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JN01083 Toulouse-Blagnac-Londres

Mardi 10 juillet 2001

Le lendemain de la rencontre avec Thibault, je me réveille angoissé. Je m’inquiète à propos de la blessure de Jérém. Je m’inquiète pour la finale de dimanche prochain, je m’inquiète à propos de son silence. Je voudrais tant savoir comment il va, à quoi il pense. Je voudrais le serrer dans mes bras et lui chuchoter que tout va bien se passer. Je voudrais avoir le pouvoir de faire en sorte que tout se passe bien.

De toute manière, son silence après mon SMS semble assez explicite. « Fiche-moi la paix ! » j’ai l’impression de l’entendre me lancer.

Demain je m’envole pour Londres et mon esprit devrait être vide, heureux de tendre vers cet instant tant attendu. Au lieu de quoi, je me retrouve à cogiter sur des problèmes que je n’ai aucun pouvoir de régler, et surtout pas avant mon départ.

Je suis tellement inquiet que si je pouvais décaler notre départ d’un jour ou deux, ou même d’un mois, je le ferais sans réfléchir. Tiens, je vais appeler Madonna pour voir si elle peut reporter…

Mais décaler pour faire quoi, au juste ? Je sais bien que rester ne servirait à rien. J’ai le sentiment qu’il m’en veut. Et s’il n’accepte pas de me voir, je ne pourrai rien faire de plus, pas davantage en restant à Toulouse qu’en partant à Londres.

La distance sentimentale que nous impose l’être aimé n’a aucun lien avec la distance physique. On peut être à des milliers de bornes de celui qu’on aime et se sentir tout près de lui, et on peut être tout proche de lui, jusque dans le même lit, jusqu’à être en train de coucher avec lui, et pourtant sentir une distance infinie nous séparer.

Mais le cœur qui aime ressent les choses autrement. Il a toujours l’impression que la distance physique aggrave la distance sentimentale.

L’avion décolle dans moins de 4 heures. J’aimerais tellement avoir un message de sa part d’ici là, et de préférence sur un ton rassurant.

Heureusement, Elodie sera du voyage. Sa présence me rassure, et à plus d’un titre. Déjà, parce que nous devrions bien nous marrer ensemble, et cela va m’aider à penser à autre chose, à me mettre dans l’ambiance festive du concert. Et aussi parce que c’est la première fois que je prends l’avion, que je pars dans une très grande ville à l’étranger.

Nous allons passer trois jours ensemble, trois jours de dingue. Et j’espère que, grâce à elle, les soucis de Toulouse ne vont pas passer la porte d’embarquement de Blagnac.

Il est 8 heures passées, et dans une heure et demie j’ai rendez-vous avec elle à l’aéroport de Blagnac. Je me félicite moi-même d’avoir pensé à préparer ma valise hier soir, car cela m’évite de courir ce matin.

Je me lève, j’ouvre les volets. Il fait super beau dehors. Mon portable vibre. Un frisson parcourt mon corps. Et si…

Mais non, c’est un SMS d’Elodie.

            Ready to meet Madonna ?

Je l’adore. Son message me fait sourire. Ça me met « dans le bain ». Je me douche, je m’habille, je descends prendre le petit déjeuner.

« Alors, prêt pour le grand jour ? me demande maman avec un grand sourire.

 — Oui, très impatient !

 — Ça fait longtemps que tu attends ce moment, tu vas t’amuser comme un petit fou. Je me souviens du concert de Michael Jackson, ici à Toulouse en 1992. C’était un truc de malade. Tu vas bien t’amuser, mon lapin !

 — J’en suis sûr, je lui réponds, tout en m’installant définitivement sur un petit nuage qui s’envole de plus en plus haut dans le ciel.

 — Ça me fait plaisir de te voir si heureux, elle ajoute, et en plus avec Elodie, ça va être génial ! »

Maman a raison. Oui je suis heureux d’aller assister à ce concert !

Je regarde l’heure. Elle tourne vite ce matin. Je dois me dépêcher, l’heure de l’embarquement approche. Je monte chercher ma valise. Je redescends.

« Envoie un SMS pour dire que vous êtes bien arrivés, fait maman.

 — Oui, maman ! »

Mais il est où mon portable ?

Ooops ! Je remonte le chercher dans ma chambre, je redescends. Je jette un œil à l’écran. Toujours pas de message de Jérém.

« T’as pris le chargeur ? »

Re-ooops ! Je remonte chercher le chargeur, je redescends.

« Nico » j’entends maman m’appeler, alors que je me prépare à prendre congé avec un simple « Bisous ! »

Je me retourne. Elle approche et me fait un vrai bisou. Ça me touche, car ce genre d’effusion arrive de moins en moins souvent. Je lui rends et je lui promets de l’appeler dès que l’avion se sera posé.

« Amuse-toi bien, Nico ! » je l’entends me lancer une dernière fois, pendant que je referme la porte derrière moi.

Me voilà dans la rue, plongé dans la lumière pure et claire du matin d’été toulousain. Le fond de l’air est frais. Une légère brise caresse mon visage, mes bras, s’insinue à travers le coton de mon t-shirt. Je me sens bien. Je vais prendre l’avion. Dans quelques minutes je serai avec Elodie.

A l’aéroport, je repère ma cousine de loin. Avec sa robe rouge et ses grandes lunettes noires de star, on ne peut pas la rater.

Lorsqu’elle me voit arriver, elle se jette dans mes bras, me fait 10 fois la bise. Je suis heureux de voir autant d’enthousiasme de sa part, son excitation est contagieuse. Elle a l’air presque plus excitée que moi, du moins elle est davantage démonstrative. Et bien que son exubérance ne manque pas d’attirer l’attention sur nous, et aussi un peu la honte, ça fait plaisir à voir.

« T’as pris ton ticket ? elle me lance.

 — T’as pris ton billet d’avion ?

 — Petit con !

 — Je n’arrive pas à réaliser que nous y sommes ! elle me lance.

 — C’est clair, moi non plus !

 — H moins 59, elle me glisse.

 — Si elle n’est pas en retard !

 — Elle ne va pas faire sa pétasse le soir où ses deux plus grands fans viennent la voir ! »

Nous sommes complètement à la masse, et nous avons du mal à tenir en place. Nous vérifions toutes les deux minutes que oui, nous avons bien tickets de concert et billets d’avion. Car ce sont les précieux sésames qui feront que, dans deux soirs, nous serons avec Madonna, en train de vibrer, de chanter, de danser. Et ça me paraît toujours surréaliste…

A10 heures 30 nous passons l’enregistrement sans encombre. Nous passons la douane, toujours sans encombre, et après avoir traversé une interminable enfilade de magasins, nous trouvons la porte qui nous donnera accès à l’avion qui nous guidera auprès de Madonna. Nico et Elodie en mode euphorique.

Il nous reste presque deux heures à attendre. Elodie a amené un bouquin, qu’elle semble dévorer page après page. Son titre Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban. Moi aussi j’ai apporté un bouquin, mais je n’ai pas l’esprit à me concentrer sur la lecture. Non pas que l’histoire ne soit pas intéressante, non.

Le fait est que l’aéroport est un endroit à haute densité humaine. Et que, dans la masse, il n’est pas rare de capter du bogoss.

Alors, comment me concentrer sur mon bouquin, alors qu’un brun incendiaire dans les 25 ans vient de s’assoir presque en face de moi ? Comment avoir envie de lire, alors que son t-shirt orange et gris ajusté à son torse en V et à ses épaules est la promesse d’une beauté plastique à couper le souffle ? Comment renoncer à le mater, alors qu’une force irrépressible me pousse à essayer de m’imprégner de sa beauté, à tenter de comprendre comment et pourquoi une telle perfection masculine existe ?

La seule façon d’arrêter de le mater – ou de moins le mater – c’est qu’un autre mec, au moins tout aussi attirant, rentre dans mon champ de vision.

J’avais déjà du mal à me mettre à la lecture avec un beau brun assis en face de moi. Mais là, lorsque cet autre p’tit mec s’installe à peine un peu plus loin, j’en oublie carrément mon bouquin.

C’est un petit gabarit au physique de rugbyman, avec une bonne gueule de mec un peu bourrin. Il ne doit pas avoir plus de trente ans, il est brun lui aussi, avec de cheveux un peu bouclés. Le casque sur les oreilles, installé très à l’aise sur le siège, le bassin bien avancé, les jambes légèrement écartées, en mode détente cool.

Il est habillé d’une veste à capuche de couleur bordeaux et d’un pantalon de jogging en tissu molletonné. Pantalon qui, à la faveur de la position de son bassin, met en évidence une jolie bosse.

Je suis happé par la vision de ce gars nonchalamment étalé sur le siège, comme s’il était installé sur son canapé, la bosse bien en vue, les yeux fermés, comme une invitation silencieuse à aller se faufiler entre ses cuisses.

Je me fais violence pour essayer de fuir l’emprise de la beauté masculine, pour tenter d’ignorer le désir brûlant qu’elle m’inspire. J’essaie de me replonger dans la lecture. Ce qui n’est pas simple à faire, alors que le cerveau est embrouillé par tant de bogossitude.

J’essaie, encore et encore. Mais j’abandonne définitivement lorsqu’un parfum de mec m’oblige une fois de plus à lever les yeux de mon bouquin. Un choupinou blond à peine majeur passe et laisse derrière lui une traînée de déo si délicieuse et entêtante qu’elle est bonne à assommer une partie non négligeable de mes neurones.

Petit mec, qui es-tu ? Comment t’appelles-tu ? Ou vas-tu ? Que fais-tu dans ta vie ?

« Il est bien ton bouquin ? j’entends vaguement ma cousine demander.

 — Oui, je crois, je lui réponds en mode automatique, alors que mon regard bondit de mâle en mâle.

 — Je suis certaine que tu ne sais même pas de quoi il parle ! ».

Je souris. Je sais qu’elle a capté mon manège.

« Tu as des nouvelles de ton beau brun ? » elle me questionne.

Sa question me fait penser à vérifier si un message de Jérém est arrivé. Toujours rien.

Avec le passage à l’embarquement, j’ai l’impression de franchir le seuil d’une autre dimension. Cet énorme espace peuplé de salles d’attente, de gens sur le départ, d’immenses baies vitrées donnant sur les pistes de décollage, tout cela est tellement dépaysant que j’ai l’impression d’être déjà ailleurs, loin de mon quotidien et de mes tracas. Loin du Nico « toulousain ».

Et si on ajoute à cela les nombreuses nuances de bogossitude qui happent mon esprit au gré du brassage humain typique de ce genre d’espace, mes problèmes ne m’atteignent plus de la même façon qu’en ville. Je pense toujours à Jérém, à sa blessure, à son silence. Mais tout cela m’arrive comme atténué, comme un son capté en étant plongé dans un bassin d’eau. Comme si mon esprit était anesthésié.

Ce qui me rassure c’est la certitude de laisser mon Jérém dans de bonnes mains, celles de Thibault. Thibault saura aller le voir quand ce sera le moment et trouver les mots pour l’apaiser. Au fond, je me dis que ça a été une bonne chose qu’il n’ait pas été à l’appart quand je suis passé le voir. S’il avait été là, ma visite n’aurait probablement d’autre effet que de le mettre encore plus en pétard.

Jérém a besoin de temps pour guérir sa blessure à l’épaule, et surtout la blessure à son ego de mâle et de joueur. En ce moment, je pense qu’il a davantage besoin de son pote que de moi.

Si tout rentre dans l’ordre avant dimanche, s’il peut jouer et qu’ils gagnent le tournoi, et si j’évite de le « harceler » davantage, si mes tentatives de me montrer présent l’ont touché et non pas contrarié, peut-être que j’ai encore quelques chances de le revoir.

Ça fait quand même beaucoup de si…

« Alors ? s’impatiente à nouveau ma cousine, me voyant fouiller dans mon portable.

 — Non…

 — Pas de nouvelles depuis dimanche, donc ?

 — Non, mais j’ai appris qu’il s’est blessé pendant le match de dimanche.

 — Ah, mince ! Et c’est grave ?

 — Il est tombé sur l’épaule et il n’a pas pu finir le match, il est parti aux urgences. C’est pas sûr qu’il puisse jouer la finale du tournoi dimanche prochain.

 — Zut, alors ! Et comment il va ?

 — J’ai essayé de le lui demander, mais il ne répond pas à mes messages. Je suis même passé à son appart, mais il n’était pas là.

 — Quelle tête de con, celui-là !

 — Le fait est que je me sens fautif.

 — Pourquoi fautif ?

 — Apparemment l’accident s’est produit parce que Jérém n’était pas en forme.

 — Tu m’étonnes ! QUATRE ! La nuit n’a pas été de tout repos, elle se moque.

 — Oui, il y a de ça. Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi ce que Thibault m’a raconté.

 — Il t’a raconté quoi, au juste ?

 — Que pendant le match il était aussi de très mauvais poil.

 — A cause des galipettes de la nuit d’avant ?

 — C’est bien possible. Bien que je ne me l’explique pas vraiment. La dernière fois que nous avons couché au petit matin c’était tellement bien, je l’ai senti proche comme jamais. On l’a fait et on s’est rendormis.

Alors je ne comprends pas pourquoi il est parti sans me réveiller. Je n’arrête pas de me demander si j’ai fait quelque chose qu’il ne fallait pas…

 — Franchement, Nico, je ne vois pas pourquoi tu te sentirais fautif. S’il était naze parce qu’il a eu envie de baiser comme un lapin jusqu’à pas d’heure, il doit en assumer les conséquences !

Et arrête de te dire que tu as fait quelque chose qu’il ne fallait pas. C’est lui qui ne s’assume pas, c’est lui qui doit avancer.

 — Tu as raison…

 — Arrête de penser que c’est toujours ta faute. Jérém est un grand garçon, et il doit assumer ses actions !

 — Bien sûr…

 — En tout cas, t’as pas à t’en vouloir pour ce qui s’est passé.

 — Je n’y arrive pas.

 — Ecoute, Nico. Tu ne vas pas te prendre la tête avec ça pendant trois jours. Il a raté son match, il a raté son match. Il aurait tout aussi bien pu le rater en prenant une cuite. C’est pas le premier mec qui a une nuit très agitée avant un match et qui n’arrive pas à assurer derrière. Ce sont des choses qui arrivent. Il n’y a pas mort d’homme !

 — Oui, oui, je sais. Mais ce qui me fait peur c’est qu’il puisse quand même m’en vouloir !

 — S’il t’en veut, c’est qu’il est vraiment con. Il a bien aimé coucher avec toi pendant toute la nuit. Si vraiment il te tient pour responsable de son petit accident, franchement, ce mec n’en vaut pas le peine. Tu ne peux pas vivre en fonction de ses caprices.

Essaie de ne pas trop penser à tout ça, essaie de profiter de ces trois jours de vacances. Et surtout, surtout, surtout, pitié, essaie de ne pas trop casser les couilles à ta cousine qui a rendez-vous avec Madonna. Veux-tu, mon Nico adoré ?

 — Oui, chef ! »

Une annonce, ainsi qu’un soudain remue-ménage dans la salle d’attente, nous signalent que l’embarquement de notre vol est ouvert. Avant d’éteindre mon portable, je jette un dernier coup d’œil à l’écran. Toujours pas de message de Jérém. Je ne lui ai même pas dit que je partais.

Après une attente de plusieurs minutes, nous passons l’embarquement sans encombre. Nous nous engouffrons dans la passerelle qui donne accès à l’avion. Je n’arrive toujours pas à y croire, mon premier avion, Londres, Madonna !

Nous venons tout juste de prendre place que déjà Elodie trouve le moyen de discuter avec les deux mecs assis devant nous. Ils vont eux-aussi au concert. Je les regarde un peu mieux et je finis par me demander s’ils ne seraient pas comme moi, eux aussi. L’idée qu’il puisse s’agir d’un couple de garçons me met du baume au cœur et me donne de l’espoir.

En m’installant dans mon fauteuil, je ressens une intense sensation d’apaisement s’emparer de mon corps et de mon esprit. Ça y est, dans quelques instants nous allons partir loin de Toulouse, et de mes petits tracas sentimentaux. Je vais définitivement couper le cordon avec eux. Enfin, je l’espère. Et j’y crois. Je me sens bien, j’ai la banane et je souris bêtement.

Encore quelques minutes d’attente, le temps que tout le monde prenne place, et que le personnel de bord nous indique comment mettre des masques à oxygène en cas de crash, c’est-à-dire un pansement sur une jambe de bois – c’est la partie la plus rassurante – l’avion commence à manœuvrer. Il roule calmement pendant un certain temps, avant de s’immobiliser face à la piste.

« Ça va aller mon cousin ?

 — J’espère !

 — La première fois qu’on prend l’avion, c’est assez impressionnant !

 — Tu me rassures, cousine !

 — Tu as trouvé les sachets pour…

 — Oui, oui, je la coupe.

 — Au cas où…

 — J’espère pas, quand même… ».

Comme toujours, et plus que jamais, la présence de ma cousine me rassure. Et pourtant, je ressens une certaine inquiétude s’installer en moi en cet instant où le point de non-retour est atteint, cet instant où je réalise que je ne peux plus quitter cet avion. Que je viens de mettre ma vie dans les mains d’un inconnu, et que je ne gère plus rien.

Je réalise à cet instant que monter dans un avion demande quand même un certain cran, ou une certaine inconscience. Oui, pour s’enfermer volontairement dans une boîte en métal pesant des centaines de tonnes, conduite par un parfait inconnu, dans le but de voyager à des milliers de mètres d’altitude, à une vitesse de 800 km par heure, il faut un certain lâcher-prise.

Un lâcher-prise qui me fait un brin défaut à cet instant précis. Je n’ose pas en parler à ma cousine, mais je panique un peu. Beaucoup.

