JN01048 Hors-Série Gueule d’ange (un beau boulanger).
Un jeune boulanger.
(Automne 2014, 13 ans après l’été de mon bac).
Ce matin je me suis levé en pensant à toi. C’est dingue comme tu habites mes pensées alors que je te connais à peine. C’est fou comme je me suis branlé en pensant à toi avant de m’endormir au soir du premier jour que je t’ai aperçu derrière ton comptoir à la place de l’ancien boulanger. Ce jour là, en apercevant ta silhouette de loin, j’ai presque pilé en passant en voiture devant la vitrine de la boulangerie du village. Une fraction de seconde, une image incomplète captée du coin de l’œil, en roulant, débordé par mes pensées. Pensée d’où tu as eu le pouvoir de me décrocher instantanément.
Certains affirment posséder un radar détecteur de mecs gays infaillible. C’est pas mon cas. En revanche, je possède un radar détecteur de bogosses. Quand un bogoss approche, ça pétille au coin de mon œil, ça frétille au bout de mes narines. Ça frétille de désis dans mon ventre, ça pétille de bonheur dans mon esprit, dans mon cœur. Et parfois, j’ai même l’impression que même si le beau mec n’est pas encore dans mon champ de vision ou dans mon champ olfactif, un sixième sens me ferait détecter sa présence, comme une vibration, comme une radiation, comme une connexion innée avec la bogossitde. Et là, franchement, tu ne pouvais pas passer à travers. J’ai avancé jusqu’au rond point 500 mètres plus loin et même si je n’avais pas prévu d’acheter du pain ce jour là, je suis revenu et je me suis garé devant la boulangerie. J’ai pris mon temps pour descendre de ma voiture, faisant mine d’être au téléphone. Je t’ai longuement regardé à travers la vitrine et je t’ai trouvé extrêmement beau. Je suis rentré et tu étais là, débout derrière ton comptoir. Je t’ai trouvé charmant. Tu m’as serré la main et tu t’es présenté. Avec un sourire à tomber des remparts de citadelle fortifiée, tu m’as expliqué que tu t’appelais Morgan, que tu venais de reprendre le fond de commerce avec ton père, qu’il allait t’aider pendant deux ans et ensuite te laisser l’affaire. Morgan, voilà un prénom à la belle sonorité masculine et qui te va comme un gant. Là je t’ai trouvé à la fois sexy et touchant.
C’était inattendu. Habitué à un vieux boulanger gros et aux t-shirts délavés et souvent crasseux, ça changeait un max de le voir désormais remplacé par un jeune homme soigné, bien propre sur lui, les cheveux châtains très clairs avec des reflets dorés comme le blé au mois de juin, façonnés par un brushing avec une petite crête impertinente à la Cristiano Ronaldo des première années. Des yeux gris magnifiques, un regard charmant, un t-shirt blanc immaculé tendu sur une chute d’épaules à l’angle parfait, ainsi que sur des pecs tout à fait respectables, des pectoraux exactement comme je les aime, juste saillants, un t-shirt au col en V, laissant dépasser quelque poils de mec et une chaînette aux mailles si viriles. Bref, une silhouette bien dessinée et terriblement harmonieuse, un physique élancé, svelte, d’une fraîcheur à se damner.
Alors qu’au temps de l’ancien boulanger je passais au magasin une fois par semaine et que je congelais mon pain, voilà que depuis que tu es installé je trouve facilement le temps de passer presque tous les jours chercher ma baguette. Car tu possèdes ce pouvoir magique de m’apporter un bon moment, parfois le seul bon moment de la journée.
Oui, ce matin je me suis réveillé en pensant à toi, petit boulanger. La journée s’annonçait chargée et emmerdante et j’ai eu envie de mettre un peu de baume au cœur avant de l’affronter.
Je m’arrête devant la boulangerie, je te regarde à travers la vitrine, derrière ton comptoir, en train de voltiger devant les étagères pour servir tes clients, dans ton « uniforme » de petit boulanger charmant, ce sempiternel t-shirt blanc col en V tendu sur ton torse délicieux, ce sourire magnifique sur ton visage.
Je suis à la bourre pour mon rendez-vous, mais j’ai quand même envie de prendre mon temps.
