JN01114 La dernière fois que Jérém est venu chez moi
Vendredi 10 août 2001.
Le vendredi matin de cette triste semaine sans Jérém, je me réveille avec le moral dans les chaussettes, sous les semelles même. Je n’ai pas bien dormi, je suis claqué.
Le beau temps persiste, le soleil tout-puissant semble vouloir défoncer les volets pour annoncer une autre belle journée d’été. Mais il ne fait qu’alimenter ma tristesse.
Je n’ai pas du tout envie de me lever ce matin. Je ne me sens pas capable d’affronter une nouvelle, interminable attente de la venue de la seule personne qui pourrait me rendre heureux, qui m’a si intensément rendu heureux pendant une semaine merveilleuse, mais qui ne semble plus du tout motivé à le faire.
Mais en même temps, je me sens tellement mal dans ma peau, dans mes draps, que je ne tiens pas en place. J’ai envie de sortir, partir loin de cette chambre où tout me rappelle la présence du Grand Absent. J’ai envie de prendre l’air, même si je sais d’avance que tout ce que j’entreprendrai me sera pénible.
Il n’est que 6h45 mais il fait déjà chaud dans ma chambre. J’étouffe, j’ai besoin d’air.
J’ouvre les volets, je laisse rentrer le soleil matinal. Je respire profondément, je remplis mes poumons, comme si l’air frais du matin pouvait me nettoyer de l’intérieur, chasser cette fatigue, ce mal-être, cette tristesse qui m’assomment.
Hélas, ce n’est pas du tout le cas. Car, en plus de ce soleil qui parle de vacances, de cette insouciance et de ce bonheur qui me sont interdits, le vent d’Autan vient mettre son grain de sel dans l’épais faisceau de mes inquiétudes.
Le vent s’emmêle dans mes cheveux, joue avec les poils fins de mes bras, me donne des frissons.
Le vent d’Autan, cet élément puissant, omniprésent, indissociable des façades en briques de la Ville Rose. C’est un vent qui est comme une métaphore du temps qui passe et qui, lui aussi, balaie tout sur son passage, les jours heureux, les espoirs, le bonheur.
Je pense que Jérém va venir aujourd’hui, pour récupérer sa chaînette. Ça devrait me rendre heureux. En réalité, je redoute sa venue. J’ai peur du Jérém que je vais voir débarquer. J’ai peur de ne pas savoir trouver les bons mots, peur de ne pas arriver à toucher son cœur. En vrai, je ne sais même pas quoi lui raconter.
« Si je viens, ce sera juste pour récupérer ma chaînette, et je me casse ! ». Ses mots de la veille résonnent douloureusement dans ma tête, s’enfoncent comme des lames dans mon cœur.
Est-ce que je mérite cet éloignement soudain, cette froideur, ce mépris ?
J’ai à la fois terriblement envie qu’il vienne et j’appréhende son attitude, notre conversation, ses mots qui peuvent être blessants comme des coups de canif. J’ai besoin de lui demander comment il envisage, si seulement il l’envisage, l’avenir histoire. Et j’ai une trouille folle vis-à-vis de sa réponse.
La matinée commence dans une morosité déprimante. Je décide d’aller courir sur le canal. J’ai besoin de prendre l’air, de changer de décor, j’ai besoin de m’épuiser jusqu’à ce que la douleur physique soit si intense qu’elle me fasse oublier ma douleur intérieure.
Lorsque je rentre à midi, je suis défait, en nage, je n’ai plus de jambes. Je prends une douche et je déjeune avec maman.
« Ça va, Nico ? Tu as l’air fatigué aujourd’hui… ».
« Ça va, maman, j’ai eu chaud cette nuit, et j’ai mal dormi… ».
« Tu vas pouvoir faire la sieste tout à l’heure… ».
Maman, si tu savais à quel point ça me touche que tu t’inquiètes pour moi. Si tu savais à quel point, à plusieurs reprises, pendant ce déjeuner, j’ai failli fondre en larmes et te dire ce qui me fait si mal au point de m’empêcher de dormir. Oui, maman, j’ai horriblement envie de pleurer dans tes bras !
Si je ne le fais pas, c’est parce que je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi. Je sais qu’un jour tu sauras qui je suis vraiment. Tu dois même déjà un peu t’en douter. Mais avant de te parler, maman, j’ai besoin de pouvoir m’appuyer sur un bonheur stable, un amour en CDI, et non pas en Intérim. Chose que, je pense, ce ne sera pas pour tout de suite.
Alors, maman, avant de laisser couler les larmes qui se pressent à mes yeux depuis ce matin, j’attendrai que tu sois partie, j’attendrai de me retrouver seul dans cette maison vide, entre ces quatre murs où, à un moment, j’ai vraiment commencé à croire que le bonheur avec mon Jérém était à portée de main.
Maman vient tout juste de partir, et je fonds en larmes sur le canapé du séjour. Je me laisse aller, je relâche la tension. Très vite, l’épuisement moral s’ajoute à l’épuisement physique. Je me sens vidé de toute énergie.
Je me demande s’il va vraiment venir aujourd’hui. Et je me demande dans quelles dispositions il va venir. « Si je viens, ce sera juste pour récupérer ma chaînette, et je me casse ! ». Ca ne promet rien de bon.
