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JN01044 Gruissan, la mer, la cousine, et le petit brun sur la plage

Samedi 16 juin, après le bac.

Ca y est, cette fois-ci, le lycée c’est fini pour de bon. J’ai le sentiment que mon bac ne s’est pas trop mal passé. Et pourtant, je crois que je ne me suis jamais senti aussi triste de toute ma vie.

En attendant les résultats, dans dix jours, rien ne me retient sur Toulouse. Alors, j’accepte avec joie la proposition de ma cousine Elodie de partir quelques jours à la mer. L’idée de m’éloigner de Toulouse me paraît salutaire.

Elle a lancé l’idée le vendredi soir. Le samedi à midi nous sommes à Gruissan. Ses parents possèdent un appart dans une résidence proche de la plage de la Mateille, et depuis quelques années, elle peut l’utiliser à sa guise.

Nous posons les valises, nous passons les maillots et nous filons direct à la mer. J’ai envie de mer. J’ai trop envie de courir à l’eau. C’est viscéral. J’ai dû être poisson dans une vie antérieure.

Et lorsque la paume de mes pieds touche enfin le sable, je suis immédiatement submergé par une intense sensation de bien-être, de liberté, de vacances, d’insouciance. Je me débarrasse de mon t-shirt, et je ressens encore plus de sensation de bien-être, de liberté, de vacances, d’insouciance.

Le vent caresse mon torse, il arrive même à s’infiltrer à travers le tissu fin de mon short de bain, à caresser mon abdomen, mon sexe, mes fesses. Il fait beau, je suis à la mer, je retrouve l’odeur du sable, de l’eau salée, et de la crème solaire. Ça me donne des frissons. Ça y est, c’est les vacances.

A une heure trente de Toulouse, je suis comme sur une autre planète. Elodie est avec moi. Je me sens bien, je me sens apaisé.

Mon regard se perd dans la tentative d’embrasser l’horizon ouvert à perte de vue, une immensité faite de mer calme, d’eau claire, de ciel bleu, et de sable fin.

Nous repérons un coin pas trop peuplé et un peu en retrait du bord de l’eau, nous plantons le parasol, nous posons nos serviettes. Je suis trop pressé de retrouver la mer, j’accomplis la corvée de la crème solaire à la va vite : et tant pis pour les coups de soleil. De toute façon, je n’aime pas me badigeonner de crème solaire, ça colle trop pour mon goût, et elle colle le sable à la peau.

Et alors que ma cousine fait ça avec le plus grand sérieux – elle n’en est encore qu’à la moitié supérieure de son corps – je me précipite dans l’eau.

Et là, petite déception, à vrai dire un brin attendue : l’eau est bien fraîche en ce milieu du mois de juin. Je tente de m’acclimater, les mollets stoïquement immergés dans l’eau, balayés par le flux et le reflux de l’eau.

Ma cousine me rejoint enfin. Elle trempe un orteil et le retire illico.

« T’es vraiment un grand malade, toi ! Comment tu fais pour rester là ? L’eau est glacée ! ».

Elle n’a pas tort. Cependant, mon envie de mer est telle que je me baignerai, coûte que coûte. C’est sous le regard interloqué de ma cousine que je trouve le courage d’avancer dans l’eau.

J’adore la pente douce des plages de sable fin de la Méditerranée, le bonheur de pouvoir avancer sur des dizaines de mètres dans l’eau et d’avoir toujours pied.

Petit à petit, mes jambes se familiarisent avec le contact de l’eau fraîche. Et mon corps avec. Du moins, jusqu’à ce que l’eau ne rentre en contact avec la LDC, ligne des couilles. C’est là que le choc est le plus violent. Je stoppe net, le temps de m’y faire.

Non, ce n’est pas ça qui va m’empêcher de me baigner, de retrouver l’élément liquide. Oui, définitivement j’ai dû être poisson de mer dans une autre vie. Ou Labrador.

J’inspire un bon coup, je me projette vers l’avant. Mes pieds quittent le fond sableux, et mon torse, mes épaules, ma tête plongent dans l’eau.

« Bonjour la mer, comment vas-tu depuis l’an dernier ? Me revoilà, c’est Nico… ».

Hélas, le choc thermique est plutôt brutal. Je ne peux pas rester immergé, je rebondis aussitôt, je sors mon torse de l’eau, violent réflexe de survie.

Je ne m’avoue pas pour autant vaincu, j’y reviens très vite, mais plus en douceur. Je m’immerge petit à petit, je dois laisser à mon corps le temps de s’habituer à la température de l’eau. Je fais quelques brasses, le mouvement chauffe mes muscles, et j’ai l’impression de trouver peu à peu un semblant d’équilibre thermique. Equilibre précaire, qui est rapidement mis à mal par un courant d’eau plus froid qui me surprend comme un électrochoc. Et qui me fait à nouveau bondir hors de l’eau.

Je reviens vers la plage, frigorifié, tremblotant. Je me sèche vite fait et je m’allonge à plat ventre sur la serviette, en plein soleil.

Ma cousine se moque de moi, elle a l’air de me prendre pour un dingue. Me voyant allongé en plein soleil, elle m’impose une application complémentaire de crème solaire sur le dos.

« C’est gentil, Elodie… »

« Tu me fais pitié ».

« C’est gentil quand même… ».

« C’est juste que je ne veux pas passer ma soirée aux urgences… ».

Le soleil tape fort, et j’arrête petit à petit de grelotter.

J’adore la mer, j’adore la plage. J’adore me baigner, puis, m’allonger et sentir le vent sur ma peau. J’adore tout ce qui se passe sur la plage. Je regarde ma cousine demi-allongée sur sa serviette, les genoux pliés, les pieds enfoncés dans le sable, en appui sur ses coudes. Le cou relevé, le regard dissimulé derrière ses lunettes de soleil, elle balaie discretos la plage à 360 degrés.

« Tu mates quoi ma cousine ? »

« Les mouettes, mon cousin, les mouettes… » fait-elle, en soulevant ses lunettes, et dévoilant ainsi la cible de regard. A savoir, un beau mâle brun tout en muscles, avec un short rouge et des lunettes noires de bogoss, se baladant sur la plage pile à notre hauteur.

« C’est ça… ».

« Non, mais t’as vu comment il est gaulé ce type ? ».

« Ah, oui… oui, je vois, je vois… ».

Quand je pense qu’à peine quelques jours plus tôt je couchais avec un mec qui ressemble à « ça », j’en ai mal aux tripes.

« Mais t’as vu ce petit cul rebondi ? » enchaîne Elodie.

« Moi, chez un mec, c’est pas le cul que je regarde en premier… ».

« Et c’est quoi alors ? ».

« Moi, c’est plutôt le torse, le cou, la chute d’épaules, ses biceps… et la gueule, évidemment… et le sourire, évidemment… et son attitude… ».

« T’aimes les petits machos sexy, toi… ».

« Un peu… un peu… ».

Je n’arrive pas encore à croire que j’ai ce genre de conversations avec ma cousine. Et en même temps, je trouve ça très drôle, drôle et libératoire. Ça fait du bien de pouvoir enfin être moi-même.

Lorsque je retourne à l’eau, j’y retourne seul. Cette fois-ci, je me baigne plus longtemps : après le premier choc, ma peau et mes muscles semblent s’habituer plus facilement à la rigueur de l’eau.

Je nage sans direction précise. Et sans m’en rendre compte, je m’éloigne de nos serviettes. Hasard des courants ou aiguillage inconscient de mon système de détection des beaux garçons, je me retrouve à proximité d’une bande de quatre potes en train de jouer avec un ballon, dans l’eau. Ils ont tous la vingtaine, et des physiques de jeunes mecs plutôt agréables à regarder.

Je sors de l’eau et je choisis un emplacement stratégique sur la plage pour observer les évolutions de la petite bande. Le soleil tape toujours aussi fort, le vent est tiède et doux comme une caresse, j’adore le sentir glisser sur mon corps, sécher ma peau et mes cheveux.

Et le spectacle d’une bande de potes, torses nus, la peau bronzée, en train de s’amuser avec un ballon dans l’eau, n’est autre qu’un supplément de bonheur apporté à un moment déjà parfait.

C’est un jeu sans règles véritables, si ce n’est celle de s’amuser entre potes. Le ballon est lancé par un premier mec, avant d’être réceptionné, puis renvoyé, par un deuxième gars. Le contact se fait tantôt avec les mains, tantôt avec un pied, ou avec un bon coup de tête, parfois avec des abdos tendus, ou bien des pecs bombés.

