JN01046 Piscine Nakache
Lundi 25 juin 2001.
Le lendemain de notre retour sur Toulouse, le soleil est revenu sur la ville rose. Mais dans mon cœur, le mauvais temps persiste. Depuis notre retour, je n’ai pas arrêté de penser à Jérém.
Le fait de retrouver Toulouse, ses rues familières, ma maison, ma chambre, mon sac de lycée, mes affaires, les vêtements que je portais le dernier jour du bac, sa chemise, son odeur, tout me ramène à lui. Malgré mes résolutions de la veille, je ressens en moi une brûlante envie de le revoir.
Plus d’une fois j’ai failli lui envoyer un sms pour lui proposer de se voir. Et ce, malgré l’écho de ses mots « le bac c’est passé, les révisions c’est fini » qui résonne toujours douloureusement dans ma tête. J’ai tellement envie de me rendre rue de la Colombette…
J’ai tellement pas le moral que j’en ai même négligé mon intention d’envoyer un sms à Stéphane.
Heureusement, ma cousine Elodie est là. Elle m’appelle vers midi pour savoir si je veux l’accompagner à la piscine Nakache. Elle a toujours de bonnes initiatives.
A 14 h pétantes nous accédons aux bassins extérieurs du grand complexe communal. Le cadre est magnifique, l’espace immense, on se croirait à la mer, le sable en moins, une toute légère odeur de chlore en plus.
C’est génial d’avoir un espace comme celui-ci, non loin du centre-ville, un lieu où se détendre, profiter du soleil, trouver de la fraîcheur et barboter. On peut même pique-niquer sur la pelouse autour des bassins, à l’ombre des nombreux arbres.
De plus, aux abords de la piscine olympique et des installations sportives on peut en général mater du bogoss. Alors, quoi demander de mieux ?
Elodie et moi nous posons nos serviettes sur la pelouse qui entoure le grand bassin. Nous trouvons facilement une place un peu isolée. A cette heure-ci, un jour de semaine hors grandes vacances, il n’y a pas trop de monde. J’ai envie de me baigner. Ma cousine me suit.
Je rentre dans l’eau et je commence à nager. J’active aussitôt mon détecteur de bogoss, mais je ne reçois aucune notification. J’ai l’impression qu’aujourd’hui il n’y a pas trop de matière à mater. Ce qui est décevant, mais en même temps extrêmement reposant.
Car, sans bogoss à l’horizon, je vais pouvoir nager tranquillement, me détendre, ranger un peu le bazar qu’il y a dans ma tête sans en rajouter par ailleurs.
Elodie ne reste pas longtemps dans le bassin, mais moi je profite longuement de l’eau tiède, du soleil chaud et du vent léger. L’activité physique m’aide à faire le vide dans ma tête. A un moment, je me surprends à faire la liste de tout ce qui me rend heureux dans le présent ou dans l’avenir proche.
J’ai deux mois de vacances devant moi.
Ma cousine n’est pas loin, et elle est toujours là pour moi.
Dans quelques jours nous allons partir à Londres pour le concert de Madonna.
J’ai le numéro de Stéphane et il suffit d’un sms pour le revoir. Dès mon retour à la maison, je vais le contacter.
Une fois ma liste dressée, je me sens bien, je me sens fort.
Je sors de l’eau, je rejoins ma cousine et je m’allonge sur ma serviette. J’ai bien nagé, j’ai envie de me reposer. Je prie Elodie de la mettre en sourdine pendant une demi-heure et je tente de faire une petite sieste.
Le soleil et le vent caressent ma peau, et une douce fatigue engourdit mes membres. Je suis sur le point de m’assoupir, lorsque la voix de ma cousine me secoue brusquement.
« Eh merde ! ».
J’ouvre les yeux et je m’aperçois qu’elle regarde fixement derrière moi. Ses yeux sont écarquillés, l’expression de son visage ahurie, comme si elle avait vu un fantôme.
Je suis à moitié dans les vaps et je n’ai pas le courage de me retourner de suite.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » j’arrive à articuler, la voix pâteuse, pour éviter de me remuer.
Mais comme elle ne répond pas à ma question et que je vois son regard se faire de plus en plus inquiet, je me contorsionne pour regarder par-dessus mon épaule.
Mais Elodie m’attrape brusquement le bras pour m’en empêcher.
« Mon cousin… ».
« Oui Elodie… ».
« Avant de te retourner, respire un bon coup… parce que… parce que c’est violent… ».
Je crois que j’ai compris. Elle a dû repérer un super bogoss du genre qu’elle sait être parfaitement à mon goût. Et elle se moque de moi.
Intrigué, je me retourne aussitôt. Et là c’est le choc frontal. Oui, elle a repéré un putain de bogoss. Mais ce n’est pas un simple bogoss. C’est Le Bogoss Absolu. Mon Jérém à moi est là. Beau, plus que beau.
Le bobrun avance dans notre direction mais il n’a pas l’air de nous avoir repérés. Il finit par s’arrêter à une vingtaine de mètres de nos serviettes, devant la barrière, vers le bord de la piscine.
Elodie avait raison, c’est violent. A l’instant même où l’image de Jérém a transpercé mes rétines, mes yeux et mon cœur en ont pris un sacré coup. Car mon beau Jérém est là, plus beau que beau, plus beau que jamais. Et son apparition ce n’est pas un choc, mais une multitude de chocs.
