Suivre Jérém&Nico :    / HDS dashboard       DISCORD chat      Facebook    Écrire à Fabien    

JN01056 Elodie, Amélie, Thibault. Et quelques révélations

Samedi 30 juin 2001, 21h50, Cinéma à Blagnac

Depuis le temps que nous en parlons, et plusieurs mois après sa sortie, Elodie et moi nous trouvons enfin l’occasion d’aller voir le film français de l’année. Après les pubs locales et les bandes annonce des sorties cinéma à venir, le minois irrésistible d’Audrey Toutou crève l’écran.

Le fabuleux destin d’Amélie Poulain nous offre un très bon moment. Le film présente un mode narratif plutôt nouveau et original. C’est surprenant, drôle, touchant. Nous sortons enchantés de la projection.

Même à cette heure tardive, le vent d’Autan souffle sans le moindre répit, monotone, insistant. Comme à l’accoutumée, il s’est levé en début d’après-midi et il n’a pas arrêté depuis. Par moments, des rafales plus puissantes se glissent dans ce flux intarissable.

Le vent d’Autan. Depuis que— mon histoire, avec Jérém a commencé, ce vent typique du sud-ouest est toujours venu souligner ou annoncer des moments marquants dans notre relation.

— Allez, direction le KL pour se faire casser les oreilles, m’annonce Elodie alors que nous arrivons à sa voiture.

— Je t’adore, ma cousine !

Nous franchissons le sas du KL à une heure pétante. Nous nous lançons dans un tour de la boîte, mais pas de trace du beau serveur ou du charmant mécanicien, ni de leur meute. C’est peut-être encore un peu tôt.

Elodie m’entraîne dans la salle disco et nous allons danser sur un son beaucoup plus à notre goût que la techno. Hélas, c’est la salle techno, et non pas la— disco, qui se trouve être le repère de mon beau brun.

Aussi, malgré les basses puissantes d’une musique qui fait bouger mes pieds tout seuls, j’ai vite envie de retourner dans l’autre salle au goût musical nettement plus douteux.

J’arrive à convaincre ma cousine d’aller y faire un tour. Mais il est une heure quarante-cinq et toujours pas de trace de mon Jérém ou de Thibault. A 2h15, je commence à me dire qu’ils ont peut-être changé de programme. Je pourrais envoyer un SMS à Thibault pour savoir où ils sont, mais évidemment je n’ose pas.

Ce n’est que quelques minutes plus tard, en regagnant la piste de danse avec Elodie, que je pense à un truc : Jérém doit bosser ce soir, alors ils ne vont pas être là de bonne heure.

Je viens tout juste de me faire cette réflexion, je suis à deux doigts de proposer à Elodie de quitter la piste de danse techno pour revenir à l’ambiance disco, lorsqu’elle me balance un grand sourire. Puis, elle se penche sur mon oreille pour me balancer, tout en regardant au-dessus de mon épaule :

— Eh cousin… mate un peu cette bande de couillus qui approche !

Je tourne la tête et paf ! Comme une claque reçue en pleine figure et que je n’aurais pas vue venir, voilà The Meute. Le beau Jérém, t-shirt orange bien ajusté, le buste droit comme un I, tous pecs dehors, avançant en tête, avec sa démarche assurée, avec son regard fier, triomphant. Le fidèle Thibault, habillé avec un t-shirt gris du meilleur goût, tout juste un demi-pas derrière lui, un peu décalé, presque en garde du (beau) corps de son pote. Derrière eux, deux autres mecs de leur équipe de rugby.

Voilà une bande de quatre potes sexy en diable. Et pourtant, force est de constater que lorsqu’on voit soudainement la meute débouler, le premier regard se pose inévitablement sur Jérém. Car ce premier regard est aimanté par sa beauté insolente, par son regard magnétique, par sa prestance hors normes. Car ce mec est d’une sexytude outrageuse. C’est comme si la tension sexuelle était omniprésente autour de lui.

Que l’on soit une nana et que l’on se dise :— tiens, ce mec je me le taperais bien, ; que l’on soit gay et que l’on se dise :— tiens, ce mec est à faire jouir d’urgence, ; que l’on soit mec hétéro admiratif du genre à se dire :— ce mec à qui tout réussit, suscite mon admiration et me fait rêver, je voudrais être à sa place, ; que l’on soit mec hétéro bourrin du genre à se dire :— tiens, ce mec à qui tout réussit, si arrogant et insolent, me donne envie de lui mettre mon poing dans la gueule,; ou que l’on soit mec hétéro sur la voie de la rédemption, du genre à admettre l’évidence :— tiens, tiens, je ne sais pas ce qu’il m’arrive aujourd’hui, mais ce mec me fait un drôle d’effet, un effet qu’aucun autre garçon m’a fait jusque-là.

