JN01105 Un petit con à casquette (mardi)
OPA, Opération Petitcon Acasquette
La nuit suivant ces retrouvailles sexuelles avec mon bobrun, j’ai du mal à trouver le sommeil.
C’est d’abord à cause de l’excitation. Lorsque je repense à cette visite impromptue de Jérém, à son t-shirt rouge, à sa casquette rouge portée à l’envers, à ses attitudes de petit macho furieusement sexy, à sa queue tendue et chaude, dans ma bouche, entre mes fesses, à ses mots « tu vas m’avaler et je vais te baiser après », je suis sais par une ivresse sensuelle délirante. Le souvenir du bonheur de tenir son plaisir entre mes lèvres, sur ma langue, l’écho de ses coups de reins, tout ce bonheur sensuel, sexuel, sauvage, animal que Jérém m’a apporté pendant une heure de folie résonne dans ma chair, comme un feu inépuisable.
J’ai beau me branler, plusieurs fois même. L’excitation retombe un peu, pendant un temps. Mais rien n’y fait, le Marchand de sables semble avoir oublié de passer me voir. Et au fur et à mesure que mon insomnie se prolonge, des angoisses viennent se mêler à l’ivresse de ces retrouvailles inattendues.
Je suis parfaitement conscient de la chance qui est la mienne, la chance inouïe qu’il m’ait choisi comme amant. Le sexe est vraiment l’alpha et l’oméga de me relation avec Jérém. Je me dis qu’au fond il n’y a vraiment que ça entre nous, que je n’existe à ses yeux que à travers nos parties de baise. Cet après-midi, encore. J’ai été très heureux qu’il se pointe chez moi. Il est venu constater que j’avais toujours envie de lui. Il savait qu’il marchait en terre conquise. Il n’a pas eu un seul mot de regret pour son « dégage » de la dernière fois. Il est rentré chez moi, il est monté dans ma chambre, s’est allongé sur mon lit, il a ouvert sa braguette. Il a exigé que je le suce, il a exigé que je m’offre à lui pour son seul plaisir. Il s’est vidé les couilles deux fois, et il est reparti. Il est venu, il a vu, il m’a baisé.
Mais aussi excitant que ça puisse être le fait de se sentir l’objet du plaisir d’un si bel étalon, je sais que je ne peux me contenter de cela. Jérém représente bien plus à mes yeux qu’un amant, si fringant soit-il.
J’ai envie de tendresse, j’ai envie d’un peu de considération, et de respect.
Tant d’années plus tard, lorsque je repense à tout cela, je me rends compte que je ne faisais rien qui pourrait changer cet état de fait. Non seulement j’étais incapable de lui dire ce que je ressentais, mais je ne me défendais même pas quand il me blessait.
Une question me taraude l’esprit : est-ce que le fait que notre histoire n’allait pas dans la direction que je souhaitais, ne tenait pas finalement en grande partie à moi ?
Une question qui va de pair avec une encore plus importante : est-ce qu’il est vraiment utile d’attendre de l’autre ce dont on a envie ?
Bien sûr, le peu de fois que j’avais essayé de m’affirmer face à lui, ça n’avait jamais été une réussite. Lorsque j’avais cherché de la tendresse, je m’étais à chaque fois fait jeter. Lorsque j’avais essayé de lui exprimer mes sentiments, mes envies, de lui « prendre la tête », comme il le disait, je m’étais fait jeter deux fois plus. Lorsque j’avais essayé de titiller sa jalousie, ça m’était revenu en pleine figure.
Mais est ce que j’avais été essayé assez fort ? Est-ce que j’avais été assez clair ?
Au fond de moi, je savais que cette relation n’avait pas d’avenir en l’état, je savais qu’une bonne explication avec Jérém s’imposait. Mais quelle explication ? Par où commencer ? Pour lui demander quoi ? Pour lui exprimer quoi qu’il ne sache déjà ? Pour exiger quoi de lui ? Comment changer l’attitude de la personne qu’on aime lorsqu’on n’a ni de prise ni d’emprise sur elle, et ce, pour la simple et bonne raison qu’elle ne ressent pas les choses de la même façon que nous les ressentons ?
