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LT0106 Le livre de Thibault – Un brusque réveil.

Avertissement.

Faute de temps pour réécrire les passages, cet épisode de l’histoire de Thibault est racontée du point de vue de Nico (extraits des épisodes originaux de Jérém&Nico).

Seuls certains passages entre parenthèses carrées donnent les sentiments de Thibault.

Dimanche 26 août 2001, 5h41.

[En apprenant au petit matin, par un coup de fil d’un collègue pompier, que ton pote Jé avait été secouru, inconscient, dans une rue du centre-ville, tu avais ressenti une terrible souffrance s’emparer de toi.

Depuis un bon moment, tu savais que ton pote n’allait pas bien. Et tu avais pressenti le risque que quelque chose puisse lui arriver.

Alors, ce matin, tu t’en veux de ne pas avoir pu, de ne pas avoir su empêcher que cela se produise. Tu t’en veux à mort. Tu te sens tenaillé par les regrets de ne pas avoir été capable de soutenir ton meilleur pote dans ce moment délicat, de ne pas avoir su lui rester proche. Mais aussi par les remords d’avoir laissé la sensualité s’immiscer dans votre amitié, ce qui a fini par en miner les fondements mêmes.

Ce matin, tu as le sentiment d’être le seul fautif de ce qui est arrivé à ton pote.

Oui, au petit matin de ce dernier dimanche d’août, tu as le cœur lourd, très lourd].

Toulouse, le dimanche 26 août 2001, 7h01.

« Appel en absence Thibault ».

Soudain, un mauvais pressentiment prend violemment forme en moi ; très vite, l’interpolation des données (sortie au B-Machine la veille, rencontre avec Martin, retour avec Martin, le regard de Jérém lorsque j’étais passé devant la terrasse ou il était attablé avec son frère et deux nanas) aboutit à la seule explication possible.

Mon cœur fait une accélération de 0 à 1000 en un temps record. J’ai les mains qui tremblent, je n’arrive même pas à afficher la liste des appels récents.

Sans encore avoir la moindre idée de ce qui s’est passé, je sens les larmes me monter aux yeux. Car dans ma tête le pressentiment s’est déjà mué en certitude : quelque chose de grave est arrivé à Jérém.

Avant que j’arrive à rappeler, l’icône du message vocal apparaît en haut de l’écran.

Je lance le répondeur.

« Nico, c’est Thibault, rappelle-moi, dès que tu peux, s’il te plaît, Nico ».

Ses mots, ses pauses, ses hésitations, la désolation et l’inquiétude que je perçois dans le ton de sa voix, sa respiration angoissée : tout participe à confirmer mes craintes.

Je rappelle, la mort dans le cœur :

« Nico » fait-il en décrochant. Un « Nico » qui est à la fois :« merci d’avoir appelé », « j’avais besoin de t’avoir au téléphone », « j’ai un truc grave à t’annoncer ».

Un silence suit, un silence que ni lui ni moi n’avons envie de briser, dernier rempart avant la rencontre avec la dure réalité.

« Il est arrivé quelque chose à Jérém ? » je vais droit au but.

« Oui, oui, comment tu sais ? » fait-il, la voix faible et émue.

« Il est vivant ? ».

« Oui, oui ! Mais il est inconscient, depuis trois heures maintenant ».

J’ai la tête qui tourne, je me sens partir. La fatigue, le stress, la peur : je sens la migraine monter à grand pas, j’ai du mal à respirer.

« Il est où ? ».

« A Purpan, en neurologie ».

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Un accident de voiture ? ».

« Non, il y a eu une bagarre ».

« Une bagarre ? ».

« Apparemment, il était saoul, il s’est pris le bec avec un mec dans la rue, ils se sont battus, il a trébuché, et sa tête a heurté violemment contre un mur, et il a perdu connaissance ».

« Tu es avec lui ? » je tente de me rassurer, comme si la présence de Super Thibault à ses côtés était un gage du fait que les choses ne puissent pas tourner au pire.

« Oui, j’y suis depuis deux heures, depuis qu’un pote pompier m’a appelé ».

« Pourquoi tu ne m’as pas appelé plus tôt ? ».

« Je voulais avoir des infos plus précises avant, je ne voulais pas t’inquiéter pour rien, j’espérais qu’il se réveillerait rapidement ».

« Qu’est-ce que disent les médecins ? ».

« Il est en train de passer un scanner en ce moment même, ils ne peuvent pas se prononcer sans examens ».

Je pleure en silence. Les secondes s’enchaînent, je n’arrive plus à décrocher un mot, j’ai l’impression que le monde s’effondre autour de moi.

« S’il te plait, Nico, viens vite » j’entends Thibault chuchoter en pleurant.

« Tu crois qu’il pourrait ».