Premier choc : son look.
Déjà, il s’est fait couper les cheveux. Et ça, ce n’est pas seulement beau, c’est carrément bandant. Ensuite, il porte un short de bain rouge retombant juste en-dessous de ses genoux, dévoilant ses beaux mollets musclés et légèrement poilus. Le t-shirt est rouge aussi, mais un peu plus clair que le short, avec les finitions des manchettes et du col en blanc, avec la mention de la marque, de couleur blanche aussi, imprimée en travers de ses pecs.
Inutile de préciser à quel point ce t-shirt est scandaleusement ajusté à son anatomie, à quel point la peau mate et bronzée de ses bras et de son cou joue un délicieux contraste avec le blanc des finitions, à quel point, comme d’habitude, les manchettes moulent les biceps. Et avec quelle perfection la manchette de gauche retombe pile au-dessus de son tatouage.
Deuxième choc : son assurance.
Son attitude pour commencer, avec son allure bien mec, sa démarche conquérante.
Puis, sa façon de se déshabiller. Jérém pose son sac à terre et il attrape illico son beau t-shirt rouge par l’arrière du col, il le fait glisser le long de son torse et de ses bras et il s’en débarrasse avec un geste rapide et éclatant, le balançant nonchalamment dans l’herbe.
Qu’est-ce qu’il est craquant ce torse nu bronzé à point, fraîchement rasé, qu’est-ce qu’ils sont appétissants, ces beaux tétons saillants. Ah, putain, comment elle doit sentir bon cette peau de petit con !
Troisième choc : le petit con n’est pas seul.
C’est le choc qui m’achève. Jérém est accompagné d’une affreuse pintade. Mais c’est qui cette pétasse ? Putain ! Je pars une semaine et il redevient hétéro…
Je détaille un peu mieux la « chose » : brune, pulpeuse, collante. On dirait la blondasse qui collait « Jérémie 2 » à la plage. Comme l’autre, elle passe de la crème solaire sur le torse du bomâle.
J’ai envie de me lever et de crier : « bas les pattes, pouffiasse, ce mec n’est pas pour toi… ce mec, il est à moi, à moooooooooiiiiiiiiii ! Il n’y a que moi qui ai le droit de le toucher, car il n’y a que moi qui sais le faire jouir comme il se doit ! ».
Je ne suis pas misogyne. C’est juste que toute nana, aussi jolie et respectable soit-elle, lorsqu’elle se frotte à un garçon qui me plaît, et a fortiori à mon Jérém, devient automatiquement la cible de mon mépris le plus impitoyable et de ma mauvaise foi la plus totale.
Un mépris dont la pintade va vite s’avérer particulièrement méritante.
Jérém s’allonge sur sa serviette et elle n’arrête pas de le toucher, de l’embrasser. J’ai envie de la dégommer. Elle a l’air raide dingue de lui, comme la blondasse à la plage avait l’air de l’être de « Jérémie 2 ». Elle a l’air d’être en manque. Et si elle est en manque, c’est qu’elle a dû goûter à sa queue de ouf. Et si elle y a goûté, elle n’a qu’une envie, c’est d’y goûter encore et encore. J’ai envie de gerber…
Cette scène dégoutante s’étire pendant un bon moment, bien trop long à mon goût. Heureusement, à un moment Jérém a la bonne idée de se lever et de s’étirer, ce qui met fin aux effusions de la brunasse.
Là, on change complètement de paysage, et ce paysage-là, je kiffe à fond. Voilà un magnifique Apollon, les deux pieds bien plantés sur le sol, des jambes puissantes, un dos aux proportions parfaites, des biceps qui gonflent au gré de ses étirements. Regarder ce mec est un pur bonheur.
Quelques instants plus tard, le bobrun s’approche du bassin. Et là où moi j’avais sagement descendu les marches du plongeoir, le bomâle prend une petite accélération, il lève les bras, il les rapproche, il rebondit sur ses pieds sur le rebord du bassin. Et alors que tous ses muscles se mettent en tension, son corps décrit une courbe au-dessus de l’eau. C’est beau, athlétique, puissant, c’est élégant, frimé et assuré, tout à la fois. C’est du bogoss pur jus, c’est du Jérém.
Son corps pénètre dans l’eau avec la grâce d’un poisson, un très beau poisson. Je le regarde filer vers le bord opposé du bassin à une vitesse vertigineuse, avec la technique de bogoss par excellence, le crawl. Je suis happé par le mouvement rotatif incessant de ses épaules, je suis impressionné par ses bras remuant l’eau avec une puissance inouïe. Et je suis ensorcelé par l’action coordonnée de l’ensemble des muscles de son torse, saillants comme jamais, sous l’effet de l’effort.
Vraiment, ce mec a tout pour lui. Non seulement il est beau comme un Dieu, non seulement il est très bon au rugby, mais en plus il nage super bien le petit con. Sa technique allie puissance et élégance, et ses bras sont comme de véritables nageoires qui le propulsent dans l’eau à grande vitesse. Et le pire, dans tout ça, c’est qu’il exécute cela avec une aisance et un naturel déconcertants. Je le regarde entamer sa troisième longueur, et il n’a même pas l’air de forcer.
Pendant que Jérém enchaîne les allers retours dans le bassin, je ne peux pas le quitter des yeux. Mon regard se focalise sur le corps musclé à la peau mate qui fend l’eau du bassin, et j’ai l’impression que tout autour de nous a disparu. Au bout d’un moment, à force de suivre son mouvement pendulaire, je me sens comme ensorcelé, comme en état d’hypnose.
Un état duquel je ne parviens à m’extirper que lorsque le bogoss cesse ses va-et-vient dans le bassin. Un instant plus tard, en se servant de la puissance coordonnée de tous ses muscles, Jérém bondit hors de l’eau, en atterrissant assis sur le rebord en pierre. Sa sortie de l’eau est tout aussi spectaculaire que son entrée, et c’est tellement beau que ça me donne envie de pleurer.
Le bogoss est ressorti à l’autre bout de la piscine et il en longe le bord pour venir rejoindre sa brunasse. Il avance lentement, comme pour permettre au plus grand nombre d’apprécier son corps de petit Dieu. Et en effet, de nombreuses têtes se tournent sur son passage, ce qui me rend fou de jalousie.
Même si, d’un autre côté, je comprends parfaitement ces regards qui se posent sur mon bobrun. Mais comment pourrait-il en être autrement ?
Au fur et à mesure qu’il approche, je suis happé, charmé, hypnotisé, excité parce corps incroyable trempé de la tête aux pieds. L’eau dégouline de ses cheveux trempés et retombant en vrac sur son front, glisse sur sa peau mate, la faisant briller au soleil, ruisselle sur ses muscles saillants, les rendant encore plus impressionnants. Je craque.
Non, on ne peut pas ne pas mater un mec pareil, c’est impossible. Car, dans l’espace ouvert autour de la piscine on ne voit que lui, lui et son torse de fou, lui et ses plis de l’aine ressortant diaboliquement de l’élastique de son short de bain, lui et sa démarche assurée de bogoss, lui et ses cheveux bruns, lui et sa bonne petite gueule sexy qui crie au sexe.
Jérém avance en regardant droit devant lui. Le short de bain rouge, trempé et dégoulinant d’eau, souligne diaboliquement le mouvement de ses fesses au gré de ses pas, mouvement alterné, cadencé, inconscient et sexy de mec viril.
J’ai l’impression qu’il ne m’a toujours pas repéré, et je commence à penser qu’il ne va jamais tourner la tête dans ma direction et que, par conséquent, il va continuer à ignorer ma présence. Et ça me fait chier.
Car, même si une partie de moi redoute de croiser son beau regard brun, de peur d’y lire la froideur et le mépris qu’il sait si bien me jeter à la figure, l’autre partie de moi crève d’envie d’attirer son attention, de lui faire remarquer que je suis là. J’ai besoin de me montrer au gars que j’aime, et j’ai besoin de montrer à l’ennemi, cette brunasse de la pire espèce, que je suis là. Mais la plus grande vérité, c’est que j’ai mal à l’idée de ne pas croiser son regard, et encore plus à l’idée de ne pas aller le voir, ne serait-ce que pour lui dire bonjour. Pour lui rappeler que j’existe.
Le bogoss arrive à sa serviette, il se baisse pour la ramasser, et il se redresse pour commencer à se sécher. Et c’est pile à ce moment-là que j’ai l’impression qu’il regarde enfin dans ma direction. Mon cœur s’emballe, secoué par un séisme intérieur d’une magnitude qui explose l’échelle de Richter. Je m’enflamme sur le champ, je me dis que ça y est, il m’a repéré. Je me mets à rêver, je l’imagine déjà m’envoyer un grand sourire, me faire un grand coucou avec un bras, ou même tous les deux. Et je le « vois » s’éloigner de sa pouffe pour venir me dire bonjour.
Mais mon euphorie est de courte durée, car son regard ne s’arrête pas sur moi, et il continue de balayer l’espace ouvert. Ah, en fait, il ne m’a pas vu ! En fait, j’ai juste été aveuglé par son regard comme on peut l’être par la lumière d’un phare de mer, lorsque dans sa rotation incessante et sans but précis, il nous vise et nous éblouit, involontairement, pendant une infime fraction de seconde.
Mais alors que ses yeux balaient déjà ailleurs dans le grand espace ouvert, avec un mouvement brusque et soudain, le bogoss ramène son regard brun pile dans ma direction. C’est un regard étonné, interrogatif, qui s’enfonce dans le mien et ne le lâche plus.
En fait, ses yeux m’avaient vu, mais son esprit ne l’avait réalisé qu’une fraction de seconde plus tard. Jérém ne se lance pas dans de grandes effusions à mon égard comme j’avais pu le rêver, il se contente d’un tout petit geste qui me rend dingue. L’un de ses sourcils se met en chapeau, comme pour manifester sa surprise (ah qu’est-ce que c’est sexy, ce petit mouvement de son arcade), alors qu’un tout petit sourire s’esquisse sur ses lèvres. Puis, pour m’achever, le bogoss me balance un magnifique, redoutable, bouleversant, hyper sexy clin d’œil qui me met KO direct.
Ah, putain ! Je suis retourné comme une crêpe. Pourquoi ces deux petits mouvements des traits de son visage me font cet effet ? Peut-être parce que j’ai vraiment l’impression que Jérém est content de me voir…
Mais le bogoss retire rapidement son regard de feu, et il continue de se sécher. Je reste à le regarder pendant plusieurs secondes, comme figé sur place.
« Calme-toi, mon cousin, calme-toi… » j’entends Elodie se marrer.