Il y a deux femmes qui attendent, et un monsieur au comptoir que tu es en train de servir. Avec un peu de chance, aucun autre client arrivera après moi et pendant un petit moment je pourrai traîner un peu, peut-être à discuter avec toi, mon joli. J’adore quand on n’est que tous les deux dans la boulangerie. Tu me parles, tu te « lâches » et tu t’enhardis davantage. Tu me taquines parfois, et je te rends la pareille. Ça reste vraiment bon enfant, mais j’adore ce petit jeu par lequel j’arrive parfois à te subtiliser des infos, comme ton âge, le village et le quartier où tu habites, l’existence d’une Stéphanie dans ta vie (hélas, personne n’est parfait…), d’un frère cadet (est-ce qu’il est aussi mignon que toi ?), tes entraînements au foot avec tes potes, les matchs gagnés, les matchs perdus. Oui, j’adore ce petit jeu où tu fais parfois mine de t’intéresser un peu à moi aussi, à ma journée, à mon labrador. Ce dernier point est a priori le seul que nous avons en commun, toi et moi. Tu as toi aussi adopté un Labrador. Et un garçon avec un Labrador, est forcément un garçon bien.
Et puis, il y a ton sourire. Il m’est si précieux, d’autant plus que c’est parfois le seul que je verrai, et que bien d’autres verront, dans la journée, c’est un véritable cadeau du ciel. Et arriver à le déclencher par une vanne heureuse, est à la fois un plaisir et une victoire. Qu’importe si on peut penser que ce n’est là que le sourire complaisant d’un commerçant envers un client à fidéliser, un client comme un autre. Ce sourire est tellement charmant qu’on se prend à rêver qu’il doit être pur et authentique. On a envie de se dire que tu es bien trop jeune et frais pour être aussi cynique. Et, surtout, trop beau pour ça. On associe volontiers à la beauté des qualités morales qui ne lui sont pas forcément associés. On tendance à penser que ce qui est beau est bon aussi.
Et je m’arrête alors à la boulangerie, souvent exprès et pour acheter une baguette dont je n’ai pas forcément besoin, je viens à ta rencontre rien que pour vivre cet instant délicieux, quand mon regard croise le tien, quand tu me serres la main, quand on peut échanger deux mots, quand j’arrive à te faire sourire, quand tu me fais un commentaire drôle sur ma coupe de cheveux à zéro, quand tu me demandes comment ça va, quand je te vois m’écouter, tes yeux droits dans mes yeux, quand j’arrive à peine à soutenir ton regard clair et rieur, quand je te fais des blagounettes innocentes. Ou presque.
Dès l’instant où je pousse la porte, mes narines sont happées par le parfum de pain chaud, de croissants, de chocolatines qui sature l’air de la boulangerie. Oui, mes narines sont ravies, mais la vue aussi, se perdant devant cette vitrine bien dressée et ces étagères pleines de bons pains qui sortent du four. Car cette boulangerie est à l’image du boulanger, on adore la regarder, ça sent bon, et ça donne faim.
Je lance un “Bonjour” appuyé, les deux dames répondent à voix basse. Tu lèves à peine les yeux, tu me vois, tu lances à ton tour un « Bonjour” rapide, concentré sur le ticket de caisse de ton client. Putain que tu es beau, avec ton sourire mi ange mi canaille, et ton regard clair à mi-chemin entre le Matt Pokora des années 2000 et le Rayane Bensetti à l’époque de sa participation à DALS. A chaque fois que je le croise, c’est un choc. Chaque fois je te trouve plus beau que la veille.
Alors, comment ne pas se sentir ému, touché et émoustillé devant ce jeune homme toujours souriant, pétillant, plein de vie et d’énergie, fringuant, toujours de bonne humeur, toujours avenant, et qu’au passage possède le fabuleux pouvoir de délivrer autour de lui un bonheur sans égal. Un pouvoir qui découle de sa beauté incroyable, de sa jeunesse insouciante, de regard d’ange. Un regard à craquer, à croquer, à pleurer. Car tu es vraiment beau à en pleurer.
Tu rends la monnaie au vieux monsieur, avec une gentillesse et une grâce étourdissantes. Le monsieur prend congé en te remerciant. On avance tous d’un pas vers toi. C’est le chemin vers le bonheur, on s’approche du soleil, tels Icare, attention aux ailes !
La première dame te demande une boule tranchée.
Une boule tranchée, c’est parti ! je t’entends lancer, gai comme un pinson.
