LT0107 Le livre de Thibault – Nico.
Avertissement.
Faute de temps pour réécrire les passages, cet épisode de l’histoire de Thibault est racontée du point de vue de Nico (extraits des épisodes originaux de Jérém&Nico).
Seuls certains passages entre parenthèses carrées donnent les sentiments de Thibault.
Toulouse, le dimanche 16 septembre 2001.
[Finalement tu ressens le besoin de renouer avec Nico avant qu’il parte à Bordeaux. Parce que, même si sa réaction à la cafeteria de l’hôpital et son silence des semaines qui ont suivi t’ont fait mal, tu sais que ce n’était que la réaction d’un garçon qui avait mal. Parce que son amitié te manque. Finalement, tu le rappelles.
Et tu lui proposes de passer prendre un café chez toi].
« Salut Thibault ».
« Salut Nico, ça va ? ».
« Bien et toi ? ».
« Ça va. Alors, tu te prépares à partir ? ».
Il a retenu que je pars ce soir à Bordeaux. Ce mec est vraiment incroyable.
« Oui, je viens de ranger la dernière valise dans ma voiture ».
« T’as le temps de faire un saut chez moi pour un café ? ».
« Quand ? Vers quelle heure, je veux dire ».
« Maintenant si tu veux ».
« J’arrive ».
« Je suis content que tu m’aies rappelé ».
« Désolé de ne pas l’avoir fait plus tôt, j’ai été très occupé ces derniers temps ».
« Ca ne fait rien ».
« Alors, qu’est-ce que tu deviens ? » il enchaîne.
« Rien de spécial, demain je pars à Bordeaux pour la fac ».
« Tu as trouvé un appart là-bas ? ».
« Oui, mais je n’ai même pas été le voir ».
« Ce soir ça va être la grande surprise, alors » il commente, tout en esquissant un petit sourire.
Et pourtant, malgré ce petit sourire, je sens Thibault distant. Poli, correct, mais distant. J’ai envie de le prendre dans mes bras, j’ai envie qu’il me prenne dans les siens. J’ai envie de retrouver cette complicité, cette magnifique relation qu’on avait avant l’accident de Jérém.
« Et toi, quoi de neuf ? » je le questionne.
« Des entraînements, des entraînements, et des entraînements. C’est épuisant ».
« Ça donne des bons résultats ».
« C’est-à-dire ? ».
« Tu as repris du muscle ».
« Il paraît, oui. Mais j’ai mal partout. Je suis fatigué. Je n’ai même plus le temps pour faire des interventions ».
« Avec les pompiers ? ».
« Oui. Depuis que j’ai commencé les entraînements, je suis sorti tout juste deux fois ».
« Ça te manque ? ».
« Oui, beaucoup ».
« T’es vraiment quelqu’un de bien. Et c’est pour ça que je regrette… ».
« Dis, Nico, tu as des nouvelles de Jé ? » il me coupe, alors que j’allais tenter de rentrer dans le vif du sujet qui m’a conduit à vouloir lui parler.
Soudain, je me fais la réflexion qu’« avant », c’était moi qui lui demandais des infos sur Jérém. Alors que maintenant, c’est lui qui m’en demande. D’une certaine façon, j’ai l’impression de lui avoir volé son pote.
« Il va bien, normalement il a commencé les entraînements ce matin même ».
« Ça me fait plaisir, vraiment ».
Thibault a l’air très ému. Ses yeux sont humides.
« Ça va ? » je le questionne.
« J’ai eu tellement peur qu’ils lui trouvent une couille et qu’ils ne lui signent pas le contrat » il lâche, la voix cassée par les larmes.
Thibault est en train de pleurer. C’est dur de voir un gars comme lui pleurer. Je pleure aussi. Je le prends dans mes bras, je tente de le réconforter.
Thibault m’enveloppe à son tour avec ses bras musclés. Comme un flash, je retrouve la sensation de bonheur que j’ai connue le soir où nous nous sommes donné du plaisir avec Jérém.
« Excuse-moi » je l’entends me lancer quelques secondes plus tard, en quittant notre étreinte.
« Ne t’excuse pas, moi aussi j’ai été soulagé quand j’ai su que tout allait bien ».
« J’espère que ça va bien se passer pour lui. Je suis en train d’en passer par là et je sais que ce n’est pas facile d’arriver dans une équipe et de trouver sa place. C’est dur physiquement et mentalement ».
« Je l’espère aussi. Normalement je devrais avoir des nouvelles ce soir ».
« Vous vous êtes retrouvés, alors ? » fait le jeune rugbyman en essuyant discrètement ses larmes avec le dos des mains.
« Oui».
« Depuis longtemps ? ».
« Dix jours, pas plus. Il m’a appelé le vendredi soir de l’autre semaine et il m’a demandé de le rejoindre à Campan ».
« Je savais qu’il reviendrait vers toi. Il ne peut pas se passer de toi. Alors t’a aimé Campan ? ».
Je me retrouve alors à lui parler de mon escapade. Je suis un peu gêné de lui raconter ces quelques jours en compagnie de Jérém, les balades à cheval, les belles rencontres humaines, les gueuletons, la guitare de Daniel. Je suis un peu gêné de lui raconter mon bonheur.
« Ils vont tous bien ? JP, Charlène, Satine, Martine, Ginette» il me questionne.
« Tous en pleine forme, tous à cheval. Tout le monde a demandé de tes nouvelles ».
« Ils sont adorables ».
« C’est vrai, et ils t’apprécient beaucoup ».
« Moi aussi je les apprécie beaucoup. JP en particulier, j’adore ce mec. C’est un modèle pour moi. Je voudrais avoir ses qualités humaines, un jour ».
« Mais tu les as déjà ! ».
« Je ne sais pas ».
« Je t’assure ». « Ils m’ont tous dit de t’apporter leurs encouragements pour ta carrière au Stade. Ils sont fiers de toi ».
Le beau pompier est visiblement touché. Je suis happé par ses yeux vert marron, par son regard transparent, doux et pourtant tellement viril. Un regard pourtant empreint de mélancolie, et qui se dérobe très vite. C’est un regard qui tranche d’une façon assez violente avec le regard vif mais tranquille, bienveillant, rassurant, réconfortant, qui était le sien il y a quelques semaines encore.
J’ai toujours connu un Thibault qui me regardait droit dans les yeux pendant nos discussions. Comme s’il avait voulu établir une communication plus vraie, un contact par le regard, l’esprit, la considération, en plus de la parole. Désormais, ce regard, cet esprit et cette considération sont aux abonnés absents.
J’ai l’impression que Thibault est à fleur de peau. Ça m’attriste. Et pourtant, il faut bien admettre que ce côté « cabossé-par-la-vie » donne à son allure de mec un je-ne-sais-quoi qui le rend encore plus craquant.
Le silence se prolonge jusqu’à ce que je décide de prendre les choses en main.
« Thibault, je suis vraiment désolé de la façon dont les choses se sont passées ».
« Moi aussi, Nico ».
« Je regrette de ne pas t’avoir écouté à l’hôpital, d’être parti et d’avoir été distant par la suite ».
« Et moi je regrette de t’avoir fait du mal ».
Une question me brûle les lèvres. Je m’autorise à la poser.
« Thibault, tu ressens quoi au juste pour Jérém ? ».
