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JN01065 Une soirée pour fêter le bac – Le resto

Samedi 7 juillet 2001, au soir

Le rendez-vous est fixé à huit heures devant un resto boulevard Carnot. Le vent d’Autan n’a pas faibli, il caresse ma peau avec son souffle tiède. Mes sens en plein éveil, j’ai l’impression de capter des regards, de plaire. Mais peut-être que je me fais des films.

Lorsque j’arrive devant le resto, une partie des camarades est déjà là. Je cherche mon beau brun, en vain. C’est bien connu, ce sont ceux qui sont les plus proches qui sont le plus en retard.

Au fur et à mesure que j’approche du petit attroupement, j’entends des exclamations gentiment moqueuses, des commentaires étonnés. Ma nouvelle allure ne passe pas inaperçue, on me charrie.

Pendant que j’accomplis ma tournée « Bonjour, bonsoir », pendant que je serre des mains et que je claque des bises, ça fuse dans tous les sens autour de moi. Je suis mal à l’aise, je tente de me donner une contenance en souriant à tour de bras. Tout en me disant au fond de moi que j’aime bien qu’on remarque que j’ai fait des efforts. Si seulement LUI aussi pouvait le remarquer.

Une fois le petit effet de mon entrée en scène estompé, j’essaie de me fondre dans une conversation. Je ne veux surtout pas avoir l’air d’un con seul dans son coin lorsqu’IL se pointera.

L’heure avance, Jérém n’est toujours pas là. J’ai hâte de le revoir, mais en même temps je redoute le moment où il va arriver. Je commence à stresser terriblement, j’ai l’impression d’avoir une boule au ventre. Je n’arrive pas à me concentrer sur les conversations, je rigole nerveusement, bêtement, de tout, de rien, de n’importe quoi. Je suis comme ivre. Je dois avoir l’air d’un idiot. Un idiot bien coiffé, bien sapé, mais un idiot quand même.

Je finis quand même par arriver à me glisser dans une conversation à base de souvenirs de lycéens, une conversation à la fois drôle et empreinte de nostalgie. Nous rigolons de tout, et spécialement des moments qui nous ont paru sur le coup les plus difficiles à vivre, les contrôles en cours d’année, la préparation du bac, les épreuves du bac, le choix de l’orientation après le bac, les caps les plus rudes à passer. Un souvenir en entraîne un autre et j’ai l’impression que nous pourrions rester des heures à remémorer, déformer les événements, enjoliver le passé, à nous avouer, sans le dire, que la nostalgie nous happe tous autant que nous sommes.

C’est vraiment dommage que tout cela se termine maintenant, maintenant que je commence enfin à trouver un semblant de place au lycée, et que je commence à trouver certains de mes camarades plutôt sympas.

Pendant des années je me suis senti isolé, ignoré, différent, rejeté. Ça a duré jusqu’à ce troisième trimestre de cette année de bac. C’est là que j’ai commencé à me sentir mieux dans ma classe. Je réalise à cet instant que j’ai commencé à me sentir bien au lycée à partir du jour où, sur un coup de tête dont je n’attendais franchement rien, j’ai proposé à Jérém de réviser les maths. Je craignais un refus méprisant et, contre toute attente, le beau brun a dit oui.

Quand j’y repense, j’ai la nette sensation que le fait de côtoyer le bogoss du lycée, a contribué à faire sensiblement remonter ma côte de popularité.

J’ai beau être en plein milieu d’une déconnade bruyante et enjouée, lorsque son parfum frappe mon cerveau, tout se bloque, je bugge net, je perds le fil des mots. J’entends Alexandra appeler « Nico ! Nico ! Nico ! » mais sa voix me semble de plus en plus lointaine, estompée, comme si j’avais été soudainement plongé dans l’eau.

La vérité est que je ne suis plus là, qu’il n’y a plus de connexion. Je me retrouve propulsé dans une autre dimension, dans un autre lieu, dans un autre espace-temps où seuls existent ce parfum et le gars qui le porte.