Qu’est-ce que c’est beau de te regarder faire, et d’assister au spectacle bouleversant qu’est le charme de tes 20 ans, la fraîcheur de cet âge où tout paraît simple, et où on se sent encore immortels. Cette fraîcheur, cette insouciance, cette légèreté que la vie ne se charge tôt ou tard d’emporter à tout jamais. J’en reviens toujours à ton sourire. Car il a aussi le pouvoir de faire paraître le monde un peu plus beau, d’égayer la vie de tes clients pendant un instant, ce qui est déjà beaucoup, ce qui est déjà un très beau cadeau, et qui fait revenir le soleil dans une journée qui s’annonçait grise et morose. Il y a dans ce sourire solaire toute la joie, toute la beauté du monde, il y a un bonheur qui renvoie à quelque chose d’insaisissable, de fugace mais tellement sensible, presque divin. Tu as cet âge, 23 ans, où, jour après jour, le garçon cède la place au jeune homme en devenir, où la virilité s’installe dans le regard, dans l’attitude, dans la voix d’un mec, tout en se mélangeant avec les échos d’une enfance qui n’est pas encore bien lointaine.
Tu es es beau comme un enfant, fort comme un homme.
Adorable petit boulanger, qu’est-ce que tu aimes dans la vie ? Qu’est ce que tu n’aimes guère ? Quels sont tes goûts ? Qu’est ce qui te met en colère? Qu’est ce qui te rend heureux? Quel est le truc le plus dingue que tu n’as jamais fait ? Quel est le truc le plus dingue que tu as envie de faire aujourd’hui ou un jour ?
Charmant jeune homme, tu aimes quoi au lit ? Est ce que Stéphanie te donne tout le plaisir dont tu as envie, tout le plaisir que tu le mérites ? Dans quelle position lui fais-tu l’amour ? Est ce que tu te fais plaisir seul entre deux moments intimes avec ta belle ? Combien de fois par jour et à quel moment ? Et surtout, quelles images se bousculent dans ta jolie tête pendant que tu fais monter ton excitation ? Comment te caresses-tu ? Où ?
Depuis toujours j’ai rêvé de pouvoir me glisser dans la tête des beaux garçons qui me font de l’effet pour savoir ce qu’ils imaginent pour s’exciter, pour connaître ce qu’ils ressentent dans leurs corps, dans leur esprit, dans leur égo lorsqu’ils prennent leur pied. Leurs fantasmes inavoués, leurs envies les plus secrètes, ce qui les fait vraiment, vraiment bander.
Aussi, je t’imagine rentrant chez toi, te déshabillant, posant ses fringues, allant sous la douche, te savonnant le torse, les pecs, puis l’entre-jambes. Peut-être vas-tu te donner du plaisir sous la douche, ou juste après, débout devant le miroir de la salle de bain ? Ou alors plus tard, allongé sur le lit, en attendant qu’elle rentre ? L’as-tu fait aujourd’hui ? Vas-tu le faire ce soir ?
Et pendant que tu te fais plaisir, penses-tu à un truc qui t’a fait ta copine ou bien à un truc qu’elle ne t’a jamais fait ? A un truc que tu lui a demandé et qu’elle a refusé de faire ? Ou alors un truc dont tu as envie mais que tu n’oses même pas lui demander ?
Ou bien, penses-tu à une autre nana ? A cette cliente qui te fait les yeux doux et qui te dragouille ouvertement ? A son décolleté, à ses hanches ? A ses fesses, à ses jambes que tu reluques quand elle te tourne le dos en quittant la boulangerie ? A ses yeux, à son sourire, à son parfum qui te fait de l’effet ? Je donnerais cher pour voir ta belle p’tite gueule submergée par l’orgasme, pour assister au feu d’artifice chaud et puissant de ta jouissance.
Quelle frustration terrible de penser qu’un mec comme toi soit obligé de se branler alors que tant de gars comme moi ne demandent pas mieux que de pouvoir se dévouer pour t’offrir un plaisir encore plus grand. Quand j’y pense, j’ai envie de crier « au vol! » !
Derrière ton comptoir, toute la journée, six jours sur sept, tu vois défiler un paquet de monde. Alors, des regards charmés de nanas, jeunes ou moins jeunes, tu en vois chaque jour.. Y a-t-il, parmi ces regards, certains qui te troublent et qui te font respirer plus fort que d’autres, qui te font parfois te tromper à rendre la monnaie ? Des regards que tu as du mal à soutenir ? Y a-t-il parfois des mots qui te troublent ou te mettent mal à l’aise ? Tu sais bien que le soir, quand ton père est parti, il te suffirait d’un mot pour en lever certaines qui s’arrêtent exprès parce qu’il n’y a plus que ton Ibiza blanche sur le parking devant la vitrine. Mais Stéphanie t’attend à la maison, et tu n’as peut-être pas vraiment envie de la tromper.
Oui, des regards accrocheurs tu dois en voir à longueur de journée. Mais tu dois avoir l’habitude de te faire remarquer, beau comme tu es. Les nanas ont dû commencer de bonne heure à s’intéresser à toi. Déjà au lycée elles te rodaient autour, en boîte de nuit, dans la rue, à la plage. A quel âge as-tu couche pour la première fois ? Ça a été comment ? Où, dans quelle situation, elle t’a fait quoi ? C’est qui la nana qui a eu le privilège de te dépuceler, de te faire jouir, de te voir jouir pour la toute première fois ?
Oui, tu t’es souvent senti désiré, mais jamais tu n’as été autant exposé directement à la vue et au désir que derrière ton comptoir. Dans ta boulangerie, tu es comme sur un podium, tous les regards convergent vers toi, et on ne voit que toi. Ça te fait quoi d’être autant désiré ? Grisant ? Gênant ? Saoulant à la longue ?
J’ai l’impression que tu es à la fois timide et un brin coquin. Je me demande si ton allure est vraiment si innocente. Je veux parler de ton brushing de bogoss, de tes t-shirts blancs de marque, bien coupés, mettant parfaitement en valeur ton beau physique, de cette chaînette de mec nonchalamment posé sur tes pectoraux. Sous tes airs d’ange, n’as pas tu quand même un brin envie qu’on te remarque ? Envie de plaire, envie qu’on te désire ? Tu aimes ça, n’est pas ? Avoue, p’tit voyou sexy ! Avoue que tu aimes que les nanas s’intéressent à toi.
Tu rends la monnaie à la première dame. Mais elle continue de discuter avec toi, je l’entend parler de son week-end à venir, de son projet de partir à la mer une dernière fois en ce début d’automne si étonnamment chaud. Tu lui souris, et elle semble aimantée par ton sourire. Qu’est ce que c’est beau de se trouver en face de lui, n’est pas ma grande ? On n’a pas du tout envie d’en partir. Mais là, voyez-vous madame, il y a des gens qui attendent ! Pouvez-vous… dégager ?!
Elle finit par prendre congé en s’excusant d’avoir pris son temps.
La deuxième dame avance de deux pas, jusqu’au comptoir, jusqu’à toi. Et moi derrière elle.
- Une baguette et deux tartelettes aux fruits, s’il vous plaît.
Ça devient chaud, j’approche du bogoss. Ça en devient insoutenable pour la vue. Car tu n’es pas seulement beau, là on touche à la perfection, au divin. Ton sourire est à chaque fois un moment de bonheur dépassant l’entendement. Tu es scandaleusement, odieusement, épouvantablement, effroyablement, monstrueusement, diaboliquement beau. Et tu es d’un naturel tellement désarmant que ça en est presque insupportable. En plus t’as rien à faire pour en mettre plein la vue.
Tu es juste là et ta beauté fait le job.
Quand tu souris, ou quand tu ris, on a juste envie de hurler et de pleurer tellement c’est beau.
Ton t-shirt blanc près du corps est carrément un scandale tellement c’est simple et beau à la fois.
Ton regard d’ange coquin, mignon mais viril et assuré, choupinou mais mec à la fois, il est tout bonnement insoutenable.
Oui, tu es pile ce genre de mec mi-ange mi-démon qui me fait délirer. Ange car, devant ton sourire, on te donnerait non seulement le bon Dieu sans confession, mais aussi et surtout la bonne pipe sans hésitation. Démon, car c’est diabolique d’être aussi beau. Et aussi sexy. Comme quand tu te baisses pour attraper certains pains spéciaux en bas de l’étagère et qu’on arrive à entrevoir l’élastique de ton boxer qui dépasse de ton pantalon. Des pains que je n’avais jamais goûtés auparavant, mais pour lesquels je me suis découvert depuis peu un goût certain.
On devrait pouvoir retirer le « permis de séduire » à des gars comme toi.
Je remarque que la dame devant moi est en réalité une fille d’environ 25 ans, plutôt séduisante et très bien apprêtée. Je te regarde, beau Morgan, et je trouve ton attitude à son égard bien différente de celle que tu affichais avec la cliente précédente, qui était un tantinet plus âgée. Ton sourire bon enfant a laissé la place à un petit regard charmeur. Dis-donc mon mignon, tu serais pas en train de lui faire du charme ?