Oui, où que l’on se situe, du côté du désir, de la contemplation, de l’admiration, de la haine ou de l’émoustillement, le charme de ce mec est une valeur universelle. Qu’on l’adore ou qu’on le déteste, force est d’admettre que ce mec ne laisse personne indifférent.

Non, je ne suis certainement pas le seul à qui Jérém suscite ce désir violent et incontrôlable. Mais moi je suis le seul, à part peut-être Thibault, à savoir que Jérémie T. est avant tout un garçon avec sa sensibilité et ses fêlures, un garçon à aimer, à aimer malgré lui, s’il le faut. Je sais qu’il ne sera pas facile d’y arriver mais je vais y arriver, je le sais.

Je regarde Jérém se diriger vers le bar avec ses potes. Je le regarde approcher ses lèvres de l’oreille de la pouffe au comptoir. Quelques instants plus tard celle-ci se ramène avec quatre verres de whisky. Ça démarre sec. Les gars repartent faire un tour. Tous, sauf Thibault, qui bifurque vers les toilettes. Lorsqu’il en ressort quelques instants plus tard, il nous repère aussitôt, Elodie et moi. Je quitte illico la piste de danse pour aller lui dire bonjour. Elodie a le bon goût de rester danser. Je l’adore.

— Salut, il me balance en claquant la bise à Elodie avant de me gratifier d’une poignée de main bien ferme.

— Salut.

— C’est cool que vous ayez pu venir !

Le volume de la musique est tel que pour se comprendre nous sommes obligés d’approcher les lèvres de l’oreille de l’autre. J’adore sentir son souffle dans mon oreille lorsqu’il me parle.

— Je commençais à croire que vous aviez changé de programme, j’enchaîne.

— On vient tout juste d’arriver. Jéjé a bossé jusqu’à une heure et demie.

— Ah, ok, je comprends mieux !

— Tu veux boire un truc ? il me propose.

— Une bière.

— Vous avez un match, demain ? je questionne le beau mécano pendant que nous attendons nos boissons.

— Non, nous avons encore trois matches, un demain, la demi-finale dimanche prochain et, si tout se passe bien, la finale dans deux semaines.

— Vous avez un match demain ? je m’étonne.

— Oui, nous jouons demain, et si ça se passe bien, on joue la demi-finale dimanche prochain et la finale dans deux semaines. On va être frais demain après-midi !

Je souris. Et j’enchaîne :

— Ca a l’air de plutôt bien se passer, non ?

— On a de bonnes chances de le gagner, mais il faut que le capitaine soit en forme !

— Ça ne va pas être simple avec son boulot, j’avance.

— Non, c’est vrai, mais il a de la ressource, je ne m’inquiète pas pour lui. Il va sécher quelques entraînements, mais ça va aller.

— Il a l’air de bien se débrouiller à la brasserie, je lance.

— Ouais, mais il est juste en extra pour juillet et août. En attendant de trouver un vrai boulot.

C’est toujours instructif de discuter avec Thibault.

— Il va chercher dans quoi ?

— Dans la vente.

— Dans un magasin, une grande surface ?

— Non, plutôt en tant que commercial.

— Ah bon…

Ce soir je passe d’étonnement en étonnement. Mais le meilleur (ou le pire) reste à venir.

— Oui, l’un de nos potes bosse pour une grosse boîte qui fait de l’outillage professionnel et il semblerait qu’il va y avoir une opportunité à saisir à la rentrée début septembre.

— C’est dans la région ? j’enquête, soudainement inquiet.

— Pas vraiment. La boîte est basée à Nice.

Et là, je panique. Je manque de peu de recracher la gorgée de bière que je viens d’avaler nerveusement. J’étouffe. Dans deux mois, Jérém se barre à 600 bornes de Toulouse. Dans ma tête c’est l’alarme rouge. L’état d’urgence est déclenché. Je suis assis mais je sens mes jambes devenir flageolantes. J’ai l’impression qu’on m’enfonce un poignard dans la poitrine.

— J’ai toujours été convaincu que les recruteurs du Stade Toulousain le remarqueraient, et qu’ils l’engageraient, car c’est un super joueur. Mais ça n’a pas été le cas, hélas, il m’explique.

Putaaaaaaiiiiiiiiin deeeeeeeeeee meeeeeeeeeeeerdeeeeeeeeeeee !

C’est quoi cette blague ? Nice ! Moi coincé à Bordeaux pour mes études et lui à l’opposé de l’hexagone. Merde, merde, merde ! J’ai l’impression que mon cœur se décroche de ma poitrine et qui se brise au sol en mille morceaux, et avec grand fracas.

