Des mi-temps non réglementaires.
Je stoppe net mes pas. Soudain, j’ai la tête qui tourne, les mains moites, les jambes en coton.
J’ai une envie brûlante de le rejoindre, tout en me sentant retenu, tétanisé par une peur panique de me retrouver face à un mec qui veut juste se vider les couilles pour mieux me jeter après, tout comme il l’a si bien affirmé (et si bien fait) hier.
Pire, je redoute la virulence et la froideur de ses mots, de ses attitudes. Je crains également qu’il puisse me faire de nouveaux reproches à cause de ma petite conversation avec Thibault un peu plus tôt.
Bref, je n’ai pas envie de lui offrir un orgasme géant et de rentrer chez moi avec le cœur lesté de plomb.
D’autre part, la tentation d’y aller est trop forte, et ce, pour plusieurs raisons.
Déjà, je ne l’ai toujours pas félicité pour sa performance sportive. Oui, je vais commencer par ça, le mettre de bon poil, avant de le mettre à poil.
J’ai toujours en tête l’équation apprise par cœur le weekend dernier :
(Le faire jouir + Lui parler rugby) = un Jérém qui s’ouvre un peu
Et même si j’ai prévu de commencer par « Lui parler rugby », j’ai appris au fil des cours de maths que, dans une addition, le changement d’ordre des termes ne modifie pas le résultat.
Bien sûr, je n’ignore pas le fait que pour obtenir l’identité remarquable « un Jérém qui s’ouvre un peu », ce ne sont pas deux, mais un nombre important de variables qui rentrent en jeu, dans une équation à rallonge, avec des paramètres à valeur imprévisible. Une équation à géométrie mouvante, dans laquelle la logique n’est pas forcément sollicitée pour obtenir le résultat final, ce qui rend le système « Jérém » fortement chaotique.
Répondre présent à son invitation, c’est aussi l’occasion de pénétrer dans un vestiaire après match.
Car, mieux encore qu’après un simple entrainement tel que je l’ai connu quelques semaines plus tôt, ce sanctuaire à mecs doit être en ce moment empli d’odeurs de jeune mâle, de douche, de virilité, de deo. Avec un peu de chance, Jérém ne sera pas encore passé sous la douche, il sera encore moite de sueur, sentant le mâle et l’effort, gonflé à bloc de testostérone après ses exploits et sa magnifique victoire.
Ainsi, ma décision est très vite actée.
« 5 min », envoyer sms,
Tout comme lui dans sa proposition, j’adopte une prose proustienne pour ma réponse.
Je fais demi-tour et je parcours les quelques centaines de mètres qui me séparent du terrain de rugby d’un pas plutôt soutenu.
En arrivant aux abords du terrain, je remarque qu’il ne reste qu’une voiture sur le parking, sa 205 rouge. La buvette est fermée et plus personne ne rode autour de la pelouse. Bref, tout le monde est parti. Sauf mon bobrun, comme le confirme la porte d’entrée principale du vestiaire restée entrebâillée.
Alors, après avoir pris une bonne inspiration pour me préparer à plonger dans cet univers imprégné de présence masculine, je passe la porte en métal.
Dès l’entrée, je suis enveloppé par un mélange olfactif fait de vapeur de douche, de savon, de shampoing et de sueur, de jeunesse masculine. Dans ce bouquet olfactif, je me perds, je me noie.
Je n’ai qu’à fermer les yeux pour imaginer toute l’équipe telle qu’elle devait être là tout juste une heure plus tôt, les uns assis sur les bancs en train de retirer les chaussures à crampons et les chaussettes, certains ayant déjà retiré la majorité de leur équipement, se retrouvant en slip, ou en boxer, d’autres en train de se chamailler comme des gosses, refaisant le film du match avec de grands gestes, faisant rouler leurs muscles et danser leurs paquets prisonniers d’un fin tissu. D’autres seraient déjà nus, en train de se diriger vers la douche ou bien en train d’en sortir, le corps dégoulinant d’eau, attrapant leur serviette, posant un pied sur le banc pour se sécher la jambe, offrant une vue imprenable sur leur fabuleuse nudité.
J’avance dans le petit couloir. Et là, surgissant sans bruit d’une porte latérale, le bogoss se dresse devant moi, à tout juste un mètre de distance, la cigarette allumée entre les lèvres, toujours habillé de son maillot vert et blanc défraichi par le match, les chaussettes et les crampons toujours aux pieds, les cheveux encore en bataille. Il est indiciblement beau.
Jérém me toise en silence avec son regard pénétrant qui m’emplit à la fois de désir et de malaise.
— Tu as été grandiose aujourd’hui, Jérém, je trouve enfin le courage de lu parler, t’as marqué deux essais de fou… je voudrais être capable d’en faire la moitié du quart de ce que tu fais…
— Le rugby est un sport de mecs, pas d’intellos, il se moque.
— Bon, ok, j’avoue, je n’y connais rien au rugby.
— Pourquoi tu es venu voir le match, alors ? fait-il, sur un ton faussement détaché.
— Pour soutenir ton équipe, je réponds. Je ne sais pas ce qu’il veut me faire dire, mais j’adore ce petit jeu de questions réponses,
— Tu parles, il me renvoie à la figure.
— C’est la vérité !
— Pourquoi tu es venu voir le match, il insiste, le regard malicieux.
Ce petit jeu du chat et de la souris m’amuse beaucoup. D’autant plus que j’ai l’impression qu’il kifferait que je lui dise que j’espérais que cette rencontre dans le vestiaire puisse avoir lieu.
— Parce que je voulais te faire plaisir, je glisse.
— Ou plutôt parce que tu voulais te faire baiser, fait-il, cash. Poésie, quand tu me tiens !
Petit con va, mais petit con rayonnant, détendu, et d’humeur joueuse. Il veut jouer, alors il faut en profiter, on va jouer.
— Oui, j’avais envie de baiser avec toi, je concède, de façon totalement assumée.
— T’en a pas eu assez de ma queue, hier, il enchaîne.
— Je n’en ai jamais assez de ta queue, je trouve naturel de lui répondre.
Son regard est à la fois fier et amusé, son corps et sa musculature semblent encore bien chauffés par le match. Je sens que si je le chauffe encore un peu, ça va être le feu d’artifice.
Le bogoss finit sa cigarette, il jette son mégot à terre avec un geste désinvolte et l’écrase avec sa chaussure de sport. Puis, il pointe son regard vers moi, c’est un regard intense, désormais embrasé par un sourire lubrique.
Il avance vers moi, il me contourne. Un instant plus tard, j’entends le bruit sonore de la serrure de la porte métallique qui se verrouille. Douce musique pour mes oreilles. Je suis heureux de comprendre ainsi que ce n’est pas que pour m’engueuler qu’il m’a fait venir, que le sujet Thibault n’est pas à l’ordre du jour, et qu’une bonne baise semble s’annoncer.
Un instant plus tard, je le sens se placer derrière moi. Ses mains se posent fermement sur mes hanches pour m’attirer contre lui avec un geste volontairement brusque, presque brutal. Mon bassin recule, se colle au sien, me laissant saisir son érection. Sa bosse raide se plaque contre mon jeans, je frissonne, je chavire.
— C’est de ça que t’as envie, hein ? il me siffle, les lèvres tellement proches que je sens sa petite barbe sexy frotter sur mon oreille et son souffle chatouiller mon tympan.
Mon corps tout entier est parcouru de frissons. J’adore cette sensation de me sentir complétement en son pouvoir, la sensation qu’il pourrait faire de moi ce qu’il veut, et que je ne pourrais rien lui refuser.
— C’est tout ce dont j’ai envie, toujours envie, je lui confirme, presque en état de transe.
— T’as encore envie d’en prendre plein le cul ou quoi ? il me glisse, chaud comme la b(r)aise.
— Oui, oui, je concède, ravi.
— Dis-le alors ! il ordonne en levant le ton de la voix.
— J’en ai envie, j’admets, fou de désir.
— T’es venu au match juste pour voir des mecs de près ! il me lance sur un ton virulent, son souffle chaud dans mon oreille, la prise sur mes hanches se resserrant un peu plus, le contact avec sa bosse puissante se faisant plus vif.
— Je suis venu parce que je voulais te voir, toi, Jérém !
Ce qui est vrai. C’est pour Jérém que je suis venu au match, le corollaire de bogoss gravitant autour de ce match n’étant qu’accessoire à mon envie de le voir, lui, en action.
— T’as encore parlé à Thibault !
Ah, merde, je me disais bien que j’avais crié victoire un peu tôt.
— Je l’ai juste félicité pour le match, on s’est croisés par hasard.
— Tu le kiffes, lui aussi, il me balance direct.
— Arrête, Jérém, je tente de me défendre.
Mais, les bières aidant, le bogoss revient à la charge.
— Il est bien foutu, hein, il est bogoss… avoue, tu te ferais bien défoncer par lui aussi !
— Tu dis n’importe quoi, Jérém, c’est de toi que j’ai envie, je tente de calmer le jeu. Je ne vois pas où il veut en venir, mais je devine que ça peut vite déraper.
— A d’autres… tu te ferais baiser par n’importe qui !
- Tu es injuste !
- Comme l’autre connard au KL, l’autre fois, il me sort de but en blanc.
Ouf, heureux qu’on s’éloigne du sujet Thibault. Cependant, on est en train de partir sur un autre sujet épineux. Jérém semble commencer à partir dans les tours, il faut vite calmer le jeu.
— Lui c’était juste un plan B parce que je croyais que tu partirais encore avec une pouffe. Si j’avais su que tu rentrerais avec moi, jamais ne je me serais laissé draguer par ce mec ! C’est toi, Jérém, qui me rends dingue. Dès que je te vois, j’ai envie de toi, tellement envie que j’en ai mal au ventre. C’est même pire que ça, il me suffit de penser à toi que j’ai envie de te faire jouir.
— Parce que je suis un bon coup et que je te baise comme personne, dis-le ! il m’intime.
- Et moi alors, je ne te baise pas « comme personne d’autre » ?
Je me dégage alors de sa prise, je me retourne, et, en le regardant tout droit dans les yeux, j’ajoute :
— Je vais le dire si toi aussi tu admets que moi aussi je te fais jouir comme t’as jamais joui !
— Mais qu’est-ce que t’en sais ? il me lance, en scandant bien les mots, le ton et le regard moqueurs et un tantinet méprisants.
Il avance à nouveau vers moi, il me contourne. Cette fois-ci, je suis son mouvement en pivotant sur moi-même. Et là, je le vois disparaître dans le vestiaire.
Dans cette pièce, c’est une vibrante sensation de tranche de vie très récente qui me percute de plein fouet. Les placards des joueurs, disposés en « U » sur trois murs, ont été pour la plupart abandonnés avec la porte négligemment ouverte. Le sol, humide, est jonché de petits papiers, de serviettes. Une chaussette verte traîne sous un banc, un maillot blanc et vert a même été laissé dans la précipitation. L’odeur de douche de bogoss est omniprésente. Comme une force, une énergie invisible mais parfaitement perceptible, cette pièce résonne encore de la présence de jeunes gens heureux.
Dans un coin de la pièce, deux bancs sans dossier trônent alignés à environ trois mètres l’un de l’autre.
Mon beau brun est là, installé à califourchon sur l’un d’entre eux, en train de boire à une gourde.
Je m’assois à mon tour à califourchon sur l’autre banc, face à lui. Et j’enchaîne :
— Si je n’étais qu’un coup comme tant d’autres, tu ne m’aurais pas baisé autant, et tu n’en redemanderais pas.
— Je te l’ai déjà dit, t’as une bonne bouche et un bon cul toujours dispo, c’est tout ce qui compte, il lâche sur un ton railleur assorti d’un petit sourire méprisant.
Ce petit con ne lâche rien. Alors, je tente un coup de poker.
— Il y en a d’autres des culs et des bouches, mais je pense que les miens te font ce que les autres ne te font pas.
Je suis étonné de l’aisance avec laquelle j’arrive à lui balancer mes quatre vérités en le regardant droit dans les yeux. Ça doit être l’effet de la bière. Mais putain, qu’est-ce qu’il est sexy avec son maillot !
Jérém me toise en silence, j’en profite alors pour enfoncer le clou.
— Tu as une queue de fou, mais moi je sais la rendre heureuse.
— T’es culotté, mec ! il me lance.