Soudain, une idée traverse mon esprit. Je me dis qu’un cadeau pourrait le mettre dans de bonnes dispositions. J’ai un cadeau pour lui depuis mon voyage à Londres. Je me dis que c’est enfin le bon moment pour le lui offrir, d’autant plus que c’est peut-être la dernière occasion que j’aurai de le faire.
J’espère qu’il sera touché par cette petite attention, et qu’il comprendra que je pense à lui tout le temps, même quand je suis loin de lui. J’espère qu’il comprendra à quel point je tiens à lui.
Alors, sans réfléchir davantage, je fonce dans ma chambre, j’attrape le maillot de rugby blanc et rouge que j’ai acheté à Londres quelques semaines plus tôt. Je ne sais pas si on va monter dans ma chambre aujourd’hui, ni même combien de temps je vais pouvoir le retenir. Alors, je dévale les escaliers et je le pose sur le meuble de l’entrée, à portée de main, prêt à être offert.
Je m’allonge sur le canapé, j’écoute ma respiration se mélanger au bruit de fond de la ville qui grouille derrière la porte d’entrée. Et je me laisse gagner par le sommeil qui m’envahit.
Petit intense bonheur que la sieste, pont merveilleux au-dessus des heures et de la souffrance, raccourci indolore vers le milieu de l’après-midi.
Lorsque j’émerge, il est 15h10. Je me réveille en sursaut, plombé par l’insistante angoisse d’avoir raté la venue de Jérém. Il me faut un petit instant pour me dire que ce n’est pas possible. Que s’il était venu, j’aurais bien entendu cette sonnette particulièrement retentissante !
Je regarde le portable. Aucun message. L’attente recommence, insupportable parce qu’indéfinie.
Heureusement, aujourd’hui encore, j’ai un bon allié pour essayer de tromper le temps, un bouquin vraiment captivant capable de me distraire de mon immense angoisse.
« Tribunal d’honneur », le livre de Dominique Fernandez sur la vie de Tchaïkovski, est le compagnon qu’il me faut pour laisser avancer l’après-midi sans accrocher mon désespoir à chaque minute.
Page après page, on suit le grand musicien dans cette partie de sa vie qui se déroule dans l’ombre, à l’abri des regards d’une société rigide et répressive qu’est l’époque tzariste du 19ème siècle. En se basant sur des « bruits de l’Histoire », l’auteur nous fait découvrir le penchant du grand musicien pour les garçons, penchant qui l’aurait porté à sa perte.
La ville de Saint-Pétersbourg sert de décor à cette histoire qui ressemble à un polar historique. Ses monuments, ses perspectives, ses ponts, ses canaux jouent un rôle de premier plan dans cette atmosphère pesante qui donne de la puissance à l’intrigue. Sa présence est tellement forte que, page après page, elle devient presque un personnage à part entière.
Très vite, le récit m’a donné envie d’accompagner la lecture par l’écoute de la musique du Grand Compositeur. Je monte dans ma chambre et j’attrape un cd que j’avais acheté à mes 12 ans, pendant ma période « musique classique ». C’était une période où, au gré de sorties chez le marchand de journaux, j’ai découvert bon nombre des grands classiques.
C’est sur les toutes dernières échappées des cordes de la « Valse des Fleurs », qu’un nouvel instrument, jouant une seule et unique note dissonante, s’invite dans l’orchestre.
La sonnerie de la porte d’entrée vient de retentir dans la maison.
Je me fige, j’arrête même de respirer pour être sûr que je n’ai pas rêvé. Mon cœur ne délivre plus de simples battements, il envoie carrément des coups de massue contre ma cage thoracique. J’ai l’impression que mon cœur va exploser, ou cesser de battre, que ma poitrine va s’ouvrir en deux.
À cet instant précis, les cordes déchainées de la « Valse » glissent sur moi comme l’eau bénéfique d’une source, elles me procurent un intense bonheur. J’hésite à bouger, à casser cet instant de perfection, pour aller à l’encontre d’une rencontre qui s’annonce difficile.
Une deuxième sonnerie retentit dans la maison. Je prends une grande inspiration, je rassemble mes forces, je bondis littéralement sur mes pattes.
Dans ma précipitation, je manque de commettre l’irréparable : couper la « Valse » à quelques secondes de la fin. Je me ravise tout juste à temps, avant que mon doigt n’appuie sur le bouton et ne me fasse rater ce feu d’artifice musical.
En attendant, je traverse le couloir comme enveloppé, porté, encouragé, soutenu par les toutes dernières mesures retentissant dans la maison. Je pose ma main sur la poignée, je la tourne, je tire le battant vers moi, alors que les cinq toutes dernières notes se bousculent, s’entrechoquent, et que le silence tombe aussitôt derrière moi. Le CD vient de s’arrêter.
Le bonheur provoqué par la musique résonne encore dans ma tête que déjà un nouveau bonheur s’empare de tout mon être. L’image du bobrun transperce ma rétine, mon cerveau, mon cœur, vrille mes entrailles. Et je ressens, tout à la fois, un nœud dans la gorge, une brûlure dans le ventre, un choc dans la tête comme si on m’avait assené un coup en pleine figure. J’ai envie de hurler, de pleurer, de me jeter sur lui direct.
