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JN01099 Du côté de chez Thibault

JN01099 Du côté de chez Thibault.

Le jeudi d’après (Le soir).

Alors, au fil de mes pérégrinations sans but dans les rues de Toulouse sur le retour de ma longue balade sur le canal, je me laisse plus facilement glisser vers la gare Matabiau que vers la rue de Metz.

Je sais que le bomécano finit à 18h00, il faut que je me dépêche si je ne veux pas le rater. Je pourrais lui envoyer un message, il pourrait déclarer forfait. Alors, je préfère aller le voir direct.

Lorsque j’arrive sur place, Thibault est sur le trottoir devant le garage en train de discuter avec un autre gars, un peu plus âgé que lui, un collègue de travail sans doute. Un troisième gars est en train de fermer le dernier rideau de l’atelier.

Quelques secondes plus tard, les trois garçons se serrent la main, se font la bise et repartent chacun de leur côté. Thibault n’a pas fait trois pas que déjà il m’a capté. D’entrée, j’essaie de lire sur son visage ce qu’il ressent en me voyant. Mais avant de me torturer l’esprit, je laisse mon regard s’imprégner de cette image sublime d’un bomécano qui débauche.

Il est des mecs sur lesquels un simple bout de coton est le plus élégant des habits, c’est le cas de mon pote Thibault. Aujourd’hui, il porte un petit débardeur gris avec ces deux bretelles épaisses tendues sur ses épaules charpentées. Le petit bout de coton épouse parfaitement les lignes sublimes de son torse, il met scandaleusement en valeur ses bras puissants et musclés, tandis que l’échancrure sublime le haut de son torse en laissant entrevoir sa délicieuse pilosité naturelle.

Et puis, il y a la casquette, noire elle aussi, posée à l’envers sur sa tête, avec cette mèche de cheveux qui dépasse, coincée au-dessus de la petite sangle de réglage. Et il y a aussi cette belle barbe que je sais désormais être si douce, et qui semble encore avoir poussé par rapport à l’autre nuit.

Je pose mon regard sur Thibault et en une fraction de seconde tout remonte en moi. Je revis instantanément le plaisir, la tendresse, le partage, la complicité que nous avons partagé l’autre nuit. Je regarde son torse solide, ses avant-bras finement poilus et je repense au bonheur d’en être enlacé.

— Salut Nico ! il me lance, tout en affichant son plus beau sourire. Un sourire capable de dissiper une très grande partie mon malaise.

Le bomécano approche, et j’ai juste le temps de noter que ses beaux yeux tendent plutôt au vert aujourd’hui, que déjà je sens sa barbe caresser mes joues à tour de rôle. Ah, qu’est-ce que c’est bon de faire la bise à Thibault !

Il me claque la bise de la même façon qu’il vient de le faire en quittant ses collègues de travail. Ça me fait plaisir de voir qu’il se comporte avec moi exactement comme avec ses potes, même si la sensualité et le plaisir s’est invité dans notre relation.

Thibault a l’air un peu surpris de me voir débarquer, mais il semble heureux de me retrouver.

— Salut Thibault ! je lui lance à mon tour, le cœur enfin un peu plus léger.

— Comment vas-tu, Nico ?

— Plutôt bien, et toi ?

— Tu as le temps pour un verre.

— Oh oui, j’ai tout mon temps ! je fais, très heureux de son invitation.

— Ecoute, Nico, si tu veux, on peut aller chez moi, j’ai besoin de prendre une douche, et on sera plus tranquilles.

Je ne m’attendais pas à cette proposition. Mais il a raison, on sera plus tranquilles chez lui. Nous avons des choses à nous dire, le genre de choses qui demande un environnement calme et « intime ».

— Ca va très bien !

— On y va alors, fait-il en traversant la rue d’un pas rapide.

Le bus ne tarde pas à arriver. Thibault valide deux tickets et il m’en tend un. Le bus est bondé, alors Thibault et moi restons debout, calés contre la paroi.

Et c’est là que je l’ai vu, assis sur ma droite, sur le premier siège. Instantanément touché, attiré par lui.

Un bobrun, musclé, charpenté, ses yeux sont bleu gris, il arbore cette coupe qui est très à la mode chez les garçons, cette coupe que j’adore, les cheveux bien courts sur les côtés et plus longs sur le sommet du crâne.

Il porte une veste à capuche noire au niveau des poches et jusqu’au niveau des pecs, puis gris foncé au-dessus, y compris la capuche. Il a un pantalon de chantier en toile, gris foncé avec des rectangles noirs au niveau des genoux. Ses grosses chaussures montantes marron sont sales, signes d’un métier très manuel. Un petit ouvrier, Plombier ? Electricien ? Maçon ? Plaquiste ? Couvreur ? Il a des écouteurs rouges aux oreilles et lit les pages sport de la Dépêche du Midi.

Le bobrun descend deux arrêts plus loin, il revient dans sa vie, il disparait de la mienne qu’il a croisé l’espace d’un instant, comme une comète traversant le ciel.

— Tu fais quoi ces jours-ci ? me questionne Thibault, après que nous nous ayons pu trouver un place assise.

— Je viens de commencer mes cours de conduite.

— Ça se passe bien ?

— Je n’ai fait qu’un cours, ce mardi

— C’est cool !

— Le fait est que je n’ai jamais touché à un volant, je ne suis même pas sûr que je vais l’avoir du premier coup…

— Mais si, ça va venir, il faut pas stresser.

— Facile à dire !

— Et si tu ne l’as pas du premier coup, c’est pas grave. Tu sais que Jé a dû le passer trois fois pour l’avoir ?

— Le code ou la conduite ?

— Les deux !

— Jérém ? C’est pas possible !

— Si, la conduite parce qu’il faisait le con à l’examen…

— Et le code c’est parce qu’il ne révisait pas assez ?

— Non, le code c’est à cause de son problème.

— Quel problème ?

— Tu sais pas ?

— Non, tu sais, ce n’est pas le mec le plus bavard de la terre, surtout avec moi !

— Jé est dyslexique.

— C’est quoi, ça ?

— En gros, il a du mal à lire et à écrire, ce qui lui rend plus difficile tout apprentissage qui passe par l’écrit. Ca l’a beaucoup handicapé jusqu’au au collège, au lycée ça avait l’air de mieux se passer. Mais pendant le code son problème lui a à nouveau joué des tours. Il n’arrivait pas à se concentrer. C’était sans doute à cause du stress, je crois que je ne l’ai jamais vu autant stressé de sa vie. Du moins jusqu’à la finale de l’autre dimanche. Là aussi il était au bout de sa vie…

Jérém dyslexique. Ça alors. Mon petit Jérém. Ainsi, sous ses airs de cancre se cachait un enfant qui a du mal à apprendre. Soudain, je ressens une furieuse envie de descendre au premier arrêt et courir le rejoindre où qu’il se trouve et de le serrer très fort dans mes bras.

Le bus s’arrête. Les portes s’ouvrent, des passagers descendent, d’autres montent. Les portes se referment. Le bus repart. Je ne suis pas descendu.

Nous nous approchons de notre destination, je vais découvrir l’appartement du bomécano.

— Tu as des nouvelles de Jé depuis le week-end ? j’ose le questionner.

