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JN01112 Un petit con à casquette (lundi suivant) partie 1

Les nouvelles envie de Jérém.

Les envies de Jérém (troisième du nom).

Lundi 06 août 2001.

Le lundi matin de cette nouvelle semaine de vacances, je me réveille de très bonne humeur, certain que mon bobrun va revenir, aujourd’hui encore. C’est bon de me dire que je suis à l’aube d’une nouvelle semaine d’après-midis de plaisir et de complicité avec mon Jérém.

Je repense à cette pipe de hier après-midi dans la réserve de la brasserie ! Quel culot, ce Jérém ! Je lui tire mon chapeau pour avoir été capable de concevoir sur le pouce un plan diaboliquement excitant. A moins que je ne sois pas le premier à être invité à goûter le « jus du serveur » dans l’arrière-boutique.

Et au final, à bien regarder, qu’importe que je sois le premier ou pas. Je sais que Jérém a eu des aventures, beaucoup d’aventures même, avant moi. Si cette arrière-boutique a été le théâtre d’autres gâteries, l’important c’est que je sois le seul et le dernier à y avoir eu accès, depuis une semaine au moins, et pour longtemps.

Je suis heureux de me dire que s’il a voulu me proposer ce petit moment très sympa, c’est qu’il n’a pas pu attendre de me voir à la pause du lendemain. En clair, il n’a pas pu se passer une seule journée de moi. Quand je pense qu’il n’y a pas si longtemps, il m’aurait incendié rien qu’en me voyant approcher de la brasserie !

Alors, en me réveillant en ce lundi matin, je me sens de très bonne humeur. Et ce, malgré le temps maussade qui persiste sur la ville Rose. quand on est amoureux, le soleil est en nous, c’est un soleil inépuisable qui réchaufferait les glaces de Mars.

Il est 9 heures du mat. En général, mon beau mâle brun se pointe avant 15 heures. Au plus tard dans 6 heures, 360 minutes, il sera là, et je le serrerai contre moi, je le couvrirai de bisous, et je le ferai jouir jusqu’à le rendre fou. Dans mon euphorie, je ne fais même pas cas du fait que le vent d’Autan s’est levé. Et qu’il souffle, il souffle, il souffle.

En début d’après-midi, le faible soleil semble avoir du mal à percer la grisaille. Maman vient de partir au travail et je commence à me demander avec quelle tenue de bogoss mon Jérém va m’assommer cet après-midi. Je l’attends avec impatience, frémissant de connaître les bonheurs sensuels qui seront au menu du jour.

En attendant, je tente d’occuper mon esprit en lisant la suite des « Thanatonautes ». « L’empire des anges » est tout aussi prenant que le tome précédent, toujours aussi inspiré. Je suis complètement absorbé dans la lecture, lorsque la sonnerie de la porte d’entrée retentit dans la maison.

Il est 14h50. A 10 minutes près, j’avais tout bon. Je referme mon bouquin sans même prendre le temps de noter la page, je traverse le séjour comme en lévitation et je me précipite vers l’entrée. Lorsque j’ouvre la porte, je manque de tomber direct à la renverse. Putain, la gifle !

J’ai beau tenter d’accepter, faute de pouvoir l’expliquer, comment tant de bogossitude puisse se trouver concentrée en un seul et unique garçon. J’ai beau me dire, après avoir vu son frère, que sa sexytude est une question de génétique. Ou que la salle de sport, le rugby n’y soient pas pour rien.

A chaque fois, à chaque rencontre, chaque fois que mon regard se pose sur lui, je suis ébahi par un nouvel éclat de cette bogossitude. Un simple regard posé sur Jérém, et je me sens comme pris dans l’araignée impitoyable de son charme. La beauté est un piège que la nature tend à la raison.

Mon Jérém se tient là, devant moi. Mais alors que je m’attendais à le voir apparaître dans sa tenue habituelle – t-shirt bien ajusté, casquette à l’envers, short et baskets, bref, la tenue de p’tit con sexy par excellence – je me retrouve face à un putain de bogoss en chemise, cravate, et pantalon noir. C’est à dire la même tenue habillée dans laquelle je l’ai sucé la veille.

Ah, putaaaaaain ! Je l’ai rêvé, il l’a fait ! J’ai envie de pleurer, envahi par de tant d’émotion. Oui, j’ai envie de chialer, sans savoir d’ailleurs pour quelle raison en premier. A cause de la beauté et de la sexytude de cette tenue, tout simplement. Ou bien pleurer en imaginant les nombreux plaisirs que le simple fait de le débarrasser de cette tenue va me procurer. Ou encore, pleurer pour le fait que ce soit non seulement la première fois qu’il se pointe dans sa tenue de serveur, mais qu’il le fasse pile le lendemain où je lui ai dit.

« Qu’est-ce que tu es sexy avec ta chemise et ta cravate ! ».

Oui, je crois que ce qui me touche le plus, c’est cette attention de mon bobrun. Je lui ai dit que je kiffais sa tenue, et ça n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd !

Encore faut-il connaître les véritables raisons pour lesquelles il en est ainsi, peut-être tout simplement il n’a pas eu le temps de se changer. Evidemment, il est bien tentant de penser que le bogoss l’a fait exprès pour me faire « plaisir », et/ou parce qu’il a flairé qu’il y a moyen d gagner un après-midi carrément torride dans cette tenue.

Jérém est là devant moi, et nos regards s’accrochent. Dans ses yeux, cette étincelle que je lui connais si bien, une étincelle de mâle assuré de son charme. Et aussi ce sourire coquin, insolent, impertinent, allumeur qui crie, qui hurle le sexe. Et qui semble traduire son intention. « Laisse-moi rentrer, je vais te baiser ».

