JN01106 Un petit con à casquette (mercredi)
« Putain, qu’est-ce que c’est bon… ».
Mercredi 01 août 2001.
Le sexe avec mon bobrun est le genre de gourmandise dont je ne me lasse pas. C’est comme une boisson sucrée et pétillante, comme un bonbon qui pique en bouche, on en devient vitre accroc. Car, après chaque prise, notre gourmandise ne se calme pas, mais elle se fait de plus en plus forte et impérieuse.
Le temps passe si lentement pour celui qui attend. Les heures semblent ralentir à l’approche d’un rendez-vous très attendu. Et a fortiori, lorsqu’il s’agît d’un rendez-vous avec le garçon capable de faire battre fort votre cœur et d’embraser vos sens d’un simple regard. Et lorsque ni l’heure ni même la certitude de ce rendez-vous ne sont acquises, le temps semble carrément se figer.
15h35. Je suis au rez-de-chaussée, affalé dans le canapé du séjour. Je dévore « Les Thanatonautes », une histoire est aussi farfelue que captivante. Ça m’occupe l’esprit et me change les idées. J’adore cet auteur toulousain depuis la trilogie des fourmis. Et je suis toujours autant conquis par son écriture.
C’est le bruit de la sonnette, tel un réflexe pavlovien, qui m’arrache à ma lecture.
Le bouquin tombe lourdement sur la table basse sans même que j’aie pris le temps de marquer la page. Je dois me faire violence pour ne pas me précipiter sur la poignée de la porte d’entrée. Difficile, lorsqu’un simple coup de sonnette suffit pour que mon cœur se mette à battre la chamade, pour que mes mains deviennent moites, pour que ma respiration s’accélère, pour que la tête commence à tourner comme un tambour de machine à laver en mode essorage, pour que tout on corps crie à l’accouplement avec ce putain de jeune mâle !
J’ouvre la porte et mon bobrun se tient là, pile devant moi. Je me trouve nez à nez avec lui, et j’en suis surpris. Je prends une claque en pleine gueule. Je crois que j’ai même un réflexe de recul.
Arès la tenue rouge de lundi, la tenue blanche de mardi, voici la tenue noire du mercredi !
Ce garçon est un bonheur visuel sans commune mesure. Et il est là pour baiser avec moi. C’est tout bonnement vertigineux.
« Tu me laisses rentrer ? » je l’entends me balancer alors que le système d’exploitation de mon esprit a buggé en s’essayant à une tâche qui dépasse toutes ses ressources système, une tâche qui se lance pourtant toute seule « au démarrage », lorsqu’un bogoss est détecté.
Non, on ne captera jamais entièrement toute la bogossitude d’un aussi absolu bogoss, il faut s’en faire une raison. Et pourtant, je ne peux m’en empêcher de m’essayer à cette entreprise vouée à l’échec. Je prolonge cet instant de contemplation pour essayer de graver à tout jamais en moi son incroyable beauté présente.
Le bogoss me regarde, il sourit. Il sait à quel point j’ai envie de lui. Et je sens que non seulement ça lui plaît bien, mais que ça lui fait de plus en plus d’effet. C’est grisant.
« Oui, rentre… » je finis par lui répondre en me décalant pour le laisser passer.
Le bogoss pénètre une fois de plus chez moi. La gifle olfactive de son déo de mec vient faire vibrer mes narines et embrumer un peu plus mon cerveau.
Dans ma chambre, je chauffe, je brûle, je flambe, je ne tiens plus en place. Devant son boxer rouge feu à l’élastique blanc, je suis comme un petit taureau déjà bien chaud devant lequel on agite une muleta.
Emporté par la tempête des sens, je me glisse sur lui, je lèche ses pecs, je suce, je mordille doucement ses tétons, l’un après l’autre. Mes mains glissent sur ses pecs, descendent sur ses abdos, décollent l’élastique du boxer, se faufilent dans l’enveloppe de coton et saisissent le manche raide et chaud qui n’attend que ça, être saisi. Sensation magique, ma main remplie de cette queue désormais si familière, ce sexe qui est un mélange parfait de douceur et de puissance.
Je saisis, j’empoigne, je branle. Je me redresse un peu, je l’embrasse dans le creux de l’épaule, je remonte le long de son cou, suivant le développement de son nouveau tatouage. J’arrive à son oreille, je la mordille. Le bobrun frissonne de plaisir.