— Non, et toi ?

— Non plus.

Thibault pose son regard dans le mien et son petit sourire touchant semble traduire une petite inquiétude.

Quelques minutes plus tard le bus s’arrête. Les portes s’ouvrent, des passagers descendent, d’autres montent. Le brun « Thibault-like » n’a pas bougé de son siège. Les portes se referment. Le bus repart.

Nous nous approchons de notre destination, dans pas longtemps nous allons descendre, je vais découvrir l’appartement du bomécano.

Nous n’avons pas fait vingt pas, lorsque je capte un magnifique brun d’une trentaine d’années venant dans notre direction. Et je suis ému lorsque sa belle petite gueule lâche un magnifique sourire, bien que ce sourire ne me soit visiblement pas destiné. Car c’est bel et bien à Thibault que ce bobrun a destiné ce beau cadeau.

—        Salut Garcia ! fait le bobrun à l’attention de Thibault.

—        Salut Alban ! lui répond ce dernier.

Les deux mâles se font la bise, et puis c’est à mon tour d’approcher le visage de ce bobrun pour lui dire bonjour.

—        Alban est un locataire de mon immeuble, explique le bomécano.

—        On est presque voisins !

—        C’est vrai… et Nico est un pote du lycée.

—        Enchanté, fait le bobrun machinalement.

—        Au fait, il enchaîne sans transition, on s’est pas revus depuis dimanche. Félicitations pour le match et pour le tournoi !

—        Merci, ça n’a pas été de tout repos… heureusement que Jé a marqué ce dernier essai, sinon c’était foutu… Jé est vraiment un super joueur…

—        C’est vrai qu’il est bon. Mais il a aussi la chance d’avoir un coéquipier comme toi qui lui fournit les bonnes passes. Vous formez un sacré tandem tous les deux !

—        Je pense que Jérémie est vraiment bon, très bon, insiste le bomécano « je suis étonné qu’il n’ait pas été repéré. Dimanche dernier il y avait des mecs du Stade dans les tribunes, ils ont bien vu ce que Jé a accompli. Malgré sa blessure, il a été extraordinaire. Mais ils ne se sont pas manifestés. J’ai été très déçu…

—        En tout cas, félicitations pour votre victoire !

—        Merci ! Après l’avoir raté de si peu l’année dernière, on en avait vraiment besoin.

—        Je dois y aller, fait le bel Alban. On se fait un apéro ce week-end ?

—        Mais avec plaisir !

—        Content de t’avoir vu, fait Thibault en s’avançant pour lui faire une bise d’au revoir.

—        Alban est un gars en or, m’explique le jeune pompier. Il a le cœur sur la main et il est…

—        Et il est vraiment bogoss !

Pourquoi j’ai eu besoin de dire ça ? Ça m’a échappé. Mais Thibault a reçu 5 sur 5.

—        Il est vrai qu’il est beau garçon, il admet. Tu ne lui trouves pas une ressemblance avec…

—        Avec Jérém ?

—        Oui, avec Jérém…

—        Ça m’a frappé tout de suite, je confirme.

Thibault s’arrête devant la barrière d’un grand immeuble.

—        C’est ici…

Dans l’ascenseur, je sens un certain malaise m’envahir. Je me demande de quoi va-t-on parler ? J’ai peur que mon malaise me tétanise. J’ai peur de ne pas oser poser les questions, mais aussi de poser des questions et de ne pas obtenir des réponses. Et, surtout, de poser des questions et d’obtenir des réponses.

L’appart de Thibault s’ouvre sur un séjour bien plus grand que chez Jérém, un espace de vie où il n’y a pas de lit, mais un canapé et une table basse. La baie vitrée au 10ème étage offre une toute autre vue que celui de la rue de la Colombette. Du balcon, on a l’impression de dominer la ville rose. Je vois les clochers de St Sernin, celui des Jacobins, je devine le Capitole.

— Assieds-toi Nico, tu veux une bière ?

— Oui, avec plaisir.

Un instant plus tard, il revient avec deux bières, il m’en tend une, nous trinquons et je le regarde en boire une bonne rasade. Le bomécano a soif. J’aime voir un mec boire à la bouteille, observer sa pomme d’Adam bouger nerveusement au rythme de la déglutition, j’aime le voir s’essuyer les lèvres avec le revers de la main.

— Je vais me doucher, je reviens dans cinq minutes, in enchaîne. Fais comme chez toi, il précise, tout en ôtant son débardeur et en dévoilant son torse sculpté et velu.

Thibault disparaît dans le couloir et un instant plus tard j’entends ce bruit bien connu, un bruit continu et monocorde, le bruit de l’eau qui tombe d’une pomme de douche et qui s’écrase dans un bac en céramique dans l’attente que la température soit bonne, un bruit qui devient plus irrégulier, tout à tour étouffé, amplifié, lorsque l’eau commence à ruisseler sur l’anatomie d’un beau garçon.

Lorsque le bruit d’eau cesse, une séquence d’autres bruits se présente à mes oreilles, celui du bouchon du flacon de gel douche qui s’ouvre, celui du flacon pressé, celui du gel douche qui sort en pression, celui du bouchon refermé, celui du flacon remis sur son support, et celui, davantage imaginé qu’entendu, des mains qui se baladent sur la peau pour savonner.

Et lorsque le bruit de l’eau se fait entendre à nouveau, mes narines sont happées par une intense odeur de fraîcheur, de propre et de jeune mec qui se répand dans tout l’appart.

Pendant que le bomécano se douche, je profite pour faire un peu plus connaissance avec son lieu de vie. Cet appartement est très lumineux et accueillant. C’est un appartement de mec décoré avec sobriété, sans superflu. Mais c’est aussi et surtout un appartement qui respire le propre, le rangé, le tout sans excès, sans prétention. Un appartement que je ne peux m’empêcher de comparer à un autre, bien connu.

L’appartement de la rue de la Colombette est un typique appart d’étudiant bordélique, branleur et en brin je m’en foutiste.

L’appartement aux Minimes est un appart de mec installé dans sa vie, il est à l’image de son occupant, chaleureux, charmant, un endroit où l’on se sent tout de suite à l’aise.

Dans un cadre photo accroché au mur, je reconnais les coupoles de l’observatoire du Pic du Midi. Et devant les coupoles, quatre mecs bien connus. A gauche, Thomas, à droite, Thierry. Et au beau milieu, le bras de l’un sur l’épaule de l’autre, le bomécano et mon Jérém. Leurs sourire sont si beaux, tout comme leurs attitude réciproques, la tête légèrement tournée l’un vers l’autre, semblant échanger un regard complice. Derrière eux, le ciel est si bleu, ça devait être une magnifique journée. La vue devait être magnifique, là-haut, ce jour-là. De quoi ont-ils rigolé ce jour-là ? Qu’est-ce qui rendait leurs sourires si lumineux ? Quels souvenirs ont été gravés dans leurs têtes lors de cette escapade ?

Ont-ils dormi à Campan, dans cette maison venant de je ne sais quel oncle ou grand parent, cette maison dont j’ai quelque fois entendu mon bobrun parler avec ses potes, cette maison qui est pour moi un lieu mythique, comme hors de l’espace et du temps, un lieu où seuls les potes du bogoss sont admis, et d’où je serais exclu à tout jamais ?