« Mais t’as vu, comme il est beau ? ».
« Oui, il est à se damner… ».
« Je ne sais pas comment c’est possible d’être aussi sexy… ».
« Va lui dire bonjour… ».
« T’es folle ou quoi ? ».
« Allez, vas-y, t’en as très envie ! ».
« Arrête tes bêtises… ».
« C’est pas vrai ? ».
« Bien sûr que j’en ai envie… ».
« Lui aussi il en a très envie… ».
« Tu crois ? ».
« Non, mais il te faut quoi ? T’étais pas là ou quoi ? T’as pas vu ce regard qu’il vient de te lancer, ce clin d’œil, et ce sourire ? ».
« Bien sûr que je l’ai vu… je suis tout retourné… j’en tremble, regarde… ».
En effet, mes mains sont secouées par de petits spasmes incontrôlables.
« Il t’a carrément fait du charme ! ».
« Je croyais que tu m’avais dit de l’oublier… ».
« Oui, et je confirme… mais c’est au-dessus de tes forces, alors fonce ! ».
« Mais il n’est pas seul… ».
« Tu veux que je vienne avec toi ? ».
« Arrête je te dis ! ».
« Petit joueur, va… ».
« La ferme ! » je coupe court à la conversation.
J’ai juste envie qu’elle me laisse tranquille. Revoir Jérém après plus d’une semaine passée à essayer de l’oublier, le revoir de façon si inattendue, le retrouver aussi splendide, le voir en compagnie d’une nana qu’il a baisée, me prendre son clin d’œil et son sourire en pleine figure, ça fait trop, trop d’émotions trop contrastantes à la fois, trop pour un seul cerveau, trop pour un seul cœur, trop pour un seul Nico.
Alors, j’ai besoin de silence, j’ai besoin de couper le contact visuel avec Jérém. J’en ai besoin pour reprendre mon souffle, pour essayer de remettre de l’ordre dans ma tête, pour me souvenir de mes résolutions – lycée terminé, bac passé, révisions finies, adieu Jérém, chacun sa vie – des résolutions balayées à l’instant même où sa plastique a pénétré ma rétine dix minutes plus tôt.
Mais ma cousine a décidé de ne pas me simplifier la tâche.
« Moi je pense vraiment qu’il avait l’air content de te voir… » insiste Elodie.
« Tu parles… ».
« Il est juste trop fier pour l’admettre… ».
Les quelques mots d’Elodie ont pour effet de me faire perdre le contrôle de mon regard, qui en profite pour se ruer sur l’être qu’il aime contempler le plus au monde.
Le bogoss est en train de fumer une clope. Il est désormais installé sur sa serviette, en position accoudée, le torse incliné à 45 degrés, les genoux pliés, les pieds bien posés au sol, les jambes légèrement écartées, une position qui me rappelle nombre de moments bien chauds pendant nos « révisions », et qui me donne une furieuse envie de courir me glisser entre ses cuisses et de le pomper jusqu’à le faire jouir.
Sa cigarette terminée, le beau brun repart vers le grand bassin et alors que je m’attends à le revoir piquer une tête, il continue de marcher sur la pelouse, en direction du bassin « pro » situé au bout du premier.
« Le beau mâle est sans surveillance… je répète… il est sans surveillance… » se marre Elodie.
« Et alors ? ».
« Moi je dis qu’il est temps d’attaquer… ».
« Tu es dingue ! » je tente une nouvelle fois de faire taire ma cousine.
Pourtant, lorsque je vois Jérém replonger dans le bassin, puis nager, beau comme un Dieu, je sens un déclic se produire en moi. Et si ma cousine avait raison ? Si c’était vraiment le bon moment ?
Je prends une profonde inspiration et, d’un coup, tout me paraît simple. C’est sous le regard incrédule de ma cousine que je me lève, je fonce, en prenant congé avec un simple :
« Je reviens… ».
« Je ne bouge pas d’ici… ».
J’avance à grand pas sur la pelouse, j’avance en direction de mon bobrun. Je dois le rejoindre au plus vite, pour profiter de cette montée d’adrénaline, de cette détermination qui me fait si souvent défaut.
« Salut, Jérém… » je lui lance, en arrivant près de lui, alors qu’il vient tout juste de sortir du bassin. La vision combinée et rapprochée de sa peau mate ruisselante d’eau, de ses cheveux plaqués sur le crâne et de son regard de feu me donne le tournis.
Jérém me dévisage, sans proférer un seul mot. J’ai fait le plus dur, j’ai fait le premier pas, je ne dois pas me laisser démonter par sa présence intimidante, par son insoutenable sexytude, par son regard, quel qu’il soit, par son attitude, quelle qu’elle soit.
« Salut… » il finit par me lancer, assez froidement.
Je ne dois pas non plus me laisser démonter par la vibration virile de sa voix ou par son indifférence. Alors, enchaîne, Nico, vite !
« Tu vas bien ? ».
« Oui, ça va ».
Vas-y, balance un compliment, ça ne fait jamais de mal.
« T’as bronzé on dirait… ».
« Vite fait… ».
Toujours aussi bavard le mec.
« Tu veux quoi ? » il me lance sèchement.
« Je viens juste te dire bonjour… ».
« Ok, bonjour. Tire-toi maintenant, je ne suis pas seul… ».
« T’es parti tellement vite l’autre jour » j’enchaîne« je n’ai même pas pu te demander comment ça s’était passé pour toi… ».