Et là, après avoir pris une longue inspiration, le beau rugbyman finit par lâcher :
« Je vais être franc avec toi, Nico. Je crois que je suis amoureux de lui ».
« Ça dure depuis combien de temps ? ».
« Je ne sais pas te dire. C’est venu sans que je m’en rende compte. Jéjé est mon meilleur pote, depuis toujours. Depuis notre rencontre en CM, j’ai tout partagé avec lui. Je l’ai vu grandir, j’ai vu le gamin timide et gringalet devenir le mec superbe qu’il est aujourd’hui ».
« Je t’ai déjà parlé de cette nuit en camping, l’été de nos 13 ans, et de ce qui s’est passé sous la tente ».
« Oui, tu m’en as parlé à l’hôpital » je confirme.
« Depuis cette nuit-là, ça a été clair dans ma tête. Jéjé me faisait envie. Et pourtant, je m’efforçais de ne pas y penser, j’essayais d’oublier. Je n’ai jamais su ce qu’il en avait pensé, car il a toujours fait comme si rien ne s’était passé. J’ai pensé qu’il l’avait regretté. J’avais très envie de recommencer, mais j’avais peur de tenter quoi que ce soit. J’avais peur de gâcher notre amitié. J’ai essayé de me convaincre que ce qui s’était passé cette nuit-là était juste une bêtise, parce qu’on avait bu. Et que ça ne devait plus jamais arriver ».
« Mais tu n’y es pas arrivé ».
« C’est pas simple d’oublier l’attirance pour quelqu’un qu’on côtoie au quotidien, qu’on voit régulièrement à poil dans un vestiaire, avec qui on prend sa douche, avec qui on se retrouve souvent seul, quelqu’un pour qui on est le confident. J’étais aux premières loges de sa vie, y compris pour ses exploits sexuels ».
« J’imagine bien ».
Je repense aux nombreuses fois où j’ai vu Jérém avec une nana, où je l’ai vu partir avec. J’en avais les tripes retournées. Alors je n’ai aucun mal à imaginer que Thibault ait pu ressentir la même chose, d’autant plus qu’il côtoyait son pote au quotidien, qu’il le voyait à poil dans les vestiaires, qu’il connaissait beaucoup de choses de sa vie sexuelle.
« J’ai longtemps eu peur de regarder en face ce sentiment qui me prenait aux tripes quand je le voyais sous la douche, quand il s’essuyait à côté de moi, quand nos peaux nues se frôlaient dans les vestiaires.
J’ai mis du temps à admettre que je ressentais plus que de l’amitié pour lui. Que j’avais aussi envie de le serrer contre moi, de le toucher, de le caresser, de lui procurer du plaisir.
Mais je n’ai jamais osé tenter quoi que ce soit. De toute façon, très vite, Jérém a été tellement branché nanas ! De plus, je l’entendais souvent tenir des propos homophobes.
Alors, j’ai essayé de cacher ça au plus profond de moi. Mais ça me rongeait. J’avais peur qu’un regard déplacé puisse me trahir, qu’il comprenne, qu’il me jette. Et pourtant, l’amitié ne me suffisait plus. C’était chaque jour un peu plus dur ».
« Je n’arrêtais pas de me dire que je devais revenir à la raison. Que je devais me contenter de l’amitié. Alors, quand on a commencé à tourner avec le rugby, et qu’on se retrouvait parfois à dormir à l’hôtel, presque toujours dans la même chambre, parfois dans le même lit, c’était une torture. J’en ai passé des nuits sans sommeil, à te regarder dormir, à écouter sa respiration. J’avais envie de lui à en crever.
C’était à la fois merveilleux et insupportable. Il me faisait tellement d’effet ! ».
« On passait des heures à discuter, à refaire le match. On rigolait beaucoup. J’adorais la complicité qu’il y avait entre nous. J’étais bien avec lui, parce que je sentais qu’il était bien avec moi, et qu’il appréciait ma compagnie. Il n’y a pas de mots pour décrire ça, il faut l’avoir vécu pour comprendre ».
« Et ce bonheur, il arrivait presque à faire taire mes autres envies. Mais le sexe était très présent dans la vie de Jé et il n’hésitait pas à m’en parler. Je me souviens d’une nuit en particulier, où il m’a parlé d’une nana qu’il s’était tapée la veille et avec laquelle il disait s’être particulièrement amusé. Il m’a raconté ça dans les détails, tu vois, et après, il a voulu que je lui dise à mon tour ce que j’aimais le plus au pieu ».
« C’était dur pour moi de parler de ces choses là avec lui. Parce que lorsque je pensais sexe, j’avais envie de lui. Parce que lui raconter ce que j’aimais avec les nanas, c’était lui faire comprendre que j’étais hétéro et que rien ne pourrait se passer entre nous. Je savais que je ne pourrais rien tenter avec lui, et pourtant, au fond de moi, je gardais un petit espoir ».
« Mais cette nuit-là Jé n’était pas comme d’habitude. Il avait pas mal bu et je ressentais entre nous quelque chose qui me rappelait cette autre nuit sous la tente. Cette nuit-là, j’avais l’impression que quelque chose pouvait se passer.
A un moment, il m’avait parlé de deux gars de l’équipe contre laquelle on avait joué le jour même et qu’il pensait être gay. Il m’a dit qu’il croyait qu’ils étaient ensemble et qu’ils avaient l’air heureux. Ses propos sur le sujet étaient plus apaisés que d’habitude.
Moi aussi j’avais un peu bu. Et je me suis senti pousser des ailes. Je l’écoutais parler, je m’efforçais de lui donner la réplique. Mais mon cœur tapait à mille à l’heure. A un moment, j’étais vraiment à deux doigts de l’embrasser.
Je sentais à sa voix que la fatigue commençait à le gagner. Je me souviens m’être dit que c’était le moment, car une occasion comme celle-ci ne se représenterait plus jamais. J’avais l’impression qu’il se passait un truc, qu’il allait se passer un truc. J’ai essayé de trouver le courage, de prendre le risque, de surmonter ma peur.
Je sentais les secondes s’écouler au fil des battements de mon cœur qui résonnaient dans mes tempes. A chaque instant je me disais que c’était le bon, tout en me disant que le suivant serait meilleur, et que je trouverais enfin le courage de me lancer.
J’ai attendu, tétanisé par la peur de me tromper, de faire une énorme bêtise. Le risque était trop grand. Si j’avais gâché notre amitié, si on ne s’entendait plus avec Jéjé, c’est notre parcours dans le tournoi de rugby qui allait en souffrir.
J’ai trop attendu, j’ai trop cogité. A un moment, je l’ai entendu me souhaiter la bonne nuit. La magie de cette nuit-là était partie, d’un coup. Un instant plus tôt, tout semblait possible. Un instant plus tard, tout était foutu. Deux mots et tout s’était écroulé.
Sur le coup, je me suis senti soulagé que cette tension cesse enfin. Mais en même temps, j’ai ressenti une frustration et une déception terribles. J’ai su qu’il n’y aurait jamais meilleure occasion que celle-ci. Et que même une occasion pareille ne se représenterait sûrement plus jamais. J’ai compris que je n’arriverais jamais à avouer à Jé ce que je ressentais pour lui.