— Tu peux parler de culot ! T’y as été très fort, hier, et là tu me branches comme si de rien n’était.
— Ça va, j’étais énervé, le match me prenait la tête, et ça m’a fait chier que Thib me fasse des réflexions.
— Je ne suis pas ton punching ball !
Pour toute réponse, Jérém me fixe, son sourire diabolique toujours aux lèvres. Puis, il se lève, il enjambe le banc sur lequel je suis assis, et il s’assoit juste en face de moi. Il se penche en avant, vers moi, en prenant appui sur ses mains posées à plat juste devant lui. Son visage s’arrête à vingt centimètres du mien.
Instinctivement, en voyant ce corps musclé envahir brusquement mon espace vital, j’ai un mouvement de recul. Le bogoss sourit, fier de son effet.
J’ai le cœur qui cogne à tout rompre, mais il est loin d’être au bout de sa peine. Le bogoss avance encore son fessier sur le banc, jusqu’à ce que ses genoux entrent en contact avec les miens. Ce simple contact avec sa peau tiède est divin.
Assis face de moi, le torse enserré dans son maillot blanc et vert qui sent clairement la transpi, Jérém me sourit. C’est le sourire du prédateur qui mesure son pouvoir sur sa proie.
Puis, ne trouvant peut-être pas suffisant l’effet de dingue que sa proximité exerce sur moi, le bogoss décide de faire monter encore un peu plus la pression. Il plie le buste vers l’avant, jusqu’à ce que nos fronts se touchent, ses mains fermement posées derrière ma tête pour m’empêcher de reculer, contact détonnant, évoquant d’autres situations ou ses mains retiennent ma tête pour son plaisir de mec.
A cet instant, étincelles sur ma peau, dans ma tête, décharges puissantes dans mon ventre, sentir son front chaud sur mon front, sentir une intense chaleur chargée de bonnes odeurs de mecs monter à mes narines, baisser les yeux et arriver à plonger le regard dans l’entrebâillement du col du maillot, me perdre dans la vision inattendue et spectaculaire de ses pecs.
Je suis tellement dingue que j’en veux encore plus. Je suis comme ivre, et débridé, je saisis la naissance du col en V de son maillot, je l’écarte un peu plus et je plonge mon nez dedans. Le bogoss me laisse faire. J’inspire avidement, je m’enivre de cette chaude essence de mec dont j’ai été privé la veille, lorsque le bogoss a déboutonné d’un seul geste sa jolie petite chemise blanche de service.
Le feu du désir me ravage, je trouve même l’audace de porter une main sur sa bosse cachée sous le short. A ce stade, je ne suis plus que désir brûlant.
Presque au même temps, je sens ses mains relâcher la prise sur ma nuque. Son buste se redresse, ses genoux se déplient. Un instant plus tard, le bogoss est debout, toujours à califourchon du banc. Ses mains se coordonnent pour baisser le short et le boxer juste en dessous de ses bourses. Sa queue apparaît devant mes yeux. Son bassin avance, son gland se pose entre mes lèvres, sa queue glisse vite dans ma bouche.
Ses coups de reins arrivent directs, puissants. Le mec se lâche, il a grave envie de prendre son pied, il est chaud comme une baraque à frites. Le bord du maillot tape sur mon visage de façon cadencée.
Je reçois et j’accepte goulûment ses assauts de mec, je me réjouis de sa fougue. Ça fait du bien de le sentir aussi déchaîné, l’esprit galvanisé par sa victoire. A cet instant, il est 100% à son plaisir de mec. Tout comme, encore un peu plus d’une heure plus tôt, il était 100% à son jeu.
Et puis ses coups de reins s’arrêtent. Jérém remonte boxer et short et se rassoit. Son bassin avance toujours, ses genoux poussent les miens, m’obligeant à reculer jusqu’au bord du banc.
Le bogoss se débarrasse de son t-shirt avec un geste aussi rapide qu’intensément érotique. Je remarque que le bandage à l’épaule a disparu, laissant ainsi entrevoir un énorme bleu couvrant la totalité de l’arrondi au-dessus de son biceps.
Jérém s’allonge sur le dos, sur toute la longueur du banc, les bras pliés et les mains croisées derrière sa tête, le bassin légèrement cambré, et putain que sa queue est remarquable dans cette position !
Je la regarde, se soulevant régulièrement au gré des contractions musculaires du bogoss. Elle est magnifique. J’adore la regarder, retarder le moment de retourner la rendre heureuse.
Ses bourses doucement abandonnées entre ses jambes légèrement écartées, me donnent envie de faire un petit détour. Ainsi, je pose mes lèvres dans le creux entre les couilles et la naissance de la queue. Je commence par y déposer des bisous tout doux, j’enchaîne en laissant ma langue tourner délicatement autour de ses couilles. Je m’y attarde un petit moment, avant de remonter vers la base de son manche tendu.
Ma langue remonte désormais le long de son manche. Et lorsqu’elle arrive dans le creux du gland, elle est ravie par un intense bouquet de petites odeurs de mec, de mec sortant d’un bel effort physique. Elle s’agite, le titille par de petits mouvements répétés, elle redouble d’efforts pour lui faire plaisir.
J’entreprends alors de lui offrir une pipe musclée, alternant les caresses les plus délicates, et celles plus chaudes. Le bogoss frissonne.
Tu ne veux pas l’admettre que je t’offre un plaisir de dingue, mais tu sais quoi ? Ton beau corps te trahit. Tes spasmes, tes petits gémissements, les ondulations de tes abdos, ta respiration saccadée, voilà la réponse à ma question restée en suspens.
Le bogoss relève la tête de temps à autre, me regarde faire un instant, le visage défait par les décharges de plaisir. C’est là que je me dis : oui, Nico, là tu as dans tes mains la clef de son plaisir.
Aujourd’hui, il faut que je marque le coup, que je dépasse ses meilleures attentes. Alors, tout en continuant à le sucer activement, mes mains se faufilent le long de son torse, rejoignent ses pecs, puis s’attardent à aller titilles ses beaux boutons de mec.
Le bogoss cambre les reins, bombe le torse. Visiblement, son plaisir est tellement intense qu’il ne sait plus comment se mettre.
Je veux le rendre si fou de plaisir au point qu’il ne sache même plus où il habite. Et pour cela, j’ai une arme secrète.
Je me fais violence pour obliger ma bouche à quitter sa queue, et ma main prend immédiatement sa place, enserrant son manche et en le branlant avec des mouvements amples.
Mon buste remonte pour permettre à mes lèvres et à ma langue de partir à l’assaut de ses tétons. Ma joue appuyée juste au-dessus de son cœur, je capte ses battements rapides mélangée à sa respiration courte, agitée, excitée.
Comment lui faire encore plus plaisir ? Je sais, c’est simple, en obligeant ma langue à abandonner la douce fermeté de ses tétons pour descendre à nouveau, descendre tout au long de son torse, passer ses abdos, son nombril (en m’y attardant tout juste le temps d’un passage de langue), passer son pubis, en résistant à la tentation ultime de s’arrêter pour humer les bonnes odeurs que cette petite pilosité sait cacher, passer à côté de sa queue, sans me laisser aller à l’appétit vorace qui me pousserait à la reprendre en bouche jusqu’à la faire jouir. Descendre encore un peu plus, passer ses bourses sans être hypnotisé par leur chaleur, leur douceur odorante. Descendre un peu plus encore, et terminer son voyage un peu plus loin dans l’entrejambe. Voilà comment lui faire plaisir.
Petit jeu intense, dans lequel je perds toute notion du temps. Je ne pourrais pas dire pendant combien de temps je me suis fait plaisir tout en lui faisant plaisir de cette façon. Tout ce que je sais, c’est que ce truc est l’un de ceux qui le rendent le plus dingue. Alors, je pourrais continuer pendant des heures.
Dans les faits, je ne peux continuer que jusqu’à ce que le bogoss décide qu’il est temps de passer à autre chose. Et le « temps », aujourd’hui c’est lorsque le bogoss relève son buste, provoquant le même geste chez moi. Lorsqu’il recule ensuite son fessier sur le banc, m’attrape par les hanches, fait glisser mon bassin sur la planche. Lorsqu’il relève mes jambes, m’obligeant à poser mon dos sur le banc.
Les gestes du bobrun sont rapides, presque violents. Ce sont des gestes qui me font sentir complètement en son pouvoir, comme si je lui appartenais, comme si je n’avais pas le choix. Mes jambes en l’air, il entreprend de me déshabiller. En quelques secondes, mes chaussures mon short, mon boxer ont volé. Il ne me reste qu’à seconder ses intentions en me chargeant de mon t-shirt.
Je le vois se lever et se débarrasser à son tour de ses baskets, de son short et de son boxer, le sexe tendu pointant le zénith, l’air triomphant. Le mec me domine de tout son mètre 80, et de toute sa puissance masculine.
C’est là qui se produit l’impensable. Au lieu de venir en moi, le visage de Jérém se faufile entre mes cuisses. Je sens une sensation de chaleur juste en dessous de mes couilles.
Je commence à perdre pied lorsque je réalise qu’il s’agit de son souffle, je perds le contact avec la réalité lorsque je sens ses mains écarter à nouveau mes fesses pendant que le souffle chaud se déplace le long de ma raie jusqu’à se stabiliser à l’aplomb de mon trou, mais je change carrément de dimension lorsque je réalise que sa langue, celle qui refuse de rentrer en contact avec la mienne, est en train de caresser timidement les bords de ma propre rondelle. Ah, putain, celle-là, vraiment, je ne l’avais pas vu venir !
D’abord hésitant, puis, très rapidement, de plus en plus entreprenant, le bogoss est en train de me rendre la pareille de ce que je viens de lui faire. Je ne sais pas s’il prend autant de plaisir que moi en le lui faisant, ou en le laissant me le faire. Ce qui est certain en revanche, c’est que je comprends mieux désormais pourquoi il aime tant cette petite diversion.
Sa langue puissante et souple me titille, me secoue, me chauffe, et c’est rudement bon. Tellement bon que ça en devient rageant lorsque ça s’arrête. Non, pas déjà !
Bah, si, lorsque mon bobrun a décidé que ça s’arrête, eh ben, ça s’arrête. Je le vois relever la tête, je sens ses main chaudes et directives sur mon corps, je me laisse faire. Je tente de deviner ses intentions, et je comprends très vite qu’il veut me mettre à plat ventre sur le banc.
Et alors que je m’attends à qu’il vienne en moi, je réalise que ce n’est pas son gland qui se presse entre mes fesses, mais à nouveau sa langue déchaînée, gourmande, insatiable.
Puis elle décolle. Elle délaisse ma rondelle pour remonter tout lentement le long de ma colonne vertébrale jusqu’à mon cou. C’est un mélange de plaisir et de petits picotements, de frissons et de petites chatouilles qui parcourt mon dos et qui s’irradie dans tout mon corps.
Je ferme les yeux pour mieux ressentir la caresse de cette langue, me demandant jusqu’où elle va aller.
Je capte le passage lent et humide entre mes omoplates. Mes sensations en sont alors démultipliées, je perds le contrôle. Je savoure à fond cet instant, tout en profitant également de la chaleur de ses mains qui prennent appui et se déplacent sur mon dos, sur mes flancs, sur mes épaules.
Et lorsque sa langue commence à remonter mon cou jusqu’à effleurer la région de la base de ma nuque, là j’ai l’impression que toute ma peau est en train de s’embraser.
C’est à ce moment-là qu’une nouvelle puissante sensation vient à moi, alors que mon corps est tout concentré sur le plaisir sensuel de ce contact à la base de ma nuque. C’est à ce moment que mon bobrun vient, s’insinue lentement, glisse tout doucement en moi.
Je sens ses mains puissantes prendre fermement appui sur mes épaules. Ses va-et-vient sont à la fois lents et puissants, je suis partagé entre avoir envie que ça se déchaîne et que ça devienne plus brutal, et le bonheur de ce slow sexuel qui me permet d’apprécier des sensations et des nuances de sodomie encore jamais expérimentées. Quel petit con, ce Jérém, mais que petit con sacrement doué pour la baise !
Ses mains prennent appui tour à tour sur mes hanches ou sur mes épaules, et je me sens vraiment dominé pas sa puissance, comme en état d’hypnose.
