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JN01063 Une bière avec Thibault, et autres petits bonheurs

« Alors, t’as fini ta journée ? j’arrive à enchaîner, malgré l’onde de choc provoquée par son sourire à bout portant, et par sa poignée de main ferme et rassurante.

 — Ma journée et ma semaine .

 — Ça va ? j’enchaîne.

 — Un peu fatigué, mais ça va !

 — C’est dur comme taf, je lance.

 — J’aime ce métier, alors c’est de la bonne fatigue !

 — Ça se voit que tu aimes ça, et je suis content que tu aies trouvé un métier qui te correspond, je lui glisse.

 — Un jour j’aimerais ouvrir ma propre boîte. »

Thibault est vraiment un bon gars, bosseur, passionné.

« Je souhaite de tout cœur que tu puisses y arriver !

 — C’est gentil. Tu veux boire un truc ?

 — Avec plaisir ! »

Nous marchons quelques minutes jusqu’à ce que le beau mécano s’arrête devant la terrasse ombragée d’un bistrot.

« C’est ici, il m’annonce, ça ira ?

 — Parfait ! »

Nous nous installons à une table et nous commandons deux bières qui arrivent rapidement.

« Alors, ce bac. Mention ou pas mention ? il me branche dès que le serveur s’éloigne.

 — Mention très bien, je lui réponds, un peu gêné de passer une fois de plus pour le bon élève coincé de service.

 — Félicitations ! Jéjé m’avait dit que tu étais une tronche ! »

Définitivement, ma réputation n’est plus à faire. Eux les mecs. Moi la tronche. Nos planètes nous séparent.

« Au fait, tu lui as parlé cette semaine ? je le questionne.

 — Oui, lundi en début d’après-midi. Il était super content d’avoir le bac. Je crois qu’il n’y croyait pas vraiment. »

Evidemment, il a été lui aussi à l’affichage au lycée. Tout simplement à un autre moment que moi.

« Je pense aussi qu’il n’y croyait pas vraiment, je commente, en tout cas, je suis content qu’il l’ait eu.

 — C’est un peu grâce à toi qu’il l’a eu, il me lance.

 — Oui, un tout petit peu grâce à moi », je finis par lui répondre.

Je bois une gorgée de bière en attendant de trouver le moyen de lui parler de Jérém, mais je ne le trouve pas. En fait, je n’ose pas. Au fond, je ne sais pas bien pourquoi j’ai voulu le voir. Je ne sais pas exactement ce que j’attends de lui. Peut-être qu’il me dise que Jérém est secrètement amoureux de moi et qu’il me donne la recette pour accéder à son cœur. Et quoi encore ? Le tiercé gagnant pour la prochaine course à l’hippodrome de la Cépière ?

Le beau mécano se charge lui-même de créer l’occasion pour moi.

« Ça a été ta soirée au KL samedi dernier ? il me questionne.

Bah, oui, ça a été, c’était une très bonne soirée, une magnifique, somptueuse soirée de merde, surtout au moment où je me suis fait humilier par ton pote.

 — Ouais, ça a été, je lui réponds, en prenant sur moi.

 — Quand je t’ai vu discuter avec Jéjé, j’ai cru que vous rentreriez ensemble.

 — Moi aussi… mais il avait mieux à faire, je lui réponds, le regard ailleurs.

 — Tu parles de cette nana ? 

 — Oui.

 — Cette nana ce n’est rien pour lui, juste un coup. Une façon pour maintenir sa réputation. »

Soudain, je me sens gêné par cette conversation. Thibault le remarque.

« Nico, tu n’as pas à être gêné avec moi. Tu, sais, je peux tout entendre, je ne juge personne », je l’entends me glisser doucement, alors que je suis saisi par l’agréable et troublante surprise de sentir la chaleur de sa main sur la mienne. Ce contact m’oblige à lever mon regard et à croiser le sien.

Vu de si près, ses yeux vert-marron me paraissent encore plus charmants et doux que dans mon souvenir.

Une partie de moi avait désiré cette conversation. Une autre partie l’avait crainte. Mais maintenant que c’est parti, je me sens soulagé. L’espace d’une seconde, j’ai basculé dans une nouvelle dimension où Thibault est devenu un confident, un ami à qui j’ai envie de me livrer.

« Je comprends ce que tu as pu ressentir, il me glisse, ouvrant ainsi devant moi un boulevard pour accueillir mes confidences.

