Suivre Jérém&Nico :    / HDS dashboard       DISCORD chat      Facebook    Écrire à Fabien    

JN01091 Match et après match (partie 1)

Préparation du match et temps réglementaires.

Samedi 14 juillet 2001, le soir, quelques heures avant la finale du championnat.

Après cet affrontement avec mon bobrun, j’aurais pu passer le samedi soir et le dimanche à ruminer tout cela. Heureusement pour moi, j’ai une bonne cousine extraordinaire.

Et ce samedi soir, cette cousine me propose de nous faire un cinéma au Gaumont Wilson.

Tant d’années plus tard, je ne me souviens pas de grand-chose du film qu’on a vu ce soir-là, un film de guerre comme tant d’autres. La seule scène de ce film dont je me souviens très bien et dont je me souviendrais à tout jamais, sans par ailleurs avoir revu le fils depuis, c’est la scène du dispensaire, ce lieu où une foule de jeunes garçons en slip ou caleçon, en t-shirt ou débardeur, systématiquement blanc comme le veut la coutume militaire américaine, se pressent pour être examinés en vue d’obtenir le certificat médical d’aptitude pour partir à la guerre en Europe.

Et, au milieu de cette ambiance chargée de testostérone, voilà deux personnages joués par Ben Affleck et Josh Harnett, l’un en t-shirt blanc, l’autre en débardeur blanc, deux potes impatients eux aussi de s’engager pour montrer leur valeur de soldats, pour servir la patrie.

J’ai passé plus de deux heures à mater le délicieux et sexy grain de beauté dans le cou de Josh qui me rappelle tant celui de mon bobrun, j’ai passé toute la durée du film à me demander lequel des deux je trouve le plus bandant, sans franchement à arriver à me décider. Tout en me disant que deux bogoss pareil, plutôt que de partir faire la guerre, ils seraient tellement mieux dans un pieu en train de s’offrir mutuellement du plaisir.

  • Moi je te dis que la plus heureuse de tous, c’est la nana, fait Elodie en lâchant la paille du mojito qui vient de lui être servi en terrasse d’un bar aux Carmes, elle s’est tapé les deux potes, et elle n’a pas vraiment choisi les deux bruns les plus moches !
  • Moi aussi je suis jaloux, je lui réponds, rêveur.
  • Toi, tu la fermes, cousin. Côté bobrun, t’es largement servi !
  • Ouais, tu parles, je lui sers juste à se soulager, je proteste.
  • En attendant, c’est toi qui te le tape ! s’exclame-t-elle si fort que les deux filles de la table d’à côté se retournent.

Je suis un brin gêné, mais j’adore le pragmatisme de ma cousine.

  • C’est pas faux, parfois je n’arrive même pas à le croire moi-même.
  • Avec ce mec, côté sexe, c’est géant, je continue. Mais je te jure, sentimentalement, c’est dur à vivre.
  • Tu dois lui faire comprendre qu’il ne peut pas jouer avec toi éternellement. Qu’il ne peut pas te traiter comme un plan cul et puis te demander de passer la nuit avec lui quand ça lui chante parce qu’il n’a pas envie de rester seul, et te traiter à nouveau comme un plan cul le lendemain.
  • Ce qui me manque, c’est juste un petit câlin après, ou même un mot, ou un simple sourire, qu’il me montre qu’il a aimé coucher avec moi, que je lui fais du bien, et qu’il a envie de recommencer.
  • Je comprends très bien, mon cousin, mais tu l’as habitué à accepter qu’il te parle et qu’il te traite sans respect, même en dehors du pieu. Tu l’as habitué à te ramener au moindre claquement de doigts, sans conditions. Et ce faisant, tu cautionnes son comportement. Il faudrait que tu te rendes moins accessible et que tu arrives à le remettre un peu à sa place.
  • Le remettre à sa place, je ne sais pas vraiment comment m’y prendre, et je ne suis même pas sûr d’en avoir vraiment envie.
  • Une relation ne peut pas se limiter à une histoire de dominant et de dominé. Une relation, c’est une affaire d’équilibre. Ta relation avec le bobrun est trop déséquilibrée. Si tu veux la faire durer et t’épanouir un tant soit peu, il faut que tu reprennes un minimum le contrôle de cette histoire, et da ta vie.
  • L’animal Jérém est une espèce tellement imprévisible, comment savoir si ce genre de stratégie ne va pas avoir un effet totalement inverse ? je considère.
  • Tu ne vas pas lui demandes des déclarations enflammées, mais il faut au moins qu’il te traite avec du respect. Il faut qu’il comprenne qu’il n’y a pas que pour lui que cette relation est compliquée, et que tu souffres du fait de ne jamais savoir comment tu vas être reçu. Il faut qu’il comprenne que ce genre de situation et d’incertitude, ça use à la longue.
  • Je ne te le fais pas dire, je lâche, comme un cri du cœur.
  • Evidemment, tant qu’il n’assumera pas ses envies, ce sera toujours compliqué entre vous. Mais il faut bien commencer quelque part pour faire bouger les lignes, il est urgent de secouer le cocotier. Je sais que tu kiffes son côté macho-dominant, mais il te faut trouver le moyen de lui montrer qu’il n’est pas forcément le seul et unique maitre de la situation. Il faut lui montrer que tu peux prendre les choses en main. Et que tu peux lui échapper.
  • J’ai déjà essayé, je me suis laissé draguer par le moniteur d’autoécole. Je lui ai tenu tête au retour de boîte, je suis parvenu à le rendre jaloux.
  • Et ça s’est fini comment ?
  • En plan à trois…
  • Quoi ?
  • Avec un mec qu’on a levé au On Off…
  • Vous avez été au On Off ?
  • Il était tellement en pétard que je lui tienne tête qu’il a voulu me montrer qu’il pouvait baiser n’importe quel mec…
  • Et il a levé un mec…
  • Oui… il l’a ramené chez lui…
  • Et vous avez baisé comme des lapins…
  • On peut dire ça, oui…
  • Ah, bah, là tu me tues, cousin. Puceau jusqu’à il y a peu, et désormais mordu à l’exercice du plan à trois. Même ta cousine dévergondée ci présente n’a jamais goûté à ça !
  • Et pendant ce plan il s’est montré jaloux. Pourtant c’est lui qui l’a voulu !
  • Il s’est montré jaloux pendant que tu couchais avec ce mec ?
  • Oui, il était jaloux à mort, on aurait dit un petit taureau qui souffle des naseaux…
  • Mais il s’est défendu de l’avoir été, jaloux, je parie…
  • Parfaitement !
  • C’est clair qu’il est jaloux, mais ça le fait chier de l’admettre !
  • Définitivement, c’est un animal difficile à amadouer, ton Jérém, elle finit par admettre. Il faut que tu sois patient et persévérant.
  • Au fait, tu lui as donné le maillot que t’as acheté à Londres ?
  • Non, toujours pas, je n’ai toujours pas trouvé la bonne occasion.
  • Tu vas la trouver la bonne occasion. C’est tellement touchant de te voir essayer de conquérir ce mec chaque jour, sans perdre courage, et sans que rien ne soit jamais acquis.
  • Ouaiss, c’est touchant peut-être, mais c’est épuisant d’être à sa botte !
  • Tu n’es pas à sa botte.
  • Si !
  • Bien sûr, il a un pouvoir immense sur toi, il sait que tu ne sais pas lui résister. Mais à côté de ça, tu as le pouvoir de lui offrir un plaisir complètement fou. Le plaisir dont il a envie, dont il a besoin. Son esprit peut tenter d’ignorer ses sentiments, mais son corps ne peut pas ignorer ses envies. Dans les faits, c’est toi qui as un pouvoir immense sur lui.
  • Pour rééquilibrer votre relation, tu devrais déjà essayer d’intervertir les rôles…
  • C’est-à-dire ?
  • Il faut lui montrer qu’il a autant besoin de toi pour prendre son pied que toi de lui pour prendre le tien. Un homme se gouverne mieux par la queue que par les lois.