« Ça s’est passé. Allez, du vent ! ».
« Je me disais qu’on pourrait nager un peu tous les deux… ».
« Je nage seul… et toi aussi tu peux nager seul ! ».
Jérém me fixe, son regard s’enfonce dans le mien, j’ai l’impression qu’il remonte mon nerf optique jusqu’à mon cerveau, jusqu’à lire dans mes pensées, mes envies, mon désir. Un petit sourire on ne peut plus lubrique s’affiche sur ses lèvres.
« C’est pas de nager que t’as envie… » il me balance.
« C’est vrai, c’est de toi que j’ai envie… ».
Le bogoss semble flatté par mon propos. Pendant de longues secondes, il me fixe avec son regard brun et ténébreux, un regard intense, affolant, incendiaire, car terriblement, insoutenablement sexy. C’est un regard de charmeur de serpents, un regard qui m’aimante, m’attire, m’hypnotise.
J’ai l’impression que ce contact silencieux dure pendant une éternité, un infini pendant lequel nous ne sommes plus que lui et moi, comme si avions été téléportés sur une île déserte. Et pendant cet instant, je ne sais absolument pas quelle va être sa réaction.
Plus l’instant se dilate, plus je me dis qu’il va me jeter, qu’il va me mettre un nouveau râteau, un râteau monumental. Je l’ai cherché, je ne vais pas y échapper. Je voudrais que ce contact silencieux dure à tout jamais, je voudrais ne pas à avoir à entendre les mots avec lesquels il va me cogner.
Puis, Jérém tourne brusquement la tête en direction de sa dinde brune. J’en fais de même, elle est toujours en train de rôtir au soleil à l’autre bout du bassin principal.
« T’es une vraie salope, je devrais le savoir depuis le temps que je te baise… » il lâche un instant plus tard, sur un ton à la fois amusé et excité.
« J’ai juste envie de toi… ».
Pour toute réponse, Jérém se contente de me balancer un petit sourire conquérant, triomphant, les yeux emplis d’une étincelle lubrique animale et brutale.
Son regard me déshabille déjà. Il me pénètre déjà. Il me baise déjà. Je crois qu’il bande déjà. Je sens ma queue déformer mon boxer de bain.
Jérém n’a toujours rien ajouté mais il avance déjà en direction des vestiaires. Il se retourne, il ralentit ses pas, il me fait un petit signe de la tête pour m’inviter à le suivre. Je sens mon excitation grimper en flèche.
Dans les vestiaires hommes, il n’y a presque personne, nous trouvons facilement une cabine libre pour nous y enfermer.
Nous voilà face à face, dans la pénombre de ce petit espace confiné. La peau mouillée, les cheveux bruns en vrac, les épaules appuyées au mur du fond, Jérém baisse son boxer de bain rouge et il sort sa queue direct. Je ne m’étais pas trompé, il bande, et il bande à fond.
Dans l’espace confiné, chaud et humide de la cabine, l’odeur de sa peau mouillée envahit mes narines, enivre mon esprit.
Tous mes sens sont aimantés par son corps, sa sexytude extrême est une force à laquelle je ne peux pas m’opposer. Je frémis, je tremble à l’idée de reprendre sa queue tendue et brûlante dans ma bouche.
Un instant plus tard, je m’apprête à sucer mon bomâle brun. Jérém est toujours installé contre le mur du fond, le bassin bien vers l’avant. Et moi je suis à genoux devant sa virilité bouillante.
Son attitude n’a qu’une signification pour moi : « vas-y, suce, suce-la bien… ».
Alors, sans me faire prier davantage, je saisis son manche humide et j’entreprends de le branler doucement. Pendant ce temps, ma langue s’enroule autour de son gland gonflé à bloc, pour lui offrir les premiers frissons d’une fellation dont je voudrais vraiment qu’il se souvienne.
A l’instant même où je le prends dans ma bouche, je ressens instantanément une sensation bien-être et d’apaisement envahir mon corps et mon esprit. Sa présence, son gabarit, la douce chaleur de sa peau, les petites odeurs de jeune mâle qui s’en dégagent, c’est un bouquet de sensations qui se rapprochent pour moi au plus près de l’idée que je me fais du bonheur.
Et qu’est-ce que c’est bon de retrouver ces sensations, de le reprendre dans ma bouche, d’avoir une nouvelle occasion de lui faire kiffer sa race, alors que je désespérais que cela arrive à nouveau un jour.
Sa queue tendue envahit ma bouche, la remplit, la lime, la jauge. Ses bons coups de reins sont en parfaite coordination avec les va-et-vient de mes lèvres.
Ses mouvements, l’odeur moite de sa peau, son attitude, la situation, tout est terriblement excitant. A cet instant précis, je me sens bien, je me sens comblé. Je suis à la fois excité et apaisé, rassuré, heureux. A cet instant précis, je n’ai plus qu’un but dans la vie, celui de le pomper jusqu’à le faire jouir, et d’avaler sa semence de jeune mâle jusqu’à la dernière goutte.
Au départ Jérém semble tendu, perturbé par les bruits qui nous entourent – les portes des cabines proches qui s’ouvrent et se referment régulièrement, le bruit des douches, quelques bribes de conversation.
Dans cette cabine nous sommes isolés des regards, mais nous ne le sommes pas du tout des bruits de ce lieu public.