Quand je l’ai entendu glisser dans le sommeil, j’ai eu envie de pleurer. J’ai essayé de me ressaisir en me répétant mille fois que Jé était comme mon petit frère, et que notre amitié, notre complicité étaient plus importantes que tout. Et que jamais je ne devais prendre le risque de gâcher ça ».
« Mais ça n’a pas suffi pour oublier » je considère.
« Non, non ».
Thibault marque une pause. Une question me brûle les lèvres. J’hésite avant de la poser. Mais je décide de me lancer.
« Thibault, tu crois que tu es, ? ».
« Gay ? ».
« Oui».
« Je n’en sais rien. J’ai toujours couché avec des nanas. Et ça s’est toujours bien passé. Après, c’est vrai que j’aime regarder un beau garçon. Au rugby, sous les douches, dans les vestiaires, on côtoie des gars vraiment canons. Mais je n’ai jamais ressenti ce que je ressens pour Jé pour un autre gars.
Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer. Avec Jé, c’est différent. Je ne sais pas comment te dire. C’est juste que quand je le regarde, quand je suis avec lui, je suis bien. Et j’ai envie de lui faire plaisir. Voilà, c’est ça. J’ai envie de le faire rire, de l’aider quand il a besoin de moi, j’ai envie de le rassurer, de le soutenir, de l’aider à avancer. Mais j’ai aussi envie de le serrer dans mes bras. J’ai envie qu’il soit bien. Parce que, quand il est bien, je suis bien aussi. C’est même plus fort que l’attirance ».
Soudain, je réalise que ce que Thibault vient de me donner en quelques mots, ressemble à une inconsciente mais magnifique déclaration d’amour.
« Tu as déjà ressenti ça pour une nana ? »
« Je ne sais pas » il finit par lâcher, pensif « je ne crois pas ».
« De toute façon » il continue « pour Jé ce n’était pas la même chose. Il appréciait mon amitié, mais il ne ressentait pas les mêmes choses que moi. Ça a été dur de le voir aller vers d’autres gars ».
Thibault me parle alors de la nuit où il avait surpris son pote en train de sortir d’un mobil home au camping de Gruissan, en compagnie d’un autre garçon. De son cousin Guillaume qui dormait parfois chez lui l’an dernier et avec lequel il pensait qu’il se passait des choses. Et aussi avec un rugbyman d’une autre équipe avec qui il avait dormi chez lui tout un week-end. Il me parle également de ce plan à quatre avec son pote et les deux nanas quelques mois plus tôt.
Je suis au courant de tous ces moments, Jérém m’en a parlé à Campan. Mais je le laisse parler, je veux connaître sa version de l’histoire, son vécu, son ressenti. Et je sens qu’il a besoin de m’expliquer, de s’expliquer. Il a besoin de parler. Parce que je suis certainement la seule personne avec qui il peut le faire. Combien je regrette de ne pas lui avoir donné cette occasion plus tôt, de ne pas avoir su l’écouter et lui permettre de soulager son cœur.
« Quand il m’a proposé ce plan, il m’a scié. J’ai hésité à accepter, de peur d’être confronté à mes démons. Sur le coup, je me suis demandé pourquoi il voulait partager ça avec moi. Mais Jé semblait tellement emballé que je n’ai pas su lui dire non. Alors, j’ai fini par accepter pour lui faire plaisir.
Je l’ai regardé emballer deux nanas d’un claquement de doigts. Ce mec est incroyable ».
« Je sais, je l’ai vu faire aussi, j’étais là ce soir-là ».
« Après, je te cache pas que si j’ai accepté, c’était aussi pour voir Jé à poil, en train de prendre son pied. Je n’allais pas coucher avec lui, mais j’allais pouvoir le voir en train de coucher. La présence des nanas m’offrait cette occasion. Tant pis pour mes peurs, j’en avais trop envie ».
« Et on s’est retrouvés dans son studio, à poil, en train de baiser les nanas. Je le regardais en train de prendre son pied et je sentais mon excitation monter. La nana avait vraiment l’air de prendre son pied aussi. Elle était folle de lui, elle gémissait de plaisir, ses mains touchaient ses pecs, ses biceps. Elle ne se gênait pas pour lui dire à quel point il la faisait jouir et à quel point elle avait envie d’être à lui. Ca me rendait dingue. Ca me donnait envie, tellement envie de m’occuper de lui à sa place.
Parce que cette nuit-là, j’étais beaucoup plus attiré par son corps, pas son regard, par son plaisir à lui que par ceux des nanas. Cette nuit-là, j’avais envie de lui, bien plus que des nanas.
Nos épaules se touchaient, je sentais son parfum, j’entendais sa respiration et ça me donnait des frissons. Je sentais son regard sur moi. Lui aussi me regardait prendre mon pied. Je me suis demandé si ça l’excitait aussi de me voir prendre mon pied.
Très vite, nos regards ont commencé à se croiser de plus en plus souvent. Je sentais mon orgasme arriver et je guettais l’arrivée de son orgasme à lui, j’avais hâte de le voir venir. Et on a fini par venir presque au même moment ».
Pendant que les nanas étaient là, j’avais eu envie de me retrouver seul avec mon Jéjé. Et dès qu’elles sont parties, je le redoutais. J’avais tellement envie de lui. J’avais peur de ce qui pourrait arriver. J’avais envie de partir à mon tour.
Mais Jéjé m’a demandé de rester dormir. J’ai essayé de trouver un prétexte pour rentrer chez moi, il a insisté. J’ai cédé pour lui faire plaisir, une fois de plus.
Nous nous sommes couchés, et il s’est endormi très vite. Mais moi j’ai eu du mal à trouver le sommeil. Pas facile de dormir dans le même lit qu’un mec qui fait tant d’effet, surtout avec ce qu’il venait de se passer. D’autant plus que la trique m’a gagné, même après deux baises rapprochées. J’ai essayé de me calmer, et j’ai fini par m’endormir aussi. Mais quand je me suis réveillé un peu plus tard dans la nuit, je le tenais dans mes bras. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais c’est arrivé, dans le sommeil. J’ai eu tellement peur qu’il s’en rende compte et qu’il me jette ».
« Je n’ai jamais su s’il s’en est rendu compte, mais je pense que oui ».
« Il s’en est rendu compte, il m’a parlé de cette nuit. Mais il ne t’en a jamais voulu ».
« Ça me fait plaisir de l’entendre. N’empêche que le matin, au réveil, il y avait comme un malaise entre nous. Et même l’après-midi, au rugby j’avais l’impression qu’il m’évitait, qu’il n’était pas dans son assiette. Nous n’avons pas arrêté de foirer des actions sur le terrain. Aux vestiaires, sous les douches, on se parlait à peine. J’avais tellement peur que ce plan ait fait du tort à notre amitié ! ».
« Après cette nuit, c’était le bazar dans ma tête. Encore plus qu’avant. J’avais qu’une envie, c’était de recommencer, de voir Jérém prendre son pied. Mais sans les nanas. J’avais envie de l’embrasser, de le caresser, de faire l’amour avec lui. J’en rêvais presque toutes les nuits. J’avais envie de savoir si je ne m’étais pas trompé, si vraiment lui aussi avait envie de moi. Et, comme toujours, j’avais peur pour notre amitié. Alors, j’ai pris sur moi. J’ai voulu faire comme si de rien n’était. J’ai essayé de me raisonner.