J’ai envie de lui à en crever. Je me décale pour le laisser rentrer. Le bogoss franchit le seuil avec sa démarche souple et conquérante, comme un beau félin mâle avançant dans le territoire qui est désormais le sien.

Je pousse la porte derrière lui, tout en prenant bien soin de la fermer correctement, ce coup-ci.

Je ne lui laisse même pas le temps de se retourner. Je me précipite sur lui, je passe mes bras sous les siens, et je le serre très fort contre moi, je plonge mon visage contre son cou.

J’aime par-dessus tout le contact avec sa peau, mais j’aime aussi le contact avec le tissu fin et doux de la chemise. Je plonge mon visage dans le col, avide de respirer l’odeur de sa peau, impatient de lui faire tous les bisous que je n’ai pas eu l’occasion de lui offrir la veille.

Et pendant que je couvre sa peau de bisous légers et insatiables, je sens sa respiration se faire de plus en plus profonde, ample, apaisée, comme une sorte de doux ronronnement de beau félin brun. Comme s’il trouvait ça à la fois agréable et normal, comme s’il s’attendait tout simplement à ce genre d’accueil. Comme s’il était vraiment en demande de ces câlins et de cette tendresse.

« Tu m’as manqué ! » je ne peux m’empêcher de lui glisser, fou de bonheur.

« Depuis hier ? » se moque le bogoss.

« Tu me manques toujours… ».

Le bogoss essaie de se cacher ça derrière la raillerie, mais je sais qu’il aime que je lui dise ça.

Je passe mes mains dans ses cheveux, je laisse pleuvoir des bisous dans son cou. Et je me laisse aller à mordiller ses oreilles, si belles, si tentantes.

« Non, pas ça, ça va se voir ! » je l’entends rapidement me balancer, tout en pliant brusquement la tête sur le côté pour se dégager de ma bouche.

« Bah, tiens ! Moi aussi ça se voit ! Ma mère me l’a fait remarquer hier ! ».

« De quoi tu parles ? ».

« Les marques que tu me laisses… ».

« Où ça ? ».

« Dans le cou, sur les oreilles… ».

« Fais voir » fait le bogoss, intrigué.

Il se dégage de mon étreinte et me fait me retourner.

« Ah ouaissssss… » il s’étonne, pendant que son doigt passe pile à l’endroit le plus sensible.

« Oui, là » je confirme.

« Il n’y a pas été de main morte le type… » plaisante le bogoss.

Dans le ton de sa voix, j’ai l’impression de sentir comme un soupçon de fierté, comme s’il kiffait l’idée de m’avoir marqué de son sceau.

« Ah, non, il n’y a pas été de main morte ! ».

« Tu lui as dit quoi à ta mère ? ».

« Je lui ai sorti une connerie… ».

« Elle t’a cru ? ».

« Oui, je pense… pourquoi ? ».

« T’as dû le sentir passer le type… » continue le bogoss sans prêter attention à ma question.

« Je ne te le fais pas dire… ».

« Ah ouaisss… Il t’a fait jouir ? ».

« Oh, putain, que oui… il m’a fracassé… ».

« T’as qu’à faire une réclamation… ».

« Ah, non, surtout pas ! ».

« T’as kiffé, alors ? ».

« Jamais un mec m’a retourné de cette façon… ».

« C’est rien par rapport à ce que moi je vais te faire aujourd’hui… » je l’entends me lancer sur un ton de défi, mais un ton amusé.

D’ailleurs, le défi n’est que contre lui-même, ce qui doit le flatter, et pas qu’un peu.

« Je ne sais pas si tu vas y arriver… » je le cherche.

« De quoi ? ».

« A faire mieux que lui… » je le cherche.

« Tu vas prendre cher… » fait-il, en pressant et en frottant sa bosse déjà bien gaillarde par-dessus mon short, pile entre mes fesses.

Le bogoss passe ses bras autour de ma taille, ses mains sous mon débardeur. Elles remontent le long de mon torse. comme guidés par une balise, ses doigts trouvent mes tétons, les pincent, les caressent. Sa langue se pose sur mon cou et glisse sur ma peau, juste en-dessus des marques encore sensibles. Sa barbe frotte, chatouille, excite.

Je suis excité, je suis fou, je bande, j’ai envie de lui. Je sens que je ne vais pas tenir longtemps, je sens que je vais vite me retourner et lui arracher ses fringues. Le fait est que, dans l’état d’excitation qui est le mien à cet instant, je ne donne pas cher de l’intégrité des boutons de sa chemise.

Oui, je crève d’envie de me retourner et de lui sauter dessus. C’est une envie à l’évidence partagée car, alors que mes pieds sont sur le point de pivoter, le bogoss me fait retourner de son propre chef.

Dans son regard, un ordre et une promesse de mâle dominant. « viens, je vais te baiser ».

Le bogoss attrape mon avant-bras et m’attire vers lui. Nos visages sont si proches que je peux sentir son haleine aux arômes de bière et de cigarette, délicieux mélange pour mes narines. Nos lèvres sont si proches qu’il suffirait d’un tout petit geste pour qu’elles se rencontrent.

Mon cœur tape à mille, à dix-mille, ma respiration s’emballe, mon corps tout entier est secoué par un frisson insoutenable. Car oui, pendant une fraction de seconde, je crois vraiment que le bogoss va enfin braver l’inimaginable, m’embrasser de son propre chef.

Pourtant, ce n’est pas ce qui va se produire. Au lieu de cela, ses lèvres attrapent ma lèvre inférieure et la mordillent, la tiraillent. C’est comme s’il réclamait des bisous qu’il ne sait pas aller chercher par lui-même. C’est insupportable. Et adorable en même temps.