Et lorsqu’il commence à se déchaîner, lorsque ses cuisses tapent contre mes fesses en provoquant des claquements à la fois sourds et sonores, je perds le contrôle. Je n’arrive plus à me contenir, à me contrôler. Le plaisir, l’excitation, le profond bonheur de me sentir à lui, le mélange de sensation que ce petit con sait m’offrir est si puissant que, dans le feu de l’action, des gémissements s’échappent de ma bouche.
Ça ne dure qu’un instant, car l’une de ses mains finit par quitter mon épaule et se poser sur ma bouche pour me faire taire. Un geste qui n’a pas vraiment le pouvoir de me calmer, bien au contraire. Mais du moins de me faire comprendre que le bogoss me commande de la mettre en sourdine.
Le bobrun ralentit ses coups, je sens son torse se glisser sur mon dos, je sens le poids de son corps écrasant le mien. Son souffle chaud et haletant caresse ma nuque.
— Je te baise bien, hein ? je l’entends chuchoter tout près de mon oreille.
- Et moi alors, je te baise bien ? je le cherche.
- Toi t’es une petite salope qui me vide les couilles.
- Et tu ne t’en pleins pas… je le chauffe.
Sa fougue est impressionnante. Est-ce l’effet dopant, la drogue puissante de la victoire, qui le met dans cet état d’éphorie sexuelle ? Ou bien mes mots, mon attitude déchainées ?
En tout cas, ce n’est que du bonheur pour moi ?
— Tu prends ton pied, mec ? j’ai envie de lui demander.
— T’inquiète pour mon pied.
— Je te fais jouir comme personne d’autre…
— Je t’ai dit de pas t’inquiéter pour mon pied, je suis un mec, dès que ma queue est bien enserrée et au chaud, je prends mon pied.
Petit con, va, tu vas voir, on va voir si mon cul est si ordinaire. Et là, profitant du fait que le bogoss a un peu relevé son torse et qu’il ne me retient plus que par les hanches, je me dégage de lui. J’ai envie de prendre les choses en main.
Je me retourne et je le regarde, désormais assis à cheval sur le banc, le torse incliné vers l’arrière, les bras eux aussi tendus vers l’arrière, les mains prenant appui d’une part et d’autre de la planche, toutes tablettes dehors, tout le corps brillant d’une fine couche de transpiration, la respiration rapide, la queue raide, le visage et le haut du torse rougis par l’effort, le regard chaud, et noir. Il ne s’attendait pas à ça, le petit con. Mais putain, qu’est-ce qu’il pue le sexe ce mec !
— Ramène ton cul, dépêche-toi !
Je trouve sa sommation à la fois d’un érotisme puissant et étrangement amusante.
Un petit macho pareil, ça ne s’invente pas. Un petit macho capable de verser des larmes sur un terrain de rugby après une victoire une heure plus tôt, et de me baiser avec cette puissance et cette arrogance une heure plus tard, moi je dis, chapeau. Je crois que je tiens là un spécimen vraiment unique.
J’en meurs d’envie de ramener mon cul, bien évidemment, mais pas tout de suite. Je soutiens son regard, de plus en plus noir, de plus en plus sauvagement viril, je laisse passer quelques secondes.
Puis, j’approche lentement de lui, en face de lui. Je le vois alors allonger les bras, porter ses mains vers mon bassin, sans doute dans l’intention de me prendre comme ça, par devant et de jouir très vite au fond de moi. Perspective, j’admets, plus que tentante, car j’adore lorsqu’il est si entreprenant, lorsque l’approche du plaisir précipite ses gestes et fait ressortir ses instincts de mâle en rut.
Pourtant j’ai autre chose en tête et j’ai décidé que ce coup-ci c’est moi qui fixe les règles.
Mes bras s’animent, interceptent les siens et bloquent leur avancée. Je le fixe tout droit dans les yeux et je vois un mélange de surprise, d’agacement et de frustration balayer son regard brun.
— A quoi tu joues, je l’entends aboyer dans la foulée, tout en commençant à gonfler les muscles de ses épaules et de ses biceps pour se dégager.
Je lâche son bras droit, et j’utilise ma main gauche pour saisir sa queue et commencer à le branler pour le calmer. Ce simple contact a le pouvoir de faire cesser illico chez mon bobrun toute tentative de se dégager. Ses bras se baissent aussitôt, ramenant ses mains prendre appui sur les bords de la planche.
Je le vois fermer les yeux, mordiller sa lèvre inférieure, c’est un spectacle divin.
Le fauve calmé, je me sens l’audace de poser mon autre main sur ses pecs. Ah, putain, qu’est-ce que c’est bon le contact avec le torse d’un bogoss avec quelques poils, même si ça commence juste à repousser et que ça pique plus que ça ne caresse. Et là, il me suffit d’une très légère pression pour que le torse du bogoss accepte de suive le mouvement.
Un instant plus tard, son dos et sa tête sont posés sur l’assise, alors que ses jambes sont toujours posées de part et d’autre du banc, les pieds bien par terre. C’est la même position que tout à l’heure, pendant la pipe.
Je me lève, j’avance lentement jusqu’à ce que mes jambes dépassent les siennes, tout en s’y frottant au passage de façon plutôt appuyée. Le bogoss me regarde faire, le regard interrogatif.
Mon fessier est désormais à l’aplomb de son bassin, de sa queue. Le bogoss ouvre un peu la bouche, il expire bruyamment l’air de ses poumons, ses paupières tombent lentement mais lourdement. Je crois bien que mes intentions sont démasquées, et qu’elles sont bien accueillies.
Me voilà assis à califourchon sur mon bel étalon, mes reins ondulant pour lui offrir un plaisir intense, mes mains s’activant sur ses pecs rebondis, sur ses tétons durs et doux à la fois. Le bogoss a l’air d’apprécier, d’autant plus que c’est moi désormais qui assume tout l’effort de son plaisir. Le mec n’a rien à faire, juste savourer son plaisir de mec sans le moindre effort.
Dans le langage commun, son rôle à lui, c’est celui d’un mec actif. L’actif, c’est celui qui pénètre. L’actif est le dominant, celui qui contrôle le plaisir. Mais ici et maintenant, qui s’active vraiment dans l’histoire ? Qui contrôle le plaisir, alors que c’est moi qui module l’amplitude et la cadence des va-et-vient, de la valse vers le plaisir ?
En attendant, le bogoss a l’air de sacrement aimer ça, un mélange de frustration de ne pas contrôler la montée de son plaisir, et d’envie de s’abandonner à ce plaisir inattendu. Le plaisir de lâcher prise, le plaisir de se laisser surprendre, de se laisser un peu dominer.
Je le regarde dans les yeux, et je réalise que le bobrun est en train de bouillir. Je le vois lever les bras, porter ses mains sur mes fesses, amorcer le mouvement pour relever et faire reculer mon bassin, envisager en somme une position lui permettant de reprendre le contrôle du timing d’une jouissance que son corps commence à réclamer de toutes ses fibres.
- Laisse-moi faire, je lâche tout doucement, sur le même ton avec lequel on tenterait de calmer un caprice de gosse.
— Dépêche-toi de me faire jouir ! il me somme.
Bingo. C’est moi qui le fais jouir. Pure musique pour mes oreilles.
— Vas-y, dis-le que tu en as envie, je le chauffe, tout comme il l’avait fait un peu plus tôt.
— Dépêche-toi ! il aboie, tout en remontant le torse de façon menaçante, dans sa voix ce ton énervé qui le rend encore plus sexy,
— Je vais te faire jouir, t’inquiète, je le rassure, tout en portant à nouveau ma main entre ses pecs, l’obligeant ainsi à s’allonger une nouvelle fois sur le banc.
Mes mains complétement débridées le caressent partout, s’attardent sur ses tétons, se promènent sur ses pecs, se font plaisir en effleurant ses joues, son menton, son cou.
Le bobrun respire très fort, il ferme les yeux sous la montée du plaisir, ce plaisir qui monte grâce à moi, un plaisir qui monte également en moi. Un plaisir qui a guidé ma main gauche, presque à mon insu, à se poser sur ma queue pour la branler vivement.
C’est tellement beau de le voir grimacer de plus violemment, de voir et d’entendre sa respiration se transformer en ahanement, de le voir perdre le contrôle de son corps et de son esprit et l’entendre enfin me lancer, le souffle coupé, la voix étranglée par le râle puissant qui veut s’échapper de ses poumons :
— Tu vas m’avoir…
Et lorsque l’orgasme l’envahit, je vois tout son corps parcouru par un spasme géant. Prenant appuis sur ses fesses et ses épaules, son dos se cambre, les pecs se bombent de façon impressionnante, les abdos se bandent. La tête part en arrière, mettant bien en évidence le grain de beauté dans son cou à la Josh Harnett, laissant ressortir sa pomme d’Adam de façon saillante, animée elle aussi par des mouvements rapides, nerveux, incontrôlés. Son visage se tourne sur le côté, alors que sa main se porte sur son front comme pour se protéger de la déferlante d’un plaisir d’une violence insoutenable.
Et je jouis à mon tour, je jouis sur son torse dessiné. Le bogoss jouit et son plaisir déclenche le mien. Mais très vite, j’angoisse. J’appréhende sa réaction.
Mais là encore, mon bobrun va me surprendre.
— Putain, c’est chaud, je l’entends lâcher sur un ton surpris mais presque amusé.
Moi je dis, il faudrait que tous les jours il ait à jouer et gagner un match de rugby, ça le rend tellement plus cool !
Cinquième mi-temps.
Jérém sous la douche. Quatre simples mots, ressemblant à mes yeux, toute la beauté du monde.
Jérém sous la douche, voilà une image chargée d’un érotisme insoutenable.
L’eau atterrit sur ses cheveux bruns en bataille, ruisselle le long de sa joue, caresse la commissure de ses lèvres, suit la courbe de son menton et la ligne de son cou, parcourt son torse de haut en bas. Avec ses reflets changeants et diaboliques, elle souligne le relief de chacun de ses muscles, des pectoraux aux abdominaux. Une partie de cette eau s’infiltre au travers de ses poils pubiens, pour glisser in fine le long de sa queue, avant de quitter ce corps d’apollon par le prépuce.
Et le temps semble s’arrêter pour rendre hommage a tant de beauté.
Le bogoss a fait mine de rien, mais je sais que, du coin de l’œil, il a du plaisir à me regarder plante là, comme abasourdi, devant sa nudité mouillée. J’ai l’impression qu’il fait exprès de faire durer le plaisir, que ses mains étalent très longuement le gel douche, qu’il aime savourer la vision de ma dépendance de lui, et du sentiment de toute puissance que cela lui renvoie, l’image de la puissance inouïe de son charme, l’effet ravageur, le pouvoir immense qu’il a sur moi.
Et devant ce pouvoir, je capitule. Je m’approche lentement, je le rejoins sous le jet d’eau chaude, je lui lance un regard de pure soumission et je me mets à genoux, comme en adoration devant le sexe de mon amant. Je le prends en bouche, et j’entreprends de le sucer. Je lui fais plaisir pendant un petit moment, jusqu’à ce que la sonnerie de son portable ne retentisse dans la salle. Le bogoss ferme l’eau aussitôt, et se retire de ma bouche dans la foulée.
Le bogoss est attendu, et son retard doit commencer à paraitre suspect.
Pendant que je me douche à mon tour, je le regarde se préparer à la va vite, pressé par la sonnerie de son portable qui ne cesse de sonner. C’est magique de voir un bomec se dessaper, se délester des vêtements qui cachent son corps, que ce soit pour passer à la douche, ou, encore mieux, lorsqu’il fait ça dans l’urgence, mu par un désir irrépressible, pour libérer son corps et le préparer à l’amour.
Et c’est tout autant magique de voir un bogoss prendre sa douche, notamment lorsqu’elle vient après l’amour.
Et il est une derrière vision de pur bonheur, c’est de mater un bogoss en train de se rhabiller, après l’amour, ou après une douche, ou encore après une douche qui suit l’amour.
Le bogoss vient d’abandonner la serviette humide sur un banc, il fouille dans son sac de sport et en tirer un deo dont il asperge copieusement ses aisselles et son torse. La pièce se remplit instantanément de sa présence olfactive. Ses mains reviennent dans le sac pour en tirer un boxer noir. Je le regarde en train de le passer, de le faire glisser le long de ses cuisses, l’installer autour de son bassin, comme une deuxième peau.