Dans cette cabine, j’oublie tout et je suce avidement mon bobrun. Peu à peu, je le sens se détendre, lâcher prise, s’abandonner à mes caresses, jusqu’à oublier ce qui nous entoure, jusqu’à se concentrer uniquement sur le plaisir que je lui offre sans limites.
A un moment, quelqu’un essaie d’ouvrir la porte de notre cabine. Le type insiste, la secoue, provocant un bruit assourdissant. Jérém sursaute, et moi avec lui. Instinctivement, il me repousse et il retire sa queue de ma bouche. La fermeture tient bon, le type finit par renoncer et nous foutre la paix. Le bogoss me fourre aussitôt à nouveau son manche dans la bouche, tout en posant une main sur ma nuque et en m’attirant fermement vers son bassin.
Après dix jours de manque, j’ai envie plus que jamais de lui faire plaisir. C’est avec un bonheur inouï que je retrouve ses points érogènes, que j’essaie de me surpasser, que je sens son corps réagir à chacun de mes gestes, à chacune de mes caresses.
Je suis certain que ta brunasse ne t’a pas fait la moitié de ce que moi je te fais, n’est-ce pas, mon beau Jérém ?Est-ce qu’elle se laisse complètement remplir, envahir, déborder la bouche par ton manche puissant ? Est-ce qu’elle saisit tes fesses de ses deux mains, lorsqu’elle te suce à genoux (si elle te suce à genoux), est-ce qu’elle se laisse saisir la nuque par tes mains, est-ce qu’elle encaisse bien tes coups de reins, pour que ta queue s’enfonce bien au fond de sa bouche ? Est-ce qu’elle avale ta bite jusqu’à s’en étouffer ? Est-ce qu’elle accepte de recevoir tes giclées chaudes dans la bouche ? Est-ce qu’elle les avale ? Est-ce que pour elle, ton jus brûlant de jeune mâle est la plus délicieuse des boissons ? Est-ce que son plus grand plaisir est celui de te sentir prendre ton pied ? Est-ce qu’elle te montre à quel point ta virilité est impressionnante et ta jouissance enivrante ?
Moi je l’ai fait, et toi t’as kiffé, je le sais. Non, je ne suis pas certain que ta brunasse en fasse autant.
Et même si elle fait tout ce que tu lui demandes, elle ne le fait pas comme moi je le fais, hein ? Tu kiffes ma bouche et mon cul, plus que les siens… Sinon, tu ne serais pas dans cette cabine avec moi… J’ai tellement envie de te sentir gicler dans ma bouche. Allez, encore un petit effort, bogoss, je sens que ça vient !
Mais alors que je m’attends à goûter à son jus d’un instant à l’autre, le bogoss se retire de ma bouche, il passe ses mains sous mes aisselles, me fait me relever, il me retourne, il descend mon short et il cale direct son bassin humide contre mon cul, il glisse sa queue raide dans ma raie. La détermination de ses gestes, la chaleur de ses paumes sur ma peau est un pur régal, une source d’excitation extrême.
Ses mains saisissent mes fesses, les écartent à fond. Une bonne goutte de salive glisse dans ma raie. Son gland vise juste la cible de son plaisir à venir, alors que son bassin exerce une pression de plus en plus intense. Il ne faut pas longtemps pour que la tension de mes muscles se relâche, pour que ma rondelle s’ouvre, pour qu’elle s’offre sans réticences à cette queue qui l’écarte, la pénètre, l’envahit, lentement mais inexorablement. Elle avance jusqu’à la garde, jusqu’à ce que ses couilles se calent contre mes fesses.
Ses bras enserrent mon torse, ses pecs se collent à mon dos, ses abdos à mes reins. Je me sens complètement enveloppé par la chaleur de son corps, dominé par la puissance de sa musculature.
Le bomâle commence à me limer en douceur. Sa queue coulisse très peu et très lentement, elle fait de tous petits mouvements au fond de moi ; elle semble caresser mon trou, tout comme ses couilles semblent caresser mes fesses.
Cela me procure des frissons inouïs, comme des étincelles qui fusent et se propagent dans tout mon corps et me mettent dans un état d’excitation dément. Un état démultiplié par le contact de son corps enveloppant le mien, et porté à une intensité à la limite du supportable par l’action de ses doigts jouant avec mes tétons, leur prodiguant des caresses légères. C’est un truc de fou !
Mon corps tout entier est submergé par une immense vague de plaisir, une vague qui me fait perdre pied et qui m’envoie dans un univers de jouissance inouïe. C’est tellement bon que j’en tremble.
Définitivement, Jérém sait comment m’offrir ce genre de plaisir, le bonheur de me sentir complètement débordé par une virilité, la sienne, qui me fait complètement oublier la mienne. Jérém sait si bien comment me faire sentir à lui. Et il sait tout aussi bien comment me faire sentir qu’il est le Mâle.
Dans l’espace confiné de la cabine, il fait chaud, et l’excitation de nos corps et de nos esprits n’y est pas pour rien. Sa peau encore humide, ainsi que nos transpirations respectives, nous collent l’un à l’autre.
Le bogoss me pilonne en silence, en faisant attention à ne pas trop claquer ses cuisses contre mes fesses. Baiser dans une cabine des vestiaires à la piscine, oui, mais la discrétion avant tout !