J’ai bien compris le message, il va encore falloir que je prenne le commandement des « Opérations Câlins ». Mais alors, ce sera à ma façon. Je dégage mes lèvres de la douce torture de Jérém, je claque un bisou rapide sur les siennes, comme un baiser volé. Le bogoss a l’air surpris, mais il reçoit déjà un autre bisou volé. Il me regarde, amusé. Encore un bisou volé. Un autre, et un autre encore. Je veux le pousser à bout, lui donner envie de m’embrasser à son tour. En attendant, j’adore ce petit jeu. Et il a l’air d’adorer lui aussi. Il a l’air amusé.

« Tu kiffes ? » je lui balance en le regardant droit dans les yeux.

« Vite fait… ».

« Tu peux m’embrasser aussi, c’est pas interdit ! ».

« Je n’embrasse pas… je baise… ».

Parfaite réponse de petit con premium.

« Et tu fais ça divinement bien… mais j’aimerais vraiment que tu m’embrasses aussi… ».

Et là, je le vois s’élancer vers moi. Ses bras m’attirent à lui, mon torse est percuté par le contact chaud et musclé de ses pecs. Puis, pendant qu’il commence à mordiller mon oreille, je sens une de ses mains se glisser à nouveau sous mon débardeur. alors que l’autre tente de faire tomber ma chemisette. Je crois bien que le bogoss est en train de tenter de faire diversion.

Mais il ne m’aura pas comme ça. Je prends sacrement sur moi, mais j’arrive à le repousser.

« Fais-moi un bisou, avant… ».

« Fais pas chier ! ».

« Allez, un bisou… et après je vais te faire jouir comme un fou… ».

« Suce… ».

« Un bisou d’abord ! » j’insiste.

« Tu me gonfles… ».

Le bogoss vient de prononcer ses mots sur un ton excédé dans lequel j’ai du mal à distinguer où s’arrête le véritable agacement et où commence la mauvaise foi. Mais, un instant plus tard, il me claque un bisou rapide et percutant comme une gifle.

« T’es content ? ».

« C’est un bon début mais peut mieux faire… et pour y parvenir, il faut de l’application et de l’entraînement… ».

« Tu rêves ! ».

Le bogoss se jette une nouvelle fois sur moi, m’arrache la chemisette d’un geste prompte et adroit.  Il soulève mon débardeur et il s’attaque à mes tétons.

Oui, il fait encore diversion. Mais à ce stade, je ne peux plus lui résister. Le fait est, qu’il caresse l’une des parties les plus érogènes de mon anatomie. Dès lors, je ne peux rien faire d’autre que me laisser faire, me laisser porter, laisser libre cours à mes envies.

Alors je l’embrasse, avec l’urgence de mon désir, de ce désir bouillonnant dans chacune de mes fibres et criant à l’union sensuelle avec cette bombasse de mec.

Je porte ma main sur sa braguette, je tâte la raideur de sa poutre à travers le tissu souple de son pantalon noir. Je la sens, je la reconnais. Elle a vraiment envie que je m’occupe d’elle.

Une envie qui trouve écho dans les gestes précipités du bogoss. Ses mains fébriles se portent sur le nœud de sa cravate. Non, je ne peux pas lui laisser faire ça.

« Non, laisse-moi faire ! » je lui balance sur un ton à la fois ferme et désespéré, à mi-chemin entre un ordre et une supplication, alors que mes mains se pressent pour arrêter les siennes.

« C’est moi qui vais le défaire » je précise, devant son regard surpris.

Je ne sais pas faire un nœud de cravate, mais alors le défaire, sur mon Jérém, je pense que je vais m’en sortir comme un champion.

C’est pourtant d’une façon plutôt gauche que je cherche à déboucler le nœud serré. Les mains moites, tremblantes d’impatience, rendent mes mouvements terriblement maladroits.

« Tu t’y prends comme un pied… » fait le bogoss amusé.

Putain… quand j’étais petit, j’étais champion de Rubik’s cube. Et là je n’arrive pas à résoudre un Jérém’s tie !

Je suis pressé par le temps, je sens que le bogoss est en train d’envoyer ses mains à la rescousse. Mais la petite bande de tissu finit par se défaire sous mes doigts affolés.

Je commence à la faire glisser autour du col de la chemise. Mais très vite, je me ravise. J’attrape l’autre bout, je rééquilibre des deux côtés et je laisse pendouiller les deux longueurs de part et d’autre de son cou, sur les pans de tissu encore boutonnés.

Une « urgence » chassée, une autre se profile aussitôt à l’horizon. Je vois ses mains impatientes s’attaquer au deuxième bouton de la chemise. Mes mains repartent à l’assaut des siennes, les bloquent dans leur élan. Mes muscles tentent de contrer la puissance des siens. Je le regarde droit dans les yeux.

« Attends un peu, ne sois pas si pressé ! » je lâche.

Ça me va bien de dire ça, alors que je suis, moi, plus que pressé. Pressé de voir sa plastique de dingue, pressé de sentir les bonnes odeurs retenues par le tissu léger, pressé de voir si ses poils ont eu la chance de pousser ou s’ils ont été fauchés par un rasoir impitoyable.

Le bogoss semble d’abord me résister. Je m’approche un peu plus de lui, je souffle dans son cou, pile sur son petit grain de beauté, dans le petit V ouvert en haut de sa chemise, grâce au premier bouton défait. Je sens alors la tension de ses muscles cesser presque d’un coup. Mes mains peuvent lâcher les sienne et partir s’occuper des boutons encore attachés.

Le tissu de la bande verticale est doublé et assez rigide, et les petites fentes sont étroites. Le petit bouton glisse entre mes doigts affolés, je dois m’y reprendre plusieurs fois rien que pour défaire ce premier petit verrou d’une belle série me séparant du bonheur d’accéder à son torse.

