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JN01064 Un réveil difficile, une journée en dents de scie

Samedi 7 juillet 2001, 10h49

Ce matin, je me réveille en pensant à Jérém. J’ai très envie de lui.

Je pense à ses regards lubriques, à ses sourires coquins, à son arrogance sexy, à ses attitudes de mec assuré (et assurant) pendant la baise.

Je pense à ce débardeur blanc qu’il portait le soir où il m’a baisé dans le vestiaire du terrain de rugby, ce débardeur immaculé qui faisait un merveilleux contraste avec sa peau mate, ce petit bout de tissu imbibé de sa transpiration, de ce délicieux mélange de petites odeurs de mâle et de parfum de mec qui me fait tourner la tête.

Je pense à cette pipe sur le banc de muscu, et aussi à cette baise sur la table de massage. J’ai trop envie de lui. J’ai envie de sentir sa queue coulisser en moi, j’ai envie de sentir toute la puissance de ses coups de reins. Et je jouis en pensant à l’expression de son visage pendant qu’il jouit en coulissant entre mes fesses.

Je viens de jouir et je me sens épuisé. Je récupère pendant un petit instant, savourant à fond ce moment de grâce absolue qui élève une branlette au rang de plaisir ultime.

Je prends une profonde respiration et je retrouve peu à peu les éclats de mon esprit que la déflagration du plaisir a dispersé loin de moi. J’écoute ma respiration, je profite de cette douce chaleur qui pulse dans mon ventre et qui irradie vers le reste de mon corps et qui détend chacun de mes muscles, qui vide mon esprit de toute tension.

Pourquoi donc ce mec me fait-il cet effet-là ? Pourquoi l’ai-je à ce point dans la peau ? Je l’ai dans la peau. Un point c’est tout. Et cela ne s’explique pas. Et surtout, ça ne se commande pas.

Définitivement, j’ai replongé du côté de Jérém, et pas qu’un peu. Mais comment le retrouver lors de cette soirée qui approche ? Est-ce qu’il voudra encore de moi ? Son sketch de samedi soir dans lequel il m’a laissé en plan pour repartir avec une nana, n’aurait-il pas été la chute finale du dernier acte de notre relation ? N’aurait-il pas fait exprès de me jeter ainsi pour que je lui foute la paix une fois pour toutes ?

Ou alors, devrais-je essayer de lire entre les lignes, au-delà de son comportement blessant de petit con ? Devrais-je écouter les mots de Thibault, lorsqu’il dit que Jérém tient à moi, à sa façon, que la distance qu’il met entre nous n’est qu’une façon de se protéger, qu’il est méfiant à cause de la souffrance endurée dans son enfance, et qu’il faut que je profite du temps qui reste avant son départ pour tenter de l’apprivoiser ?

Qu’est-ce que la vie est compliquée lorsqu’on aime ! Mais qu’est-ce qu’on se sent vivants lorsqu’on aime ! Parfois inquiets, parfois épuisés, mais tellement vivants !

Après avoir passé l’après-midi à courir sur le Canal avec la voix de Madonna dans les oreilles, je rentre vers 17h30 pour me préparer. A la sortie de la douche, mon reflet dans le miroir m’apporte l’image d’un garçon que je trouve moins insupportable qu’auparavant.

J’ai toujours pensé que je ne pouvais pas plaire. Je ne me suis jamais trouvé beau, peut-être parce que je me comparais aux apollons qui attiraient mon attention. Et puis, objectivement, je n’avais jusque-là fait aucun effort pour me mettre en valeur. J’avais une piètre image de moi-même, une image confortée et enfoncée par les railleries au collège et au lycée, par les agressions verbales et les humiliations dont je faisais bien trop souvent l’objet. Une image confortée par le fait de me sentir rejeté, par ma difficulté à m’intégrer, à avoir une vie sociale épanouie. Une image dans laquelle mon paternel a sa part de responsabilité.

J’ai toujours en tête une réflexion prise dans la gueule un après-midi de la Toussaint deux ans plus tôt, l’année de mes 16 ans. Comme chaque année à cette occasion, mon oncle, le frère de mon père, sa femme et leurs fils Cédric, un beau garçon brun âgé d’à peine quelque mois de plus que moi, venaient depuis Brive pour se recueillir avec nous sur le caveau familial dans le cimetière en haut de la rue Gabriel Péri.

Je ne voyais ce gens-là qu’une ou deux fois par an. Et ce jour-là, un an après leur dernière venue, j’avais trouvé que Cédric avait bien changé. Il avait poussé en taille, son corps avait pris du muscle. J’avais gardé en moi le souvenir d’un ado « comme moi », et ce jour-là, j’avais trouvé qu’il commençait sérieusement à faire « p’tit mec ». Pour la première fois, je le trouvais attirant.

D’autant plus que ce jour-là il était super bien habillé, avec un beau pantalon de marque et un blouson style étudiant américain, bleu et blanc qui le mettaient vraiment en valeur.

Moi, en revanche, j’étais comme toujours habillé en jeans, pull et blouson vraiment quelconques. Je me souviens m’être senti mal à l’aise par rapport à Cédric. Aussi, sa sexytude naissante m’impressionnait.

Je le regardais et je me disais qu’alors que j’étais encore puceau, lui il ne l’était sûrement plus. Je me faisais cette réflexion, déjà assez humiliante pour moi, lorsque j’avais entendu mon oncle parler à mon père, et non sans une certaine fierté, de « la copine de Cédric ».

Dans la foulée j’avais entendu mon père féliciter Cédric pour l’exploit : « Il faut s’amuser à ton âge, Cédric, il faut profiter ! »

Avant d’ajouter : « Tu devrais expliquer à ton cousin comment faire avec les nanas ! »

Cédric avait alors eu à son tour un petit sourire de fierté en se sentant ainsi valorisé dans une comparaison qui flattait son ego masculin. Et qu’importe si le mien en avait pris une claque.

Oui, je ressentais un certain malaise vis-à-vis de mon cousin, un malaise qui était aussi le pendant du conflit intérieur qui faisait fureur en moi au fur et à mesure que je prenais conscience de ma diversité, du fait que j’aimais bien les garçons. Et notamment les jeunes garçons bruns et sexy de mon âge, comme Cédric justement.

Le petit malaise avait pris de l’ampleur lorsque j’avais entendu mon père féliciter Cédric, avec cette remarque qui me plaçait automatiquement dans une comparaison d’où je sortais rabaissé.

Mais le malaise avait carrément viré à l’humiliation lorsque j’avais entendu mon père faire une nouvelle réflexion à mon oncle, des mots prononcés sans se soucier que je puisse les entendre ou pas, et encore moins de l’effet qu’ils pourraient avoir sur l’édifice d’un « moi » à ce moment-là en pleine construction. Une construction déjà bien difficile.

« Regarde Nico et Cédric, ils n’ont que quelques mois d’écart, mais ils sont si différents. Ton Cédric est désormais un homme, alors que Nico est toujours un gamin. »

C’est-ce jour-là que j’ai senti pour la première fois aussi clairement le manque de considération – et la déception – à mon égard dans le regard de mon père.

Je ne sais pas pourquoi ce samedi, avant la soirée pour fêter le bac, juste avant d’aller retrouver Jérém, je repense à ce moment. Il y a des trucs comme ça, qui nous blessent, et dont la cicatrice reste.

Aujourd’hui, lorsque j’écris cette histoire, mon histoire, ça fait plus de vingt ans que j’ai entendu cette réflexion. Et je ne l’ai toujours pas oubliée.

Ce samedi, en me préparant à aller à cette foutue soirée, je trouve rassurant de regarder ma silhouette dans le miroir et de me dire : ça va, Nico, tu n’es plus un gamin, tu commences à ressembler à quelque chose. Je suis homo, certes, et par conséquent je suis– et je le serai à jamais – très loin du fils idéal aux yeux de ton père.

Mais en me regardant dans le miroir, je me dis que j’ai quand même l’air d’un mec, pas plus moche que tant d’autres. Pas vraiment viril, mais pas efféminé non plus.

J’ai un torse imberbe, un torse qui, sans avoir des pectoraux saillants et des tablettes de chocolat, dessine un V bien proportionné, et qu’on pourrait presque qualifier de légèrement dessiné.

J’ai de belles lèvres, de grands yeux noisette, de longs sourcils. Mes cheveux châtains sont très fournis, doux, brillants. Depuis quelque temps, je les ai laissés un peu pousser. Ce soir je vais essayer de les fixer en bataille avec un gel « effet mouillé ».

C’est la première fois que je tente l’expérience. J’y travaille un peu, un coup à droite, un à gauche, je rajoute du gel, j’étire plus haut, trop haut, je plaque un peu, j’ajoute encore un peu de gel, je tire par ici, je colle par-là, je pétris n’importe comment. Au final, le résultat n’est pas trop mal. Merci Elodie, c’est grâce à toi que j’ai appris à prendre soin de moi et à me mettre un peu en valeur.

Peut-être que je suis en train de prendre de l’assurance.

Depuis quelques temps, pas mal de choses se sont passées dans ma vie. D’abord le fait d’avoir couché avec une bombasse mâle comme Jérém qui a embrasé en moi des envies qui sommeillaient patiemment en moi. Puis le fait d’avoir plu à un charmant garçon comme Stéphane, qui m’a fait me sentir attirant. Et encore, le fait d’avoir accroché quelques regards en boîte de nuit.

Tous ces regards de mecs qui se sont posés sur moi avec désir et envie se superposent, se mélangent et me mettent du baume au cœur.

Et soudain, je me surprends à rêver de frotter la blancheur de ma peau, contre celle bien mate et chaude d’un beau mâle toulousain nommé Jérémie.

Je sens l’excitation monter, je ressens un frisson partir de mon bas ventre et se propager dans tout mon corps. J’ai 18 ans, les hormones à fleur de peau, et je pense très fort au mec qui me fait jouir à en perdre raison. Je me branle.

Je sens une chaude énergie se diffuser dans mon bas ventre, j’ai l’impression que tous mes muscles se détendent. Une force invisible mais puissante me pousse à appuyer les coudes sur le bord du lavabo et à cambrer mes reins. Je ferme les yeux, un souvenir puissant vient percuter mon esprit. Le souvenir de cette fois où Jérém m’a baisé devant le miroir de sa salle de bain.

Si seulement en rouvrant les yeux Jérém était là, derrière moi, dans le réflexe du miroir avec moi, le manche bien tendu, prêt à prendre possession de moi, prêt à me baiser comme un dieu, prêt à jouir en moi comme ce fameux après-midi dans sa salle de bain.

Je me concentre et j’ai l’impression de sentir ses coups de reins puissants, ses couilles qui frappent violemment mes fesses, son manche qui gagne de plus en plus de profondeur en moi.

Je revois ses mains qui malmènent mes hanches sous l’effet de la puissance incontrôlée de ses gestes, son conscient tout entier balayé par la venue du plaisir. Je le revois en train de jouir, je revoir dans le reflet du miroir son visage déformé par le passage violent de son orgasme. Et je jouis très vite, très fort.

Ça y est, je suis à la bourre.

Je m’habille en vitesse.

Cette semaine, j’ai aussi cassé la tirelire pour faire quelques courses. Je me suis offert un jeans de marque, une chemise manches courtes à carreaux rouges assez ajustée à mes épaules et au profil de mon torse (je laisse les deux boutons du haut ouverts comme le fait Jérém), des baskets bleues. J’ai même acheté du déo pour l’occasion, et j’en vaporise copieusement sur ma peau. Avec un petit con comme Jérém, il faut jouer à armes égales.

Je quitte la maison comme sur un nuage. La branlette a eu un effet apaisant sur mon corps. C’est la première fois que je me sens si bien dans ma peau, à l’aise dans mes baskets, dans mon jeans, dans ma chemisette, sous mon brushing et avec mon parfum.

Je sais qu’au fond, je ne fais tout cela que pour lui, dans l’espoir d’attirer son regard.

Je me balade dans les rues de Toulouse et j’ai l’impression de planer.

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Et pour cela, un grand

Fabien

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