Je me suis forcé à me dire que renoncer à mes désirs pour Jé était nécessaire. Douloureux et difficile, mais nécessaire. Il fallait à tout prix que j’y arrive. Mais je ne voyais pas comment. Plus j’essayais de me raisonner, plus je crevais d’envie de lui. Je n’aurais jamais dû accepter ce plan à quatre. Parce que j’ai trop aimé. Et après, c’était encore plus dur pour moi ».
Thibault marque une pause. Il sort un paquet de cigarettes.
« Ça te gêne si je fume ? » il me questionne.
« Non, tu es chez toi ».
« Mais au club on ne t’a pas dit à toi aussi d’arrêter ça ? » j’enchaîne, pendant qu’il allume sa cigarette.
« Si, bien sûr. Il faut que j’arrête. Je n’aurais pas du reprendre ».
« Excuse-moi, tu as le droit, ce ne sont pas mes oignons ».
« Mais tu as parfaitement raison ».
« Quand j’ai compris ce qui se passait entre Jé et toi » il enchaîne « ça a été un nouveau choc pour moi. Certainement le plus grand de tous ».
« Tu as compris quand ? ».
« Le jour où je t’ai croisé dans les escaliers chez lui, tu te souviens ? ».
« Oui, très bien ».
« Jé venait quasiment de me mettre à la porte parce que tu devais arriver pour le faire réviser. Déjà c’était louche qu’il donne tant d’importance à des révisions, et aussi qu’il insiste autant pour que je parte. Après, quand je t’ai croisé, j’ai vu ton regard. Tu étais tout excité, ton cœur battait la chamade. Vous étiez tellement pressés de vous retrouver, et il n’y a que le sexe et l’amour qui peuvent mettre les gens dans de tels états ».
« Ca a été dur pour moi de te voir débarquer dans la vie de Jé. Parce que tu n’étais pas une simple aventure comme il en avait eu avant avec d’autres mecs. Cette fois-ci, Jé était tombé sur un gars qui était vraiment amoureux de lui. Car j’ai senti que tu l’aimais ».
« Pendant un temps, j’ai cru que Jé couchait avec des gars juste pour le sexe. J’ai cru qu’il était bi. Mais je me suis dit qu’il ne renoncerait jamais aux nanas. Et, surtout, qu’il ne serait jamais amoureux d’un gars. Et puis tu es arrivé. Jé a peu à peu oublié les nanas. Et j’ai compris assez rapidement que, malgré ce qu’il voulait croire et faire croire, tu étais quelqu’un de très important à ses yeux. Et tout est remonté en moi. Donc il aimait bien les mecs. Plus que les nanas. Et il pouvait ressentir des choses pour un gars. Mais pas pour moi. J’ai compris qu’il ne s’intéresserait jamais à moi autrement que comme à un pote. Parce qu’il ne me voyait que comme un pote ».
Je réalise que Thibault a été également aux premières loges pour voir naître ma relation avec son Jé. Combien de fois, coincé derrière ce mur de verre cruel qui l’empêchait d’atteindre son bonheur, Thibault a dû avoir les tripes retournées en voyant son pote coucher avec d’autres ?
« Mais ce n’était pas tout. Quand tu es arrivé dans sa vie, c’est notre amitié qui a changé. Du jour au lendemain, Jé était moins disponible, pour le rugby, pour les sorties, pour moi. D’un côté, ce n’était pas une mauvaise chose. Moins je le voyais, moins ça me faisait mal de devoir accepter une amitié qui ne me suffisait plus. Et pourtant, il me manquait. Notre complicité me manquait. Jé ne se confiait plus à moi, il me cachait toute cette partie de sa vie ».
« Mais ça aurait été dur pour toi de l’entendre te parler de sa relation avec moi ».
« Je le sais, j’étais dans une situation intenable. Ne pas savoir me faisait souffrir. Mais s’il m’avait raconté, je crois que j’aurais souffert encore plus. Et ce qui me faisait du mal aussi, c’était de me rendre compte que si votre relation lui apportait du bonheur, il avait du mal à accepter tout ça, à l’assumer. Si je n’avais pas été amoureux, j’aurais pu le pousser à se confier, et tout aurait été plus simple. Quand un amour à sens unique se mélange à l’amitié, ça produit un mélange explosif ».
« J’avais déjà du mal à oublier ce que j’avais ressenti pendant le plan à quatre, et le fait de vous imaginer en train de vous donner du plaisir, l’idée de l’entendre me le raconter c’était au-dessus de mes forces. De toute façon, il n’était pas prêt à me raconter cette partie de sa vie.
Mais en même temps, je me disais que c’était une bonne chose que tu sois arrivé dans sa vie. J’avais besoin de prendre un peu de distance pour essayer d’oublier ce que je ressentais pour lui. Et je croyais pouvoir compter sur toi pour y arriver ».
« Mais moi je me suis confié à toi ».
« Je t’y ai poussé. J’avais besoin d’être sûr de ce que tu ressentais pour lui pour encourager votre relation ».
« Tu as tout fait pour nous rapprocher ».
« Après coup, tu as du te dire que j’ai joué un drôle de jeu avec toi. Essayer de vous rapprocher alors que j’avais des sentiments pour Jé ».
Je me dis que c’est vrai, lorsqu’on a des sentiments pour quelqu’un, on n’essaie pas en général de faire copain copain avec la personne qui a la place que l’on convoite dans le lit et dans le cœur de ce quelqu’un. Et surtout pas de pousser son « rival » dans les bras de l’être aimé.
Mais je me tais. Et je l’écoute. Là encore, je veux entendre son récit et sa cohérence.
« Et pourtant j’étais sincère. Au fond de moi je savais que je n’avais aucun espoir avec Jé, aucun espoir de bâtir une relation au-delà de l’amitié. Je me suis dit que vous aider à être heureux ensemble me permettrait de tourner la page.
Et comme je savais que ce n’était pas une mince affaire de s’attaquer au cœur de Jé, j’ai voulu t’encourager, te soutenir. J’ai voulu essayer de te donner quelques clefs pour connaître et comprendre un peu mieux ce sacré bonhomme. Mais ça a été plus difficile que prévu ».
« J’imagine ».
« L’un des moments les plus durs, ça a été la nuit où Jéjé s’est battu à l’Esmé, et qu’il n’a pas voulu me dire ce qui s’était passé ».
« Il s’est battu avec un mec saoul qui voulait me taper parce que je l’avais regardé ».
« Je me doutais que c’était un truc comme ça. Je crois que c’est cette nuit-là que j’ai compris clairement que Jé ne faisait pas que coucher avec toi, mais qu’il t’aimait. Sans se l’avouer encore, certes, mais il t’aimait. J’ai compris que tu allais prendre une grande place dans la vie et dans son cœur. Une place qui ne serait jamais la mienne.
Et quand je vous ai regardé partir tous les deux dans la 205, vers son appart, vers son lit, ça a été un déchirement. J’aurais voulu être heureux pour vous, mais je n’y arrivais pas. Je n’y arrivais plus. J’étais trop malheureux ».