Je me demande qui a pris cette photo. Ils ont peut-être demandé à un inconnu de la prendre, pour être tous quatre sur la photo.

Un peu plus loin sur le mur, un calendrier. Mais pas n’importe lequel. Un calendrier des pompiers. Il affiche le mois en cours, mais la tentation de le feuilleter est trop forte.

Les images montrent les hommes et les moyens qui portent secours. J’ai l’impression d’entendre le bruit des sirènes, la course contre la montre, l’odeur de la fumée, l’odeur de la peur, des larmes, la puissance des hommes, de leur courage.

Ce calendrier me fascine et m’émeut, car il résume presque à lui tout seul la grandeur d’un gars comme Thibault. Ce calendrier est le symbole de l’engagement, du courage, de la droiture, de toutes ces valeurs humaines qui font que Thibault est un garçon en or. Ce calendrier achève de graver définitivement dans mon esprit cette image d’homme, jeune par l’âge, mais très mur dans son être profond, incarnée par mon pote Thibault.

Hélas, Thibault n’apparait sur aucune des photos. Ca ne me surprend pas de lui, plutôt dans l’action que dans l’exhibition, plutôt dans l’être que dans le paraitre.

Pour retrouver enfin le bomécano, il faut s’aventurer jusqu’à la quatrième de couverture affichant à une photo de toute la caserne, photo à laquelle il n’a pas pu se soustraire.

Le voilà, un peu sur la gauche, rangée du milieu, le torse et la tête bien droits, les bras croisés sur la poitrine, posture qui fait gonfler les biceps dans les manchettes du polo bleu foncé règlementaire.

Thibault est là, avec tous ses collègues, le regard droit vers l’objectif, mais en rien frimeur, juste heureux d’être là, à sa place, heureux de pouvoir être utile à son prochain.

Définitivement, ce petit mec est vraiment un ange tombé du ciel.

Lorsque le bomécano revient de la salle de bain, habillé d’un débardeur blanc et d’un short gris molletonné, s’essuyant les cheveux encore humides, en bataille, avec une grande serviette, la peau fraîche dégageant cette délicate effluve de mec qui sort de la douche, je suis happé par une violente envie de le serrer dans mes bras et de le couvrir de bisous. Une envie que je ne m’autorise pas à exprimer, bien entendu.

— Ah, t’as vu ça, il me lance, un peu gêné.

— L’uniforme te va très bien, je ne peux m’empêcher de lui lancer, et je suis vraiment admiratif pour ton engagement.

— Les pompiers ont sauvé ma vie et celle de mon père lors d’un accident de voiture lorsque j’avais sept ans. Ce jour-là, je me suis dit que j’en serai moi aussi.

— C’est beau.

— Ça va Nico ? mem redemande le bomécano en posant sa serviette sur le dossier d’une chaise à côté, avant de reprendre sa bière sur la table basse et d’en avaler une nouvelle longue rasée.

— Ça va, oui, et toi ?

— Moi ça va, mais toi, je te trouve soucieux.

Tant de questions se bousculent dans ma tête, mais elles me paraissent soudainement si insignifiantes depuis que je me suis trouvé confronté à cette partie si noble de la vie de mon pote Thibault.

C’est le bomécano qui se charge de me mettre à l’aise. Pour ce faire, il y va direct.

— Tu sais, il ne faut pas qu’il y ait de malaise par rapport à ce qui s’est passé l’autre nuit. Je ne veux pas que tu te sentes gêné vis-à-vis de moi. Si tu es gêné, je vais l’être aussi. Et entre potes on n’a pas à être gênés, sinon c’est la fin de l’amitié.

— Tu as raison, j’admets.

— Ça ne va rien changer entre toi et moi. Je te considère un pote, un très bon pote. Et ça, ça ne changera jamais, je te le promets.

— Moi aussi je te considère comme un très bon pote.

— Alors dis-moi ce qui te tracasse, Nico.

— Je sais pas, j’ai l’impression que cette nuit on a peut-être été trop loin. Enfin, surtout moi j’ai été trop loin.

— Si toi t’as été trop loin, on y a été tous les trois.

Une fois de plus, je suis extrêmement touché par ses mots, pas sa façon de rendre tout beau et simple. Et pourtant, malgré ses mots rassurants, j’ai l’impression que son regard est fuyant et son attitude me déphasée par rapport à ses mots.

— Comment ça se fait que tu es venu à l’appart samedi dernier au milieu de la nuit ?

La question sort toute seule, elle tombe comme un cheveu sur la soupe.

Thibault marque un moment de silence, de réflexion, ou d’hésitation, mais il ne se débine pas.

— Je suis passé parce que je n’avais pas de nouvelles de Jé depuis une semaine.

— Depuis la finale ?

— C’est ça. Après le barbec chez l’entraîneur, Jé était rond comme une bille, alors je l’ai raccompagné à l’appart. Il n’avait pas l’air très bien, et je suis resté un peu avec lui. Je sentais qu’il avait un truc sur le cœur depuis un moment, et que ça le perturbait, alors j’ai essayé de lui faire dire ce qui n’allait pas. Non pas que je voulais m’occuper de ses affaires, mais je me suis dit qu’il fallait que ça sorte, j’ai dû forcer un peu les choses et il a fini par m’avouer qu’il couchait avec toi.

— Il t’a annoncé ça comment ? je ne peux m’empêcher de lui demander.

Thibault semble fixer un coin indéfini dans la pièce, je vois sa pomme d’Adam vibrer sous l’effet d’une déglutition nerveuse. Il boit une dernière rasade de bière et il plonge son regard dans le mien.

— Il a essayé de me faire croire qu’entre toi et lui ce n’est qu’une histoire de sexe, il me soutenait qu’il n’était pas pédé, que c’est toi qui l’a entraîné dans ces délires, mais qu’il pourrait arrêter quand il le voudrait. J’ai essayé de le mettre à l’aise, de lui dire que tu es un gars bien et qu’il n’y a rien de mal à ce que vous faites. Mais il s’est énervé et il m’a envoyé chier. Alors, je suis parti.

  • Evidemment, après ça, tu connais Jé, je n’ai pas de ses nouvelles de la semaine, il ne répondait même pas à mes appels. C’est pour ça que j’ai voulu passer le voir samedi. Je sais qu’il finit à peu près à 2 heures, et c’est le seul soir de la semaine où je peux attendre si tard. J’avais besoin de le voir pour mettre les choses à plat, cette histoire m’a foutu le bourdon pendant toute la semaine.

Ainsi Thibault était au courant pour Jérém et moi. Jérém lui avait parlé de moi comme de son jouet sexuel. Chose que Thibault n’avait pas gobé. Et quand l’occasion du plan à trois s’est présentée, Jérém a sauté sur l’occasion pour faire la preuve de ses propos en prenant son pote pour témoin.

— J’avais remarqué que tu n’étais pas dans ton assiette quand on s’est vus la semaine dernière, je lui lance..

— Tu connais la raison, à présent, fait le bomécano, le regard mélancolique.

— J’ai été surpris de te trouver chez lui samedi. Je veux dire… vous avez bien sûr le droit de vous voir quand vous voulez, mais l’autre nuit je pensais le voir seul à seul pour discuter.

