JN01057 Soirée au KL – Jérém et moi
Ca va ? me balance mon beau brun. Je sens son souffle dans mon oreille, un souffle déjà passablement alcoolisé. Mais la première chose qui me frappe chez lui, après sa beauté, c’est le fait qu’il ait changé de parfum. Rien de tel pour exciter mes sens.
— Ça va et toi ? je lui réponds en approchant mes lèvres de son oreille, une oreille chargée pour moi d’un désir insoutenable. Mes lèvres si proches se font violence pour ne pas embrasser, suçoter, exciter.
Nos regards se croisent. Deux regards si différents. Le mien, celui d’un gars amoureux, attendri, triste et ému. Le sien, un regard charmeur. Oui, Jérém est un magnifique, insupportable charmeur de serpents.
— T’es beau en tenue de serveur ! je lui balance, comme un cri du cœur, et pour me soustraire au magnétisme envoûtant de son regard.
— Je suis toujours beau, il me taquine.
— Je ne dis pas le contraire. Mais tu te débrouilles plutôt bien pour un débutant !
— Il faut le dire vite !
— Il parait que tu vas avoir un autre taf à la rentrée ?
Je lui pose la question parce qu’au fond de moi j’espère toujours que ce ne sois pas vrai.
— D’où tu tiens ça ? il me questionne sèchement.
J’ai l’impression que ça le dérange que je sois au courant de ça. Comme s’il n’acceptait aucune incursion de ma part dans sa vie privée. Fait chier ce mec à être toujours si mystérieux. Je décide de lui dire la vérité, après tout, il n’y a aucun mal à cela.
— C’est Thibault qui me l’a dit.
— Il est bavard celui-là, il plaisante en se décrispant enfin.
Son petit sourire est un plaisir pour les yeux, pour mon cœur, pour tout mon être. J’ai envie de l’embrasser. Surtout avec le surplus de tendresse à son égard que je traîne avec moi depuis que Thibault m’a parlé de ses blessures d’enfance.
C’est fou comment ce mec peut passer d’une gamme d’émotions à une autre complètement opposée en un clin d’œil. Un instant plus tôt je le croyais vexé, et là il lâche ce petit sourire qui me fait fondre.
— Il parait que tu te tires à Bordeaux, il me surprend à son tour.
Il balance ça de façon apparemment détachée, alors que j’ai l’impression que le sujet l’intrigue.
— Comment tu sais ça ? je demande sans réfléchir.
Avant de répondre, il me balance un petit sourire malicieux :
— Bah… Thibault !
— T’as raison, il est vraiment bavard ton pote ! je rigole.
Non, il n’est pas bavard, il est juste adorable, une fois de plus. Grâce à lui, on se parle. J’ai bien fait de lui parler de Bordeaux.
— Tu vas faire quoi comme études ? il me questionne.
Ça me fait plaisir qu’il s’intéresse à moi. Même si c’est au sujet de mes études, un sujet qui nous éloigne en quelque sorte. Un de plus. Car moi je vais faire des études. Comme une nénette ou comme un intello. Alors que lui il va bosser, comme un « mec ». Ok, le message est compris, nous n’appartenons pas au même monde.
— Je vais faire des études en Sciences de la Terre et de l’Environnement.
Pendant que j’énonce le titre de ma filière, je le trouve pompeux et creux.
— Si j’avais une tronche comme la tienne, je ferais moi aussi des études, il commente, mais moi j’ai pas envie de bouffer des tas de bouquins.
Jérém vient de me faire un compliment. Il se compare à moi et il me trouve meilleur que lui dans un domaine précis. Il est touchant. Mais son compliment est à double tranchant. Je n’aime pas qu’il se dévalorise ainsi. Ça m’attriste, car sa phrase semble encore creuser le fossé entre nous. J’essaie alors de me dédouaner :
— Toi, les études ça ne t’intéresse pas. Mais si tu voulais, tu pourrais réussir dans n’importe quelle filière, je lui lance.
Pour une fois, je suis assez content de ma réplique. Je vais l’être moins de sa réponse.
— Oui, comme pour l’anglais, en couchant avec la prof, il rigole, il n’y a que comme ça que j’ai réussi à avoir la moyenne !