« J’avais plus que jamais besoin de prendre de la distance. De ne plus le voir, de ne plus vous voir pendant un temps. Mais on avait un tournoi à gagner. Toujours pareil, on avait des entraînements, on se voyait dans les vestiaires, sous les douches. Après sa blessure à l’épaule, Jé m’a même demandé de rester dormir chez lui. C’était très difficile pour moi ».
Thibault allume une nouvelle cigarette. Il tire une longue taffe et il se retourne pour expirer et ne pas m’envoyer la fumée.
« La nuit qu’on a passé tous les trois ensemble a dû être compliquée pour toi » je considère.
« Ça l’a été ».
« Comment se fait que tu es passé le voir si tard cette nuit-là ? ».
« J’avais besoin de lui parler. Plusieurs fois, avant cette nuit, après des soirées où on avait bu, ça avait failli déraper entre nous. Mais ça n’avait jamais été plus loin qu’une branlette. Et pourtant, ça avait créé un malaise entre nous. J’avais aussi essayé de lui parler de toi, de votre relation, et il m’avait jeté. Je sentais qu’on s’éloignait, on se voyait de moins en moins, au rugby c’était plus comme avant. On était à deux doigts de foirer le tournoi, alors qu’il était tout à fait à notre portée.
Ce soir-là, j’étais à une soirée chez des potes. En rentrant, je suis passé dans la rue de la Colombette, et j’ai vu qu’il y avait de la lumière chez lui. J’avais besoin de lui parler. J’avais besoin de lui dire que son amitié était trop importante pour moi et qu’il ne fallait pas laisser quoi que ce soit lui faire du tort. Je voulais aussi lui reparler de toi, lui dire que ça ne me posait aucun problème. Je voulais lui dire qu’il avait le droit d’être heureux avec toi.
En aucun cas j’étais passé pour qu’il se passe quoi que ce soit avec lui. Bien au contraire, je ne voulais surtout plus qu’il se passe quoi que ce soit. Je pensais qu’il était seul ».
« Mais j’étais là».
« Oui».
« Je venais tout juste d’arriver ».
« Quand Jé a lancé l’idée de ce plan, je me suis demandé à quoi il jouait. Au fond de moi, je me disais que c’était la dernière chose à faire, parce que ça allait encore compliquer les choses. Et pourtant, j’en crevais d’envie. L’idée de retrouver les sensations du plan avec les nanas me faisait vraiment envie. Et l’idée de partager ce moment avec toi, le mec qui faisait du bien à mon pote, me plaisait bien aussi. Je voulais aussi savoir ce que Jé aimait. Et pourquoi il n’arrivait pas à l’accepter. J’étais aussi curieux de découvrir le plaisir entre garçons ».
« Je crois que pendant ce plan il voulait te montrer que j’étais juste son objet sexuel et qu’il ne ressentait rien de plus pour moi ».
« Je le crois aussi. Mais je savais déjà que ce n’était pas vrai ».
« Cette nuit-là, j’ai ressenti tellement de choses » il continue « c’était ma première fois avec un mec, enfin, tu sais, la première fois, jusqu’au bout. Et c’était génial. C’était décomplexé, c’était assumé, c’était bon. Je n’avais jamais pris autant mon pied ».
« Et moi pareil. C’était la première fois que je couchais avec un gars qui voulait vraiment me faire plaisir. Car jusque-là, Jérém ne semblait se soucier que de son plaisir à lui ».
« J’ai toujours regretté de ne pas l’avoir empêché de te traiter comme il l’a fait ».
« Je sais. Mais ça aurait créé des tensions entre vous ».
« Mais j’aurais dû être plus ferme ».
« Tu as fait ce que tu as pu. Et surtout, tu m’as fait l’amour. Devant Jérém. Et ça, ça l’a rendu fou ».
« Tu es un gars touchant, Nico. Tu es doux et sensuel. Et tu m’as aidé à regarder en face cette partie de moi que j’avais enfouie depuis toujours. Et de ça, je t’en suis reconnaissant. Tu m’as montré à quel point l’amour entre garçons est bon. Tellement bon qu’on ne peut pas le mépriser, mais uniquement le respecter. Alors, j’ai voulu montrer à Jé qu’il n’y avait aucun mal à ça, qu’il n’avait pas à avoir cette attitude méprisante vis-à-vis de toi. Je me suis dit que s’il me voyait assumer, ça l’aiderait à assumer. Et puis je l’ai vu jaloux. Et je me suis dit que cette jalousie était saine, et que ça le pousserait à se remettre en question ».
« Mais cette nuit-là, j’ai aussi ressenti autre chose » il continue.
« C’est-à-dire ? ».
« Jamais je n’ai eu autant envie de lui qu’à ce moment-là. J’ai trouvé que Jé était terriblement sexy, bien plus que pendant le plan avec les nanas. Il avait l’air de prendre son pied comme jamais ».
« Tu peux pas savoir à quel point j’avais » il ajoute, avant de marquer une pause, l’air très gêné.
« A quel point ? » je le questionne.
« Laisse tomber ».
« Au point où nous en sommes, tu peux tout me dire. Ça te fera du bien ».
« A quel point j’avais envie d’être à ta place, de lui faire ce que tu lui faisais, de lui laisser faire ce qu’il te faisait. J’avais envie de faire l’amour avec lui ».
« En plus il ne me lâchait pas du regard » il continue « Son attitude était troublante. Ce soir-là, il s’est lâché beaucoup plus qu’avec les deux nanas. Je me suis dit qu’il avait lui aussi envie qu’il se passe quelque chose entre nous deux. Pendant un moment, j’ai même cru que ce serait lui qui prendrait l’initiative ».
« Je l’ai senti, j’ai senti votre attirance. Et j’ai cru que vous alliez le faire ».
« Et ça aurait été mieux que ça se passe là, devant toi, plutôt que plus tard, dans ton dos. C’était la nuit de toutes les folies, et ça se serait arrêté là ».
« A un moment, j’ai même cru que Jérém avait voulu ce plan pour s’approcher de toi » je lance.
« Je ne crois pas. Cette nuit-là on n’a pas vraiment couché ensemble Jé et moi ».
« Mais ça aurait pu » je considère.
« S’il ne s’est rien passé, c’est parce que je savais que c’était toi qu’il aimait. Je savais aussi que tu l’aimais. Cette nuit-là, dans cette intimité j’ai senti toute l’intensité de votre amour. Je ne voulais pas te faire de mal. Je ne voulais pas que tu te sentes trahi. Mais j’en crevais d’envie. De toute façon, à partir du moment où il a commencé à être jaloux, il a oublié tout le reste. Sa tentation envers moi s’est évaporée aussitôt ».
« Cette nuit-là a remué bien de choses dans ma tête » il continue « et je me suis rendu compte que je n’en pouvais plus d’endurer tout cela, que j’avais plus que jamais besoin de prendre de la distance.
Mais je ne pouvais pas m’éloigner de suite. Une fois de plus, j’attendais la fin du tournoi. Jérém serait peut-être parti travailler ou jouer ailleurs. Si je n’avais pas été recruté par le Stade, je me serais investi davantage au SDIS, pour devenir pompier pro. Et je crois bien que j’en aurais profité pour changer de ville. Je me souviens m’être dit qu’il fallait que je tienne bon encore quelques mois, et que j’arriverais enfin à tourner la page.