— C’était pas prévu, rien n’est jamais prévu avec Jérém. Avec lui, c’est quand lui il en a envie, il m’a fait venir quand il a débauché, j’explique.

— Tu sais, j’ai vraiment hésité quand Jérém m’a demandé de rester avec vous.

— J’ai vu.

— J’ai hésité parce que je ne voulais pas rentrer dans son jeu.

— Quel jeu ?

— Le jeu de me montrer, et de se prouver à lui-même avant tout, que tu ne représentes rien d’autre à ses yeux qu’un plan cul qu’il peut partager avec son meilleur pote…

— C’est ça que je suis à ses yeux, juste un plan cul disponible à la demande.

— Tu sais, Jé joue au macho, mais il tient à toi. Tu n’es pas qu’un plan cul pour lui, quoi qu’il en dise.

Ses regards et sa colère ne trompent pas. Quand il est contrarié, Jé réagit de cette façon, en se mettant en pétard. Et sa contrariété de l’autre soir était de la jalousie.

— Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis, alors, qu’est-ce qui t’a fait rester ? je veux savoir.

— Je ne sais pas, pas vraiment, fait le bomécano soudainement gêné, le regard à nouveau dans le vide.

  • La curiosité, certainement, il ajoute.
  • Oui, j’aurais pu partir pour ne pas rentrer dans son jeu, il continue après une courte réflexion. Mais j’étais heureux de le retrouver après cette semaine de froid entre nous.
  • Je comprends…

— Malgré tout, j’hésitais encore, même quand tu as commencé à t’occuper de lui. Mais quand tu as commencé à t’occuper de moi, je me suis laissé porter. Ne m’en veux pas, Nico.

— Je ne t’en veux pas, je me suis laissé porter aussi.

— T’as dû être déçu de mon attitude, je lui glisse dans la foulée.

— Pourquoi, donc ?

— Du fait que je… je… je laisse Jérém me traiter… de cette façon.

— Bah, écoute, si je devais être déçu, ce serait plutôt de lui !

— Jé n’a pas à avoir cette attitude humiliante à ton égard…

 — Il n’est pas tout le temps comme ça, je tente de relativiser.

— Je n’en doute pas. Mais il n’a pas à te traiter de cette façon. Je n’ai pas trop osé intervenir, je ne savais pas trop comment m’y prendre, je ne connais pas votre relation. Mais tu vois, je m’en veux de ne pas l’avoir remis à sa place avec plus de fermeté.

— Tu as fait beaucoup Thibault.

— Mais tu ne dois pas te laisser faire, Nico, tu dois t’imposer.

— C’est pas simple… j’essaie de le ménager vous éviter ses sauts d’humeur…

— Le ménager c’est pas lui rendre service, et à toi non plus. Tu devrais peut-être lui balancer ce que tu as sur le cœur une fois pour toutes. Jé est une tête de mule, parfois il lui faut un électrochoc salutaire pour lui faire comprendre les choses qu’il refuse de regarder en face.

— Je n’ose pas.

— Je t’assure, Nico, je le connais un peu pour savoir qu’il faut parfois le brusquer pour qu’il voie enfin ce qu’il refuse de voir. Combien de fois il est parti d’un entraînement en claquant la porte, mais il est toujours revenu. Ne crois pas que parce qu’on est potes, on ne s’est jamais pris la tête. J’ai vécu ça un million de fois depuis que je le connais, Jé a un sacré caractère, je ne t’apprends rien. Il est impulsif, colérique.

— Je peux te dire que dans d’autres circonstances, je ne me serais pas gêné pas pour aller à l’affrontement. Mais si j’étais intervenu l’autre nuit, il aurait été capable de m’envoyer chier. Parce qu’il se serait senti trahi, humilié devant toi. Il a toujours mieux accepté ce que j’avais à lui dire à conditions que je le lui dise entre quatre yeux.

— Vous êtes beaux tous les deux. Tu es fou de Jé, et lui aussi est fou de toi, même si parfois il se comporte avec toi comme le roi des crétins.

Ses mots, sa bienveillance, sa gentillesse me touchent et m’émeuvent profondément. Je ressens une émotion m’envahir, monter aux yeux, faire perler quelques larmes. Je passe une main sur le visage, j’essaie de respirer profondément, d’essuyer mes joues, de me ressaisir, mais un sanglot m’échappe.

Et là, le bras du bomécano se pose sur mon épaule, m’attire contre lui. Je lève les yeux et dans les siens, je vois un léger sourire doux et ému.

Nous restons ainsi enlacés, pendant un bon petit moment. Qu’est-ce que ça fait du bien de se retrouver dans ses bras puissants.

— Je vais te montrer quelque chose, il me glisse, alors que ses bras relâchent leur étreinte.

Le bomécano se lève, se dirige vers le meuble télé et en revient avec un album photo à la main.

— Dans cet album, il y a presque 10 ans d’amitié entre Jé et moi.

J’ai le cœur qui tape à mille dans la poitrine juste en pensant aux trésors renfermés dans ses pages. Mes larmes sont déjà sur le point de couler à nouveau en imaginant les émotions qui vont encore me submerger en voyant mon Jérém dans des moments que je n’ai pas partagés avec lui.

— Bien sûr que j’ai envie de voir ça !

Thibault pose l’album sur ses genoux et, avec un geste lent, il fait pivoter couverture cartonnée, puis commence à feuilleter les premières pages.

Le livre magique s’ouvre sur une photo de classe pleine d’enfants.

— Là on était en CM1, c’est la première photo que j’ai de lui. Alors, tu l’as trouvé ?

— Je cherche.

— Pas facile, hein ?

— Toi je t’ai repéré, tu es là, tout à fait à gauche de la photo.

— Si tu m’as repéré, tu as repéré Jé, on était inséparables.

— C’est lui, à côté de toi ? Naaan, c’est pas lui !

— Si, si !

J’ai du mal à reconnaître dans cet enfant gringalet, plus petit que Thibault, avec l’air mal dans sa peau, celui qui sera plus tard le magnifique étalon que je connais.

— Il n’était pas épais à l’époque !

— C’est clair, pas épais du tout. En plus, il était très timide, il ne parlait pas beaucoup, c’était un petit gars qui se faisait malmener. Mais quand on était ensemble, personne ne le faisait chier, c’est pour ça qu’il était tout le temps avec moi.

— Tu as dû être un vrai pote pour lui.

— J’ai essayé. Tiens, voilà, le voilà dans son premier maillot de rugby. Regarde le comment il est fier, regarde son sourire, je crois que c’était la première fois que je le voyais sourire de cette façon, regarde comme il tient son ballon sur cette photo ! Ca devait faire tout juste un mois qu’il venait aux entraînements.

  • Je me souviens que dès le premier jour, j’ai su qu’il était fait pour ça. En quelques semaines, il a tout capté au jeu, il a joué un peu à tous les postes, et en l’espace de quelques mois, le gamin maladroit s’est révélé être un ailier très doué.