Ainsi la légende qui circulait en classe était bien fondée sur la réalité. Sacré petit con.
— Non, il faudrait juste que ça t’intéresse.
— Tu sais, à part le rugby, les potes et la baise, il n’y a pas grand-chose qui m’intéresse.
Bon, évidemment je ne suis pas dans le panier. Sympa. En fait, si, j’y suis. Et ma place est dans le lot « baise ».
— Je suis sûr que tu pourrais faire des études !
— Naaaan, je ne crois pas. J’ai déjà redoublé, et je ne sais même pas si je vais avoir le bac.
Il est touchant. Je reste persuadé qu’il est bien assez doué pour faire des études, et que ce n’est que la motivation qui lui manque. De plus, je sais qu’il est pressé de gagner sa vie et ce, au point de sacrifier des études qui lui permettraient de prétendre à un avenir meilleur. Je me dis qu’il va peut-être le regretter un jour. Je me dis aussi qu’il a le temps de revenir plus tard aux études.
J’ai envie de relancer la conversation dans ce sens mais son haleine déjà bien chargée en alcool me rappelle que ce n’est pas le moment pour ça. Alors je n’insiste pas.
Soudain, je réalise qu’en balançant la question sur mes études de la rentrée, il a dévié le sujet de son taf à venir. Je décide d’y revenir. Je dois savoir.
— Alors, tu vas partir loin à la rentrée ?
— Je ne sais pas, c’est pas fait encore, il esquive, le regard fuyant.
— Et sinon tu vas faire quoi de ton été ? il me balance, après s’être allumé une clope.
— Glander, je pense.
— Tu le mérites, t’as bossé au lycée, toi.
Oui, faute d’avoir des potes, faute de faire partie d’une « meute », je suis une tronche. Je ne sais pas si je dois me réjouir de ce petit compliment, un compliment qui semblerait témoigner d’une forme d’admiration qu’il me porterait. Ou si je dois me sentir triste à cause de la distance infranchissable que son constat installe définitivement entre son monde, un monde de mecs « manuels », et mon monde à moi, un monde d’« intellos ».
— Et toi, tu vas pas prendre des vacances ? j’essaie de changer de sujet.
— Avec le taf ça va être hard cette année. Je vais avoir quelques jours par-ci et par-là, on verra.
C’est la première fois que j’ai une conversation aussi longue avec Jérém, c’est la première fois que nous parlons (presque) comme deux potes. Et ça me fait drôlement plaisir.
Pendant nos échanges, au fil des allées et venues de mon visage vers son oreille et de son visage vers la mienne, j’ai été shooté aux notes de son nouveau parfum qui se dégage de sa peau mate, une fragrance poivrée apportant des notes de fraîcheur extrême. Tout ce que je sais, c’est que cette nouvelle fragrance me trouble. Tout changement chez la personne aimée nous trouble. J’ai terriblement envie de lui, je suis dans un état second.
Oui, il va bien falloir que je sois dans un état second pour lui balancer à brûle-pourpoint :
— Tu sens trop bon !
Le beau mec sourit, amusé. Je n’ai que l’image, pas le son. Le boucan dans la salle est insoutenable. Il a l’air de se moquer de moi. Ça doit sonner con ce que je viens de dire. Alors j’essaie de me rattraper.
— T’as changé de parfum ?
C’est encore plus con. C’est même navrant.
— Ouais, il finit par répondre, l’air de bien se foutre de ma gueule.
Les bières, associées aux effluves envoûtants, commencent à altérer ma conscience. Je ressens une sorte de fatigue planante, un plaisant début d’ivresse. Son regard me trouble, sa virilité m’enveloppe comme un épais brouillard, et je ne suis plus complètement maître de moi-même. J’ai l’impression de perdre pied.
— J’ai envie de toi, je finis par lui lancer.
— Ah, oui ? il fait mine de s’étonner, un petit sourire lubrique dans le regard, visiblement flatté.
— Oh, que oui ! Très envie, je surenchéris.
— T’as envie de quoi, au juste ?
— De te faire des trucs…
— Quels trucs ?