Un instant plus tard, le bobrun attrape son jeans dans son casier, je le regarde fixer l’un après l’autre les boutons de sa braguette, accrocher sa ceinture. Jeans bien coupé, élastique du boxer qui dépasse, torse nu. La perfection, au masculin. Si on avait le temps, je voudrais le faire jouir à nouveau.
Et ce qui est le plus affolant, c’est l’aisance avec laquelle il porte cette tenue, avec un tel naturel. Être torse nu est pour lui aussi naturel que porter un t-shirt en été ou bien un pull en hiver.
Un instant plus tard, il approche d’une petite fenêtre, il l’ouvre et s’allume une clope.
Les mouvements alternés de son bras pour apporter et enlever la cigarette de ses lèvres, sa façon de la tenir au bord du filtre, entre le pouce et l’index, son expression de plaisir en aspirant, son air blasé en expirant, ça rajoute du bandant au sexy.
Je coupe le jet d’eau et je m’avance vers les casiers pour attraper la seule serviette dont j’ai envie de me saisir pour me sécher, celle qui est déjà bien humide, mais qui possède à mes yeux l’inestimable atout d’avoir caressé le corps de mon Jérém.
Lorsqu’il revient vers son casier, son déo pénètre dans mes narines et vrille mes neurones avec une force décuplée. La chaleur et la douceur de sa peau, évoquées en moi par cette vision rapprochée, embrasent un désir jamais éteint, un désir dont la puissance semble s’autoalimenter, comme une combustion solaire.
Le bogoss se penche à nouveau sur son sac de sport, il en ouvre une poche latérale et il en extrait un bout de coton blanc. Il le déplie, et l’image d’un t-shirt blanc un peu froissé se dévoile sous mes yeux. Il le retourne entre ses mains, jusqu’à tenir le bord inférieur, il le secoue pour tenter de le défroisser.
Pendant qu’il vérifie le sens devant-derrière, les manchettes pendouillent vers le bas. Je salive en pensant à l’effet que ce simple tissu va avoir sur son torse.
Le geste qui suit est, là encore, très rapide, automatique, inconscient, mais tellement sensuel. Le buste à la verticale, les bras se lèvent à tour de rôle pour se glisser dans les manchettes. La tête passe à son tour. Le coton se tend, se déforme dangereusement, les épaules entament un mouvement rotatoire dans le but de faire prendre au coton sa position définitive. Hélas, souci de riches, la peau encore un peu humide et le coton est tellement ajusté, que le t-shirt reste a du mal à glisser le long de son torse.
Il lui faut croiser les bras, attraper le bord du t-shirt et le tirer vers le bas pour que son torse musclé disparaisse sous le coton fin. A vrai dire, il ne disparait pas vraiment, il est juste mis en valeur, suggéré, fantasmé par ce t-shirt divin.
Et je n’ai même pas encore parlé de cette échancrure de folie, fenêtre ouverte sur un vaste triangle de peau mate, chaude, encore humide, sentant bon le déo fraîchement aspergé, laissant entrevoir ces quelques poils qui repoussent, qui dépassent, ainsi que sa chaînette de mec.
Une fois l’opération terminée, ce petit t-shirt blanc est l’image d’une perfection visuelle à donner le tournis.
Il n’y a pas à dire, un simple jeans, un simple t-shirt blanc, la tenue la plus puissante, la plus efficace, pour exprimer le Masculin. Naaan, mais comment est-ce qu’un mec aussi parfait, aussi sexy peut exister ?
Voilà pourquoi, quand je regarde ce mec, j’ai envie, dans l’ordre, de pleurer, de crier et de me taper la tête contre le mur, et de le faire jouir de toute urgence. Voilà pourquoi j’ai envie de lui à en avoir mal au ventre. Encore, oui, même après cette baise intense sur le banc du vestiaire.
Alors, je ne peux décoller mes yeux de lui. Je suis aimanté par sa beauté, par sa virilité, par sa sexytude radioactive.
— Tu veux quoi ? il me lance, le ton agacé, en captant mon regard qui doit trahir toute mon envie brûlante.
— J’aimerais…
—Tu aimerais quoi ?
—Non, rien, laisse tomber…
—Tu aimerais quoi ? il insiste, en montant la voix.
—J’aimerais juste terminer ce que j’ai commencé sous la douche, je me lâche.
—J’ai pas le temps !
Et pourtant, une étincelle lubrique dans son regard jure sévèrement avec le sens de ses mots.
—Mais tu as envie ! je le cherche.
Le temps de lâcher ces quelques mots, ses mains se sont activées pour descendre son jeans et son boxer sur ses cuisses, en dévoilant une queue déjà frétillante, mais demandant encore quelques attentions pour retrouver toute sa vigueur.
Un instant plus tard, je suis à genoux devant lui. J’ai adoré le sucer en goûtant aux petites odeurs dégagées après l’effort dans le match, j’apprécie tout autant le goût frais et doux de sa peau tout juste douchée et parfumée. Mes narines sont enivrées par l’odeur de propre et de frais qui se dégage du bord inférieur de ce t-shirt blanc ondulant pile devant mon regard pendant que je lui offre le meilleur plaisir dont je suis capable.
Je m’affaire vite, je m’affaire avec entrain, avec folie. Je m’affaire si bien qu’il ne faut pas longtemps pour l’approcher de l’orgasme.
Mais quelque chose vient perturber cette montée en flèche. Soudain, une sonnerie aigüe s’échappe de sa poche.
— Allo, il lâche en décrochant.
Il me semble de déceler une voix masculine à l’autre bout des ondes. Chose qui se confirme lorsque j’entends mon bobrun lâcher :
— Oui, Thib, j’arrive, j’arrive…
Lorsque j’ai entendu la sonnerie du téléphone, j’ai cessé de le sucer. Et là, alors qu’il est en train de parler avec son meilleur pote, il pose sa main libre sur ma nuque, l’approchant de sa queue.
Le message est clair, il veut que je continue. Alors, je continue.
—Oui, je suis à la bourre… j’ai eu un problème de démarrage avec la voiture… non… pas besoin de venir, j’ai trouvé tout seul, elle a fini par démar…
Le dernier mot de son mensonge est coupé net. Et alors que son plaisir de mec explose entre ses jambes et dans son bas ventre et que ses giclées chaudes percutent mon palais, je lève les yeux et je vois le bogoss écraser le portable contre ses pecs, je vois sa belle petite gueule se crisper, je sens trembler dans la tentative désespérée de contenir le rugissement de son orgasme.
—Jé, tu es toujours là ? j’entends Thibault demander à l’autre bout des ondes.
Oui, il est toujours là. Mais il ne peut te parler dans l’immédiat car il est en train de jouir.
Et pendant que j’avale jusqu’à la dernière goutte de ce nectar de mec, le bobrun enchaîne les mensonges.
— Je démarre là, j’arrive !
Sa réplique suivante sera aussi mensongère qu’amusante.
— Mais non, je ne suis pas essoufflé, j’ai juste fait quelques pompes !
Après avoir raccroché, le bogoss rangé son téléphone dans sa poche, remonté son jeans et son boxer. Il attrape son sac de sport, glisse une cigarette entre ses lèvres et s’engage vers la sortie.
— Dépêche-toi, je l’entends pester.
Et voilà, me revoilà une fois de plus au creux de ses montagnes russes sur lesquelles avance ma relation avec Jérém. Me voilà une fois de plus secoué par le contraste entre sa chaleur brûlante pendant le sexe et la froideur des adieux après le sexe.
Je m’approche de lui, et son deo s’en prend une fois de plus très violemment à mes neurones. Je sais que dans quelques secondes on partira chacun de notre côté, je sais qu’il va me manquer à l’instant où il va disparaître de mon champ visuel. De toute façon, il me manque déjà.
Je voudrais tant partager cette victoire avec lui, partager la fête, son succès, sa joie, son bonheur, la camaraderie avec ses coéquipiers. Hélas, je ne fais pas partie de son monde.
Je tente de me consoler en me disant que j’ai déjà eu ma quatrième mi-temps, et que pendant ce temps de « jeu », je l’ai eu rien que pour moi. Je pense à toutes ces nanas et tous ces mecs qui ne rêveraient que de ça, et je me dis que je n’ai pas le droit de me plaindre. Pouvoir accéder à sa virilité, c’est une chance inouïe.
Et pourtant, ça me crève le cœur de le laisser partir comme ça, après tout le plaisir que nous nous sommes donnés. J’ai besoin d’un signe de sa part, un mot, un sourire, un peu de considération.
— Attends Jérém…
Le bobrun continue dans sa lancée, et il ne semble pas m’entendre et surtout pas m’écouter.
C’est pourquoi, à deux pas à peine de la porte métallique qui donne sur l’extérieur, j’ose ce geste aussi désespéré que risqué, l’attraper fermement par le bras, l’obliger à s’arrêter, et l’attirer vers moi.
—Mais qu’est-ce que tu fiches ? il assène, tout en se dégageant de ma prise d’un geste brusque et violent. Ses yeux fulminent.
Sans réfléchir, porté par une envie qui remue mes tripes, je fonce. Je m’approche de lui, je passe mes bras sous les siens et le serre très fort contre moi, mon torse collé contre le sien, mon visage abandonné dans le creux de son épaule.
Je ne sais pas comment j’ai pu obtenir ça de lui. Le mérite peut-être à ma détermination désespérée, au fait de le prendre par surprise. Ou, on peut toujours rêver, il y avait peut-être chez lui cette envie, enfouie quelque part, une envie que mon enthousiasme a forcé à remonter à la surface.
Et qu’importe si, pendant que mes bras lui montrent tout mon amour que je lui porte, les siens restent ballants le long de son buste. Le bogoss ne me repousse pas non plus.
Enivré par le contact avec son corps puissant, avec sa peau chaude et avec ses effluves de mec tout juste douché, je suis tellement bien que je ne voudrais jamais quitter cette étreinte. Tellement bien que je ne peux m’empêcher de déposer quelques bisous légers à la base de son cou. Tellement ému par l’absence de rejet de sa part que je deviens téméraire au point de rallonger mon chapelet de bisous dans l’échancrure du t-shirt, ce triangle de peau me rend dingue.
Et un frisson secoue mon corps lorsque je ressens le contact hésitant, maladroit mais presque rassurant, de sa main se posant à plat juste au-dessus de mes reins. Un contact presque irréel, si bref que j’ai tout juste le temps de réaliser que ça s’est passé, alors que déjà ça ne se passe plus.
Une seconde après, ses mains se portent sur les miennes, les décrochent de son dos. La poussée de ses biceps m’invite à mettre fin à cette étreinte.
Un instant plus tard, le bogoss passe la porte en silence et je lui enjambe le pas. Dans la lumière chaude du soleil de cette fin d’après-midi d’été, son teint mat et la perfection immaculée et moulante de son t-shirt s’affrontent dans un duel étincelant. Définitivement, je voudrais être son t-shirt.
— Jérém, on se voit quand, je ne peux m’empêcher de lui demander en le suivant sur le parking.
— Je sais pas, fait-il, brusquement.
— J’ai envie de te revoir, Jérém…
Et là, le bogoss se retourne et me lance froidement :
— Je ne sais pas si tu as réalisé, mais le lycée, c’est fini. J’ai un taf maintenant, et j’ai aussi des potes. J’ai envie de faire la fête avec eux, prendre des cuites, sauter des nanas, la vie, quoi. Et il faut aussi que je m’occupe de trouver un taf pour la rentrée.
— Tu vas partir ?
— Oui je pense, il me lance sur un ton franc, sans se douter l’effet que ses mots ont sur moi, comme un coup de massue pour mes oreilles.
— Et l’équipe ?
— Ils se débrouilleront, fait-il en ouvrant la porte de la 205 rouge.
—Tu vas me manquer… je me mets à nu devant lui.
— Tu te feras sauter par un autre, voilà sa cruelle réponse de petit con.
Sur ce, il claque la porte et il enclenche la marche arrière. Sans un regard dans ma direction, il quitte le parking et se casse, direction le centre-ville.
Je parcours le chemin vers la maison, le cœur lesté de plomb. Je suis tellement secoué par ses mots que j’ai envie de pleurer.
Merci à Rodrigue, à qui je dois l’idée ce cet épisode autour de la finale.