 — C’est pas facile, tu sais », je finis par lâcher en me forçant à me jeter à l’eau. Et là, soudain, dès ces mots expulsés, j’ai l’impression de sortir d’une apnée émotionnelle qui aurait trop duré.

« Je sais que c’est pas facile. »

Je me tais, débordé par l’émotion. J’ai envie de m’ouvrir à lui, mais je ne sais pas jusqu’où aller pour ne pas mettre Jérém en porte-à-faux. J’imagine bien que ce dernier n’a rien dit à son pote de ce qu’il y a entre nous, et je me doute bien qu’il n’aimerait pas que ce soit moi qui lui en parle.

« Je vais jouer franc jeu avec toi, Nico. Ce qu’il y a entre Jéjé et toi, ça ne regarde que vous. L’important, c’est que vous soyez heureux. »

Le beau mécano me regarde droit dans les yeux et je me perds dans son regard à la fois doux, viril et plein de bienveillance. Son petit sourire finit de me mettre à l’aise.

Un petit détail me saute aux yeux, un détail que j’ai déjà remarqué en d’autres circonstances. Lorsque le beau mécano sourit, on dirait que ses paupières inférieures dessinent des charmants petits bourrelets. C’est un trait gracieux que l’on retrouve le plus souvent chez les enfants ou les ados. Ce petit détail contraste avec ses traits virils, avec sa mâchoire carrée, avec son duvet de barbe sombre, malgré un rasage de près. Et ça lui donne un côté enfantin qui le rend vraiment craquant.

« Alors, tu sais… je finis par lâcher.

 — Je l’ai su la première fois que je t’ai croisé sur son palier, un soir où tu allais réviser chez lui.

 — Je me souviens, oui.

 — J’étais passé chez lui pour prendre un verre comme je le faisais souvent, mais ce soir-là j’avais eu l’impression que ça lui tardait que je parte. Et quand je t’ai vu, j’ai compris qu’en réalité il était impatient que tu arrives. Il ne voulait pas que nous nous croisions, je pense.

 — Mais c’est arrivé… 

 — Oui. Et tu avais l’air si heureux d’aller le voir. Je me suis dit que toute cette impatience, cette fébrilité d’une part et d’autre ne pouvait pas être provoquée par l’envie de réviser.

 — J’imagine que Jérém ne t’a rien dit.

 — Non, bien sûr. A part le fait que vous révisiez ensemble. Mais j’ai quand même eu l’impression que ta présence apportait quelque chose de positif dans sa vie. »

Pendant que je bois ses mots, des mots que je reçois comme une caresse à mon esprit, je réalise pour la première fois aussi clairement que le beau mécano a un tout léger « défaut » de diction qu’on entend lorsqu’il prononce certains sons. Ça se rapproche de l’expression « avoir un cheveu sur la langue » mais c’est très, très léger et, une fois de plus, très mignon.

Là encore, le mélange entre le son bien masculin de sa voix, le ton, celui d’un petit mec affirmé mais tout en retenue, et cette petite particularité, confère un côté mignon, touchant, une touche de « fragilité » à sa virilité de jeune mâle.

Définitivement, les petits « défauts » de ce genre ont le pouvoir de rendre un gars comme Thibault encore plus craquant.

« Déjà, c’était bien la première fois que je voyais Jéjé réviser autant, enchaîne le beau mécano, ensuite j’ai commencé à te voir apparaître en boîte lors de nos sorties. Je t’ai vu parfois partir seul avec lui. Je me souviens tout particulièrement de cette soirée au Shangay où Jéjé s’était battu avec un type dans les chiottes. Mais il n’a jamais voulu me dire ce qui s’était vraiment passé. On a toujours été comme des frères, et il m’a toujours parlé de ses galères. Et là, le fait qu’il ne veuille pas m’en parler m’a fait me poser plein de questions. 

 — Ce soir-là, en vrai, je décide enfin d’être franc avec lui, Jérém m’a vraiment sauvé la mise. Dans les chiottes du Shangay, j’ai croisé un mec bourré. Je ne sais pas, j’ai dû trop le regarder, il s’est mis en pétard et il voulait me cogner. Si Jérém n’était pas arrivé, je ne sais pas ce qui se serait passé. Le sang qu’il avait sur le t-shirt venait du nez du mec qui avait vu une cloison d’un peu trop près.

 — Ah, d’accord, je comprends mieux, fait Thibault. Je crois vraiment qu’il t’aime bien, tu sais…il ajoute, comme la plus douce des caresses.