Tous les coups sont permis, car ce petit jeu n’est qu’un simple amusement, en aucun cas une compétition. Ce ballon représente le plaisir d’être en vacances, et de profiter d’un bon moment entre potes.

Et ce qui m’émeut le plus dans le fait de regarder ces quatre potes, au-delà des charmes de chacun, c’est de voir qu’ils disposent d’une richesse que je n’ai jamais su me procurer, et qui s’appelle « l’amitié d’une bande de potes ».

Ça m’a manqué, et ça me manque toujours, cette complicité, la rassurante sensation de faire partie d’un groupe, de me sentir « comme les autres », et non pas comme une bête solitaire.

Mais pour cela, il aurait fallu que je sois un peu plus sociable, que je joue au rugby ou au foot, que je sorte plus souvent, que je sache côtoyer les gars les plus populaires sans m’en sentir trop souvent impressionné ou, pire, attiré. Il aurait fallu que je n’aie pas peur que l’on repère ma différence, que l’on se moque de moi, que l’on me jette, que l’on me bouscule. Oui, si j’avais été « comme tous les autres gars », peut-être qu’aujourd’hui je serais plus serein, et plus fort.

Très vite, en regardant la petite bande, je réalise que si chacun des quatre gars possède un charme qui lui est propre, l’effet de meute fait que l’ensemble des charmes est sans doute supérieur à la somme des charmes individuels.

D’ailleurs, parmi les quatre, il y en a un qui sort nettement du lot et qui attire irrésistiblement mon attention.

C’est un brun, pas très grand mais avec un petit physique musclé, des pecs saillants, des abdos bien dessinés, la peau bronzée, deux tétons plus foncés, insolents. Bref, un petit gabarit très bien proportionné. Un petit mec qui a l’air d’un gars très souriant, sympathique, déconneur, débordant de jeunesse.

Et ce petit jeu dans l’eau semble le rendre heureux comme un gosse. A chaque fois que le ballon part dans sa direction, il bondit pour le réceptionner et le renvoyer. La plupart du temps, il y arrive, et ses gestes agiles et puissants ont pour effet de mettre en tension tous les muscles saillants de son torse.

Parfois, le ballon tombe dans l’eau, pas loin de lui. Le petit brun plonge aussitôt, il rebondit aussitôt, le corps et les cheveux ruisselants d’eau salée, le ballon entre les mains. Pendant un instant, avant qu’il ne renvoie le ballon, j’ai l’impression que le temps s’étire jusqu’à se figer.

Ce gars est vraiment craquant. Et ce qui le rend encore plus craquant à mes yeux, c’est de le voir s’amuser et déconner avec ses potes. C’est tellement beau une bande de potes qui s’amuse autour d’un ballon. Des potes qui, certes, ne sont pas tous aussi bien gaulés que le petit brun, ni aussi beaux, mais qui ont néanmoins en commun l’insouciance de leur jeunesse. Et ça, c’est à mes yeux le plus beau des spectacles.

Puis, à un moment, le ballon tombe à côté de moi, me tirant brutalement de mes réflexions. Lorsque je lève les yeux, les quatre potes sont en train de regarder dans ma direction. On dirait quatre labradors qui attendent qu’on leur lance un jouet qui fait pouic-pouic. Et moi, je me sens carrément fondre sur place lorsque je croise le regard du petit brun. Ah, putain, qu’est-ce qu’il est mignon !

Je suis comme tétanisé par ce regard, mais je finis par me secouer et leur relancer le ballon avec mes deux mains.

Je n’ai pas visé au hasard, et le vent m’a un peu aidé : et c’est le petit brun qui le réceptionne. Il me regarde, il sourit, il me lance un « Merci », doublé d’un petit clin d’œil qui, pendant un court instant, m’apporte la délicieuse illusion d’exister dans sa vie. L’idée que pendant une fraction de seconde il ait pu me considérer comme le « gars sympa qui a renvoyé le ballon » (même s’il aura déjà oublié mon existence une passe de ballon plus tard), suffit à me remplir de bonheur.

