JN01016 Jérém au rubgy
Après cette pipe vite fait chez lui, le reste de la semaine s’écoule sans que le bobrun ne me convie à une nouvelle « révision ».
Le vendredi soir arrive très vite, trop vite, le week-end avec. Je déteste le week-end, ces deux jours qui m’empêchent de le voir. C’est le cas depuis le début du lycée, depuis le premier jour où son existence a croisé la mienne. Mais ça l’est d’autant plus depuis le jour où sa sexualité a croisé la mienne.
Je garde quand même mon portable tout près de moi, en vérifiant à chaque minute mes messages. Désormais, il a mon 06, il peut s’en servir, si l’envie lui en prend. Même si le bogoss m’a bien dit qu’il n’appellerait pas, je garde espoir. J’espère pour rien.
D’autant plus que son week-end va être bien rempli. Entre le rugby, les troisièmes mi-temps, la sortie du vendredi soir, celle du samedi soir, celle du dimanche soir, la baise du vendredi soir, celle du samedi soir, celle du dimanche soir, le bobrun ne va pas chômer.
Je sais à quel point il est un sacré fêtard, doublé d’un incorrigible queutard. Ça m’est arrivé d’assister à ses exploits en soirée, et j’en ai régulièrement des échos en début de semaine. Aussi, c’est lui-même qui me l’a certifié, il n’y a pas longtemps : « Trop révisé hier soir… ».
Samedi 19 mai 2001
Le samedi matin je me réveille avec une trique d’enfer, avec l’envie débordante de le voir, de le voir à poil, de toucher son corps, de le sucer, de le sentir en moi, de le faire jouir, de le voir jouir.
Je me branle une fois, deux fois, mais cela n’arrive pas à étancher ma soif de lui. Plus je me branle, plus je pense à nos galipettes, plus je me dis que je ne vais pas tenir deux jours sans le voir. Au moins le voir, j’ai vraiment besoin de le voir. Mais comment ?
Soudain, une idée lumineuse fait son apparition dans ma tête. Mais oui, je suis con ! C’est le week-end, et le week-end, il y a le match de rugby. Alors, oui, je vais le trouver sur le terrain de rugby ! Comment j’ai pu ne pas y penser plus tôt ?
D’autant plus que, pendant toute la semaine, j’ai entendu parler du match que son équipe doit jouer ce dimanche après-midi, à domicile !
C’est décidé, je vais aller au match. Et comme je ne veux pas me retrouver seul comme un con, j’ai la bonne idée de proposer à ma cousine Elodie de m’accompagner.
Elodie a quelques années de plus que moi, et nous nous entendons super bien, nous rigolons comme des malades. Elle est drôle, avisée, rusée, bienveillante, et elle est toujours de bon conseil. Elle sait tout de moi, sauf que je suis gay.
Lorsque nous arrivons au stade, le match est sur le point de commencer. Les deux équipes sont en train de rentrer sur le terrain, et je balaie fébrilement le terrain à la recherche de mon bobrun. Mais ma cousine est plus rapide que moi.
« Mais mate-moi ce putain de beau gosse ! »je l’entends lâcher de but en blanc.
« Mais tu parles de qui ? » je ne peux m’empêcher de lui demander, surpris de sa sortie, et très curieux de savoir lequel des jeunes mâles sur le terrain lui a tapé dans l’œil.
« Le numéro 11 de l’équipe de Toulouse, qui d’autre ? Ce mec est vraiment canon ! » fait-elle du tac-au-tac, comme un cri venant du plus profond du cœur.
Je le repère enfin sur le bord du terrain, maillot blanc et vert, portant le numéro 11. Sur le terrain de rugby, dans son maillot, Jérém est sexy à mourir.
Le maillot n’est même pas particulièrement bien coupé. C’est sa façon de le porter, avec le col grand ouvert, remonté derrière le cou, avec cette attitude de petit con qui ne fait pas comme tout le monde, qui en fait une tenue sexy en diable. C’est aussi ce que ce maillot représente, bien au-delà d’un simple vêtement – le symbole ultime de sa passion, de ce jeu auquel il se consacre corps et âme– qui en fait une tenue sexy à craquer.