Non, je ne l’ai pas vu arriver, mais je l’ai senti arriver.

Puis, quelques instants plus tard, je l’entends arriver.

Après son parfum, je capte dans mon dos le son de sa voix chaude et sexy de jeune mec, ainsi que la mélodie virile de son sourire.

Je ne me suis pas encore retourné, son image n’a pas encore impressionné ma rétine. Et pourtant, je suis déjà impressionné tout court.

Comme il est loin cedimanche soir, une semaine plus tôt, où j’ai cru m’être libéré à jamais du sortilège que mon bobrun m’a jeté lors de notre première « révision » !

Mon cœur s’emballe, ma respiration s’accélère. Il m’a manqué, putain qu’est-ce qu’il m’a manqué, et je me rends compte seulement à cet instant à quel point.

Je respire à fond pour me préparer à ce moment où mon cœur va battre non pas à mille mais à dix mille à la seconde. Le moment où ma raison va s’évaporer sous la lumière insoutenable de sa présence, sous la chaleur de son regard.

Paf ! sa silhouette rentre dans mon champ de vision.

Cheveux très courts autour des oreilles et derrière la nuque, pattes fines et allongées jusqu’à la base de ses oreilles, juste ce qu’il faut. Son allure sent la douche fraîchement prise, le déo copieusement vaporisé, le gel posé sur les cheveux encore humides. Bref, la parfaite conscience de ses atouts de mec, ainsi qu’une certaine intention, ou plutôt une intention certaine, d’en mettre plein la vue. Ça sent le petit con soigné, la jeunesse insolente, une fraîcheur du corps et de l’Etre, cette fraîcheur sensuelle qui crie au sexe. C’est tout simplement à tomber.

Oui, Jérém est là, à tout juste quelques mètres de moi, le torse redessiné par un magnifique t-shirt blanc de marque. Une image de perfection qui frôle le divin. Une beauté aveuglante et absolue.

Le temps d’un battement d’aile de papillon, tout a disparu autour de moi. Plus rien n’existe, je ne vois plus que lui et ce coton immaculé qui contraste fabuleusement avec sa peau de plus en plus mate au fur et à mesure que l’été avance, ce coton doux parfaitement tendu sur sa plastique insolemment mise en valeur.

Un t-shirt blanc, c’est toujours beau chez un beau garçon. Jeans et t-shirt blanc, c’est une valeur sûre, c’est indémodable. Et ce t-shirt est si magnifiquement coupé qu’on devine non seulement le relief de ses pectoraux mais, par moments, on jurerait de voir apparaître les lignes de ses abdos sous le coton.

Ce t-shirt est un magicien capable de dévoiler ce qu’il est censé habiller. Sa longueur est juste parfaite, le bord inférieur se pose négligemment là où sa braguette commence. Et on a à la fois envie de l’arracher pour découvrir le monde de beauté plastique qu’il annonce de façon si insolente et insistante, et de le laisser en place pour assister à cette féerie visuelle.

Au gré de ses mouvements, les deux tissus, t-shirt et jeans, se frottent, se superposent, se relayent, se cherchent, se séparent, dévoilent tour à tour, de façon inattendue et rapide, sa belle ceinture de mec, l’élastique de son boxer, et même, par moments, des petits bouts d’abdos sculptés.

Avec ses cheveux courts, son port de tête haut, ce regard brun ténébreux et quelque part intimidant, avec cette assurance de jeune mâle sûr de lui et qui ne doute de rien, avec ce simple t-shirt blanc et ce jeans, tout ce qu’il y a de plus simple, beau et masculin, mon Jérém ressemblerait lui aussi, tout comme Thibault la veille, à un jeune militaire en permission.

Oui, Jérém est là. Et pour moi, plus rien n’est comme avant.

Je suis saisi par une émotion qui me déborde, qui me dépasse. Jérém est là, à quelques pas de moi. Je sens sa présence et j’ai envie de pleurer de bonheur. Plus jamais ça, plus jamais dix jours sans le voir.

Je le regarde serrer des mains, faire des bises, aux nanas, à ses potes les plus proches, je le regarde être accueilli comme un petit chef, comme le gars le plus populaire de notre classe. Et soudain j’appréhende le moment où il va approcher, où il va venir faire la bise aux filles, et serrer la main des garçons avec qui je suis en train de discuter. Et peut-être à moi aussi.

Le beau brun avance, le pas assuré, sûr de l’effet qu’il provoque autour de lui. Le petit cercle s’ouvre pour l’accueillir. Je respire à fond, j’essaie de me calmer pour me préparer au choc de le voir devant moi. Et là…

Il commence par faire la bise à Alexandra, ensuite c’est tour de Camille. Et lorsqu’il arrive à hauteur de Rémy, c’est toujours avec une bise qu’il dit bonjour.

Un instant plus tard, il s’approche de moi, il pénètre dans mon espace vital. Son parfum cogne dans ma tête prête à exploser. Le beau brun me fixe pendant un court instant, me toise rapidement de haut en bas et de haut en bas, l’air d’avoir du mal à en croire à ses yeux. Ça ne doit durer qu’une fraction de seconde, mais j’ai l’impression que son regard sur moi s’étire sur une petite éternité.

Je redoute ce qu’il pourrait me balancer, j’ai peur qu’il se moque de moi, de quoi je ne sais pas, mais je sais qu’il en serait bien capable. Mais là, devant tout le monde, je sens que je le prendrais très mal.

Et je suis toujours en apnée lorsque Jérém incline légèrement la tête sur le côté, accompagnée d’un mouvement du sourcil, marquant son grand étonnement.

Ce n’est rien, vraiment pas grand-chose. Mais c’est un « rien » si furieusement sexy. Sexy à ne pas pouvoir l’exprimer. A chaque fois qu’il fait ce truc avec le sourcil, je ressens une émotion tellement puissante que j’ai l’impression que mon cœur va s’arrêter de battre.

Je n’ai toujours pas de photo de lui (à part une toute petite que j’ai réussi à avoir sur le site de son club de rugby, car Facebook n’arrivera que bien plus tard, et même plus tard Jérém n’aura pas de page Facebook, car il ne sera jamais le genre de mec à vivre sa vie pas écran interposé), et je doute fort que même le meilleur photographe du monde serait capable de fixer tant de perfection.

Certes, un jour il existera de très très belles images de mon beau brun, des images que je ne serai pas vraiment le seul à admirer. Mais ça c’est une autre histoire, qui sera racontée en son temps. Mais même la plus belle photo ne saura rendre justice à sa bogossitude hors normes.

Car ni le meilleur objectif, ni la meilleure pellicule, ni le meilleur photographe ne seront jamais en mesure de capter la profonde beauté de ce garçon, une beauté qui va bien au-delà de sa beauté visible. Car ce sont ses attitudes, le devenir insaisissable et éphémère qui se dégage de son être à chaque instant, c’est sa Présence tout entière, son souffle, son âme, c’est la totalité de l’émotion masculine qui se dégage de lui, qu’il faudrait capturer pour rendre compte de sa beauté profonde.

Jérém est toujours en train de me toiser et je ne sais toujours pas s’il se moque de moi ou s’il apprécie ma tenue. Mon cœur est sur le point d’exploser. Et là, il m’achève avec un petit sourire canaille.

Puis, presque d’un bond, il franchit les derniers centimètres qui nous séparent encore. Ses pecs effleurent les miens, sa joue, à la barbe de trois jours, se pose contre la mienne rasée de près, et ça pique un peu. Mais j’adore.

Et il me claque la bise. Une sur chaque joue, comme l’avait fait Thibault la veille. Pendant ce temps, les assauts olfactifs de son parfum ravagent mes derniers neurones. Et ses lèvres en profitent pour me glisser quelques mots à l’oreille :

« Dis donc, tu t’es fait beau ce soir ! »

Je fonds, je meurs. Je suis surpris, tétanisé, et je ne trouve rien à lui répondre. Même pas l’évidence : « Et toi, donc… plus beau, on meurt ! »

Même pas un simple « Merci », même pas un sourire. Non, je suis tellement surpris et intimidé que mon visage et mon corps tout entiers restent figés dans une expression de stupeur.

Lui, en revanche, a toujours son sourire canaille lorsqu’il me dévisage en éloignant son torse du mien, l’air fier de l’effet de son entrée en scène sur le spectateur conquis que je suis.

J’étais parti avec l’intention de me faire beau pour attirer son attention. Mais comme toujours, c’est lui qui m’en met plein la vue.

Ceci dit, et tout bien considéré, ma manœuvre n’a pas complètement échoué. Le fait d’arriver à faire dire a Jérém cette phrase inattendue, « Dis donc, tu t’es fait beau ce soir », lui qui ne m’a jamais fait un seul compliment, ça ressemble quand même à une petite victoire.

Je le regarde s’éloigner, repartir vers d’autres camarades, le plus naturellement du monde, alors que moi je suis tout sens dessus dessous. Je le regarde discuter et déconner avec Thierry et Bruno, j’envie leur complicité, leurs petits échanges tactiles – un bras qui se porte sur une épaule, une main qui saisit un biceps pendant une franche déconnade – et, par-dessus tout, leurs sourires, un feu d’artifice de sourires. Si c’est pas beau de voir une bande de potes en train de déconner…

Aussi bouleversant que le sourire ravageur lorsqu’il est en mode charmeur, aussi beau que son sourire lubrique lorsqu’il est en mode « je vais te baiser », le sourire qu’il réserve à ses potes est pourtant d’une espèce différente. C’est un sourire amusé, lumineux, sans réserve, un sourire franc, joyeux, contagieux. C’est le genre de sourire qu’il ne m’a jamais adressé.

Non, jamais je n’ai eu droit à un beau sourire comme celui qui est en train d’illuminer toute sa personne à cet instant. Je réalise que jamais nous n’avons rigolé ensemble. Nous avons juste baisé.

Jérém s’allume une clope, et il en propose une à son pote Thierry.

Je le regarde tirer sur la cigarette en plissant les yeux, jusqu’à presque les fermer. Puis, l’enlever de la bouche, garder la nicotine dans ses poumons pendant un petit moment. Et enfin expulser la fumée, l’air d’y prendre du plaisir.

Fumer est un immense gâchis pour la santé. Mais il faut bien admettre que toute la « chorégraphie » autour de la cigarette rend mon bobrun encore plus sexy. J’aimerais tant pouvoir lui offrir là, tout de suite, un plaisir bien plus intense qu’une simple cigarette.

Pendant qu’il porte la cigarette à ses lèvres, j’essaie de détailler cette belle montre que je ne lui ai encore jamais vue et qui habille si bien son poignet. C’est une grosse montre au bracelet métallique qui en rajoute encore, si besoin était, à son côté viril. Mais comment l’a-t-il eue ? Un cadeau pour le bac ? Ça ne peut pas venir de sa famille, ils ne se parlent plus. Alors, de qui ? Je n’en sais rien. Achetée par lui-même ? Ce qui est-certain, c’est qu’elle lui va drôlement bien.

Jérém est maintenant en train de taper la discute avec Laura, la nana qui m’a harcelé au téléphone pour me faire venir à la soirée. Je décèle chez lui cette attitude qui lui est typique lorsqu’il est face à une jolie gonzesse : un regard intense, brun, charmeur. Jérém aime plaire, séduire, en toute occasion.

Un t-shirt et un simple jeans sur lui, les mains nonchalamment glissées dans les poches, les épaules en avant, le dos légèrement courbé, la tête imperceptiblement inclinée, voilà un ensemble de petits détails qui, mis bout à bout, accentuent encore, si nécessaire, son côté petit con à gifler et à sucer sur le champ.

Son attitude dégage une sexytude conquérante. Ce gars pue le sexe à des kilomètres. Le pire c’est que son petit jeu marche à tous les coups, et devant ce charme déployé sans ménagement, avec une effronterie presque insoutenable, on lui donnerait la bonne pipe sans hésitation.

Il est huit heures et quart, tout le monde est là. Quelqu’un balance : « on y va ». Alors, on y va. Je suis le mouvement. Je suis à côté de la porte d’entrée, et je réalise que je vais rentrer dans le resto parmi les premiers. Je jette un œil par-dessus mon épaule et je me rends compte que le t-shirt blanc est tout à fait dans les derniers. Les chances d’être à côté ou en face de lui à table sont presque nulles.

Nous avançons vers la table qui nous est réservée, au fond de la salle. Et mes craintes se confirment une fois que tout le monde est assis. Le beau brun n’est ni à proximité, ni même dans mon champ de vision. Nous sommes en effet installés presque aux deux extrémités de la table et sur le même alignement de chaises. Merde, alors !

La serveuse se pointe pour la commande. L’apéro arrive vite et nous trinquons au bac, à notre réussite. J’ai l’impression de trinquer à la fin de notre vie de lycéens, mais aussi à la fin de la « parenthèse » Jérém.

Au moment de rentrer dans le resto, j’avais trouvé dommage d’être si éloigné de lui et de ne pas pouvoir le mater pendant le repas. Mais je finis par me dire que c’est bien ainsi. S’il avait été près de moi ou en face, j’aurais passé tout le temps du repas à me laisser étourdir par son parfum, à le regarder rigoler avec tout le monde sauf avec moi, et à repenser à tous nos moments ensemble.

Oui, passer tout le repas près de lui, cela aurait été dur. Comme une torture. Loin de la vue, loin du cœur, loin du parfum, loin de la trique. Hélas, loin de la vue ce n’est pas forcement loin de la voix. Jérém a beau être assis à l’autre bout de la table et du même côté que moi, il m’arrive de capter sa voix par-dessus le brouhaha, d’entendre des éclats de rire que je reconnais être les siens. Je capte même quelques-uns de ses mots au milieu d’une conversation.

Car, à la faveur de l’enchaînement de quelques verres, le beau brun et son pote Thierry parlent de plus en plus fort. Ils sont survoltés et ils font les cons pour faire rire la galerie. J’ai l’impression que c’est leur façon à eux de lire à tout le monde « les gars, vous allez nous manquer. »

A cet instant, je trouve mon Jérém émouvant, drôle, touchant. A cet instant, je voudrais être proche de lui, je voudrais le prendre dans mes bras, le câliner.

Faute de pouvoir le toucher, j’ai au moins besoin de le caresser du regard. Je me penche, je me contorsionne, j’ai parfois la chance de l’entrevoir. Aaaah, qu’est-ce qu’il est beau ! Et qu’est-ce qu’il est craquant dans son rôle de pitre, de clown ! Et pourtant, le clown semble être un peu triste. Peut-être que, contrairement à ce qu’il en dit, lui aussi déteste l’idée de devoir quitter ses potes, le lycée, les années les plu insouciants de sa vie.

Ça déconne tellement de son côté que toute la table finit par suivre le délire. Même les autres tables semblent sensibles à la bonne humeur bien chargée en testostérone qui se dégage de la confrontation entre les esprits désormais un brin alcoolisés de Jérém et de Thierry.

Et puis, de but en blanc, Jérém se lève, son verre à la main. Il se penche légèrement en avant, se tourne vers l’autre bout de la table, c’est-à-dire dans ma direction, pour apercevoir tous les visages. Et comme mes yeux le fixent sans discontinuer, nos regards finissent par se croiser, s’aimantent pendant un instant. Ce n’est qu’un très court instant mais, une fois de plus, j’ai l’impression que ça dure une éternité.

Le lien se brise vite, et je l’entends balancer :

« Merci d’être tous venus, ça fait plaisir. Je trinque au bac. Mais, surtout, à la fin du lycée. Putain, qu’est-ce qu’on en a bavé ! »

Tout le monde rigole, alors que le beau brun continue : « Je trinque à l’avenir de nous tous ! »

Je suis complètement emporté par sa voix. Je suis très sensible à la voix, car je trouve qu’elle exprime beaucoup de choses, au-delà des mots. La voix exprime le tempérament, l’attitude, et la sensualité du garçon dont elle est l’essence sonore.

Dans la voix de mon Jérém se niche un clair accent du sud, que l’alcool fait ressortir davantage, un accent légèrement chantant, et qui sent bon le soleil de cette belle région. C’est une voix qui se fait entendre, qui occupe l’espace, c’est l’expression sonore de son aura masculine. C’est une voix qui « décrit » un jeune mâle qui en impose.

La voix de Jérém me fait vibrer. C’est une belle voix virile qui enflamme le désir. Sa voix, c’est de la testostérone verbalisée.

« Et je veux aussi trinquer à une personne grâce à laquelle je n’aurais certainement pas le bac » il continue sur sa lancée.

Mon cœur s’emballe en une fraction de seconde. Je retiens ma respiration. Il ne va quand-même pas faire ça, me remercier devant tout le monde. Surtout qu’à part le faire jouir, je n’ai pas fait grand-chose pour sa progression en maths…

« Je veux parler de… »

Putain, il va le faire !

« … d’Anaïs qui m’a souvent aidé dans les dissertes, parce que j’étais vraiment nul ! »

Mais quel con ! Quel con je fais d’avoir pensé pendant un instant que Jérém me remercierait devant tout le monde. Et quelle haine de le voir remercier Anaïs pour son aide, tout en me demandant si Jérém s’est acquitté avec elle avec la même « monnaie sexuelle » avec laquelle il m’a « rémunéré » pour l’avoir aidé pour les « révisions » de maths. Le sourire un peu gêné d’Anaïs semble me confirmer que c’est bien le cas.

De toute façon, ce n’est pas comme si je n’étais pas au courant qu’ils sont sortis ensemble. Je me souviens des pelles qu’ils se roulaient dans les couloirs du lycée et dont la vue me faisait bouillir. Je me doute bien qu’ils ont du coucher ensemble.

Mais si je me souviens bien, leur crush avait pris fin peu après le début de nos « révisions », c’est-à-dire lorsque le beau brun avait trouvé en moi un endroit plus à son goût où tremper sa queue.

Moi aussi j’ai envie de trinquer. De trinquer à nous tous, certes, mais surtout à quelqu’un en particulier. A toi, Jérémie, avec qui ça a été un plaisir inouï de « réviser ». Parce qu’au-delà du sexe même, tes fêlures inavouées m’ont touché.

Mais au fait, non, je n’ai pas envie de trinquer. Je sais que tu vas te casser à la fin de l’été, que tu vas m’abandonner, car tu n’en as rien à foutre de moi, car ce n’est que mon cul qui t’intéresse et que des culs comme le mien tu en trouveras toujours.

Le problème est que moi je tiens vraiment à toi. Et que des Jérém comme toi je n’en trouverai pas ailleurs. Car même si tu es mauvais avec moi, même si tu es très con avec moi, je t’aime, Jérémie Tommasi.

« Santé » ce sera ma seule réaction à son petit speech, pendant que ces mots que j’ai envie de lui crier devant tout le monde restent coincés au fond de ma gorge.

Le repas est long, et lorsque le café arrive enfin, je le bois cul sec. Assis à cette table, sans pouvoir approcher mon Jérém, j’étouffe. Je suis impatient de bouger.

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L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

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