Mais de quel « pouvoir » disposais-je pour m’affirmer face à lui ? Qu’est-ce que je représentais à ses yeux, dans sa vie à ce moment-là ? Qu’était-il capable de supporter en termes de mise au point avant de prendre la tangente pour de bon ? Toutes ces questions se résumant en une seule, dont la réponse me faisait terriblement peur : à quel point Jérém tient à moi ?
Seul, dans mon lit, loin de Jérém, je me sentais fort, sûr de mes envies, de mes raisons, de mes sentiments. Mais une fois face au garçon qui me faisait tant d’effet, qui faisait battre si fort mon cœur, je perdais tous mes moyens.
Je crois qu’à cette époque je n’avais tout simplement pas les moyens pour lui tenir tête.
Je n’arrive toujours pas à croire qu’il se soit pointé chez moi. Putain de bobrun imprévisible et déstabilisant ! Je le quitte un dimanche matin en pétard comme jamais, je le quitte sur un « dégage ! ». Et 36 heures plus tard, il se ramène chez moi pour me ramener mes clés. Il se déplace exprès, alors que rien ne l’y obligeait. Alors que si vraiment il ne voulait que je dégage de sa vie, il aurait pu les glisser dans la boite aux lettres, puisqu’il avait mon adresse.
Ça aussi. Je suis vraiment intrigué qu’il connaisse cette adresse. Je ne me souviens vraiment pas lui en avoir parlé un jour. Est-ce qu’il l’a cherchée dans l’annuaire ? Est-ce qu’il m’a suivi un jour ? Je rêve les yeux ouverts.
Quoi qu’il en soit, l’important est qu’il soit venu. Et qu’il ait encore envie de moi. A croire que ses colères, en dépit de leur virulence, n’ont rien de définitif.
Mais quelles étaient donc ses intentions réelles en venant chez moi avec le prétexte de me ramener les clés ?
Était-il venu pour s’assurer que ma chambre pourrait jouer le rôle de baisodrome de remplacement de cet appart de la rue de la Colombette dont il venait peut-être de rendre les clefs ? Était-il venu pour tirer son coup, sûr que je ne pourrais pas lui résister ?
Est-ce qu’il avait vraiment prévu de se tirer juste après m’avoir remis les clés, ou bien ce n’était qu’une petite ruse pour s’assurer que je tenterais de le retenir ?
J’ai du mal à me convaincre que cette tenue mégasexy, ce t-shirt si bien porté, cette casquette à l’envers, ne soient rien de plus que le pur fruit du hasard. Jérém était vraiment sur son 31. Est-ce que tout cela ne dissimulait pas une volonté certaine de m’en mettre plein les yeux et de me cueillir à coup sûr ?
Non, le bobrun ne m’avait pas demandé de rentrer, ni de baiser. Pourtant, tout dans son attitude me poussait à cela. En fait, il ne s’agit même pas de son attitude. Il n’a rien dit, il n’a rien fait, il n’a rien demandé. Il est venu, il était là, et cela a suffi à m’embraser. Sa simple présence a suffi à m’embraser. Dès lors, on s’est passé des mots. Nous sommes montés dans ma chambre, et ça s’est passé. Le pouvoir que ce garçon a sur moi est vertigineux.
Par moments, je me demande s’il avait vraiment prévu de baiser avec moi en me rendant les clés. Il ne pouvait pas savoir que j’étais seul à cette heure de l’après-midi. Peut-être qu’il voulait juste être certain que j’étais toujours dingue de lui. De sa beauté, de sa sexytude. Même après m’avoir jeté l’autre nuit.
Sa venue était peut-être une façon de s’excuser, de me dire qu’il ne voulait pas que je « dégage ! » de sa vie. Parce qu’il aime ce qu’il y a entre nous.
J’aimerais savoir ce qu’il y entre nous, j’aimerais savoir quel est son avis sur la question.
Est-ce que je ne suis toujours qu’un objet sexuel à ses yeux ?
En l’invitant à rentrer chez moi, en le faisant monter dans ma chambre, j’ai l’impression de lui avoir montré que je n’attendais que « ça » de lui.
Finalement, c’est moi qui me suis rabaissé à n’être qu’un objet sexuel pour lui. Comment ensuite lui « reprocher » de me traiter comme tel, alors que je ne lui donne aucun moyen de me voir autrement ?