— Elle vient d’où celle-là, je demande, tout en m’esclaffant de rire.

— Elle vient de moi.

— Mais tu as raison, ma cousine.

— Je ne sais même pas si je vais le revoir après la dispute d’hier, je tempère.

  • Ça va lui passer.

— Je voudrais en être si sûr.

— Moi je te dis qu’il ne peut plus se passer de toi. Il dit le contraire pour ne pas regarder la réalité en face, et aussi pour que tu ne prennes pas conscience du pouvoir que tu as sur lui. Peut-être aussi qu’il a du mal à réaliser qu’un garçon puisse tenir à lui de cette façon, qu’il puisse l’aimer vraiment.

— A toi de le convaincre que tu ne le lâcheras pas si un jour il accepte de tomber la carapace. Il faut que tu parviennes à le faire se sentir en sécurité. Chaque taureau à son torero. Et son torero à lui, c’est toi, Nico. Tu peux amadouer ce p’tit taureau, il faut y aller doucement, mais assurément.

— J’aime bien discuter avec toi, Elodie.

— Je sais, mais là la séance est terminée, ça fera 300 francs, mon cousin.

  • Ah quand même !
  • Blagues à part, je tombe de fatigue.

— Moi aussi. Depuis qu’on est revenus de Londres, je n’arrive pas à récupérer.

— On se voit demain au match.

— Ah, parce que tu vas y aller ?

— Oui, pour t’accompagner. Je veux m’assurer personnellement que tu y ailles, car il faut absolument que tu sois là pour célébrer la victoire de ton homme.

— Si victoire il y aura à célébrer, je tempère.

— Si, j’en suis sure, et avec un bon score qui plus est.

— Je voudrais en être si sûr, je me répète.

— Et si jamais après le match il veut de toi, tu laisses ton corps parler à son corps et lui raconter l’histoire d’un plaisir partagé. Le reste se fera tout seul. Il ne peut pas être insensible à ton amour.

J’adore ma cousine, elle me rassure. La perspective d’aller au match en sa compagnie me fait chaud au cœur. Ce soir-là, grâce à elle, je m’endors confiant et apaisé.      

Dimanche 15 juillet 2001.

A l’occasion du dernier match de la saison de rugby, une foule impressionnante s’est amassée derrière la rambarde autour du terrain.

Elodie se pointe affublée de ses grosses lunettes de soleil et accompagnée d’une copine inconnue qui n’était pas prévue au tableau.

— C’est au cas que tu me fasses faux bon, si jamais après le match tu croises un bobrun, elle me chuchote à l’oreille en me claquant la bise.

Lorsque les équipes rentrent sur le terrain, je cherche mon bobrun du regard avec fébrilité. Le voilà dans son maillot vert et blanc, ailier, numéro 11, il le porte comme un gant, avec une élégance naturelle et aveuglante. Je capte son pote Thibault, demi de mêlée, numéro 9, très bien foutu, ainsi que Julien, petit format brun très bien proportionné, demi d’ouverture, numéro 10.