JN01092 Match et après match (partie 2)
Des mi-temps non réglementaires.
Je stoppe net mes pas. Soudain, j’ai la tête qui tourne, les mains moites, les jambes en coton.
J’ai une envie brûlante de le rejoindre, tout en me sentant retenu, tétanisé par une peur panique de me retrouver face à un mec qui veut juste se vider les couilles pour mieux me jeter après, tout comme il l’a si bien affirmé (et si bien fait) hier.
Pire, je redoute la virulence et la froideur de ses mots, de ses attitudes. Je crains également qu’il puisse me faire de nouveaux reproches à cause de ma petite conversation avec Thibault un peu plus tôt.
Bref, je n’ai pas envie de lui offrir un orgasme géant et de rentrer chez moi avec le cœur lesté de plomb.
D’autre part, la tentation d’y aller est trop forte, et ce, pour plusieurs raisons.
Déjà, je ne l’ai toujours pas félicité pour sa performance sportive. Oui, je vais commencer par ça, le mettre de bon poil, avant de le mettre à poil.
J’ai toujours en tête l’équation apprise par cœur le weekend dernier :
(Le faire jouir + Lui parler rugby) = un Jérém qui s’ouvre un peu
Et même si j’ai prévu de commencer par « Lui parler rugby », j’ai appris au fil des cours de maths que, dans une addition, le changement d’ordre des termes ne modifie pas le résultat.
Bien sûr, je n’ignore pas le fait que pour obtenir l’identité remarquable « un Jérém qui s’ouvre un peu », ce ne sont pas deux, mais un nombre important de variables qui rentrent en jeu, dans une équation à rallonge, avec des paramètres à valeur imprévisible. Une équation à géométrie mouvante, dans laquelle la logique n’est pas forcément sollicitée pour obtenir le résultat final, ce qui rend le système « Jérém » fortement chaotique.
Répondre présent à son invitation, c’est aussi l’occasion de pénétrer dans un vestiaire après match.
Car, mieux encore qu’après un simple entrainement tel que je l’ai connu quelques semaines plus tôt, ce sanctuaire à mecs doit être en ce moment empli d’odeurs de jeune mâle, de douche, de virilité, de deo. Avec un peu de chance, Jérém ne sera pas encore passé sous la douche, il sera encore moite de sueur, sentant le mâle et l’effort, gonflé à bloc de testostérone après ses exploits et sa magnifique victoire.
Ainsi, ma décision est très vite actée.
« 5 min », envoyer sms,
Tout comme lui dans sa proposition, j’adopte une prose proustienne pour ma réponse.
Je fais demi-tour et je parcours les quelques centaines de mètres qui me séparent du terrain de rugby d’un pas plutôt soutenu.
En arrivant aux abords du terrain, je remarque qu’il ne reste qu’une voiture sur le parking, sa 205 rouge. La buvette est fermée et plus personne ne rode autour de la pelouse. Bref, tout le monde est parti. Sauf mon bobrun, comme le confirme la porte d’entrée principale du vestiaire restée entrebâillée.
Alors, après avoir pris une bonne inspiration pour me préparer à plonger dans cet univers imprégné de présence masculine, je passe la porte en métal.
Dès l’entrée, je suis enveloppé par un mélange olfactif fait de vapeur de douche, de savon, de shampoing et de sueur, de jeunesse masculine. Dans ce bouquet olfactif, je me perds, je me noie.
Je n’ai qu’à fermer les yeux pour imaginer toute l’équipe telle qu’elle devait être là tout juste une heure plus tôt, les uns assis sur les bancs en train de retirer les chaussures à crampons et les chaussettes, certains ayant déjà retiré la majorité de leur équipement, se retrouvant en slip, ou en boxer, d’autres en train de se chamailler comme des gosses, refaisant le film du match avec de grands gestes, faisant rouler leurs muscles et danser leurs paquets prisonniers d’un fin tissu. D’autres seraient déjà nus, en train de se diriger vers la douche ou bien en train d’en sortir, le corps dégoulinant d’eau, attrapant leur serviette, posant un pied sur le banc pour se sécher la jambe, offrant une vue imprenable sur leur fabuleuse nudité.
J’avance dans le petit couloir. Et là, surgissant sans bruit d’une porte latérale, le bogoss se dresse devant moi, à tout juste un mètre de distance, la cigarette allumée entre les lèvres, toujours habillé de son maillot vert et blanc défraichi par le match, les chaussettes et les crampons toujours aux pieds, les cheveux encore en bataille. Il est indiciblement beau.
Jérém me toise en silence avec son regard pénétrant qui m’emplit à la fois de désir et de malaise.
— Tu as été grandiose aujourd’hui, Jérém, je trouve enfin le courage de lu parler, t’as marqué deux essais de fou… je voudrais être capable d’en faire la moitié du quart de ce que tu fais…
— Le rugby est un sport de mecs, pas d’intellos, il se moque.
— Bon, ok, j’avoue, je n’y connais rien au rugby.
— Pourquoi tu es venu voir le match, alors ? fait-il, sur un ton faussement détaché.
— Pour soutenir ton équipe, je réponds. Je ne sais pas ce qu’il veut me faire dire, mais j’adore ce petit jeu de questions réponses,
— Tu parles, il me renvoie à la figure.
— C’est la vérité !
— Pourquoi tu es venu voir le match, il insiste, le regard malicieux.
Ce petit jeu du chat et de la souris m’amuse beaucoup. D’autant plus que j’ai l’impression qu’il kifferait que je lui dise que j’espérais que cette rencontre dans le vestiaire puisse avoir lieu.
— Parce que je voulais te faire plaisir, je glisse.
— Ou plutôt parce que tu voulais te faire baiser, fait-il, cash. Poésie, quand tu me tiens !
Petit con va, mais petit con rayonnant, détendu, et d’humeur joueuse. Il veut jouer, alors il faut en profiter, on va jouer.
— Oui, j’avais envie de baiser avec toi, je concède, de façon totalement assumée.
— T’en a pas eu assez de ma queue, hier, il enchaîne.
— Je n’en ai jamais assez de ta queue, je trouve naturel de lui répondre.
Son regard est à la fois fier et amusé, son corps et sa musculature semblent encore bien chauffés par le match. Je sens que si je le chauffe encore un peu, ça va être le feu d’artifice.
Le bogoss finit sa cigarette, il jette son mégot à terre avec un geste désinvolte et l’écrase avec sa chaussure de sport. Puis, il pointe son regard vers moi, c’est un regard intense, désormais embrasé par un sourire lubrique.
Il avance vers moi, il me contourne. Un instant plus tard, j’entends le bruit sonore de la serrure de la porte métallique qui se verrouille. Douce musique pour mes oreilles. Je suis heureux de comprendre ainsi que ce n’est pas que pour m’engueuler qu’il m’a fait venir, que le sujet Thibault n’est pas à l’ordre du jour, et qu’une bonne baise semble s’annoncer.
Un instant plus tard, je le sens se placer derrière moi. Ses mains se posent fermement sur mes hanches pour m’attirer contre lui avec un geste volontairement brusque, presque brutal. Mon bassin recule, se colle au sien, me laissant saisir son érection. Sa bosse raide se plaque contre mon jeans, je frissonne, je chavire.
— C’est de ça que t’as envie, hein ? il me siffle, les lèvres tellement proches que je sens sa petite barbe sexy frotter sur mon oreille et son souffle chatouiller mon tympan.
Mon corps tout entier est parcouru de frissons. J’adore cette sensation de me sentir complétement en son pouvoir, la sensation qu’il pourrait faire de moi ce qu’il veut, et que je ne pourrais rien lui refuser.
— C’est tout ce dont j’ai envie, toujours envie, je lui confirme, presque en état de transe.
— T’as encore envie d’en prendre plein le cul ou quoi ? il me glisse, chaud comme la b(r)aise.
— Oui, oui, je concède, ravi.
— Dis-le alors ! il ordonne en levant le ton de la voix.
— J’en ai envie, j’admets, fou de désir.
— T’es venu au match juste pour voir des mecs de près ! il me lance sur un ton virulent, son souffle chaud dans mon oreille, la prise sur mes hanches se resserrant un peu plus, le contact avec sa bosse puissante se faisant plus vif.
— Je suis venu parce que je voulais te voir, toi, Jérém !
Ce qui est vrai. C’est pour Jérém que je suis venu au match, le corollaire de bogoss gravitant autour de ce match n’étant qu’accessoire à mon envie de le voir, lui, en action.
— T’as encore parlé à Thibault !
Ah, merde, je me disais bien que j’avais crié victoire un peu tôt.
— Je l’ai juste félicité pour le match, on s’est croisés par hasard.
— Tu le kiffes, lui aussi, il me balance direct.
— Arrête, Jérém, je tente de me défendre.
Mais, les bières aidant, le bogoss revient à la charge.
— Il est bien foutu, hein, il est bogoss… avoue, tu te ferais bien défoncer par lui aussi !
— Tu dis n’importe quoi, Jérém, c’est de toi que j’ai envie, je tente de calmer le jeu. Je ne vois pas où il veut en venir, mais je devine que ça peut vite déraper.
— A d’autres… tu te ferais baiser par n’importe qui !
- Tu es injuste !
- Comme l’autre connard au KL, l’autre fois, il me sort de but en blanc.
Ouf, heureux qu’on s’éloigne du sujet Thibault. Cependant, on est en train de partir sur un autre sujet épineux. Jérém semble commencer à partir dans les tours, il faut vite calmer le jeu.
— Lui c’était juste un plan B parce que je croyais que tu partirais encore avec une pouffe. Si j’avais su que tu rentrerais avec moi, jamais ne je me serais laissé draguer par ce mec ! C’est toi, Jérém, qui me rends dingue. Dès que je te vois, j’ai envie de toi, tellement envie que j’en ai mal au ventre. C’est même pire que ça, il me suffit de penser à toi que j’ai envie de te faire jouir.
— Parce que je suis un bon coup et que je te baise comme personne, dis-le ! il m’intime.
- Et moi alors, je ne te baise pas « comme personne d’autre » ?
Je me dégage alors de sa prise, je me retourne, et, en le regardant tout droit dans les yeux, j’ajoute :
— Je vais le dire si toi aussi tu admets que moi aussi je te fais jouir comme t’as jamais joui !
— Mais qu’est-ce que t’en sais ? il me lance, en scandant bien les mots, le ton et le regard moqueurs et un tantinet méprisants.
Il avance à nouveau vers moi, il me contourne. Cette fois-ci, je suis son mouvement en pivotant sur moi-même. Et là, je le vois disparaître dans le vestiaire.
Dans cette pièce, c’est une vibrante sensation de tranche de vie très récente qui me percute de plein fouet. Les placards des joueurs, disposés en « U » sur trois murs, ont été pour la plupart abandonnés avec la porte négligemment ouverte. Le sol, humide, est jonché de petits papiers, de serviettes. Une chaussette verte traîne sous un banc, un maillot blanc et vert a même été laissé dans la précipitation. L’odeur de douche de bogoss est omniprésente. Comme une force, une énergie invisible mais parfaitement perceptible, cette pièce résonne encore de la présence de jeunes gens heureux.
Dans un coin de la pièce, deux bancs sans dossier trônent alignés à environ trois mètres l’un de l’autre.
Mon beau brun est là, installé à califourchon sur l’un d’entre eux, en train de boire à une gourde.
Je m’assois à mon tour à califourchon sur l’autre banc, face à lui. Et j’enchaîne :
— Si je n’étais qu’un coup comme tant d’autres, tu ne m’aurais pas baisé autant, et tu n’en redemanderais pas.
— Je te l’ai déjà dit, t’as une bonne bouche et un bon cul toujours dispo, c’est tout ce qui compte, il lâche sur un ton railleur assorti d’un petit sourire méprisant.
Ce petit con ne lâche rien. Alors, je tente un coup de poker.
— Il y en a d’autres des culs et des bouches, mais je pense que les miens te font ce que les autres ne te font pas.
Je suis étonné de l’aisance avec laquelle j’arrive à lui balancer mes quatre vérités en le regardant droit dans les yeux. Ça doit être l’effet de la bière. Mais putain, qu’est-ce qu’il est sexy avec son maillot !
Jérém me toise en silence, j’en profite alors pour enfoncer le clou.
— Tu as une queue de fou, mais moi je sais la rendre heureuse.