 — Moi aussi je l’aime… bien… » je lui confirme, touché.

« Il t’aime bien ». Ces quelques petits mots de la bouche de Thibault me prennent aux tripes et font monter en moi une émotion que j’ai du mal à maîtriser. Oui, peut-être que Jérém m’aime bien. Si seulement il pouvait le montrer plus clairement, et de façon plus régulière.

« Après cette soirée, il continue, j’ai eu l’occasion de te côtoyer un peu. Et j’ai senti à quel point Jéjé compte pour toi. J’ai trouvé super mignon que tu viennes à la brasserie juste après que je t’avais appris pour son nouveau taf.

 — Je devais avoir l’air con !

 — Non, pas du tout. J’imagine que tu craignais sa réaction… 

 — Oui, exactement !

 — Mais ça s’est bien passé, t’as vu ? Jéjé avait l’air heureux de te voir débarquer. »

Vraiment, ce Thibault me touche au plus haut point. Car je jeune mec possède une qualité très rare à son âge, la capacité d’être en permanence à l’écoute des autres. Son regard est sensible, j’ai l’impression que rien de ce qui se passe autour de lui ne lui échappe. Son esprit est fin, perspicace. Ce mec « voit tout », et c’est pour en faire le meilleur usage. Que ce soit vis-à-vis de Jérém, d’une connaissance comme moi ou, ce mec est toujours aimable, avenant, serviable. Et je suis prêt à parier qu’il est de même vis-à-vis de ses autres potes ou même d’un inconnu. Le beau mécano aime aller vers les autres, il sait s’intéresser et s’adapter à chacun. Un gars comme ça, ça vaut plus que son pesant d’or.

Son tact et sa bienveillance me mettent vraiment à l’aise. J’ai envie de me confier à lui. Et finalement, comme il sait déjà, je n’ai plus trop à me soucier du fait de lui apprendre des choses que Jérém aurait voulu lui cacher.

« Depuis que vous… il cherche ses mots.

 — Depuis que nous révisons » je l’aide.

Thibault sourit, l’air amusé. Dans son rire, il a un je-ne-sais-quoi de léger et d’enfantin qui roule au fond de sa gorge, une vibration qui est une pure caresse pour les oreilles et pour l’esprit.

« Oui, il percute et enchaîne instantanément sur ma formule politiquement correcte, depuis vos révisions Jérém a changé. Disons que sa vie est un peu plus rangée. J’aime autant le voir rentrer avec toi que le voir picoler toute la nuit. Mais à côté de ça, je vois bien qu’il a du mal à assumer votre relation. Je crois que ce qui se passe entre vous, il ne l’a pas vu venir. Ça lui est tombé sur la tête et il en est encore un peu assommé.

 — Mais c’est lui qui a voulu que ça se passe ! 

 — Je te crois, Nico. Mais c’est pas parce qu’il l’a voulu que c’est facile à assumer. J’imagine bien qu’il l’a voulu, car je le connais assez pour savoir qu’on ne peut lui imposer quoi que ce soit. Mais je pense que ça lui a échappé des mains. Je ne pense pas qu’il imaginait que votre relation allait à ce point changer sa vie.

 — Quand je le voir repartir du KL avec une nana, je me dis que ça n’a rien changé… 

 — Si, au contraire. Ça a changé beaucoup de choses. Je te le répète, cette nana n’a aucune importance. Je pense que votre relation l’a révélé à lui-même. Et le fait qu’il n’ait jamais eu envie de m’en parler, alors qu’il m’a toujours tout dit, me laisse penser qu’il doit vraiment avoir du mal avec tout ça. »

Je ne me lasse pas d’entendre le son de sa voix et de recevoir la tendresse de ses mots. Comment ça me fait plaisir d’entendre, à travers la bonne parole de Thibault, que j’ai apporté quelque chose dans la vie de Jérém, même si ce dernier n’arrive ni à le formuler ni à l’assumer.

« Je voudrais vraiment pouvoir penser que je représente quelque chose pour lui, je finis par lâcher.

 — J’en suis certain, Nico. Je pense juste qu’il a du mal à l’admettre.

 — J’en sais rien. Moi, tout ce que je vois, c’est qu’il me sonne quand ça l’arrange et qu’il me jette quand il a eu ce qu’il veut.

 — Tu ressens quoi pour lui ? » il me demande à brûle pourpoint.