Ce n’est qu’après plusieurs, interminables minutes d’attente pendant lesquelles j’ai eu le temps de paniquer à souhait, que l’avion recommence enfin à rouler. Mais cette fois-ci, son allure n’a plus rien du calme de tout à l’heure. Ça démarre sur les chapeaux de roue, l’accélération est telle que, mon dos est lourdement scotché au dossier de mon fauteuil. Je ressens cette puissante accélération dans le ventre, dans mon cœur, mes poumons. Je la ressens comme une sorte d’ivresse. Je suis impressionné, survolté, mais toujours pas rassuré.

La piste et les bâtiments de l’aéroport défilent sous mes yeux à une vitesse ahurissante. Mais pourquoi j’ai pris l’avion ? On peut aller à Londres en voiture ou en train… à pied…

Et puis vient cet instant où l’avion pointe son nez vers les airs, où le pont s’incline, et où l’on réalise qu’on ne touche plus le sol. Une fille de l’autre côté du couloir plante ses griffes dans le fauteuil comme un chat face à un pitbull. Ça c’est rassurant aussi !

Ça y est, nous planons dans les airs ! La piste disparaît, et Toulouse se fait de plus en plus petite, jusqu’à s’éclipser elle aussi. Nous survolons la Haute-Garonne, puis le reste de la France.

D’ici-haut, tout paraît si petit. Et on se sent aussi tout petits. Et vulnérables. Et les tracas que nous laissons derrière nous, paraissent si peu de chose.

Mes tympans qui ont connu des montagnes russes au décollage, se détendent enfin, et je récupère peu à peu une audition normale.

Maintenant que l’avion est stabilisé à l’horizontale et que tout semble bien se passer, je sens ma peur se dissiper, j’apprends peu à peu à faire confiance à l’engin et à son pilote.

J’ai la chance d’avoir le siège hublot, et assez loin de l’aile. Le ciel est dégagé, la lumière parfaite et idéalement positionnée par rapport à la trajectoire de l’avion et à ma position dans l’avion lui-même. Un fabuleux concours de circonstances qui m’offre une vue fabuleuse.

Alors j’en profite pour regarder la France défiler à toute vitesse, pour détailler ce fabuleux paysage façonné par les éléments naturels, les rivières, les petits lacs, les mares, les forêts. Mais aussi largement marqué par une robe en motifs d’Arlequin générée par l’activité humaine, par les différentes couleurs des cultures au sol. Le regard embrasse tant de choses en si peu de temps. La terre vue du ciel, ça pousse à relativiser pas mal de choses.

Lorsqu’on y réfléchit bien, prendre l’avion est une grande leçon d’humilité.

Une hôtesse passe dans le petit couloir avec un chariot rempli de boissons et des friandises. Nous nous laissons tenter par un « « café » ». Je mets ce mot entre doubles guillemets car, à mon sens, un truc servi dans un gobelet format coca moyen, dans lequel flotte un sachet brunâtre qui est censé donner à de l’eau chaude un vague goût caféiné, ça ne peut pas décemment être qualifié de Café. D’autant plus que si l’aspect est peu engageant, le goût est carrément dégueulasse.

Elodie et moi tentons d’avaler cette affreuse bouillie en grimaçant et en rigolant à chaque gorgée. Je note : ne plus jamais me laisser tenter par une boisson chaude dans un avion low cost.

L’avion se pose sur la piste avec un léger sursaut. Un applaudissement sonore retentit dans l’habitacle à l’ intention du pilote qui nous a conduits à bon port. Je ne comprends pas cette coutume. En général on applaudit un exploit. Et si on considère que c’est un exploit que de nous amener à destination sains et saufs, cela ne donne pas vraiment envie de faire confiance à ce moyen de transport.

Nous récupérons nos bagages et nous cherchons sur les tableaux d’affichage des indications pour les trains vers Londres. Je n’avais pas réalisé que l’aéroport de Stansted est à une heure de train de Londres.

« C’est quel train ? je questionne ma cousine.

 — Le Poudlard Express.

 — Quoi ?

 — Sans importance !

 — Tu sais au moins de quel quai il va partir ?

 — Oui, cherche le 9 et ¾ !

 — Mais qu’est-ce que tu racontes ?

 — Un jour, tu comprendras ! » elle se marre.

Nous rejoignons le quai du départ pour Liverpool Street. Quelques instants plus tard, je suis dans le train qui va me conduire vers Londres, vers Madonna. Les portes se ferment et la machine se met en branle.

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L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

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