En m’attaquant au bouton suivant, je me rends compte que je ne suis pas au bout de mes galères. Le désir m’embrase, et mes doigts flageolants ne m’aident pas. Je dois vraiment m’y prendre comme un manche. Je commence à transpirer comme un malade. Je sens le bogoss s’impatienter et se marrer.

« Tu trembles… » il s’amuse, pendant que je me bats toujours avec ce bouton récalcitrant. Et il continue, pour se payer ma tête, en reprenant ma phrase de petit allumeur « je ne suis pas sûr que tu vas y arriver… ».

« Si, je vais y arriver. je pourrais faire sauter n’importe quel verrou pour te foutre à poil ».

« C’est tout toi, ça… ».

« Plains-toi… ».

Le bogoss rigole sous la moustache.

« Mais ce sont des boutons anti viol ou quoi ? » je fais, toujours en galère.

« Je vais t’aider… » fait le bogoss.

Et là, joignant le geste à la parole, il renvoie ses doigts agacer mes tétons par-dessus le tissu de mon débardeur. Geste extrêmement plaisant, certes, mais assurément pas le plus apte à m’aider dans ma tâche déjà bien difficile.

« Tu m’aides pas du tout… ».

« Mais si… ».

 « Ah, putain… c’est pas volé ! » je lâche lorsque ce maudit bouton cède enfin.

« Un bogoss comme moi, ça se mérite… » il me glisse.

« Petit con, va ! ».

Après l’effort, le réconfort, c’est l’adage qui le dit. Alors, après avoir crocheté les deux premiers verrous de ce coffre-fort de bogoss, je décide de m’offrir une petite pause bien méritée. Je ferme les yeux et j’attrape les deux bouts du col de la chemise et je les écarte, tout en plongeant mon nez et mes lèvres à l’intérieur.

La première sensation qui monte à mon cerveau, fait vriller direct mes neurones. Ce sont les effluves de mec qui se dégagent de sa peau chaude. Un mélange à la fois de propre et de bon, de douche et de peau, de déo et de mec. Un mélange bien brassé au fil des heures dans l’espace clos d’une chemise élégante.

Et lorsque le bout de mon nez et mes lèvres atterrissent enfin sur sa peau, dans la vallée entre ses deux pecs rebondis, ils trouvent un comité d’accueil de rêve. C’est avec un bonheur immense que je retrouve les mailles de sa chaînette de mec posées sur une surface où la nature semble bel et bien continuer à reprendre ses droits. Je suis tout simplement fou. Et mes yeux réclament déjà leur part de bonheur. Ainsi, je m’éloigne un peu pour contempler le spectacle.

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!! Contrairement à ce qu’il avait annoncé samedi, le bogoss n’a pas rasé ! Le CSPB, le « comité pour la sauvegarde du poil de bogoss » dont je suis membre honoraire, est très satisfait !

 « T’as pas rasé finalement ! » je ne peux m’empêcher de lui notifier.

« Bah, non… ».

« C’est juste magnifique ! ».

« Si tu le dis… ».

« Merci d’avoir laissé pousser ! ».

« J’ai eu la flemme de couper… ».

« Laisse pousser juste une fois jusqu’au bout, tu pourras toujours couper plus tard si vraiment ça te plaît pas… ».

« On verra… ».

Mais déjà ma langue se délecte de ce contact doux et agréable, rassurant et masculin. Mon Jérém frissonne. Je sniffe une dernière bouffée d’odeur de torse de bogoss et je reviens terminer mon casse. Je m’attaque au bouton suivant, alors que ses mains se faufilent à nouveau sous mon débardeur.

Contre toute attente, ce nouveau verrou se montre un peu plus coopératif.

Plus que trois étapes avant d’accéder à la salle du trésor. Ou, plutôt, au chemin du trésor, cette belle ligne de poils qui descend de son nombril et qui porte si bien le nom de chemin du bonheur.

Bouton suivant, quelques difficultés, mais rien d’insurmontable. Plus que deux.

Une nouvelle pause s’impose. Pause au cours de laquelle mes mains se faufilent sous le tissu, caressent ses pecs, agacent ses beaux boutons de mec bien saillants, tâtent la puissance de sa musculature. Pause au cours de laquelle mes doigts écartent grand les deux pans de la chemise, pendant que mes lèvres, ma langue et mon nez se baladent à volonté, caressent, lèchent, hument insatiablement sa peau mate, chaude, parsemée de petits poils doux, adorables.

Le bogoss n’a même plus l’air pressé. Au contraire, il semble adorer ces petits préliminaires.

En cherchant à faire sauter à l’aveugle les deux derniers boutons de la chemise, mes doigts effleurent au passage l’alignement diabolique des petits poils reliant son nombril à sa queue, ainsi que l’élastique de son boxer qui dépasse légèrement du pantalon.

Un jour, je me suis dit qu’il n’y a pas plus beau spectacle que celui de voir un bogoss ôter son t-shirt. Un autre jour, j’ai trouvé que voir mon bobrun ôter son t-shirt en vue de l’amour, avec moi, c’était vraiment le top. Le lendemain, j’ai trouvé qu’en fait, le chef d’ouvre absolu c’était le fait d’ôter moi-même le t-shirt de mon bobrun avant l’amour.

En cet instant, je me rends compte qu’il faut que je revienne une nouvelle fois sur mon échelle de valeurs. En fait, je réalise que le meilleur des spectacles, un spectacle tout simplement divin, c’est celui qui s’intitule. « Ouvrir lentement la cravate et la chemise de mon bobrun en vue de l’amour ».

Insatiables, mes doigts continuent sur leur lancée. Ils défont sa ceinture, sa braguette, font glisser son pantalon et son boxer le long de ses cuisses.