Je suis bouleversé par les photos de mon Jérém tout jeune, par cet émouvant voyage dans le temps. C’est touchant et instructif de découvrir l’enfance de la personne qu’on aime, découvrir son histoire, découvrir les évènements qui ont marqué sa vie à une époque où nous n’en faisions pas encore partie. C’est bon de parler avec ceux qui l’ont côtoyée pendant des époques inconnues, époques qui ont façonné sa personnalité et qui ont fait d’elle l’être que nous aimons aujourd’hui. Dans cette découverte du passé, on peut parfois trouver les clés pour mieux comprendre le présent, et pour mieux pardonner.

  • Ici on est en quatrième, il doit avoir 13 ans, il commente devant une autre photo quelques pages plus loin, regarde comme il a grandi ! Le rugby lui a permis de trouver une passion, de se découvrir doué. Ca lui a fait prendre confiance en lui, ça lui a fait gagner le respect des autres gars. Le rugby a developpé son corps, l’a rendu populaire au collège, puis au lycée, les filles ont commencé à s’intéresser à lui…

— Là c’est l’été suivant, on était parti en camping à Gruissan avec mes parents et j’avais proposé à Jé de venir avec nous.

J’ai envie de pleurer devant cette photo de petit mec torse nu sur la plage, avec son short de bain rouge et son sourire si enfantin, encore un gosse, mais déjà jeune mec en devenir.

Le regard attendri que Thibault pose sur cette photo semble parler d’une grande nostalgie pour ce temps d’enfance, de vacances et d’insouciance.

— Tiens, ici c’était après un match en plein hiver. On avait galéré ce jour-là, il faisait un froid terrible, il pleuvait, on était trempés comme des canards.

Sur la photo, Jérém, Thibault et Thierry, couvert de boue de la tête aux pieds. Thibault l’air sage, comme toujours, Jérém et Thierry en train de faire les pitres. Jérém tire la langue, avec un petit sourire canaille, c’est beau.

Photo suivante, dans les vestiaires, visiblement après un match. Les gars semblent heureux, ils ont du remporter le match ce jour-là. Et au milieu de la photo, mon Jérém de face, torse nu, en boxer blanc, le buste plié en avant, en train d’enfiler son jeans, la tête relevée vers l’objectif, la chaînette qui pendouille dans le vide, les cheveux en bataille qui tombent sur les yeux, et qui donnent à son allure un je ne sais quoi de craquant à se damner.

Page suivante, nouvelles photos.

— Là c’était chez l’entraîneur, on devait avoir 15 ans, c’est le soir où…

Thibault marque une petite pause, tandis qu’un petit sourire amusé et tendre s’affiche sur son visage. — C’est le soir où Jé s’est fait dépuceler, il continue, par la fille de l’entraîneur, dans la cabane au fond du jardin. Je crois que cette photo a été prise juste après que ça se soit passé…

Sur la photo, Jérém tient un verre à la main, et il a le regard un peu stone. Il vient tout juste de découvrir qu’il plaît aux filles, de tester son bel engin avec succès, il vient tout juste de jouir. Et j’ai l’impression de lire dans son regard fixé par la pellicule une belle fierté de petit mec.

— Là c’est une autre soirée, une troisième mi-temps, on avait vraiment trop picolé.

Jérém avec une chemisette à carreaux, trois boutons ouverts sur le relief de ses pecs, un pan dans le jeans, l’autre dehors, la chaînette de mec bien en vue, un verre en plastique à la main, le regard figé, la paupière lourde, le brushing en vrille, une cigarette à moitié cramée au coin des lèvres, le tout lui donnant une allure débraillée, l’allure d’un mec qui n’aurait qu’une seule envie, qu’un seul besoin, retrouver un lit et une bouche pour une bonne pipe avant de dormir.

Pourtant, sur cette photo, son regard semble empreint d’une intense mélancolie, ce qui me donne envie de lui faire des tas de câlins avant toute autre chose.

A côté de lui, comme très souvent, le solide Thibault, le regard doux, bienveillant. Ainsi, le contraste entre les deux potes finit par s’imposer.

Jérém, Thibault, le même âge, des vies très proches, des parcours semblables, la même passion pour le rugby. Pourtant, il existe également entre eux des différences assez marquées. Si je devais les résumer en quelques mots, je dirais que Jérém est un irrésistible petit con qui pue le sexe à des kilomètres. Tandis que Thibault est déjà un petit bout d’homme, plutôt viril. Là où « viril » s’applique davantage à des qualités humaines comme la droiture, le courage et la bienveillance.

— Ici c’est à Hossegor, il y a deux ans, qu’est-ce qu’on s’est marré ce jour-là, enchaîne le bomécano en m’arrachant à mes réflexions.

Une fois de plus, mon Jérém torse nu sur la plage, les cheveux en bataille, le corps ruisselant d’eau, brillant au soleil, tout comme Thibault. Visiblement, ils sortent de l’eau. Une fois de plus, le bras de l’un est posé sur l’épaule de l’autre, leurs sourires sont si lumineux, ils ont l’air de s’amuser un max.

— Ici c’est à Gruissan, l’été de l’année dernière.

Jérém et Thibault et Thomas, les trois mousquetaires, torse nu, au bord de l’eau. Le quatrième, Thierry, étant assurément derrière l’objectif. Jérém au milieu de la photo, et ses deux potes font semblant de l’embrasser sur la joue.

— On s’était tapé un délire, comme c’est lui qui conduisait et qu’il avait le permis depuis quelques jours et que sa 205 n’était pas de première fraîcheur, on avait parié qu’elle nous ne ramènerait pas à Toulouse… mais elle a fait l’aller-retour sans problème.

— Jérém n’a pas encore son tatouage, je relève.

Le bomécano semble ne pas avoir entendu ma considération, l’air totalement happé par cette photo.

— Tu disais, Nico ?

— Je disais que sur cette photo Jérém n’a pas encore son tatouage.

— Je crois que la photo a été prise le jour de notre arrivée, il a dû le faire le lendemain, je pense.

Comment décrire l’émotion violente provoquée par une image en voiture où mon Jérém, le torse enveloppé dans un petit débardeur blanc à hurler, est endormi comme un enfant sur l’épaule de Thibault ?

Une autre page est tournée et mon bobrun apparaît dans un t-shirt rouge, visiblement lors d’une énième soirée. C’est une photo récente, car mon bobrun est déjà le bogoss mégasexy que je connais aujourd’hui, avec son tatouage au biceps. Il est à hurler.

— Tiens, ça c’est la soirée de son anniversaire l’an dernier, m’explique le jeune pompier.

— C’est quand son anniversaire ? je demande comme un cri du cœur, en sautant sur cette occasion si inattendue et si belle.

— Tu sais pas ? s’étonne le bomécano.

— Non, il ne l’a jamais fêté en classe.

— Je peux te dire qu’il l’a toujours fêté au rugby, et comme il faut.

— Il y a plein de choses que j’ignore de lui.

— Son anniversaire c’est le 16 octobre.

La découverte de sa date d’anniversaire me rend si heureux.

— Dans moins de trois mois, il va fêter ses 20 ans, commente Thibault, et j’ai prévu de lui faire une surprise.

— C’est quoi ?

— J’ai prévu de l’amener au Mas d’Azil pour lui faire faire un saut à l’élastique par surprise, je sais qu’il va kiffer.

— T’as de la chance…

— J’ai la chance de l’avoir comme pote.
— Je parle de la chance de le connaitre si bien, depuis si longtemps, la chance d’avoir partagé tant de choses avec lui.
— Tu as des photos de lui ?