Dans l’équipe de Colomiers, toute de rouge vêtue, il y a également de beaux spécimens. Quel sport béni ce rugby, capable de générer des bogoss en veut-tu en voilà, de les réunir sur un terrain de sport et dans un vestiaire, et d’attirer autour d’eux, aux abords du terrain, d’autres bogoss venus avec ou sans copine, mais le plus souvent entre potes, pour vibrer avec eux dans le feu sacré de la compétition.

Voilà à mon sens le véritable et plus profond sens du rugby et du sport plus en général, non pas la célébration d’exploits, mais la sublimation de la jeunesse, de la puissance, de la beauté.

— Ce gars est vraiment canon, fait Aurèlie en regardant les équipes rentrer sur le terrain — t’as vu ses muscles, ses épaules, ce cou, ce cul, ces mollets, tout respire la puissance chez ce type, t’imagine un peu ce que ça doit faire de se retrouver au lit avec mec pareil ?

— Oui, oui, tu me diras de qui tu parles, fait Elodie, car, perso, au moins la moitié des joueurs m’inspire ce genre de réflexions, sans compter une bonne dizaine de mecs autour du terrain.

— Mais le numéro 9 en vert et blanc, je ne sais pas comment il s’appelle, mais s’il venait à la maison, il serait dans mon lit avant qu’il ait eu le temps de m’annoncer son prénom.

Ah ! elle ne s’est pas trompée, le demi de mêlée de l’équipe de Jérém, le beau mécano, le charmant pompier, l’adorable Thibault.

— Je le kiffe à mort ! elle s’exclame, visiblement émoustillée.

— Va savoir pourquoi, je laisse échapper.

— Mais parce qu’il est canon, elle se sent obligée de répondre, n’ayant pas capté le deuxième degré de mon commentaire.

— C’est étonnant que tu n’aies rien dit sur le numéro 11 de la même équipe, je ne peux pas m’empêcher de lancer.

— Ah, bah, celui-là aussi j’en ferais bien mon quatre heure !

— Salope ! je suis tenté de balancer.

Première mi-temps.

Un coup de sifflet et le match commence. Je regarde mon bobrun évoluer sur le terrain, et c’est beau. Il n’arrête pas un seul instant de bouger, de courir, de marcher, dans un sens, dans l’autre, le regard comme une visée laser rivée sur le ballon ovale, tous ses sens en alerte, l’attitude on ne peut plus sérieuse, concentrée, la musculature tendue. Tout son corps et son âme semblent aspirés par le jeu. Tout en lui dégage la puissance, la passion, l’envie de gagner.

Pendant le match, exit le petit con frimeur, le charmeur de chaque instant. Là, c’est un tout autre Jérém qui se révèle. C’est un mec passionné et passionnant, un mec soudainement grandi par le sport et par la compétition, dégageant une puissance incroyable, un engagement total, un mec complètement dévoué à un but pour lequel il est prêt à tout donner, physiquement, intellectuellement, humainement. Tout son Être est tendu vers ce but, peu importe l’effort qu’il demandera. Il sait qu’il n’a pas le droit de décevoir, de décevoir ses potes, les supporters, le coach, mais avant tout de se décevoir lui-même.

A un moment, à la faveur d’un déplacement opportun de l’action, il approche tout doucement de ma position. Pendant un court instant, j’ai l’impression de capter son regard, un regard pénétrant, intense mais indéchiffrable. Il a l’air tellement obnubilé par l’action du jeu que je me demande s’il m’a seulement vu.

Je le regarde s’éloigner à nouveau, puis s’arrêter une vingtaine de mètres plus loin, planté au bord de la ligne de touche, les jambes légèrement écartées, le torse droit comme un « I », les mains plantées sur les hanches, ce qui fait ressortir toute la puissance de ses épaules, et tend le tissu du maillot sur ses pecs ondulant sous l’effet de la respiration accélérée. Cette même respiration accélérée que je lui ai connue dans d’autres situations, pendant des efforts bien plus intimes que le jeu du rugby.

A cet instant précis, il me fait penser à un chien de chasse à l’arrêt, repliant une patte dans cette attitude si caractéristique, happé par sa cible, transporté, transcendé, ses muscles bandés, son esprit totalement absorbé, prêt à taper un sprint et à se jeter sur sa proie.

NOM DE LA RACE

Jérém à poil court

STANDARD DE LA RACE

Joueur bien proportionné en taille et constitution, spécimen à poil court et brun, très brun, mignon d’une allure spectaculaire. Le poitrail est puissant et les épaules bien développées. Les reins et l’arrière-train sont plutôt musclés, avec des aplombs bien souples, lui autorisant à la fois une très bonne réactivité et une grande vitesse.

La queue est épaisse, bon, mais ça c’est un autre sujet.

En somme, un très bel animal à la musculature puissante, avec un physique développé pour et par la chasse au ballon ovale.

ATTITUDES

Attentif, vif et remuant, infatigable au jeu. Joueur réputé en raison de son très bon flair pour l’action de jeu, également très bon « joueur d’arrêt », en attendant que le ballon ovale sorte d’une mêlée, constamment à l’affut pour récupérer jusqu’à la plus imprévisible des passes. C’est aussi un joueur « retriever », avec un fort instinct de rapport, capable d’amener le ballon ovale dans l’en-but avec un déplacement rapide et puissant.

Compte tenu de l’enjeu représenté par ce match de finale, je me surprends à le suivre de façon plus attentive que le précédent auquel j’ai assisté, quelques semaines auparavant, au tout début de nos révisions. Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de ressentir de l’empathie pour mon Jérém, pour Thibault et pour les autres petits mecs de son équipe. Une défaite en finale ce serait un coup dur pour eux.

