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JN01062 Errances toulousaines

Vendredi 6 juillet 2001

Le lendemain matin, le portable n’arrête pas de couiner. Les SMS au sujet de la soirée pleuvent et ça me saoule. Je n’ai vraiment pas envie d’y répondre. Je persiste à faire le mort.

Mais vers onze heures mon portable sonne. C’est Laura, une camarade de lycée. Je ne réponds pas. Il sonne une deuxième fois. Je ne réponds toujours pas et je le mets en vibreur. Un instant plus tard, il se met à vibrer.

Et là, je commets l’impardonnable bêtise. Je réponds. Laura veut me donner les détails pour la soirée. Je la laisse parler pendant un long moment, incapable d’en placer une. Avec Laura, ce n’est pas simple d’en placer une. Ce qui m’énerve le plus, c’est qu’elle parle comme si ma participation était acquise, alors que je n’ai aucune envie de me rendre à cette soirée. Et ça m’agace.

Elle me saoule, c’est à la limite du harcèlement, mais elle finit par m’avoir à l’usure. Elle arrive à m’extorquer la promesse de ma présence. Je me dis que je trouverai une excuse à la dernière minute pour faire faux bond.

En me levant, je sais déjà que la journée qui commence va être une journée de merde. Je suis contrarié d’avoir laissé Laura m’embarquer dans cette putain de soirée. Je me traîne jusqu’à midi, en attendant une sieste nécessaire.

Mais rien ne va aujourd’hui, je rate même le petit somme de l’après-midi. Je me lève, je reprends un café. Me revoilà en mode zombie, errant de pièce en pièce, incapable de me consacrer à la moindre occupation, incapable de prendre une quelconque initiative dans cette belle journée de soleil, incapable de me secouer de ma morosité.

Je n’ai toujours pas de nouvelles de Stéphane. Je suis désormais certain que je ne vais pas le revoir avant son départ.

Je ne lui en veux pas. Je me doute bien que la semaine avant un déménagement, surtout lorsqu’on travaille jusqu’au dernier jour, ça ne peut pas être une période de tout repos.

Je ne lui en veux pas, mais je ne peux pas m’empêcher d’être déçu de ne pas pouvoir le retrouver, ne serait-ce que pour un petit coucou. Le revoir, échanger quelques mots, une accolade, quelques bisous, ça m’aurait vraiment fait du bien. Ça aurait été comme une piqûre de rappel du bonheur et des prises de conscience de ce dimanche magique. Une piqure de rappel du vaccin « anti-Jérém ». Et ça m’aurait peut-être aidé à tenir bon.

Je suis déçu et triste car je sens que dans mon cœur tout commence à remuer. Je sens que les bonnes résolutions de dimanche soir sont en train de faner. En fait, elles semblent prendre la consistance d’un mirage.

Un souvenir lointain remonte à ma conscience. C’est le souvenir d’un jour de mon enfance, un jour d’été. Je devais avoir 7 ou 8 ans, et j’étais à la campagne chez mes grands-parents maternels. Après un orage, un énorme, lumineux, magnifique arc-en-ciel était apparu. En le regardant, j’avais été saisi parla curiosité de savoir où ses pieds se posaient. Ce jour-là, j’étais bien décidé à pédaler sur mon vélo, autant qu’il le faudrait pour satisfaire ma curiosité. Oui, je voulais à tout prix me rendre là où l’arc-en-ciel prend naissance.

Je me souviens d’avoir pédalé longtemps, très longtemps, jusqu’à l’épuisement. Je me souviens d’avoir avancé sur les sentiers en terre battue qui sillonnaient la campagne jusqu’à une heure où mes grands-parents avaient commencé à s’inquiéter pour moi. Je me revois avancer tout droit vers mon but, inlassablement. Et je me souviens aussi de cette sensation qui a fini par avoir raison de ma motivation d’enfant, la sensation que plus je pédalais, plus ma cible s’éloignait.

C’est un peu le sentiment que j’ai aujourd’hui vis-à-vis de mon état d’esprit de dimanche dernier. J’essaie d’aller à sa rencontre, mais plus je m’efforce de le saisir, plus j’ai l’impression d’essayer d’attraper un fantôme.

Plus les jours passent, plus j’ai l’impression que « l’effet Stéphane » perd de son intensité. La force que ce gars a su me transmettre, la nécessité de me respecter moi-même et d’exiger le respect dans toute circonstance – et la nécessité qui en découle de ne plus retomber dans une relation de soumission comme celle avec Jérém – cette graine qu’il a su planter et faire germer dans mon esprit est encore fragile. Est-ce que je vais être capable de m’en occuper tout seul, de la faire grandir, et de l’installer au centre de ma vie ?

