l’appel au secours de Lou préfère le culpabiliser que de condamner ceux qui l’agressent physiquement et moralement. L’absence de soutien familiale, la mère de Lou venant d’apprendre de la directrice de l’école l’homosexualité de son fils ne trouve rien d’autre à lui dire que : « Pourquoi est-ce que tu me fais ça ? ». Il y a aussi la trahison de ce garçon qui, bien que gay, n’hésitera pas à se faire complice de ses tortionnaires pour piéger Lou et ainsi préserver les apparences et sa tranquillité. Il y a surtout le suicide de son ami de toujours Sacha, gay lui aussi sans qu’ils aient été amants.  Le traumatisme que Lou avait méticuleusement étouffé lui explose en pleine face. Sacha, il le croyait plus fort que lui et il découvre qu’il a si longtemps caché sa souffrance au point de succomber à ces idées noires.

Un moment fort de ce roman c’est quand Lou se rend à l’hôpital pour se faire prescrire un traitement post exposition après avoir pris un risque avec un partenaire. Le cynisme et l’humiliation des soignants qui lui demandent des détails inutiles sur sa relation est révoltant tout comme plus tard cet échange entre Lou et un médecin au sujet du PrEP :

– Monsieur vous savez combien vous coutez à la sécu avec vos conneries ?

La réponse de Lou est cinglante :

– Il y a d’autres traitements qui coûtent la peau du cul, vous faites la remarque à tout le monde ou simplement aux pédés ?

Requiem sous une pluie d’été – Michto Rex 2021

Sélection 2021 pour le prix du roman gay. Livre sur la différence d’âge et l’interdit.
Thibault Wisniewski est retrouvé mort des suites d’une chute du quatrième étage de la résidence de son père. L’un de ses professeurs, Julien, est pétri de culpabilité puisqu’il entretenait une relation amoureuse avec le jeune homme. Il faut savoir que Thibault était âgé de 17 ans et que le Code pénal français est très clair à l’endroit d’une relation entre un adulte en position d’autorité et un mineur de plus de 15 ans : une peine de 5 ans est prévue par la loi. La divulgation publique de leur relation entraine par ailleurs la déchéance publique de Julien qui perd son emploi, ses amis et sa réputation. Quelque chose cloche cependant dans toute cette histoire.

Dans un premier temps, Jeanne, une amie proche de Julien, semble cacher une part d’ombre : y a-t-il un lien avec le drame récent? Par ailleurs, le père du jeune homme est un juge réputé pour sa sévérité et son intransigeance. Les réactions véhémentes du juge, de même que celles plus imprécises de la sœur jumelle de Thibault, laissent perplexes. Que s’est-il réellement passé, ce soir-là, dans l’appartement des Wisniewski? Un accident, un meurtre ou une combinaison des deux?
Ce roman ingénieux tient beaucoup moins du polar que de l’étude de mœurs, puisque chacun des personnages cache des secrets qui, bien que participant à l’intrigue, n’en constituent pas le moteur. L’auteur installe ainsi une progression psychologique des personnages qui s’harmonise avec l’appropriation du deuil de ces derniers. Un dernier personnage s’installe également avec force tout au long du roman puisque Marguerite Duras, ou plutôt la citation de ses écrits, s’inscrit comme marqueur d’intensité des émotions ressenties par les protagonistes.

Appelle-moi par ton nom – André Aciman 2020

Un film a été adapté de ce roman. Voir la galerie films et séries. Elio Perlman se souvient de l’été de ses 17 ans, à la fin des années quatre-vingt. Comme tous les ans, ses parents accueillent dans leur maison sur la côte italienne un jeune universitaire censé assister le père d’Elio, éminent professeur de littérature.
Cette année l’invité sera Oliver, dont le charme et l’intelligence sautent aux yeux de tous. Au fil des jours qui passent au bord de la piscine, sur le court de tennis et à table où l’on se laisse aller à des joutes verbales enflammées, Elio se sent de plus en plus attiré par Oliver, tout en séduisant Marzia, la voisine.