Jérém est là, devant moi, ses cheveux bruns tenus dans un brushing totalement inédit, raie bien nette sur le côté gauche, fixés au gel dans une sorte de vague compacte et penchée vers la droite. Un brushing de garçon sage, mais porté avec une insolence certaine. C’est le genre de brushing qui me fait m’exclamer à coup sûr : « Putain de bogoss ! ».
« T’as changé de coupe, tu es beau » je ne peux ne pas constater à haute voix.
« Je suis toujours beau ».
Réponse de parfait petit con.
Sa tenue du jour comporte une chemisette couleur bleu pétrole. Les deux boutons du haut défaits, je constate que les adorables poils bruns qui avaient commencé à coloniser sa peau ont récemment subi le supplice du rasage.
« Tu as rasé… » je ne peux m’empêcher de constater, là aussi, à haute voix.
« Oui, et donc ? », il réagit froidement.
Je suis à la fois déçu et inquiet face à ce changement. Non seulement parce que ces petits poils siégeaient si bien à son torse, mais aussi parce qu’ils étaient devenus à mes yeux comme le symbole de notre complicité. Je lui avais dit à quel point je les adorais et il les avait gardés. Je m’étais imaginé que, sous le prétexte d’avoir la flemme de les raser, il les avait gardés pour me faire plaisir, sans en avoir l’air.
Depuis lundi, nous nous sommes à nouveau éloignés. Notre complicité a été rompue, et les petits poils bruns en ont été les victimes collatérales. Putain, mais quel dommage !
« Tu me files ma chaînette ? ».
Le ton de sa voix est distant, le regard fuyant.
« Tu veux pas rentrer un moment ? »
« Non, donne la chaînette, je dois y aller… ».
« Et s’il te plaît ? » je cherche à gagner du temps.
« S’il te plait ! » fait-il sur un ton agacé.
« Rentre, Jérém… ».
« Je suis pressé… ».
« Allez, juste 5 minutes… ».
« Je te dis que je dois y aller, je suis juste passé récupérer ma chaînette ! ».
« Viens, rentre… » je lui répète, tout en attrapant son avant-bras, simple contact qui a l’effet d’une décharge électrique « rentre juste un moment… je vais te la donner ta chaînette… ».
Jérém oppose une résistance.
« S’il te plaît… » j’insiste.
Le bogoss finit par se laisser faire. Il avance, il franchit le seuil de la maison. Sur son passage, mes narines sont percutées par les effluves d’une fragrance fraîche et boisée inconnue jusque-là.
Je me retiens de lui sauter dessus sur le champ et je referme la porte derrière nous.
« Bon, tu me la donnes, maintenant ? ».
J’attrape la chaînette dans le col de mon t-shirt et je tente de défaire la fermeture. J’ai les doigts qui tremblent, j’ai du mal à y parvenir. Je capte le regard de mon bobrun. Il a l’air étonné que je la porte. Peut-être touché aussi.
J’arrive enfin à ouvrir le faux maillon, je tire par un bout et je sens les mailles glisser une dernière fois sur ma peau. Je rassemble la chaînette dans ma main et la lui tends.
Je ressens un frisson intense rien qu’au contact du bout de ses doigts venant chercher l’objet dans le creux de ma main.
Le bogoss la passe aussitôt autour de son cou. Lorsqu’il relève la tête, les mailles reprennent leur place autour de son cou puissant, retombant sur le deuxième bouton de la chemisette. Définitivement, cette chaînette de mec fait bien plus d’effet sur lui que sur moi.
Le bogoss fait déjà demi-tour pour repartir.
« Tu veux pas rester un peu plus ? » je tente de le retenir.
« Non ! ».
Sa réponse est sèche.
Jérém attrape la poignée de la porte, il se prépare à l’ouvrir. Je m’appuie dessus avec mon dos pour l’en empêcher.
« Qu’est-ce que tu fais ? » il me lance, toujours sans me regarder.
« J’ai quelque chose pour toi » je décide de griller mes dernières cartouches.
Je tends le bras pour attraper son cadeau et je le lui tends.
« Tiens, ça c’est pour toi… ».
« C’est quoi, ça ? ».
« Regarde… ».
Jérém plonge sa main dans le sac en plastique et en ressort le maillot. Je le regarde en train de le déplier, de le découvrir. Ses gestes sont lents, son regard traduit d’abord la surprise et la curiosité. Mais lorsque le logo ailé des « Newcastle Falcons », le numéro 10, le nom imprimé sur le dos et le code couleur du maillot font bingo dans sa tête, Jérém est comme cueilli par un frémissement. Et ce sont carrément des étoiles de bonheur de gosse qui se bousculent dans son regard.
Pendant une seconde, j’ai le sentiment qu’il est remué, ému, et qu’il est sur le point de craquer, de se jeter sur moi, de m’embrasser, de me dire à quel point ce cadeau lui fait plaisir, à quel point il est touché par mon geste. De me dire qu’il a enfin compris à quel point je l’aime, à quel point il est désolé pour son silence de la semaine, et à quel point nous pouvons peut-être heureux tous les deux ensemble.