Aaaahhh, voilà la question qui tue. Simple, claire, sans détours, directe à l’essentiel, du pur Thibault.

Que répondre à cette question, alors qu’y répondre équivaut à aller chercher et à raviver un ressenti que je tente d’enfouir depuis une semaine ? Répondre à cette question va m’obliger à replonger dans « Le monde de Jérémie », et à clore définitivement « La parenthèse inattendue avec Stéphane ».

Je sens, je sais que si je mets le doigt dans l’engrenage, je vais être immédiatement et irrémédiablement aspiré. Je vais devoir affronter mes démons, mon magnifique démon Jérémie.

« Je… je… » j’hésite, alors que la sonnerie du portable de Thibault vient couper mon « élan ».

Le contact de sa main avec la mienne est rompu, et j’ai l’impression que la magie est partie.

« Excuse-moi, je dois répondre, c’est important, il me lance, tout en décrochant.

 — Allo ? »

C’est un « Allo » affirmé mais très cordial. Craquant.

A l’évidence, Thibault discute avec un pote, peut-être un coéquipier. Car, d’après la moitié de la conversation que j’entends par sa seule voix, ils parlent de la demi-finale du tournoi de rugby contre l’équipe de Blagnac, prévue pour le dimanche d’après.

Pendant que Thibault est au téléphone, « libéré » de son regard profond, j’en profite pour mieux le regarder. Décidemment, dans ce marcel gris qui a dû connaître pas mal de passages à la machine, son torse massif ressort vraiment d’une façon spectaculaire. Et les quelques poils qui dépassent au-dessus de l’arrondi sont terriblement sexy. Mon regard glisse une fois de plus sur ses épaules découvertes, sur ses biceps saillants, sur ses avant-bras à la peau finement poilue. Et il s’attarde sur sa main, cette impressionnante paluche nonchalamment posée sur la table, à côté de sa bière.

Un physique tout en puissance mais en retenue, animé par un naturel gentil, sensible, touchant. Voilà qui résume Thibault en quelques mots.

La conversation au téléphone continue, le mot « Jéjé » est lâché à plusieurs reprises par le beau mécano. Jéjé. Ainsi c’est sous ce petit diminutif que mon Jérém est connu de ses coéquipiers, ce n’est pas qu’un truc propre à Thibault comme je l’avais imaginé au départ. « Jéjé » semble être l’« identifiant » et le « mot de passe » de mon beau brun dans la meute de leur équipe.

« Attend, mec, j’attrape de quoi écrire » j’entends Thibault lâcher à un moment. Et, ce disant, il incline la tête pour coincer le portable entre l’oreille et l’épaule, ce qui fait ressortir encore davantage la puissance de sa musculature du côté où le cou s’étire. Le beau mécano plonge sa main gauche dans la poche de son short et il en sort un petit calepin qu’il pose sur la table pour y noter ce qui ressemble à un numéro de téléphone.

C’est là que je remarque que le beau Thibault est gaucher. Un détail qui, pour une raison inexplicable, le rend encore plus sexy à mes yeux.

La conversation au téléphone prend fin, et le beau mécano replonge son regard vert marron dans le mien. Je fonds.

« Excuse-moi » il me lance, tout en remettant ses mains autour des miennes. Visiblement, il attend toujours que j’aille au bout de ce que le coup de fil m’avait empêché d’exprimer.

« Je suis fou de lui » je décide d’y aller franco.

Une question simple appelle une réponse simple. C’est lâché. Je suis fou de lui. Je le suis toujours. C’est un aveu. Devant Thibault. Et devant moi-même, avant tout.

Je suis désormais obligé de regarder la vérité en face. Et cette vérité, c’est que, malgré ma colère face à son comportement à la con de samedi dernier, malgré ce dimanche avec Stéphane où j’avais cru découvrir un nouveau moi, envisager un nouveau demain sans Jérém ; oui, malgré tout ce qui s’est passé depuis une semaine, mes sentiments pour Jérém sont toujours là, aussi vifs et puissants que jamais.

C’est à cet instant précis que je sens ma résolution, celle de tenir bon, capituler définitivement. Alors que, dans mon esprit, ce connard de Jérém redevient soudainement MON Jérém…

Je suis secoué, déçu même. Car j’ai l’impression de trahir toutes les promesses et tout le bonheur de dimanche dernier. Je trahis Stéphane. Je me trahis moi-même.