— T’es culotté, mec ! il me lance.
— Tu peux parler de culot ! T’y as été très fort, hier, et là tu me branches comme si de rien n’était.
— Ça va, j’étais énervé, le match me prenait la tête, et ça m’a fait chier que Thib me fasse des réflexions.
— Je ne suis pas ton punching ball !
Pour toute réponse, Jérém me fixe, son sourire diabolique toujours aux lèvres. Puis, il se lève, il enjambe le banc sur lequel je suis assis, et il s’assoit juste en face de moi. Il se penche en avant, vers moi, en prenant appui sur ses mains posées à plat juste devant lui. Son visage s’arrête à vingt centimètres du mien.
Instinctivement, en voyant ce corps musclé envahir brusquement mon espace vital, j’ai un mouvement de recul. Le bogoss sourit, fier de son effet.
J’ai le cœur qui cogne à tout rompre, mais il est loin d’être au bout de sa peine. Le bogoss avance encore son fessier sur le banc, jusqu’à ce que ses genoux entrent en contact avec les miens. Ce simple contact avec sa peau tiède est divin.
Assis face de moi, le torse enserré dans son maillot blanc et vert qui sent clairement la transpi, Jérém me sourit. C’est le sourire du prédateur qui mesure son pouvoir sur sa proie.
Puis, ne trouvant peut-être pas suffisant l’effet de dingue que sa proximité exerce sur moi, le bogoss décide de faire monter encore un peu plus la pression. Il plie le buste vers l’avant, jusqu’à ce que nos fronts se touchent, ses mains fermement posées derrière ma tête pour m’empêcher de reculer, contact détonnant, évoquant d’autres situations ou ses mains retiennent ma tête pour son plaisir de mec.
A cet instant, étincelles sur ma peau, dans ma tête, décharges puissantes dans mon ventre, sentir son front chaud sur mon front, sentir une intense chaleur chargée de bonnes odeurs de mecs monter à mes narines, baisser les yeux et arriver à plonger le regard dans l’entrebâillement du col du maillot, me perdre dans la vision inattendue et spectaculaire de ses pecs.
Je suis tellement dingue que j’en veux encore plus. Je suis comme ivre, et débridé, je saisis la naissance du col en V de son maillot, je l’écarte un peu plus et je plonge mon nez dedans. Le bogoss me laisse faire. J’inspire avidement, je m’enivre de cette chaude essence de mec dont j’ai été privé la veille, lorsque le bogoss a déboutonné d’un seul geste sa jolie petite chemise blanche de service.
Le feu du désir me ravage, je trouve même l’audace de porter une main sur sa bosse cachée sous le short. A ce stade, je ne suis plus que désir brûlant.
Presque au même temps, je sens ses mains relâcher la prise sur ma nuque. Son buste se redresse, ses genoux se déplient. Un instant plus tard, le bogoss est debout, toujours à califourchon du banc. Ses mains se coordonnent pour baisser le short et le boxer juste en dessous de ses bourses. Sa queue apparaît devant mes yeux. Son bassin avance, son gland se pose entre mes lèvres, sa queue glisse vite dans ma bouche.
Ses coups de reins arrivent directs, puissants. Le mec se lâche, il a grave envie de prendre son pied, il est chaud comme une baraque à frites. Le bord du maillot tape sur mon visage de façon cadencée.
Je reçois et j’accepte goulûment ses assauts de mec, je me réjouis de sa fougue. Ça fait du bien de le sentir aussi déchaîné, l’esprit galvanisé par sa victoire. A cet instant, il est 100% à son plaisir de mec. Tout comme, encore un peu plus d’une heure plus tôt, il était 100% à son jeu.
Et puis ses coups de reins s’arrêtent. Jérém remonte boxer et short et se rassoit. Son bassin avance toujours, ses genoux poussent les miens, m’obligeant à reculer jusqu’au bord du banc.
Le bogoss se débarrasse de son t-shirt avec un geste aussi rapide qu’intensément érotique. Je remarque que le bandage à l’épaule a disparu, laissant ainsi entrevoir un énorme bleu couvrant la totalité de l’arrondi au-dessus de son biceps.
Jérém s’allonge sur le dos, sur toute la longueur du banc, les bras pliés et les mains croisées derrière sa tête, le bassin légèrement cambré, et putain que sa queue est remarquable dans cette position !
Je la regarde, se soulevant régulièrement au gré des contractions musculaires du bogoss. Elle est magnifique. J’adore la regarder, retarder le moment de retourner la rendre heureuse.
Ses bourses doucement abandonnées entre ses jambes légèrement écartées, me donnent envie de faire un petit détour. Ainsi, je pose mes lèvres dans le creux entre les couilles et la naissance de la queue. Je commence par y déposer des bisous tout doux, j’enchaîne en laissant ma langue tourner délicatement autour de ses couilles. Je m’y attarde un petit moment, avant de remonter vers la base de son manche tendu.
Ma langue remonte désormais le long de son manche. Et lorsqu’elle arrive dans le creux du gland, elle est ravie par un intense bouquet de petites odeurs de mec, de mec sortant d’un bel effort physique. Elle s’agite, le titille par de petits mouvements répétés, elle redouble d’efforts pour lui faire plaisir.
J’entreprends alors de lui offrir une pipe musclée, alternant les caresses les plus délicates, et celles plus chaudes. Le bogoss frissonne.
Tu ne veux pas l’admettre que je t’offre un plaisir de dingue, mais tu sais quoi ? Ton beau corps te trahit. Tes spasmes, tes petits gémissements, les ondulations de tes abdos, ta respiration saccadée, voilà la réponse à ma question restée en suspens.
Le bogoss relève la tête de temps à autre, me regarde faire un instant, le visage défait par les décharges de plaisir. C’est là que je me dis : oui, Nico, là tu as dans tes mains la clef de son plaisir.
Aujourd’hui, il faut que je marque le coup, que je dépasse ses meilleures attentes. Alors, tout en continuant à le sucer activement, mes mains se faufilent le long de son torse, rejoignent ses pecs, puis s’attardent à aller titilles ses beaux boutons de mec.
Le bogoss cambre les reins, bombe le torse. Visiblement, son plaisir est tellement intense qu’il ne sait plus comment se mettre.
Je veux le rendre si fou de plaisir au point qu’il ne sache même plus où il habite. Et pour cela, j’ai une arme secrète.
Je me fais violence pour obliger ma bouche à quitter sa queue, et ma main prend immédiatement sa place, enserrant son manche et en le branlant avec des mouvements amples.
Mon buste remonte pour permettre à mes lèvres et à ma langue de partir à l’assaut de ses tétons. Ma joue appuyée juste au-dessus de son cœur, je capte ses battements rapides mélangée à sa respiration courte, agitée, excitée.
Comment lui faire encore plus plaisir ? Je sais, c’est simple, en obligeant ma langue à abandonner la douce fermeté de ses tétons pour descendre à nouveau, descendre tout au long de son torse, passer ses abdos, son nombril (en m’y attardant tout juste le temps d’un passage de langue), passer son pubis, en résistant à la tentation ultime de s’arrêter pour humer les bonnes odeurs que cette petite pilosité sait cacher, passer à côté de sa queue, sans me laisser aller à l’appétit vorace qui me pousserait à la reprendre en bouche jusqu’à la faire jouir. Descendre encore un peu plus, passer ses bourses sans être hypnotisé par leur chaleur, leur douceur odorante. Descendre un peu plus encore, et terminer son voyage un peu plus loin dans l’entrejambe. Voilà comment lui faire plaisir.
Petit jeu intense, dans lequel je perds toute notion du temps. Je ne pourrais pas dire pendant combien de temps je me suis fait plaisir tout en lui faisant plaisir de cette façon. Tout ce que je sais, c’est que ce truc est l’un de ceux qui le rendent le plus dingue. Alors, je pourrais continuer pendant des heures.
Dans les faits, je ne peux continuer que jusqu’à ce que le bogoss décide qu’il est temps de passer à autre chose. Et le « temps », aujourd’hui c’est lorsque le bogoss relève son buste, provoquant le même geste chez moi. Lorsqu’il recule ensuite son fessier sur le banc, m’attrape par les hanches, fait glisser mon bassin sur la planche. Lorsqu’il relève mes jambes, m’obligeant à poser mon dos sur le banc.
Les gestes du bobrun sont rapides, presque violents. Ce sont des gestes qui me font sentir complètement en son pouvoir, comme si je lui appartenais, comme si je n’avais pas le choix. Mes jambes en l’air, il entreprend de me déshabiller. En quelques secondes, mes chaussures mon short, mon boxer ont volé. Il ne me reste qu’à seconder ses intentions en me chargeant de mon t-shirt.
Je le vois se lever et se débarrasser à son tour de ses baskets, de son short et de son boxer, le sexe tendu pointant le zénith, l’air triomphant. Le mec me domine de tout son mètre 80, et de toute sa puissance masculine.
C’est là qui se produit l’impensable. Au lieu de venir en moi, le visage de Jérém se faufile entre mes cuisses. Je sens une sensation de chaleur juste en dessous de mes couilles.
Je commence à perdre pied lorsque je réalise qu’il s’agit de son souffle, je perds le contact avec la réalité lorsque je sens ses mains écarter à nouveau mes fesses pendant que le souffle chaud se déplace le long de ma raie jusqu’à se stabiliser à l’aplomb de mon trou, mais je change carrément de dimension lorsque je réalise que sa langue, celle qui refuse de rentrer en contact avec la mienne, est en train de caresser timidement les bords de ma propre rondelle. Ah, putain, celle-là, vraiment, je ne l’avais pas vu venir !
D’abord hésitant, puis, très rapidement, de plus en plus entreprenant, le bogoss est en train de me rendre la pareille de ce que je viens de lui faire. Je ne sais pas s’il prend autant de plaisir que moi en le lui faisant, ou en le laissant me le faire. Ce qui est certain en revanche, c’est que je comprends mieux désormais pourquoi il aime tant cette petite diversion.
Sa langue puissante et souple me titille, me secoue, me chauffe, et c’est rudement bon. Tellement bon que ça en devient rageant lorsque ça s’arrête. Non, pas déjà !
Bah, si, lorsque mon bobrun a décidé que ça s’arrête, eh ben, ça s’arrête. Je le vois relever la tête, je sens ses main chaudes et directives sur mon corps, je me laisse faire. Je tente de deviner ses intentions, et je comprends très vite qu’il veut me mettre à plat ventre sur le banc.
Et alors que je m’attends à qu’il vienne en moi, je réalise que ce n’est pas son gland qui se presse entre mes fesses, mais à nouveau sa langue déchaînée, gourmande, insatiable.
Puis elle décolle. Elle délaisse ma rondelle pour remonter tout lentement le long de ma colonne vertébrale jusqu’à mon cou. C’est un mélange de plaisir et de petits picotements, de frissons et de petites chatouilles qui parcourt mon dos et qui s’irradie dans tout mon corps.
Je ferme les yeux pour mieux ressentir la caresse de cette langue, me demandant jusqu’où elle va aller.
Je capte le passage lent et humide entre mes omoplates. Mes sensations en sont alors démultipliées, je perds le contrôle. Je savoure à fond cet instant, tout en profitant également de la chaleur de ses mains qui prennent appui et se déplacent sur mon dos, sur mes flancs, sur mes épaules.
Et lorsque sa langue commence à remonter mon cou jusqu’à effleurer la région de la base de ma nuque, là j’ai l’impression que toute ma peau est en train de s’embraser.
C’est à ce moment-là qu’une nouvelle puissante sensation vient à moi, alors que mon corps est tout concentré sur le plaisir sensuel de ce contact à la base de ma nuque. C’est à ce moment que mon bobrun vient, s’insinue lentement, glisse tout doucement en moi.
Je sens ses mains puissantes prendre fermement appui sur mes épaules. Ses va-et-vient sont à la fois lents et puissants, je suis partagé entre avoir envie que ça se déchaîne et que ça devienne plus brutal, et le bonheur de ce slow sexuel qui me permet d’apprécier des sensations et des nuances de sodomie encore jamais expérimentées. Quel petit con, ce Jérém, mais que petit con sacrement doué pour la baise !
Ses mains prennent appui tour à tour sur mes hanches ou sur mes épaules, et je me sens vraiment dominé pas sa puissance, comme en état d’hypnose.