Je suis à genoux devant lui, en train de le pomper avidement, les yeux rivés sur ses pecs et ses abdos finement poilus qui se dévoilent au gré des ondulations des pans de sa chemise, au fil de ses coups de reins se combinant dans une chorégraphie parfaite avec mes va-et-vient fougueux.

Les yeux rivés sur les deux bouts de sa cravate noire qui pendouillent de part et d’autre et qui s’agitent eux aussi, comme un compteur mesurant l’intensité de nos plaisirs.

« Viens, on monte… » fait mon Jérém à un moment, tout en dégageant sa queue de ma bouche, en remontant son boxer et son pantalon, et en prenant le chemin de l’escalier devant moi.

Je suis intrigué par ses mots, curieux de ses intentions. Pourtant, une fois encore, ce qui me touche le plus, c’est son attitude, son aisance, comme s’il était vraiment chez lui.

J’ai tout juste le temps de refermer la porte de la chambre, que déjà le bogoss tombe sa chemise, défait la ceinture et le bouton de sa braguette. Puis s’immobilise et me regarde fixement.

Une fois de plus, je vois en lui l’attitude du mâle qui, pour me soumettre à ses envies, n’a rien de plus à faire que me regarder et défaire le bouton de sa braguette. Exactement comme il le fait.

C’est pourquoi, un instant plus tard je suis à nouveau à genoux devant sa virilité conquérante.

Et c’est pile à cet instant que la sonnerie de la porte d’entrée retentit dans la maison. Avide de donner du plaisir à mon bobrun, je décide de ne pas y prêter attention. Ça doit encore être cette cassecouilles de voisine, pas question que ses conneries me détournent de ce moment de bonheur. Oui, tout peut attendre, ou presque, face à l’urgence de sucer mon bobrun.

Hélas, ça sonne à nouveau, et de façon plus insistante.

« Merde… » je laisse échapper, me souvenant soudainement que maman m’a donné pour consigne de ne pas rater le facteur, car elle attend un recommandé important.

Me voilà contraint à l’inimaginable, quitter la queue de mon mâle brun.

Je passe la tête par la fenêtre et je vois le facteur qui s’apprête déjà à garnir l’avis de passage.

« Bonjour, je lui lance… ne partez pas, j’arrive… ».

Me voilà contraint à l’impardonnable, laisser mon Jérém en plan, la queue tendue en l’air, ce qui me frustre horriblement. Avant de descendre, je prends une nouvelle fois rapidement sa queue entre mes lèvres, je l’avale jusqu’à la garde. Je le sens gémir de plaisir.

« Bouge pas, je reviens… tu perds rien pour attendre ! ».

« Celle-ci, on ne me l’avait encore jamais faite… » se marre Jérém.

« Tu ne perds rien pour attendre ! » je lui lance, taquin et canaille, pendant que je passe la porte de la chambre.

Je descends les escaliers quatre à quatre, je signe le reçu. j’attrape l’enveloppe, je la balance sur le meuble à l’entrée. Je remonte les escaliers tout aussi vite, je fonce dans la chambre.

Et là, une nouvelle, puissante claque visuelle m’attend. Pour le coup, c’est moi qui n’ai rien perdu pour attendre.

Le bogoss est assis sur ma chaise de bureau, installé à côté de la fenêtre, en train de fumer une cigarette. Assis, ou plutôt mi-allongé, le dos incliné sur le dossier, tout pecs et abdos saillants, le bassin bien en avant, les cuisses musclées écartées, une jambe nonchalamment allongée, l’autre plié. Son poignet droit, lorsqu’il n’est pas à proximité de ses lèvres pour lui permettre d’inspirer sa dose de nicotine, se pose sur l’accoudoir. Ainsi, la main droite retombe négligemment sur l’avant, tenant la cigarette fumante.

Pendant mon absence, le bogoss en a profité pour se débarrasser de tout vêtement. Ou presque. En effet, une casquette rouge, la mienne, qu’il a attrapée sur l’étagère, cache une partie de son anatomie. Ma casquette est accrochée à sa queue. Elle n’a jamais connu de si bel appui.

Le petit con me regarde fixement, la tête légèrement penchée sur la droite. Il affiche ce regard de tueur sexy qui pue le sexe, l’air fier de sa trouvaille, une attitude qui est pure provoc. « Alors, mec, t’as envie d’enlever la casquette, hein, tu veux voir ce qui se cache dessous ? ».

Puis, son petit sourire se vraiment canaille, son attitude furieusement insolente, lorsque ses doigts glissent dans les cheveux et les ramener vers l’arrière.

Putaaaain de p’tit mâle allumeur, provocant, effronté, exhibant ce physique de p’tit con à hurler !

Son attitude toute entière est un appel clair et irréfutable à aller le sucer sans autre forme de procès.

Ça ne rate pas. Je sens instantanément monter en moi une puissante, brûlante, déchirante envie d’être à ses genoux. Envie furieuse de coller mon front à ses abdos, soumis à ses coups de reins de p’tit mec ne pensant qu’à son plaisir. Envie sauvage de procurer à ce corps de p’tit mâle parfait le plaisir le plus parfait qui soit, celui qu’il mérite. Envie de le faire rugir son orgasme.

Je m’approche de lui, je me glisse entre ses cuisses, impatient de faire voler la casquette. Je tente de la dégager, mais ses doigts la retiennent fermement.

De plus en plus impatient de lui faire plaisir, j’attrape la visière pour découvrir sa queue. Mais ses doigts s’emploient toujours pour m’en empêcher. Le bogoss semble avoir envie d’autre chose.

Je n’insiste pas, j’attends de connaître ses intentions. Un instant plus tard, ses doigts font reculer un peu la toile, en découvrant l’arrondi de ses couilles.

