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JN01035 Drôle de dimanche pour Jérém

Dimanche 10 juin 2001, 22h08, rue de la Colombette.

Il se fait tard, et Jérémie est fatigué, le bon sens lui suggère d’aller se coucher de bonne heure, car le lendemain y a le bac philo. Pourtant, ce soir Jérémie étouffe dans son studio, et il n’a même plus de clopes : très dur quand on est de mauvais poil.

Alors, l’envie d’aller faire un tour l’emporte sur le bon sens. Il sort, mais sans ses potes. Même pas Thibault. Il a envie de se changer les idées. Il a besoin d’être seul.

Il a envie de rentrer dans un pub, de boire un coup et lever une nana. Il a envie de ne plus penser à ce qui s’est passé la nuit d’avant, puis le matin même, avec Nico. Il a envie d’oublier les questions de Thibault, l’après-midi même, après le match, des questions qui lui ont fait comprendre que son meilleur pote se doute bien de quelque chose.

Jérémie a envie d’aller aux Carmes ou dans le quartier du Pont St Pierre. Là où, à la belle saison, les terrasses des cafés débordent dans les rues étroites qui grouillent de monde, où l’ambiance est à la fête, où les nanas ont envie de se faire draguer.

Puis, il se ravise. Il n’a pas envie de croiser de têtes connues, il a envie d’être seul. Difficile de savoir ce que Jérémie cherche vraiment à cet instant précis. Peut-être qu’il a simplement envie de s’entourer de présence humaine anonyme en bruit de fond, pour oublier ses angoisses. Peut-être qu’il a juste besoin d’une bonne bière, d’un peu de musique, d’une clope. Il a peut-être besoin de se rassurer en mesurant sa capacité à emballer au pied levé, peut-être qu’il a besoin de conforter son ego de mâle.

Dix minutes après être sorti de chez lui, il est assis au comptoir d’un bar, devant une bière, en train de fumer une clope qu’un autre client lui a passée. Il regarde droit devant lui, il fuit les regards.

Car, dès son arrivée dans le bar, Jérémie s’est fait mater. Des têtes se sont tournées sur son passage, des regards ont essayé de le happer, des sourires ont essayé de l’amadouer. Jérémie a l’habitude de cela, ça arrive à chaque fois qu’il se pointe quelque part où il y a du monde. Partout où il met les pieds, un garçon aussi beau attire forcement l’attention et les convoitises. Et il en est parfaitement conscient.

Mais ce soir, tous ces regards qui essaient d’accrocher le sien le mettent mal à l’aise. Et dans le faisceau de regards qui essaient d’aimanter le sien, il y en a un plus insistant, plus magnétique que les autres.

Tout d’abord, Jérémie a fait comme si de rien n’était. Non, ce soir il n’a pas cherché sciemment à enflammer les désirs autour de lui. Mais en même temps, il aurait sans doute été déçu que cela n’arrive pas.

Alors, il a laissé faire, jouant la séduction en mode « beau brun ténébreux mais indifférent ». Arme redoutable, tout aussi puissante que celle ayant fait bien des preuves : le « beau brun charmeur ».

Quelques minutes plus tard, il se fait aborder.

« Tout va bien pour toi, bomec ? ».

Jérémie ne répond rien, se contentant d’afficher un petit sourire sournois. Il est rassuré. Il a beau être le mec le plus convoité du lycée, à chaque fois que son charme exerce son effet, il ne peut s’empêcher de ressentir une fierté qui lui apporte une véritable sensation de bien-être. Et ce soir, il a sacrément besoin de se sentir bien dans ses baskets.

« T’es bien foutu… », « T’es vraiment sexy… », « C’est dommage d’être aussi beau garçon et d’avoir l’air si seul et si triste… ».

Jérémie se laisse longuement charmer, tout en ne répondant qu’avec des regards fuyants, au plus des monosyllabes.