Nos torses se frôlent, se caressent, s’excitent. Mon t-shirt est une entrave qui n’a pas de raison d’être. Et le bobrun semble être du même avis.
« Enlève le t-shirt ! » il me souffle.
Un instant plus tard, mon t-shirt a volé, je ne sais pas où. Je reviens alors contre lui, torse contre torse, je laisse ma bouche se perdre dans ce Paradis plastique fait de courbes parfaites, de reliefs et de dépressions. Ma bouche est irrémédiablement happée par son tatouage.
Je crève d’envie de me mettre à genoux et de le prendre en bouche. En attendant, ce corps à corps est d’une sensualité et d’un érotisme qui dépasse l’entendement.
J’embrasse, je lèche, je branle. C’est étourdissant de sentir la progression de son excitation, une progression exponentielle, c’est enivrant de le sentir monter en pression. Ma bouche, ravie, ne sait plus où donner des lèvres et de la langue. Une fois encore, je remonte le cou, m’attarde sur sa mâchoire de mec bien dessinée, j’apprécie le contact avec cette barbe brune de quelques jours. Je remonte vers la joue. Et là, ma raison s’étant évaporée au contact de la chaleur brûlante de notre fougue, ms lèvres finissent par s’approcher dangereusement de ses lèvres, jusqu’à en effleurer la commissure. Jusqu’à flirter avec l’interdit.
Le rappel à l’ordre ne se fait pas attendre.
« Vas-y, suce maintenant ! » me balance le bogoss tout en posant lourdement ses mains sur mes deux épaules pour me montrer la seule marche à suivre.
Je résiste à la pression de ses mains, de ses bras. Je la contre, même. Et j’arrive à poser mes lèvres sur les siennes. Une fois, deux fois, trois fois. Qu’est-ce qu’elles sont bonnes, ses lèvres, même lors de ces contacts furtifs !
Lorsque ce contact cesse, nos visages se retrouvent à tout juste dix centimètres l’un de l’autre, nos bouches avec. Ses mains sont toujours fermement agrippées à mes épaules, mon corps entravé par sa puissance musculaire. Son regard brun est fixement planté dans le mien. Mais il ne fulmine pas comme ça a été le cas à d’autres occasions lorsque je me suis rendu coupable du même délit, le « tentative de vol de baisers ».
Non, au contraire. Son regard brun semble troublé, interpellé. Pendant un court instant, j’ai l’impression, ou du moins le rêve, qu’il va relâcher ses biceps, qu’il va avancer son torse et venir me rendre mes baisers. Mais les secondes passent et rien ne vient.
J’ai vraiment l’impression qu’il hésite. Dans le doute, je ne peux pas laisser passer ça, je dois provoquer le destin tant que l’occasion rêvée est là. Surtout ne pas la laisser passer. Alors je donne un dernier coup de collier, dans l’espoir qu’il me laisse faire, qu’il se laisse faire, qu’il me laisse aller un peu plus loin.
Mais il n’en est rien.
« Vas-y, suce ! » est son dernier mot, alors que ses bras redoublent de puissance et se transforment en vérins hydrauliques m’obligeant à me mettre à genoux sans plus attendre.
Je viens tout juste de commencer à lui faire plaisir, que déjà le bogoss me surprend une nouvelle fois. Il m’attrape par l’avant-bras, m’obligeant à me relever, m’invitant à le suivre. A l’aise chez moi comme s’il était chez lui, il rentre dans le séjour et s’assoit, s’affale sur le canapé ou j’étais en train de lire avant son arrivée.
En un instant, en un instinct, il s’installe dans une position qui me rend dingue, le dos incliné sur le dossier, le bassin bien vers l’avant, les genoux écartés, la queue bien tendue.
Je m’approche de lui, je me glisse entre ses cuisses. Je le branle pendant que ma bouche s’octroie un dernier tour sur ses pecs, autour de ses tétons. Mais elle ne tarde pas à redescendre le long de son torse pour se conformer à ses envies de jeune mâle si clairement exprimées.
Si seulement il savait exprimer aussi clairement ses ressentis profonds que ses envies sexuelles !
Ma langue arrive à ses abdos, se délecte de son nombril. Et lorsqu’elle rencontre la ligne de petits poils qui se déroule juste en dessous, mon nez est comme aimanté, il approche, caresse, plonge, en quête des odeurs masculines recelées dans cette région si proche de son sexe. Bonheur olfactif, tactile, sensuel, petites odeurs de jeune mâle, peau tiède, petits poils tout doux, délicieux avant-goût de sa puissance de mec.