Ça doit t’arriver tellement souvent de te faire brancher par des nanas…
Et les mecs ? Ça ne t’es jamais arrivé de te faire brancher par des mecs ? Si, avoue petit coquin, ça t’es déjà arrivé. Je me refuse de croire que ce ne soit pas le cas. Statistiquement, c’est impossible que ce ne soit jamais arrivé. Ça te fait quoi, à toi, petit mec à nanas, le regard de certains hommes qui traînent sur toi, qui s’accrochent à ton sourire, s’attardent sur ton visage, sur ton torse, sur ton t-shirt, des regards pleins de désir, mais aussi de frustration de ne pas pouvoir te montrer l’effet que tu leur fais ? Les remarques-tu au moins, ces regards ? Sais-tu lire entre les lignes de certaines allusions, de certaines piques, de certaines blagues à l’apparence anodines qu’on te lance juste pour voir ce sourire illuminer ton beau visage, ce sourire dont tu n’es pas avare mais dont on ne se lasse jamais et qu’on a envie de voir, encore et encore ? Te rends-tu compte du désir que tu inspires ?
Ça fait quoi de voir sur soi le regard d’un homme intéressé, un regard qui dit tellement de choses, un regard qui déshabille, qui accroché le tien, un ton de voix qui te caresse. Es-tu totalement imperméable à cela ? Le tolères-tu uniquement car un client est un client et tu te sens protégé par ton comptoir, ce rempart imprenable ? En es-tu agacé dans ton for intérieur ?
Ou bien, est-il déjà arrivé que l’un de ces regards fasse vibrer quelque chose en toi et te trouble ?
Ne t’es jamais arrivé de te dire « putain, ce mec est bien foutu », en voyant un beau spécimen ? Il n’y a-t-il pas, parmi tes clients, un garçon qui te fait de l’effet ? Un garçon qui fait battre ton cœur un peu plus fort et qui te ferait un effet si bizarre dans le ventre quand il passe la porte de la boulangerie ?
Si ce mec existe, ne le trouves tu pas beau et sexy ? Tu te dis peut être que tu aimerais être à sa place, parce qu’un mec comme lui doit avoir un succès fou avec les nanas, alors que toi tu t’es coincé trop jeune avec Stéphanie? Aujourd’hui, avec tous ces regards qui se posent sur toi à longueur de journée, tu te rends compte que ta situation bien rangée te prive d’aventures qui sont vraiment à ta portée.
Ou alors, penses-tu à ses t-shirt échancrées, à sa chute d’épaules ? A ses fesses, que tu reluques quand il te tourne le dos pour quitter la boulangerie ? A son visage, un sourire, un parfum qui te fait de l’effet ?
Penses-tu parfois à ce mec lorsque tu te fais plaisir seul ? Ou à cet autre client qui ne te plaît pas forcement au premier abord mais qui te fait les yeux doux et qui te dragouille assez ouvertement ?
Et au foot ? A force de mater les copains a longueur d’entraînement et à poil sous les douche et dans les vestiaires, est-ce que ça ne finit pas quand même par donner des idées ? Est-ce qu’il t’arrive de penser à tes potes en te donnant du plaisir seul ?
Je me souviens d’un très beau brun au t-shirt noir que j’ai vu un jour devant ton comptoir, il te causait d’entraînements, de week-end, de déménagement, c’était ton pote. Tu portais comme toujours un beau t-shirt blanc, il portait un tout aussi beau t-shirt noir. Je jalousais votre jeunesse, votre “ressemblance”, votre complicité, votre amitié virile.
Et mes pensées se sont emballées illico. Je t’ai imaginé effleurant son torse avec le bout du nez, respirant son odeur de p’tit mec en sueur après l’entraînement, je t’ai imaginé aussi en train d’agacer délicatement ses tétons avec ta langue, t’attarder dans le creux entre ses pecs, en léchant sa sueur de p’tit mâle, descendre entre ses abdos, je l’ai imaginé rejeter sa tête en arrière lorsque tu commencerais à lui faire plaisir avec ta bouche.
Je continue mes divagations en me demandant si plus jeune, quand tu avais senti cette envie inattendue monter violemment du caleçon, emportant avec elle l’adolescence et scellant par la même occasion la fin de l’enfance, si tu n’as pas tu profité d’une occasion fortuite pour te soulager avec un pote.
Car tu es pile le genre de mec pour qui un camarade de classe a pu tomber raide amoureux. C’est l’histoire qui se répète à chaque génération, chaque année, dans chaque classe. Mon mignon, as-tu remarqué ce camarade de classe qui posait si souvent son regard sur toi et qui baissait les yeux quand il croisait ton regard ?
Ce même gars t’a peut-être proposé de t’aider à réviser en fin d’année pour préparer le bac. Tu t’es demandé pourquoi l’a-t-il fait ? Sais-tu à quel point il t’avait dans la peau, à quel point il avait envie de se retrouver seul avec toi ? Même s’il le savait d’avance, pauvre idiot, qu’il n’aurait rien osé tenter avec toi, car il te croyait hors de sa portée, trop beau, trop désiré, trop hétéro.