« Ça te plaît ? ».
« J’en veux pas de ça ! » assène-t-il, sèchement, tout en balançant le maillot sur le meuble d’entrée sans égard.
« Mais il est pour toi, Jérém ! ».
« Je n’en veux pas, je te dis ! ».
« Et pourquoi ? ».
« Parce que tu me gonfles ! » fait-il, de plus en plus énervé.
« Qu’est ce qui ne va pas, Jérém ? ».
« Tout va très bien ! ».
« Je te trouve bizarre… ».
« Ne me casse pas les couilles, Nico ! ».
« Mais regarde-moi, putain ! » je finis par lui lancer.
Je n’en peux plus de son regard qui me fuit.
« Sors-toi de là, laisse-moi partir ! » il me somme, en forçant sur la poignée.
« Attends un peu, Jérém ! ».
« Pour quoi faire ? ».
« Pourquoi tu ne passes plus à la pause ? ».
« Je n’ai pas le temps ».
« C’est des conneries, t’avais toujours le temps la semaine dernière ! ».
« Alors je n’ai plus le temps ».
« Tu ne te souviens pas comment c’est bon… » je lui chuchote, tout en approchant le nez du creux de son cou.
Jérém tente de me repousser. Je reviens à la charge, passe ma main sur sa chemisette à hauteur de ses pecs. Je le sens frissonner. Je prends confiance, j’envoie mes doigts à l’assaut du deuxième bouton de la chemisette, impatient de les défaire.
Je ne vais pas en avoir le loisir. Ses mains repoussent les miennes, avant de me repousser tout court.
« Mais qu’est-ce qu’il t’arrive depuis quelques jours ? », j’insiste.
« Il ne m’arrive rien du tout ! ».
« Je ne vais pas me contenter de ça, Jérém ! La semaine dernière on a passé des moments de fou, c’était magique. Tu étais souriant, détendu, on était si complices ! Pourquoi du jour au lendemain tu ne viens plus, tu ne réponds même pas à mes messages, tu m’évites, tu es froid et distant ? ».
« Ne me casse pas les couilles, Nico… ».
« Tu me manques, Jérém… ».
Le bogoss se tait, immobile, la respiration haletante. Plus je le regarde, plus j’ai l’impression qu’il n’est pas dans son assiette. C’est comme s’il voulait me dire quelque chose, et qu’il n’arrivait pas à trouver le courage de le faire. Comme si quelque chose le tracassait vraiment, comme s’il étouffait d’être dans cette pièce.
C’est dur de savoir, à priori, ce qui le tracasse. De savoir et de le voir garder ça pour lui, de voir qu’il n’a pas l’intention de m’en parler, alors que je suis aussi concerné que lui. C’est dur de savoir et de ne pas pouvoir lui en parler, parce que j’ai promis de ne pas le faire.
Je regarde ce garçon que j’ai envie de couvrir de bisous et de câlins, sans pouvoir le faire.
« Est-ce que j’ai fait ou j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? ».
« Laisse-moi partir ! » il m’aboie dessus.
« Mais putain, parle-moi, Jérém ! ».
« Puisque tu veux savoir… j’ai… une copine… » fait-il, le regard toujours loin de moi.
« De quoi ? ».
« T’as bien entendu… ».
Même si ses mots sont prononcés sur un ton à l’apparence détaché, j’ai l’impression qu’il est plutôt mal dans ses baskets.
« Tu te fiches de moi ?!?! ».
« Pas du tout ! ».
J’ai une soudaine envie de le frapper, mais je suis tellement assommé que mes membres ne répondent même pas à ma colère.
« Depuis quand ? ».
« Ça ne te regarde pas… ».
« Pourquoi tu me fais ça ? ».
« Parce que j’ai envie de baiser des nanas… c’est aussi simple que ça… ».
« Sérieux, tu as une copine ? ».
« Oui, parfaitement ! ».
« Et tu l’as rencontrée où ? ».
« Au taf… ».
« Au taf ? ».
Je me sens blessé, meurtri, humilié, je bouillonne de l’intérieur.
« Je ne suis pas pédé, fiche-toi ça dans la tête ! » il me lance, comme une claque.
« Ne gâche pas tout, Jérém, s’il te plaît ! ».
« Je fais ce que je veux ! ».
« Ca ne peut pas se terminer de cette façon entre nous… ».
« Et pourquoi donc ? ».
« Parce que… ».
« Parce que… quoi ? ».
« Parce que… je t’aime… ».
Juste trois petits mots qui s’envolent de mes lèvres. Trois mots, un monde entier.
C’est un cri du cœur qui me laisse vidé de toute énergie, la poitrine défoncée par les coups de massue de mon cœur, la respiration coupée. Un cri qui n’a d’écho que dans silence assourdissant de son destinataire, et son regard comme assommé, ébahi, figé.
« Ecoute, tu sais quoi ? » fait Jérém après une pause insupportable « on va en rester là tous les deux ».
« On aurait dû arrêter tout ça il y a longtemps, il enchaîne, d’ailleurs, on n’aurait même jamais dû commencer ! ».
J’ai l’impression que ciel me tombe sur la tête, je n’arrive plus à respirer, ma vue se brouille, mes oreilles bourdonnent. Je ne sais même pas comment je trouve de continuer cet échange malheureux.