Le jeu reprend, les gars recommencent de lancer, de rigoler, de plonger, d’éclabousser, de s’amuser. Plus je les regarde, plus je ressens une furieuse envie d’aller jouer avec eux, de m’amuser avec eux.

Pendant un instant, je me vois me lever, récupérer le ballon, le relancer, être accepté par le groupe, devenir le cinquième pote. Et puis sortir avec eux en boîte, traîner toute la nuit, draguer des nanas, avoir une vie normale de mec de mon âge.

Tout comme doit assurément le faire Jérém. Est-ce qu’il est lui aussi quelque part en vacances, en train de s’amuser avec ses potes, de draguer et baiser tout ce qui lui passe à portée de queue ?

Oui, je voudrais faire partie de la petite bande au ballon. Ce qui, dans l’absolu, n’est pas si absurde que ça, car ça arrive de sympathiser avec des inconnus sur la plage.

Ça arrive, mais pas à moi. Ça arrive quand on sait lancer un ballon, quand on sait déconner comme eux, quand on sait faire la fête, quand on sait s’amuser, quand on a quelque chose en commun avec eux. Ça arrive quand on ose aller vers les autres. Ça arrive quand le cœur est léger, et non pas alourdi par le manque d’un garçon.

Et ce petit brun, beau comme un Dieu, me rappelle tellement le garçon en question. Lorsque je le regarde tendre les abdos pour faire rebondir le ballon dessus, je suis frappé par sa ressemblance avec mon Jérém.

Je me demande qui a décrété cette ânerie colossale: « loin des yeux, loin du cœur ». Je suis à une heure trente de Toulouse, et je n’arrive pas à cesser de penser à lui. Il me manque horriblement.

C’est tellement dur d’accepter que c’est vraiment fini. Je savais que ça se finirait, mais je n’imaginais pas que ce serait de cette façon. Après tant de « révisions », je nous voyais au moins nous dire au revoir. Et pourtant, non, je n’ai même pas eu droit à ça. Jérém est sorti de ma vie sans un mot, sans un regard, en se barrant avant la fin de la dernière épreuve du bac.

Jérém est le premier garçon avec qui j’ai couché. C’est le seul à qui j’ai fait confiance, à qui j’ai permis de me prendre, et de jouir en moi sans capote. Est-ce que j’ai eu raison de prendre des risques, ça je ne le sais pas.

Peut-être pas. Et je ne veux pas parler de MST : certes, ça aurait été plus prudent de nous protéger, mais je ne crois pas que j’aurai une saloperie venant de lui. Enfin, je l’espère.

Ce que je regrette vraiment, c’est de m’être offert à ce mec sans conditions, d’avoir été aussi loin, de lui avoir offert toutes mes premières fois sexuelles, alors que je n’étais pour lui qu’un jouet, un vide-couilles. Et maintenant que ça s’est fini, sans mots, sans un regard, sans le moindre regret de sa part, je me sens humilié, trahi, comme dépossédé d’une partie de moi. Sur le coup, j’ai été heureux d’offrir mes premières fois à ce gars, parce que je l’aimais comme un fou. Et pourtant, maintenant que c’est fini, de cette façon si prosaïque, je regrette de ne pas avoir su attendre pour les offrir à un gars qui m’aimerait.

Et pourtant ça a été si bon d’être son jouet. Je ferme les yeux et je repense à notre première « révision ». Je le revois enveloppé dans son t-shirt blanc, debout contre le mur, m’intimant de le sucer. Je repense au bonheur de tenir sa queue raide et chaude dans ma bouche, de lui offrir du plaisir. Je repense à ses mots « je vais jouir et tu vas avaler », à ses giclées lourdes, denses, brûlantes. Je repense à la première fois qu’il est venu en moi, à ses premiers coups de reins, aux va-et-vient de sa queue. Je repense à la capote qui casse, à son jus qui vient en moi à mon insu. Je repense à sa nudité, à l’odeur de sa peau, à ses râles de plaisir, à l’expression de son visage lorsque l’orgasme déborde son corps et son esprit, lorsque son jus quitte ses couilles pour venir se loger en moi.

Je suis obligé de m’allonger sur le ventre pour cacher l’érection qui déforme mon maillot de bain.

J’essaie de me calmer, mais c’est peine perdue. Le vent caresse mon dos, s’engouffre dans mon maillot, caresse mes fesses, mon trou. Je donnerais cher pour être seul sur cette plage, pour que Jérém vienne et me prenne là, tout de suite. Je donnerais cher pour sentir ses mains écarter mes fesses, son gland prendre possession de mon cul comme si ça lui appartenait. Oui, je donnerais tout pour qu’il soit à nouveau mon mâle, pour qu’il me fasse sentir à lui, pour me sentir envahi par sa puissance sexuelle, dominé par ses va-et-vient implacables, pour qu’il me remplisse de sa semence une dernière fois.

Quand je repense à cette nuit magique après le retour du Shangay, à sa proposition de rester dormir chez lui, au bonheur (qui n’était peut-être qu’illusion), de découvrir un Jérém « humain » caché derrière le Jérém petit macho, j’ai envie de pleurer. Car ce gars-là, celui plus « humain », est justement le Jérém dont je suis amoureux fou, bien plus encore que du Jérém-bête-de-sexe. J’ai été si heureux cette nuit-là.

Hélas, ce bonheur est terminé.

Depuis 24 heures, je n’ai cessé de penser à la façon de le contacter. J’ai pensé l’appeler, lui envoyer un sms, lui demander de nous voir, lui faire comprendre à quel point il me manque. Mais j’ai à chaque fois renoncé. A quoi bon ? Je n’ai plus envie de me faire jeter.

La distance entre nous, qu’elle soit physique ou sentimentale, me paraît insurmontable.

Alors, autant profiter de ces vacances, de cette distance, pour essayer de faire mon deuil. Jérém m’a rendu accroc à lui comme à une drogue. Alors, le sevrage ne se fera pas sans une longue période de manque, un manque douloureux, brutal, violent.

Je sens les larmes monter, je me sens étouffer, j’ai besoin de bouger. Je marche seul sur la plage, je marche sur la limite instable entre sable et eau. Je marche en cherchant à échapper à ma tristesse.

Une voiture de police jouet à moitié ensevelie dans le sable me rappelle un souvenir d’enfance : j’ai moi aussi possédé une petite voiture de police semblable à celle-là, dont les piles s’épuisaient trop vite. Un château de sable fait ressurgir d’autres souvenirs : j’ai fait moi aussi des châteaux de sable, avec grande diligence, avant de voir la mer les reprendre aussitôt. Je me suis aussi amusé, enfant, à faire des empreintes sur le sable que l’eau effaçait un instant après mon passage.

Lorsqu’on regarde bien, c’est dès le plus jeune âge que l’on est confrontés à la précarité de toute entreprise humaine, à la nature éphémère de toute chose.

Je me pose à nouveau sur le sable, je fixe la mer et je pense au temps qui passe. Je pense à « hier », lorsque nous venions à la mer en famille. Je pense à « aujourd’hui », alors que nous sommes venus à la mer que tous les deux, Elodie et moi.

Je reste longtemps assis au bord de l’eau. Le vent câline ma peau avec sa caresse incessante. Je ne me lasse pas de contempler la mer immuable, de tenter de percer le sens de cette immensité qui était là tellement de temps avant moi et qui le sera bien longtemps après moi. Devant ces immensités, celle de la mer et celle du temps, je me sens tout petit.

Soudain, ma souffrance me paraît sans importance, un petit grain de sable de rien du tout à l’échelle de la mer, de l’Univers. Je réalise que tout ce que je peux vivre, joie, souffrance, ont si peu d’importance à l’échelle du Tout. Car, de nos joies, de nos souffrances, l’Univers tout entier se moque éperdument, il n’a même pas conscience de notre existence. Ça fait du bien de relativiser.

Je me dis que si ça n’a pas marché entre Jérém et moi, si nous n’avons pas pu et/ou su aller au-delà du sexe, c’est peut-être parce que je ne suis tout simplement pas la personne dont Jérém est tombé amoureux. J’ignore si à l’avenir Jérém aura envie d’être avec une nana ou s’il finira par assumer son attirance pour les mecs.

Ce dont je suis certain en revanche, c’est qu’un jour il tombera certainement amoureux, et à ce moment-là, il sera prêt à s’assumer. Ou bien, il finira par tomber amoureux le jour où il arrivera à s’assumer.

Peut-être que je suis arrivé trop tôt dans sa vie, et que je n’ai fait que préparer le terrain pour quelqu’un d’autre qui profitera du « travail de débroussaillage affectif » opéré par mon court passage dans son existence. J’ai en quelque sorte essuyé les plâtres du véritable nouveau Jérém. Ce qui est à la fois une bien maigre consolation, mais aussi une fierté. Quand on aime, on est heureux que l’autre soit heureux, même s’il l’est loin de nous.

Un avion tractant une banderole de pub pour une boîte de nuit locale traverse le ciel et se charge de me tirer de mes rêveries.

Pris dans mes pensées, j’ai marché si loin que j’en ai perdu la notion du temps. Je n’ai pas de montre, je ne sais pas depuis combien de temps je suis parti. Je regarde la plage et je réalise que je suis peut-être déjà plus proche de Narbonne Plage que de Gruissan. Elodie doit commencer à se demander où je suis passé. Je fais demi-tour et je reviens sur mes pas à toute vitesse.

Lorsque j’arrive enfin au parasol, je n’ai même pas le temps de m’allonger sur ma serviette que déjà ma cousine me branche.

« T’as fait quoi pendant tout ce temps ? ».

« J’ai marché… ».

« T’es parti au moins trois heures… ».

« J’ai beaucoup pensé à Jérém… ».

« Arrête de te laisser pourrir la vie par ce mec ! Tu mérites mieux que ce type qui ne te respecte pas. Il faut que tu apprennes à croire en toi, que tu prennes un peu d’assurance. Ne broie pas du noir en pensant à lui, pense à la plage, aux vacances, à tout ce qui t’attend aujourd’hui, demain ».

Les mots d’Elodie me rappellent étrangement ceux de Stéphane. C’est presque troublant. Stéphane a raison, Elodie aussi a raison. Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore. Et il a surtout besoin de temps, de beaucoup de temps, pour tourner une page aussi importante.

Je m’allonge à plat ventre sur ma serviette, je ferme les yeux, je me coupe ainsi du monde visuel pour me concentrer sur les autres mondes sensoriels.

Je me laisse bercer par le « Concerto de la Plage », ce chef d’œuvre estival rythmé par les accords du flux et du reflux de l’eau, ponctué par les cris des enfants, saccagé par les discours le plus souvent sans intérêt des voisins de serviette, le tout sous la direction artistique du vent de mer qui caresse la peau et l’esprit et fait ronronner mes oreilles.

Le soleil tape, le vent caresse, le sable court partout, sur les serviettes, sur la peau, dans les maillots, inutile de lutter. Je lâche prise et je pars dans un petit sommeil.

Lorsque j’émerge une demi-heure plus tard, un couple s’est installé à quelques mètres de nous. Un gars, une fille, un petit couple charmant. Ils doivent être ensemble depuis peu, car ils n’arrêtent pas de se faire des papouilles. Le mec est plutôt du genre bogoss, avec de beaux cheveux châtain foncé coupés assez courts, un torse dessiné, mais juste ce qu’il faut. Il a l’air d’être un garçon attentionné, et vraiment amoureux. Leur complicité, leur attirance évidente dégagent une intense sensualité.

Quand est-ce qu’ils ont couché ensemble la dernière fois ? La nuit d’avant ? Comment fait-il l’amour à sa copine ? Est-ce qu’il est tout aussi attentionné que pendant les câlins sur la plage ? Ou alors, une fois au lit, aime-t-il jouer au petit macho sexy ? Qu’est-ce qu’il aime ? C’est quoi ses fantasmes ? Comment jouit-il ? Avec des râles puissants ? Est-ce que son corps tremble pendant l’orgasme ? A quoi ressemble sa jolie petite gueule de mec quand il jouit ?

Comme je voudrais que Jérém soit là avec moi, tout comme ce bogoss avec cette fille chanceuse, en train de me faire des câlins, sur la plage.

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Un film poignant. Avec un jeune acteur à la beauté bouleversante. Film complet sur Dailymotion en cliquant sur la photo.

Une histoire d’amitié authentique et poignante.

Deux acteurs incandescents.

La découverte de l’amour, du premier amour, le plus fort de tous.

Un autre film qui m’a beaucoup ému

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Merci à vous tous pour votre fidélité et vos commentaires.

L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

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