Oui, de toutes les époques, des mecs comme moi sont tombé amoureux de types juste pas possibles, des mecs comme toi, de mecs comme mon Jérémie à moi.
C’est l’histoire éternellement recommencée de ces années d’école, des premiers émois, des amours impossibles d’un jeune pédé pour un mec à nanas. Tu n’as peut-être même pas remarqué comment ce petit mec à lunettes avait le souffle coupé pendant qu’il essayait de t’expliquer un passage de philo, comme il avait du mal à soutenir ton regard.
Ou alors, au contraire, tu l’as bien remarqué, ça t’as flatté, tu en as un peu joué, tu as un brin profité du bonheur de te sentir désiré si intensément, si désespérément, mais tu n’as pas donné suite.
Ou alors, t’as eu envie de satisfaire ta curiosité et tu l’as séduit, tu te l’es tapé quelques fois avant le bac, en cachette de Stéphanie, et ensuite tu es parti dans ta vie et lui dans la sienne, tu ne l’as plus jamais revu et tu n’as plus jamais repensé à lui, ou si peu.
Mais lui, lui il lui a fallu des années pour se remettre de ce qui s’est passé entre vous, il a en a bavé un max pour décrocher de toi. Et encore aujourd’hui, après des années, il se demande ce qu’il a raté avec toi, pourquoi ce bonheur de quelques instants lui a été arraché si cruellement.
Oui, toutes sortes de spéculations concernant ta vie, et ta vie sexuelle en particulier, traversent mon esprit lorsque tu m’as tendu la main et tu m’a souri. Absorbé dans mes délires, je ne me suis même pas aperçu que la fille devant moi avait enfin foutu le camp.
Mais, putain que tu es beau !
Ça a vraiment failli m’échapper. J’avance enfin d’un pas et je suis devant toi, désarmé par ton sourire, et par la poignée de main que tu m’offres, chaleureuse et virile.
Nous sommes seuls dans la boulangerie, personne n’est rentré après moi et ton papa n’est pas là, ou alors au fin fond de l’arrière-boutique. J’étais parti tellement loin dans mes pensées que je me trouve désarçonné face à toi. J’en perd les moyens, comme si j’étais resté trop longtemps en apesanteur et que me jambes avaient du mal à me porter.
Tu as remarqué que je suis à l’ouest et tu me lances :
- Mauvaise nuit ?
- Oui, mauvaise nuit…
Tu me racontes alors que toi non plus tu n’as pas assez dormi et que tu n’arrives pas à émerger ce matin. (Trop e galipettes avec Stéphanie, mon mignon ? Ça aussi ça a failli m’échapper). Joignant le geste à la parole, tu t’étires en plissant tes paupières, tu lèves les bras, l’un puis l’autre, les allonges en serrant les poings, tu portes tes mains derrière la nuque. Et, sans y prêter gare, dans la continuité de ton étirement, tu ramènes les épaules en arrière, tu bombes le torse faisant émerger un peu plus tes pecs sous le coton blanc de ton t-shirt, on voit tes tétons pointer. Toute cette manœuvre, d’un naturel et d’une nonchalance désarmantes, a pour effet immédiat et magique de soulever le bas de ton t-shirt, ce qui me rend totalement dingue, dans la mesure où cela permet de découvrir cette ligne de petits poils bruns et fins qui descend depuis ton nombril comme à indiquer le cheminement vers l’élastique de ton boxer qui dépasse malicieusement. Le chemin vers ta virilité. J’ose à peine imaginer ce qu’il peut y avoir dans ce boxer, comment tu es monté.
Et ce qui rend la chose super-excitante c’est que tu n’as pas conscience de l’émoi que tu es en train de provoquer en moi.
Parfois, à la faveur de deux phrases bien enchaînées, j’ai comme l’impression qu’une petite complicité semble s’installer entre nous. Et puis, il y est d’autres fois où je te trouve froid et je me dis que je dois te saouler avec mes blagues à deux balles et mes regards trop appuyées et trop insistants, quémandant ton attention et laissant transparaître un désir qui te dégoûte peut-être.
Au fond de moi, je me dis que tu ne manges pas de ce pain-là. Et que, de toute manière, si un jour l’envie t’en prenait, tu pourrais taper dans bien plus jeune et charmant que moi. Tu me plais énormément, mais je sais que je n’ai aucune chance avec toi. Et puis, Stéphanie t’attend à la maison, et tu n’as pas vraiment envie de la tromper, et certainement pas ce cette façon, et certainement pas avec un type comme moi.