— Juste une que j’ai découpé de la Dépêche la semaine dernière.
— Vas-y, choisis-en une, ou même deux.

— Mais je ne peux pas, ce sont tes souvenirs.

— Des photos, j’en ai plein. Et puis, les meilleurs souvenirs sont là-dedans, fait-il en posant sa main à plat sur son cœur.

— Tiens, il me lance, en me passant l’album, choisis-en quelques-unes.

L’objet est lourd, physiquement et symboliquement, j’ai l’impression qu’il me brûle les doigts, tellement l’histoire d’amitié qu’il contient me touche, m’émeut. C’est un magnifique voyage dans l’amitié entre deux potes inséparables qui se déroule sous mes yeux, à travers la magie de la photo.

Je reprends à le feuilleter depuis le début, je repasse le film d’une vie. Page après page, je vois mon bobrun grandir, je vois le gamin se transformer en jeune étalon hyper sexy.

A travers ces photos, je revis les trois dernières années depuis que je le connais, je revis l’itinéraire d’un amour qui est né au premier instant et qui a jalonné ma vie depuis trois ans. Comment choisir parmi toutes ces merveilles ?

Sur une photo, je retrouve Jérém dans t-shirt noir moulant, je crois reconnaître le t-shirt qu’il avait le premier jour du lycée, et je crois reconnaître le Jérém que j’ai connu le premier jour du lycée, je revis cet instant dans la cour du lycée. Je retrouve l’émotion « originelle », dans toute son intensité, dans toute sa pureté, le premier choc, cette immense déflagration qui s’est produite en moi à l’instant même où l’image de ce petit mec de 16 ans, bogoss en devenir, avait traversé ma rétine. Et cette onde de choc avait été pour moi une révélation à plus d’un titre. Car, d’une part, elle entérinait définitivement mon attirance pour les garçons. Et, d’autre part, elle faisait rentrer dans ma vie un garçon qui allait devenir le rayon de lumière de mes années lycée.

Mais sa plastique de rêve et sa belle petite gueule n’ont jamais été son seul atout à mes yeux. Il y avait aussi son attitude, son assurance, une aisance vis-à-vis de la vie qui me fascinait littéralement, car ce sont là des qualités qui me font cruellement défaut.

Oui, ce qui nous semble inaccessible a tendance à nous fasciner. Depuis que j’ai commencé à ressentir de l’attirance pour les garçons, je ne fais qu’admirer, jalouser, chercher dans l’autre ce que j’aurais voulu être mais que je ne serai jamais.

Je ne serai jamais un jeune premier qui croque la vie par les deux bouts, le mec qui a plein de potes, qui aime faire la fête, le mec populaire, le mec qui suscite de l’admiration, qui sait se faire respecter, je ne serai jamais un champion au rugby, je ne serai jamais le genre de mec au charme redoutable qui attire les regards comme un aimant, je ne serai tout simplement pas le mec aussi bien dans ses baskets qu’est Jérém, du moins en apparence.

Oui, ce mec représente à mes yeux un idéal de puissance, de sexytude, de charme, de « virilité ». Un idéal auquel, inconsciemment, je donne des allures de mythe. Le mythe du jeune apollon, du jeune mâle à qui rien ni personne ne sait résister. Et qui s’autorise l’insolence outrancière de dégager cette « virilité » avec un naturel déconcertant, sans aucun effort apparent.

Lorsque Jérém n’était encore que ce putain de bogoss inaccessible que le hasard avait placé dans la même classe de lycée que moi, je passais le plus clair de mon temps à l’observer, à tenter d’en savoir un peu plus sur lui. Je tentais de capter les conversations le concernant, même les ragots, n’importe quel détail, avide de capter la moindre des infos à son sujet.

En cours, je le matais sans cesse, me contentant de la vision de son dos, ainsi en disposait la géographie de la classe. Une vision frustrante, certes, mais qui possédait l’avantage de ne pas avoir à me soucier de croiser son regard.

A force d’observer sa vie, j’en oubliais un peu la mienne, infiniment moins palpitante que la sienne.

Ses succès, sa popularité me faisaient rêver. Même son côté « cancre », sa façon d’assumer parfaitement ses mauvaises notes, son insolence lorsqu’il était parfois rappelé à l’ordre par les profs, me faisait rêver.

Je vivais par procuration, par fascination.

En imaginant, en désirant son plaisir, j’ai rendu mon propre plaisir subordonné au sien. En me branlant, et en imaginant à chaque fois sa jouissance, son plaisir est devenu mon plaisir, et ce dernier a fini par ne plus exister sans le sien.

Puis, un jour, le fantasme a rejoint la réalité.

Dès notre première révision, le bogoss a eu tout pouvoir sur moi. Il n’a eu aucun mal pour cela. De toute façon, ce pouvoir je le lui avais déjà accordé depuis longtemps.

De ce pouvoir, il s’en est saisi de la manière exacte dont je rêvais. Il a voulu faire de moi l’objet de son plaisir, c’était exactement ce dont j’avais toujours rêvé sans oser espérer qu’un jour ça puisse arriver. Je suis devenu son objet sexuel parce son attitude assurée et dominante m’a inspiré ça, parce qu’il ne m’a pas laissé le choix, parce qu’il m’a fait aimer ça, parce que son inépuisable énergie sexuelle m’a littéralement rendu dingue de lui.

Pourtant, il manquait une dernière petite pièce pour achever l’édifice de mon amour pour ce mec, et il s’agissait d’une pièce maîtresse.

Cette pièce est venue à moi au fil de nos révisions, surtout celles qui se déroulaient tard dans la nuit, ainsi que lors des conversations très instructives à son sujet avec son pote Thibault. Elle est venue à moi lorsque j’ai eu l’occasion de le connaître un peu plus, lorsque j’ai compris que derrière la façade de bogoss insolent se cachaient des peurs, des blessures.

Ce sont ses failles, ses blessures, cette souffrance qu’il endurée dans son enfance qui m’ont touché.

C’est tout un ensemble de petites choses qui, mises bout à bout, me font dire que, sous sa carapace, derrière son attitude de petit con souvent intraitable, il existe un être sensible, prisonnier d’un bourreau sexy.

Oui, tout ce qui est inaccessible, fascine, attire, charme. Et son cœur m’est toujours inaccessible.

Je finis par me dire que ça n’a pas de sens de comparer Jérém et Thibault, car chacun a son parcours, un parcours qui a façonné sa propre personnalité, chacun a sa sensibilité, ses peurs, ses moyens pour affronter la vie. Au fond, Jérém n’est qu’un garçon de 19 ans qui se cherche et qui a du mal à faire face à ses démons, et il y a une certaine fragilité sous la carapace. Et c’est pour cela que je l’aime aussi.

— Alors, t’as choisi ? j’entends Thibault me demander, m’arrachant une fois de plus à mes divagations.

— J’aime bien celle-ci.

Jérém assis sur la pelouse de la prairie des Filtres, on voit une arcade du Pont Neuf tout à gauche de l’image, ses bras tendus et ses mains posés à plat sur le sol derrière son dos, habillé d’un simple jeans, et de la même chemise à carreaux noirs et blancs que sur l’autre photo, les manches retroussées, ouverte sur un t-shirt blanc sur lequel sa chaînette de mec est négligemment abandonnée, le regard ténébreux. Tout simplement beau à en pleurer.