Le fait est que plus « l’effet Stéphane » diminue d’intensité, plus « l’effet Jérém » me rattrape. Ça a été particulièrement flagrant depuis hier, après cette image furtive de cheveux-bruns-peau-mate-t-shirt-blanc capté sur sa terrasse rue de la Colombette. Car, force est de constater que la petite voix qui avait résonné dans ma tête lorsque je m’étais posé à la gare Matabiau, et qui me disait : « Va le voir », me parlait bien de Jérém.

Revoir Jérém, une envie qui m’a carrément obsédé depuis ce matin, lorsque mon subconscient a parlé à la place de ma conscience pour accepter l’invitation à la soirée de demain.

Je n’ai pas envie d’aller à cette soirée, mais je sais au fond que je serai incapable d’y renoncer. Au fond, si j’y vais, c’est justement pour revoir Jérém. Je me mens en me disant que je veux juste le revoir une dernière fois pour lui montrer que je peux l’ignorer, faire comme si sa présence ne me bouleversait pas, comme si elle ne me bouleversait plus.

Je sais que je serais incapable de jouer ce rôle, de jouer l’indifférence. Alors, quelle attitude adopter vis-à-vis de lui après son comportement humiliant de samedi dernier ? Que faire si je suis la cible d’une attaque délibérée ? Si je reçois l’un de ses regards charmeurs ou l’un de ses sourires incendiaires en pleine figure ? Et s’il vient me parler, comme si de rien n’était, chose dont il serait parfaitement capable ? Comment me comporter avec ce connard de Jérém ?

Mes derniers messages à Stéphane sont restés sans réponse. Je me sens seul, abandonné à moi-même. Car j’ai besoin « qu’on me tienne la main », pour ne pas faire de bêtises…

Plus le temps passe, plus la soirée du bac approche, et moins je me sens assuré « sur mes jambes ». Où sont-elles passée, ma force, ma résolution, ma détermination de dimanche soir ? Ont-elles tout simplement disparues pour laisser place à cette angoisse, à cette faiblesse retrouvée ?

Soudain, une idée lumineuse se présente à moi. Je crois que ça me ferait du bien de retrouver Thibault avant de revoir Jérém. Peut-être que discuter avec lui, ça m’apaiserait. Peut-être qu’il saura trouver les bons mots pour soulager mes angoisses.

Je sors, je marche, je traverse la ville. Je passe le Pont Neuf, je longe la façade du lycée que je ne fréquenterai plus, je traverse le quartier des Jacobins, la Place du Capitole, je me laisse glisser dans la rue du Taur, cette rue piétonne que j’adore pour son allure plongée dans un autre temps. Je contourne Saint-Sernin, mon église toulousaine préférée avec Saint-Etienne. Je traverse le boulevard de Strasbourg, la place Jeanne d’Arc et je file droit vers le garage où bosse Thibault.

Lorsque j’arrive à proximité, il est presque 17 heures 30. Je n’ai pas à traîner longtemps avant de voir le beau mécano débouler dans la rue avec son allure « très mec », tout en saluant quelqu’un à l’intérieur du garage et en laissant traîner un beau sourire.

Le jeune mécano avance sur le trottoir d’en face. Je suis assez loin de lui, une petite cinquantaine de mètres, loin mais assez près pour remarquer qu’avec un simple marcel gris sur un short noir, Thibault est tout simplement sexy.

Je le regarde, mais lui il regarde droit devant lui. Avec son pas assuré, rapide et cadencé, un dirait un petit militaire. Je commence à me dire qu’il ne va peut-être pas me repérer. Je décide de forcer le destin.

« Thibault ! »

Le beau mécano tourne la tête et me capte. Et là, il s’arrête net, me lance son beau sourire, un sourire gentil et charmant.

J’avance jusqu’à me retrouver à sa hauteur. Et lorsque le bogoss traverse la rue pour venir me rejoindre, je m’efforce de lui sourire à mon tour. Je le regarde avancer droit vers moi et je suis saisi par cette beauté profondément masculine qui se dégage de sa personne.

Ses épaules dénudées dégagent une sensualité inouïe, son cou puissant est tout simplement spectaculaire. Son torse en V et massif est un bonheur sans fin.

« Salut, toi ! il me lance sur un ton enjoué, lorsqu’il met le pied sur le trottoir.

 — Salut ! » je lui lance à mon tour.

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