Jérém reçoit le ballon et en une fraction de seconde il tape un sprint spectaculaire, il s’élance à toute allure vers la ligne de but.

Un joueur rouge tente de lui barrer le chemin, le bobrun le dégage avec son bras droit, il zigzague avec à la fois de la puissance et de la souplesse pour éviter un deuxième columérin. Mais il est stoppé net à quelques mètres à peine de la ligne de but par l’intervention de deux autres joueurs en rouge qui arrivent enfin à l’arrêter en le plaquant au sol

— Son épaule ! je laisse échapper, effrayé.

Par chance, le bobrun est tombé sur le ventre et les deux joueurs ne l’ont pas touché là où la douleur de l’ancienne blessure pourrait le faire souffrir jusqu’à l’obliger d’abandonner le match, où même jusqu’à lui provoquer des séquelles. Je suis soulagé de le voir se relever presque instantanément, remonter le short qui avait légèrement glissé le long de ses hanches du fait de la vitesse de son vol planée combinée avec la brutalité de l’atterrissage.

Une seconde plus tard, malgré le regard noir de déception et de colère pour avoir foiré son essai, le bogoss arbore à nouveau son attitude fière et puissante, torse droit, dos légèrement vers l’arrière, mains sur les hanches, épaules bien déployées, pecs saillants.

Le bogoss passe une main dans les cheveux pour les coiffer en arrière, geste inconscient de petit con au naturel, geste très sexy au demeurant.

— Naaaaan, mais t’as vu comment il est beau, comment il est fier et sexy dans son maillot ? Comment il est à fond dans le jeu, t’as vu cet air de tueur viril ?

— Je comprends et compatis, mon cousin !

— Tu comprends quoi ?

— Je comprends pourquoi tu l’as autant dans la peau. Mais moi je craque pour un autre beau joueur de son équipe…

  • Lequel ?
  • Le numéro 9…
  • Ah, madame a bon goût. Elle apprécie le Thibault a dos large…
  • Le quoi ?
  • Je me comprends…

NOM DE LA RACE

Thibault à dos large

STANDARD DE LA RACE

De taille un peu plus petite que le Jérém à poil court, spécimen à l’allure charpentée et robuste, également à poil court, mais plutôt châtain. Le cou, les épaules et le torse tout entier forment un ensemble à la fois très musclé et très harmonieux. Les reins et l’arrière-train sont puissants, avec des aplombs bien posés, lui permettant une très bonne stabilité en mêlée.

La queue, bah, là alors, mystère.

Là aussi, un très bel animal à la musculature puissante, avec un physique développé pour et par la chasse au ballon ovale.

ATTITUDES

Intelligent et futé, réputé pour son sens de l’observation, pour sa tactique, il est bon coordinateur, facilitateur, meneur de jeu.

Le ballon est à présent lové dans les bras puissants du petit format bien proportionné, le numéro 10, Julien, qui court à toute allure vers la ligne de but. Aucun joueur en rouge n’arrive à stopper la puissance de son avancée. Le public est en effervescence face à cet exploit qui se dessine instant après instant et qui pourrait donner un bel avantage à l’équipe de Jérém.

Une poignée de secondes plus tard, le très charmant demi d’ouverture réussit ce que mon bobrun a raté quelques minutes plus tôt, balancer 5 points à la figure de Colomiers. La transformation est ratée, mais l’avantage est bel et bien là.

Toulouse 5 Colomiers 0

Ça démarre fort pour les toulousains, mais Colomiers égalise les scores une poignée de minutes plus tard en marquant un joli essai. Avant de prendre l’avantage avec une transformation réussie.

Toulouse 5 Colomiers 7

Je regarde mon Jérém, il fait la grimace. Je regarde Thibault, il regarde Jérém, il s’approche de lui, porte sa main à son biceps et le serre, c’est furtif, mais intense. Jérém tourne la tête, leurs regards se croisent, Thibault lui dit quelque chose, et le visage de Jérém s’illumine d’un sourire amusé. Je donnerais une fortune pour savoir ce qu’il lui a dit pour le faire changer d’expression si soudainement. C’est dingue l’ascendant de Thibault sur mon bobrun.

Le jeu reprend, mais une poignée de minutes plus tard, un joueur en rouge marque un drop sur un coup de pied tombé.

Toulouse 5 Colomiers 10

La, clairement, mon beau brun fait la gueule. A ce stade, je doute que même Thibault parvienne à apaiser sa mauvaise humeur grandissante.

Les minutes défilent, la fin de la première mi-temps approche. Les joueurs des deux équipes s’agglutinent dans une mêlée spontanée qui semble inextricable, le ballon disparaît et réapparait au gré des mouvements de cette forêt mobile de jambes musclées, ça tourne, ça tourne, ça tourne.

Pendant ce temps, mon bobrun observe intensément l’action depuis la ligne de touche.

J’ai l’impression que cette mêlée ne va jamais s’arrêter, que le ballon ne va jamais en sortir. Pourtant, à un moment, le ballon réapparait. Et c’est dans les bras de mon bobrun qu’il atterrit !

Allez Jérém !

