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JN01003 Souvenir de Jérémie (tout premier souvenir)

(3 septembre 1998, le jour où tout a commencé : 3 ans avant « première révision »).

C’est le premier jour du lycée. Je ne le sais pas encore, mais cette journée va me marquer à tout jamais.

Ce qui m’a d’abord marqué ce jour-là, c’est le t-shirt jaune vif que maman m’avait obligé à porter, un t-shirt informe, de trois tailles trop grand par rapport à mon physique de crevette de l’époque.

Je n’aimais pas ce t-shirt, pas du tout. Et surtout, je ne voulais pas le porter pour mon premier jour de lycée. J’avais le sentiment que la première impression que je donnerais dans cette nouvelle communauté contribuerait de façon assez définitive à façonner mon image et mon statut, une image et un statut que je me traînerais pendant trois longues années. Je ne voulais surtout pas qu’on commence à se moquer de moi dès le premier jour, je ne voulais pas revivre ce que j’avais vécu au collège.

Hélas, maman n’avait pas voulu entendre raison.

Ainsi, c’est avec un peu d’appréhension, le regard un peu perdu, comme un lionceau qui foule pour la première fois la poussière de la savane, méfiant, sur ses gardes, que je m’approche de l’établissement dans lequel je vais passer les trois prochaines années de ma vie.

A cet instant précis, à l’approche de mes 16 ans, je ne sais pas encore qu’un compte à rebours est en marche dans mon destin et qu’il est très très très proche du point zéro. Dans une poignée de secondes, une rencontre va complètement bouleverser ma vie.

Lorsque je rentre dans la cour du lycée, je laisse instinctivement mon regard balayer ce grand espace inconnu.

C’est là que je le remarque, instantanément. C’est comme un coup de poing dans le ventre que je n’avais pas vu venir et qui manque de me mettre KO.

Brun, peau mate, un t-shirt noir posé comme un gant sur un torse déjà prometteur malgré son très jeune âge, une chaînette négligemment posée sur le coton, un jeans bien coupé, des baskets de marque. Et une casquette, noire elle aussi, posée à l’envers sur ses cheveux bruns.

Le bogoss est là, au beau milieu de cet espace ouvert, en train de discuter et de déconner avec d’autres garçons. Et sur son beau visage il y a ce sourire, ce sourire de dingue qui semble illuminer non seulement toute la cour du lycée, mais la vie toute entière, ma vie toute entière.

Je bugge, je suis tétanisé : ça fait depuis un certain temps déjà que j’ai compris que je ne suis pas vraiment attiré par les filles, ça fait un certain temps déjà que certains mecs me font vibrer. C’était le cas dans mon ancien collège, c’est souvent le cas dans la rue, ou bien à la télé ou au cinéma (qu’est ce que je kiffe, à cette époque, en 2001, Colin Farrel, Mark Whalhberg, Matt Dillon, Josh Harnett, ou encore Ben Affleck, ainsi que son pote Matt Damon). Oui, ça fait un certain temps que je tente de percer le mystère fascinant de la beauté masculine, sans pourtant arriver à me dire que je suis gay. Mais jamais encore de ma vie je n’ai vu un garçon aussi beau.

Dès l’instant où mon regard s’est posé sur ce mec, tout a disparu autour de moi. La cour du lycée s’est vidée d’un coup, le bruit des conversations a été remplacé par un silence total dans lequel je n’entendais plus que les battements de mon cœur et ma respiration saccadée. Tout semblait se dérouler au ralenti, le temps d’une seconde, infinie.

A cet instant précis, je ne vois que lui. Car ce mec, pourtant si jeune, dégage une sexytude ravageuse. Chaque seconde passée à le regarder, c’est un coup de poing dans le ventre, une gifle dans la figure, un truc de fou.

J’ai dû rester planté un long moment à le mater, la gorge nouée, la respiration bloquée, mes jambes incapables de faire le moindre pas, mon cerveau inapte à considérer quoi que ce soit en dehors de l’attraction débordante que je ressentais pour ce garçon, du désir de tout connaître de sa vie, de savoir qui il était, comment il s’appelait, dans quelle classe il pouvait bien être, qui étaient ses potes, ces chanceux qui le côtoyaient tous les jours, où il habitait, s’il avait une copine…

Chaque fibre de mon corps s’était réveillée à cet instant précis, et criait une envie irrépressible de serrer ce garçon contre moi. Ma peau réclamait sa peau, mes lèvres les siennes.

J’ai eu envie de lui dès le premier instant, une envie furieuse, à en avoir mal au ventre. Je l’ai tellement maté qu’à un certain moment nos regards s’étaient croisés. Et, pendant quelques secondes, son regard avait accroché le mien. Il m’avait vu. Ou, du moins, il avait capté que je le matais. Mon cœur avait été sur le point d’exploser.

Mais très vite, le bonheur de découvrir ce regard très brun, charmant comme ce n’est pas permis, a laissé la place à la peur : la peur qu’il comprenne que je le matais, qu’il comprenne que je le kiffais, que j’avais envie de lui. Et qu’il vienne me mettre son poing dans la gueule. Alors, j’ai baissé mon regard, je me suis accroupi et j’ai ouvert mon sac à la hâte, les mains tremblantes, style « je cherche un truc »,juste pour créer une diversion.

Un instant plus tard, on nous appelait pour rejoindre nos classes respectives. Lorsque j’ai enfin osé relever les yeux, le bobrun discutait toujours avec ses potes.

La suite de cette journée, je pourrais la raconter dans les moindres détails, tant elle est gravée dans ma mémoire.

Je me dirige vers ma classe et je suis obligé de le quitter des yeux. Je me demande quand est-ce que je le reverrai. Sans doute à la récré : ça va être long…

Je m’installe dans la classe parmi les premiers, je regarde les autres camarades prendre place petit à petit, en essayant de définir lesquels pourraient devenir mes potes. C’est un tri silencieux qui ne donne pas de grands résultats pour l’instant.

Quant à l’autre tri, celui sur les critères physiques, là non plus ça ne donne pas grand-chose : à 15-16 ans, c’est encore rare de trouver des garçons vraiment attirants. Il faut attendre encore quelques années pour que la musculature s’installe et que le garçonnet laisse entrevoir le jeune mâle.

Comment j’aimerais être dans la même classe que le bobrun au t-shirt noir ! Il doit être en terminale, il fait tellement mec !Ça, c’est ce que je me disais juste avant.

Juste avant que le beau brun au t-shirt noir ne passe la porte de la classe en rigolant avec deux potes, avec son sac à dos rouge et blanc, avec son air de parfait branleur, de lycéen en mode touriste. Et avec sa putain de casquette à l’envers…

Il n’est pas difficile d’imaginer ma surprise et mon excitation de le voir débouler dans « ma » classe, alors que cette possibilité ne m’avait même pas effleuré l’esprit.

Le bogoss passe à côté de moi, sa hanche percute mon coude, premier contact physique. J’entends un « Excuse » lancé à la hâte, premier contact avec sa voix. Je me retourne, je le regarde s’installer avec ses deux potes bien au fond de la classe.

Ce mec n’est pas seulement beau : le regarder, c’est se brûler les rétines.

Un instant plus tôt, je n’avais même pas osé espérer qu’il soit dans la même classe que moi, j’avais commencé à jalouser les camarades qui le côtoieraient chaque journée de cours pendant les trois prochaines années. J’avais pressenti la torture que ce serait de passer les trois prochaines années à espérer le croiser dans les couloirs ou dans la cour de récré, sans même la certitude de le voir tous les jours.

Et maintenant qu’il est là, à quelques mètres de moi, je pressens une autre torture, celle que je vais endurer chaque jour pendant les trois prochaines années. Comment côtoyer un mec aussi attirant sans péter un plomb ? Comment supporter la déchirure qui prend aux tripes, entre la brûlante envie de lui et le fait de le savoir inaccessible, de devoir cacher ce que je ressens chaque jour, chaque heure, chaque instant ? Et je n’ose même pas imaginer ce que ça va être pendant le cours de sport, dans les vestiaires…

Le prof arrive, l’appel commence. Prénom, nom, date de naissance : que de bonnes nouvelles en perspective.

J’écoute attentivement la succession de prénoms, de noms et de dates, en guettant fébrilement le moment où le beau brun répondra présent.

L’appel avance, par ordre alphabétique, le prof arrive aux noms en « P »… une bonne partie des camarades a déjà levé la main ; mon tour arrive aussi : Nico S., né le 15 septembre 1982, présent !

L’appel continue avec deux noms de famille suivis de prénoms féminins. Puis, un nom en « T » sort des lèvres du prof, Tommasi, suivi d’un beau prénom masculin : Jérémie. Le prof annonce enfin une date qui résonne en moi avec l’importance des codes de l’arme nucléaire : le 16 octobre 1981.