Qu’est-ce qu’il fallait ? tu me demandes-tu, m’arrachant de mes rêveries.
Deux croissants… je réponds sagement, alors que c’est toi que je vois, toi, toi, toi.
Un autre client vient de rentrer, et je le sens piétiner derrière moi. Je te dis au revoir en te souhaitant la bonne journée. Je m’en vais en emportant ton sourire avec moi. Oui, ce matin, tu as bien ensoleillé, ma journée. Une journée tout au long de laquelle je ne cesse de penser à toi, et à ce petit bout de peau que tu m’as dévoilé avec ton étirement, à ces poils fins en dessous de ton nombril. Et au bonheur que ce serait d’y poser mon nez, mes lèvres, ma langue.
Alors, ce soir, rentrant à la maison après une longue journée de travail, en passant devant la boulangerie et en voyant l’Ibiza blanche toujours garée devant, j’ai eu envie de m’arrêter pour revoir ton sourire. C’est environ 19h45, juste avant la fermeture. En me garant, je remarque à travers la vitrine que tu es seul dans ta boulangerie. Et ça me met de bonne humeur. Je rentre d’un pas assuré, bien intentionné à prendre un peu le temps de discuter avec toi, à trouver des mots pour te faire rire, à me laisser toucher par ta beauté et de ton charme.
En m’approchant du comptoir, revoilà ton sourire, c’est enivrant.
- Bonsoir, cette fois-ci… tu me lances.
- Eh oui, bonsoir…
Je sais que ça fait bizarre de repasser deux fois à la boulangerie dans la journée, mais je n’ai pas pu y renoncer après ce que tu m’as montré ce matin.
Je te demande si ta journée s’était bien passée. Tu me réponds que ça peut aller. Tu me demandes ce qu’il en est de ma journée, je te parle d’un rendez vous pénible que j’ai eu à la banque.
- Qu’est-ce que je vous sers ce soir ? tu finis par me demander.
- Deux baguettes… je réponds, toujours aussi sagement.
Avant de me raviser et de partir ailleurs :
- Mais d’abord, j’aimerais que tu me serves un « tu », d’accord j’ai presque 10 ans de plus que toi, mais rien n’empêche de se tutoyer, non ?
Tu trouves ça drôle. Et, putain, ton sourire est beau à en pleurer. Comment j’adore te faire rire !
Tu attrapes les baguettes avec un geste gracieux et viril à la fois. Quand tu me rends la monnaie, j’essaie de trouver un contact furtif avec ta main. Et quand mes bouts de doigts effleurent la peau chaude de ta paume, je n’y tiens plus, j’ai envie de me lâcher.
- Tu sais, Morgan, ton pain est plutôt bon…
- Merci…
- Mais il pourrait être dégueulasse que les clients viendraient quand même…
- Ah, non, je ne pense pas…
- Je crois que si…
- Et pourquoi ça ? tu t’étonnes.
- Je ne t’apprend rien, tu le sais que tu es bogoss…
- Si vous le dites…
- Tu me vouvoies encore…
- Pardon…
- Allez, fais pas le timide, tu dois te faire mater à longueur de journée…
- Pas tant que ça…
- Je n’y crois pas une seconde. En tout cas moi je te trouve super charmant…
Silence de sa part et sourire gêné.
- Ça te met mal à l’aise que je te dise ça?
- Non…
- Si, je le vois…
- Je ne suis pas si mignon…
- Je peux te dire que c’est vraiment dommage que tu sois hétéro, sinon je t’aurai bien montré à quel point je te trouve mignon, et je t’aurais montré par la même occasion deux ou trois trucs que les nanas ne font pas en général…
- Comme quoi
Tu t’es enhardi d’un coup, se délestant de toute sa gêne. Il a l’air intrigué, ce petit coquin. Quand on sait parler aux mecs, ils comprennent vite.
- Je ne vois qu’un solution pour tirer tout ça au clair…
- Laquelle?
Je souris de ta coquinerie effrontée et je réponds :
- Faire des travaux pratiques…
Un quart d’heure plus tard la boulangerie est fermée. Je t’attend en voiture comme convenu. Par chance, Stéphanie n’est pas là ce soir, on peut aller chez toi. Tu fermes la boulangerie, tu montes dans ton Ibiza et me fais signe de te suivre.
Cinq minutes plus tard, nous sommes à ton appart, la porte d’entrée claquée derrière nous, je t’embrasse doucement, puis fougueusement.