Le seul bruit venant de nos ébats que j’arrive à percevoir est celui de sa respiration rapide. Et lorsqu’il se penche sur moi, son souffle de mâle en rut chatouille mon cou, sa chaînette de mec frôle la peau entre mes omoplates.
Plus ça va, plus ses coups de reins prennent de l’ampleur et de l’intensité. Sa queue s’enfonce bien, elle me lime sans répit. C’est bon comme rarement ça l’a été avec mon bomâle brun, et ce n’est pas peu dire. Ça dépasse tout ce que j’ai connu jusqu’ici, ça dépasse l’entendement, c’est le pied ultime C’est tellement bon que j’ai l’impression que je ne vais pas tarder à jouir sans même me toucher.
Je ne suis plus qu’un volcan de plaisir, je n’attends plus qu’une chose, le sentir balancer sa semence au plus profond de moi, avant de jouir à mon tour.
Mais le bomâle a encore d’autres projets. Il se déboîte de moi, laissant mon trou en proie à une violente sensation de vide, d’abandon, de frustration.
Jérém revient dans sa position de départ, les épaules appuyées sur le mur du fond, le bassin en avant, la queue tendue, magnifique. Il la tient entre deux doigts et il joue avec, il la balance lourdement de bas en haut et de haut en bas. Je comprends illico ce que, dans son langage de petit mâle fier de sa teub, cette attitude signifie : « viens me sucer à nouveau, dépêche-toi, salope ! ».
Me voilà à nouveau à genoux, en train d’astiquer cet engin qui vient de me donner de beaux frissons en coulissant entre mes fesses. Je le pompe avec ma main, avec mes lèvres, avec ma langue, je le pompe avec l’empressement et la voracité d’un affamé. Je le pompe pour le faire jouir au plus vite.
Nouvelle position, nouvelle envie de Jérém, nouvelle envie pour moi.
Pendant que je le pompais tout à l’heure, j’avais envie qu’il me gicle dans la bouche ; pendant qu’il me défonçait, j’avais envie qu’il me gicle dans le cul. Et maintenant que je l’ai de nouveau dans la bouche j’ai à nouveau envie de recevoir son jus de mec sur ma langue, sur mon palais, de retrouver son goût de mec, de tout avaler.
Mais Jérém a encore d’autres projets. Il me repousse, il me fait relever une nouvelle fois, il me retourne, il me pénètre et il me défonce à nouveau.
Où est-ce qu’il va vouloir jouir, à la fin, ce bomâle bien chaud ? Je suis dans un état second, j’ai envie qu’il jouisse partout en moi à la fois.
Je ne tarde pas à être fixé. Jérém approche ses lèvres de mon oreille et me glisse tout bas :
« Je vais te remplir ton cul de salope… ».
Mon excitation est à son paroxysme. Je suis en train de me faire sauter par le mec le plus canon qui soit, le mec que j’aime, mon Jérém à moi, un jeune mâle qui sait se servir de sa queue comme un Dieu, on fait ça dans une cabine de vestiaires de la plus grande piscine publique de Toulouse, alors qu’il y a du monde autour de nous, et peut-être même dans la cabine d’à côté. Mon bobrun est sur le point de me remplir, alors que sa copine est en train de faire bronzette à quelque dizaine de mètres de là à peine.
Comment imaginer situation plus bandante ? C’est juste délirant.
Un instant plus tard, alors que son front trempé vient se caler lourdement entre mes omoplates, je l’entends lâcher une succession de râles étouffés, comme autant de notifications des giclées qu’il est en train de lâcher en moi.
Au même moment, sans que je l’aie senti venir, mon bas ventre s’embrase de cette chaleur à la fois délicieuse et presque insoutenable qui précède l’orgasme.
Jérém jouit en moi, et moi je jouis sur le carrelage, je jouis sans même m’être touché, juste en me faisant limer par sa queue.
Après cette baise intense, j’aimerais tellement qu’il reste un peu plus en moi. Mais très vite, le bogoss se déboîte de mon trou, m’offrant un ultime frisson. Ma rondelle se contracte presque toute seule, comme si elle voulait retenir ce gland, cette queue qui lui a offert tant de plaisir.
Un ultime frisson qui contraste sévèrement avec la sensation qui m’attend juste après, cette frustration de ne plus me sentir envahi par la puissance et la chaleur de cette queue brûlante.
Je ne raterais pour rien au monde l’image fugace et précieuse du mâle repu après l’amour. Alors, je me retourne aussitôt. Le bogoss est appuyé à la porte de la cabine. Son torse musclé ondule sous l’effet de la respiration encore haletante, un filet de transpiration naissant à la base de son cou glisse peu à peu dans la ligne médiane de son torse. Sa queue est toujours raide, luisante de sperme.
Je crois que je ne cesserai jamais de me demander comment un mec aussi canon peut avoir envie de baiser avec moi. Et depuis des mois, qui plus est.
Mes narines sont excitées par l’odeur de sa peau, de sa transpiration, par l’ambiance moite de ce petit espace. Mon palais est ravi pas le goût délicieux de son jus. Toutes les fibres de mon être sont tendues et vibrent encore sous l’effet du plaisir qu’il m’a offert. Je suis complètement ivre de lui.
Je ressens une brûlante envie de lui faire comprendre à quel point ça a été bon, à quel point sa queue et ses coups de reins mec m’ont fait jouir.