Mais rien ne s’est passé comme prévu. Après cette nuit, ça a failli à nouveau déraper entre Jé et moi. Et à chaque fois, j’avais le cœur de plus en plus lourd. Je culpabilisais. Je ne voulais pas gâcher notre amitié, et je ne voulais pas non plus trahir ta confiance, je ne voulais pas me mettre entre vous deux. Je savais aussi que s’il avait failli se passer quelque chose entre nous, c’était aussi parce qu’il était mal dans sa peau. Je ne voulais pas compliquer les choses inutilement ».
« Après la fin du tournoi, j’ai cru que ça allait bien se passer pour la suite. Je pouvais enfin prendre de la distance. D’autant plus que Jé était accaparé par son taf à la brasserie et que ses horaires étaient très différents des miens.
C’était dur, mais c’était la seule chose à faire. Ce qui me faisait tenir bon c’était le fait de vous savoir amoureux l’un de l’autre, de vous savoir bien ensemble, de croire que votre bonheur était possible. Je me suis dit que votre bonheur avait le droit de passer avant le mien, qui lui n’avait aucune chance.
J’ai su très vite que tu étais un bon gars et que Jé était bien avec toi. J’ai su que tu pourrais lui offrir tout ce que moi je ne pouvais pas lui offrir. Non seulement le plaisir et l’amour, mais aussi une relation assumée. J’ai vite compris que tu assumais qui tu étais. Et que tu pouvais l’aider à se connaître lui-même, à s’accepter. Tu pouvais l’aider à s’aimer. Ce qui n’a jamais été le cas. Tu sais, derrière sa façade de « petit con qui se la pète », Jé ne s’aime pas vraiment. Pas du tout même. J’ai essayé de lui faire comprendre qu’il est génial, mais il ne l’a jamais imprimé. Je me suis dit que tu avais des chances de réussir là où j’avais échoué. L’amour peut bien des choses. Je me suis dit que tu pouvais le rendre heureux, sans que l’amitié s’en mêle et vienne compliquer les choses.
D’une certaine façon, j’ai voulu te confier mon Jéjé. Je me suis dit que tu lui apporterais un nouvel équilibre, que tu veillerais sur lui, à ma place. Parce que c’était devenu trop dur pour moi de le faire.
Oui, après la fin du tournoi, j’ai vraiment cru que ça allait bien se passer. Mais il a fallu que Jé se fasse expulser. Et qu’il me demande de crécher quelque temps chez moi ».
« Ca n’a pas dû arranger les choses ».
« Non, pas vraiment. Tu sais, j’ai hésité avant de dire oui. Je ne voulais plus être confronté à la tentation, à cet amour impossible. Mais je ne pouvais pas le laisser dans la rue. Je ne pouvais pas lui dire non, surtout qu’il m’avait dit que ce n’était que pour quelques jours. J’ai même prétexté que j’avais du mal à dormir pour lui laisser le lit et prendre le clic clac. Finalement, c’est lui qui a pris le clic clac. Pendant les quelques semaines où il est resté chez moi, j’ai tout fait pour l’éviter. Je n’étais pas là pendant sa pause de l’après-midi, je me couchais avant qu’il rentre du service du soir. On se voyait très peu. Et ça se passait très bien.
Jusqu’à ce soir du 15 août. Jé a débarqué à l’improviste, en pleine nuit. Il venait de découcher plusieurs nuits d’affilé. Moi j’étais déjà couché, et j’ai été surpris de le voir arriver. Il était complètement paumé. Il était stone. Il était si mal dans sa peau. Et je crois que c’était avant tout parce que tu lui manquais à en crever.
J’ai essayé de lui parler de votre histoire, de le mettre à l’aise, de lui dire qu’il n’y avait rien de mal à aimer un gars. Il m’a jeté. Il voulait ressortir et je ne voulais surtout pas qu’il reparte, si tard dans la nuit, dans cet état. J’ai juste voulu le réconforter. Je l’ai rejoint sur le clic clac et ça a dérapé ».
Je réalise que je suis assis sur le clic clac dans lequel les deux potes se sont donné du plaisir. Je ne peux empêcher une poussé de jalousie parcourir ma colonne vertébrale et me couper le souffle. Mais elle retombe très vite, chassée par l’envie d’entendre et de comprendre le récit de Thibault.
« Jé avait davantage besoin d’affection que de sexe. Si le sexe est venu, c’est parce que nous, les garçons, nous avons besoin de ça pour nous détendre et laisser tomber la carapace. S’il a voulu coucher avec moi, c’est parce qu’il se sentait seul et perdu. Après le sexe, je l’ai pris dans mes bras. J’ai senti qu’il en avait envie, qu’il en avait besoin. Nous n’avons pas parlé. Mais tout était dit. J’étais bien, et je sentais qu’il était bien aussi. C’était si bon de le sentir s’apaiser, partager ce moment de complicité et d’intimité.
C’était tellement bon d’être là pour lui. Mais aussi très dur ».
« Je comprends ce que tu as dû vivre ».
« Je pensais vraiment pouvoir garder le contrôle, mais mes sentiments ont fait surface, et c’était violent. J’ai essayé de résister, mais ça a été plus fort que moi.
Tu sais, Nico, j’ai passé des années à me maîtriser, tout le temps, à arrondir les angles partout, à m’oublier pour faire plaisir aux autres. Cette nuit-là, j’ai perdu pied. C’était une folie et pourtant c’était tellement bon d’écouter enfin mon cœur. Je n’ai pas eu la force de résister. Est-ce que j’ai assez réfléchi aux conséquences ? Je ne crois pas. Non, je ne savais pas comment j’allais gérer ça après, mais j’en avais besoin. En tout cas, je me suis dit que j’assumerais et que je trouverais les mots pour faire comprendre à Jé qu’il devait s’assumer aussi. Mais je n’en ai pas eu l’occasion ».
« Parce qu’il est parti ».
« Pendant quelques heures, j’ai cru qu’il reviendrait. Mais il n’est pas revenu ».
« Tu lui en as voulu ? ».
« Sur le coup, oui, un peu. J’aurais voulu qu’on se réveille ensemble, qu’on prenne le petit déj, qu’il me laisse l’occasion de lui montrer que ce qui s’était passé ne changeait rien entre nous, que je ne lui demandais rien du tout. J’aurais voulu au moins que ce qui s’était passé entre nous lui montre qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien entre mecs.
Mais il a préféré partir. Je sais qu’il n’a pas voulu me faire du mal. Peut-être qu’il a eu peur de m’avoir donné des faux espoirs, de m’avoir blessé. Peut-être qu’il a eu peur de me faire davantage de mal s’il était resté. Mais ça a été dur pour moi de le perdre de cette façon.
En fait, tu l’as compris, c’est ça, bien avant et bien plus que mon recrutement au Stade Toulousain, qui nous a éloignés ».
« Je comprends, oui ».
« Je regrette de ne pas t’avoir tout dit le jour où t’étais venu me voir au garage. Mais j’étais tellement mal à l’aise ! Je ne voyais pas comment je pourrais te raconter ça et comment tu pourrais l’accepter. Jé venait de te quitter, vous vous étiez battus, ça avait dû être horrible pour toi. Comment t’expliquer que quelques jours plus tard il couche avec son meilleur pote, moi, en qui tu avais confiance ? Car tu avais confiance en moi et je l’ai trahie ».