Le bogoss n’a pas attendu mon encouragement pour s’élancer à toute vitesse le long de la ligne de touche, les joueurs en rouge à ses trousses. Un flanqueur tente de le plaquer. Jérém ne se laisse pas intercepter, mais il trébuche. Le ballon lui échappe des mains, il rebondit au sol. Il le rattrape, il continue sa folle course vers la ligne de but. Un autre columérin fonce sur lui et le fait trébucher à nouveau, son corps s’en trouve déséquilibré. Je le vois déjà tomber à l’avant et rater à nouveau son essai. Mais non, le bobrun a de la ressource dans ses cuisses musclées, il se rattrape de justesse, il continue son avancée. Un troisième défenseur surgit de nulle part, Jérém le percute à toute allure sans ciller, le défenseur tombe sur le dos. Jérém manque de le piétiner ou de se prendre les pieds dedans, mais il arrive à l’enjamber sans dégâts. A l’approche de la ligne de but, un dernier joueur en rouge s’approche dangereusement de lui. Et là, tentant le tout pour tout, le bobrun je jette volontairement en avant et finit ventre au sol, les bras tendus sur la ligne blanche. Le but est marqué.

Le bobrun tente la transformation, le coup de pied est puissant, mais il rate la cible et l’avantage qu’elle aurait pu amener.

Toulouse 10 Colomiers 10

Malgré ce raté, Jérém semble tout à coup un peu plus détendu.

Sur un nouvel essai, marqué par le deuxième ailier toulousain, la première mi-temps se termine avec un bel avantage des toulousains.

Toulouse 15 Colomiers 10

Jérém tout à coup radieux, en mode déconne avec ses coéquipiers, j’aime voir ça.

Pendant la mi-temps, Elodie vient me voir.

— Eh, ben, il fait pas dans la dentelle ton jeune lion !

— Il est incroyable, juste incroyable !

— Bah, oui, s’il est aussi fringuant au pieu qu’il l’est sur le terrain, je te comprends, mon cousin, je te comprends, je te jalouse, et je te déteste.

Deuxième mi-temps

A la reprise, Jérém affiche un air triomphant qui le rend sexy en diable. Mais très vite, Colomiers marque le deuxième drop du match.

Toulouse 15 Colomiers 13

Je regarde Jérém, son air triomphant a perdu de sa superbe. L’avantage s’amenuise. Et ça ne va pas s’arranger lorsque, au milieu de la deuxième mi-temps, les columérins marquent un nouvel essai. Et malgré la transformation rate, les toulousains perdent l’avantage.

La deuxième mi-temps est dominée par les mecs en rouge. Tandis que Jérém et ses potes font de plus en plus la gueule.

Du moins jusqu’à ce que Jérém parvienne à réaliser un magnifique touché à terre au beau milieu des poteaux,

Les joueurs en vert et blanc viennent rapidement féliciter leur capitaine, et l’encourager pour la transformation à venir, transformation nécessaire, transformation dont la réussite ou l’échec fera la réussite ou l’échec de tout un match, de tout un tournoi.

La tension est à son comble. Le ballon posé au sol, mon bobrun recule de plusieurs mètres, il fixe alternativement le ballon et les poteaux. Ses mains se posent une fois de plus sur les hanches, les épaules bien ouvertes, la tête haute, le regard concentré, fixe, intense.

Il y a une telle tension, un mélange explosif de puissance, de détermination et d’élégance dans son attitude, ça me donne le tournis. Dans cette transformation, Jérém porte une immense responsabilité. Celle de la victoire ou de la défaite.

Je sens qu’il se prépare à y aller, je prie pour que ça réussisse, j’ai le cœur qui bat à dix mille à l’heure, j’ai presque envie de fermer les yeux et d’attendre que ça passe, ou même de partir, j’en tremble.

Et là une main se pose sur la mienne.

— T’inquiète, il va le faire.

J’adore ma cousine.

Les jambes légèrement écartées, les muscles sous très haute tension, son corps est désormais orienté de façon que son épaule est dirigée vers le ballon, ballon qu’il fixe avec un regard en biais. Le bogoss transpire. Je le vois souffler un bon coup, comme pour tenter de chasser la tension qui tétanise ses muscles.

Je tente d’imaginer sa solitude à ce moment, son stress à l’idée de porter sur ses épaules le fin mot de ce match et de ce tournoi. Tiens bon, mon beau Jérém !

Le bobrun pousse un souffle puissant, comme un petit taureau poussé dans ses derniers retranchements. Il fronce les sourcils, il fixe le ballon d’un regard de tueur. Et lorsqu’il lève à nouveau les yeux vers les poteaux, c’est un mélange d’inquiétude et de défi que je vois dans son regard.

On entend monter du public des encouragements nombreux.

— Jérémie, vas-y !

— Allez, Jérémie !

— Jeje, tu peux le faire !

— Tu dois le faire, allez, Jérém !

— Tu es le meilleur !

— Vas-y, bogoss !

Je cherche en vain la pouffe qui l’a traité de bogoss. Mais le bogoss est tellement concentré qu’il n’entend rien de ce qui se passe autour de lui.

Les secondes s’égrènent comme au ralenti, tout l’effort d’une équipe pendant une longue saison tient à cet instant magique, magique comme le temps qui semble suspendu autour de garçon de 19 ans à qui incombe cette lourde responsabilité. Et cette tension, cette force, cette énergie qui semble se dégager de son corps tendu comme une corde de violon, donne à son charme une charge supplémentaire et presque insoutenable.

Je le regarde pencher légèrement le dos, les mains posées sur les cuisses. Il va y aller.

Lorsqu’il tape dedans, le ballon s’élevé très haut dans le ciel. J’arrête de respirer, mon cœur cesse de battre, j’ai l’impression que tout bruit a cessé dans le stade, que le temps s’est carrément arrête.

Et lorsque le ballon redescend, il fend l’air pile entre les deux poteaux.