Voilà ce qu’il veut. Alors, je ne vais pas me faire prier. Je pousse un peu plus la casquette, je découvre entièrement ses bourses, jusqu’à la naissance de sa queue. Et je me délecte à humer et à lécher ses couilles, comme il se doit, lentement, doucement.

Le bogoss semble vraiment apprécier, je le sens de plus en plus excité. Preuve en est que, dans la foulée, c’est lui-même qui balance la casquette, et il commence à se branler.

Je porte ma main à la rencontre avec la sienne, demande silencieuse de prendre sa place. Une demande qui est satisfaite sans vraiment opposer de résistance.

Je saisis fermement son manche entre mes doigts. c’est tendu, doux, chaud, puissant, ça remplit ma main et ça me fait un bien fou. J’entreprends de le branler lentement. Lorsque je le reprends en bouche, Jérém a un sursaut d’excitation.

Je le pompe et je sens sa respiration s’accélérer, devenir de plus en plus bruyante.

Je le pompe et, très vite, je sens son corps se raidir sous la vague puissante de l’orgasme.

Je le pompe et j’accueille avec bonheur les quelques bonnes giclées puissantes de son pur nectar de mec.

Lorsqu’il revient à lui, le bogoss s’abandonne de tout son poids sur le dossier de la chaise, cherchant l’inclinaison maximale, tête vers l’arrière, l’air repu et épuisé. J’adore sentir que je l’ai rendu fou de plaisir. Je m’assois par terre, entre ses jambes, j’appuie ma tête contre sa cuisse.

Le bogoss attrape son paquet de cigarettes, qu’il a laissé sur le radiateur à côté de la fenêtre et il en extirpe une un peu spéciale. Il la glisse entre ses lèvres et tente de l’allumer. Mais il doit s’y reprendre encore et encore. Car c’est le genre de cigarette qui ne prend pas tout de suite. Lorsqu’il arrive enfin à la démarrer, une épaisse fumée blanchâtre s’en dégage, à l’odeur si typique. Le bogoss en tire une longue taffe. Puis, pendant qu’il l’expire lentement, il porte le tarpé sous mon nez.

Si j’accepte son invitation, c’est plus pour ne pas refuser ce partage que pour une réelle envie de planer. La présence de mon bobrun me fait bien assez planer, sans besoin d’en rajouter. Je tire une petite taffe, j’expire à mon tour et je le lui rends. Le bogoss recommence, il tire dessus deux ou trois fois et il me tend à nouveau le bout fumant.

Je prends une nouvelle inspiration, plus profonde cette fois-ci. La fumée brûlante envahit mes poumons. En vrai, je lui trouve un gout de chiottes. Je tire une deuxième taffe pour faire genre et je passe à nouveau le tarpé à mon Jérém. Il tire dessus une nouvelle fois.

Et là, l’air de rien, ses doigts se posent sur mes cheveux, les caressent doucement. Tout se passe en silence, mais tout semble si limpide entre nous à cet instant.

« Merde, ça s’est éteint… » je l’entends pester.

« Tu reprends à quelle heure ? » je me renseigne.

« J’ai le temps… pas avant 18 heures… ».

« T’as une longue pause aujourd’hui, c’est cool… ».

« Ouais, c’est cool ».

« Viens sur le lit avec moi » je lui lance.

Un instant plus tard, je le regarde approcher, grimper sur le matelas, se faufiler entre mes jambes.

« Viens sur moi… » je le guide.

Jérém semble d’abord hésiter. Puis, il finit par s’allonger sur moi. Son bassin glisse sur le mien, sa queue frôle la mienne. En appui sur ses bras, les mains plantées sur le matelas d’une part et d’autre de ma tête, sa chaînette pendouillant au-dessus de mes pecs, le bobrun me regarde droit dans les yeux.

« Tu veux que je te baise comme ça ? ».

« Allonge-toi, j’ai envie de te sentir contre moi… ».

Jérém semble s’impatienter. Pourtant, il finit par fermer les yeux et se laisser glisser complètement sur moi, son torse épousant lentement le mien.

Je porte une main dans son dos, je le serre fort contre moi. Je porte l’autre sur son cou. Je sens sa tête glisser dans le creux de mon épaule. Je pose des bisous dans son cou.

« Je suis tellement bien là… » je lui chuchote à l’oreille.

« Je croyais que tu voulais te faire défoncer… ».

« Aussi ! Mais c’est tellement bon de te sentir contre moi… ».

Nous restons ainsi enlacés pendant un long moment.

Les bruits qui montent par la fenêtre ouverte, le vacarme de la circulation dans la rue, les quelques bribes de conversations perdues sur le trottoir, m’arrivent comme étouffés. Tout comme la caresse du vent d’Autan qui fait bouger les rideaux et effleure nos peaux.

Oui, les bruits ordinaires du quotidien se mélangent à l’extase d’un moment de tendresse qui n’appartient qu’à nous deux, à l’insu de toutes ces gens qui s’agitent dehors, tout en étant à des années lumières de s’imaginer que, à quelques mètres d’eux, deux garçons sont en train de se faire du bien, vraiment du bien.

C’est beau d’être emporté au point de se dire que le monde peut se déchirer dehors, et cela ne nous concerne pas, car nous sommes bien à l’abri. Mieux que ça, nous sommes carrément seuls au monde, seuls avec notre bonheur qui nous fait sentir forts, en sécurité, ce bonheur qui seul sait nous apporter la présence de l’être aimé, cette présence et ce bonheur qui nous suffisent en tout et pour tout.

Une dernière pipe avant de repartir au taf ça ne se refuse pas. Je m’installe sur le flanc, je commence à le sucer par le côté. Et je trouve cette position bien agréable.