Oui, petit con, tu me fais un effet dingue. Ce t-shirt blanc est à la fois un délice et un supplice. Je te l’enlève enfin, je découvre le dessin parfait de ton torse, de tes pecs, ta peau douce et velue, je mordille tes tétons, tu gémis. On ne t’as jamais fait ça, n’est-ce pas ? Je me mets à genoux, je colle mon nez contre ta braguette. Je défais ta ceinture, je baisse le pantalon, je fais apparaître ton boxer qui commence à être tendu. Je suis fou d’envie, d’envie de toi. J’ai envie de tout avec toi, j’ai envie de tout ce dont tu as envie.
Pendant que je parcours ton corps avec mes mains et avec ma langue, je repense à toutes ces fois que je t’ai mâté en attendant mon tour à la boulangerie qui ne désemplit pas. A tous ces matins où me suis levé en pensant à toi.
- C’est bon ! je t’entends lâcher tout bas, alors que tu prends ton pied comme jamais.
Oh, oui, que c’est bon !
Oui, mais non.
Oui, ce soir, après une rude journée de travail, j’ai vraiment envie de toi, j’ai envie de tout avec toi, j’ai envie de tout ce dont tu as envie. J’aurais surtout envie de savoir te proposer un plan comme celui là, envie de te faire du rentre dedans, envie de réussir à aller au-delà de la phrase : « Tu sais, Morgan, ton pain est plutôt bon… », savoir enchaîner avec les répliques que je n’ai imaginées qu’une fois que l’occasions sera passée, et me maudissant de ne pas savoir oser, jamais.
Car je n’ose pas. Et ce soir non plus. Non, il ne se passera jamais rien entre nous, beau Morgan.
Alors, après t’avoir félicité pour ton pain, j’ai fini par payer et partir. Par accepter une nouvelle défaite avec moi-même. Je prends congé de toi, la mort dans l’âme.
En retournant à ma voiture, je ne peux te quitter du regard à travers la vitrine. Et là, j’ai comme un déclic. En te regardant faire avec ta dernière cliente de la journée, voilà qu’un souvenir surgi de nulle part remonte en moi avec une violence inouïe, me frappe comme un coup de fouet, faisant bondir mon cœur dans la poitrine.
D’un coup, je réalise que Morgan a une façon de soulever les sourcils, une façon de plisser les paupières, un truc inexplicable mais qui jailli de ton attitude à certains moments, comme un éclair, intense et fugace, un truc qui me ramène bien d’années en arrière, l’année de mon bac. Tu n’étais qu’un enfant à l’époque mais moi, moi j’étais déjà en âge de ressentir les premiers émois sentimentaux. Et quels émois, avec ce beau brun, ce rugbyman tatoué, cet adorable, insupportable petit con de Jérémie.
Bien sur, tu ne lui ressembles en rien, tu es presque blond, avec un regard clair et lumineux, lui il était brun profond, avec un regard de braise. Tu as un petit physique élancé, lui il était sculpté par des années de rugby. Mais chez toi, exactement comme chez lui, une même attitude nonchalante de jeune loup. Et ta jolie silhouette habillée avec ce coton blanc moulant qui me fait penser à sa tenue le premier jour que j’ai eu accès à son intimité, la première fois qu’il a voulu que je lui fasse plaisir.
Oui, tu as la même attitude de jeune mec charmeur et insouciant qui était la sienne quand il avait à peu près ton âge, attitude que les coups de la vie ont par la suite assez précocement emportée pour faire de lui un homme désenchanté et désabusé.
Je réalise à cet instant précis les années écoulées entre le moment où Jérémie a brutalement fait irruption dans ma vie, c’était la dernière année où l’on payait encore les baguettes en francs, et le moment présent. Je regarde toutes ces années qui se sont écoulés depuis, et j’en ai le vertige.
Les platanes bordant la rue devant la boulangerie se laissaient arracher les dernières feuilles par le vent d’automne. Et une chanson pleine de nostalgie remonte à mon esprit.
Ce soir le vent qui frappe à ma porte
Me parle des amours mortes
Devant le feu qui s’éteint
Ce soir c’est une chanson d’automne
Dans la maison qui frissonne
Et je pense aux jours lointains
Que reste-t-il de nos amours
Que reste-t-il de ces beaux jours
Une photo, vieille photo
De ma jeunesse
Où est tu, mon Jérémie ? Je n’ai jamais pu t’oublier. Bien que depuis trop longtemps déjà, nos vies ne marchent plus ensemble.
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