Toulouse 22 Colomiers 21

Troisième mi-temps

Le sifflement de l’arbitre, suivi par un grand bruit de liesse venant des spectateurs, marque la fin de la rencontre. Tant côté maison que côté adversaires, on ovationne cette transformation spectaculaire qui force le respect et l’admiration.

Si on ne sait pas à quoi ça ressemble un mec de 19 ans rayonnant, débordant de joie, il fallait voir mon Jérém à cet instant précis, le voir lever les bras et le visage vers le ciel, heureux comme un gosse, tellement heureux d’avoir réussi. Il a l’air si ému, comme s’il se retenait de justesse, et par pudeur, de laisser couler ses larmes.

Côté toulousains, les joueurs se serrent dans les bras à tour de rôle, se félicitent, partagent leur joie.

Jérém, l’auteur des derniers points qui ont fait basculer l’issue du match, est acclamé.

Thibault, l’initiateur de l’action qui a mené à la victoire, est félicité à son tour.

Les deux potes sont entourés par l’affection et les effusions de leurs coéquipiers.

C’est vraiment un beau et touchant spectacle.

Et c’est beau aussi de voir les joueurs en rouge venir à leur tour saluer les deux potes, leur serrer la main l’un après l’autre, rendre hommage à leurs vaillants adversaires.

Mais la plus touchante des étreintes est bien évidemment celle entre Jérém et Thibault, étreinte tout aussi chaleureuse et enjouée d’un côté que de l’autre. Car les deux potes savent plus que quiconque que, sans l’autre, cette victoire n’aurait pas été possible. L’étreinte est longue, à la fois virile et touchante, c’en est à un point émouvant que j’en ai les larmes aux yeux.

Lorsque les deux torses se séparent enfin, les mains de Jérém se portent de part et d’autre du visage de Thibault. L’un fixe l’autre dans les yeux avec une intensité brûlante. Leurs fronts sont si proches que j’ai presque l’impression qu’ils vont se rouler une pelle.

Puis, Thibault se penche sur l’oreille de mon bobrun. Une nouvelle fois, et plus que jamais, je donnerais une fortune, y compris ma collection de cd de Madonna présents et à venir, pour savoir quels mots il lui a chuchotés à l’oreille. Certainement le genre de mots dont ce mec a le secret, des mots justes qui réchauffent l’esprit.

Des mots qui ont dû être toucher une sacrée corde sensible dans l’esprit de mon bobrun. Jérém est clairement submergé par un trop plein d’émotions. Je suis loin, mais je suis prêt à parier que des larmes commencent à couler sur son visage.

Je ne peux pas exprimer ce que ça me fait de voir ce petit mec en larmes. C’est mignon et touchant à en pleurer. Un frisson se propage dans tout mon être, jusqu’à déborder dans mes yeux. L’émotion sur le terrain est très forte. Mais la voir prendre forme dans les larmes inattendues d’un petit con comme Jérém, ça me fait craquer.

Cette image si inattendue, celle d’un p’tit mec a priori « solide » comme mon Jérém fondant en larmes, porte en elle quelque chose de profondément bouleversant. Car elle devient à mes yeux une sorte de pass furtif et éphémère me permettant d’approcher sa fragilité profonde, me laissant entrevoir son humanité, une humanité mise à nu, frappante de vérité.

Passé le premier instant de stupeur, je me sens irrépressiblement assailli par eu une furieuse envie de le rejoindre en courant, de le serrer très fort dans mes bras. J’ai envie d’être là pour lui, de le laisser pleurer sur mon épaule, tout en lui disant ce qu’il vient de faire est juste magique, et qu’il n’a pas de raison de pleurer.

Pourtant, je sais bien que ces larmes ont besoin de sortir. Car ce sont des larmes à la fois de bonheur et de délivrance, traduisant sa joie immense, ainsi que le relâchement d’une très grande tension qui plombait son esprit depuis une longue et difficile semaine.

Bien évidemment, je n’ai ni le courage, ni l’occasion de l’approcher. Une foule assez dense, et surtout la pudeur, nous séparent irrémédiablement. Alors, ce sont les bras puissants de Thibault qui se chargent de tenter de te rassurer. Ces bras qui, j’en suis sûr, ont l’habitude de rassurer Jérém.

Thibault prend une nouvelle fois son pote dans ses bras. D’autres joueurs viennent s’ajouter à l’étreinte, et bientôt c’est carrément une mêlée de câlins qui s’agglutine autour des deux champions.

Quelques secondes plus tard, le jeune ailier se retrouve à presque deux mètres du sol, porté à bout de bras par ses coéquipiers.

Lorsqu’enfin ses pieds touchent à nouveau le sol, c’est le public qui vient lui rendre hommage. Et là, alors qu’une petite foule s’amasse autour de lui, ses doigts attrapent le bas du maillot, le soulèvent, découvrant au passage ses abdos dessinés. Le cou se plie, le visage approche du coton, son front, ses joues ont besoin d’être essuyées de la transpiration ruisselante, certes, mais ses yeux, j’en suis désormais certain, ont eux aussi besoin d’être essuyés.

Une fois l’émotion évacuée, c’est tellement beau de le voir avec la banane jusqu’aux oreilles, ne tenant plus en place, le voir sautiller avec ses potes. Jérém est heureux d’avoir réussi, avec ses potes, pour ses potes. Il est excité, galvanisé, et lorsqu’il lève un nouvelle fois le visage vers le ciel en fermant les yeux, il est vraiment à craquer.

Aujourd’hui, en assistant à ce match de rugby, j’ai senti pour la première fois la profonde et intense beauté dégagée par l’incroyable aventure humaine, bien avant que sportive, qu’est un sport d’équipe.

Les joueurs en blanc et vert prennent la pose devant les poteaux. Un journaliste de la Dépêche du Midi souhaite les prendre en photo. Lorsque les rangs se rompent, le journaliste s’approche de mon beau brun, le prend en photo tout seul et lui tend ce qui ressemble à un dictaphone.

Mon Jérém n’a pas du tout l’air à l’aise avec ce style d’exercice, l’interview ne dure pas longtemps. Une minute plus tard, je le vois traverser le terrain, enlever son maillot d’un geste rapide, et dévoiler ainsi son torse brillant de transpiration. Le maillot coincé vite fait dans son short, pendouillant le long sa jambe, le bogoss se dirige vers la buvette où les joueurs des deux équipes partagent une bière avec les supporters.

Je ne peux quitter mon bobrun des yeux. Ainsi, fatalement, nos regards finissent par se croiser à un moment. Et là, je le vois me balancer un petit sourire magnifique et des plus charmeurs. Un sourire si beau, comme un ciel bleu dégagé de tout nuage, un sourire que je voudrais voir tous les jours sur son visage.

C’est comme si toutes ses tensions s’étaient dissipées, comme si ses démons avaient été éloignés, grâce à l’effet galvanisant de la victoire, victoire capable de dégager des endorphines, régulateurs d’humeur naturels, comme un bel orgasme.

— Hey, cousin, t’as vu ce sourire qu’il t’a balancé, le bobrun ?

— J’ai vu, j’ai vu…

— Il ne te reste qu’une chose à faire…

— Aller le féliciter, je demande, face à l’évidence.

— Ah, enfin, ça commence à rentrer, merci la cousine ! elle se moque.

— En plus, il est de bon poil, elle enchaîne, il a la banane jusqu’aux oreilles, alors, attaque !

  • Facile à dire…
  • Tu fais comme tu le sens. Moi je vais y aller, j’attends de tes nouvelles, mon cousin !

Sur ce, Elodie s’éloigne avec un grand sourire et en tirant la langue. Je me force à aller de suite à la rencontre du bobrun, avant que l’énergie positive insufflée par ma cousine ne me quitte. Sans pour autant vraiment savoir comment je vais pouvoir l’approcher, accaparé comme il l’est par ses potes, la peur au ventre qu’il prenne ma présence comme une « menace » que sa double vie puisse être ébruitée.

Mais avant que je puisse atteindre on but, je suis intercepté par Thibault, sortant tout droit des vestiaires, tout beau, tout propre.

— Salut, je lance timidement au beau pompier.

— Hey, toi, salut ! il s’exclame, avant de se lancer dans une bise aussi naturelle pour lui que difficile à assumer pour moi, vu la dispute de la veille avec le bobrun, et sa sommation de ne plus « faire chier Thibault avec mes conneries ».

Avec la chance que j’ai, mon bobrun doit me regarder faire depuis la buvette. Pourtant, je n’ai pas le choix, je ne peux pas repousser son geste amical. Alors, je me laisse faire et je seconde son geste. Opération délicate, compte tenu du fait que le beau pompier sort tout juste de la douche, que son corps musclé est moulé dans un short beige et un marcel noir, un marcel d’où ses épaules nues dégagent une sensualité torride. Opération risquée, vu que de sa peau, encore bien chaude sous l’effet de l’effort et de l’eau chaude, émane une fraîche odeur de bon, de propre, de doux, de simplement masculin.

— Ca va Nico ?

— Très bien, très bien, je suis heureux de cette victoire, vous avez vraiment très bien joué !

Thibault sourit, un sourire lumineux et sympathique qui mettrait à l’aise n’importe qui.

— Viens, je t’offre une bière, il me lance.

Je tourne légèrement le regard vers la buvette et je me rends compte que le bobrun regarde effectivement dans notre direction. La proposition de Thibault me tente bien. Et puis, devant tant de gentillesse, de générosité et de grandeur d’esprit, ce serait délictuel de refuser.

C’est ainsi que Thibault m’entraîne vers la buvette. Le beau pompier commande deux bières, il m’en tend une, il tape sa bouteille contre la mienne pour trinquer, tout en me regardant bien droit dans les yeux, et me balance un clin d’œil qui ferait fondre les neiges et les glaces le Pic du Midi en plein mois de janvier.

Nous échangeons quelques mots, avant qu’un gars ne vienne chercher le jeune pompier. Thibault s’excuse, je le mets à l’aise. Un instant plus tard, je le regarde se mêler aux supporters et aux joueurs.

Du coup, je me retrouve seul comme un con au milieu de mecs hétéro, bien souvent plutôt charmants, soit, mais que je ne connais pas et avec lesquels je n’ai rien en commun. Des mecs qui ne vont pas venir me parler et à qui je ne vais pas oser parler. Bien sûr, l’ambiance à la fête pourrait faciliter le contact, mais ma timidité maladive scelle mon isolement.

La seule chose à faire, est de mater Jérém, beau comme un dieu, toujours torse nu et une bière à la main, le regarder en train de rigoler avec ses potes. De toute façon, entouré comme il l’est, entouré comme une petite star, je ne vais jamais oser l’approcher.

L’approcher pour quoi, à la fin, pour me faire regarder de travers parce qu’il m’a vu parler avec Thibault ? Parce que je suis là et que ma présence pourrait le mettre mal à l’aise par rapport à ses potes ?

Il est tellement pris dans la conversation qu’il ne doit même pas se rendre compte que l’heure tourne. Et alors que ses coéquipiers sortent déjà douchés et changés et prêts à partir, Jérém est encore en tenue de match.