Il est possible que dans sa petite jolie tête gronde un orage violent. Depuis la nuit passée avec Thibault, mille questions s’agitent peut-être dans sa tête, tout comme dans la mienne. Et peut-être qu’il espérait que je pourrais lui apporter des réponses.
Peut-être que, tout autant que moi, il redoute notre séparation, et qu’il ne sait pas comment m’en parler, sans avoir à dévoiler ses sentiments, sans avoir peur de se sentir faible, sans « se mettre à nu ». Au fond, Jérém s’exprime de la façon dont il l’a toujours fait, tantôt par le silence, tantôt par la colère.
Oui, Jérém a peut-être besoin de quelqu’un pour le faire avancer. Peut-être qu’au fond, il n’attend que ça. Qu’on lui tende une main. Que je lui tende la main.
Quand je pense à son nouveau tatouage, je me dis qu’après le premier choc, j’ai tout de suite été saisi par une curieuse impression. Comme s’il tenait à me le montrer et qu’il guettait ma réaction.
Je me demande si l’une des raisons de sa venue n’était pas justement celle de me montrer son nouveau tatouage. Pour m’allumer, pour m’embraser pour que je tombe direct sur sa braguette.
Peut-être. Mais peut-être pas que. Car si on regarde l’intention de « me montrer son nouveau tatouage » d’un autre point de vue, on peut également y voir un geste touchant.
Jérém avait précisé : « Je viens tout juste de le faire ». Ce qui implique que je suis certainement l’une des premières personnes à qui il l’a montré. Si ce n’est la première. Est-ce qu’il était venu me le montrer pour savoir s’il me plaisait ? Est-ce qu’il avait voulu savoir si je trouvais que ça lui allait bien ?
Mardi 31 juillet 2001.
Le lendemain de cette baise chez moi, j’attends fébrilement le retour de mon bel étalon brun.
Je sais qu’il a aimé nos retrouvailles sexuelles, qu’il a pris son pied comme jamais. Moi aussi j’ai pris mon pied comme jamais. Comment garder l’esprit clair après ça ?
Hier, je l’ai invité à revenir. Il n’a pas dit non. Alors, en ce mardi, je passe mon temps à attendre son retour.
Je piétine toute la matinée, dans l’attente nerveuse que l’après-midi arrive. Je déjeune avec maman et j’ai du mal à tenir en place. Elle part au taf vers 13 heures.
Il est 14 heures, je tourne en rond. Je suis excité terriblement. J’ai envie de me branler pour me calmer mais je me retiens car je veux garder mon excitation pour alimenter le feu de mon bomâle.
Au fond, je ne sais même pas s’il va venir. Oui, le sens de ses mots de la veille porterait à le croire. Mais qui sait ce qu’il va faire en réalité ? Va savoir s’il n’a pas changé d’avis entre temps…
15 h. Et s’il n’a pas changé d’avis et d’envie, à quelle heure va-t-il terminer son service, prendre sa pause ? Va-t-il venir directement en débauchant ou bien avant de rembaucher ?
L’après-midi se traîne, et pourtant il me file d’entre les doigts. Les minutes s’égrènent si lentement et trop vite à la fois.
16 h. Soudain je réalise que nous sommes le 31, et que c’est le jour où mon bobrun doit rendre les clefs de son appart. Bien sûr qu’il ne va pas venir ! J’ai été con de ne pas y penser avant ! A l’heure qu’il est, il doit être en train de finir de déménager ses affaires chez Thibault.
Je ressens un bon gros pincement au cœur en imaginant mon Jérém en train de quitter définitivement ce lieu si symbolique. Ce lieu que je ne reverrai plus, et dont le dernier souvenir sera un « dégage ! » balancé avec une agressivité blessante.
Il est près de 16h30 lorsque ça sonne enfin à l’entrée. Alors que je n’y croyais plus du tout, ça sonne à enfin. Je me précipite sur la porte, j’ouvre le battant.
Et là, c’est la douche froide. Ce n’est pas Jérém, mais une la voisine qui veut parler à maman !
Non contente de m’avoir tué une première fois en provocant en moi une fausse joie suivie d’une immense déception, elle entreprend de m’achever une deuxième fois en me tenant la jambe avec de problèmes de voisinage qui me passent à des kilomètres au-dessus de ma tête.
Nous sommes en plein soleil et je compte sur la chaleur pour qu’elle se fatigue et pour qu’elle rentre chez elle. Mais elle cause, elle cause, elle cause.