« Je n’en sais rien, je me refuse de penser au pire, mais viens, viens, Nico ».

Sentir un mec aussi solide que Thibault complètement anéanti, c’est insoutenable. Même par téléphone interposé.

« J’arrive ».

Lorsque j’arrive en neurologie, Thibault n’est pas seul ; il est avec Maxime, le frère de Jérém et d’un homme d’une quarantaine d’années, brun lui aussi, que je devine être le père de Jérém et de Maxime.

Je sens les larmes me monter aux yeux. Je suis tétanisé, j’ai peur de savoir ; j’ai aussi peur de ne pas avoir ma place dans cette petite réunion de famille et de très proches.

Me voyant arriver en larmes, Thibault se lève, vient à ma rencontre et me serre dans ses bras.

« Ça va aller, ça va aller » il tente de me rassurer.

Un instant plus tard, le jeune pompier fait les présentations.

« Mr Tommasi, Maxime, voilà Nico, un camarade de lycée de Jérémie, Nico, voilà Mr Tommasi et Maxime, le papa et le frère de Jérémie ».

Serrer la main au petit frère et au père de mon Jérém, voilà une étrange sensation : en me laissant me présenter comme « un camarade » de Jérém, j’ai l’impression de les tromper, de mentir.

Cependant, ce n’est ni le lieu ni le moment pour avoir des états d’âme : alors, je me laisse porter par la situation.

« Il y a du nouveau ? » je demande, sans bien savoir à qui m’adresser.

« Non, il est toujours au scanner » fait Mr Tommasi.

« Ils devraient venir nous dire ce qui se passe ! » fait le jeune Tommasi, dont l’angoisse s’exprime sous forme de colère. Comme il me fait penser à son frère, en cela également !

« Patience, ils vont bientôt venir nous parler » fait Thibault, toujours aussi rassurant et adorable.

Nous allons nous asseoir. Thibault me raconte brièvement ce qu’il a appris sur les circonstances de l’accident ; pendant ce temps, mon regard se fige sur le genou de Maxime en train de sautiller nerveusement : le petit mec se fait visiblement violence pour réussir à tenir en place ; ses yeux noirs ont l’air d’avoir versé beaucoup de larmes ; il est mignon et touchant, j’ai envie de le serrer dans mes bras et de le réconforter. Il est aussi beau que son frère, et il sent aussi bon.

Mr Tommasi a un regard très brun, très sombre ; un regard qui, lui aussi, me rappelle celui de Jérém, parfois.

« Mais qu’est-ce qui lui a pris de se battre ? » fait-il, de but en blanc.

« Je pense qu’il avait pas mal bu, des fois il suffit de pas grand-chose pour que ça parte en vrille » tente d’expliquer Thibault.

« Il n’allait pas bien » fait Maxime.

« Pourquoi tu dis ça ? » s’insurge Mr Tommasi « il allait partir à Paris, avec une carrière dans le rugby toute tracée, il est jeune et beau et les nanas se battent pour lui, pourquoi il n’irait pas bien ? ».

« Tu l’as laissé tomber ».

« Arrête, Maxime, ça lui a fait le plus grand bien de commencer à s’assumer ! ».

« Je te jure qu’il n’allait pas bien depuis quelques jours » insiste Maxime « je l’ai vu la semaine dernière et je l’ai trouvé bizarre, il était fatigué, il ne parlait pas, il faisait la tête ».

« C’est peut-être à cause d’une nana » fait Mr Tommasi.

Sur ce, un infirmier approche.

« Comment il va ? » fait Maxime, impatient et inquiet, en bondissant de son siège.

« On vient de terminer le scanner ».

« Il s’est réveillé ? » enchaîne Maxime, sans presque respirer.

« Non, pas encore ».

Je vois les larmes remplir ses beaux yeux bruns, je vois les larmes aux yeux marron-tirant-sur-le vert de Thibault, alors que la main de ce dernier se pose sur l’épaule du premier pour tenter de le calmer ; je vois le front de Mr Tommasi se froncer un peu plus. Et je sens mes larmes monter à nouveau.

« Le médecin veut voir la famille, vous Monsieur Tommasi, qui d’autre est de la famille ? ».

« Moi ! » fait Maxime, impatient.

« Venez avec moi ».

Nous restons là, Thibault et moi, plantés dans le hall, à regarder l’infirmier, Mr Tommasi et Maxime disparaître derrière la porte du service.

Le bomécano s’assoit. Je m’assois à mon tour. Je l’entends pousser un grand soupir. Un instant plus tard, Thibault s’effondre, sa détresse se révèle au grand jour ; ses larmes coulent à flots sur son visage.

« Thibault » j’essaie de le consoler, le serrant contre moi.

