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LT0116 Le livre de Thibault – Une finale en costard et un nouveau départ.

Avertissement.

Faute de temps pour réécrire les passages, cet épisode de l’histoire de Thibault est racontée du point de vue de Nico (extraits des épisodes originaux de Jérém&Nico).

Seuls certains passages entre parenthèses carrées donnent les sentiments de Thibault.

Juin 2003.

Depuis que sa récupération est enfin sur de bons rails, depuis que son attitude laisse deviner qu’il recommence à croire en la perspective de retrouver son niveau sportif d’avant, Jérémie s’intéresse à nouveau au rugby. Il regarde les matches du Stade à la télé, je les regarde avec lui. Il est heureux de voir son équipe gagner et se qualifier, mais il bout à l’intérieur de ne pas pouvoir apporter sa contribution à cette belle épopée sportive. Il regarde aussi les matches de l’autre Stade. Et il est tout aussi heureux de voir l’équipe de Thibault faire un très beau parcours et se qualifier également.

Cette saison, les deux Stades du Top 16 ne sont jamais dans la même poule, ni dans la phase de classement, ni dans celle de qualification. Ce qui fait que leurs chemins ne se croiseront que dans la grande finale du Top16.

Le match le plus attendu de la saison se déroule au Stade de France.

Putain, le Stade de France, en plus ! Le Stade de France ! s’emporte Jérém, l’air à la fois emballé, excité, impressionné et terriblement frustré.

Je sais qu’une telle finale, Stade Français contre Stade Toulousain, ça le fait rêver, ça le fait bander même. Car c’est une finale qui lui aurait enfin permis de jouer un match de championnat, le plus prestigieux de tous, qui plus est, face à son ami d’enfance, dans ce lieu démesuré. Alors, la perspective de ne pas pouvoir être présent sur le terrain, de rater ce grand moment sportif, lui plombe sacrément le moral.

Samedi 07 juin 2003, Stade de France.

Le match doit démarrer à 14 heures. Mais une bonne heure avant le coup de sifflet, l’immense enceinte commence à être bien remplie et à devenir bruyante, démonstrative, vivante, vibrante, impressionnante.

Jérém a été invité à suivre le match, et il a été installé sur le banc de touche pour être au plus près de l’action. Curieux paradoxe que ce placement qui le met au plus près de cette action, tout en lui rappelant sans cesse à quel point il en est loin.

Quant à moi, Ulysse a pu me trouver une place en Tribune Bas Ouest.

Quelques minutes avant le début du match, les écrans géants du stade affichent mon Jérém en gros plan. Qu’est-ce qu’il est beau en costume, chemise blanche et cravate ! Il est à la fois très élégant, mais aussi terriblement sexy dans son style particulier, un style qui consiste à porter la chemise ouverte de deux boutons en haut, la cravate lâche, une dégaine qui rappelle des ambiances relâchées de fin de soirée arrosée. Si je m’écoutais, j’irais le sucer sur le champ.

En même temps, les béquilles posées à ses côtés me font mal au cœur. Et la vulnérabilité qui se dégage de cette image, d’un joueur mis sur le banc de touche par une sale blessure, un joueur au moral cassé, le rend à mes yeux terriblement touchant. Si je m’écoutais, j’irais le prendre dans mes bras sur le champ.

Le commentateur parle de Jérémie et de son accident, « nous lui souhaitons de retrouver le chemin du terrain de jeu pour bientôt ».

Cet après-midi, la pelouse du Stade de France reçoit la fine fleur du rugby français. Deux Titans du championnat s’affrontent. Le choc est brutal. Le match est serré. Je n’ai que rarement vu Thibault jouer, mais je le trouve très tactique, fin stratège, il semble toujours avoir au moins deux coups d’avance sur tout le monde. Thibault est un facilitateur d’actions, on dirait que le jeu des Toulousains gravite autour de lui. Son jeu est à son image, adroit, futé et respectueux.

Je peux juste imaginer ce que Jérém ressent pendant ce match, lorsque les points sont marqués par son équipe ou par celle de Thibault. Il doit se sentir terriblement frustré. Vers la fin de la première mi-temps, la caméra refait un plan sur Jérém et sur ses béquilles. Jérém les tient désormais dans ses mains, comme s’il était à deux doigts de se lever et partir. Il a l’air dépité, dégoûté.

Le beau brun finit par lever le regard et il se voit sur les écrans. L’image qu’il voit de lui ne doit pas lui plaire. Avec un geste un brin agacé, il repose les béquilles à côté de lui.

Les actions se suivent, les points s’enchaînent. Les deux forces en présence sur le terrain sont toutes deux aussi remarquables. Mais il ne faut qu’un seul gagnant.

Au coup de sifflet final, le score affiché est de 32-18 en faveur du Stade Français. L’équipe de Jérém a gagné et la caméra fait un long plan sur Ulysse et sa belle crinière blonde, sur son visage en nage mais heureux, elle le montre en train d’échanger des accolades à répétition avec ses coéquipiers, mais aussi avec ses adversaires.

La caméra montre ensuite d’autres joueurs. Mais elle revient vite sur Ulysse. Et l’image qu’elle va montrer, me remue les tripes et m’arrache les larmes. Le beau blond au maillot bleu traversé par deux éclairs rouges a filé droit vers Jérém, et il est en train de le serrer très fort dans ses bras. Jérém est en larmes et son coéquipier lui caresse les cheveux, il pose des bisous sur son front. Un instant plus tard, un autre joueur, avec un maillot aux couleurs rouge et noir, s’incruste dans l’image. Thibault est là, et Ulysse lui cède sa place sur le champ. L’accolade entre les deux potes d’enfance est tout aussi émouvante, et elle dure longtemps, alors que le commentateur parle des deux champions toulousains, dont l’un très malchanceux, lui souhaitant une nouvelle fois un prompt rétablissement.

Je réalise que le stade est en train de scander « Tommasi ! Tommasi ! Tommasi ! ». Le stade ovationne mon beau brun et lui tire d’autres larmes. Non, Jérém n’a pas joué aujourd’hui. Mais il s’est quand même payé une sacrée démonstration d’affection, d’amitié, d’amour.

Quelques minutes plus tard, les joueurs parisiens soulèvent le bouclier de Brennus. Ulysse est tout proche de Jérém et le soutient lorsqu’il est obligé d’abandonner ses béquilles pour soulever le trophée que ses coéquipiers veulent à tout prix partager avec lui. L’image est belle, et terriblement émouvante.

Les joueurs de l’équipe gagnante quittent enfin le terrain. Jérém avance à son rythme, qui est celui de ses bras et de ses béquilles. Il est escorté par l’adorable Ulysse. Maxime et son père se dirigent vers lui. Maxime le prend dans ses bras en premier. Et son père, en fait de même dans la foulée.

La suite de cette journée si riche en émotions est un grand dîner dans un restaurant parisien. Autour de la table, en plus de Jérém, Papa et moi, Ulysse et Thibault qui ont pu s’échapper pendant une partie de la soirée aux programmes mondains de leurs équipes respectives, Maxime et son père, mais aussi Thierry et Thomas, qui ont eux aussi fait le déplacement pour la finale.

Jérém est comme ivre de toute cette avalanche d’affection qu’il a reçue en une seule journée.

La conversation tourne longuement autour de la finale. Thibault et Ulysse détaillent les actions, échangent leurs ressentis, ils les comparent aux impressions des quelques spectateurs présents à ce dîner. Non seulement les deux demi de mêlée affichent une belle complicité, mais aussi un humour des plus vifs et joyeux. Thibault ne semble en rien affecté par la défaite de son équipe. C’est un garçon intelligent, et il sait que le Stade toulousain n’a pas démérité aujourd’hui. C’est aussi un vrai sportif, qui sait que l’important dans le jeu, c’est le jeu, pas la victoire.

Jérém les écoute, mais je vois bien qu’il se tient en retrait. Je sais à quoi il pense, et je sais que malgré toute l’affection qu’on lui a témoignée, cette finale vécue en costard cravate demeure une plaie béante pour lui.

J’aurais tellement aimé être sur le terrain, cet après-midi ! il finit par lâcher.

On se retrouvera l’année prochaine, en finale, et on vous mettra une sacrée raclée, fait Thibault, en provoquant Jérém et Ulysse.

Le jour où vous allez jouer l’un contre l’autre, nous autres on ne va pas savoir pour quel stade courir ! plaisante Thierry.

N’importe quoi ! On est Toulousains, et le cœur d’un Toulousain ne peut battre que pour l’équipe de sa ville natale… il n’y a qu’un seul Stade, enfin !

C’est vrai, il n’y a qu’un Stade, celui de la capitale ! fanfaronne le beau blond. Et personne ne peut gagner contre le seul et l’unique !

T’as qu’à croire ! le mouche Thibault.

On a gagné cette année alors que Jérém a raté une bonne partie de la saison… alors, l’année prochaine, quand il sera de retour, je vous raconte pas les dégâts !

J’espère seulement pouvoir revenir !

Moi je ne l’espère pas, moi j’y compte. Je courais beaucoup moins quand tu étais sur le terrain ! lance Ulysse.

Moi aussi j’y compte, ajoute Thibault. C’est moins marrant de jouer en pensant que toi tu te fais chier en rééducation.

Il est près de minuit lorsque cette belle soirée prend fin, lorsque ce beau comité se sépare. Thibault et Ulysse sont appelés par leurs troisièmes mi-temps respectives. Mr Tommasi accuse le coup du voyage en voiture après un départ au petit matin depuis Toulouse. Maxime doit retrouver sa copine chez une amie à elle. Thierry et Thomas semblent quant à eux bien décidés à profiter de tout ce que peut leur apporter la nuit parisienne.

Jérém et moi rentrons à l’appart. Nous sommes en train de nous câliner lorsque la sonnette déchire le silence nocturne. Jérém referme sa braguette, il reprend ses béquilles et se dirige vers l’entrée.

Je n’avais pas envie de faire la fête avec l’équipe. J’avais envie de passer un peu plus de temps avec vous deux, nous explique l’adorable Thibault.

Jérém a l’air content que son pote soit là. Je suis content aussi, car je sais à quel point la présence de Thibault peut faire du bien à mon beau brun.

Autour d’une bière, la conversation entre Thibault et Jérém tourne autour de la pression psychologique dans le rugby professionnel, une pression pour la performance qui a été amenée par la professionnalisation.

L’argent est partout, et il prend beaucoup trop de place, commente Thibault. Le besoin de gagner à tout prix fait perdre le plaisir simple du jeu, et provoque un jeu plus violent, plus dangereux. Il est important que les joueurs en prennent conscience, et que le respect de l’intégrité physique de tout le monde, y compris les adversaires, soit la priorité absolue.

Jérém a l’air vraiment touché par la présence et l’affection de son pote. Je suis soulagé qu’il ait bien pris ce qui s’est passé entre Thibault et moi en début d’année. Le beau pompier aussi avait été soulagé quand je lui avais dit que j’avais tout raconté à Jérém et qu’il ne s’en était pas offusqué.

Cette nuit, c’est Thibault qui prend les choses en main. C’est lui qui embrasse Jérém en premier, qui le caresse, le déshabille. C’est lui qui glisse sa main dans son boxer, qui le branle doucement.

Cette nuit, Jérém laisse Thibault venir en lui. C’est la première fois que je vois Jérém s’offrir à un autre gars que moi. C’est tellement beau de voir Jérém pénétré par la virilité de Thibault. C’est tellement beau de voir deux si beaux garçons se faire du bien, s’offrir mutuellement du plaisir !

En m’approchant de près de ce magnifique spectacle, avec mes yeux, mes mains, mes caresses, mes lèvres, mes baisers, ma langue, mon désir, je suis enivré par les tièdes effluves virils, par le bonheur sensuel qui se dégagent de cette étreinte entre ces deux splendides Dieux Mâles.

Cette nuit, chacun de nous s’offre aux autres, chacun de nous possède l’autre à tour de rôle. Nous empruntons des chemins de plaisir encore jamais sillonnés, nous explorons de nouvelles voies de sensualité. Il n’y aucune réticence, aucune jalousie, aucune possessivité, juste l’envie d’être bien entre potes, une communion d’Etres qui s’aiment de la façon la plus pure et plus belle qui soit, celle qui consiste à être comblé en faisant du bien à l’autre.

Et lorsque je me retrouve allongé sur le lit, entre les deux mâles repus, assommés de plaisir, je sens qu’une immense tendresse perdure entre nous, une tendresse qui se manifeste avec des câlins, des caresses, des baisers, des petites conversations légères, une belle complicité, des confidences, des rires.

Samedi 15 mai 2004.

Le match se joue au Stade Ernest Wallon, le haut lieu du rugby toulousain. C’est un retour aux sources pour mon beau brun, un retour dans sa ville natale, comme un retour d’exil, dans le stade de l’équipe dont il rêvait de faire partie mais qui n’a pas voulu de lui.

Evidemment, j’ai fait le déplacement, je ne pouvais pour rien au monde rater un match où Jérém et Thibault s’affrontent. Je sais que Jérém tient à ma présence dans les gradins. D’ailleurs, il a réussi à m’obtenir un placement au bord du terrain juste à côté de l’entrée des équipes.

Ce samedi sur la pelouse du stade des Sept Deniers, c’est le choc des Titans. Deux équipes, probablement les plus fortes du Top16 s’affrontent, à un pas des demi-finales. Des joueurs, et parmi eux des fleurons du rugby français, vont se mesurer sans rien lâcher. Le choc est tel que le stade vibre, tremble, tangue à chaque action, à chaque passe. L’effervescence de l’assistance est palpable, les ovations des supporters font trembler les gradins.

C’est beau de voir les deux potes sur le terrain, eux qui ont longtemps joué dans la même équipe, les voir jouer l’un contre l’autre. J’ai l’impression qu’ils jouent merveilleusement bien.

Je sais que Jérém se met la pression comme jamais, je sais qu’il a envie de gagner comme jamais, qu’il a envie de prouver à ceux qui n’ont pas voulu de lui, et dans leur propre fief qui plus est, qu’ils ont fait une belle connerie. Jérém a besoin d’une revanche.

Pendant deux mi-temps intenses et riches en rebondissements les points sont marqués, arrachés, emportés dans l’effort et la transpiration. Et à la fin du temps réglementaire, le tableau affiche un score de 18-24 en faveur des Parisiens.

Ça y est, Jérém tient sa revanche. Une victoire que lui et ses coéquipiers sont allés chercher au prix d’un match sans répit, une victoire que les Toulousains n’ont laissé filer qu’après de vaillants efforts.

A la fin du match, l’image de Jérém et de Thibault qui se prennent longuement dans les bras l’un de l’autre est très émouvante. Thibault sourit, il a l’air ému et heureux pour la victoire de son pote. Une victoire aussi importante que si c’était la sienne, ou peut-être un peu plus encore.

Un journaliste attaque Jérém et Thibault à la sortie du terrain. Les deux belles gueules viriles des deux potes s’affichent sur les écrans du stade.

—    Alors, Tommasi et Pujol, ça fait quoi de jouer l’un contre l’autre, alors que vous avez grandi ensemble, que vous avez été formés ensemble au rugby ?

—    Un pur bonheur ! fait Thibault sans hésiter.

—    Même si le match a été remporté par l’équipe adverse ?

—    Le match a été beau, dur et prenant, on s’est battu jusqu’à la dernière minute… c’est un plaisir d’affronter des adversaires de cette envergure, commente le jeune papa.

—    On a gagné, mais ils n’ont pas perdu, fait Jérém.

—    Maintenant, l’objectif est de viser le haut du classement de votre poule…

—    Bien sûr ! font les deux potes en chœur.

—    Et remporter les demi-finales contre les équipes les mieux classées de la poule A…

—    Et nous retrouver en finale ! fait Jérém, euphorique.

—    Et on va vous mettre une bonne raclée ! plaisante Thibault.

—    Rêve toujours ! fait mon beau brun.

—    En tout cas, on vous souhaite à tous les deux le meilleur pour la suite…

Les deux potes se serrent la main, puis se prennent dans les bras l’un de l’autre. C’est beau, et bien plus que ça. Je trouve grisant de savoir que ces deux garçons ont un secret que toute cette foule ignore et dont je suis l’un des rares détenteurs. Je veux bien évidemment parler du fait qu’en dépit des apparences, des histoires d’amourettes sur les journaux pour l’un, d’un enfant pour l’autre, en dépit d’allures on ne peut plus viriles, l’un comme l’autre aiment les garçons, qu’ils ont déjà couché avec des garçons, dont moi, et même qu’ils ont déjà couché ensemble.

Aujourd’hui, ce samedi 15 mai 2004, après 80 minutes d’effort sportif et de jeu tout aussi spectaculaire que respectueux, ces deux garçons sont élevés au statut des « héros » par leurs co-équipiers, par leurs supporters, par leurs managements respectifs, ils sont même tenus en grand respect par les joueurs et les supporters de l’équipe adverse. Je ne peux m’empêcher de me demander s’il en serait de même si leur secret s’ébruitait.

Et alors que leur accolade prend fin, je suis happé par l’image de leurs maillots tendus sur leurs pecs se soulevant au rythme d’une respiration encore accélérée par l’effort sportif, de leurs brushings un peu malmenés par les exploits, de leurs fronts, de leurs cous, de la naissance de leurs pecs perlant de transpiration, par la sensualité qui se dégage de l’un comme de l’autre à cet instant précis.

Cette respiration après l’effort, ces brushing un peu défaits après l’exploit, cette transpiration perlant de leur peau, cette sensualité inouïe du corps qui a tout donné, je la retrouverai quelques heures plus tard, après la quatrième mi-temps, dans l’appart de Thibault, après que les deux potes se soient jouis dans le cul à tour de rôle, après qu’ils aient joui dans le mien l’un après l’autre. Une fois de plus, nous fêtons une grande occasion en passant la nuit à nous offrir du plaisir.

Début juin, je valide mes semestres sans trop de difficulté. Entre un match et l’autre, Jérém a lui aussi retrouvé le chemin des cours. Certes, son statut de sportif étudiant lui simplifie pas mal la tâche, mais je vois bien qu’il y met du sien aussi. Ça passe de justesse, mais ça passe, et c’est le plus important.

Les deux Stades se classent bien en tête de leur poule. Le 19 juin, à Lyon, le Stade Français s’impose face à Bourgoin. Ça semble bien engagé pour une finale de Top 16 entre les deux Stades. Jérém et moi nous rendons le lendemain à Montpellier pour assister au match Stade Toulousain-Perpignan. Hélas, la rencontre ne se passe pas comme prévu, en tout cas pas comme nous l’avions souhaité. Après deux mi-temps difficiles, les Haut-Garonnais s’inclinent face aux Frontaliers.

Samedi 26 juin 2004.

La finale du Top16 se joue au Stade de France, rien de moins.

Une fois de plus, Jérém a réussi à obtenir des places de premier choix, en tribune Est, catégorie basse. Je dis bien « des places », car il a invité Papa à venir aussi. Evidemment, Papa était aux anges, et il ne s’est pas fait prier pour faire le déplacement dans la capitale. Je suis heureux de partager ce moment avec lui. Et évidemment, pour cette occasion spéciale, Jérém a également prévu des places pour son père et son jeune frère Maxime. Et Thibault, Thierry et Thomas, bien entendu, ses meilleurs potes de Toulouse. Nous sommes tous là, réunis pour cette occasion spéciale, alignés en brochette sur le même rang.

Habitué à voir jouer Jérém dans des stades de 20-30000 places, je suis scotché par la démesure de l’immense enceinte aux 80000 places. Des places qui se remplissent jusqu’à la dernière. Le brouhaha et l’effervescence de ce genre d’endroit, d’une foule aussi immense sont étourdissants.

Je repense à la première fois où je suis allé voir jouer Jérém à Toulouse, peu après notre première révision. Je me souviens y être allé avec ma cousine, et avoir profité de l’occasion pour faire auprès d’elle mon tout premier coming out. Je me souviens de sa tête quand je lui avais annoncé que je couchais avec cette bombasse de Jérém, je me souviens de son air dépité, puis de sa bienveillance à mon égard. De sa mise en garde, de sa recommandation de ne pas tomber amoureux d’un gars « comme lui », un gars qui ne s’assumait pas et qui me ferait souffrir à coup sûr. Que de chemin parcouru depuis, du petit stade de quartier à Toulouse au Stade de France, des baises de l’appart de la rue de la Colombette à l’amour intense à chacune de nos retrouvailles, depuis le garçon qui ne s’assumait pas au Jérém d’aujourd’hui qui admet pleinement ses sentiments pour moi.

Le début du match est imminent. Le stade gronde, son impatience et son excitation montent de plus en plus. Les tribunes vibrent. Je vibre avec, ça provoque en moi des montées d’adrénaline, ça me donne la chair de poule. L’ambiance de fête me fait perdre pied.

Lorsque les joueurs rentrent enfin sur la pelouse, ils sont accueillis par une ovation qui a la puissance d’une déflagration. Jérém n’a pas du tout l’air intimidé par l’immense enceinte et par la foule surexcitée.

Le match démarre et mon beau brun semble au meilleur de sa forme. Il est rapide comme le vent, il est adroit, rusé, malin, habile, stratège. Sa connexion avec les autres joueurs est parfaite, avec Ulysse en particulier, et ça fait des miracles. Il ne rate aucune action, il marque des points en nombre, et les essais sont quasi systématiquement transformés.

Le match se termine avec une victoire nette pour le Stade Français, 38-20. Dans une longue, assourdissante, interminable ovation, le Stade de France fête les champions de tout un pays.

Quelques minutes après la fin du match, les joueurs de l’équipe gagnante s’alignent au milieu du terrain.

L’année dernière au Stade de France, Jérém rongeait son frein en costard cravate, et il soulevait le Brennus juste pour l’honneur, soutenu par les bras puissants d’Ulysse. Cette année il soulève son véritable premier bouclier de Brennus, bien assuré sur ses pattes, après avoir bien mouillé le maillot, devant une foule en délire.

Son regard à cet instant est émouvant au possible. Il y a de l’incrédulité, de l’éblouissement, de l’émerveillement. C’est le regard d’un gosse à Noël. Il y a une joie immense, mais aussi des larmes d’émotion que les écrans géants montrent impudiquement à de milliers de spectateurs.

J’ai l’impression que le stade tout entier applaudit et félicite le champion qui revient de loin. Et parmi les 80000 paires de mains qui claquent avec ferveur, celles de la petite délégation toulousaine tapent avec encore plus d’énergie que les autres, avec plus de bienveillance et d’affection. Même Thibault, qui rêvait lui aussi de soulever ce bouclier, est visiblement ému par le triomphe de son Jé.

—    J’aurais tellement aimé jouer ce match contre le Stade Français, il me glisse.

—    Tu aurais aimé soulever le Brennus à sa place ! lui lance Thierry qui a entendu ses mots.

—    Peu importe qui aurait soulevé le Brennus. J’aurais surtout aimé jouer cette finale avec Jé.

—    L’année prochaine, ce sera la bonne ! Je vois bien une finale Stade Toulousain contre Stade Parigot, et le Brennus qui revient à Toulouse, sa place de droit ! s’avance Thierry.

Hélas, ses prévisions se révéleront largement inexactes. Jamais les deux potes ne se retrouveront en finale du Top16. Déjà, parce que, pendant des décennies, les deux Stades n’accéderont pas en même temps à la finale de ce championnat qui sera bientôt rebaptisé le Top14. Aussi, parce que la carrière de l’un des deux potes s’arrêtera brusquement deux ans plus tard, au terme de la saison 2005-2006.

Octobre 2005.

Le grand absent de cette édition du calendrier des Dieux du Stade, c’est Thibault. L’adorable pompier m’a avoué un jour ne pas s’être senti à l’aise dans cet exercice. Et de ne pas avoir l’intention de renouveler l’expérience. Il ne reviendra jamais sur sa décision.

Samedi 15 octobre 2005.

La veille de son anniversaire, et à l’occasion de la 9ème journée du Top14, Jérém retrouve Thibault sur la pelouse du Stade de France. Le choc entre les deux poids lourds du rugby français fait trembler pendant 80 minutes l’immense anneau de la Plaine Saint Denis. Et il se termine par la victoire du Stade Français par 29 à 15.

Comme d’habitude, nous retrouvons avec bonheur notre pote Thibault lors de la quatrième mi-temps sensuelle entre garçons. Ce que nous ne savons pas encore, c’est que ce sera la dernière fois que Thibault partagera une nuit avec Jérém et moi.

Avril 2006.

En ce printemps 2006, la course du Stade Français semble inarrêtable. Du moins, jusqu’à ce que sa route sportive ne croise celle de l’autre Stade, celui des Rouge et Noir. Et là, c’est la grosse, grosse, grosse branlée.

Le 15 avril, au Stadium de foot de Toulouse, les Parisiens s’inclinent sur un score de 15 à …. 0 face aux locaux. Une cata. Du jamais vu de mémoire de supporters. Du jamais vu depuis 70 ans de mémoire de statistique.

Rien n’a marché au Stade Français. L’équipe étant épuisée par le cumul des matches en Top 14 et en H-Cup, diminuée par l’absence de nombreux titulaires suite à des blessures dans les derniers matches – Ulysse fait partie des grands absents – les Parisiens se sont embourbés dans un jeu décousu, laborieux. Au final, Jérém n’a pu, pas même une seule fois, aller au but.

Côté Toulousains, en revanche, le jeu était rôdé et la coordination des joueurs parfaite. A la fin du match, Jérém est épuisé et dégoûté. Son père tente de lui parler à la sortie du terrain, mais Jérém prend congé très vite, il a besoin d’être seul.

Il revient une heure plus tard, douché, en costard cravate, avec une bonne dose de parfum, sexy à en crever, mais toujours aussi dégoûté. Il n’a même pas envie d’aller à la troisième mi-temps. Il rentre à l’appart et se cale devant la télé, sans un mot mais entouré par beaucoup de bières. Je sens qu’il est d’humeur massacrante, je n’ose même pas lui parler.

Oui, la soirée s’annonce morose. Jusqu’à ce que ça sonne à la porte. Thibault est là.

Je suis désolé, Jé, il glisse à son pote, autour d’une bière.

T’as pas à être désolé !

On n’aurait pas dû insister… mais tu sais comment sont les gars…

C’est le but du jeu de marquer des points.

On aurait pu se contenter de moins… surtout à la fin.

Ça n’aurait rien changé.

Tu as super bien joué, Jé. Ton équipe avait été beaucoup remaniée et la sauce n’a pas pris.

Ça a été la cata.

Ça ira mieux la prochaine fois, tu verras.

On change de sujet, ok ? Tu vois toujours Paul ?

Avec Paul, c’est fini, nous annonce le jeune papa.

Ah, merde !

Il n’avait pas assez de temps pour une relation, et sans doute on ne cherchait pas la même chose.

T’inquiète, ça ira mieux la prochaine fois, tu verras ! fait Jérém, taquin.

Ça y est, je suis déjà à la « prochaine fois » !

Comment ça ?

J’ai rencontré quelqu’un. Il s’appelle Arthur et il est pompier, lui aussi.

Depuis 2010, la Queer Palm est un prix alternatif qui, au cours du Festival de Cannes, récompense un film aux thématiques LGBTQIA+.
Deux films sont à retenir dans la sélection 2025.

En 2024, le jury, avait remis son prix au film roumain Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emanuel Pârvu.

Retrouve dans la galerie médias des coups de cœur pour des photos, des films et séries, des livres et bientôt de la musique.

Un film poignant. Avec un jeune acteur à la beauté bouleversante. Film complet sur Dailymotion en cliquant sur la photo.

Une histoire d’amitié authentique et poignante.

Deux acteurs incandescents.

La découverte de l’amour, du premier amour, le plus fort de tous.

Un autre film qui m’a beaucoup ému

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Merci Yann pour les graphismes du site et ton soutien.

Merci aux mécènes de tout temps, et en particulier à Cyril et Virginie, dont le soutien perdure depuis 2016.

Merci à vous tous pour votre fidélité et vos commentaires.

L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

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