Le charmant Thibault doit une fois de plus déceler mon malaise. Ses mains se resserrent un peu plus autour des miennes, la chaleur de ses paumes irradie sur ma peau et ça me fait du bien.

« C’est ton premier mec ? il finit par me demander.

 — Oui, mon premier, j’admets, touché et ému.

 — Et tu es heureux, Nico ?

 — Je n’en sais rien… quand je suis avec lui, je suis bien. Mais lui il veut juste coucher.

 — Et toi tu voudrais plus.

 — Je ne veux pas me marier avec lui, mais je ne serais pas contre un peu de tendresse, une peu de considération. Quand je suis avec lui, je suis bien, mais quand je rentre chez moi, je me sens mal. Tu comprends ?

 — Oui, très bien, malgré tout, tu sais, Nico, je crois vraiment que tu es plus qu’un amant pour Jérém.

 — Bah, il devrait le montrer un peu plus alors, car moi je ne vois qu’un mec qui a envie de tirer son coup et qui me jette juste après.

 — Je comprends, ça ne doit pas être facile à vivre pour toi.

 — Non, pas facile du tout, je confirme avant de couper court, de toute façon il va partir, alors c’est pas la peine de continuer à me faire du mal.

 — Moi aussi j’appréhende son départ. S’il se tire loin, il va beaucoup me manquer, il lâche, l’air pensif. Jérém est comme un frère pour moi, un jeune frère, même si on a le même âge. Nous avons tout vécu ensemble, depuis l’enfance jusqu’à aujourd’hui. Jéjé a beaucoup de qualités, et beaucoup de défaut aussi, à partir de son sale caractère. Mais c’est mon pote depuis toujours, et je l’adore. Jéjé est vraiment mon meilleur pote et il compte énormément pour moi.

Le beau mécano boit une gorgé de bière et continue :

« Je sais que Jérém est un homme désormais. Un homme qui n’a besoin de personne pour vivre sa vie. Mais je sais aussi que ce petit bout d’homme a parfois besoin d’être canalisé. Quand il sera loin, je ne pourrai plus l’empêcher de boire le verre de trop, ou l’empêcher de conduire ou de se bagarrer quand il l’a quand même bu, ce verre. »

Ses confidences me touchent, car elles me donnent la mesure de la bienveillance de Thibault à l’égard de son pote, et l’importance que ce dernier revêt dans sa vie.

Jusque-là, j’avais pensé que Thibault était un garçon solide, et qu’il l’était de par sa nature forte, de par sa maturité. Mais là, je découvre que cette solidité ne tient pas toute seule. Elle repose sur des « piliers », comme le rugby, son taf, ses potes. Et l’amitié avec Jérém. J’ai même l’impression que ce dernier en est le pilier central. Alors, sans ce pilier, la solidité de Thibault risque sérieusement de vaciller.

Le beau mécano prend une profonde respiration et il continue :

« Tu sais, je sais bien que Jéjé peut se comporter comme un parfait petit con. Mais au fond c’est un bon gars.

 — Je le pense aussi. Mais c’est dur, trop dur de l’aimer. Je n’ai même pas le droit de lui montrer que je l’aime. Si je le fais, je me fais jeter ! Et ça me fait un mal de chien !

 — Je sais qu’il peut être très dur, même méchant, qu’il fait souvent n’importe quoi quand il se sent dos au mur. Jérém a beaucoup souffert quand sa mère est partie, et aujourd’hui encore je crois qu’il a peur de s’attacher aux gens, car il a peur qu’on le laisse tomber à nouveau. Et puis, j’imagine que pour un mec aussi populaire que lui, s’attacher à un mec, ce n’est vraiment pas simple à assumer. Il doit avoir peur du regard des autres, et peur de perdre sa popularité, si ça venait à se savoir.

 — Je vois, oui, j’admets.

 — Mais si ça peut t’aider, je ne l’ai jamais vu amoureux d’une nana. Et jamais une de ses relations n’a duré autant que la vôtre, si houleuse soit-elle. Je pense qu’il serait réellement malheureux s’il devait te perdre. »

J’ai la gorge nouée, je n’arrive plus à parler.

« Jérém n’est pas un mec qui s’ouvre facilement, il enchaîne, et quand il a mal, au lieu d’en parler, il devient mauvais. Ça peut paraître con, mais c’est sa façon de se protéger. Je pense qu’il est perdu en ce moment, qu’il se cherche. Mais il a vraiment besoin de toi.