Cette année l’invité sera Oliver, dont le charme et l’intelligence sautent aux yeux de tous.
Au fil des jours qui passent au bord de la piscine, sur le court de tennis et à table où l’on se laisse aller à des joutes verbales enflammées, Elio se sent de plus en plus attiré par Oliver, tout en séduisant Marzia, la voisine.
L’adolescent et le jeune professeur de philosophie s’apprivoisent et se fuient tour à tour, puis la confusion cède la place au désir et à la passion.
Quand l’été se termine, Oliver repart aux États-Unis, et le père d’Elio lui fait savoir qu’il est loin de désapprouver cette relation singulière…

Plus que dans le film, ce roman fait ressentir la langueur saisissante des longues journée sous le soleil brûlant d’Italie ou le temps s’écoule avec une lenteur infinie.

Les fureurs invisibles du cœur – John Boyne 2020

Ça démarre fort, avec une scène de bannissement ordonné par le tout puissant prêtre à l’encontre d’une gamine de 16 ans enceinte. Bon, Catherine Goggin n’est pas si fâchée que ça de quitter son trou paumé alors, filer à Dublin, ça lui plaît plutôt bien.
La suite est à la hauteur, on est transporté dans l’Irlande des années 40 où on peut tuer son fils homosexuel et ne pas être condamné, puisque le crime a « été commis sous l’effet de la provocation jugée extrême par le fait d’avoir un fils mentalement dérangé ».  

C’est 70 ans de la vie d’un garçon, Cyril, qui est gay et tout ce qu’il a vécu en Irlande de 1945 à 2015. Cyril a été abandonné par sa mère naturelle le jour de sa naissance et il a été confié par une sœur à un riche couple en mal d’enfants : Charles et Maude Avery.  A l’adolescence il va créer des liens d’amitié avec Julian, son compagnon de chambre d’internat. Mais cette amitié cache plutôt un amour profond que Cyril porte en secret à Julian.

A cette époque en Irlande très catholique il ne fait pas bon être gay. Cyril doit se cacher, mentir, il finira même par se marier.
Mais son instinct sera le plus fort, il partira aux Pays Bas et aux Etats Unis en quête d’amour et de liberté.
John Boyne met le doigt là où ça fait mal. A la fois cynique et d’une tendresse infinie, il dépeint un monde, le nôtre, pétri d’intolérances. Evidemment sur l’homosexualité, perçue comme une perversité, cette maladie honteuse mais également sur la place des femmes dans cette société machiste et arriérée.

Ces fureurs invisibles racontent les chemins, les détours insupportables, que l’on prend pour arriver à soi avec une justesse infinie.

Au référendum de 2015, 62% des Irlandais votent en faveur du mariage homosexuel.

Romance – Arnaud Cathrine 2020

Ce livre a obtenu le coup de cœur du prix du roman gay 2020.

« Romance » : une période de la vie – l’adolescence – complexe, difficile et souvent douloureuse, avec ses incertitudes, son sentiment de solitude et d’inadéquation avec tout, tout le monde, et surtout avec soi-même.

Ce livre raconte un premier amour entre 2 étudiants avec toute la puissance et l’intimité que cela suggère de vraisemblance et d’authenticité.

Vince, 16 ans -, ouvertement homosexuel, est désespérément en quête de son premier amour : le grand, le beau, l’unique… bref, il cherche le garçon parfait dont il tombera amoureux celui qui rime avec toujours. Et ce n’est pas simple.

D’autant que, comme le chante si bien Eddy de Pretto avec “Kid” (cité d’ailleurs dans le roman), la “virilité abusive” a encore de beaux jours devant elle dans l’univers et les codes de certains ados shootés à la testostérone… 
Vince refuse de vivre sa première fois avec une rencontre d’un soir. Il note dans un carnet ses réflexions sur les garçons qu’il croise dans la rue, le métro… et qui lui plaisent. Qui est-il ? Quelle est sa vie ? Est-il Gay ou hétéro ? Vient-il de faire l’amour ? … Vince est le narrateur de son histoire et le ton est juste.
C’est beau, fort, intense comme peut l’être un premier amour. C’est aussi cruel et terriblement réaliste, grâce notamment à l’inclusion de l’auteur dans son récit de différentes formes de textes (journal, notes de bas de pages, photographies) et réseaux sociaux (Instagram) dont les ados sont friands.