Lui faire plaisir est pour moi le plus exquis des plaisirs. Mais sentir, en plus, ses doigts sur mes tétons, c’est juste inouï. Ils caressent, pincent légèrement, varient les mouvements, la pression. D’infinies nuances d’excitation, d’innombrables frissons parcourent mon corps. Jusqu’à ce qu’un feu d’artifice dément n’explose dans ma tête. Lorsque le bogoss finit par trouver LE toucher et la cadence qui m’offrent LE frisson absolu.
Position des doigts, pression, toucher, coordination, cadence, tout y est parfait. Il faut absolument que je marque le coup, il faut qu’il sache, il faut qu’il mémorise que cette façon précise de s’occuper de mes tétons est la façon qui me rend dingue.
« Ah, putain, Jérém, ce que tu me fais là, avec tes doigts, c’est trop trop trop bon… ».
« Vas-y, suce-moi ! ».
Et je le suce. Et il continue à branler mes tétons de cette façon délirante. Je suis en extase.
Ma main saisit son manche, accompagne et amplifie les va-et-vient de ma bouche. Quelques instants à peine, et je sens son corps se raidir, sa queue se contracter, son jus monter en pression. Le bogoss laisse échapper une profonde expiration de bonheur, et se répand dans ma bouche.
Le bogoss se lève, passe son boxer et son t-shirt, il sort le paquet de clopes de son short et trace dans le couloir.
« Je vais fumer en haut » je l’entends me lancer.
J’adore le voir si à l’aise chez moi, le voir s’approprier de mon espace familier. Le bogoss se dirige vers ma chambre, vers « sa » fenêtre. J’adore son aisance, j’adore le voir prendre ses marques, des petites « habitudes » chez moi.
Et je me prends à rêver. Le jour viendra peut-être, où il pourra venir dans cette maison non pas en cachette, mais de façon « officielle ». Je me vois déjà le présenter à mes parents, je les vois déjà l’« adopter » en tant que mon copain… Je rêve les yeux ouverts.
« T’as pas une bière ? » il enchaîne, au pied de l’escalier.
« Je t’en apporte une ».
J’ai tout juste le temps de lui balancer un « Ok » à ce qui était moins une demande qu’une affirmation, que déjà j’entends ses pas dans l’escalier. Un si doux bruit.
Le savoir dans ma chambre alors que je suis en bas en train de lui ouvrir une bière me file des frissons intenses, emplit mon ventre d’infinis papillons.
Je monte les escaliers à mon tour, je vais rejoindre mon bel étalon.
Je rentre dans la chambre, il est en train de fumer sa cigarette à la fenêtre, à demi caché derrière le rideau. Ah, putain, qu’est-ce qu’il est beau !
Je pose les bières sur mon bureau et je m’approche de lui. Comme la veille, je passe ses bras autour de ses hanches, je caresse ses abdos, je remonte vers pecs, bonheur du toucher. Je pose mon nez et mes lèvres sur sa peau, je pose des bisous tout au long de son nouveau tatouage, bonheur de l’odorat et du goût.
« Tu kiffes mon nouveau tatouage… ».
Je me demandais s’il me poserait la question un jour.
« Ah, oui, il est sexy à mort… ».
« J’étais sûr que tu kifferais… ».
« Tu me connais si bien ! » je plaisante.
Et déjà mes mains et mes lèvres n’en font qu’à leur envie, les unes caressent, les autres embrassent.
« J’adore tes épaules » j’entreprends de détailler, tout en tâtant et en embrassant au même temps que je les nomme les différentes parties de son anatomie « j’adore ton cou, tes biceps, ces pecs, ces abdos. En fait, j’adore tout chez toi. Parce que tu es juste beau comme un Dieu ! ».
Je sens l’excitation monter à nouveau dans son corps de jeune mâle.
« Et parce que j’ai une bonne queue ! » il me balance
« Aussi ! ».
« Mais il n’y a pas que ça » je continue « j’adore te câliner, te serrer contre moi, être juste avec toi… ».
« Si tu savais comme je suis bien, là… » je lui souffle à l’oreille, alors que je le serre un peu plus fort dans mes bras.