Au gré de nos mouvements, nous finissons par nous retrouver en position tête bêche l’un par rapport à l’autre. Et là, je sens sa main attraper ma queue et commencer à la branler lentement. Puis, quelque chose d’inattendu se produit. Quelque chose d’insensé. Je ressens un étrange contact sur mon gland, comme une caresse légère, une caresse chaude et humide. Une caresse qui se répète une fois, deux fois, trois fois.

Me voilà incrédule, abasourdi en essayant de tenter de comprendre ce qui est en train de se passer. Je suis tellement sonné que je tourne instinctivement mon regard. Et là, je vois mon Jérém, le visage tout proche de mon gland, sur le point de me reprendre dans sa bouche.

Comme happé par mon mouvement, son regard se tourne presque instantanément vers le mien. Pendant un infime instant, ses yeux sont ceux d’un enfant qui s’est fait choper avec la main dans le pot de confiture. Comme un enfant, sa réaction est la fuite. Son regard se décroche du mien, comme pour le fuir. Sa main quitte ma queue, le bogoss se laisse tomber lourdement sur le matelas.

C’est là que je réalise que, happé par la surprise, et sans m’en rendre compte, j’ai arrêté de le sucer.

Je me sens gêné, je sens mon Jérém gêné, je panique. Tout ce qui me vient à l’esprit à cet instant c’est qu’il me faut trouver quelque chose pour faire cesser ce malaise, faute de pouvoir l’effacer. Je le reprends en bouche et je recommence à le sucer, comme si de rien n’était.

Peine perdue. La magie de l’instant est rompue. Très vite, le bogoss tend ses abdos, relève son torse. Sa queue quitte ma bouche, ses mains m’attrapent, me font tourner sur le dos. Un instant plus tard, il atterrit à califourchon sur moi. Il attrape un coussin, le glisse sous ma tête. Ses gestes sont fermes, rapides.

Sa queue vient entre mes lèvres. Je la laisse rentrer et commencer à me baiser la bouche. En appui sur ses genoux, le bogoss se tient bien droit, ce qui a pour effet de faire ressortir ses pecs de façon plutôt spectaculaire. Ses va-et-vient sont amples, puissants. Comme s’il cherchait le chemin le plus court pour l’orgasme. comme s’il voulait réaffirmer son statut de petit macho actif pur et dur, comme pour effacer ce petit moment de faiblesse qu’il regrette déjà.

Mais putain, Jérém ! Pourquoi c’est si difficile d’assumer tes envies ?

Oui, la magie de l’instant est bel et bien rompue. Mais ce qui me fait le plus peur c’est de sentir au fond de moi que ce n’est pas que la magie de cet instant qui risque d’être compromise. Je suis happé par l’angoissante sensation que ce petit « accident » puisse être de taille à remettre en question plein de choses, et notamment toutes les avancées des derniers jours.

Quelques bons coups de reins, et de nouvelles giclées chaudes se répandent dans ma bouche. Avec cette attitude que je trouve, en revanche, pas du tout rassurante.

Un instant plus tard, le bogoss s’abandonne sur le lit à côté de moi, en position demi assise, les épaules appuyées à la tête de lit, la respiration haletante, les pecs et les abdos ondulant au gré des mouvements de son diaphragme. J’ai terriblement envie de le serrer dans mes bras. Cependant, son regard perdu dans le vide, son silence insistant, m’en dissuadent.

Le bogoss attrape le bout de son tarpé sur le radiateur et le rallume. Il tire dessus plusieurs taffes, sans plus m’en proposer. Alors, c’est moi qui lui en demande.

« Je peux tirer un dernier coup ? ».

J’ai envie de retrouver un peu de notre complicité de tout à l’heure.

Le bogoss tire une dernière fois dessus, avant de me tendre un chichon désormais réduit à sa plus simple expression.

« Je dois y aller… » je l’entends alors lâcher froidement.

« Déjà ? ».

« Il est 17h40… » il me fait remarquer, sur un ton presque agacé.

Jérém s’arrache du lit et passe ses vêtements. Ses chaussettes, puis le boxer blanc. Un instant plus tard, il est déjà en train de fermer sa braguette et de boucler sa ceinture, comme un rideau qui tombe lourdement sur la scène de nos ébats fougueux et complices.

Il attrape sa chemise par le col, enfile une manche puis l’autre. Une seconde plus tard, les pans atterrissent en douceur de part et d’autre de son torse sculpté. Il remonte le col, y glisse la cravate défaite. Il attrape son portable, son paquet de cigarettes, les fait disparaître dans ses poches.

J’ai tout juste le temps de passer un short que déjà il s’apprête à quitter de ma chambre, sans me regarder, en me lançant un « Bye » laconique.

Il repart la chemise encore ouverte, le col remonté et deux bouts de la cravate pendouillant de chaque côté de son cou, comme un mannequin dans une pub pour un parfum de marque. Mais aussi, comme s’il était pressé de quitter ma chambre, et ma compagnie.

Je le suis dans les escaliers, torse et pieds nus. Je ne veux pas qu’il reparte comme ça. Je sens que ça ne va pas. Je sens que dans sa tête, ce petit truc auquel il s’est laissé aller, ça le tracasse. Je dois trouver le moyen d’« arranger » ça. J’ai besoin de savoir que demain il reviendra me voir.

Nous sommes désormais dans l’entrée.

« Et merde ! » je l’entends pester, lorsqu’il réalise qu’il a fermé sa ceinture sans passer la chemise dedans. Erreur de petit con, trop habitué au concept vestimentaire du t-shirt, permettant de passer le bas tout en laissant le torse nu le plus longtemps possible. C’est d’ailleurs son habitude, en se rhabillant, de couvrir son torse en dernier.

« Jérém attends… » je tente de le retenir.

« Quoi ? ».