« Après cette nuit, j’ai culpabilisé à fond » il continue « j’avais perdu mon pote de toujours. Je me suis dit que ce qui s’était passé avait été une grosse erreur. Si tu savais comment je m’en suis voulu ! Et encore plus après l’accident ».
« L’accident n’était pas de ta faute ».
« Non, mais si on n’avait pas couché ensemble, il serait resté à l’appart, il ne serait pas parti en vrille, et probablement il ne se serait pas battu avec ce type ».
« Avec les si».
« Je sais bien. Mais sur le coup, je voyais tout en noir ».
« Mais depuis, il enchaîne, j’ai eu le temps de réfléchir. Et j’ai arrêté de voir cette nuit comme une erreur.
Parce que cette nuit-là, on avait besoin l’un de l’autre. D’une certaine façon, je pense qu’il fallait que ça arrive. Car cette nuit nous a permis de nous avouer ce que l’on ressentait l’un pour l’autre. Et elle nous a fait comprendre qu’entre nous ce n’est pas possible. Car Jé est amoureux de toi et moi je ne serais jamais que le bon pote. Cette nuit était une façon de nous dire adieu, alors que le rugby et la vie allaient nous éloigner. Cette nuit a donné la réponse à toutes les questions que nous pouvions nous poser l’un sur l’autre et sur nous-mêmes aussi ».
Thibault marque une pause, le regard dans le vide. Je me sens bizarre. Je viens de comprendre que Thibault est tout aussi amoureux de son Jéjé que je le suis de mon Jérém. Et qu’il l’est depuis beaucoup plus longtemps que moi, en secret. Je réalise à quel point ça a dû être dur pour lui pendant tout ce temps à côtoyer ce pote dont il était amoureux. Tout en essayant de maîtriser ses sentiments, et de me permettre de me rapprocher de son pote. Car il a été sincère dans sa démarche, j’en suis certain.
Oui, Thibault a souffert aussi, et bien plus que moi. Moi, avec Jérém, j’ai eu de la peine mais aussi de la joie, beaucoup de joie. Mais Thibault, à part cette unique nuit d’amour, n’a pratiquement retiré de cette histoire que de la souffrance. Et dans cette histoire, il a perdu plus que tout le monde.
Bien sûr, une partie de moi lui en veut quand même d’avoir couché avec le gars que j’aime. Et pourtant, je comprends désormais son geste. Quand on est amoureux, quand on ressent une attirance, on a beau lutter. Elle finit toujours par nous rattraper.
Finalement, la « faiblesse » révélée du beau pompier est loin de ternir son image. En réalité, ce qui s’est passé avec Jérém, ne fait que dévoiler sa sensibilité, depuis trop longtemps dissimulée derrière le garçon fort et généreux. Et ça le rend on ne peut plus humain. Thibault dévoile ses fêlures, sans pour autant perdre ses qualités.
« Les semaines après l’accident de Jé ont été très difficiles ».
Son regard ému me fait fondre. Il est beau et touchant. Je prends ses mains dans les miennes et je les serre très fort. Ses pouces caressent mes doigts.
« Je n’aurais pas dû réagir comme j’ai réagi, te laisser tomber sans te permettre de t’expliquer. Je suis désolé de ne pas avoir été là pour te soutenir ».
« Tu étais déçu et en colère ».
« Sur le coup, j’étais sonné, comme si j’avais reçu un coup de massue sur la tête ».
« Je le comprends, et je pense qu’à ta place j’aurais peut-être réagi de la même façon ».
« Même si, au fond de moi, je savais déjà que tu étais amoureux de Jérém. Moi aussi j’ai ressenti des trucs la nuit qu’on a couché tous les trois. Après cette nuit, j’ai eu peur que vous puissiez coucher ensemble. Et pourtant, j’ai toujours cru que tu arriverais à gérer. Mais quand tu m’as raconté ça, alors que je vivais la période la plus dure de ma vie, entre la séparation avec Jérém et son accident, je suis tombé de haut ».
« Je suis désolé ».
« Ne le sois pas. L’amour ne se commande pas ».
« J’aurais pu te le cacher, mais j’ai préféré être sincère ».
« Je sais que tu as voulu agir pour le mieux et tu as bien fait ».
« Je savais que vous alliez vous retrouver un jour, et je ne voulais pas non plus laisser le fardeau à Jé de te l’avouer. Et prendre le risque que ça explose à nouveau entre vous à cause de ça. Mais je ne voulais pas l’accabler, au contraire, je voulais t’expliquer pourquoi c’était arrivé ».
« Mais je ne t’en ai pas laissé l’occasion ».
« J’avais aussi besoin de te le dire, pour me soulager de ce poids, surtout après l’accident de Jé ».
« J’avais tellement peur qu’il ne se réveille pas ! Et quand il s’est réveillé, j’ai eu peur que cet accident brise sa future carrière au rugby ».
« Vraiment, je suis désolé de ne pas avoir été là ».
« Je ne t’en veux pas, Nico. Enfin, je ne t’en veux plus. Je comprends que tu aies été blessé par ce qui s’est passé ».
« Mais tu m’en as voulu».
« Si je te disais non, je mentirais. Du moins pendant un temps. J’avais perdu mon meilleur pote, et toi aussi tu me tournais le dos. J’ai essayé de t’expliquer, je t’ai demandé pardon. Je regrettais, vraiment, sincèrement. Quand tu es parti sans un mot, je me suis retrouvé seul. C’est bien connu, il n’y a rien de tel que ce genre d’histoires pour venir à bout des plus belles amitiés. Et moi, dans ce cas, j’avais perdu deux potes d’un seul coup. Il faut le faire ! ».
« Maintenant tout va bien, le plus important c’est qu’il soit en bonne santé et qu’il puisse réaliser son rêve » considère le jeune rugbyman.
« Je peux t’assurer que Jérém a toujours besoin de toi, de ton amitié. Il me l’a dit. Et je crois qu’il regrette aussi d’être parti comme un voleur cette nuit-là ».
« Je l’imagine, je le sais même. Il m’a appelé deux fois, je sentais qu’il voulait me parler, mais je n’ai pas pu. C’est trop dur pour moi. Je n’y arrive pas. Pas encore. Tu sais, Nico, malgré ce qui s’est passé, j’ai toujours des sentiments pour lui. Son départ pour Paris est une bonne chose finalement. Ca va nous permettre de prendre de la distance de tout ça.
Que ce soit clair, je ne fais pas la tête, il ne faut surtout pas qu’il pense ça, hein ? Mais j’ai besoin de temps, tu comprends ? J’espère que tu comprends et que tu sauras le lui expliquer ».
« J’essaierai ».
Je réalise que le Thibault bienveillant, plein d’énergie et de générosité en a pris un coup. Il est las de prendre sur soi. Las de faire passer le bonheur des autres avant le sien. Ce n’est pas qu’il ait changé. Sa nature demeure généreuse au plus haut point. Mais il n’en a plus l’énergie.
« Et je voudrais aussi que tu veilles sur lui à ma place, maintenant que je ne peux plus le faire. Je sais que tu sauras assurer à merveille ».
Je suis touché par ce passage de témoin symbolique, et par la confiance que Thibault m’accorde.
« Et si vraiment un jour il a un problème » il continue « il peut toujours m’appeler. Et s’il n’ose pas, tu peux toujours m’appeler, toi. Tu peux m’appeler même si c’est toi qui as un problème ».
« Merci Thibault. Toi aussi tu peux m’appeler si tu as besoin de quelque chose ».
« De toute façon, maintenant tout ça n’a plus la même importance pour moi. A présent, je dois me concentrer sur le rugby. Et il faut surtout que je m’occupe de ma famille ».
« Pourquoi, tu as des soucis ? ».
« Non, pas de soucis. Que du bonheur. Je vais être papa, Nico ».
« Ah bon ? » je ne trouve rien de mieux à lui répondre, complètement dérouté par la surprise.
« Oui, je vais être papa ».
« Mais tu as une copine ? ».
« Oui, enfin, c’est une nana que je voyais de temps à autre ».
« Mais tu le voulais ? Je veux dire… tu l’avais prévu ? ».
« Non, pas vraiment. Elle m’a appelé il y a quelques semaines, peu de temps après l’accident de Jé ».
« Mais si vous n’étiez pas vraiment ensemble… tu es sûr que cet enfant est bien… ».
« Quand on a couché ensemble, on s’est toujours protégés, sauf deux fois où on n’avait pas de capote. Elle est enceinte de trois mois. Ça correspond bien. Elle est tellement sûre d’elle qu’elle m’a même proposé de faire un test de paternité ».
« Et tu es heureux ? ».
« Oui, très heureux ».
« Garçon ou fille ? ».
« Je ne sais pas, et à vrai dire, ça n’a pas trop d’importance ».
Son regard s’illumine enfin quand il parle de son enfant. Il est vraiment beau.
« Je suis jeune pour devenir père » il enchaîne « et je n’avais pas prévu ça pour si tôt. Mais ce gosse va bientôt être là, et je dois l’assumer ».
« Et la maman ? ».
« Elle a cinq ans de plus que moi, elle est infirmière. On s’entend bien ».
« Mais tu te vois passer ta vie avec elle ? Je veux dire… tu l’aimes assez pour ? ».
« Je… je… je l’aime aussi… je l’aime bien » il finit par lâcher, après un instant d’hésitation.
« Dans tous les cas, j’apprendrai à l’aimer » il enchaîne « elle va être la mère de mon enfant, je ne peux pas la lâcher maintenant. D’ailleurs, nous allons bientôt nous installer ensemble ».
« T’es sûr de toi, Thibault ? T’es vraiment sûr que tu vas te plaire dans cette relation ? Tu t’installerais avec elle s’il n’y avait pas cet enfant ? ».
« Je ne sais pas. Mais de toute façon, je dois assumer. Ce gosse a besoin d’un papa. Ce gosse va donner un sens à ma vie ».
« Mais elle a déjà un sens, tu es un gars génial, et tu vas être un grand joueur au rugby ».
« Tu sais, Nico. Depuis un mois, je me demande ce que je fous à passer toutes mes journées à faire de la muscu et à jouer à la baballe comme un gosse. Je ne me sens pas à ma place ».
« Je croyais que c’était ton rêve ».
« Je le croyais aussi ».
« Tu ne t’y plais pas ? ».
« Être au Stade, c’est génial. Mais de plus en plus souvent, je me dis que ma place n’est pas là. Je me dis que je serais tellement plus utile à apporter de l’aide et du secours. Il n’y a qu’avec l’uniforme de pompier que je me sens bien. Ça rapporte 100 fois moins et on risque sa vie. Mais c’est ce que j’aime ».
« Tu es vraiment un gars fantastique ».
« Depuis mardi dernier, je ne peux plus regarder la télé, ni écouter la radio, ni lire les journaux. Ce qui s’est passé à New York est horrible. Il y a tant d’hommes et de femmes qui ont perdu leur vie sous les décombres. Et tant de collègues pompiers. Si je m’écoutais, je planterais tout et je prendrais le premier avion pour aller donner un coup de main. D’ailleurs, j’y ai pensé très fort la semaine dernière. Mais il n’y avait pas d’avion. Et de toute façon, là-bas je n’aurais pas su comment porter de l’aide dans tout ce bazar. Je ne parle même pas l’anglais ».
Thibault a vraiment l’air très affecté par les attentats. Sa sensibilité, son empathie, son altruisme, sa profonde humanité me touchent tellement. Ça c’est vraiment un bon gars.
« Alors » il continue « avec ce qui arrive dans le monde, ce qui s’est passé avec Jé, ça n’a plus la même importance. Le monde est devenu complètement fou. Et je pense que ça n’est pas fini là ».
« Tu penses vraiment lâcher le Stade ? ».
« Maintenant j’ai signé pour un an et je ne vais pas leur faire faux bon. Dans six mois, mon enfant va être là. J’aurai la responsabilité de le faire grandir. Ce sera une nouvelle vie. Et cette nouvelle vie me fera peut-être passer l’envie de risquer la mienne pour essayer de sauver celle des autres. Et ça m’aidera à tourner la page vis-à-vis de ce qui s’est passé avec Jé ».
« Tu crois que tu ne pourrais pas tomber amoureux d’un autre mec ? ».
« Il y a bien un autre gars qui me fait de l’effet, mais il est tout aussi inaccessible que Jé ».
Je crève d’envie de lui en demander plus, mais Thibault enchaîne sans m’en laisser la possibilité.
« De toute façon, je dois oublier tout ça ».
« Mais tu ne pourras pas. Ce sera trop dur pour toi ».
« Je m’y ferai, il faut que je m’y fasse. Je suis trop content de devenir papa ».
Je ne suis pas vraiment convaincu par ses propos. Je sais qu’on ne peut pas s’obliger à aimer. Mais son engouement pour ce petit être en gestation est si sincère, que je n’ai pas le courage d’insister.
« Alors je te souhaite tout le meilleur, Thibault. D’ailleurs, félicitations… papa ».
« Merci Nico ».
« Merci à toi de m’avoir rappelé ».
« J’ai beaucoup hésité à le faire. Je n’avais pas tellement envie de reparler de tout ça. Mais finalement je te remercie d’avoir insisté, ça m’a fait du bien d’en parler. Pour l’instant, j’ai perdu le contact avec Jé. Mais au moins, avec toi, ça va mieux ».
« A moi aussi ça m’a fait du bien ».
« Ça me fait plaisir ».
« J’imagine que Jé n’est pas au courant de la grande nouvelle » j’ai envie de savoir.
« Non ».
« Je peux lui en parler ? ».
« Je préfère lui annoncer par moi-même ».
« C’est noté ».
« Merci ».
« Je veux qu’on reste amis » je ne peux me retenir de lui lancer.
« On le restera. Laisse-moi juste un peu de temps ».
« D’accord. A bientôt Thibault ».
« Bon courage pour ta rentrée ».
« Bon courage à toi pour tout ».
Nous nous faisons la bise. Et alors que je m’apprête à m’éloigner de lui pour repartir, le jeune rugbyman me prend dans ses bras et me serre fort contre lui. Le parfum frais et propre qui émane de son t-shirt m’enivre avec la même puissance magnétique du déo.
« Merci Nico d’avoir fait le premier pas ».
« Je te le devais ».
[Retrouver Nico et t’ouvrir à lui t’a fait un si grand bien].
Laisser un commentaire