Pendant un instant, j’ai cru avoir réussi. Réussi à l’amadouer, à lui faire transmettre un peu de la tendresse que je ressens pour lui. Une tendresse qui dépasse même le désir, pourtant délirant, qu’il m’inspire.
Hélas, il n’en est rien.
« Et moi je serais mieux coincé dans ton cul… » je l’entends me lancer, tout en se dégageant de mon accolade.
Voilà. J’ai voulu lui parler tendresse, il me répond levrette. J’ai essayé de lui parler sentiments, il me répond centimètres.
Alors, je me donne à lui, je satisfais une fois encore son désir de mâle conquérant.
Son bon désir, le centre de notre relation, et de nos baises.
Mais quel est donc ce désir ? Un désir de plaisir, un désir de jouir, qui ne dépend que de ses besoins naturels de mâle ? Un désir qui pourrait se satisfaire dans n’importe quelle bouche et dans n’importe quel cul ? Et le fait qu’il ait choisi ma bouche et mon cul pour satisfaire ses besoins, ça signifie quoi ? Que je lui plais ? Que je lui fais de l’effet ? Ou bien que je suis tout simplement un mec bien docile et à portée de queue, facile à avoir à sa disposition quand et comment ça lui chante ? Est-ce qu’il joue et abuse de l’ascendant qu’il a sur moi ?
Ses mains puissantes attrapent mes mollets ; ses bras vigoureux, ses biceps tendus soulèvent mon bassin, posent mes chevilles sur mes épaules. Son bassin avance, il s’enfonce entre mes cuisses. Il me pénètre, il me possède, il me défonce. Bonheur intense, bonheur multiple. Bonheur de la vue de ce garçon fabuleux en train de prendre son pied, avec cette chaînette qui ondule sur son torse au gré de ses coups de reins. Bonheur olfactif, sa peau est parfumée. Bonheur sonore, ses ahanements bruyants. Et bonheur tactile, sa queue et ses mains et ses cuisses qui me possèdent.
« Tu la sens bien là ? ».
« Putain que oui, elle me chauffe bien… ».
« T’aime bien que je te démonte… » il insiste, tout en augmentant la cadence et l’ampleur de ses coups de reins.
« Vas-y, fais toi plaisir… c’est trop bon… » je lui concède, fou de plaisir.
« T’aime que je te défonce le cul… dis le… » fait il en pinçant mes tétons. Son toucher est légèrement plus approximatif que tout à l’heure, trop perturbé par les mouvements de son bassin et distrait par son plaisir, mais l’effet est toujours aussi dingue. Comme tout à l’heure, je ressens des décharges électriques puissantes circuler dans tout le corps.
J’ai presque l’impression que cette avalanche de mots crus est une manière pour Jérém de dissimuler un trouble, comme pour faire diversion. J’ai l’impression qu’ils n’ont pas le même sens qu’ils auraient eu il y a quelques mois.
Quelques instants plus tard, ses mains quittent mes tétons, saisissent mes mollets, les dégagent de ses épaules. Son buste se redresse, son visage se lève vers le plafond, ses paupières tombent lourdement, ses lèvres s’entrouvrent pour laisser échapper une puissante expiration, comme une délivrance. Et tout son corps se raidit sous la déferlante de l’orgasme.
« Putain qu’est-ce que c’est bon… Nico… ».
Mais alors que je crois qu’il va me remplir de toute la puissance de sa nouvelle jouissance, le bogoss sort de moi d’un geste brusque. Sa main se pose précipitamment sur sa queue, elle branle vigoureusement. De bonnes giclées puissantes et chaudes atterrissent sur mon torse, jusqu’à mon menton.
Puis, il revient en moi, m’envahit une nouvelle fois. Et là, contre toute attente, il saisit ma queue et commence à me branler.
J’ai toujours pensé qu’il n’y a pas sensation plus puissante et excitante que de me sentir à lui, de sentir qu’il peut disposer de mon corps comme il l’entend pour son propre plaisir. Mais là aussi je me trompais. Il y a une autre sensation, très différente, mais tout aussi puissante. Celle de le voir, le sentir participer à mon propre plaisir, au point de mettre la main à la pâte. Ou plutôt la main à la queue.
J’ai tout juste le temps de goûter à ce bonheur qui dépasse l’entendement, que déjà un frisson puissant se déclenche dans mon corps. Je sens tous mes muscles se contracter. Je perds pied. Je viens.
Jérém s’allonge sur le dos, juste à côté de moi, l’air bien épuiséIl est en nage et il respire très fort.