Le match commence. Je ne quitte pas Jérém des yeux, et très vite je suis happé par son énergie sur le terrain, par son attitude déterminée et fonceuse.
Je ne connais rien à ce sport, mais ça saute aux yeux, le ballon ovale est vraiment dans son ADN. Ce mec est passionné, il en veut, il s’applique à fond, et c’est beau à voir. Exit le branleur qui n’en fout pas une en cours, voilà un mec qui se donne à fond.
Sur le terrain de rugby, le mystère Jérém se dévoile un peu sous mes yeux. Assister à ses exploits, le voir entouré par ses co-équipiers, admiré et/ou jalousé par les supporters de son équipe, maté sans vergogne par les nénettes aux abords du terrain, toute cela contribue à donner à ce maillot numéro 11une charge masculine envoûtante.
Un coéquipier de Jérém attire également mon attention. Très sexy dans son maillot numéro 9, le jeune demi de mêlée n’est autre que son grand pote Thibault. Ça doit faire presque un an que je ne l’ai pas vu, depuis la soirée à la fête à Fenouillet l’an dernier.
Et qu’est-ce qu’il est bien foutu lui aussi ! Tout comme Jérém, en l’espace d’un an il a bien gagné en masse musculaire. Ses épaules sont carrées, son cou est puissant, ses biceps semblent carrément devoir exploser les manchettes du maillot. On dirait un petit taureau, tout en muscles, pourtant très élégant, très vif, très rapide.
Thibault récupère le ballon dans la mêlée et le balance à son pote Jérém. Ce dernier l’attrape et pique un sprint sur la ligne de touche. Les joueurs de l’équipe adverse tentent de barrer son avancée. Il arrive à en éviter trois, l’un après l’autre, mais un quatrième surgit, plaque violemment mon Jérém au sol et lui fait perdre le ballon.
La faute volontaire est accordée. Mon bobrun tire la pénalité mais le ballon ovale vole à l’extérieur des deux poteaux. Le bobrun fait la gueule. Et putain qu’est-ce qu’il est sexy quand son regard brun devient noir, lorsque ses yeux si charmants se mettent à fulminer !
Le match reprend. Nouvelle mêlée, nouvelle passe de Thibault, nouveau sprint de Jérém vers la ligne de but. L’un des joueurs de l’équipe adverse, un immense brun plus grand et plus baraqué que mon Jérém se rue sur ce dernier comme un boulet dans un jeu de quilles. Il le percute avec sa masse importante multipliée par la force de son élan, sans ménagement.
L’impact a été si violent que Jérém n’arrive pas à se relever tout de suite. Allongé sur le dos, les genoux pliés, la respiration agitée, le visage parcouru par une grimace de douleur, mon bobrun a l’air de morfler.
Ses coéquipiers s’agglutinent autour de lui, le médecin arrive dans la foulée. Ce dernier se penche sur le bogoss, lui parle, pose ses mains sur son thorax. Un instant plus tard, le bobrun se met en position assise, accoudé.
Aaaah, putain ! Comment je lui connais bien cette position, lors de moments bien plus agréables que celui-ci. Soudaine et brûlante envie de me faufiler entre ses jambes pour lui tailler une pipe de fou !
Mais alors que je dérive dans mes chaudes rêveries, mon bobrun arrive enfin à se remettre debout. Il essaie de marcher, il avance en boitant, se tenant les côtes.
Une nouvelle pénalité pour faute volontaire est accordée à l’équipe de Jérém. Ce coup-ci, ce n’est pas lui qui s’y colle, encore trop secoué par le choc. C’est Thierry, un coéquipier qui est aussi un camarade du lycée, un brun pas aussi canon que Jérém, mais avec un charme certain.
Nouvelle pénalité, nouvelle pénalité ratée. L’équipe adverse mène le match. La mi-temps arrive à point nommé. En quittant le terrain, Jérém a l’air toujours souffrant.
Flash soudain d’une pipe, de sa queue en moi, du goût de son jus de mec, comme un choc, ça me donne le tournis, je suis comme dans un étant second. Et néanmoins sexy.
« Putain, qu’il est beau… ».
« De quoi mon cousin ? ».