Nous pleurons l’un dans les bras de l’autre.

« Merci d’être venu, j’avais besoin que tu sois là ».

« Je suis là »

« Je ne sais pas ce que je vais devenir si jamais » fait-il.

« Il n’y a pas de « si jamais », il va être vite remis sur pattes, c’est obligé ».

On se découvre parfois une force insoupçonnée lorsqu’il s’agit de réconforter les autres.

« Je le savais, je savais qu’il allait lui arriver un truc ».

« Tu savais qu’il n’allait pas bien, mais tu ne pouvais pas deviner qu’il allait se battre ».

« Je le connais, quand il n’est pas bien, il cherche la bagarre, comme s’il cherchait le danger, comme s’il cherchait à se foutre en l’air, j’aurais dû être là pour lui, j’y ai pensé toute la nuit en plus, j’avais prévu de l’appeler aujourd’hui ».

Je suis ému de savoir que pour Thibault aussi le temps s’est dérobé sous ses pieds.

Thibault prend son visage dans ses mains tremblantes et je l’entends sangloter en silence.

Il est tellement touchant.

« C’est de ma faute tout ça » il insiste.

« C’est de ma faute aussi, je l’ai croisé cette nuit ».

« Ah oui ? Et il était comment ? ».

« Je ne sais pas. Il était en terrasse avec son frère et des nanas, et moi… j’étais avec un gars ».

« Un gars ? ».

« Oui, un mec que j’ai rencontré en boîte ».

« J’ai vu que ça l’a mis en colère… et j’ai vu que ça l’a rendu triste… j’aurais dû aller le voir, au lieu de tracer avec ce type ! ».

« Je me sens tellement mal » fait Thibault, l’air démuni devant son immense chagrin.

« Ce qui lui est arrivé n’est pas de ta faute ».

« Mais c’est ma faute pour ce qui s’est passé entre nous ».

« Qu’est ce qui s’est passé ? ».

Thibault se tait, le regard perdu, fuyant, rempli d’angoisse : un regard dans lequel je retrouve la même sensation que j’avais ressentie la veille, lorsque j’avais été le voir au garage : la sensation que le bomécano ne m’a pas tout dit au sujet de cette dernière fois où il a vu son Jéjé ; et à cet instant précis, j’ai soudainement peur d’entendre ce qu’il va me raconter.

« Qu’est-ce qui s’est passé, dis-moi ? » je répète, presque mécaniquement.

Maxime et son père sortent des urgences ; ce dernier tient son bras autour du cou de son fils cadet ; Maxime a l’air d’un enfant qui a besoin d’être rassuré ; il est terriblement émouvant.

« Alors ? » fait Thibault soudainement ranimé.

« Il a un traumatisme crânien plutôt grave » explique Mr Tommasi « pour l’instant le médecin ne veut pas s’avancer ».

« Il ne savent même pas s’il va se réveiller ! » fait Maxime, dans un cri de désespoir.

« Si, il va se réveiller » fait le bomécano en endossant à nouveau sa cape de Super Thibault, tout en posant à son tour la main sur l’épaule du jeune loup à la crinière en bataille « il va se réveiller, c’est obligé, il a tellement de Brennus à gagner ! ».

Maxime se dégage et s’éloigne, en pleurs.

« C’est vrai » fait Mr Tommasi en baissant le ton de la voix « ils ne savent ni quand et ni s’il va se réveiller, ni comment, le traumatisme est grave et il pourrait y avoir des séquelles ».

« Du genre ? » je fais.

« Perte de la mémoire, ou pire encore, troubles moteurs, du langage, de l’épilepsie, les 24-48 prochaines heures vont être décisives ».

Un silence chargé d’angoisse s’installe dans le sillage de ses mots.

« Allez prendre un café, les gars, je vais rester là » finit par nous suggérer Mr Tommasi.

« Vous avez besoin de quelque chose ? Vous voulez que je ramène Maxime ? » fait Thibault.

« Non, ma compagne va venir le chercher ».

« Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous, alors ? » insiste Thibault, serviable au possible.

« Rien, il n’y a qu’à attendre et espérer, si vous êtes croyants, prier ».

Dans ma tête, une seule prière s’affiche instantanément : je donnerais tout, pourvu qu’il s’en sorte ; tout, y compris renoncer à lui, si c’est ce qu’il souhaite vraiment.

Je repars avec Thibault, nous marchons en silence. Pas après pas, la question que je lui ai posée par deux fois – et qui est restée sans réponse – résonne dans ma tête de façon de plus en plus obsédante.

Dans l’ascenseur, le malaise est palpable. Thibault n’est pas bien : je ne veux pas lui prendre la tête mais j’ai besoin de savoir.

L’ascenseur vient de s’arrêter au rez-de-chaussée, les portes s’ouvrent. C’est là que je me lance :

« Thibault ».

« Viens avec moi, Nico, on va prendre un truc à la cafet’ ».

A la cafet’, nous nous sommes installés dans un coin, l’un face à l’autre.

Je n’ai pas eu besoin de répéter la question qui me brûlait les lèvres ; après avoir avalé une gorgée de café, Thibault m’a tout raconté.

Il m’a raconté que la dernière fois que Jérém avait dormi chez lui, dix jours plus tôt, il n’était pas bien ; qu’il stressait à cause de son départ à Paris ; qu’il était miné par sa peur de devenir pédé ; mais, surtout, à son dire, qu’il était peiné par l’idée de s’éloigner de moi, même s’il ne voulait pas l’admettre.

Il m’a parlé de ses tentatives de le réconforter, de le rassurer ; il m’a raconté comment il s’était trouvé allongé sur le clic clac, avec son pote dans les bras ; et il m’a raconté comment la proximité et l’affection avaient dérapé à un moment ; il m’a avoué que cette nuit-là lui et son Jéjé s’étaient donnés du plaisir.

Il m’a raconté que Jérém était parti de chez lui au petit matin, sans un mot.

Il m’a raconté comment ce moment de faiblesse avait mis un grand coup à leur amitié ; il m’a raconté à quel point il le regrettait : par rapport à Jérém, par rapport à moi.

Je l’ai laissé parler, le cœur un peu plus meurtri à chacun de ses mots.

Depuis quelques heures, au gré de récits de ses proches, je découvrais un nouveau Jérém ; et ça continuait avec Thibault ; au point où j’en étais, autant aller au bout des choses et tout savoir, tout connaître de cette énigme qu’est le gars que j’aimais.

Je lui ai demandé si c’était la première fois que cela arrivait.

Thibault m’a alors parlé de cette nuit, sous une tente, en camping, l’été de leurs 13 ans ; il m’a raconté qu’ils s’étaient faits du bien comme le font parfois les ados, mais que ça n’avait été qu’une fois et qu’ils n’en avaient jamais reparlé depuis.

Il m’a aussi raconté qu’ils avaient déjà craqué ensemble la semaine avant la finale du tournoi de rugby.

« C’est pour ça que tu étais si distant quand je suis venu te voir à mon retour de Londres ».

« Je n’étais pas fier, je regrettais ce qui s’était passé, je voulais l’oublier, je voulais faire en sorte que ça ne se reproduise pas ».

Il m’a raconté comment ça avait pourtant à nouveau failli déraper, d’autres fois, par la suite.

Il m’a raconté comment, à chaque fois, il avait eu le cœur lourd, et s’était senti de plus en plus perdu.

Il m’a dit et redit qu’il regrettait ce qui s’était passé avec Jérém ; car il savait que c’était ça, bien plus que la jalousie par rapport à son recrutement par le Stade Toulousain, qui avait éloigné son pote de lui.

Il m’a dit qu’il regrettait de ne pas m’avoir tout dit la veille, quand j’avais été le voir au garage.

J’ai laissé Thibault parler, abasourdi par son récit. J’ai encaissé, encaissé et encaissé, sans vraiment arriver à ressentir grand-chose ; toutes mes émotions semblaient planer sur le brouillard épais de ma fatigue extrême ; ma conscience harassée a traité toutes ces informations avec distance, en mode « auto préservation ».

J’étais juste sonné, comme si je venais de recevoir un coup de massue sur la tête et que tout était devenu noir.

La détresse de Thibault aurait dû me toucher. Ça n’a pas été le cas. J’avais l’impression de ne rien ressentir, de regarder ma vie partir en sucette, mais de la regarder de l’extérieur, comme si j’étais sorti de mon corps et que j’observais la scène depuis le plafond.

Après que Thibault a vidé son sac à la cafétéria de l’hôpital, je me suis levé et je suis parti. Je l’ai entendu me promettre qu’il me tiendrait au courant quand il y aurait du nouveau. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir remercié, je crois que je ne lui ai même pas dit au revoir. Je crois que j’étais en mode zombie, et que je n’avais même pas l’énergie pour réagir.

[Affronter le regard de Nico a été très dur. Son rejet, tu le comprends. Mais ça te fait mal, très mal.

Ce jour-là, tu t’es senti seul comme jamais auparavant.

Car tu sais qu’entre Jérém et toi ce ne sera plus jamais comme auparavant. Tout comme entre Nico et toi.

Tu sais que tu vas morfler, Thibault].

Mercredi 29 août 2001.

Jérém s’était enfin réveillé, et tout semblait normal ; à première vue, il semblait pouvoir bouger chaque partie de son corps, et se souvenir de tout.

La chape de plomb qui pesait sur mon esprit depuis quatre interminables journées s’était enfin dissipée.

Samedi 1er septembre midi, nouveau coup de fil de Thibault pour m’annoncer que Jérém allait quitter l’hôpital dans le week-end. Je crois que j’ai été plutôt distant avec lui. J’ai senti qu’il a senti cette distance. J’ai senti que ça lui faisait mal. D’une certaine façon, dans une certaine mesure, j’ai eu mal pour lui. Mais sur le coup, je n’ai pas su faire autrement. La conversation a tourné court.

Je pense à Thibault. Son amitié me manque. Pourtant, je n’ai pas envie de le revoir non plus. J’ai encore trop mal : aveuglé par ma jalousie et par ma colère, embourbé dans ce sentiment de trahison de la part des deux potes dont je n’arrive pas à me défaire, je ne réalise pas encore, comme je le ferai plus tard, à quel point j’étais dur et injuste avec Thibault. Thibault qui souffrait lui aussi : car, tout comme moi, et bien plus encore, il culpabilisait pour ce qui était arrivé à son pote ; Thibault qui s’en voulait sincèrement pour ce qui s’était passé ce soir-là, sur le clic clac, avec son Jéjé ; Thibault qui, après ce soir-là, avait tant perdu, et son meilleur pote avant toute chose.

Oui, il me faudra encore un peu de temps pour arriver à comprendre que je n’avais pas le droit de laisser le bomécano seul avec ce fardeau, lui qui avait toujours été si adorable avec moi. Car, malgré ce qui s’était passé, il n’avait jamais eu l’intention de me faire du mal.

Le pire, c’est que j’avais été profondément touché par la détresse de Thibault, d’abord au téléphone, puis, lorsque je l’avais retrouvé à l’hôpital, jusqu’à ses « aveux » à la cafétéria.

Je repense à ce moment, à ses mots quand il me raconte ce qui s’était passé avec Jérém, et je revois un Thibault plus que jamais effondré, lui aussi submergé par les remords et les regrets, cherchant désespérément à me faire comprendre qu’il s’en voulait pour ce qui s’était passé, parce que cela avait éloigné son pote de lui, parce qu’il savait qu’il m’avait fait du mal.

C’était un Thibault en détresse, et je n’ai pas su lui tendre une main pour l’aider à se relever. Je m’en veux horriblement.

Je me rends compte que dans cette histoire, Thibault a peut-être encore plus perdu que moi.

Je réalise que, au fond, ma colère est moins dans le fait que les deux potes aient couché ensemble, que dans le celui de ne pas avoir su retenir Jérém, d’avoir capitulé devant la difficulté, d’avoir baissé les bras trop tôt. C’est à moi que j’en veux, et c’est contre Thibault que je reporte ma colère.

Alors, non je ne peux pas lui en vouloir éternellement à cause d’un moment de faiblesse, surtout en sachant ce qu’il a enduré pendant toutes ces années de complicité, de proximité, d’attirance latente, vis-à-vis de Jérém.

D’autant plus que je devine très bien sa frustration, car j’ai connu la même pendant les trois années du lycée, une frustration qui a été encore plus importante que la mienne, car elle s’est étirée sur tant d’années, une frustration encore plus dure à supporter, en raison du fait que Thibault a été amené à côtoyer régulièrement, et dans tant de situations, ce pote dont il était amoureux et à qui il ne pouvait pas avouer ses sentiments.

Thibault est tout simplement un garçon amoureux qui s’est trouvé dans la plus inconfortable des positions : à la fois meilleur pote de celui qu’il a depuis toujours aimé, Jérém, et confident de celui, moi qui partage l’amour physique et le cœur de son meilleur pote.

Oui, ma cousine a raison : qu’est-ce que j’aurais fait, moi, à la place de Thibault ?

Jeudi 6 septembre 2001.

Je dois chercher à contacter Thibault.

Je compose son numéro, ça sonne une, deux, trois, quatre fois : j’ai le cœur qui tape à mille à l’heure, j’ai peur de ne pas trouver les mots…

J’éprouve un certain soulagement en me disant que je vais tomber sur le répondeur, que je vais pouvoir lui laisser un message sans avoir besoin de lui parler directement, sans avoir besoin de connaître son état d’esprit vis-à-vis de moi.

Mais ça finit par décrocher.

« Salut, Nico ».

Le ton est calme, neutre, mais il n’y a pas l’emphase que je lui connais d’habitude.

« Salut Thibault, comment ça va ? ».

« Ca va, ça va, et toi ? ».

« Ca va aussi ».

Thibault n’enchaîne pas tout de suite, je cherche mes mots aussi. Il y a visiblement un malaise.

« Tu as commencé les entraînements au Stade ? » je trouve enfin.

« Oui, il y a deux semaines ».

« Ça se passe bien ? ».

« Nico ».

« Oui, ? ».

« Je ne peux pas te parler là, je pars en mission ».

« Tu es toujours pompier ».

« Oui, bien sûr ».

« Tu es un gars incroyable ».

Silence de sa part.

« Je dois y aller, » il finit par lâcher.

 « Thibault ».

« Oui ? ».

« Je suis deso ».

« Non, Nico » il me coupe net « c’est pas toi qui dois l’être ».

« Je peux te rappeler demain ? ».

« Je ne sais pas trop, j’ai plein de trucs à régler, je te rappellerai moi, un de ces quatre ».

« Ok, Thibault ».

« Salut, Nico ».

« Salut, Thibault ».

Je raccroche, les larmes aux yeux. Vraiment, ce mec me touche profondément, j’ai senti de la tristesse dans sa voix, j’ai senti son malaise, j’ai sent la distance qui s’est installée entre nous : et ça m’arrache le cœur.

Thibault a coupé court à mon coup de fil et je ne peux m’empêcher de me demander s’il était juste pressé, ou s’il n’y a pas autre chose à retenir dans sa façon de m’expédier.

Est-ce qu’il essaie de se protéger de tout ce qui le ramène aux événements récents et douloureux, est-ce qu’il essaie de prendre de la distance et d’oublier comme j’ai voulu le faire moi aussi encore il y a quelques heures ?

Ou bien, est-ce qu’il m’en veut ? Est-ce que j’ai vraiment trop attendu longtemps pour revenir vers lui ?

Est-ce qu’il va vraiment me rappeler ? « Un de ces quatre », il a dit : une formule qui est souvent synonyme de « probablement jamais ».

[Tu as bien apprécié le coup de fil de Nico. C’était une tentative de revenir vers toi, de retrouver votre amitié. Mais tu n’étais pas prêt et tu as coupé court. Tu avais encore trop mal. D’avoir perdu l’amitié de ton pote d’enfance. D’avoir renoncé à tes sentiments pour lui.

Mais aussi d’avoir blessé Nico. et d’avoir été blessé par Nico].

Vendredi 7 septembre 2001.

Puis, je repense à Thibault, Thibault qui avait l’air si fuyant lorsque je l’ai eu au téléphone la veille, Thibault que je dois recontacter et essayer d’aller voir dès mon retour sur Toulouse. Je regrette tellement de ne pas être allé le voir plus tôt, pour lui permettre de s’expliquer, pour savoir ce qui s’était vraiment passé, et pour quelles raisons ça s’était passé, entre Jérém et lui. Savoir aussi comment il le vivait, ce qui se passait dans sa tête, dans son cœur.

Pourtant, si quelqu’un est bien placé pour comprendre ce qu’a pu vivre Thibault, c’est bien moi. Probablement j’aurais agi de la même façon à sa place.

Quand je repense à cette nuit que nous avions passée tous les trois chez Jérém, j’y repense souvent comme à une erreur : pendant cette nuit, j’avais cru déceler une sorte d’attirance entre les deux potes, attirance à laquelle eux-mêmes avaient été confrontés peut-être pour la première fois, et qui pourrait réveiller des désirs et des envies jusque-là latents. Dès le lendemain, je m’étais dit que cette nuit pouvait faire des dégâts dans les relations entre nous trois, et dans chacun de nous.

Erreur ou pas, cette nuit a eu des conséquences sur tous les trois.

Sur Jérém, car il a été une fois de plus déstabilisé et jaloux de me voir coucher avec un autre gars, même si c’est lui qui avait provoqué ce plan pour me prouver, pour se prouver qu’il n’en avait rien à faire de moi, jaloux de la même façon que lors du plan avec le bobarbu Romain, jaloux de me voir coucher avec son pote de toujours, alors qu’il l’avait lui-même invité à participer à nos ébats.

Cette nuit a eu des conséquences sur moi, car j’ai découvert la rassurante douceur de Thibault, une découverte qui a contribué à me faire prendre conscience que je ne devais pas tout accepter de Jérém.

Sur Thibault aussi, car cette nuit l’a certainement remué profondément, cette nuit a certainement réveillé en lui des désirs qu’il essayait de maîtriser, non sans peine, cette nuit a été l’étincelle qui les a fait flamber jusqu’à les rendre insupportables.

Dès lors, ces désirs ne l’ont plus quitté, et lui ont échappé des mains : jusqu’à ce fameux soir où il a fini par coucher avec Jérém.

Samedi 8 septembre 2001, à Campan.

Jérém explique à Nico ce qui s’est passé la nuit où ça a dérapé avec Thibault.

« Cette nuit-là, Thibault a senti que je n’allais pas bien, il est venu me prendre dans ses bras, dans le clic clac du salon où je dormais, je ne crois pas qu’il avait prévu qu’il se passe quelque chose, et moi non plus ».

« Et ça vous a fait du bien ? ».

« Sur le moment, oui. Mais après, j’ai paniqué. Alors, j’ai foutu le camp au beau milieu de la nuit, comme un voleur, sans la moindre explication, je n’ai pas été foutu d’assumer ce qu’on venait de faire, alors que j’étais autant d’accord que lui pour le faire.

Après ça, tout a changé entre nous, du jour au lendemain, on s’évitait, surtout moi, je l’évitais, j’avais peur de ses sentiments, comme des tiens, je ne savais pas comment gérer ça, je ne savais pas comment le retrouver, après ça.

Après, il y a eu l’accident, Thib est venu à l’hôpital quand je me suis réveillé, quand il est venu, mon père et Maxime étaient là aussi, Thib a pris sur lui, il a fait comme si de rien n’était, il a déconné avec Maxime, il a discuté avec mon père, il a eu des mots pour me remonter le moral, et pourtant, je sentais un malaise entre lui et moi.

Quand j’ai quitté l’hôpital, je l’ai appelé, je voulais lui proposer de nous voir, je voulais m’excuser d’être parti comme un con cette nuit-là, je voulais lui dire à quel point son amitié comptait pour moi, mais je n’ai pas réussi, à chaque fois qu’il y avait un blanc, et que j’étais sur le point de faire un pas vers lui, il repartait dans une autre direction, comme s’il voulait garder une distance ».

« Il fait la même chose avec moi ».

« Tu as eu de ses nouvelles, toi ? ».

« Je l’ai appelé il y a quelques jours, mais il a coupé court, je pense qu’il m’en veut, je me suis mal comporté avec lui ».

« Pourquoi ça ? ».

« Parce que j’ai été horrible avec lui à l’hôpital, quand il m’a raconté ce qui s’était passé entre vous, j’étais tellement blessé que je suis parti, je l’ai laissé tomber, sans essayer de comprendre, et pourtant, j’ai bien senti à quel point il se sentait mal, vis-à-vis de votre amitié, et aussi vis-à-vis de moi. Il se sentait responsable pour ce qui t’était arrivé ».

« Il se sentait responsable de mon accident ? ».

« Oui, il savait que depuis quelque temps tu n’allais pas bien, et il avait pressenti qu’à un moment ou à un autre tu risquais de partir en vrille, alors, il s’en voulait de ne pas avoir su veiller davantage sur toi, il s’en voulait pour ce qu’il s’était passé avec toi, parce qu’après ça, tu étais parti de chez lui et il n’avait pas pu être là pour toi ».

« Le pauvre Thib, il a morflé encore plus que je l’avais imaginé, et il doit toujours morfler » fait Jérém, dépité, et il continue : « vraiment, il ne faut pas en vouloir à Thib, c’est un gars en or, c’est la gentillesse en personne, je savais qu’il avait des sentiments pour moi, j’aurais dû faire davantage attention à lui, il avait toutes les raisons de craquer, c’est moi qui aurait dû être plus fort, je n’aurais pas dû coucher avec lui ».

Jérém se lève pour aller rajouter du bois dans la cheminée. Puis, il s’allume une clope, il tire une longue taffe et il expire lentement la fumée. Son regard se pose dans le vide, comme perdu, il a l’air tellement ailleurs qu’il en oublie même sa cigarette, coincée entre ses deux doigts, et qui brûle pour rien.

« Je crois qu’entre Thib et moi ça ne sera plus jamais comme avant » il rajoute au bout d’un long silence.

Je ne peux m’empêcher de me lever à mon tour pour aller le prendre dans mes bras et lui faire des bisous.

« Moi je crois que ça va finir par s’arranger, une amitié comme la vôtre ne disparaît pas comme ça, laisse-lui un peu de temps ».

Toulouse, le jeudi 13 septembre 2001.

« Salut Nico ».

C’est un accueil typiquement « thibaudien ». J’ai toujours eu l’impression que sa façon de glisser le prénom de son interlocuteur dans la phrase était une marque de sa considération.

« Salut, tu vas bien ? ».

« Ca va, ça va, et toi ? ».

« Ca va aussi » je lui réponds, avant qu’un silence gêné s’installe entre nous.

Nous n’avons pas échangé dix mots. Et j’ai à nouveau l’impression que le jeune pompier est distant.

« Ça se passe bien les entraînements ? » j’arrive à glisser pour débloquer la situation.

« Oui, très bien, mais je n’ai jamais été aussi fatigué de ma vie ».

Puis, il enchaîne, sans transition.

« Nico, tu as des nouvelles de Jé ? Tu sais s’il est parti à Paris ? ».

« Oui, il est parti hier ».

« Et il a passé ses examens médicaux ? ».

« Je crois qu’il les passe en ce moment même ».

Puis, un nouveau silence nous rattrape. Je décide de forcer les choses.

« Thibault, ça te dirait qu’on prenne un verre ? ».

« Je n’ai pas trop le temps en ce moment ».

« Je vais bientôt partir à Bordeaux pour mes études. Je voudrais vraiment te voir avant. J’ai des trucs à te dire. Je me suis mal comporté avec toi ».

« Laisse tomber ça, Nico. C’est mieux si on oublie tout ça ».

« Juste un moment, s’il te plaît ».

« Je ne sais pas si c’est une bonne idée pour l’instant. S’il te plaît, n’insiste pas ».

Sa détermination me touche et m’impressionne. Elle m’attriste. Et pourtant, elle force le respect.

« Je n’insiste pas, alors ».

« C’est mieux comme ça, je t’assure ».

Depuis quelques jours, à chaque fois que j’ai pensé rappeler Thibault, je me suis demandé si ça n’allait pas être trop tard pour rattraper le coup avec lui. Je crois que je tiens là ma réponse. Je n’ai plus d’arguments à lui opposer. Je culpabilise, j’ai envie de pleurer. Du coup, je ne sais pas comment mettre fin à cette conversation qui vient de me confirmer que j’ai perdu un ami.

Alors, dans un dernier élan d’espoir, je décide de jouer le tout pour tout.

« J’ai énormément d’estime pour toi, Thibault. Tu es un gars en or. Vraiment. Tu es un modèle pour moi. Ton amitié est précieuse pour moi ».

« Nico ».

Pendant une poignée de secondes, un silence interminable me donne la mesure du malaise qui s’est installé entre nous.

« Je, je » je l’entends bafouiller. Je le sens touché, ému par mes mots.

Je touche du doigt le mal que je lui ai fait et qui l’empêche désormais de surmonter la distance créée par la souffrance. Thibault est blessé. Je l’ai blessé. J’ai blessé ce gars qui était mon ami, un ami sincère. Je l’ai blessé parce je n’ai pas su essayer de comprendre que, pour une fois, il ait pu avoir envie de penser à son propre bonheur. Parce que je n’ai pas su comprendre que, sous sa maturité, sa générosité, son altruisme, son abnégation, Thibault est un être sensible, on ne peut plus humain, et amoureux.

Je me sens minable. J’ai envie de pleurer. J’essaie de me maîtriser, non sans mal.

« Moi aussi je t’aime bien » il finit par lâcher.

« Je regrette tellement, si tu savais ».

« On a tous agi d’une façon qui n’était pas la bonne ».

Un nouveau silence s’installe, pesant.

« Thibault ».

« Je dois y aller maintenant ».

« Rappelle-moi, quand tu veux ».

« Tu es toujours sur Toulouse ? ».

« Oui, mais pas pour longtemps. Je pars lundi soir à Bordeaux ».

« Bon courage pour la fac, Nico ».

Là, je suis assommé. Car cette formule ressemble à un adieu. J’ai vraiment du mal à retenir mes larmes.

« Merci, et bon courage à toi pour le Stade. Fais attention à toi, essaie de ne pas te blesser. Ce serait dommage qu’il t’arrive quelque chose ».

« Merci Nico. Adishatz » il me lance.

« Adishatz, je te dirai pour ses examens » j’ai tout juste le temps de lui lancer, avant que la communication ne soit coupée de son côté.

Désormais, j’en ai le cœur net. J’ai perdu l’amitié de Thibault. Je n’ai senti aucun reproche direct dans ses mots, et pourtant j’ai senti qu’il a été affecté par mon comportement. Jérém pense qu’il a besoin de temps pour surmonter tout ça. Mais moi j’ai bien peur que cela soit plus grave que ça. J’ai peur que, pour se protéger, il coupe les ponts pendant un temps tellement long que si un jour on se recroise, on sera à nouveau de parfaits étrangers. Je sais qu’il ne me rappellera pas.

Ce coup de fil m’a sapé le moral. Je m’en veux horriblement.

[Nico a essayé une nouvelle fois de reprendre contact avec toi. Ça t’a touché, tu aurais voulu le laisser revenir vers toi. Mais tu n’as pas pu.].

Depuis 2010, la Queer Palm est un prix alternatif qui, au cours du Festival de Cannes, récompense un film aux thématiques LGBTQIA+.
Deux films sont à retenir dans la sélection 2025.

En 2024, le jury, avait remis son prix au film roumain Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emanuel Pârvu.

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Et pour cela, un grand

Fabien

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