— Vas-y, décolle-la, elle est à toi.

— Merci infiniment, Thibault.

Je la décolle lentement et je contemple le vide laissé dans la page de l’album.

— Vraiment, ça me gêne.

— Il faut pas. Choisis-en une autre.

Je feuilleté jusqu’à ce que je retrouve une photo en maillot rugby.

— Celle-là aussi me plaît beaucoup.

— Tu prends.

— Merci.

— Une dernière, pour la route.

— C’est abusé !

— Non, puisque je te le propose.

Je ne peux m’empêcher d’en viser une où mon bobrun est sur la plage, torse nu, le bronzage sur sa peau mate, la lumière du soleil mettant en valeur et en relief la musculature parfaite de son corps.

— Celle-ci, alors.

— Vas-y.

— Merci, ça me touche vraiment.

— Ca me fait plaisir.

Je regarde ma montre et je me rends compte que j’ai passé une heure assis sur ce canapé, à regarder des photos à côté de ce charmant mécano.

Soudain, l’album photo se referme tout seul et glisse entre mes genoux. J’essaie de le rattraper avant qu’il ne touche le sol, j’ai un mouvement brusque, mes genoux frôlent ceux du jeune pompier.

Nos regards se croisent. Son regard est beau, il happe le mien. Définitivement, Thibault est le genre de garçon qui me fait craquer. Il est beau, il est charmant, il est adorable. Il me fait craquer en tout point.

Le bomécano esquisse un petit sourire doux, il porte une main sur mon épaule.

— Tu sais, je t’aime beaucoup, Nico.

— Moi aussi, je t’adore.

— J’ai vraiment aimé cette nuit.

— Moi aussi, moi aussi.

— Je suis content que Jé soit tombé sur quelqu’un comme toi.

Je vois Thibault ému, je le suis aussi. J’ai envie de me jeter dans ses bras, j’ai envie de l’embrasser, j’ai envie de tout avec lui.

Et là, son portable se met à sonner.

 — C’est Jé, il m’annonce, avant de décrocher.

— Hey, mec, ça va ? démarre le bomécano. A chaque fois je suis touché par sa façon de montrer qu’il est heureux de retrouver un pote.

— Oui, je t’écoute, je l’entends lâcher, après un instant de silence.

J’essaie de capter l’autre moitié de la conversation, mais je n’entends que de vagues grésillements.

  • Quoi ? A la fin du mois ? Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?
  • Combien de mois ?
  • Mais pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ? On aurait pu trouver une solution…
  • Et il n’y a vraiment pas moyen de trouver un arrangement ?
  • Bien sur que tu peux venir. Quand tu veux.
  • Demain, tu dis ? s’étonne le bomécano.

Grésillements indistincts de bobrun.

— Ok, ok, tu peux commencer demain à ta pause, si tu veux, tu peux passer chercher les clés au garage demain matin.

— Bon, ok, t’as qu’à tout laisser dans le séjour, on se débrouillera pour te trouver de la place.

— Il n’y a pas de quoi. Et bon courage pour ce soir, travaille pas trop. Allez, bises.

Le bomécano vient de raccrocher. Il me fixe droit dans les yeux. Il l’air troublé.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? je le questionne.

— Jé vient de m’annoncer qu’il n’a pas payé son loyer depuis des mois, et il s’est fait foutre dehors. Il doit quitter l’appart à la fin du mois.

— Mais c’est dans quelques jours à peine !

— Je suis sur le cul aussi, il vient de me l’annoncer à l’instant. S’il m’en avait parlé quand il a commencé à avoir des problèmes, j’aurais pu l’aider, mais il n’a rien dit, et là, on ne peut plus rien faire.

— Mais ses parents ne l’aident pas ?

— Je ne sais pas vraiment, c’est tendu entre eux.

— Bref, il m’a demandé si je pouvais l’héberger, il continue, le temps de se retourner.

Evidemment, j’ai dit oui. Il va commencer à amener des affaires dès demain soir.

Soudain, je ressens un étrange sentiment de vide, comme en lisant la dernière ligne d’un beau chapitre, ou d’un beau livre. Je réalise que dans quelque jour je n’aurai plus accès à cet appart, à ce lieu magique au beau milieu de la rue de la Colombette, ce lieu hors du temps et de l’espace qui a été le théâtre des premières révisions avec Jérém, la scène de mon dépucelage, le cadre de tout ce plaisir que nous nous sommes donnés, le décor de mon amour naissant, d’espoirs sans cesse renouvelés et de frustrations de plus en plus difficiles à endurer.

Je ressens un pincement au cœur, comme une morsure, en pensant que plus jamais je ne remettrai les pieds dans cet appart, qu’une page se tourne avec le départ de Jérém de ce lieu, une page de nos vies.

Je suis pris par un vertige en pensant que la nouvelle page qui s’ouvre, nous ne l’écrirons pas assurément pas ensemble.

Où allons-nous nous retrouver désormais pour nos galipettes, si tant qu’il en ait à nouveau envie un jour ?

Cet appart va vraiment me manquer, car il s’en est passé des choses, entre ces quatre murs.

Jérém quitte les lieux et dans quelques temps quelqu’un d’autre, un autre étudiant peut-être, peut-être bien un autre petit con ultra bandant comme Jérém prendra sa place, il ramènera ses potes, et des nanas. Jusqu’au jour où, peut-être, il entraînera l’un de ses camarades dans des révisions chaudes bouillantes.

La nuit passée avec les deux potes était donc la dernière fois que je mettrais les pieds à l’appart rue de la Colombette. Je n’aurais même pas pu dire au revoir à cet appart où j’ai dormi pour la première fois avec un garçon.

— Nico, je t’aurais bien gardé manger une pizza mais il faut que je passe à la caserne.

— Je vais y aller.

— Tout va bien, Nico ?

— Oui, ça va. C’est juste que la nouvelle du déménagement de Jérém m’a un peu secoué. Il a de la chance d’avoir un pote comme toi.

— Même s’il vient s’installer ici, je sais qu’il ne restera pas longtemps. Jé a besoin de son indépendance.

— J’ai besoin que tu me promettes quelque chose, Nico…

— Dis-moi…

— Je ne sais pas de quoi l’avenir de Jérém sera fait. Mais quoi qu’il fasse, qu’il trouve un autre boulot, un autre appart, qu’il reste sur Toulouse ou qu’il parte je ne sais où, il ne pourra pas se passer de toi…

— J’aimerais que ce soit vrai…

— J’aimerais que tu gardes un œil sur lui…

— J’aimerais bien… mais est-ce qu’il va seulement m’en donner l’occasion ?

Le regard de Thibault vaut plus que mille mots. Dans ce regard, je vois toute l’amitié qu’il porte à son pote, et son désir de s’assurer qu’il ne se mette pas en danger. C’est de la bienveillance à l’état pur. Et si d’autres sentiments sont là, son abnégation et son dévouement sont admirables.

— Je te promets que je ferai de mon mieux, j’arrive à lui répondre, la voix cassée par l’émotion.

Je cherche du réconfort dans ses bras, j’essaie de cacher mon émotion.

— Porte toi bien, Nico, et si ça ne va pas, tu sais que ma porte est toujours ouverte. Et mon téléphone toujours allumé, toujours.

Dans le bus, je valide le ticket que Thibault m’a filé en quittant l’appart. Je me dis que vraiment, ce mec est un ange, un el ange musclé avec un esprit touchant au possible.

Dans le bus, je feuillète sans cesse les trois photos qu’il m’a données, autant de trésors à la valeur inestimable à mes yeux.

Thibault a été adorable, et très honnête avec moi. Il m’a rassuré, remonté le moral. Il a apporté des réponses à pas mal de mes questions, il a apaisé pas mal de mes inquiétudes. Je me suis confié à lui, il s’est confié à moi.

Pourtant, en partant de l’appart aux Minimes, je m’inquiète un peu pour lui. Une partie de moi a comme l’impression que derrière son attitude et son discours de mec bien dans ses baskets, il y a des choses non dites. J’ai comme l’impression qu’entre son envie de voir son pote heureux avec moi et moi heureux avec son pote, il est en train de s’oublier, une fois de plus.

Mais, comme d’habitude, je trouve le moyen de me rassurer, en me disant que Thibault est un garçon solide et que tout ira bien pour lui.

J’aurais dû m’inquiéter davantage, car sous ses attitudes rassurantes, il y avait bel et bien un malaise.

Commentaires

ZurilHoros

03/07/2020 22:02

Un épisode qu’il est très difficile de commenter, tant il est riche d’enseignements. Je dirais qu’il illustre la différence de personnalité entre Nico et Thibaut qui ont pourtant le même âge. Thibaut est à l’écoute de ses amis et il veut bien évidemment aider ceux qu’il aime. Comme il s’y intéresse, il sait quoi faire. Il a aidé Jérémie quand ils étaient enfants, et là, il est disposé à aider Nico, qui possède à ses yeux, la plus grande des qualités: celle d’aimer Jérémie. Ils aiment le même mec, du même amour mais pas avec les mêmes armes ni les mêmes réussites. Thibaut a du caractère et des valeurs. Il réprouve l’attitude de Jerem et on sent qu’il a été déçu de voir son copain se comporter comme un porc avec Nico. Pour des raisons que lui seul connait, il pense, malgré tout, que Jerem tient à Nico, mais qu’il ne sait pas l’exprimer. En se joignant à eux, il a pensé que Jérém suivrait son exemple car il a de l’influence sur son copain d’enfance.  C’est à mon avis plus complexe que ça. Thibaut voulait connaitre l’intimité homo de Jérémie et s’en approcher. Il s’agissait de ressentir la même chose que Jérém pour connaître la seule proximité qui lui manque encore avec lui, et elle passe par Nico. Seulement à ce jeu, si il accepte de laisser son Jérém à Nico, il semble bien qu’il finisse lui aussi par aimer aussi Nico.  Quand il dit à Nico, qu’il doit s’affirmer et ne pas se laisser faire, il se défend aussi, car il se voit à sa place. La violence de Jérém est aussi une violence qui lui est faite. Ensuite il a ce geste magnifique de lui donner des photos de Jérém, puisqu’il a compris que les deux ne partagent aucune intimité. Nico était venu dans l’espoir d’avoir des nouvelles de Jérém et il aussi connaitre l’état d’esprit de Thibaut. st-il sincère en s’inquiétant de l’image que Thibaut aurait de lui? Un passif qui s’est donné à plusieurs mecs, porte facilement le stigmate de celui qui est un objet. C’est d’ailleurs le jeu que Jérém prétendait jouer devant Thibaut. Thibaut a t-il révélé quelque chose à Nico qu’il ignorait, comme celui-ci se persuade? Je n’en suis pas sûr, Nico s’est surtout servi de Thibaut pour faire passer un message à Jérém. Nico est très ému de voir les photos et de penser que des pans entiers de la vie de Jérém lui échappent encore. Nico ne connait que le sexe avec Jérém puisque Jérém ne lui donne rien d’autre. Mais si Nico avait été différent, en aurait-il été autrement. Si il n’avait pas abdiqué toute volonté en échange de coups de bite, en saurait-il plus sur Jerem. Il a eu une occasion, une petite semaine de vraies révisions pendant laquelle il n’a pas compris que Jérém était dyslexique. Il n’a donc pas du être très attentif, pour ne pas y voir la raison de l’illisibilité de ses sms par exemple.Pourquoi Jérém n’a pas le besoin de se confier à Nico? peut être croit-il que seul le sexe l’intéresse et cela doit bien l’arranger de penser ça. Et d’ailleurs, Nico est surprenant. Rien que dans cet épisode, que ce soit en croisant un type dans un bus, en s’asseyant à coté de Thibaut, ou après avoir versé des larmes sur son épaule, il fantasme de les sucer. Quand il voit les photos défiler devant ses yeux, certes il s’attendrit sur Jérém enfant, mais à chaque fois, il pense à sa sexitude, à sa virilité, à l’attirance que les bogosses doivent avoir les uns pour les autres, à la vigueur d’un étalon de 19 ans. Il a pourtant le même âge qu’eux. C’est comme si il appartenait à une autre humanité. C’est un drôle de garçon obsédé par la virilité et j’en arrive à penser qu’il n’a pas de réelle amitié à offrir. Il ne voit les autres qu’en fonction de ses envies et de ses besoins. On l’a vu dans l’épisode précédant quand il pense envoyer un sms à Stephane dans le seul espoir que Stéphane s’intéresse à lui. Quand il s’inquiète un peu pour Thibaut, car il est très observateur, il se rassure vite, en se disant que Thibaut est fort. Il peut repenser à la seule chose qui l’intéresse, lui et ses problèmes. Je m’en veux de penser ça de Nico, parce qu’il a beaucoup à donner et que son attachement est bien réel. Mais il va lui falloir dépasser son nombrilisme, et dompter sa fascination pour la puissance masculine. Tant qu’il sera soumis dans sa tête, il ne pourra pas se prendre en charge et s’imposer et donc être fiable. 

Laurent

16/02/2017 01:37

C’est toujours aussi plaisant de lire une de tes suites . Très beau moment de complicité entre Nico et Thibaut. Si Jérem dort chez Thibaut, ça promet de nouvelles expériences . A bientôt j’espère

Yann

14/02/2017 18:59

Vraiment bel épisode qui montre l’amitié que porte Thibault pour Nico et Jerem. De ce point de vue Nico doit être rassuré pour ce que pense Thibault le concernant. Quant à Jerem, on le savait déjà mais on comprend un peu plus la complexité de sa personnalité face à cette part de sa sexualité qu’il refuse d’assumer.

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Un film poignant. Avec un jeune acteur à la beauté bouleversante. Film complet sur Dailymotion en cliquant sur la photo.

Une histoire d’amitié authentique et poignante.

Deux acteurs incandescents.

La découverte de l’amour, du premier amour, le plus fort de tous.

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Merci Yann pour les graphismes du site et ton soutien.

Merci aux mécènes de tout temps, et en particulier à Cyril et Virginie, dont le soutien perdure depuis 2016.

Merci à vous tous pour votre fidélité et vos commentaires.

L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

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