Ça m’arrache le cœur de voir que son visage a perdu ce beau sourire incandescent des derniers jours. Je le sens impatient de partir, et je ne veux pas qu’il parte comme ça.

Je m’approche de lui, j’écarte les pans de sa chemise toujours ouverte, je le prends dans mes bras, je cherche le contact magique de son torse musclé, à la peau douce et bien chaude.

« Viens là… » je tente de l’apaiser en le serrant fort contre moi.

« Allez, Nico, il faut que j’y aille ! » fait le bogoss en se dégageant de mon étreinte.

Oui, son torse est bien chaud. Mais Jérém, lui, est froid et distant. Mais putain, non ! Tout ce que nous avons vécu depuis une semaine, ça ne peut pas se gâter comme ça à cause d’un début de pipe : Ce n’est pas possible !

C’est avec une tristesse et une angoisse grandissantes que je le regarde défaire à nouveau sa ceinture, sa braguette, que je revois le boxer blanc refaire une dernière, petite apparition.

Je le regarde fermer sa chemise, bouton après bouton, avec une vitesse et une aisance qui font écho par contraste avec la maladresse avec laquelle j’ai galéré à les défaire deux heures plus tôt.

Je le regarde passer sa belle chemise dans le pantalon, refermer une nouvelle fois la braguette, sa ceinture.

Je regarde ses doigts adroits combiner les deux bouts de la cravate pour réaliser un nœud parfait, le tout en une poignée de secondes, avec une assurance totale.

Je le regarde finir de s’apprêter, devant le miroir de l’entrée. Le col rabattu, le premier bouton ouvert, le nœud un peu desserré, le bogoss passe ses doigts dans les cheveux pour les ramener vers l’arrière.

Le voilà prêt à l’emploi, classe et sexy à la fois, impeccable. Nos regards ne se croisent plus. Visiblement, le sien évite le mien.

Je le regarde glisser une cigarette entre les lèvres et poser la main sur la poignée de la porte d’entrée. Il me manque déjà.

« Jérém… » je tente de le retenir une fois de plus, désespérément, en l’attrapant par le bras.

« Quoi ?! » il se montre agacé.

« C’est trop bon ce qu’on vit depuis une semaine… je… je… je suis tellement bien avec toi :

Des mots qui resonnent dans ma tête et dans mon cœur avec la même intensité que si je lui avais dit « Je t’aime ».

C’est un cri du cœur qui me laisse vidé de toute énergie, la poitrine qui tape à tout rompre, la respiration coupée. C’est un cri qui n’a d’écho que dans le silence assourdissant de son destinataire.

Les secondes s’enchaînent et son silence devient vraiment malaisant.

« Tu ne dis rien ? » je tente de le titiller.

« Je dois y aller… ».

« C’est tout ? … Je dois y aller ? » je m’emporte.

« Ouais, je dois y aller… » fait-il en mode disque rayé.

Un bobrun en mode disque rayé est un bobrun qui est en train de se refermer sur lui-même.

« On se voit demain ? » je tente de me rassurer.

Je voudrais tant entendre en guise de réponse cet « On verra », accompagné d’un sourire charmant, comme la promesse inavouée de nos retrouvailles. Je voudrais tant retrouver cette réponse et ce sourire magique auxquels il m’a habitué depuis quelques jours.

Mais ce sourire, hélas, a disparu.

« J’en sais rien… » je l’entends lâcher, le regard fuyant, avant d’ouvrir la porte pour de bon et de se jeter dans le mouvement de la ville.

La dernière image que je retiens de mon bobrun à la fin de cet après-midi, est celle de son regard crispé. Il ne me reste qu’à le regarder s’éloigner avec sa démarche bien mec, jusqu’à ce qu’il disparaisse au détour d’une traverse.

Je regarde mon Jérém s’éloigner dans la rue, et j’ai l’impression de le voir s’éloigner de moi à nouveau, de me fuir.

Le vent d’Autan a encore augmenté d’intensité, et des nuages très sombres, annonciatrices d’orage, s’amoncellent sur la ville Rose. Je sens une profonde tristesse s’emparer de moi.

Commentaires

ZurilHoros

05/07/2020 20:24

Presque aussi bien que le précédent (je parle du kif en lui-même). Le ton est léger et tu arrives à faire passer l’idée que Jérémie se laisse faire avec un mélange d’envie, de réticence, d’agacement et de jeu. Nico s’est modéré et c’est tant mieux, on aurait pu craindre qu’il déborderait. Du coup, ça n’en est que plus troublant et intéressant à lire. Jérém ne rend pas la vie facile à Nico, mais il ne se la rend pas facile à lui non plus. 

Yann

16/07/2017 11:45

Aller un adjectif au hasard parmi ceux déjà si souvent utilisés ADMIRABLE ! L’amour c’est tellement beau car c’est bien d’amour qu’il s’agit. Et surtout quand c’est si bien décrit et raconté. Comment une si belle histoire peut-elle finir alors que Jerem s’investit de plus en plus dans cette relation qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il imposait à Nico au début qu’ils se voyaient et pour son plus grand plaisir.

Depuis 2010, la Queer Palm est un prix alternatif qui, au cours du Festival de Cannes, récompense un film aux thématiques LGBTQIA+.
Deux films sont à retenir dans la sélection 2025.

En 2024, le jury, avait remis son prix au film roumain Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emanuel Pârvu.

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Tu peux aider Fabien à écrire ses histoires !

Deux méthodes possibles :

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Merci FanB pour tes corrections et ton aide précieuse.

Merci Yann pour les graphismes du site et ton soutien.

Merci aux mécènes de tout temps, et en particulier à Cyril et Virginie, dont le soutien perdure depuis 2016.

Merci à vous tous pour votre fidélité et vos commentaires.

L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

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