C’est là que je réalise que mes pensées ont glissé sur mes lèvres.
« Rien… » je tente de me défendre.
« Tu as dit qu’il est beau, je t’ai entendu… » elle insiste, un grand sourire aux lèvres.
« Euh, j’ai dit ça ? » je tente de bifurquer sur la rigolade.
« Oui, oui, t’as dit ça, et je suis presque certaine que tu parles du même mec que moi… » fait-elle, taquine.
« Tu crois ? » je tente d’esquiver.
« Je crois que tu n’as pas arrêté de le mater depuis le début du match ».
« T’exagères ».
« A peine ».
« Quoi, c’est pas vrai qu’il est beau ? » j’essaie de relativiser.
« Si, si, rien de plus vrai, ce mec est juste incroyable » fait-elle, rêveuse « il est beau comme un Dieu et en plus il est très bon joueur… vraiment, il a tout pour lui. Il doit plaire beaucoup aux filles et même à pas mal de mecs… ».
Ça fait presque trois ans, depuis le premier jour du lycée, depuis que je suis amoureux de Jérém et que j’ai pleinement réalisé que je ne serai jamais le mec d’une nana, que j’ai envie de lui en parler.
Pourtant, je n’ai pas jamais osé. Ce qui m’a toujours retenu de le faire, ce n’est pas tant la peur que cela puisse changer notre belle relation, car je sais qu’elle comprendrait.
La raison pour laquelle je ne lui en ai jamais parlé c’est que, dans ma tête, le fait de faire mon premier coming-out ce serait comme entériner mon homosexualité, comme franchir un point de non-retour. Je sais, c’est con, mais au fond de moi, je me dis que tant que personne ne sait, je peux toujours revenir en arrière si je le souhaite. Oui, c’est très con.
Cependant, depuis que je couche avec Jérém, j’ai plus envie de lui en parler que jamais. Tout « ça » est très nouveau pour moi, d’autant plus que cette « relation » n’a rien d’ordinaire.
Oui, j’ai vraiment besoin de me confier à quelqu’un, et ce quelqu’un ça ne peut être qu’elle. Et là, j’ai l’impression que le jour est arrivé.
« Oui, tu as raison, il me plaît à moi aussi »
« Je m’en doutais un peu… ».
« Tu m’énerves ! ».
« Je sais, c’est pour ça que tu m’aimes… ».
« Il me plaît depuis le premier jour du lycée ».
« Mais tu sais bien que c’est un mec à nanas ».
« Oui, je sais bien, mais »
« Mais, quoi ? »
« Mais depuis quelques semaines je l’aide à « réviser » les maths…».
« Et donc…? ».
« Et donc…depuis, on couche ensemble…»
« Tu déconnes…» »
Je fais signe de non avec la tête, en souriant de son étonnement.
« C’est pas possible… un mec comme lui, ne peut pas être homo… » fait elle, en exagérant son désarroi.
« Alors que moi… je peux l’être… ».
« C’est pas ça que je veux dire ! Mais ce mec, quand-même !C’est pas croyable ! Tu l’as dragué ? ».
« Tu rigoles ? Jamais je n’aurais osé tenter quoique ce soit, surtout avec lui, il m’impressionne trop. Je lui ai juste proposé de réviser, c’est lui qui m’a fait du rentre dedans ».
« Il avait picolé ? ».
« Même pas… ».
« Et depuis, il y a pris goût ? ».
« Je crois bien… ».
« Alors là, cousin, tu m’en bouches un coin. Aujourd’hui, tu m’apprends que tu aimes les garçons et que de surcroît tu couches avec un mec canonissime. Dis-le que tu veux la mort de ta pauvre cousine… ».
« Tu sais, ce n’est que sexuel entre nous…».
« Alors là, cousin, pour lui c’est peut-être le cas, mais pour toi, j’en doute un peu…».
Je souris, touché.
« Tu es amoureux, mon cousin ? ».
« Je ne sais pas. Je crois que oui… ».
« Fais attention, Nico, protège-toi pour ne pas souffrir si ça tourne mal…».
« C’est ce que j’essaye de faire depuis le début…».
Elle me sourit affectueusement.