Je me délecte de pouvoir croiser des jeunes sportifs tout juste sortis du vestiaire, traînant autour d’eux une fragrance intense de gel douche et de shampoing, les cheveux encore humides, les brushings approximatifs, habillés de tenues toutes plus sexy les unes que les autres, jeans chemise pour la plupart, tous tenant à la main ces sacs de sport, véritables objets de fantasme.

Habillé de son marcel noir affolant, donnant toute liberté à l’expression de la rondeur de ses biceps, ne laissant rien à deviner sur la puissance de son torse, Thibault approche de Jérém. Putain, quel tableau !

L’un classe, tout propre, sentant bon un deo de mec. L’autre, toujours sapé en sportif, sentant tout aussi bon, mais dans une gamme olfactive bien différente, celle des odeurs d’homme après un gros effort.

Le vent s’est remis à souffler et Jérém finit par remettre son maillot. Les derniers supporters commencent à partir. Le bruit des conversations s’étant réduit, je peux entendre Thibault s’adresser à son Jéjé :

— On est tous prêts. Grouille-toi, on file au barbec’ chez le coach !

— Partez devant, je vous rejoins après, j’entends Jérém lui répondre.

— Grouille ! lui répète le beau mécano en se dirigeant avec d’autres coéquipiers vers le parking. Beau mécano qui n’oublie pas de me lancer un charmant sourire en guise d’au revoir.

Jérém discute toujours avec deux gars, une conversation sui semble intarissable

Soudain, seul comme un con avec ma bière, dans un terrain presque désert, je me sens à découvert, presque nu. Je sais que je n’ai rien à attendre de plus de cet après-midi. Jérém est attendu, et je me doute bien que l’appel d’une soirée entre potes après une victoire de finale risque fort de l’emporter sur l’appel de la queue. Oui, je doute fort que dans l’état d’euphorie dans lequel il est à ce moment-là, il ait la tête à un deuxième épisode de baise dans les vestiaires.

La dernière gorgée de ma bière avalée, je pose mon verre sur le rebord et je me dirige vers la sortie du terrain. Inutile d’attendre plus longuement, je n’aurai pas l’occasion de le féliciter pour son exploit, de lui dire à quel point je l’ai trouvé touchant dans le jeu, à quel point ses larmes m’ont touché. Alors, je sens la tristesse et la frustration s’emparer de mon cœur.

Je suis venu au stade pour lui montrer que je m’intéresse à ce qu’il fait et parce que je sais, car il me l’a dit, à quel point ce sport compte pour lui. Je suis venu pour m’assurer que son équipe gagne, car j’aurais été trop inquiet à attendre chez moi le résultat du match.

Non, à la base je ne suis pas venu pour un gros câlin dans les vestiaires. Pourtant, il faut bien admettre que l’ambiance chargée de testostérone du match et de l’après match, ainsi que la vue de mon bobrun torse nu, a fini par me donner de sacrées envies.

Je crève d’envie de mélanger mon corps au sien et de lui offrir un plaisir géant. De l’offrir à mon Jérém, mon Jérém à moi, le mec le plus sexy de la planète, de l’offrir au mec héro de ce match si important, de l’offrir au mec que j’ai vu pour la première fois ému aux larmes.

Mais, à l’évidence, ce ne sera pas pour aujourd’hui. Je m’achemine vers la sortie du stade, déçu de n’avoir pu échanger ne serait-ce qu’un mot avec mon bobrun depuis mon arrivée à la buvette.

Une fois dans la rue, la tristesse m’envahit, pas après pas.

Et puis, en traversant un boulevard, mon portable émet un petit son aigu. Un message vient d’arriver. Et c’est le genre de message qui contient à mes yeux plus de poésie que l’intégrale de Baudelaire.

— vestiaire mtn.

COMMENTAIRES.

Merci FanB, gripsou, Bab, Olivier, Pascal, many_nation, yann, cyril, Rodrigue (à qui je dois l’idée ce cet épisode autour de la finale) pour leur participation, de par leurs commentaires et leurs suggestions, à la trame et au développement de cet épisode.

Merci à tous ceux qui ont participé à la soirée chat du 6 décembre dernier, ils s’y reconnaitront.

Merci à tous les bogoss croisée un jour, dont le sourire, les larmes, la simple existence, m’a inspiré pour donner du réalisme à mes personnages et à mes situations.

Cet épisode est vraiment un beau travail d’équipe.

Depuis 2010, la Queer Palm est un prix alternatif qui, au cours du Festival de Cannes, récompense un film aux thématiques LGBTQIA+.
Deux films sont à retenir dans la sélection 2025.

En 2024, le jury, avait remis son prix au film roumain Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emanuel Pârvu.

Retrouve dans la galerie médias des coups de cœur pour des photos, des films et séries, des livres et bientôt de la musique.

Un film poignant. Avec un jeune acteur à la beauté bouleversante. Film complet sur Dailymotion en cliquant sur la photo.

Une histoire d’amitié authentique et poignante.

Deux acteurs incandescents.

La découverte de l’amour, du premier amour, le plus fort de tous.

Un autre film qui m’a beaucoup ému

Tu peux aider Fabien à écrire ses histoires !

Deux méthodes possibles :

OU

Merci FanB pour tes corrections et ton aide précieuse.

Merci Yann pour les graphismes du site et ton soutien.

Merci aux mécènes de tout temps, et en particulier à Cyril et Virginie, dont le soutien perdure depuis 2016.

Merci à vous tous pour votre fidélité et vos commentaires.

L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *