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LT0108 Le livre de Thibault – Un jour qui a marqué ta vie.

Avertissement.

Faute de temps pour réécrire les passages, cet épisode de l’histoire de Thibault est racontée du point de vue de Nico (extraits des épisodes originaux de Jérém&Nico).

Seuls certains passages entre parenthèses carrées donnent les sentiments de Thibault.

Vendredi 21 septembre 2001.

[Et puis il y a eu la catastrophe d’AZF. Et tu as été blessé lors de l’intervention sur place. Ton genou a souffert. Tu vas être immobilisé pendant des mois. Des longs mois pendant lesquels tu ne seras plus pompier, ni rugbyman. Des longs mois pendant lesquels les images d’horreur que tu as vu sur place te hanteront.

Depuis ce terrible vendredi tu vas mal, très mal. Plein d’idées te trottent dans la tête].

Dimanche 23 septembre 2001.

« Salut, Thibault. Je sais que tu m’as dit que tu veux prendre un peu de distance pour l’instant, mais je m’inquiète pour toi, après ce qui s’est passé à Toulouse. J’espère que tu vas bien. Envoie-moi au moins un petit message pour me dire comment ça va ».

J’occupe le reste de la matinée à aider papa à remettre en place les étagères des placards des chambres. En début d’après-midi, je vais retrouver Elodie. Elle garde toujours le sourire, malgré la douleur à l’oreille et un diagnostic qui se confirme comme étant plutôt défavorable pour son tympan touché.

Je passe l’après-midi à attendre les coups de fil de Jérém et de Thibault. Des coups de fil qui ne viennent pas.

Ce n’est que vers 19 heures, alors que nous sommes en train de dîner, que mon portable sonne enfin. Et l’écran affiche : « Thibault ».

« C’est un autre pote qui est pompier » je lance à mes parents, pour justifier le fait de répondre au téléphone alors qu’on est à table, chose qu’ils voient à juste titre comme un manque se savoir vivre.

Papa et maman acquiescent d’un simple geste de la tête.

« Salut Thibault ».

« Salut, Nico, comment ça me fait plaisir de t’entendre. Tu vas bien ? ».

« Moi ça va. Et toi ? ».

« Ça va » il lâche sur un ton qui me paraît abattu.

Ses mots sont suivis d’un long silence.

« T’es sûr que ça va ? ».

« Non, ça ne va pas vraiment ».

« Qu’est-ce qu’il se passe ? ».

« Je me suis blessé pendant l’intervention ».

« Qu’est-ce que tu as ? ».

« Un genou en vrac ».

« Je suis désolé. Mais tu es à l’hôpital ? ».

« Non, je suis chez moi. Je viens de rentrer ».

Je sens à sa voix que le beau pompier a le moral plus bas que ses chaussettes.

« Je peux passer te voir si tu veux… ».

« Mais tu es sur Toulouse ? ».

« Oui, je suis rentré hier soir ».

« Ta famille va bien ? ».

« Oui, à part ma cousine qui a un tympan touché ».

« C’est pas trop grave ? ».

« Elle pense qu’elle va le perdre ».

« C’est horrible, horrible, c’est un désastre ».

Je sens dans ses mots une tristesse et un épuisement qui m’inquiètent. Je voudrais trouver les mots pour le rassurer mais je n’y arrive pas.

« Nico… » je l’entends me lancer après un nouveau lourd silence.

« Oui ? ».

« Passe me voir, ça me fera du bien ».

J’entends dans sa demande comme un appel à l’aide. Appel auquel je ne peux me soustraire.

« J’arrive ».

Une demi-heure plus tard, je sonne à l’interphone du jeune pompier.

« Je t’ouvre » j’entends une voix féminine m’annoncer.

Il doit s’agir de sa copine. Je suis un peu déçu d’apprendre que Thibault n’est pas seul. Mais je me dois quand-même d’être là pour lui, alors qu’il a l’air d’aller vraiment mal.

La porte de l’appart est entrouverte.

« Nico ! » m’accueille chaleureusement le jeune stadiste.

Thibault est installé en position demi-assise sur le clic clac ouvert en mode lit, le dos calé par plusieurs oreillers. Il a un grand pansement autour du genou droit, un autre sur l’arcade sourcilière gauche, son visage présente de nombreuses traces de blessures. Même s’il se force à sourire, je vois qu’il a l’air sonné. Mon Dieu qu’il a l’air mal en point mon adorable pote Thibault !

« Salut Thibault » je lui lance en m’approchant de lui.

« Ne bouge pas » j’ajoute, en voyant le beau pompier essayer de se lever avec grande difficulté.

« Mais qu’est-ce que tu fais, chéri ? Le médecin t’a dit de ne pas bouger ! » lui lance une petite brune déboulant au pas de course depuis la cuisine.

« Je suis foutu » fait Thibault, en essayant de rigoler. Mais je sens qu’il ne rigole qu’à moitié.

« Mais non, t’as juste besoin de repos pour te remettre » fait la petite brune.

Je me penche vers Thibault pour lui faire la bise. Et là, à ma grande surprise, le jeune pompier me serre très fort dans ses bras puissants, tellement fort que je manque de partir vers l’avant. Je dois prendre appui sur le dossier du clic clac pour ne pas tomber sur lui de tout mon poids.

Je suis surpris de ces effusions de Thibault devant sa copine. Mais ça me fait plaisir de retrouver cette intimité amicale. Je suis aussi enivré par le parfum qui se dégage de lui, le même que d’habitude, un délicieux bouquet composé du parfum délicat de lessive et d’une fragrance légère de gel douche et de déo, un mélange de linge propre et de bogoss sexy.

« Je suis content que tu sois venu » il me lance en me regardant droit dans les yeux, son visage à quelques centimètres à peine du mien.

Touchant, adorable, émouvant, beau, doux et viril, puits à câlins au regard vert-marron dans lequel on a envie de se noyer, magnifique Thibault, ange et petit Dieu, généreux, altruiste. Ce sont des gars comme lui qui donnent envie de croire en l’espèce humaine.

Lorsque je me relève, je surprends le regard fixe de Nathalie sur moi.

« Nico, je te présente Nathalie » fait Thibault « ma copine. Mais aussi, mon infirmière à domicile ».

« L’infirmière a un patient difficile à gérer » elle fait sur un ton railleur.

« Mais l’infirmière est très dévouée à la tâche ».

« Elle est fatiguée l’infirmière, elle n’a pas dormi depuis près de 24 heures et elle va encore se taper une garde de nuit ».

Après avoir une nouvelle fois arrangé les oreillers dans le dos du beau pompier, Nathalie vient me faire la bise. Elle n’est pas très grande, et fine. Une petite brune pétillante. Elle est plutôt mignonne. Elle a l’air douce mais avec un caractère bien trempé.

« Comment tu te sens ? » je questionne Thibault.

« Bien, bien, je tiens le coup ».

« Allez, je vous laisse entre mecs. Moi je file à l’hôpital. Tu le surveilles un peu, Nico ? » me branche Nathalie.

« Pas de problème ».

« Je compte sur toi pour l’empêcher de faire des bêtises ».

« Je veille sur lui ».

« A demain matin » elle lance, tout en embrassant longuement son chéri.

Quand je regarde cette petite brune à côté de ce beau mâle, et je ne peux m’empêcher de mettre en parallèle la puissance du mec et le petit gabarit de la fille, je ne peux m’empêcher de l’imaginer dans les bras puissants du beau pompier, enveloppée par cette étreinte douce, virile et rassurante que je connais bien. Je les imagine peau contre peau, enlacés, en train de faire l’amour. J’imagine surtout Thibault en train de faire l’amour.

Pendant que je lui refais la bise, alors qu’elle s’apprête à partir, j’ai envie de lui dire qu’elle a une chance inouïe d’être avec un mec pareil. Elle a l’air d’une chouette fille, j’espère qu’elle saura lui apporter le bonheur qu’un mec aussi charmant et adorable mérite. Car cette nana porte l’enfant de mon pote, et elle détient la clef de son bonheur.

Nathalie vient tout juste de passer la porte lorsque Thibault pousse un grand soupir. Mais ce n’est pas un soupir de soulagement, c’est clairement un soupir de souffrance.

« Ça va pas ? » je m’inquiète.

« Je souffre le martyre ».

« Au genou ? ».

« Oui, mais aussi au dos, au cou ».

Thibault soulève son t-shirt et dévoile son torse de statue grecque. C’est beau à en pleurer. Mais le frisson sensuel provoqué par la vision de son torse de malade se mélange très vite à la tristesse de voir son dos parsemé d’ecchymoses.

« Oh, Thibault… ».

« J’ai failli y passer, Nico. Ce coup-ci, c’est vraiment pas passé loin ».

« Qu’est-ce qui s’est passé ? ».

« On était sur le site une heure après l’explosion, on cherchait des blessés. On est rentrés dans un hangar et des pièces sont tombées du plafond. Je m’en suis pris une sur la tête et sur le dos. Ça m’a projeté au sol. C’était tellement violent que le casque a été déformé. Je suis tombé sur un autre débris et je l’ai heurté avec le genou. J’ai perdu connaissance, alors que le toit se disloquait. Heureusement un collègue m’a sorti de là, sinon j’y serais passé ».

« Je suis vraiment désolé Thibault ».

« J’ai eu peur, Nico, très peur. Et j’ai toujours peur, je n’arrive pas à oublier cette peur » fait-il, les yeux rougis, en retenant de justesse ses larmes.

Je vois cette peur dans ses yeux. Je m’approche de lui et je le serre dans mes bras. Le jeune pompier se lâche enfin et pleure dans le creux de mon épaule.

« C’est fini, c’est fini ».

« Je suis désolé de t’imposer ça ».

« T’inquiète, tu es mon meilleur pote et je suis content d’être là ».

« Merci d’être venu, Nico, merci ».

« J’ai senti que ça n’allait pas fort ».

« Je n’ai jamais vu un tel désastre, Nico, je n’ai jamais vu de telles horreurs de ma vie. J’ai vu des trucs vraiment horribles. Je n’arrive pas à penser à autre chose, je me passe la scène en boucle ».

 « Pourquoi tu caches ta souffrance à Nathalie ? ».

« Elle est enceinte, je ne veux pas qu’elle s’inquiète ».

« Mais tu ne peux pas garder tout ça pour toi ».

« Je n’ai pas envie de lui infliger ça. De toute façon, c’est trop dur. J’en fais des cauchemars. Je n’arrive plus à dormir. J’ai l’impression que je vais devenir fou ».

« C’est encore frais, ça va se calmer avec le temps » je tente de le rassurer.

« Ces blessures vont guérir » il répond, en indiquant son pansement au genou « Mais ces autres » il ajoute, en indiquant sa tête « ne vont pas guérir de sitôt ».

« Si tu veux en parler, tu peux compter sur moi ».

« Je n’y tiens pas Nico ».

« Je comprends. Mais je pense que tu devrais en parler quand-même. Je suis certain que ton médecin pourrait t’orienter vers quelqu’un qui pourrait t’aider ».

Thibault ne répond pas, il a l’air tellement mal. Je le vois mordiller sa lèvre, respirer fort, essayer de retenir ses larmes. Il est tellement touchant, tellement émouvant. Je le prends une nouvelle fois dans mes bras et il éclate à nouveau en sanglots.

Je le serre contre moi pour essayer de le réconforter mais je n’arrive pas à le calmer. Je suis bouleversé par sa souffrance. Son mal être est profond, et tellement injuste. Je sais que pompier est un métier à risque. Mais je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi le sort est si injuste avec un gars aussi merveilleux.

Soudain, je réalise que je suis en train d’enlacer Thibault dans ce clic clac où Jérém et lui ont couché ensemble. Mais cela n’a plus d’importance, je ne sais même pas comment j’ai pu lui en vouloir autant.

Le contact avec le beau pompier me procure d’intenses frissons. La solidité, la puissance, la chaleur de son corps, même meurtri, m’impressionnent. Le contraste entre la puissance du muscle et la douceur de la peau de ses biceps me rappelle les moments d’intense sensualité et de plaisir durant la nuit que nous avions partagée avec Jérém. Son empreinte olfactive de jeune mec m’enivre. Son cou puissant à portée de bisous est si tentant.

« Je suis tellement fatigué » je l’entends soupirer.

« Ça va aller Thibault, tu es un sacré bonhomme, tu vas remonter la pente ».

« Je ne sais pas si j’en ai l’énergie ».

« Tu as une équipe qui t’attend ».

« Avec mon genou en vrac, je ne pourrai pas jouer pendant des mois ».

« Et franchement, je ne sais même plus si j’ai envie » il continue, avec une voix faible « Être payé pour jouer au ballon, ça me parait tellement vide de sens. Passer ma vie à m’occuper de mon corps, de mes performances, de mon alimentation, à tourner autour de moi, juste pour être prêt à courir après un ballon, je sens que je ne pourrai pas faire ça longtemps. Après ce que j’ai vu vendredi, je crois que je ne pourrai plus le faire du tout ».

« Tu veux plaquer le rugby ? ».

« J’y pense de plus en plus ».

« Pour faire quoi ? ».

« Je vais revenir au garage. Mon ancien patron me reprendra ».

« Et les pompiers ? ».

« Je ne peux plus. J’ai vu trop d’horreurs, je ne peux plus ».

« Mais tu ne peux pas renoncer à tous tes rêves ».

« Quelque chose s’est brisé en moi vendredi dernier et je ne crois pas que je vais arriver à le réparer de sitôt. J’ai eu peur et la peur ne me quitte plus. J’ai besoin de me concentrer sur l’essentiel. D’avoir un taf, un salaire, une vie tranquille. J’ai besoin d’être là quand mon gosse va arriver. C’est peut-être égoïste, mais c’est comme ça ».

« Thibault, tu es un gars merveilleux. Je crois, non, je suis sûr que je ne connais personne d’aussi courageux, altruiste et généreux que toi ».

« Ce Thibault-là n’existe plus ».

« Je suis sûr que si. Il se cache parce qu’il a peur. Mais il ne pourra pas rester planqué longtemps. Tu es un pompier dans l’âme et tu le seras toute ta vie. Tu as des valeurs, des merveilleuses valeurs. Tu as besoin de te sentir utile. Non pas parce que ça fait du bien à ton égo, mais parce que tu es quelqu’un de bien, un gars comme il n’en existe pas des légions. Tu es un gars rare, Thibault. Et je suis heureux, à un point que tu n’imagines même pas, de te connaître et d’avoir ton amitié ».

« Ça me touche ce que tu viens de dire ».

« Je le pense vraiment, vraiment. Ne change jamais Thibault, jamais, ne laisse pas la vie t’atteindre au point d’oublier qui tu es. Tu es quelqu’un de trop précieux ».

« Nico » il soupire, en me serrant très fort contre lui et en posant des bisous dans mon cou. Mais un instant plus tard, comme s’il regrettait son geste, il se laisse glisser de côté, la nuque sur mon ventre. Je caresse ses cheveux et son visage meurtri et le jeune pompier semble s’apaiser peu à peu.

Nous restons ainsi, en silence, pendant un bon moment. Des longues minutes pendant lesquelles mon regard est aimanté par ses traits doux et virils à la fois, par son cou puissant, ses épaules charpentées, ses biceps musclés, ses pecs ondulant au rythme de sa respiration.

Ma tête se met à tourner, mon cœur s’emballe. Mon corps est sans cesse parcouru par d’intenses frissons, j’ai du mal à respirer calmement. Sa peau douce, comme un aimant à câlins, est à portée de mes mains, à quelques centimètres de ma bouche.

Je crève d’envie de poser un chapelet de bisous sur son cou, à la base de sa nuque, sur les quelques petits poils sur ses avant-bras, sur cette petite légère tache de naissance sombre derrière le biceps que je n’avais jamais encore remarquée.

Ses bisous m’ont touché. Car il a tant de détresse dans ces baisers. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de ressentir dans ces baisers comme une note de sensualité. Je ressens un doux frisson d’excitation parcourir mon corps. Je bande. J’ai envie de lui.

Je sais que je ne devrais pas ressentir ça pour un autre gars que Jérém. Et pourtant, je ne peux pas m’en empêcher. La beauté et la sensualité masculines me font tellement d’effet. Un effet qui est totalement hors de mon contrôle. Et en matière de beauté et de sensualité, Thibault est un sacré morceau.

Le désir est un réflexe, un instinct primaire qui me tombe dessus comme l’appétit, la soif, le sommeil. Et là-dedans, ma volonté n’a aucune voix au chapitre. Je peux maîtriser mes actes, mais en aucun cas mon désir.

Comme je comprends désormais la tentation qui a été celle de Thibault, sur ce même clic clac, en cherchant le contact physique avec son Jé, pour le réconforter, lorsqu’il était en détresse comme lui l’est maintenant.

La tendresse qu’on offre pour réconforter à un gars qui nous attire est comme posée sur un plan incliné sur lequel elle risque à tout moment de glisser vers la sensualité.

L’excitation de mes sens ne trouve de répit que lorsque j’entends la respiration du bomécano s’apaiser et glisser vers un tout petit ronflement, si mignon, qui m’annonce son assoupissement.

Repose-toi, bonhomme, reprends tes forces, tu l’as bien mérité.

Je sens mes muscles se relâcher peu à peu, je sens la fatigue me gagner. Et je finis par m’assoupir à mon tour.

C’est la sonnerie de mon portable qui me fait émerger brusquement. Je le cherche dans ma poche, j’ai du mal à le sortir. Lorsque j’y arrive enfin, j’ai tout juste le temps de voir « MonJérém » s’afficher sur l’écran, que la sonnerie cesse d’un coup.

J’ai le cœur qui bat à mille. Entre autres, parce que la situation me paraît soudainement gênante. Parler avec Jérém alors que je suis dans le clic clac de Thibault, alors qu’il dort la tête posée sur mon torse, même s’il ne s’est rien passé entre nous à part des câlins, me met mal à l’aise. Je me dis que je le rappellerai une fois sur le chemin vers chez moi.

Je regarde Thibault bouger sa tête, émerger à son tour, l’air complètement assommé.

« Il est quelle heure ? » il me questionne, la voix pâteuse.

« Dix heures quarante. Je devrais y aller… ».

J’ai tout juste le temps de terminer ma phrase alors que mon portable sonne à nouveau.

« Excuse-moi, je dois répondre » je lui glisse, en soulevant doucement sa tête pour me lever du clic clac. Je me dirige vers la fenêtre donnant sur le paysage urbain illuminé. Je me fais la réflexion que ma ville est à l’image de Thibault. Qu’est-ce qu’elle belle, même lorsqu’elle est meurtrie !

« Allo ? » je décroche enfin.

« Ourson… ».

« Ça va toi ? ».

« Bien, bien ».

« Et ton frangin ? ».

« Bien aussi, son trauma crânien est toujours en observation. Les médecins ne veulent pas se prononcer pour l’instant. Ecoute, Nico, je n’ai pas beaucoup de batterie, ça risque de couper. Je suis toujours dans le Gers, j’ai dîné chez des voisins. Je vais rester dormir chez mon père cette nuit. Je reviens sur Toulouse demain, je passerai te voir dans la matinée. Bonne nu… ».

Je n’ai pas le temps de lui souhaiter une bonne nuit à mon tour que la communication est coupée.

« C’était Jé, hein ? » me lance Thibault, alors que je range mon téléphone dans ma poche.

« Oui ».

« Il va bien ? ».

« Oui, il va bien, mais il s’inquiète pour son frère ».

« Il va bien Maxime ? ».

« Il a été blessé dans son lycée. Il a un trauma crânien, et les médecins ne savent pas trop comment ça va évoluer ».

« Du coup, Jé est sur Toulouse ».

« Oui, depuis hier. Là il est chez son père ».

« Tu lui passeras le bonjour de ma part » fait le beau pompier, l’air ailleurs.

« Je n’y manquerai pas. Thibault, il se fait tard, je crois que je vais y aller ».

« D’accord, Nico. En tout cas, merci encore d’être venu ».

« T’as besoin de quelque chose ? ».

« Aide moi à me lever, s’il te plaît pour aller à la salle de bain ».

J’attrape la bonne paluche que le beau pompier me tend. Je l’aide dans ses mouvements pour se mettre debout. Je lui passe ses béquilles et je le regarde avancer lentement vers la salle de bain. Ça me rend terriblement triste de le voir si mal en point. Et ce ne sont pas ses blessures visibles qui m’inquiètent le plus.

« Merci Nico ».

« Ça va aller ? » je le questionne, alors qu’il trébuche et se rattrape de justesse à la cloison du couloir pour ne pas tomber.

« Oui, ça va aller. J’ai envie d’un café, tu en voudrais un aussi ? ».

« Pourquoi pas ».

« Tu veux nous en faire chauffer, s’il te plaît ? ».

« Avec plaisir ».

Ainsi, pendant que le beau pompier se soulage, je fais chauffer deux tasses de café.

Thibault revient une minute plus tard et nous buvons nos boissons en silence. Je cherche son regard, en vain. Car son regard semble perdu dans le vide, comme quelqu’un qui est à moitié endormi. Ou très soucieux.

« Tu veux m’accompagner dans la chambre avant de partir ? ».

« Avec plaisir ».

Thibault a bien du mal à se remettre debout. Ses pas sont mal assurés Je l’accompagne en tenant ses épaules massives, je surveille à chaque pas qu’il ne tombe pas. Je l’accompagne ainsi jusqu’à sa chambre.

C’est la première fois que je rentre dans cette pièce qui, d’une certaine façon, représente à mes yeux l’intimité ultime d’un garçon. C’est ici que le beau pompier dort, rêve, fait l’amour. Découvrir cette chambre n’est pas sans me faire un certain effet.

Je l’aide également à s’installer au lit. Je l’aide à enlever son short et son t-shirt. La vision de ses cuisses musclées et de son torse massif, taillé en V, sculpté, de ses pecs légèrement poilus, de ses grands tétons saillants, de la belle bosse que fait son boxer bleu me donne des frissons intenses. Mon Dieu qu’est-ce qu’il est bien foutu ce petit Dieu !

Soudain, le souvenir du plaisir de la nuit chez Jérém remonte violemment à mon esprit. Je revois le beau pompier en train de me faire l’amour, de me donner du plaisir, de prendre du plaisir. Je sens mon esprit vaciller sous l’effet d’un désir dévorant. Une fois de plus, je culpabilise de ressentir autant d’attirance pour Thibault, alors que je suis si bien avec Jérém, alors que la nuit d’avant j’ai fait l’amour avec lui dans ma chambre, chez mes parents. Mon cœur tape très fort dans ma poitrine, ma respiration est tremblante. J’ai besoin de prendre l’air. Il faut que je parte, il faut que j’arrête de penser à ça.

Le beau pompier se glisse sous les draps, son corps de malade disparaît de ma vue. Je profite de ce répit pour prendre congé.

« Ça va aller, Thibault ? ».

« Ça va aller ».

« Je file alors » je fais, en me penchant sur lui pour lui faire la bise.

« Merci encore d’être venu, ça m’a fait du bien ».

« De rien, ça m’a fait plaisir, même si j’aurais préféré te voir plus en forme ».

« Il ne faut pas te faire du souci pour moi. J’ai juste un coup de blues, mais ça va passer ».

Pourtant, malgré ses mots qui se veulent rassurants, j’ai mal au cœur de le laisser. Il a l’air si mal, si angoissé.

« Prends soin de toi, Thibault. Passe une bonne nuit ».

« Bonne nuit, Nico ».

J’ai tout juste le temps d’approcher le battant de la porte de la chambre lorsque j’entends Thibault m’appeler.

« Nico… ».

Je reviens illico dans la chambre.

« Qu’est-ce qui se passe ? ».

« Je ne veux pas rester seul cette nuit. Tu peux rester dormir ? ».

J’ai un peu hésité. Je me suis demandé si c’était bien. Je me suis demandé ce qu’en penserait Jérém. Je me suis demandé à quel point ce serait dur pour moi de passer la nuit à côté d’un si beau garçon, avec qui j’ai déjà couché, et de devoir faire face à un désir violent, à une tentation impitoyable.

Mais devant la détresse de mon ami Thibault, je n’ai pas pu dire non. J’ai envoyé un sms à maman et je me suis glissé sous ses draps. Il est venu se blottir contre moi. Peu à peu, j’ai senti sa respiration s’apaiser. Le beau mécano a fini par s’endormir.

Thibault a besoin de repos. Je l’ai trouvé très fatigué, physiquement et moralement. Il a besoin de dormir longuement.

Pour ma part, j’ai plus de mal à m’endormir. C’est dur de dormir à côté d’un mec aussi sensuel, de le sentir blotti contre moi, sans avoir envie que ça aille plus loin qu’un simple câlin. Le contact avec son corps, de son torse nu, de sa peau chaude (même si j’ai heureusement gardé mon t-shirt), la proximité de son sexe caché par une fine couche de coton, le parfum de sa peau, sa présence virile me donnent des frissons.

Bien sûr, je sais que la demande de Thibault n’a pas d’arrière-pensée. Mon pote ne veut rien tenter de sensuel. De toute façon, il n’est pas vraiment en état pour ça. Ce dont il a besoin cette nuit, pour trouver le sommeil, est d’une présence rassurante à ses côtés. Celle d’un pote avec qui il est à l’aise pour partager ce qu’il cache certainement à son entourage. Son mal être.

Quant à moi, j’essaie de me maîtriser mais je suis excité, je bande à nouveau. La proximité est le terreau de la tentation.

Mais ça me fait plaisir d’être là pour lui, vraiment plaisir.

A un moment, Thibault réémerge et me lance :

« Tu es un bon gars, Nico ».

« Toi aussi, toi aussi ».

Et là, après un petit silence, il me lance une phrase qui va me bouleverser :

« Tu sais, si on s’était rencontrés dans une autre vie, dans un autre monde, dans d’autres circonstances, je pense qu’on pourrait être plus que des potes ».

Depuis notre précédente rencontre, depuis que Thibault m’avait parlé de ce gars qui lui faisait de l’effet mais qui lui était tout aussi inaccessible que Jérém, je me doutais qu’il pouvait peut-être s’agir de moi. Mais je n’avais pas osé, je n’avais pas voulu le croire. Car cette idée me flattait et me faisait peur à la fois.

Lorsque je me réveille, il est près de 9h00. Thibault dort sur le dos, le drap en travers de son torse, dévoilant un téton et cachant l’autre. Son visage est serein, apaisé. Il est terriblement beau. Ma trique matinale rend ma frustration insupportable. J’ai envie de me branler. Je suis sur le point de me lever pour aller me soulager dans la salle de bain.

Soudain, je suis surpris par un bruit venant du séjour. Suivi d’un claquement de porte. Et des bruits de pas sur le carrelage.

Zut alors, Nathalie est rentrée. Soudain, je ressens un immense malaise me submerger. Je suis dans le lit avec Thibault, son mec, le futur père de son enfant. Bien sûr, il ne s’est rien passé entre nous, à part de la tendresse, beaucoup de tendresse. Mais j’ai l’impression d’être pris avec la main dans le pot de Nutella. En plus, je bande comme un fou.

Je bondis hors des draps de mon pote, je ramasse mes fringues, je me glisse dans la salle de bain en vitesse, tout en faisant moins de bruit qu’un félin ayant retracté ses griffes et ne marchant que sur ses coussinets. Je me rhabille en vitesse, j’arrange un brin ma tignasse. Et je ressors dans le couloir, je vais à l’encontre de Nathalie, tout en l’appelant par son prénom, afin de pas la surprendre et de ne pas lui faire peur.

« Oh, Nico, tu as dormi là ? ».

« Oui, on a discuté jusque tard avec Thibault. J’ai dormi sur le clic clac… je viens de me lever ».

« Tu l’as trouvé comment ? » elle me questionne en me faisant la bise.

« Pas bien. Mais il va aller mieux je pense ».

« Je l’espère. Il dort toujours ? ».

« Je crois ».

« Je vais aller le voir ».

« Je vais y aller, moi ».

« Reste pour le petit déj. J’ai rapporté des croissants ».

Nathalie revient quelques secondes plus tard.

« Il dort comme un ange. Tu veux un café, Nico ? ».

« Avec plaisir ».

« J’ai eu très peur pour lui » me lance Nathalie.

« Je comprends ».

« Thibault est un gars unique ».

« Je le sais, c’est mon meilleur pote ».

« Alors tu dois savoir que je suis enceinte et qu’il va être papa ».

« Il me l’a dit, oui ».

« Je suis heureuse que ce soit lui. Il fera un papa extra ».

« Je le crois aussi ».

« Mais il faut le laisser tranquille, Nico » elle me lance, en baissant soudainement le ton de la voix et en me regardant droit dans les yeux.

« Je sais qu’il a besoin de repos » j’imagine aller dans son sens, naïvement.

« Je ne te parle pas de repos. Je vais être claire, Nico. Je pense que Thibault est attiré par toi ».

« Pardon ? ».

« Ça fait un moment que je me demande si Thibault est bi » elle me lance direct sans prêter attention à mon interrogation.

« Et je suis certaine que tu es attiré par lui » elle enchaîne « je me demande même s’il ne s’est pas déjà passé quelque chose entre vous ».

« Mais qu’est ce qui te fait penser ça ? ».

« Une intuition. Certains de vos regards et de vos attitudes l’un envers l’autre. Je me trompe ? ».

Je ne sais plus quoi lui répondre. Sa perspicacité me prend de court.

« Regarde-moi dans les yeux et dis-moi qu’il ne s’est jamais rien passé entre vous… si c’est le cas ».

« Nathalie… »

« Allez, je ne vais pas me fâcher. Je veux juste savoir ».

« Ça ne te regarde pas ».

« C’est vrai, ce qui s’est passé ou pas dans sa vie d’avant ne me regarde pas. En revanche, ce qui va se passer à partir de maintenant, ça me regarde ».

« Mais moi j’ai un mec, et je n’ai aucune intention de le tromper » je tente de la rassurer.

« Tant mieux, je suis heureuse pour toi et je vous souhaite tout le bonheur possible. Mais Thibault, il faut le laisser en dehors de tout ça, d’accord ? Je vais fonder une famille avec lui, tu comprends ça, n’est-ce pas ? Je pense que tu peux comprendre ce que je ressens ».

« Oui, je peux comprendre… » je suis obligé d’admettre.

« je ne vais pas te demander de ne pas le voir, car il a besoin de ses potes pour remonter la pente. Mais il ne faut pas que ça dérape, ok ? ».

« Ça n’arrivera pas, je ne veux pas tromper le gars que j’aime ».

« Merci, Nico. Inutile de parler à Thibault de cette conversation, ça va sans dire ».

« Ça va sans dire » je répète machinalement.

Et je quitte l’appart des Minimes sans avoir dit au revoir à mon pote blessé.

[La visite de Nico te fait vraiment plaisir. Nathalie dit partir au travail, et tu n’as pas envie de rester seul. Nico reste dormir chez toi.

Tu es heureux d’avoir pu renouer avec lui.

Car avec ton pote Jéjé, tu n’y es pas encore arrivé].

Il est presque midi le lendemain lorsque je reçois un coup de fil de Thibault.

« Désolé d’avoir dormi si tard. Je ne t’ai pas entendu partir ».

« Ça t’a fait du bien ? ».

« J’en avais besoin. C’est la première nuit où je dors bien depuis trois jours ».

« Je suis content pour toi ».

« Merci encore d’être resté, Nico ».

« C’était un plaisir ».

« Tu rentres bientôt à Bordeaux ? ».

« Demain, je pense ».

« Fais-moi signe quand tu reviens sur Toulouse ».

« Promis, mais ça risque de ne pas être avant quelque temps ».

« N’oublie pas de passer le bonjour à Jé ».

« C’est comme si c’était fait ».

Pendant le coup de fil, j’ai l’impression de ressentir dans le ton de sa voix la présence persistante de cette détresse qui m’inquiète. Je sens qu’il ne va toujours pas bien et je ne suis pas tranquille. Je passe la matinée à penser à tout ça. Mais aussi à attendre un coup de fil de Jérém. J’essaie de l’appeler plusieurs fois, je tombe toujours sur le répondeur.

Depuis 2010, la Queer Palm est un prix alternatif qui, au cours du Festival de Cannes, récompense un film aux thématiques LGBTQIA+.
Deux films sont à retenir dans la sélection 2025.

En 2024, le jury, avait remis son prix au film roumain Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emanuel Pârvu.

Retrouve dans la galerie médias des coups de cœur pour des photos, des films et séries, des livres et bientôt de la musique.

Un film poignant. Avec un jeune acteur à la beauté bouleversante. Film complet sur Dailymotion en cliquant sur la photo.

Une histoire d’amitié authentique et poignante.

Deux acteurs incandescents.

La découverte de l’amour, du premier amour, le plus fort de tous.

Un autre film qui m’a beaucoup ému

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Merci aux mécènes de tout temps, et en particulier à Cyril et Virginie, dont le soutien perdure depuis 2016.

Merci à vous tous pour votre fidélité et vos commentaires.

L’histoire de Jérém&Nico rentre dans sa phase finale.

Jérém&Nico est une belle aventure qui aura duré près de 10 ans et qui n’aurait pas été possible sans vous tous.

Et pour cela, un grand

Fabien

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