« Je ne l’ai dit qu’à toi, Élodie… ».
« Je ne dirai rien, Nico, tu le sais…même si on menaçait de me priver de mojito pendant une semaine… ».
« Tu t’en doutais, alors, Elodie ? ».
« Un peu, oui… ».
« Comment ça ? ».
« Il m’a suffi d’observer où tes regards se posaient lors de nos sorties, c’est-à-dire, jamais sur les nanas… ».
Les équipes sont de retour sur le terrain pour la deuxième mi-temps. Le brouhaha qui s’en suit nous oblige à couper court à notre conversation. Je fais un bisou sur la joue d’Elodie et je lâche une fois de plus mon regard à la recherche de mon bobrun.
Le jeu reprend. Malgré l’accident, Jérém retrouve vite sa détermination sur le terrain. Au bout de 15 minutes et de deux essais, il réussit l’exploit de remettre le score de son équipe devant celui des adversaires. Jérém est une véritable machine à marquer.
L’autre équipe ne se laisse pas faire, elle ne lâche rien, jusqu’à la dernière minute. D’autres points sont marqués, de part et d’autre, mais l’équipe de Toulouse finit par remporter le match.
Les deux équipes quittent le terrain. Et c’est là que, pendant un court instant, à la faveur d’un détour sur le terrain qui amène mon Jérém assez proche de l’endroit où nous nous trouvons, je rencontre son regard pour la première fois depuis le début du match. Mon cœur bondit dans ma poitrine, et il frôle la fibrillation lorsque le bobrun semble lâcher un petit clin d’œil discret dans ma direction.
Puis, sans s’arrêter, il continue vers les vestiaires. Et là, ni une, ni deux, il ôte son maillot blanc et vert. Il le fait avec un geste nonchalant et très viril, dévoilant ainsi, aux regards de tous, son torse magnifique et moite, ses muscles chauffés par l’effort du match. Dans la foulée, avec ce même maillot, il s’essuie le front, dégoulinant de transpiration. On dirait une pub pour Coca Cola
Quand je pense que c’est moi qui me tape « ça » !
J’entends des nanas crier son prénom, je suis assommé par la jalousie. Mais le bogoss continue son chemin en direction des vestiaires avec ses coéquipiers. Qu’est-ce que je donnerais pour pouvoir les suivre en douce, pour avoir une cape d’invisibilité, pour tout voir, incognito. Ça doit être beau, un vestiaire de rugby, après un match !
Je le regarde disparaître dans le bâtiment et je me surprends à imaginer la soirée et la nuit qui l’attendent, la troisième mi-temps, la sortie en boîte, les nanas, tant de nanas, trop de nanas à l’affût de se taper le petit champion ultra sexy.
Pauvre Anaïs, repartie à Bessieres pendant le week-end, et pauvre moi, dont Jérém n’aura pas plus besoin.
Une fois encore, il va trop « réviser » pendant le week-end »… Ce qui ne m’empêche pas de me demander ce que c’était, au juste, que ce petit clin d’œil qu’il m’a lancé juste avant de disparaître dans les vestiaires.
Commentaires
ZurilHoros
21/06/2020 08:55
Je ne suis pas un spécialiste de Madonna, mais pour se donner du baume au coeur, Nico pourrait écouter sa chanson « sooner or later ». Ce n’est ni la plus connue, et même la moins représentative du répertoire de Madonna mais elle est à propos. Une chanson écrite par le maitre de la comédie musicale contemporaine, Stephen Sondheim, plus habitué à être chanté par Barbra Streisand que par une chanteuse POP. Néanmoins, avec cette chanson difficile, Madonna est magistrale et sa performance aux Oscars reste un moment fort. Sooner or later you’re gonna be mine, Sooner or later you’re gonna be fine. Baby, it’s time that you face it, I always get my man. Sooner or later you’re gonna decide, Sooner or later there’s nowhere to hide. Baby, it’s time, so why waste it in chatter? Let’s settle the matter. Baby, you’re mine on a platter, I always get my man. But if you insist, babe, the challenge delights me. The more you resist, babe, the more it excites me. And no one I’ve kissed, babe, ever fights me again. If you’re on my list, it’s just a question of when
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