— Tu sais bien…
— Non, je sais pas, il me cherche.
— Si, tu sais !
— Je veux te l’entendre dire !
J’hésite. Au milieu du boucan de la boîte de nuit, je ne me sens pas vraiment à l’aise pour lui chuchoter des cochonneries à l’oreille. De plus, je sais que ça va me faire monter la trique, et ce n’est pas le bon endroit, pas le bon moment pour ça.
Et puis je commets l’irréparable. Je laisse traîner mon regard et je finis par croiser ses yeux bruns. Lorsque je les rencontre, ils happent mon esprit. Dès lors, je ne suis plus maître de mes actions. Je suis comme un ordinateur dont on a pris le contrôle à distance, je réagis de la façon dont on me demande de réagir.
Son regard est chaud comme la braise, non, comme le cœur du volcan, puissant comme la lumière du soleil du mois d’août. Charmant au-delà de l’imaginable, charmeur au-delà du supportable.
Je connais ce regard lubrique qui me notifie que l’alcool et le joint ont désormais anesthésié ses inhibitions. C’est un regard transperçant, presque agressif, devant lequel je suis transparent, sans défense. Un regard qui semble s’enfoncer dans mon âme, un regard qui me baise, qui me possède. Un regard lubrique dans lequel j’arrive à entrevoir ses pulsions les plus libidineuses.
Quand il est dans cet état-là, Jérém m’excite terriblement. Car je sais que lorsque sa personnalité plane sous l’effet de différentes ivresses, ce beau jeune garçon n’est plus qu’une somme d’envies de plaisirs sexuels à satisfaire d’urgence. Dans ces moments-là, plus que jamais, j’ai envie de lui, terriblement envie de lui.
Mes mains et mes lèvres réclament le contact avec sa peau, tous mes trous réclament la présence de sa bite et de son jus.
Je sais que lorsque Jérém est dans cet état de conscience altérée, plus encore que dans son état normal, le sexe va être puissant, sauvage, incandescent. Mais je sais également que son humeur peut être très changeante et qu’un rien peut le faire partir en vrille et le rendre très mauvais.
Mais devant son regard de jeune mâle en rut, je ne peux rien lui refuser. Il attend que je lui dise en détail ce que j’ai envie de lui faire, et je pressens qu’il ne dévoilera pas ses intentions avant que je n’aie satisfait sa demande.
C’est dingue comme l’effet de l’alcool, d’un parfum, de sa sexytude, a le pouvoir de faire basculer mon état d’esprit. Un instant plus tôt j’avais envie de le câliner pour tenter d’apaiser la souffrance venant de son passé. Et maintenant, je n’ai qu’une envie, c’est de tout faire pour lui donner envie de me baiser.
J’ai envie de lui balancer des trucs très chauds, mais j’ai peur d’être ridicule. Ça m’est déjà arrivé de lui dire des trucs coquins, mais c’était dans le feu de l’action, pendant les « révisions », et en général c’était lui qui commençait à me chauffer. L’excitation, la vision de sa nudité, le fait d’être à l’abri de tout regard m’aidaient à mettre en musique ce genre de partition. Mais là, au beau milieu de ce brouhaha et de cette salle bondée, je ne me sens pas à l’aise.
Et même si je sais que personne ne peut m’entendre, ça me bloque. J’ai l’impression que si je démarre, tout le monde va pouvoir lire sur mon visage ce que je suis en train de balancer à l’oreille de Jérém. Oui, tout le monde va comprendre que je suis carrément en train de tailler une pipe verbale à mon beau brun. Et je me sentirais aussi mal à l’aise que si j’étais nu et à genoux devant lui, sa queue dans ma bouche, au beau milieu de cette salle bondée.
— Alors ? il me presse.
— J’ai envie de te sucer, je finis par lâcher, un peu honteux.
— J’ai pas bien entendu, il insiste, le coquin. Je suis sûr qu’il a très bien compris. Il veut juste que je lui répète, pour jouir encore plus de ma soumission.
J’ai vraiment du mal à me laisser aller. Je trouve que mes mots sonnent creux, que ma voix sonne faux. Une caricature. J’ai l’impression que ce n’est même pas moi qui parle.
Ce qui me donne le courage de continuer, c’est la proximité de sa mâchoire virile, portant une barbe de trois jours, des pattes taillées très nettes, sa chaînette du meilleur goût, son épaule dessinée sous le coton orange de son t-shirt moulant son biceps.
Mais aussi, et surtout, la proximité de son oreille, cette oreille que mes lèvres ne se privent pas d’effleurer au gré de leurs mouvements, expérience très excitante au milieu de cette salle bondée.
Le désir me fait faire n’importe quoi.
— J’ai envie de te sucer, je répète, en élevant un peu la voix, en balançant ces mots avec un effort encore plus grand que la première fois.
— Tu peux faire mieux, il me glisse à l’oreille, alors que ses lèvres frôlent mon oreille, et que son souffle me donne mille frissons. Un contact qui plus encore que ses mots me donnent envie de— mieux faire.
— J’ai envie de te prendre en bouche, d’avaler ta queue jusqu’au fond de ma gorge !
Je vois ses sourcils se soulever ponctuellement, comme sous l’effet d’une excitation soudaine. J’ai l’impression que mes mots lui font de l’effet, et ça me rend dingue.
Je commence à fantasmer de plus belle. Je me surprends à imaginer que, d’une seconde à l’autre, il va m’entraîner dans les chiottes de la boîte de nuit, qu’il va ouvrir la braguette de son beau jean, qu’il va descendre son boxer et qu’il va me baiser la bouche et le cul sans autre forme de ménagement.
Mais rien ne vient de sa part. Rien, à part un silence assourdissant. Il continue de fumer lentement sa cigarette et d’observer Thibault en train de discuter avec son pote. Les enceintes de la salle dégueulent une musique monotone à toute puissance. Ça casse les oreilles. Et son silence obstiné casse mon moral.
Je regrette déjà de lui avoir cédé une fois de plus. Quelques minutes plus tôt, j’avais envie de le prendre dans mes bras. Quelques instants plus tôt j’avais envie de le prendre dans ma bouche. Et là j’ai juste envie de le gifler. C’est dingue le pouvoir qu’a ce mec de susciter des sentiments de signe opposé, avec une rapidité sidérante, mais toujours d’une intensité aussi forte.
Je bois la dernière gorgée de ma bière, comme un dernier rempart pour cacher ma dignité perdue, un rempart prêt à me lâcher. Le pire c’est qu’en plus, ce petit jeu m’a mis dans un tel état !
Je bande, j’ai même l’impression d’avoir mouillé. Tout ça, sans même qu’il ne me fasse quoi que ce soit. Il ne m’a même pas effleuré, je ne l’ai même pas vu à poil. Pourtant, je suis tellement excité que j’ai l’impression d’avoir carrément baisé avec lui. J’ai souvent eu l’impression que ce mec était capable de me baiser rien qu’avec le regard. Et là, on franchit une nouvelle étape. Depuis cette nuit, je sais désormais que ce mec est capable de me baiser rien qu’en me forçant à lui avouer mes désirs. Si ce n’est pas puissant, ça !
Oui, je bande comme un âne. Mais lui aussi il bande, je le vois à la bosse rebondie qui tend sa braguette à boutonnière. Qu’est-ce qui va se passer, maintenant ?
Je sais que je ne vais pas tenir longtemps, je sais qu’après avoir terminé ma bière, je ne pourrai plus cacher ma honte. Depuis un petit moment déjà, je regarde le sol. Soudain, je sens son regard sur moi, un regard triomphant, fier, macho. Quelques instants plus tard, je le sens ses lèvres approcher de mon oreille et lâcher :
— T’es vraiment une salope !
Il me balance ça en appuyant bien sur chaque lettre, comme si je venais de battre le record du monde dans la catégorie « salope ».
— Admettons, je lâche à mon tour, entre ironie et amertume, avant de continuer.
— Et maintenant, on fait quoi ? T’as envie que je te suc…
— Ferme ta gueule ! je l’entends me hurler à l’oreille.
— Quoi ?
— Alors, on y va ? j’entends une voix féminine s’adresser à mon beau brun.
Une poufiasse brune vient de s’approcher de mon Jérém.
— Salut, elle lance à mon intention.
Quoi ? C’est qui celle-là ? On y va, où ? ? ? ?
Et là, je regarde mon bobrun se lever et lâcher, sans me quitter des yeux :
— Ouais, on y va !
Naaan, pas ça, pas ça, pitié !
Et pourtant si, c’est bien ça. Jérém avait prévu de finir sa soirée avec cette pétasse, et pas avec moi.
Je suis abasourdi, assommé. A cet instant, je ressens une impérieuse envie de lui mettre mon poing dans la figure. Je pense ça pourrait me soulager. Malheureusement pour moi, je suis incapable de violence, je ne supporte pas l’affrontement. Et, surtout, je suis incapable d’imaginer un seul instant cogner un mec aussi beau, aussi con soit-il. Et pourtant, il le mériterait tellement !
Alors, déçu, humilié, je me contente de me lever et de me tirer.
Je suis vraiment en pétard contre lui. Pourquoi me faire mettre « à nu » devant lui, si c’est pour me laisser en plan comme une merde ?
Mais le pire est à venir. Contre toute attente, je le vois approcher, je sens ses lèvres frôler mon oreille et je l’entends me glisser :
— Va donc te branler dans les chiottes, ce soir je n’ai pas envie de te baiser…
Quand je dis qu’il y a des gros paquets de baffes qui se perdent ! A ce moment précis, je suis partagé entre deux envies impérieuses, celle de lui attraper le bras, de l’arracher de son tabouret, de tenter de le traîner aux chiottes pour le faire jouir (ce qui est peut-être ce qu’il attendait de moi à ce moment précis) et celle de lui mettre un grand pain dans la figure et de le faire tomber à la renverse. Je pense que l’une autant que l’autre auraient pu me soulager. Au lieu de quoi, déçu, humilié, j’encaisse en silence.
Jérém n’est vraiment qu’un gros con macho, insupportablement arrogant, un connard qui ne mérite pas le plaisir que je lui ai offert depuis des mois.
Je me tire sans rien ajouter. J’ai juste envie d’aller retrouver Elodie dans la salle disco et de me tirer de là. Mais une rencontre me stoppe dans mon élan. Au détour d’un couloir, je tombe sur mon ancien pote Dimitri. Ce Dimitri que je ne vois plus depuis des années, ce Dimitri qui a été l’— excuse, que j’ai pondu à maman pour justifier le fait d’avoir découché la nuit après le Shangay.
C’est la dernière personne que je m’attends à rencontrer ici. Nous avons été potes pendant l’enfance, mais depuis le lycée, puisqu’on ne fréquente pas le même établissement, nos chemins se sont séparés.
Dans d’autres circonstances ça m’aurait fait plaisir de passer un moment à discuter avec lui, mais là je n’ai pas la tête à ça. A ce moment précis j’ai juste envie de me tirer loin de cette boîte où je me suis encore fait traiter comme une merde par ce connard de mec que j’aime.
Pendant le trajet de retour, je parle à Elodie de la veste que ce connard de Jérém vient de me mettre. Bien entendu, j’évite de lui parler de ce petit jeu dans lequel je me suis laissé entraîner, je n’ai pas envie de revivre cette humiliation.
— Je suis toujours de l’opinion que tu devrais lâcher l’affaire Jérémie, car je vois bien que ça te pourrit la vie.
— Comment je vais pouvoir le lâcher ? C’est un con, mais ce con je l’ai dans la peau !
— Mon cousin, elle enchaîne, tu n’aurais pas par hasard un rendez-vous en attente avec un gentil garçon ?
Lorsque je quitte Elodie, ma montre indique 4h03.
Le vent d’Autan souffle toujours aussi fort. J’avance sur le trottoir, comme hébété, incapable de réfléchir. C’est tard et je tombe de fatigue. Les émotions de la soirée sont passées sur moi comme un rouleau compresseur. Je suis HS. Et rentrant chez moi, j’ai tout juste la force de me déshabiller et de me brosser les dents. Une fois au lit, je tombe comme une masse.
Commentaires
Laisser un commentaire