J’attrape mon t-shirt, je m’essuie le torse.
Les secondes s’égrènent et le silence s’installe, ponctué par sa respiration qui ne semble vouloir s’apaiser.
« Ça va, Jérém ? » je fins par lui demander.
« Putain qu’est-ce qu’il fait chaud… » fait-il en s’essuyant le front avec le revers de la main et en passant les doigts dans les cheveux pour les relever vers l’arrière. Geste d’un érotisme saisissant.
« Putain qu’est-ce que c’était bon… » je lui balance, encore ivre de plaisir.
J’ai envie de flatter son ego de mâle, je le cherche pour le faire rebondir.
Mais il se tait. Alors j’enchaîne.
« Toi aussi t’as bien pris ton pied, avoue… ».
« Qu’est-ce que tu veux que je te dise… ».
« T’as dit que c’était bon… ».
« J’ai rien dit… ».
« Si, pendant que tu venais… tu as dit… ».
« Je n’ai rien dit, ferme-la ! », alors que son regard est traversé par un petit sourire canaille.
C’est beau cette complicité qui s’installe entre nous.
« Je te fais quand-même de l’effet… ».
« C’est parce que t’as toujours envie de te faire défoncer… ».
« Mais ça c’est de ta faute… ».
« De ma faute… bien sûr… ».
« Mais t’as vu comme t’es sexy ? Je ne peux pas ne pas craquer ! ».
Le bogoss rigole, il est de bon poil. J’adore. Pourvu que ça dure.
Je me blottis contre lui. Je reste là, en silence, à écouter sa respiration, sa présence.
Quelques instants plus tard, le bogoss se lève. L’épaule appuyée au rebord de la fenêtre, il fume sa clope et boit sa bière. Il est indiciblement beau dans sa nudité parfaite.
« J’ai besoin de prendre une douche… » il me lance après avoir écrasé son mégot.
Je l’accompagne dans la salle de bain, je lui sors une serviette propre. J’aimerais tant prendre la douche avec lui, ou même juste le regarder en train de prendre sa douche. Mais je n’ose lui proposer, je ne sais pas si c’est une bonne idée. Dans le doute, j’y renonce et je m’éclipse, à contrecœur.
Depuis la chambre, j’écoute les bruits de la douche. Je reconnais le bruit caractéristique du bogoss qui se savonne, des mains qui parcourent sa peau. Et l’idée que ça se passe chez moi me donne mille frissons. C’est grisant de penser qu’il a pris une douche chez moi, après l’amour. Une fois encore, l’image d’un petit chez nous quelque part dans Toulouse, ou n’importe où ailleurs, vient à moi et me me donne la chair de poule.
L’eau cesse de tomber, j’entends les portes vitrées s’ouvrir. Et je ressens une envie furieuse de bondir hors de la chambre et d’aller le rejoindre pour lui faire plaisir une dernière fois avant qu’il reparte.
Mais déjà j’entends ses pas dans le couloir. Le bogoss réapparait dans la chambre dans son plus simple appareil, les cheveux encore humides, quelques gouttelettes d’eau sur sa peau, glissant le long de son cou, sur les épaules, sur le nouveau tatouage. C’est un tableau à pleurer.
Et il entreprend de se rhabiller, en silence. Je voudrais lui parler, mais je suis à court d’idées. Je ne veux pas casser la magie de l’instant. Je ne veux surtout pas tout gâcher. De toute façon, le temps m’est compté. En quelques secondes, le bogoss est prêt à partir.
« Tu reviens demain ? » je trouve quand même le moyen de lui demander.
« Je ne sais pas… ».
Et alors que je crois qu’il va directement passer la porte de la chambre et se tirer, le bogoss se retourne, me fixe avec son regard brun et lubrique et me balance :
« Si je reviens, j’ai envie de me taper un kif… ».
« De quoi ? » je l’interroge, à la fois surpris et curieux.
Le bogoss me regarde avec un regard lubrique, pénétrant. Il plisse les yeux de cette façon si sexy qu’il maîtrise avec une perfection redoutable. Et il commence à me détailler son kif.
Une poignée de phrases, énoncées avec assurance, sans fioritures. Je l’écoute avec une excitation grandissante. J’adore son kif, je l’adore de plus en plus au fil de ses mots qui le font vivre dans ma tête.
« Alors, ça te branche ? ».
« Je crois bien, oui… ».
« Je t’envoie un message quand je débauche… » fait il en quittant la chambre.
Je le suis dans le couloir, dans l’escalier, dans l’entrée. Et alors qu’il s’apprête à quitter la maison, je l’attrape par l’avant-bras, je le retiens et je bluffe :
« Moi aussi j’ai un kif… ».
« Tu m’en diras tant… ».
Je le regarde droit dans les yeux. J’ai envie de tellement de choses avec lui ! Mais, pour l’instant, j’ai juste envie de marquer cette petite position de force pour me réserver le droit de lui demander quelque chose qu’il ne pourra pas refuser plus tard s’il s’y est engagé. En gros, je lui demande de me signer un cheque en blanc, tant que je suis en position de lui demander.
« C’est quoi ? » il finit par s’impatienter.
« On va déjà s’occuper de ton kif et je te dirai ça après… » je fais, tout en levant la main pour taper dans la sienne.
Le bogoss est joueur, il lève sa main et il tape très fort dans la mienne, un beau sourire lubrique à la clef.
Oui, définitivement j’adore cette complicité qui s’installe entre nous.
Le soir venu, je me branle dans cette chambre, dans ce lit qui sent désormais la cigarette, le deo de bogoss, la baise avec Jérém. Et qui est également témoin d’un début de tendresse entre nous.
Pour la première fois depuis longtemps, je sens une lueur d’espoir réchauffer mon cœur, dissiper mes inquiétudes, mes angoisses. Pour la première fois, je ne me demande pas si demain il reviendra. Car demain il reviendra, c’est sûr, il reviendra pour assouvir son kif.
Et je ressens un frisson intact en repensant à ces mots si doux à mes oreilles, ces mots que le bogoss a laissé échapper pendant qu’il sentait son orgasme le happer :
« Putain qu’est-ce que c’est bon… Nico… ».
Oui, c’est sûr, il me kiffe, un peu. Il ne l’admettra jamais, mais il me kiffe.
Ce soir, je m’endors avec un sourire de bébé.
Commentaires :
corbeaux
03/06/2017 20:33
je trouve cette histoire triste.. a quand le réveil de Nico???
Virginie-aux-accents
03/06/2017 16:13
« On ne remplace l’amour que par l’amour ; mais avant cela, il faut être guéri de tout mal d’amour, il faut être en paix avec soi-même », c’est douloureusement vrai, n’est-ce pas? Comme toujours, tu touches juste. Et Jérèm qui débarque chez Nico… Waouh!! Je ne l’avais pas vu venir, et j’attends la suite.
romainT
01/06/2017 00:27
Alors le « « Je ne sais pas ce que c’est que de conduire comme une princesse… » relance Sandrine, vexée.« Ça veut dire que, plus qu’un permis, il te faudrait un chauffeur… ». » c’était merveilleux… j’en pleure encore! Ensuite je suis énerver Fabien! Là il va me falloir des explications! Je te laisse un été pour nous clarifier les choses entre jerem et nico et toi tu me les compliques encore plus! Et Nico ce fait encore piétiné… ; Je veux, j’exige! que nos deux petits mecs s’explique!<br /> Bon après le petit julien je le sent bien jerem sur les bords… donc affaire à suivre 🙂 Donc Fabien tu sais ce qu’il te reste à faire 🙂 Romain Ps : c’est toujours aussi génial :p Ps2 : Désolé pour les fautes d’orthographes mais je suis trop naze pour me relire ou même faire attention…. Désolé pour les yeux.
Yann
01/06/2017 12:27
Cet épisode est bouleversant au possible. D’abord, dans sa première partie, où Nico se remémore ce qui s’est passé avec quelques années de recul. C’en est que plus émouvant car sans colère il rejoue l’histoire, ce qu’il aurait fallu ou pas fallu faire. Il se fait du mal et c’est si triste. Et puis on revient dans l’instant présent , cette apparition inattendue de Jerem. Va-t-il se racheter de son dégage ? S’expliquer ? S’il décidait tout simplement de parler à Nico de lui dire ce qui le trouble et le tourmente de s’ouvrir un peu à lui pour qu’il comprenne. Car c’est bien là le problème, même si leur relation doit s’arrêter là, qu’au moins ils se disent les choses le plus simplement pour ne pas rester sur des interrogations. Comme toujours on est impatient de lire la suite. Merci Fabien pour ce bel épisode toujours si bien écrit et plein de délicatesse.
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