J’ai envie de lui balancer : «Tu es un Dieu, un Dieu de la baise. Tu ne peux pas imaginer comment tu m’as fait jouir avec ce que tu m’as mis. Tu sais, mec, pour toi, c’est quand tu veux, comme tu veux, autant que tu veux… ».
Mais lorsque je croise son regard, lorsque je capte le petit sourire coquin, limite arrogant, mais définitivement viril à craquer qu’il me lance, j’ai la certitude qu’il sait déjà tout ça. Il sait qu’il m’a fait jouir comme pas permis, il sait que je suis à sa disposition quand, comment, où et autant qu’il le veut. Son ego de petit macho est comblé.
J’ai envie de m’abandonner, de me coller, de me mêler à lui par tous les moyens, j’ai besoin de sentir le contact avec son corps, avec sa peau. Je fais un demi-pas vers lui, j’amorce le mouvement pour le prendre dans mes bras, mais le bogoss m’en empêche.
Je le regarde passer son short, accomplir ces gestes qui sont un peu une sorte de générique de fin de nos fabuleuses retrouvailles sexuelles. Je le regarde s’apprêter à partir, sans un mot, sans savoir si je vais le revoir, et ça me fend le cœur. Une nouvelle fois.
Le bogoss se tourne vers la porte, il a déjà la main sur le verrou. Dans un geste presque désespéré, je pose une main sur son épaule, j’essaie de le retenir. Le bogoss accuse un petit sursaut, il tourne légèrement la tête sur le côté, il me lance un regard en biais qui semble surpris.
Je profite de cet instant de flottement pour approcher ma bouche de son oreille et lui chuchoter, presque en transe :
« Tu me rends dingue… ».
Pour toute réponse, le bogoss dégage son épaule d’un geste brusque. Juste avant de me lancer sèchement :
« Attends un peu avant de sortir… ».
« Jérém… » je tente désespérément de le retenir.
Mais déjà le bogoss déverrouille précipitamment la porte, et il part en claquant le battant derrière lui. Il part sans entendre la suite des mots qui n’ont pas eu le temps de se décrocher de ma gorge : « … est-ce qu’on va se revoir ? ».
Le temps de remettre mon short de bain et de maîtriser la tristesse soudaine qui m’a envahi dès son départ, je quitte la cabine à mon tour. Avant de rejoindre ma cousine, je fais un petit détour aux douches. Quelques minutes plus tard, je me retrouve au bord du grand bassin, plongé dans la lumière éblouissante de cette fin d’après-midi du mois de juin.
Je ne sais pas très bien ce que je ressens exactement à cet instant précis. Je ressens une douce fatigue m’envahir, je me sens physiquement comblé. Et pourtant, je me sens également assommé, détruit moralement.
Je viens de partager une bonne baise avec Jérém, alors que je désespérais que cela se reproduise un jour. C’était génial. Mais après son départ précipité, sans aucune considération à mon égard, je ne peux m’empêcher de vivre cela comme une nouvelle « dernière fois ». Et chaque « dernière fois », c’est un peu comme une petite mort.
En longeant le grand bassin pour aller retrouver ma cousine, je croise le beau poisson au short rouge et à la peau mate. Je marche sur la pelouse, il nage dans la direction opposée, remuant l’eau avec de grandes brasses.
Ma cousine a toujours le nez plongé dans du papier glacé de gonzesse.
« T’étais passé où ? » elle me questionne direct.
J’hésite quant à ce que je dois lui répondre, j’hésite entre lui dire la vérité ou inventer un bobard. Je ne sais pas si elle s’est rendu compte de quelque chose. Dans le doute – et étant trop excité pour garder un truc aussi fou pour moi – je décide de ne rien lui cacher.
« J’ai eu une rencontre très rapprochée avec Jérém dans une cabine des vestiaires… ».
« Tu déconnes… ».
« Pas le moins du monde… ».
« Alors là, là tu m’épates… ».
« C’était pas prémédité… Je suis allé le voir pour lui proposer de nager ensemble, mais il m’a dit que je pouvais nager tout seul… après, il m’a entraîné dans les vestiaires… ».
« Alors, là, je suis sciée ! ».
Une poigné de minutes plus tard, Jérém sort de l’eau et revient vers sa pouffe, comme s’il ne s’était rien passé. Je le regarde se sécher, avide de me remplir les yeux et l’esprit de la grâce virile de son corps et de ses mouvements.
Puis, il s’allonge sur sa serviette. Et là, alors qu’il vient de se vider les couilles dans mon cul, ça ne le gêne pas le moins du monde de se laisser remettre une couche de crème solaire par cette dinde. Si seulement elle savait !
Je remets de la crème solaire à mon tour, je m’allonge. Très vite, et sans vraiment m’en rendre compte, je m’assoupis.
Ma sieste est de courte durée, et c’est Elodie qui se charge de l’interrompre :
« Ton bobrun se tire… ».
J’ouvre les yeux et je vois en effet Jérém et sa pouffe en train de ramasser leurs affaires. Un instant plus tard, le bobrun attrape son t-shirt rouge par le bas. Et, avec un geste svelte et rapide, il le glisse sur son torse.
Je le regarde s’éloigner avec sa pouffe, sans lâcher un seul regard dans ma direction. Je le regarde longer le bassin, incapable de le quitter des yeux, je le regarde jusqu’à le voir disparaître dans le bâtiment des vestiaires.
Et je sens monter rapidement en moi une immense tristesse.
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