Je fais semblant de l’écouter tout en tentant d’élaborer une excuse pour mettre fin à ce harcèlement verbal, lorsque je me sens comme décoller. Mon corps est là, mais mon esprit l’a quitté pour contempler la scène qui vient de commencer.
Jérém est là. Il arrive par la gauche, il approche. Et, aujourd’hui, c’est clair, il vise à avoir raison de ma santé mentale.
Voilà une excuse toute trouvée pour me débarrasser de la voisine : « Je n’ai plus le temps pour tes conneries, je dois baiser avec le bogoss qui vient d’arriver ».
Au lieu de quoi, je finis par lui glisser : « Il va falloir que je vous laisse, j’ai des choses à voir avec mon pote ».
« Je reviendrai plus tard ! ».
Oh, oui, super, on te sonne quand on a fini !
La bécasse vient de partir et mon bobrun est là, en face de moi. Et je suis sur le point de disjoncter pour de bon.
Après la tenue rouge de lundi, voici la tenue blanche du mardi. Le coton immaculé semble presque coller à sa peau mate qui a l’air légèrement moite. J’ai d’ailleurs l’impression qu’il se dégage de lui comme une petite odeur de peau de mec bien chaude, à la limite de la transpiration, odeur se mélangeant à la fragrance de son déo. Le blanc du t-shirt établit un contraste saisissant avec son nouveau tatouage qui rentre par le col rond et ressort par la manchette bien tendue sur son biceps saillant.
Et puis il y a la casquette : blanche elle aussi, toujours posée à l’envers (je me dis que le petit con a compris l’effet que la casquette à l’envers a sur moi).
La tenue blanche de petit con sexy est complétée par de grandes lunettes de soleil noire, ainsi que par cette chaînette de mec posée bien en évidence par-dessus le coton, entre ses pecs.
L’ensemble est juste un scandale de sexytude, un affront, une attaque, une OPA hostile… une Opération (de) Petitcon Acasquette en bonne et due forme, hostile pour ma santé mentale.
— Salut, je lui lance.
— Salut… il me glisse, avec une voix basse.
Je me décale, il rentre, il m’assomme avec le délicieux bouquet olfactif qu’il traîne avec lui. L’espace d’un instant, le temps de passer l’embrasure de la porte, il pénètre dans mon espace vital. Mon envie de lui grimpe avec une violence telle que j’en suis comme assommé.
Sa bogossitude et sa virilité sont presque palpables.
Oui, le bogoss a l’air d’avoir chaud. Il est vrai que dans la rue, il fait une chaleur assommante. Il fait « mauvais », comme on dit à Toulouse lorsque le soleil du mois de juillet fait grimper le thermomètre.
« Tu veux une bière ? » je lui lance, sûr de moi ce coup-ci. Hier, après son départ, j’ai bien vérifié qu’il y en avait.
« Je veux bien ».
Je l’invite à me suivre dans la cuisine. Je lui tends sa bière et, après avoir bu une première gorgée de la mienne, je lui lance :
« Je suis content que tu sois là ».
Jérém ne dit rien, mais j’ai l’impression que ça lui fait plaisir d’entendre ça. Rassuré, j’enchaîne.
« Je crois que hier je ne t’ai pas remercié pour les clés… alors, merci… ».
« J’allais pas les garder » fait-il avec un petit sourire narquois.
« Merci d’être venu me les amener en tout cas… je croyais que tu ne voulais plus me voir… ».
Jérém lève les yeux au ciel et souffle bruyamment en signe d’agacement. Mais j’ai l’impression que c’est un agacement presque amusé.
Une minute plus tard, nous sommes dans ma chambre. J’ai tout juste le temps de fermer la porte derrière nous que déjà il m’attrape par le bras, m’attire vers le lit, m’y fait asseoir. Ses mouvements sont fermes mais pas violents. Il approche de moi. Et alors que je m’attends à le voir défaire sa braguette et me fourrer sa queue dans la bouche, le bogoss se penche vers moi. Avec un geste impatient, il attrape le bas de mon t-shirt et le tire vers le haut. Un instant plus tard, je suis torse nu.
La suite, c’est le récit d’un moment qui très chaud. Ses mains poussent mes épaules de façon à m’obliger à m’allonger sur le dos. Il déboutonne sa braguette, enlève son short et son boxer, tout en gardant son t-shirt blanc et sa casquette. Et il bondit sur moi comme un fauve sur sa proie.
D’un geste rapide, précipité, il attrape un oreiller, puis un autre, il les cale derrière mon cou, ce qui a pour effet de relever ma tête et la préparer à l’accueillir sa fougue de mâle dans les meilleures conditions.
Oui, le bogoss a chaud et il est très chaud. Le bogoss prend son pied. Et il semble de bon poil.
La chaleur amenée par l’effort, combinée à la chaleur de la chambre finit par le pousser à se délester de tout ce qui pourrait lui donner encore plus chaud.
La casquette vole en premier, ses doigts attrapent le t-shirt par derrière le col, le coton blanc glisse sur son torse de fou, offrant à ma vue le bonheur de sa musculature puissante, de ses tatouages et de sa chaînette de mec.
C’est un geste très rapide, si naturel, pourtant si chargé d’érotisme ! Je crois que rien n’est à mes yeux aussi beau et excitant que de mater ce beau garçon, objet de tous mes désirs, ôter son t-shirt, se mettre à l’aise pour prendre son pied avec moi. Et, plus fort encore, ôter son t-shirt pendant qu’il est déjà en train de prendre son pied entre mes lèvres, sans pour autant que la cadence de ses coups de reins en soit un tant soit peu perturbée.
Tout pris dans l’excitation des sens, il balance le t-shirt avec un geste si inconscient, nonchalant. Il atterrit à côté de mon oreille. Je ne suis pas encore remis de la claque qu’est – comme à chaque fois – la vision de sa nudité que déjà je suis bouleversé par la rafale d’arômes qui se dégagent de sa peau fraîchement dénudée. Et là, contre toute attente, il rattrape la casquette et la remet sur ses beaux cheveux bruns.
Une bonne rafale de coups de reins vigoureux, apanage d’un jeune mâle vigoureux, plein de puissance et d’ardeur. Puis, un rugissement vibrant, secouant tout son corps et le mien avec. Le bogoss se répand dans ma bouche. Bonheur absolu.
Un instant plus tard, il se dégage de moi et part fumer sa cigarette à la fenêtre.
Je le regarde, la casquette toujours à l’envers sur sa belle crinière brune de mâle, l’épaule appuyée au montant de l’embrasure. Je le regarde et le contact de sa peau me manque déjà. Cette peau mate et tatouée qui m’attire comme un aimant. Comme toujours, l’instant après le plaisir appelle la tendresse.
J’ai envie de lui montrer à quel point je suis fou de lui, et que ce n’est pas qu’à cause du sexe.
En réalité, je ne sais pas trop quoi je devrais montrer. Si je lui montre que je suis amoureux fou de lui, ça va le faire fuir. Et si je lui montre que je n’en veux qu’à sa queue, notre relation n’évoluera jamais.
J’ai l’impression que quoique je fasse, je me tromperai toujours.
Mais cette peau mate m’attire comme un aimant. Alors je me laisse aimanter. Je descends du lit et je le rejoins à la fenêtre. Je m’approche de lui jusqu’à presque frôler son dos.
« J’ai droit ou je vais me faire jeter ? ».
« Arrête, on va nous voir… ».
« Fausse excuse, les rideaux nous protègent… ».
Je fais tourner la visière de sa casquette sur le côté et je me colle à lui. J’ai l’impression de jouer avec une figurine Playmobil, la figurine Playmobil la plus sexy de l’Univers tout entier.
Qu’est-ce que c’est bon de le sentir contre moi ! Sa peau dégage un mélange complexe d’arômes de frais, et de mec qui vient de jouir. Elle est chaude, douce, et ses muscles si fermes.
Et, à ma grande surprise, Jérém se laisse faire, me laisse faire.
Depuis combien de temps j’attends, j’espère, je souhaite ce moment ! Et même si le partage n’est pas encore total, même si Jérém est encore dans la retenue, même si sa réaction est absente, même s’il ne donne aucun signe qui me ferait dire qu’il aime ça, l’instant magique est quand même-là. Alors, ce sont des frissons indescriptibles qui parcourent ma colonne vertébrale.
« T’es chiant… » il lâche, tout en continuant à fumer sa cigarette.
Certes, ce n’est pas un véritable encouragement à poursuivre. Pourtant, il n’y a pas de véritable agressivité dans ses mots. Et il me laisse poursuivre mon petit câlin.
Alors, je deviens audacieux, téméraire. Je passe mes bras sous ses aisselles, je le serre un peu plus contre moi. Je me dresse sur la pointe des pieds, je pose ma tête sur son épaule. Et je ne peux pas résister à la tentation de poser quelques bisous à la base de son cou.
« Arrête ça ! ».
Ça y est, j’ai atteint la limite de ce qu’il peut accepter de moi. Et c’est déjà beaucoup ! Ce serait stupide de vouloir forcer les choses. Alors je me contente de poser ma tête sur son épaule et de fermer les yeux pour profiter de ces instants de tendresse. Une tendresse à sens unique, certes, mais une tendresse qu’il ne refuse pas non plus, ce qui est déjà un pas en avant assez remarquable.
Hélas, cela ne dure pas longtemps. Le bogoss termine sa cigarette, écrase le mégot sur le rebord de la fenêtre et se dégage de mon étreinte.
Mais alors que je m’attends à le voir se rhabiller et repartir, il s’allonge sur le lit, l’air épuisé.
« T’es fatigué ? ».
« Un peu… ».
« Tu travailles beaucoup… ».
« Ouais… hier soir j’ai fini super tard et ce midi il y avait un monde fou… et puis, cette chaleur… il fait vraiment mauvais depuis le week-end… ».
Je le regarde, allongé sur mon lit, à l’aise dans sa magnifique nudité. Je me perds dans cette contemplation, complètement déconnecté de l’instant présent, sans prêter attention aux secondes qui s’enchaînent et au silence qui s’installe.
J’ai l’impression que ses paupières sont de plus en plus lourdes, qu’il est sur le point de s’endormir. Je le rejoins sur le lit. Il se tourne sur le côté. Je me colle contre lui.
Le vent d’Autan fait bouger le rideau, plongeant tout à tour la chambre dans la pénombre ou la remplissant de rayons de soleil intenses.
Je le serre dans mes bras. Aucune réaction de sa part, aucun mot. Tout pris dans le bonheur de le tenir dans mes bras, je ferme les yeux et je me sens partir dans une autre dimension. Ma chambre disparait, les bruits de la ville rentrant par la fenêtre ouverte se taisent, le temps est comme suspendu.
Si j’avais imaginé qu’après un « dégage ! » viendrait le temps des câlins !
Je ne dois pas désespérer, je dois tenir bon.
Eppur si move…
Ce dont en revanche je ne me doute pas à cet instant magique, c’est que dans une poignée de jours, « tout ça » ce sera bel et bien fini.
Commentaires
Etienne
19/05/2017 22:22
Peut-être un mal pour un bien ? Cette première relation a permis à Nico de connaître ce qui lui conviendrait, à l’opposé de ce que Jerem lui a donné. Nico a besoin et mérite mieux que ça, assurément. On verra bien ce que Fabien nous concoctera… Etienne
Yann
19/05/2017 11:06
Après la lecture de cet épisode on est triste pour Nico. Nico qui découvre que le partage entre les partenaires est la condition pour qu’une relation soit heureuse et que c’est dans ce contexte que le sexe vient la sublimer. Sans cela le sexe reste juste un moment d’autosatisfaction celui d’avoir tiré son coup. Mourad en est l’exemple type. Pour Jerem c’est plus complexe même si il n’y a pas de partage en dehors du sexe. Est-il hétéro, homo ou bi c’est la question qui se pose à lui et à laquelle il n’a toujours pas décidé de répondre par peur de découvrir une réalité qu’il ne supporterait pas à savoir aimer les garçons. Cette réalité qu’il a pris du plaisir avec Nico lui fait peur d’où son attitude limite violente. Est-ce juste une expérience sans suite qu’il a quand même eue aussi avec Romain et un peu Thibault ou bien une réelle attirance pour les garçons ? Le aura-t-on avant la fin de l’histoire ? L’épilogue de cette histoire risque, pour des raisons différentes, de faire deux malheureux Jerem et Nico. On a hâte de lire la suite même si cela risque d’être pour nous aussi un déchirement. Yann
Virginie-aux-accents
18/05/2017 23:59
Le cœur de Nico est en morceaux, et le mien se brise en te lisant…
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