Et lorsqu’il commence à se déchaîner, lorsque ses cuisses tapent contre mes fesses en provoquant des claquements à la fois sourds et sonores, je perds le contrôle. Je n’arrive plus à me contenir, à me contrôler. Le plaisir, l’excitation, le profond bonheur de me sentir à lui, le mélange de sensation que ce petit con sait m’offrir est si puissant que, dans le feu de l’action, des gémissements s’échappent de ma bouche.
Ça ne dure qu’un instant, car l’une de ses mains finit par quitter mon épaule et se poser sur ma bouche pour me faire taire. Un geste qui n’a pas vraiment le pouvoir de me calmer, bien au contraire. Mais du moins de me faire comprendre que le bogoss me commande de la mettre en sourdine.
Le bobrun ralentit ses coups, je sens son torse se glisser sur mon dos, je sens le poids de son corps écrasant le mien. Son souffle chaud et haletant caresse ma nuque.
— Je te baise bien, hein ? je l’entends chuchoter tout près de mon oreille.
- Et moi alors, je te baise bien ? je le cherche.
- Toi t’es une petite salope qui me vide les couilles.
- Et tu ne t’en pleins pas… je le chauffe.
Sa fougue est impressionnante. Est-ce l’effet dopant, la drogue puissante de la victoire, qui le met dans cet état d’éphorie sexuelle ? Ou bien mes mots, mon attitude déchainées ?
En tout cas, ce n’est que du bonheur pour moi ?
— Tu prends ton pied, mec ? j’ai envie de lui demander.
— T’inquiète pour mon pied.
— Je te fais jouir comme personne d’autre…
— Je t’ai dit de pas t’inquiéter pour mon pied, je suis un mec, dès que ma queue est bien enserrée et au chaud, je prends mon pied.
Petit con, va, tu vas voir, on va voir si mon cul est si ordinaire. Et là, profitant du fait que le bogoss a un peu relevé son torse et qu’il ne me retient plus que par les hanches, je me dégage de lui. J’ai envie de prendre les choses en main.
Je me retourne et je le regarde, désormais assis à cheval sur le banc, le torse incliné vers l’arrière, les bras eux aussi tendus vers l’arrière, les mains prenant appui d’une part et d’autre de la planche, toutes tablettes dehors, tout le corps brillant d’une fine couche de transpiration, la respiration rapide, la queue raide, le visage et le haut du torse rougis par l’effort, le regard chaud, et noir. Il ne s’attendait pas à ça, le petit con. Mais putain, qu’est-ce qu’il pue le sexe ce mec !
— Ramène ton cul, dépêche-toi !
Je trouve sa sommation à la fois d’un érotisme puissant et étrangement amusante.
Un petit macho pareil, ça ne s’invente pas. Un petit macho capable de verser des larmes sur un terrain de rugby après une victoire une heure plus tôt, et de me baiser avec cette puissance et cette arrogance une heure plus tard, moi je dis, chapeau. Je crois que je tiens là un spécimen vraiment unique.
J’en meurs d’envie de ramener mon cul, bien évidemment, mais pas tout de suite. Je soutiens son regard, de plus en plus noir, de plus en plus sauvagement viril, je laisse passer quelques secondes.
Puis, j’approche lentement de lui, en face de lui. Je le vois alors allonger les bras, porter ses mains vers mon bassin, sans doute dans l’intention de me prendre comme ça, par devant et de jouir très vite au fond de moi. Perspective, j’admets, plus que tentante, car j’adore lorsqu’il est si entreprenant, lorsque l’approche du plaisir précipite ses gestes et fait ressortir ses instincts de mâle en rut.
Pourtant j’ai autre chose en tête et j’ai décidé que ce coup-ci c’est moi qui fixe les règles.
Mes bras s’animent, interceptent les siens et bloquent leur avancée. Je le fixe tout droit dans les yeux et je vois un mélange de surprise, d’agacement et de frustration balayer son regard brun.
— A quoi tu joues, je l’entends aboyer dans la foulée, tout en commençant à gonfler les muscles de ses épaules et de ses biceps pour se dégager.
Je lâche son bras droit, et j’utilise ma main gauche pour saisir sa queue et commencer à le branler pour le calmer. Ce simple contact a le pouvoir de faire cesser illico chez mon bobrun toute tentative de se dégager. Ses bras se baissent aussitôt, ramenant ses mains prendre appui sur les bords de la planche.
Je le vois fermer les yeux, mordiller sa lèvre inférieure, c’est un spectacle divin.
Le fauve calmé, je me sens l’audace de poser mon autre main sur ses pecs. Ah, putain, qu’est-ce que c’est bon le contact avec le torse d’un bogoss avec quelques poils, même si ça commence juste à repousser et que ça pique plus que ça ne caresse. Et là, il me suffit d’une très légère pression pour que le torse du bogoss accepte de suive le mouvement.
Un instant plus tard, son dos et sa tête sont posés sur l’assise, alors que ses jambes sont toujours posées de part et d’autre du banc, les pieds bien par terre. C’est la même position que tout à l’heure, pendant la pipe.
Je me lève, j’avance lentement jusqu’à ce que mes jambes dépassent les siennes, tout en s’y frottant au passage de façon plutôt appuyée. Le bogoss me regarde faire, le regard interrogatif.
Mon fessier est désormais à l’aplomb de son bassin, de sa queue. Le bogoss ouvre un peu la bouche, il expire bruyamment l’air de ses poumons, ses paupières tombent lentement mais lourdement. Je crois bien que mes intentions sont démasquées, et qu’elles sont bien accueillies.
Me voilà assis à califourchon sur mon bel étalon, mes reins ondulant pour lui offrir un plaisir intense, mes mains s’activant sur ses pecs rebondis, sur ses tétons durs et doux à la fois. Le bogoss a l’air d’apprécier, d’autant plus que c’est moi désormais qui assume tout l’effort de son plaisir. Le mec n’a rien à faire, juste savourer son plaisir de mec sans le moindre effort.
Dans le langage commun, son rôle à lui, c’est celui d’un mec actif. L’actif, c’est celui qui pénètre. L’actif est le dominant, celui qui contrôle le plaisir. Mais ici et maintenant, qui s’active vraiment dans l’histoire ? Qui contrôle le plaisir, alors que c’est moi qui module l’amplitude et la cadence des va-et-vient, de la valse vers le plaisir ?
En attendant, le bogoss a l’air de sacrement aimer ça, un mélange de frustration de ne pas contrôler la montée de son plaisir, et d’envie de s’abandonner à ce plaisir inattendu. Le plaisir de lâcher prise, le plaisir de se laisser surprendre, de se laisser un peu dominer.
Je le regarde dans les yeux, et je réalise que le bobrun est en train de bouillir. Je le vois lever les bras, porter ses mains sur mes fesses, amorcer le mouvement pour relever et faire reculer mon bassin, envisager en somme une position lui permettant de reprendre le contrôle du timing d’une jouissance que son corps commence à réclamer de toutes ses fibres.
- Laisse-moi faire, je lâche tout doucement, sur le même ton avec lequel on tenterait de calmer un caprice de gosse.
— Dépêche-toi de me faire jouir ! il me somme.
Bingo. C’est moi qui le fais jouir. Pure musique pour mes oreilles.
— Vas-y, dis-le que tu en as envie, je le chauffe, tout comme il l’avait fait un peu plus tôt.
— Dépêche-toi ! il aboie, tout en remontant le torse de façon menaçante, dans sa voix ce ton énervé qui le rend encore plus sexy,
— Je vais te faire jouir, t’inquiète, je le rassure, tout en portant à nouveau ma main entre ses pecs, l’obligeant ainsi à s’allonger une nouvelle fois sur le banc.
Mes mains complétement débridées le caressent partout, s’attardent sur ses tétons, se promènent sur ses pecs, se font plaisir en effleurant ses joues, son menton, son cou.
Le bobrun respire très fort, il ferme les yeux sous la montée du plaisir, ce plaisir qui monte grâce à moi, un plaisir qui monte également en moi. Un plaisir qui a guidé ma main gauche, presque à mon insu, à se poser sur ma queue pour la branler vivement.
C’est tellement beau de le voir grimacer de plus violemment, de voir et d’entendre sa respiration se transformer en ahanement, de le voir perdre le contrôle de son corps et de son esprit et l’entendre enfin me lancer, le souffle coupé, la voix étranglée par le râle puissant qui veut s’échapper de ses poumons :
— Tu vas m’avoir…
Et lorsque l’orgasme l’envahit, je vois tout son corps parcouru par un spasme géant. Prenant appuis sur ses fesses et ses épaules, son dos se cambre, les pecs se bombent de façon impressionnante, les abdos se bandent. La tête part en arrière, mettant bien en évidence le grain de beauté dans son cou à la Josh Harnett, laissant ressortir sa pomme d’Adam de façon saillante, animée elle aussi par des mouvements rapides, nerveux, incontrôlés. Son visage se tourne sur le côté, alors que sa main se porte sur son front comme pour se protéger de la déferlante d’un plaisir d’une violence insoutenable.
Et je jouis à mon tour, je jouis sur son torse dessiné. Le bogoss jouit et son plaisir déclenche le mien. Mais très vite, j’angoisse. J’appréhende sa réaction.
Mais là encore, mon bobrun va me surprendre.
— Putain, c’est chaud, je l’entends lâcher sur un ton surpris mais presque amusé.
Moi je dis, il faudrait que tous les jours il ait à jouer et gagner un match de rugby, ça le rend tellement plus cool !
Cinquième mi-temps.
Jérém sous la douche. Quatre simples mots, ressemblant à mes yeux, toute la beauté du monde.
Jérém sous la douche, voilà une image chargée d’un érotisme insoutenable.
L’eau atterrit sur ses cheveux bruns en bataille, ruisselle le long de sa joue, caresse la commissure de ses lèvres, suit la courbe de son menton et la ligne de son cou, parcourt son torse de haut en bas. Avec ses reflets changeants et diaboliques, elle souligne le relief de chacun de ses muscles, des pectoraux aux abdominaux. Une partie de cette eau s’infiltre au travers de ses poils pubiens, pour glisser in fine le long de sa queue, avant de quitter ce corps d’apollon par le prépuce.
Et le temps semble s’arrêter pour rendre hommage a tant de beauté.
Le bogoss a fait mine de rien, mais je sais que, du coin de l’œil, il a du plaisir à me regarder plante là, comme abasourdi, devant sa nudité mouillée. J’ai l’impression qu’il fait exprès de faire durer le plaisir, que ses mains étalent très longuement le gel douche, qu’il aime savourer la vision de ma dépendance de lui, et du sentiment de toute puissance que cela lui renvoie, l’image de la puissance inouïe de son charme, l’effet ravageur, le pouvoir immense qu’il a sur moi.
Et devant ce pouvoir, je capitule. Je m’approche lentement, je le rejoins sous le jet d’eau chaude, je lui lance un regard de pure soumission et je me mets à genoux, comme en adoration devant le sexe de mon amant. Je le prends en bouche, et j’entreprends de le sucer. Je lui fais plaisir pendant un petit moment, jusqu’à ce que la sonnerie de son portable ne retentisse dans la salle. Le bogoss ferme l’eau aussitôt, et se retire de ma bouche dans la foulée.
Le bogoss est attendu, et son retard doit commencer à paraitre suspect.
Pendant que je me douche à mon tour, je le regarde se préparer à la va vite, pressé par la sonnerie de son portable qui ne cesse de sonner. C’est magique de voir un bomec se dessaper, se délester des vêtements qui cachent son corps, que ce soit pour passer à la douche, ou, encore mieux, lorsqu’il fait ça dans l’urgence, mu par un désir irrépressible, pour libérer son corps et le préparer à l’amour.
Et c’est tout autant magique de voir un bogoss prendre sa douche, notamment lorsqu’elle vient après l’amour.
Et il est une derrière vision de pur bonheur, c’est de mater un bogoss en train de se rhabiller, après l’amour, ou après une douche, ou encore après une douche qui suit l’amour.
Le bogoss vient d’abandonner la serviette humide sur un banc, il fouille dans son sac de sport et en tirer un deo dont il asperge copieusement ses aisselles et son torse. La pièce se remplit instantanément de sa présence olfactive. Ses mains reviennent dans le sac pour en tirer un boxer noir. Je le regarde en train de le passer, de le faire glisser le long de ses cuisses, l’installer autour de son bassin, comme une deuxième peau.