« Tu penses vraiment ce que tu dis ? ».
« Oui, complètement ».
Ses mots sont sans appel. Je suis sonné, j’ai l’impression de venir de recevoir un grand coup de massue sur la tête.
« J’ai pas envie d’arrêter, moi ! ».
« Moi si ! ».
Je sens mes larmes monter à grands pas.
« Ça ne peut pas finir comme ça entre nous ! » je pleure.
Jérém se tait, le regard posé sur la poignée de la porte. Ses traits sont figés, ses lèvres sont serrées, parcourues par un frémissement incontrôlable. Sa pomme d’Adam bondit sous l’effet d’une déglutition fiévreuse. Le regard est toujours dans le vide.
J’ai l’impression de me retrouver devant un garçon qui n’est pas mon Jérém. un garçon qui se fait violence pour être aussi méchant. C’est horrible cette barrière en verre qu’il a érigé pour m’interdire l’accès à son cœur. Et ces barbelés qu’il est en train de tirer partout autour pour me blesser et m’éloigner de lui.
« Laisse-moi partir maintenant ! » il me lance, tout bas.
Jérém me regarde fixement dans les yeux, son regard noir est plein d’éclairs mauvais. Je sais que si je provoque encore, sa méchanceté peut être sans limites. Mais je veux en avoir le cœur net, au risque de me faire terrasser.
« Tu ne me fera pas croire qu’il n’y a pas un truc spécial entre nous… ».
« Mais quel truc ? Quand est-ce que tu as vu qu’il y avait ce truc ? ».
« On n’aurait jamais dû commencer toutes ces conneries ! ».
« Ce ne sont pas des conneries ! Tu ne vas pas me faire croire que tu n’as pas aimé tout ce qui s’est passé entre nous ! ».
« Tais-toi… tout ça c’est de ta faute ! ».
« Ma faute ? » je chauffe.
« T’aurais pas dû me proposer de réviser… tu voulais juste baiser avec moi… ».
« Je te rappelle que c’est toi qui a voulu que je te suce ce jour-là ! ».
« Tu m’as allumé… t’arrêtais pas de me mater en cours ! ».
« Bien sûr que je te kiffais, je te kiffais à mort, je te kiffais comme un fou depuis le premier jour du lycée… mais moi je n’aurais jamais osé te proposer quoi que ce soit… ».
« Arrête, t’en crevais d’envie ! ».
« Alors, si tu savais que j’avais envie de coucher avec toi, pourquoi t’as répondu « oui » quand je t’ai proposé de réviser ? ».
« Parce que je voulais me payer ton cul… ».
« Donc t’es aussi pédé que moi ! ».
« Arrête de me chercher ou ça va mal se finir ! » fait-il, les yeux exorbités, les veines apparentes dans le cou, l’air menaçant.
« Jérém… » je tente de le raisonner « nous ne faisons rien de mal, nous sommes juste deux mecs qui se font du bien… ».
« Ferme-la, putain… je ne suis pas pédé et je ne veux pas devenir pédé comme toi ! Tu entends ? ».
Ses mots sont blessants, injustes, violents, gratuits.
« Tu m’emmerdes, Jérém ! Tu n’es qu’un petit macho qui n’a pas les couilles pour assumer ce qu’il est… ».
« Et toi t’es une petite salope qui coucherait avec n’importe quel mec ! ».
« Ça t’arrange bien de penser ça ! ».
Son regard est traversé par un éclair de rage.
« Je ne comprends pas pourquoi on doit se faire autant de mal l’un l’autre… ».
« Maintenant tu me laisses partir… ».
« Sinon quoi, tu vas me cogner ? ».
« Ne me cherche pas Nico, sinon, je te jure… ».
« Vas-y, tape-moi si ça te fait du bien ! ».
Je me trouve devant un mur, haut, épais, infranchissable. j’ai besoin d’ouvrir une brèche à tout prix, tout de suite. J’ai besoin d’une « arme » puissante pour y parvenir. Soudainement, je me rappelle que je suis en possession d’un « atout » qui pourrait bien faire l’affaire. Hélas, il s’agit d’une « arme non conventionnelle », que je me suis engagé à ne pas utiliser.
Mais tant pis. je ne peux plus tergiverser. Dans une minute, il sera parti. Alors, c’est maintenant ou jamais.
« T’attendais quoi pour me dire que tu vas partir à Paris ? ».
« Comment tu sais ? ».
« C’est pas important… ».
« Tu peux pas t’en empêcher, hein ? T’es encore allé emmerder Thib ! ».
Je sens sa colère redémarrer à grand pas.
« Thibault, c’est mon pote aussi ! ».
« Ouaisss… mais ça t’a plu un max de lui vider les couilles à lui aussi, l’autre soir ! ».
« Mais putain ! C’est toi qui as voulu que je le suce ! ».
« T’as pas dit non, non plus ! ».
« C’est vrai… mais tu m’as pas demandé mon avis ! Comme tu ne me l’as pas demandé la fois que tu m’as fait venir pour baiser avec ton cousin, ou la fois que t’as voulu baiser avec le mec du On Off ! Tu m’as mis dans des situations où je ne pouvais pas dire non ! ».
« T’as bien aimé te faire baiser par Thibault ! ».
« J’ai bien aimé parce qu’il ne m’a pas baisé, justement… ».
« Ah bon, il t’a pas baisé… » il fait sur un ton méprisant.
« Non, il m’a fait l’amour ».
« Ecoutes, t’as qu’à te faire sauter par Thibault, alors ! ».
« Tiens, peut-être que ce serait une bonne idée ! ».
« T’es vraiment qu’une pute ! ».
« Ok, je suis une pute… mais tu sais quoi ? Je suis une pute qui pourrait même tomber amoureuse d’un gars comme Thibault ! ».
« Toi vraiment, putain… ».
Et là, Jérém se projette violemment contre moi. Ses mains percutent mes pecs avec la puissance et la violence d’une semi-remorque. Je me retrouve projeté contre le mur, immobilisé par sa musculature puissante, crispée par la rage, son avant-bras en travers de ma gorge, l’autre bras brandissant un poing prêt à frapper avec toute la violence de son biceps tendu.
« Je te jure que si tu n’arrêtes pas, tu vas te manger ma main dans la gueule ! ».
Son attitude a le don de me faire sortir complètement de mes gonds.
« Mais bon sang ! » je m’emporte « ça pourrait être si génial entre nous deux si seulement tu donnais une chance à notre histoire ! Les chanceux c’est nous, Jérém ! ».
« Chanceux de quoi ? ».
« Chanceux parce qu’il y a un truc spécial entre nous… ».
« Spécial de quoi ? Il n’y avait que ton cul qui m’intéressait… ».
« Je ne peux pas croire ça… ».
« Il va bien falloir ! Tu n’as jamais été pour moi qu’un cul à baiser ! ».
C’est à cet instant précis que le point de non-retour, celui que j’ai vu approcher de seconde en seconde, est atteint. Ce coup-ci, Jérém a vraiment dépassé les bornes. Sa méchanceté est telle, que quelque chose vient de casser en moi. Je sens mon sang bouillir, je sens une violente envie de lui faire mal au moins autant qu’il vient de m’en faire. Je vois rouge. Et je perds les pédales.
Tout se passe en une fraction de seconde. Je le charge et je le frappe au visage.
Jérém n’a rien vu venir. Attaqué par surprise, il reçoit ma droite de plein fouet, en pleine figure.
Un filet de sang rouge vif commence à couler presque instantanément de son nez.
Je suis abasourdi. Je viens de frapper le garçon à qui j’ai envie de faire tous les câlins du monde. Moi qui ne me suis jamais battu de ma vie, il faut que je commence par Jérém. Si c’est pas malheureux, ça !
Alors que je regrette déjà mon geste, je le vois porter deux doigts sous son nez, et les retirer ensanglantés. Son regard est désormais rempli de haine.
J’ai peur de la violence de sa réaction. et c’est moins la douleur physique que je redoute, bien moins que le chagrin de voir notre histoire se terminer à coups de poings dans la figure.
« Je suis désolé, Jérém, je ne voulais pas… » je tente de le calmer.
Hélas, mes excuses n’ont aucun effet. Jérém voit rouge, aussi rouge que moi un peu plus tôt, aussi rouge que le sang qui coule de son nez, qui éclabousse son torse et laisse des traces sur son jeans et sur le carrelage.
Je le vois charger comme un taureau, et je sais que ça va faire mal. Je suis tellement dégouté par la tournure que sont en train de prendre les choses, dégouté que ce soit par ma faute, d’avoir frappé en premier, que je n’ai même pas le réflexe de tenter de me protéger le visage. Lorsque son poing me percute, je ressens une douleur aigue se propager depuis le milieu de mon visage jusqu’à l’intérieur de ma tête.
C’est le goût bizarre du sang sur mes lèvres qui me fait pleinement réaliser que je viens de me faire frapper par le garçon que j’aime. C’est triste à en pleurer.
« Qu’est-ce qui se passe ici ? » j’entends une voix familière s’écrier.
Je lève les yeux. Maman vient de débarquer.
« C’est quoi tout ce sang ? » elle s’inquiète, en voyant le carrelage tâché.
« C’est rien, un petit accident, rien de grave, madame… » fait Jérém.
Maman le regarde, puis me regarde fixement, les yeux écarquillés, le regard anxieux.
Jérém tamponne une dernière fois son nez avec la main et se précipite vers la porte d’entrée. Dans mes tripes, je ressens malgré tout l’instinct d’essayer de le rattraper, une fois encore. Je sais que si je lui laisse passer cette porte, ce sera vraiment fini entre nous. Mais mon corps ne suit plus. je suis à bout de forces, physiquement, moralement.
Jérém saisit la poignée, la fait tourner, il tire le battant. Et là, contre toute attente, il marque une pause.
Il tourne la tête vers moi. Son regard noir a soudainement disparu, pour laisser la place à un regard perdu, rempli de désolation, de détresse, et de chagrin.
Ce que je vois à cet instant, ce n’est plus le connard qui vient de me balancer son mépris et son poing dans la figure, mais un garçon très malheureux. Pendant un instant, je me prends à rêver qu’il soit sur le point de me lancer un « Je suis désolé », capable de soigner toutes mes blessures.
Il n’en est rien. Jérém finit pas détourner le regard et disparaît dans l’entrebâillement de la porte.
La serrure vient tout juste de claquer un dernière fois derrière le garçon que j’aime. Et je sens le désespoir m’envahir. Je ne peux plus me retenir, je fonds en larmes.
« Nico ! ».
C’est à cet instant précis que j’ai vu dans le regard de maman qu’elle avait tout compris, sans besoin d’un mot d’explication. Dans mes larmes, maman a su à quel point j’étais amoureux d’un putain de beau gosse qui me rendait terriblement malheureux.
Je vais dans le cellier chercher un seau et une serpillère. Je reviens nettoyer les traces de sang, les dernières traces du passage de Jérém chez moi. A chaque tâche effacée, je me demande pourquoi on en est arrivés là et, surtout, comment j’en suis arrivé à frapper le garçon que j’ai envie d’aimer plus que tout au monde.
Je sais que je ne le reverrai plus jamais. Je nettoie et je pleure, en pensant à la solitude terrifiante de ma vie sans lui.
Mon nez ne saigne plus, mais il me fait mal. Je suis toujours sonné, et je sens une fatigue immense me gagner. J’ai envie de monter dans ma chambre et de ne plus y ressortir avant des jours, des mois. Mais il faut que je me dépêche d’aller voir maman. Il est 19h20 et papa va rentrer d’un moment à l’autre.
Lorsque je la rejoins dans la cuisine, elle est en train de préparer une grande salade.
« Ça va, mon Nico ? ».
« Oui, ça va… mieux… » je tente de la rassurer, en prenant sur moi pour contenir mon émotion et ne pas laisser mes larmes jaillir à nouveau.
J’attrape un bocal et je commence à mélanger huile, vinaigre, sel et moutarde.
« C’est qui ce garçon ? ».
« C’est un camarade du lycée… ».
« Pourquoi vous vous êtes disputés ? ».
« C’était juste pour une bêtise… ».
« Vous vous êtes battus, quand-même ! ».
« C’est rien je te dis… ».
« T’avais l’air vachement remué, mon Nico… et ton camarade aussi… ».
Une partie de moi a envie de tout raconter à maman, de lui dire que j’aime les garçons depuis toujours, que j’aime CE garçon plus que tous les autres garçons de la Terre. Oui, une partie de moi n’a qu’une envie, celle de me laisser aller à pleurer dans ses bras, et de la laisser me réconforter.
Mais la blessure est si profonde, si vive, si brûlante, que je ne me sens pas la force de la remuer, même pas pour tenter de la soigner.
« Maman… » je me lance, pour gagner du temps, sans aucune idée de comment je vais continuer ma phrase.
Heureusement, maman vient à mon secours.
« Ne te force pas » elle me glisse, tout en attrapant ma main.
Elle la serre avec force et douceur, en posant sur moi ce regard plein d’affection et de tendresse que seule une maman sait composer.
« Si tu n’as pas envie d’en parler, c’est pas grave. Tu m’en parleras plus tard, quand tu t’en sentiras capable. Je serai toujours là pour toi, mon Nico, tu le sais… ».
Je sanglote. Je sens maman très émue aussi.
« Mais il y a une chose qu’il faut que tu saches, elle continue, je t’aimerai toujours, et rien ne pourra jamais changer cela. Tu sais, Nico, tout ce qui m’intéresse, c’est que tu sois heureux, quel qu’il soit le bonheur que tu recherches ».
Puis, elle pose sa main sur ma nuque et me caresse les cheveux, comme quand j’étais enfant, pour me réconforter. Je pleure à chaudes larmes.
« Désolé, maman… ».
« Pleure, si ça te fait du bien ».
« Ce garçon… ce garçon… » je tente de lui parler de mon chagrin, de cet amour fou né sur les bancs du lycée. Mais les mots restent bloqués au fond de ma gorge.
« Ce garçon est vraiment un très beau garçon… » résume maman « mais j’ai l’impression que ce n’est pas lui qui va te rendre heureux… ».
« Maman… promets-moi… ».
« Te promettre quoi, Nico ? ».
« Ne dis rien à papa, s’il te plaît… ».
« Je ne lui dirai rien t’inquiète. Tu lui diras toi-même quand tu seras prêt à le faire ».
« Merci, maman… ».
« Dis donc, il ne t’a pas raté ce petit con… » elle s’exclame, en se penchant pour regarder les dégâts de plus prés.
« A côté du nez, sous l’œil, tu vas avoir un joli cocard, mon Nico… ça fait mal ? » elle continue.
« Oui… ».
« Dans le placard de la salle de bain, il doit y avoir une pommade pour soigner les hématomes… ».
Dommage qu’il en existe pas une pour soigner les cœurs brisés.
« Merci maman… ».
« C’est lui qui t’a frappé en premier ? ».
« Non, c’est moi… ».
« Nico ! ».
« Et je le regrette vraiment… même s’il l’a bien cherché ! ».
« En tout cas, toi non plus, tu ne l’as pas raté ! ».
La porte d’entrée vient de s’ouvrir et de se refermer. Papa est rentré. Je m’essuie les yeux et maman aussi.
« Bonsoir ! » fait papa « qu’est-ce que t’as fait au nez, Nico ? ».
« Bonsoir ! » mens maman « ton fils s’est pris la porte de la salle de bain en sortant de la douche ».
« Toujours aussi maladroit ! » fait papa distraitement.
« Ça va, Nico ? »
« Ça va, maman… ».
« Passe une bonne nuit, mon loulou. Essaie de dormir un peu ».
« Je vais essayer, ne t’inquiètes pas. Bonne nuit, maman ».
J’essaie de fermer les yeux, mais je les rouvre aussitôt. A force d’avoir pleuré, ils piquent. Le sommeil ne vient pas.
Allongé dans le noir, je repasse les souvenirs heureux de la semaine dernière, de ces après-midis de fou. Et je ressasse les souvenirs horribles de cette semaine, de cet après-midi. Je rumine ses mots blessants comme des lames. J’entends le bruit de mon coup de poing dans sa figure. J’entends le bruit de son poing sur la mienne. J’entends deux fois le bruit de la chair qui morfle. Je sens l’odeur du sang, et la sensation malaisante de violence injustifiée. Je me sens horriblement mal. J’ai l’impression d’avoir commis quelque chose d’irréparable, d’impardonnable.
Définitivement, ce n’était pas une bonne idée de laisser Jérém venir chez moi, de le laisser accrocher son souvenir dans cette chambre, à ce couinement que fait mon lit quand on appuie à un certain endroit, ce bruit qui me ramène à ses coups de reins. Je le revois sur moi, je le sens en moi, je ressens la brûlure qu’il a laissée entre mes jambes, dans mon ventre, dans mon cœur.
Pourtant, je savais que ça se terminerait de cette façon. Je le savais qu’un jour on se prendrait la tête et que ce serait fini pour de bon. Je savais que le faire venir chez moi allait être une façon de reculer pour mieux sauter. Ce que je ne savais pas, c’est que ça se terminerait en baston. Et que je le cognerai en premier. Je n’arrive pas encore à croire que je l’ai cogné.
Et maintenant que c’est fini entre nous, Jérém hante cette chambre, ce lit, ma vie toute entière.
4h18, je ne dors toujours pas. J’essaie de ne pas penser à demain, au nouveau jour qui viendra, un jour inutile, odieux, car il ne portera pas avec lui l’espoir de revoir Jérém.
J’ai connu le Paradis avec mon bobrun. Mais désormais, imaginer ma vie sans lui me parait un aperçu de l’enfer.
La nuit avance et la radio débite des chansons que je n’écoute pas.
Puis, soudainement, un texte accroche mon attention, parle à ma tristesse, à ma solitude, à mon désespoir.
Tant de fois j’ai tenté/D’aller toucher les étoiles
Que souvent en tombant/Je m’y suis fait mal
Tant de fois j’ai grimpé/Jusqu’au plus haut des cimes
Que je m’suis retrouvé/Seul au fond de l’abîme
(…) Il y a toujours un soir
Où l’on se retrouve seul/Seul au point de départ
Celui qui n’a jamais été seul/Au moins une fois dans sa vie
Seul au fond de son lit/Seul au bout de la nuit
Celui qui n’a jamais été seul/Au moins une fois dans sa vie
Peut-il seulement aimer/Peut-il aimer jamais
Commentaires
ZurilHoros
06/07/2020 20:21
L’évolution de leur rapport continue. L’interaction entre Jérémie et Nicolas est tellement bien observée, que l’on visualise tout. Les hésitations, les excitations, les réticences, les emballements.
Perock
18/09/2017 20:52
J’adore le nouveau jerem, il commence enfin à accepter nico. Sa aurait été parfait si il avait accepté de se faire porter malade, ou qu’il lui propose de se voir le dimanche. Mais avec jerem je redoute que le lundi arrive mais sans lui
Gripsou22
16/09/2017 15:06
J’ai énormément pris de plaisir à lire cet épisode et j’ai même beaucoup bandé tout du long ! C’était tout simplement génial ! Enormément d’érotisme de sensualité et de tendresse, j’étais complètement transporté ! Un Jérémie à la fois viril dominant doux et tendre, des caresses de nombreuses jouissances, difficile d’imaginer à quel point Nico peut être heureux après cet épisode… C’est très touchant de voir Jérémie qui s’occupe à ce point du plaisir de Nico. Il est difficile pour moi d’exprimer ce que je ressens après cet épisode : tout est parfait mais tout va s’effondrer bientôt…
Yann
14/09/2017 15:51
Oh que oui j’ai beaucoup apprécié ! Jerem est définitivement plus le même depuis qu’il s’accepte tel qu’il est dans sa relation avec Nico. C’en est d’autant plus troublant et touchant de voir comment, ce garçon perturbé qui réagissait par la violence à ce qu’il vivait, est devenu si adorable, attentionné et tellement complice de Nico. Cette fusion de leur corps et de leur esprit c’est ce que je trouve le plus beau quand en plus il y a tes mots Fabien pour la faire partager. Ce que je redoute comme probablement d’autres lecteur c’est le drame après l’apothéose. Yann
Laisser un commentaire