Ainsi battent les cœurs amoureux -Lily Haime 2019

Dorian est un survivant. Alors qu’il n’avait que quelques jours, sa mère l’a arraché à sa famille pour l’emmener dans une secte, perdue dans les montagnes argentines. Il a passé son enfance près de Michel, qui lui a enseigné autant de fausses croyances que de souffrances. Jusqu’à ce que son père le retrouve et le ramène, brisé, à Chicago. Aujourd’hui, Dorian est un DJ de renom. Entre la musique qu’il fait résonner la nuit et sa famille nombreuse, il a l’impression d’avoir trouvé un équilibre. Mais l’arrivée de Swann remet tout en question. Cet homme mystérieux et magnétique veut savoir ce qui est arrivé à son frère, disparu avec la secte. Un frère dont Dorian n’a aucune envie de parler. Comme de tout le reste, d’ailleurs.

Mais face à Swann et aux sentiments troubles et dangereux qu’il éveille en lui, aura-t-il encore le choix ? Pourra-t-il encore garder enfouis ces souvenirs et ces secrets si bien cachés ? Ensemble, Dorian et Swann pourront-ils surmonter ce passé qui les unit et les sépare à la fois ?
<<Je ne suis plus sûr de ce que ça veut dire, lui avouai-je. Je croyais que le bonheur c’était d’être libre, de tout oublier, de laisser au passé ce qui fait mal. Mais Swann remet tout en cause, et c’est comme s’il me forçait à ne plus rien ignorer, qu’il m’acceptait dans mon ensemble et que ça ne le dérangeait pas que je sois un peu de travers, un peu différent de ce que j’aurais dû être. Swann accepte ça. Et c’est la première fois depuis… depuis toujours… que j’ai l’impression de ne plus me cacher, et ça m’effraie et ça me fait me sentir… presque entier. Comme si avant lui il y avait toutes ces parts de moi éparses balancées n’importe où et n’importe comment. Et Swann commence lentement à les recoller les unes avec les autres. Ce n’est que le début, bien sûr, mais j’ai la sensation qu’il me… guérit de quelque chose. Alors je ne sais pas… Peut-être que c’est ça, être heureux.>>

Un mal entenduHuguette Conilh 2018

Ils savaient tous que je ne serais pas le petit garçon sage, le mec viril, officier de la France et père de famille. Ils voulaient tous que j’adhère à leur norme, sauf que la moitié d’entre eux m’empêchait d’y entrer : les sales vicieux, les pervers, les fonctionnaires, prêtres, notables qui voulaient juste se taper un mec en cachette. Toute cette pourriture qui n’aimait pas ce que j’étais, mais qui en redemandait. Ils ont été les premiers à abuser de moi, et pourtant ils m’ont brisé en m’obligeant à être ce que je ne suis pas, au nom de la morale, de Dieu, de la bienséance et de toutes ces conneries dont ils me rebattaient les oreilles. Être soi ou s’effacer au profit des rêves des autres. 


Toute sa vie, Christophe s’est appliqué à jouer le rôle que l’on attendait de lui. Il ne voulait blesser personne. De malentendus en mal entendu, un seul souhait a guidé sa vie : être enfin un mâle entendu.
L’homosexualité est le thème principal de ce roman et tout ce qui en découle, vivre avec dans une société qui ne l’accepte pas ou si peu.
Ce qui est frappant dans cette histoire, où la différence est pointée du doigt, c’est comme pour beaucoup d’homme et de femme, il faudra attendre une certaine maturité, pour s’accepter sans faux semblant, apprendre à se détacher du regard de l’autre, et surtout de ses liens familiaux (parents et femme) pour enfin vivre son histoire d’amour.

Désirs Défendus – F.V. Estyer 2018

Sélection du roman gay 2018.

Une histoire touchante où tendresse et sujets graves se mêlent comme : la différence d’âge, la relation professeur – élève, la maltraitance et la peur du regard des autres sur l’homosexualité.


Depuis ce jour d’été qui a fait basculer son monde, James part à la dérive. Son travail est la seule chose qui l’empêche de sombrer. James est professeur d’anglais dans une prestigieuse université privée. D’une trentaine d’années, il a conservé tout son flegme so british: discret, un homme qui n’étale pas ces sentiments par peur du résultat. Il vient de passer un été dans l’ombre de lui-même, trahi de la plus vil des façons par l’homme qu’il considérait comment sa moitié pour la vie.
C’est un homme amoureux de l’amour qui ne supporte pas le malheur des autres, et notamment de ses élèves qu’il n’hésite pas à aider tant qu’il le peut.

Mais quand il croise, le jour de la rentrée, les yeux vert sombre de Noah étudiant d’une vingtaine d’années, il perçoit la détresse qui émane du jeune homme, il comprend immédiatement que cette année, les choses seront différentes. Car jamais encore il n’avait désiré un étudiant…
Prendra-t-il, par amour, le risque de transgresser les interdits ? Noah est un jeune homme mystérieux et sombre qui ne se mêle pas aux autres ou peu, s’absente de temps en temps sans réelle raison.Un être profondément meurtri qui cache une culpabilité tellement énorme qu’il se retrouve dans une situation précaire qu’il juge méritée. Il ne demande qu’à être aimé pour lui, à être reconnu pour lui, à exister dans les yeux de quelqu’un tout simplement.

Une rencontre banale entre un élève et son professeur lors de la rentrée des classes.
Un premier regard qui bouleversera deux univers totalement différents mais qui comblera deux vides affectifs identiques.

A L’Ombre de nos secrets – Lily Haime 2017

À quatre-vingt-onze ans, Julien vit aux États-Unis entouré de sa grande famille. Une famille qui ne connaît rien de son passé. Ce jour-là, au crépuscule de sa vie, il se replonge pour eux dans les souvenirs de sa jeunesse

En 1941, seconde guerre mondiale. Julien a dix-neuf ans. Le domaine familial, en région bordelaise, est occupé par l’armée allemande. Idéaliste et courageux, le jeune homme se tourne vers la résistance, alors même que l’ennemi est sous son toit. Un ennemi qui peut avoir de nombreux visages… dont celui, saisissant, de Engel, soldat de la Wehrmacht qui ne cautionne aucune des horreurs commises par son propre camp, et éveille en Julien des sentiments coupables. À l’heure trouble de l’un des plus grands génocides de l’histoire, au milieu de ces hommes et de ces femmes qui se soulèveront pour leur liberté, l’attirance qu’ils éprouveront l’un pour l’autre les mettra toujours plus en danger. Bien que la guerre ait déjà marqué leurs esprits, ce sont d’abord deux jeunes hommes qui découvrent la vie, l’amour.

Nous suivons d’abord l’histoire de leur jeunesse face à l’interdit, l’inavouable, puis vient l’acceptation comme une évidence pour survivre à l’horreur la dépendance et la notion d’âme sœur.

Puis, au travers de toutes les émotions glissées dans ce livre, nous suivons ces deux jeunes hommes devenus des hommes, profondément blessés et irrémédiablement transformés par la guerre. Ils tentent de s’aimer « comme il faut », mais comment le faire quand leur âme est meurtrie, leur corps marqué par les cicatrices de la guerre, et leurs nuits hantées par les cauchemars des actes passés ?

De l’amour à la haine il n’y a qu’un pas, de la passion à la violence, de la raison à la folie.