Un instant plus tard, le bobrun attrape son jeans dans son casier, je le regarde fixer l’un après l’autre les boutons de sa braguette, accrocher sa ceinture. Jeans bien coupé, élastique du boxer qui dépasse, torse nu. La perfection, au masculin. Si on avait le temps, je voudrais le faire jouir à nouveau.
Et ce qui est le plus affolant, c’est l’aisance avec laquelle il porte cette tenue, avec un tel naturel. Être torse nu est pour lui aussi naturel que porter un t-shirt en été ou bien un pull en hiver.
Un instant plus tard, il approche d’une petite fenêtre, il l’ouvre et s’allume une clope.
Les mouvements alternés de son bras pour apporter et enlever la cigarette de ses lèvres, sa façon de la tenir au bord du filtre, entre le pouce et l’index, son expression de plaisir en aspirant, son air blasé en expirant, ça rajoute du bandant au sexy.
Je coupe le jet d’eau et je m’avance vers les casiers pour attraper la seule serviette dont j’ai envie de me saisir pour me sécher, celle qui est déjà bien humide, mais qui possède à mes yeux l’inestimable atout d’avoir caressé le corps de mon Jérém.
Lorsqu’il revient vers son casier, son déo pénètre dans mes narines et vrille mes neurones avec une force décuplée. La chaleur et la douceur de sa peau, évoquées en moi par cette vision rapprochée, embrasent un désir jamais éteint, un désir dont la puissance semble s’autoalimenter, comme une combustion solaire.
Le bogoss se penche à nouveau sur son sac de sport, il en ouvre une poche latérale et il en extrait un bout de coton blanc. Il le déplie, et l’image d’un t-shirt blanc un peu froissé se dévoile sous mes yeux. Il le retourne entre ses mains, jusqu’à tenir le bord inférieur, il le secoue pour tenter de le défroisser.
Pendant qu’il vérifie le sens devant-derrière, les manchettes pendouillent vers le bas. Je salive en pensant à l’effet que ce simple tissu va avoir sur son torse.
Le geste qui suit est, là encore, très rapide, automatique, inconscient, mais tellement sensuel. Le buste à la verticale, les bras se lèvent à tour de rôle pour se glisser dans les manchettes. La tête passe à son tour. Le coton se tend, se déforme dangereusement, les épaules entament un mouvement rotatoire dans le but de faire prendre au coton sa position définitive. Hélas, souci de riches, la peau encore un peu humide et le coton est tellement ajusté, que le t-shirt reste a du mal à glisser le long de son torse.
Il lui faut croiser les bras, attraper le bord du t-shirt et le tirer vers le bas pour que son torse musclé disparaisse sous le coton fin. A vrai dire, il ne disparait pas vraiment, il est juste mis en valeur, suggéré, fantasmé par ce t-shirt divin.
Et je n’ai même pas encore parlé de cette échancrure de folie, fenêtre ouverte sur un vaste triangle de peau mate, chaude, encore humide, sentant bon le déo fraîchement aspergé, laissant entrevoir ces quelques poils qui repoussent, qui dépassent, ainsi que sa chaînette de mec.
Une fois l’opération terminée, ce petit t-shirt blanc est l’image d’une perfection visuelle à donner le tournis.
Il n’y a pas à dire, un simple jeans, un simple t-shirt blanc, la tenue la plus puissante, la plus efficace, pour exprimer le Masculin. Naaan, mais comment est-ce qu’un mec aussi parfait, aussi sexy peut exister ?
Voilà pourquoi, quand je regarde ce mec, j’ai envie, dans l’ordre, de pleurer, de crier et de me taper la tête contre le mur, et de le faire jouir de toute urgence. Voilà pourquoi j’ai envie de lui à en avoir mal au ventre. Encore, oui, même après cette baise intense sur le banc du vestiaire.
Alors, je ne peux décoller mes yeux de lui. Je suis aimanté par sa beauté, par sa virilité, par sa sexytude radioactive.
— Tu veux quoi ? il me lance, le ton agacé, en captant mon regard qui doit trahir toute mon envie brûlante.
— J’aimerais…
—Tu aimerais quoi ?
—Non, rien, laisse tomber…
—Tu aimerais quoi ? il insiste, en montant la voix.
—J’aimerais juste terminer ce que j’ai commencé sous la douche, je me lâche.
—J’ai pas le temps !
Et pourtant, une étincelle lubrique dans son regard jure sévèrement avec le sens de ses mots.
—Mais tu as envie ! je le cherche.
Le temps de lâcher ces quelques mots, ses mains se sont activées pour descendre son jeans et son boxer sur ses cuisses, en dévoilant une queue déjà frétillante, mais demandant encore quelques attentions pour retrouver toute sa vigueur.
Un instant plus tard, je suis à genoux devant lui. J’ai adoré le sucer en goûtant aux petites odeurs dégagées après l’effort dans le match, j’apprécie tout autant le goût frais et doux de sa peau tout juste douchée et parfumée. Mes narines sont enivrées par l’odeur de propre et de frais qui se dégage du bord inférieur de ce t-shirt blanc ondulant pile devant mon regard pendant que je lui offre le meilleur plaisir dont je suis capable.
Je m’affaire vite, je m’affaire avec entrain, avec folie. Je m’affaire si bien qu’il ne faut pas longtemps pour l’approcher de l’orgasme.
Mais quelque chose vient perturber cette montée en flèche. Soudain, une sonnerie aigüe s’échappe de sa poche.
— Allo, il lâche en décrochant.
Il me semble de déceler une voix masculine à l’autre bout des ondes. Chose qui se confirme lorsque j’entends mon bobrun lâcher :
— Oui, Thib, j’arrive, j’arrive…
Lorsque j’ai entendu la sonnerie du téléphone, j’ai cessé de le sucer. Et là, alors qu’il est en train de parler avec son meilleur pote, il pose sa main libre sur ma nuque, l’approchant de sa queue.
Le message est clair, il veut que je continue. Alors, je continue.
—Oui, je suis à la bourre… j’ai eu un problème de démarrage avec la voiture… non… pas besoin de venir, j’ai trouvé tout seul, elle a fini par démar…
Le dernier mot de son mensonge est coupé net. Et alors que son plaisir de mec explose entre ses jambes et dans son bas ventre et que ses giclées chaudes percutent mon palais, je lève les yeux et je vois le bogoss écraser le portable contre ses pecs, je vois sa belle petite gueule se crisper, je sens trembler dans la tentative désespérée de contenir le rugissement de son orgasme.
—Jé, tu es toujours là ? j’entends Thibault demander à l’autre bout des ondes.
Oui, il est toujours là. Mais il ne peut te parler dans l’immédiat car il est en train de jouir.
Et pendant que j’avale jusqu’à la dernière goutte de ce nectar de mec, le bobrun enchaîne les mensonges.
— Je démarre là, j’arrive !
Sa réplique suivante sera aussi mensongère qu’amusante.
— Mais non, je ne suis pas essoufflé, j’ai juste fait quelques pompes !
Après avoir raccroché, le bogoss rangé son téléphone dans sa poche, remonté son jeans et son boxer. Il attrape son sac de sport, glisse une cigarette entre ses lèvres et s’engage vers la sortie.
— Dépêche-toi, je l’entends pester.
Et voilà, me revoilà une fois de plus au creux de ses montagnes russes sur lesquelles avance ma relation avec Jérém. Me voilà une fois de plus secoué par le contraste entre sa chaleur brûlante pendant le sexe et la froideur des adieux après le sexe.
Je m’approche de lui, et son deo s’en prend une fois de plus très violemment à mes neurones. Je sais que dans quelques secondes on partira chacun de notre côté, je sais qu’il va me manquer à l’instant où il va disparaître de mon champ visuel. De toute façon, il me manque déjà.
Je voudrais tant partager cette victoire avec lui, partager la fête, son succès, sa joie, son bonheur, la camaraderie avec ses coéquipiers. Hélas, je ne fais pas partie de son monde.
Je tente de me consoler en me disant que j’ai déjà eu ma quatrième mi-temps, et que pendant ce temps de « jeu », je l’ai eu rien que pour moi. Je pense à toutes ces nanas et tous ces mecs qui ne rêveraient que de ça, et je me dis que je n’ai pas le droit de me plaindre. Pouvoir accéder à sa virilité, c’est une chance inouïe.
Et pourtant, ça me crève le cœur de le laisser partir comme ça, après tout le plaisir que nous nous sommes donnés. J’ai besoin d’un signe de sa part, un mot, un sourire, un peu de considération.
— Attends Jérém…
Le bobrun continue dans sa lancée, et il ne semble pas m’entendre et surtout pas m’écouter.
C’est pourquoi, à deux pas à peine de la porte métallique qui donne sur l’extérieur, j’ose ce geste aussi désespéré que risqué, l’attraper fermement par le bras, l’obliger à s’arrêter, et l’attirer vers moi.
—Mais qu’est-ce que tu fiches ? il assène, tout en se dégageant de ma prise d’un geste brusque et violent. Ses yeux fulminent.
Sans réfléchir, porté par une envie qui remue mes tripes, je fonce. Je m’approche de lui, je passe mes bras sous les siens et le serre très fort contre moi, mon torse collé contre le sien, mon visage abandonné dans le creux de son épaule.
Je ne sais pas comment j’ai pu obtenir ça de lui. Le mérite peut-être à ma détermination désespérée, au fait de le prendre par surprise. Ou, on peut toujours rêver, il y avait peut-être chez lui cette envie, enfouie quelque part, une envie que mon enthousiasme a forcé à remonter à la surface.
Et qu’importe si, pendant que mes bras lui montrent tout mon amour que je lui porte, les siens restent ballants le long de son buste. Le bogoss ne me repousse pas non plus.
Enivré par le contact avec son corps puissant, avec sa peau chaude et avec ses effluves de mec tout juste douché, je suis tellement bien que je ne voudrais jamais quitter cette étreinte. Tellement bien que je ne peux m’empêcher de déposer quelques bisous légers à la base de son cou. Tellement ému par l’absence de rejet de sa part que je deviens téméraire au point de rallonger mon chapelet de bisous dans l’échancrure du t-shirt, ce triangle de peau me rend dingue.
Et un frisson secoue mon corps lorsque je ressens le contact hésitant, maladroit mais presque rassurant, de sa main se posant à plat juste au-dessus de mes reins. Un contact presque irréel, si bref que j’ai tout juste le temps de réaliser que ça s’est passé, alors que déjà ça ne se passe plus.
Une seconde après, ses mains se portent sur les miennes, les décrochent de son dos. La poussée de ses biceps m’invite à mettre fin à cette étreinte.
Un instant plus tard, le bogoss passe la porte en silence et je lui enjambe le pas. Dans la lumière chaude du soleil de cette fin d’après-midi d’été, son teint mat et la perfection immaculée et moulante de son t-shirt s’affrontent dans un duel étincelant. Définitivement, je voudrais être son t-shirt.
— Jérém, on se voit quand, je ne peux m’empêcher de lui demander en le suivant sur le parking.
— Je sais pas, fait-il, brusquement.
— J’ai envie de te revoir, Jérém…
Et là, le bogoss se retourne et me lance froidement :
— Je ne sais pas si tu as réalisé, mais le lycée, c’est fini. J’ai un taf maintenant, et j’ai aussi des potes. J’ai envie de faire la fête avec eux, prendre des cuites, sauter des nanas, la vie, quoi. Et il faut aussi que je m’occupe de trouver un taf pour la rentrée.
— Tu vas partir ?
— Oui je pense, il me lance sur un ton franc, sans se douter l’effet que ses mots ont sur moi, comme un coup de massue pour mes oreilles.
— Et l’équipe ?
— Ils se débrouilleront, fait-il en ouvrant la porte de la 205 rouge.
—Tu vas me manquer… je me mets à nu devant lui.
— Tu te feras sauter par un autre, voilà sa cruelle réponse de petit con.
Sur ce, il claque la porte et il enclenche la marche arrière. Sans un regard dans ma direction, il quitte le parking et se casse, direction le centre-ville.
Je parcours le chemin vers la maison, le cœur lesté de plomb. Je suis tellement secoué par ses mots que j’ai envie de pleurer.
Merci à Rodrigue, à qui je dois l’idée ce cet épisode autour de la finale.
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