« Me voilà, monsieur…» je l’entends répondre, sur un ton taquin et insolent. Je reconnais sa voix. Déjà je reconnais sa voix, après avoir juste entendu un simple « Excuse » quelques minutes plus tôt. Je me retourne, tout comme d’autres élèves, pour regarder ce petit clown qui se fait remarquer dès le premier jour.

Jérémie, joli prénom qui lui va à merveille, je trouve. Tommasi, un nom de famille qui sonne d’ailleurs : et ça en rajoute encore au charme.

1981, ainsi le bogoss a un an de plus que moi : et ça en rajoute encore et encore au charme. Je me dis qu’il doit redoubler, ce qui semble raccord avec le côté branleur qu’il dégage de façon effrontée, ainsi qu’avec le coté insolent qu’il vient de montrer en répondant à l’appel.

Pendant que le prof donne l’emploi du temps, j’entends rigoler au fond de la classe. Je me retourne un peu, juste ce qu’il faut pour capter le bogoss du coin de l’œil, pour le voir en train de se marrer avec ses potes.

« On se calme, on se calme…» fait le prof à un moment « Monsieur Tommasi, s’il vous plaît…dois-je vous rappeler que vous êtes ici parce qu’un autre lycée ne veut plus de vous…faisons en sorte que l’expérience ne se renouvelle pas…».

« D’accord monsieur…» fait-il sur un ton railleur.

« Commencez déjà par ôter votre casquette pendant les cours. Et à partir de demain, je voudrais vous voir plus proche de mon bureau que du radiateur… ».

« D’accord monsieur…» répète le bogoss sur le même ton, le regard taquin et malicieux, tout en ôtant sa casquette et en dévoilant sa belle crinière brune. Ce qui le rend, évidemment, sexy en diable. Toutes les nanas le regardent. Moi aussi je le regarde, incapable de me retourner vers le prof, conquis par un charme qui ne me lâchera plus jamais.

Premier jour du lycée, première branlette en rentrant à la maison en pensant à ce mec si beau qui a provoqué ce truc si violent en moi, balayant d’un seul sourire tous mes doutes et toutes mes tergiversations au sujet de mon attirance vis-à-vis des garçons.

Car lorsqu’on éprouve une attirance si violente pour un garçon, lorsqu’on ne peut plus détacher les yeux de lui, lorsque le simple fait de le regarder donne à la fois le plus exquis des plaisirs et la plus brûlante des frustrations, lorsqu’en le regardant on a envie de pleurer et de hurler, lorsqu’on est à ce point persuadé que son propre bonheur serait dans ses bras et dans ses draps : voilà, c’est à ce moment-là que l’on comprend qu’on est définitivement gay et qu’on ne pourra jamais rien y faire. Car c’est tout simplement ce que l’on est, et notre chemin vers le bonheur nous amène vers les garçons.

Mais comment distinguer le désir inspiré par un garçon et l’amour véritable qu’on lui porte ? Comment faire la différence, alors que le désir, et à fortiori son assouvissement, le plaisir, brouillent l’esprit?

Moi je crois que lorsque le désir physique pour un garçon s’accompagne à l’envie de tout connaître de son existence, à l’envie de le câliner, de mélanger son propre souffle avec le sien, de se perdre en lui, d’être là pour lui, de passer chaque instant de sa vie avec lui, dans ses bras, c’est que ce qui nous lie à ce gars va bien au-delà de l’attirance. Est-ce que c’est ça, être amoureux ? Si c’est ça, je l’ai été depuis la première milliseconde où son image a traversé ma rétine.

Oui, il y a eu un avant et un après ce lundi 3 septembre 1998. Avant, il n’existait pas pour moi. Après, j’étais fou de lui.

Une folie qui s’embrasera définitivement le lendemain lorsque, en classe, il viendra me serrer la main, chose qu’il ne fera pas souvent par la suite.

« Nico, c’est ça ? ».

Putain ! Il avait retenu mon prénom, dès le premier jour !

Oui, c’est sapé avec un t-shirt jaune informe que j’avais vécu mon premier jour de lycée.

Fort heureusement, un beau jeune garçon brun m’avait fait tout oublier, y compris mon t-shirt : car mon cœur avait commencé à battre pour autre chose que pour me maintenir en vie.

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Fabien

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