« je ne t’aime pas, m’essoufflai-je. Aimer ce n’est pas ça…Ce que je ressens c’est plus fort, plus absolu…Je te hais et je t’adore à en perdre la raison. Je te veux et je te rejette. Je t’ai dans la peau, dans la chair. « 

« Que ce soit de jour ou de nuit. Que ce soit écrit sur un papier ou condamnée. Que ce soit un chemin qu’on nous interdisait d’emprunter, une maladie ou une ignominie. Que ce soit sous des regards de haine ou dans le plus grand des secrets. Je continuerais toujours de t’aimer »

C’est le genre d’histoire intense qui marque longtemps après avoir refermé le livre.

Des Camions de Tendresse – Françoise Rey 2008

Vick une jeune femme à l’allure androgyne et un peu perdu dans sa vie. Se cherchant, elle fait la rencontre d’un couple de camionneurs beaux et musclés qui se révèlent être homosexuel. D’abord réticente à l’idée de monter dans le camion face au physique de ces deux hommes, Tristan et Marc rassurent Vick. La jeune fille ne restant pas indifférente envers les deux hommes décide de les suivre.
Commence alors pour Vick le plus étonnant des voyages. Ce qui ne devait être qu’un voyage de quelques heures durera deux années, le temps d’une vie à trois chargée de désirs et de combinaisons amoureuses touchantes. Au contact de ces deux hommes amoureux, elle va être emmenée au bout de la connaissance d’elle-même et de ses propres rêves. Ce qui au départ ne devait être qu’une simple étape va se transformer peu à peu en une longue escapade, aux côtés d’êtres sensibles et généreux, qui ont vite deviné que la vie de Vick n’était jusque-là habitée que par un grand vide. Vide d’amour, vide de sens, et vide de directions…

Au début de ce road trip, Vick restera en retrait, mais ne manquant pas de ressource celle-ci se lâchera et s’épanouira une attirance pour Tristan et Marc allant même jusqu’à vouloir faire l’amour avec eux.
Ces derniers n’étant pas attirés par les filles on pourrait penser que c’est peine perdu pour Vick, mais il n’en ait rien, la jeune fille fera tout pour obtenir ce qu’elle veut.
Cet ouvrage est un pur concentré de tendresse ! Alors oui, il y a des scènes érotiques pour venir embellir davantage cette fabuleuse histoire ! Les scènes sont belles, pas vulgaire. La plume de l’auteur est magnifique comme toujours, elle sait utiliser le bon mot où il faut. Les mots couchés sur le papier sont d’une fluidité incroyable, d’une additivité bluffante et on est happée par cette histoire.

Poussière d’homme – David Lelait-Helo – 2012

Sélection 2013 pour le prix du roman gay.
Cet ouvrage parle de la mort, du deuil, de l’absence et du vide laissé par un être cher.
C’est une parole d’amour, d’homme à homme, dans un océan de perte et de chagrin.
En 2005, l’auteur a perdu l’homme de sa vie des suites d’une impitoyable maladie, et chaque magnifique phrase de ce livre est un immense cri d’amour.

Ce livre est de toute beauté et on oublie assez vit le contexte triste pour ne retenir que l’amour qui perdure. Une longue lettre d’adieu à l’être cher qui fait le récit des années bonheur de deux amants, leur rencontre, la séparation, les retrouvailles et puis le tourbillon qui entraîne ceux qui s’aiment lorsqu’ils vivent à deux jusqu’à cette annonce de la maladie et la lente descente aux enfers.  

Ce roman est le récit fou de ces adieux, la mise en mots de l’insoutenable absence, comme un supplément d’amour lorsqu’on craint que la douleur nous précipite dans la folie. L’amour bouleversante de cet homme pour son compagnon que la maladie lui a volé. Passé, présent, se confondent sans qu’on perde le fil. Les émotions brutes, telles qu’elles ont été vécues.

On peut, par des phrases basiques raconter une histoire. Là c’est différent. Le style est tout autre, l’usage à foison de détails, d’adjectifs c’est comme un peintre qui ne se contente pas des couleurs de base mais fait des mélanges, les associe jusqu’à obtenir la nuance qu’il cherche et faire passer quelque chose d’intense, une sensibilité, un sentiment, une émotion…