En fait, Jérémie ne sait pas trop ce qu’il est venu chercher dans ce bar. A l’origine, il est juste sorti de chez lui pour ne pas se retrouver seul dans son studio, pour arrêter de ressasser les dernières 24 heures, pour échapper à l’angoisse du générique de fin du film du dimanche soir.

Au fond de lui, Jérémie sait qu’il n’a pas forcément besoin d’une aventure. Des aventures, il en a eu beaucoup, assez pour savoir que ce n’est pas ça qu’il lui faut, et surtout pas dans un moment comme celui-ci.

Très souvent, lorsque ça n’allait pas très fort dans sa tête, il s’est défoncé la gueule et il a baisé des nanas. C’était sa façon de se changer les idées, d’essayer d’aller mieux. Et pourtant, à chaque fois, il s’était senti encore pire après qu’avant.

Jérémie sait bien que si toute nouvelle aventure sait flatter son ego, l’« après » finit toujours par laisser un goût amer, un sentiment de solitude sans cesse renouvelé. Et de plus en plus grand.

Pourtant, ce soir encore, il se laisse aspirer par la spirale alcool-joint-sexe. Vers minuit, Jérémie est allongé sur son lit, en train de se faire sucer. Et aussi en train de prendre conscience que toutes les pipes ne se ressemblent pas forcément.

Jérémie est fatigué, il n’a pas la forme ni le moral. De plus, rien ne l’excite vraiment dans cette situation qu’il regrette déjà. Il est pressé d’arriver au bout, il est pressé de se retrouver seul.

Il retire sa queue de cette bouche qui n’arrive pas à le satisfaire, il passe une capote, il s’enfonce entre deux fesses inconnues et il commence ses va-et-vient.

Comme chaque nouvelle aventure, celle-ci devrait flatter son ego de mâle, lui apporter au moins le bonheur sexuel. Pourtant, ce n’est pas le cas : les gestes sont mécaniques, l’excitation est en berne, le plaisir n’est pas au rendez-vous.

Car le cœur n’y est pas. Jérém est juste pressé d’arriver au bout. Il accélère la cadence de ses coups de reins, il cherche à précipiter son orgasme. Et pourtant, ce dernier lui paraît de plus en plus loin. Plus il redouble d’effort, plus son excitation retombe en flèche. Elle tombe si bas que même son érection – qui, pourtant, n’a toujours été pour lui que pure et automatique réaction physiologique à la promesse d’un orgasme – n’est pas aussi vigoureuse que d’habitude.

Peu à peu, l’angoisse commence à s’emparer de lui, l’angoisse de ne pas y arriver, d’avoir une panne. Le souvenir de sa première fois catastrophique – souvenir qui, malgré ses nombreuses et très concluantes aventures successives, le hante toujours – refait soudain surface dans son esprit. Ce qui n’est pas fait pour l’aider dans cette situation déjà délicate.

Dans la tentative désespérée de rebooster son excitation et son érection, Jérémie fait appel à sa mémoire pour essayer de trouver des images excitantes, des trucs qu’il a vraiment kiffés, des coups qui l’ont vraiment marqué.

Il n’a pas besoin de fouiller longtemps dans ses souvenirs pour retrouver ce qu’il cherche. Car il y a bien une expérience qui l’a marqué, très récemment. Jérémie ferme les yeux et il retrouve le plaisir d’être dans sa bouche, au bonheur d’être entre ses fesses, à l’excitation qu’il ressent en voyant sa soumission à son propre plaisir de mâle.

Il ferme les yeux et il revoit son regard extasié sous ses coups de reins, son envie palpable, son envie de lui, son envie de lui faire plaisir. Et c’est avec les yeux fermés, avec la tête remplie de ces images, ainsi qu’après un grand effort physique, que Jérémie arrive enfin à rattraper son orgasme.

Le fait d’arriver à jouir, alors qu’il commençait à en désespérer, le rassure. Pourtant, un instant après s’être vidé les couilles, Jérémie se sent épuisé, et d’une humeur encore plus massacrante qu’il ne l’était alors qu’il voyait son orgasme lui échapper. Il se sent même pire qu’il ne l’était avant de sortir de chez lui, une heure plus tôt. Il se sent perdu, amer et il n’a qu’une hâte, de se retrouver seul dans son lit.

Il regrette déjà ce qui vient de se passer. Pour la première fois de sa vie, il regrette une baise. Il la regrette parce qu’il n’a presque pas pris de plaisir. Il regrette de l’avoir fait, alors qu’il n’en avait pas vraiment envie.

« C’était trop bon… ».

Voilà le genre de compliment qui a toujours ravi l’esprit un brin macho de Jérémie. Cependant, ce soir, ces mots résonnent bien désagréablement à ses oreilles. Car, pour lui, ce n’était pas bon, pas du tout. L’orgasme passé, sa lampe de chevet lui paraît jeter une lumière aveuglante sur la bêtise qu’il vient de commettre.

« Je ne t’ai jamais vu à la Ciguë… ».

« C’est parce que je n’y ai jamais foutu les pieds… ».

Jérémie regarde le mec, un petit blond assez bien foutu, en train de se rhabiller. Et sa simple présence le met désormais très mal à l’aise. D’autant plus qu’il se rend compte qu’il est incapable de se souvenir de son prénom.

« Nouveau, ici ? » insiste le type.

« Tu peux partir maintenant… » coupe court Jérémie.

« Je te reverrai ? ».

« Non, oublie… ».

« T’as pas aimé ? ».

« Laisse tomber… ».

« Même juste pour des plans de temps en temps… quand t’as envie de baiser… on pourrait bien s’amuser, tu sais… ».

« Non, je te dis ! ».

« C’est dommage pour toi… on m’a toujours dit que j’étais un bon coup… ».

« Je survivrai… ».

« En tout cas, tu baises comme un Dieu… ».

« Bon, tu pars maintenant… ».

« T’as quelqu’un ? ».

« Je ne suis pas pd… ».

« T’es bi ? C’est tout ce que j’aime… ».

« Fiche-moi le camp avant que je m’énerve ! ».

« Ça va, ça va… ».

Le type finit de s’habiller sans demander son reste. Quelques secondes plus tard, il prend la porte en lâchant une dernière pique :

« T’es peut-être pas pd, mais tu sais comment faire jouir un mec… ».

Une heure plus tard, Jérémie est allongé sur son lit, dans le noir. Il est très fatigué, mais le sommeil ne vient pas.

Il a chaud et il a l’impression d’avoir toujours dans le nez et sur sa peau l’odeur de ce type. Il se lève, il change les draps, il prend une douche. Il reste un long moment sous l’eau, hagard, essayant de rassembler ses esprits, essayant de chasser le sentiment de malaise persistant dont il n’arrive pas à se débarrasser.

Il se savonne plusieurs fois, il se rince, il laisse couler jusqu’à qu’il n’y ait plus d’eau chaude. L’eau froide prend le relais, il la trouve agréable au début, car elle rafraîchit sa peau, et elle semble aussi rafraîchir son esprit. Mais très vite, il finit par avoir froid.

Il sort de la douche en grelottant, de plus en plus contrarié. Il n’a toujours pas de cigarettes, mais il lui reste un bout de joint. Il le fume en terrasse, la serviette humide autour de la taille, profitant de la douceur du soir.

Une fois au lit, dans le noir, il se branle pour essayer d’appeler le sommeil.

Et quand les effets combinés du joint et de l’orgasme viennent happer son esprit, Jérém s’endort en pensant une dernière fois à l’image qui a précipité son orgasme un peu plus tôt. Il revoit son regard plein de désir, il repense au bonheur d’être dans sa bouche, entre ses fesses. Mais il revoir aussi à son sourire, doux et amoureux, il repense également au bonheur de se retrouver sous les draps, dans ses bras, dans le noir, après l’amour.

Il repense au bonheur de passer une nuit avec Nico.

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Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

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