 — Je l’ai vraiment dans la peau, mais il me fait trop mal !

 — Je te promet que ce gars en vaut la peine.

 — Je sais plus quoi penser, c’est tout ce que je trouve comme réponse.

 — Si tu l’aimes vraiment, tu ne dois pas baisser les bras. C’est vrai qu’il va peut-être partir à la rentrée, et toi aussi, d’ailleurs. Mais il vous reste deux mois pour être ensemble. Ce serait dommage de gâcher ce temps. »

Nos yeux s’accrochent, s’aimantent l’espace d’un instant. Définitivement, il émane de son regard une « virilité tranquille » apaisante et rassurante.

« Je dois y aller », il finit par couper court, avec un sourire lumineux.

Le beau mécano relâche l’étreinte autour de mes mains, il finit la dernière gorgée de sa bière et me lance :

« Ça me fait plaisir que tu sois venu me parler. Je te trouve sympa comme mec !

 — Le plaisir est pour moi. Moi aussi je te trouve très sympa ! »

Thibault se lève. Je me lève à mon tour. Sa main droite serre la mienne, alors que sa main gauche enserre mon épaule, fermement, chaleureusement, amicalement.

Et là, je sens son avant-bras m’attirer vers lui. Thibault se penche vers moi, il approche son visage du mien, et il me claque une bise. La chaleur de son visage, combinée à la sensation très virile du contact de sa barbe naissante me fait vibrer.

« On est potes maintenant » il me chuchote à l’oreille.

Une phrase qui me va droit au cœur.

« Ça me fait plaisir, vraiment… 

 — Ne le lâche pas, Nico » il me lance en partant.

Je regarde Thibault s’éloigner en direction de la gare et je me dis qu’avoir un pote comme lui, loyal, solide, gentil et attentionné, va me faire un bien fou. Un pote qui, de plus, connaît par cœur le gars que j’aime, et qui semble vouloir m’aider à nous rapprocher. Thibault, à la fois un pote et un allié en amour.

C’est bon de penser que je peux compter sur quelqu’un pour me guider dans le voyage, dans l’odyssée qui m’attend avant d’atteindre mon Ithaque à moi, ce lieu lointain et dont la route est semée d’embûches, qu’est le cœur du beau brun.

Le soir, dans mon lit, je réalise que mon coming-out avec Thibault est mon deuxième, après Elodie. Ça a été un coming-out « en douceur », comme une évidence, puisque c’est Thibault lui-même qui m’a amené à me livrer. Il a juste su me mettre en confiance.

J’ai souvent essayé d’imaginer quand et comment cela allait se passer. Et maintenant que les premiers pas sont faits, j’imagine que d’autres suivront bientôt. Je n’ai pas envie de me cacher plus longtemps.

J’ai l’impression que mes coming-out sont en passe de marquer un tournant dans ma vie, comme si une page était en train de se tourner. Comme si une « étape » était en passe d’être franchie et que bientôt plus rien ne sera comme avant.

Cette sensation provoque en moi un sentiment étrange. Un soulagement d’abord, bien entendu. Mais aussi un sentiment de nostalgie pour ma vie « secrète » d’avant. Cette vie secrète qui me rendait malheureux du fait de ne pouvoir me confier à personne, mais qui était aussi mon jardin secret, une partie de moi à laquelle je m’étais habitué tant bien que mal et à laquelle je tenais au fond.

Avec mon coming-out, je me dis que j’ai franchi un cap, et que je ne pourrais plus faire marche arrière.

Mais une chose me réjouit clairement dans cette sortie du placard. C’est le fait que Thibault soit désormais dans la confidence. Car le beau mécano semble sincèrement vouloir m’aider à me rapprocher de Jérém. Et me soutenir dans l’odyssée périlleuse entre le lit et le cœur de mon beau brun.

Depuis 2010, la Queer Palm est un prix alternatif qui, au cours du Festival de Cannes, récompense un film aux thématiques LGBTQIA+.
Deux films sont à retenir dans la sélection 2025.

En 2024, le jury, avait remis son prix au film roumain Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emanuel Pârvu.

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Un film poignant. Avec un jeune acteur à la beauté bouleversante. Film complet sur Dailymotion en cliquant sur la photo.

Une histoire d’amitié authentique et poignante.

Deux acteurs incandescents.

La découverte de l’amour, du premier amour, le plus fort de tous.

Un autre film qui m’a beaucoup ému

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L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

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