Je sais, je le sais depuis longtemps qu’après le bac nos vies vont se séparer. Ce que j’ignorais jusque-là, c’était à quel moment, et dans quelles proportions. Là je suis fixé. Des centaines de bornes entre nous. Et cela, à partir de début septembre. Un compte à rebours douloureux s’affiche instantanément dans ma tête.

J’ai envie de pleurer. J’ai envie de poser mille questions à Thibault, mais les mots ne sortent pas. Thibault doit s’en rendre compte, car il me saisit doucement l’avant-bras, m’obligeant à le regarder dans les yeux. Son regard est doux et apaisant.

Je me sens désemparé. Au moment même où j’apprends que Jérém est un garçon sensible et blessé, au moment où mon amour pour lui trouve un nouvel et immense territoire à explorer et où s’enraciner, au moment où le besoin d’être avec lui est plus fort que jamais, j’apprends que dans deux mois la vie va nous séparer impitoyablement.

Je ressens une profonde tristesse m’envahir, je me sens perdu, j’ai l’impression que plus aucune joie ne sera jamais possible pour moi. J’ai soudainement très froid. Je ressens un frisson dans le dos, je sens la chair de poule s’installer sur mes bras. J’ai la tête qui tourne, je sens les larmes monter, j’ai peur de ne pas pouvoir me retenir.

Je cherche autour de moi un appui pour ne pas m’effondrer. Heureusement Thibault est là. Son regard doux et ému caresse toujours le mien. Sa main est toujours posée sur mon avant-bras. Et là, je vois son autre main poser sa bière sur le comptoir et rejoindre mon autre avant-bras. Sa double prise se fait plus ferme, j’ai presque l’impression que ses pouces amorcent un mouvement qui semble à une petite caresse. Je ressens la chaleur de ses mains, l’affection de son geste, l’émotion qu’il partage avec moi. Je suis super triste, mais Thibault sait me faire du bien en partageant avec moi sa propre tristesse, mais aussi sa force de caractère.

Le t-shirt orange approche, je devine qu’il va venir retrouver son pote. Dans mon ventre, toujours cette inquiétude vis-à-vis de la réaction qu’il va avoir en découvrant ma présence. Je me demande si le fait de me voir à nouveau discuter avec son pote ne va pas le mettre en pétard.

Un instant plus tard, Jérém est là. Après m’avoir lancé un bonjour rapide, il se penche à l’oreille de Thibault. Le beau mécano sourit, lui répond un truc à son tour. Jérém indique un endroit que je situe au milieu de la piste de danse. Les deux potes ont l’air plutôt amusé. Est-ce qu’il est en train de lui montrer ? une nana ? Un pote à eux ? De quoi sont-ils en train de rigoler ?

Je voudrais tellement avoir le pouvoir de capter cette conversation, de savoir ce qui fait rire les deux bogoss. Pendant leurs échanges, mon regard intrigué est tellement collé sur eux que par deux fois je croise celui de Jérém. Ça ne dure qu’un instant mais je n’arrive pas à détecter son état d’esprit à mon égard. Car dans son regard il n’y avait ni sourire ni hostilité. Va savoir à quoi il pense…

Un instant plus tard, Thibault se lève, me fait un petit au revoir avec la main, signe qu’il accompagne d’un petit clin d’œil craquant à souhait. Elle a raison Elodie, ce mec aussi est vraiment canon. Deux potes, deux bombes.

Thibault vient de partir en direction de l’endroit de la piste que Jérém semblait lui indiquer. Il y retrouve un type avec qui, à en juger par leurs échanges, animés et tactiles, doit être très bon pote également.

Jérém s’assoit à côté de moi sur le tabouret devant le comptoir du bar du KL à la place de son pote.

Depuis 2010, la Queer Palm est un prix alternatif qui, au cours du Festival de Cannes, récompense un film aux thématiques LGBTQIA+.
Deux films sont à retenir dans la sélection 2025.

En 2024, le jury, avait remis son prix au film roumain Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emanuel Pârvu.

Retrouve dans la galerie médias des coups de cœur pour des photos, des films et séries, des livres et bientôt de la musique.

Un film poignant. Avec un jeune acteur à la beauté bouleversante. Film complet sur Dailymotion en cliquant sur la photo.

Une histoire d’amitié authentique et poignante.

Deux acteurs incandescents.

La découverte de l’amour, du premier amour, le plus fort de tous.

Un autre film qui m’a beaucoup ému

Tu peux aider Fabien à écrire ses histoires !

Deux méthodes possibles :

OU

Merci FanB pour tes corrections et ton aide précieuse.

Merci Yann pour les graphismes du site et ton soutien.

Merci aux mécènes de tout temps, et en particulier à Cyril et Virginie, dont le soutien perdure depuis 2016.

Merci à vous tous pour votre fidélité et vos commentaires.

L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *